Voilà tout ce que permet, en Suisse, le référendum d'initiative citoyenne:
-
Amender la Constitution par initiative gouvernementale. En Suisse, le
gouvernement est un collège constitué de 7 membres élus individuellement
par un parlement élu à la proportionnelle. Une initiative
gouvernementale doit être approuvée par le parlement.
L'équivalent
en France nécessiterait au moins que le projet de loi constitutionnelle
ait comme condition, nécessaire mais non suffisante, une majorité
qualifiée du parlement à la manière de l'article 89 de notre
Constitution par exemple. Le référendum proprement dit nécessitera la
majorité des Français au niveau national. Il existe aussi une initiative
cantonale et parlementaire.
Amender la Constitution par
initiative populaire. Une pétition d'un million d'électeurs à
rassembler en 18 mois, suivie d'une possible contre-proposition
indirecte du gouvernement, validée par le parlement, proposée aux
initiants en échange de l'annulation du référendum, puis une éventuelle
contre-proposition directe consistant à rajouter une troisième option
lors du vote, processus qui prend en moyenne 18 mois de plus. Ce délai
long est essentiel, il permet la prise de recul et la sortie du temps
médiatique. Le référendum proprement dit nécessitera la double majorité
des Français, au niveau national et dans une majorité des départements.
-
Annuler une loi votée au parlement. Une pétition de 100 000 signatures
en 100 jours, suivi d'un référendum pouvant annuler le vote du
parlement. C'est parfois un moyen de pression utilisé par des
parlementaires lors des débats.
- Référendum
obligatoire pour un traité. Certains types de traités font l'objet d'un
référendum obligatoire, aucune pétition n'est nécessaire en vertu de
l'article 141a de la constitution fédérale, moyen par lequel les Suisses
ont limité à l'espace Schengen leur adhésion à l'UE.
-
Le référendum d'initiative citoyenne local. Les cantons sont des États
souverains, leurs dispositions constitutionnelles varient grandement.
L'une d'elles est cependant souvent présente, le référendum obligatoire
lorsqu'un projet communal ou cantonal dépasse un certain montant: la
construction d'un stade ou d'un métro par exemple.
En
Suisse, la plupart des référendums ne nécessitent aucune participation
minimum (quorum) pour être valide, 40 % des électeurs y votent en
moyenne, et 80 % d'entre eux l'ont fait au moins une fois. Le seuil de
signatures est une épreuve jugée suffisante, ceux qui votent sont ceux
qui se renseignent le plus sur le sujet. Le quorum transforme en fait
les indécis en “non”, comme le vote obligatoire, il réduit la sincérité
du vote.
Pourquoi le référendum d'initiative populaire est-il efficace?
-
Il s'attache normalement à une seule question et réunit dessus des gens
qui habituellement pourraient voter pour des partis différents ou
opposés ;
- Il a un effet de levier bien supérieur
contre ceux qui s'opposeraient à son application (syndicats,
administrations, lobbies, politiciens au pouvoir, grosse presse, etc.),
il est politiquement difficile d'aller contre la majorité référendaire ;
- Il met en concurrence les juristes du privé et ceux de l'administration ;
- Il offre à l'électeur ordinaire le moyen de s'exprimer directement sans le filtre de pouvoirs ayant accès à l'agora ;
-
Ceux qui votent sont aussi ceux qui paient, la classe moyenne couvre
l'écrasante majorité des prélèvement fiscaux, ils jouent leur peau ;
-
Il est une source d'information sur les souhaits des électeurs, à
laquelle le planificateur central n'a pas accès ordinairement.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire