lundi 23 février 2009

Grande chanson, grand espoir et humour

La chanson originale est bien évidemment "All by myself", d'Eric Carmen...

http://www.youtube.com/watch?v=A_B5UrI7nAI

dimanche 22 février 2009

L'outre-mer, une économie sous perfusion

Article de Patrick Roger paru dans l'édition du Monde du 18 février 2009.

"Que voit le Guadeloupéen après soixante années de départementalisation ?, interroge Patrick Karam, le délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer. Des prix plus élevés que dans l'Hexagone, un revenu par habitant très inférieur à la moyenne nationale, des enfants surdiplômés au chômage, et des métropolitains qui occupent les postes de cadres.

"Une partie des maux de l'outre-mer est ainsi résumée. Il omet cependant d'en analyser les racines : ce que le romancier martiniquais Patrick Chamoiseau appelle "cette tutelle coloniale qui nous maintient dans l'irresponsabilité et la dépendance". Pour Christiane Taubira, députée (divers gauche) de la Guyane, la situation en Guadeloupe "frôle l'apartheid social". Elle met en cause "une caste qui détient le pouvoir économique et en abuse".

C'est à ces maux endémiques que... ne répond pas le projet de loi pour le développement de l'outre-mer (Plodeom) examiné - en principe - en mars au Sénat. Auditionné mardi 17 février par les commissions des affaires économiques et des affaires sociales, le secrétaire d'Etat, Yves Jégo, ne peut ignorer que l'explosion sociale en Guadeloupe et ses risques d'extension ont rendu obsolète le texte présenté en juillet 2008 en conseil des ministres.

Le projet du gouvernement porte essentiellement sur quatre points : création de zones franches d'activité (ZFA) où les entreprises de moins de 250 salariés réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 50 millions d'euros bénéficieraient d'une exonération fiscale de 50 % (80 % dans certains secteurs spécifiques) ; exonération des charges sociales sur les salaires jusqu'à 1,4 smic (1,6 smic dans les ZFA) ; incitation fiscale aux investissements dans le logement social ; fonds d'aide à la mobilité des personnes d'outre-mer.

"DÉPENDANCE"

Le gouvernement affiche sa volonté de passer d'une "logique d'aide" à une "logique de développement endogène". Un concept "beau comme de l'antique", selon Victorin Lurel, député PS de Guadeloupe, pour qui cela se traduit par : "Débrouillez-vous !"

L'Etat, en réalité, obéit toujours à la même logique : les dispositifs d'exonérations et d'allégements fiscaux et sociaux sont conçus comme des facteurs d'accélération de l'économie locale. Ces facilités ont contribué à enrichir quelques grosses fortunes locales, tout en continuant à creuser les inégalités. La vingtaine de dispositifs fiscaux représentant un coût de 3,3 milliards d'euros au budget 2009 n'ont guère fait la preuve de leur efficacité, quand ils ne produisent pas d'effets pervers.

Ainsi la défiscalisation en matière de logement, dont le coût n'a cessé de croître (230 millions d'euros en 2008, soit +27 % en deux ans) a eu pour effet de mettre en panne la construction de logements sociaux au profit du logement libre - qui trouve de moins en moins de locataires en raison des loyers élevés - et de renchérir les prix des terrains. La demande de logements sociaux en Guadeloupe s'élève à 12 250, pour une production annuelle de l'ordre de 1 300 : 72 % des demandeurs disposent de revenus inférieurs au smic, et 13 % sont sans ressources. Le logement insalubre concerne près de 60 000 habitants pour une population de près de 450 000, et 18 000 logements, soit 10 % du parc.

Au total, l'effort global de l'Etat en faveur de l'outre-mer se monte à 16,7 milliards d'euros en 2009. Près de 4 milliards de plus sont programmés pour la période 2007-2013 dans le cadre de la "politique de cohésion" de l'Union européenne. Avec un produit intérieur brut (PIB) inférieur à 75 % de la moyenne européenne (67,3 % pour la Guadeloupe), les départements d'outre-mer peuvent bénéficier de mesures dérogatoires.

Les disparités n'en restent pas moins criantes. Le taux de chômage "officiel" est de 22 % en Guadeloupe (35 % chez les moins de 30 ans) ; 32 000 personnes (8 % de la population) touchent le RMI ; 12,5 % vivent sous le seuil de pauvreté. Parallèlement, les prix dans la distribution sont exorbitants, en raison de la situation de monopole dont bénéficient les groupes d'importation et de distribution, appartenant pour la quasi-totalité aux mêmes familles de "Blancs créoles" qui tiennent l'ensemble de l'économie antillaise.

"Nous ne supportons pas la dépendance. Nous n'arrivons pas à supporter nos économies sous perfusion. Nous avons une exigence de dignité", explique Mme Taubira. Cette demande-là est la plus difficile à satisfaire.

samedi 21 février 2009

Akiniti

Article rédigé pour Wikipédia

La formule "akiniti", littéralement "sans bouger" ou encore "sans (prendre la) poussière", désigne les vainqueurs des grands Jeux antiques qui remportèrent leur couronne sans avoir à combattre.

Vaincre sans combattre, pour les Grecs comme pour les samouraïs japonais de l'époque médiévale, était la plus grande marque de respect de la part des adversaires, l'honneur suprême pour un combattant.

Dioxippus d'Athènes fut le seul prancratiaste de l'Histoire à obtenir une victoire akiniti aux Jeux Olympiques, en 336 avant J.-C. Auparavant, Dorieus de Rhodes avait obtenu pareil honneur aux Jeux Pythiques, lors d'un de ses quatre couronnements. L'une des six victoires de Milon de Crotone en lutte orthopale aux Jeux Olympiques fut également une victoire akiniti. Pour l'anecdote, lorsque Milon se leva pour aller chercher son trophée, il glissa et tomba. Un spectateur s'écria qu'on ne pouvait donner la récompense à un homme qui tombait tout seul. Alors Milon répondit : "Qu'il s'avance celui qui peut me faire tomber encore deux fois !". En effet, la défaite en lutte survenait seulement au bout de trois chutes. Personne ne releva le défi.

A l'époque contemporaine, un combattant a failli recevoir un tel honneur : Fedor Emelianenko (Russie) lors des championnats du monde de sambo combat (sport de combat amateur où les frappes, les projections et le combat au sol sont autorisés) de 2007. Deux des trois adversaires de Fedor Emelianenko déclarèrent forfait lorsqu'il apprirent que celui-ci était sur leur parcours. Il faut savoir que c'est aussi le meilleur combattant d'arts martiaux mixtes ("MMA" en anglais) professionnel du monde depuis 2003.

mercredi 18 février 2009

Les champions absolus (5)

Doublés, triplé et quadruplé le même jour (suite)

Une lignée de combattants d’exception voit le jour grâce à Kapros d'Elis, "Deuxième après Herakles". Tous les compétiteurs ci-dessous réussissent le doublé lutte et pancrace le même jour aux Jeux Olympiques, à l’image du mythologique Héraklès de Thèbes (supposé l’avoir réalisé à l’époque Mycénienne vers 1200 avant J.-C.) et surtout de l’historique Kapros d’Elis, double vainqueur attesté en 212 avant J.-C. :
- Aristomenes de Rhodes en 156 avant J.-C.
- Protophanes de Magnesia de Maiandros en 92 avant J.-C.
- Straton d’Alexandrie en 68 avant J.-C.
- Marion d’Alexandrie en 52 avant J.-C.
- Aristeas de Stratonika en l’an 13 de notre ère
- et Nikostratos d’Aigai de Cilicia en l’an 37.

Parmi cette demi-douzaine de combattants polyvalents, il faut en signaler un qui se distingua par sa précocité et un exploit supplémentaire. Plusieurs années avant son doublé olympique de 68 avant J.-C., alors que Straton d’Alexandrie n’était encore qu’un « enfant » (comprendre : de la catégorie d’âge « paides », généralement 15-17 ans pour les épreuves lourdes et/ou martiales), il participa aux Jeux Néméens (probablement vers 76 ou 74 avant J.-C.) et s’engagea dans les épreuves de lutte et pancrace, qu’il gagna toutes les deux. Mais cet exploit ne lui suffisait pas puisque les doublés et même un triplé avaient déjà été réalisés précédemment. alors, le même jour, il monta de catégorie et alla défier les « imberbes » (18-20 ans) en lutte et en pancrace, et il s’imposa à nouveau dans ces deux concours ; si bien qu’il remporta quatre couronnes en sports de combat le même jour !

Après la double victoire de Nikostratos d’Aigai aux Jeux Olympiques de 37, les hellanodices décidèrent d’interdire aux futurs athlètes de tenter un pareil défi. Etait-ce trop dangereux pour l’intégrité physique des concurrents ? Ou voulaient-ils conserver le caractère quasi-divin d’un tel exploit, évitant ainsi qu’il soit galvaudé par un trop grand nombre de vainqueurs polyvalents ? Quoiqu’il en soit, les plus grands champions s’illustrèrent autrement.

Pour la première fois depuis 500 ans (depuis Euthymos de Locres), un nouveau champion iconique surgit en pugilat : Demokrates de Magnesia de Maiandros avec trois victoires olympiques en 25, 29 et 33 après JC. Il faudra attendre Teofilo Stevenson, de Cuba, pour voir un nouveau boxeur s’imposer trois fois (en 1972, 1976 et 1980).

Pour la première fois en 400 ans (depuis Chairon de Pellene), un nouveau champion iconique s’imposa trois fois en lutte à Olympie : Tiberius Claudius Patrobius d’Antiocheia de Syrie ; vainqueur en 49, 53 et 57. Il faudra attendre Carl Westergren, de Suède, pour voir un autre lutteur s’imposer trois fois aux Jeux Olympiques en lutte gréco-romaine, dans les catégories de poids (et non plus d’âge) : « moyens », « lourds-légers » et « lourds » en 1920, 1924 et 1932.

Toutefois, à l’époque romaine, ce n’étaient plus la lutte ou le pugilat qui avaient les faveurs du public mais bien le pancrace, ou mieux encore : la combinaison lutte/pancrace. Et c’est donc dans ces disciplines que les derniers grands combattants de l’Antiquité s’exprimèrent.

Titus Flavius Archibius d’Alexandrie connut une telle carrière en pancrace, que seule celle de Dorieus de Rhodes peut être considérée comme supérieure. Il s’imposa dans tous les grands Jeux du circuit international commençant notamment par accumuler des titres majeurs à Rome, quatre fois dans l’Agon Capitolin (en 94, 98, 102 et 106). Il obtint également deux titres à Olympie (en 101 et 105). Puis, le doublé lutte/pancrace ayant été proscrit à Olympie, c’est aux Jeux Pythiques qu’il s’illustra définitivement. Il conquit quatre titres aux Jeux Pythiques : trois en pancrace et un en lutte !

Pour boucler ce récit, Aurélius Helix (ou Aelix) de Phoenicia se présenta aux Jeux Olympiques de 213 où il s’imposa en lutte chez les adultes alors qu’il n’était encore qu’un juvénile (18-20 ans) – à l’instar de Teddy Riner, champion du monde de judo en seniors alors qu’il n’était qu’un junior surclassé-. Quatre années plus tard, Aurélius Helix voulut tenter le doublé lutte/pancrace à Olympie mais les juges le privèrent de cette gloire puisqu’il dût se contenter d’un seul concours et d’une victoire en pancrace. Qu’à cela ne tienne, l’année suivante, il vint à Rome et là, lors de l’Agon Capitolin de 218, il fut le premier et le seul à conquérir les deux couronnes dans la capitale de l’Empire Romain : en lutte et en pancrace le même jour !

Les champions absolus (4)

Doublés, triplé et quadruplé le même jour

Nous sommes en 261 avant JC. Voilà fort longtemps que la Grèce n’a plus connu de grands champions dans les épreuves « lourdes » (comprendre « les sports de combat ») :

- le dernier champion iconique (c’est-à-dire à avoir été récompensé d’une statue à son image, « icône », pour trois victoires aux grands Jeux) en lutte fut Chairon de Pellene, victorieux à Olympie en 356, 352, 348 et 344 avant JC, qui se vit par la suite récompensé par Alexandre le Grand lui-même. Il reçut les pleins pouvoirs à Pellene mais il s’y comporta ensuite en tyran.

- Les derniers vainqueurs iconiques en pugilat avec cestes furent les immenses rivaux Euthymos de Locres Epizéphyriennes aux Jeux Olympiques (victorieux en 484, 476 et 472 avant JC) et Théagènes de Thasos aux Jeux Pythiques (victorieux en 482, 478 et 474 avant JC).

- Les derniers vainqueurs iconiques en pancrace furent Astyanax de Milet chez les adultes (vainqueur à Olympie en 324, 320 et 316 avant JC) et l’invaincu Antenor de Milet (triple vainqueur aux Jeux Pythiques en 318, 314 et 310 respectivement chez les « enfants » (15-17 ans), les « imberbes » (18-20 ans) et les « hommes » (21 ans et plus).

C’est alors que survient Kleitomachos de Thèbes, la pancratiaste. Il s’inspire de l’exploit unique réussi 270 ans plus tôt, en 486 avant JC, par Théagènes de Thasos aux Jeux Isthmiques (un des quatre grands Jeux sacrés de la « Période », l’équivalent antique du « grand chelem » étalé sur une olympiade) : remporter les épreuves de pugilat et de pancrace le même jour ! Sauf que cette fois, Kleitomachos veut faire encore mieux. Aux Jeux Pythiques de 216 avant JC, il emporte les trois couronnes le même jour : lutte, pugilat et pancrace ! C’est comme si, de nos jours, un même homme devenait champion continental en lutte gréco-romaine, champion poids lourd de boxe anglaise et champion de l’UFC simultanément !

Cet exploit stimula, aiguillonna, les contemporains de Kleitomachos, à tel point que le lutteur Paianos d’Elis voulut dépasser ce rival en réussissant un doublé (lutte et pugilat cette fois) au cours d’une compétition encore plus prestigieuse que les Jeux Isthmiques : les Jeux Pythiques (l’équivalent d’un championnat du monde moderne). Il réussit en 214 avant JC, tandis que Kleitomachos se contentait le même jour du titre pythique en pancrace.

Le rendez-vous entre les deux hommes était donc pris pour un affrontement au sommet lors de la plus prestigieuse de toutes les compétitions : les Jeux Olympiques de 212 avant JC. Mais, à la surprise générale, c’est un troisième combattant qui les coiffa sur le poteau tous les deux : Kapros d’Elis. Il battit d’abord son compatriote Paianos dans l’épreuve de lutte (alors que celui-ci était pourtant le tenant du titre). Ensuite, à la demande de Kleitomachos, l’ordre classique des épreuves fut inversé : le pancrace en deuxième au lieu du pugilat. Cette requête fut justifiée par le fait que Kleitomachos ne voulait pas être désavantagé, dans son duel en pancrace contre Kapros, à cause des blessures que la compétition de pugilat ne manquerait pas d’occasionner. Les hellanodices (les juges d’Olympie), pourtant Eléens comme Kapros, acceptèrent. Mais Kapros remporta malgré tout l’épreuve du pancrace contre le spécialiste (et tenant du titre) Kleitomachos, qui se consola avec un titre en pugilat.

Grâce à ce doublé olympique le même jour, en lutte et pancrace, Kapros d’Elis reçut le surnom de « Deuxième après Héraklès » et, à compter de ce jour, tous les combattants du monde hellénistique puis romain voulurent l’imiter.

A suivre ...

mardi 17 février 2009

Désaccord idéologique sur la répartition des profits d'une entreprise.

Exemple caractéristique de désaccord sur l'utilisation des bénéfices.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, a indiqué ce matin que les profits des entreprises se divisaient en deux: entre «les dividendes et l'auto-financement». Pas en trois, selon la règle énoncée par Nicolas Sarkozy lors de sa dernière intervention télévisée en date.

Dans de nombreuses entreprises, les syndicats, qui ont débuté les négociations salariales annuelles, réclament - sans illusions toutefois - d'appliquer la «règle» énoncée par le Président : un tiers des bénéfices versés aux salariés en plus de leur salaire, un tiers aux actionnaires, un tiers réinvesti. Pas du tout, répond la patronne des patrons. «Les profits distribuables se décomposent en deux : en dividendes qui doivent être versés à l'actionnaire, et en auto- financement qui sert soit à l'investissement, soit pour renforcer les fonds propres», a souligné Laurence Parisot.

Selon Parisot, «seul l'actionnaire peut décider du montant des dividendes» car cela relève de son «droit de propriété», a-t-elle ajouté, sous-entendant qu'il n'était ni du ressort de l'Etat, ni des syndicats d'en décider. L'exemple de Total est venu confirmer cette réalité. Avec ses bénéfices records, le groupe pétrolier a fait le choix d'augmenter les dividendes (part reversée aux actionnaires) de 10%.

Pour autant, selon la présidente du Medef, les entreprises françaises «n'ont pas à rougir de la part de valeur ajoutée consacrée à la rémunération du travail». Et de détailler: en 2007, «72 milliards d'euros ont été versés aux actionnaires», «147 milliards ont servi à l'auto-financement» des entreprises et «672 milliards ont été consacrés à la masse salariale». Autrement dit, aux salaires versés aux salariés.


C'est une position logique de la part de Laurence Parisot qui représente les chefs d'entreprises, ceux qui prennent des risques, et les actionnaires qui investissent uniquement dans le but de toucher des dividendes. Comme ils sont les propriétaires, c'est compréhensible qu'ils votent au mieux pour eux. La seule façon d'inverser la tendance serait que les travailleurs soient eux aussi co-propriétaires de leur entreprise, en achetant des actions et en votant pour la répartition des profits.

De la part de Nicolas Sarkozy, qui est un élu, il est tout aussi logique de conseiller, d'inciter les entreprises à "faire du social", pour la paix sociale, pour l'économie nationale, d'influencer les décisions du privé par des mesures fiscales voire d'imposer de "nouvelles règles du jeu" avec des lois, à condition que l'Assemblée Nationale valide les projets de l'exécutif.

En résumé, "chacun prêche pour sa paroisse". Ce n'est sans doute pas moral mais c'est ... normal.

dimanche 15 février 2009

Les champions absolus (3)

Combattants polyvalents

Le lutteur Milon de Crotone et le pugiliste Tisandros de Naxos dès le VIème siècle, puis le pancratiaste Dorieus de Rhodes au Vème siècle, établirent des performances tellement inaccessibles (des règnes respectivement estimés à 26 ans en lutte, 16 ans en pugilat et 15 ans en pancrace) qu’ils auraient pu « tuer » les Jeux sportifs en décourageant les futurs compétiteurs désireux d’inscrire leurs noms dans la postérité.

Il y eut cependant un combattant atypique qui inspira ses pairs pour des siècles et des siècles : le charismatique Théagènes (ou Théogènes) fils de Timosthènes de Thasos.

Il se fit connaître de la Grèce entière dès l’âge de 9 ans pour avoir dérobé la statue de bronze d’une divinité. Coupable de sacrilège/profanation, il fut condamné à replacer la statue sur son socle (un tour de force que peu d’hommes adultes étaient capables de réaliser), ce qu’il fit sous les yeux ébahis de ses contemporains ! Plus tard, il s’illustra incroyablement dans des épreuves aussi incompatibles que la course de fond (dans le « dolique » proche de nos modernes « 5000m ») et les sports de combat (épreuves dites « lourdes » car sans catégories de poids, donc dominées par les poids lourds). Ainsi, dès 490 avant JC, il remportait des couronnes dans les Jeux sacrés (comme ceux de l’Isthme de Corinthe et de Némée) dédiés aux dieux Zeus et Poséidon. C’est alors qu’en 486, lors des Jeux de l’Isthme, il tenta quelque chose d’inédit : remporter la couronne le même jour dans deux sports de combat différent, le pugilat et le pancrace. Et il se couvrit de gloire en réussissant cet exploit sans précédent. Quelques années plus tard, il tenta de réédita cet extraordinaire exploit lors des Jeux Olympiques de 480 avant JC. Hélas, après avoir remporté l’épreuve de pugilat (contre un autre champion hors du commun : Euthymos de Locres Epizéphyriennes), il fut trop épuiser pour tenetr le pancrace. Il revint donc à Olympie en 476 avant JC et, cette fois, conquit la couronne en pancrace sans s’épuiser en pugilat. Sa carrière s’étala sur plus de vingt années durant lesquelles il livra 1400 combats de boxe ou de pancrace !

Plus personne ne tenta de doublé pendant presque trois siècles. Mais comme les longs règnes se raréfiaient et souffraient de la comparaison avec les références du passé, une nouvelle génération de combattants vit le jour.

Les champions absolus (2)

Il fallut attendre quatre-vingt ans (après l’acceptation du pancrace aux Jeux Olympiques, en 648 avant J.-C.) pour qu’un premier champion réussisse à conquérir trois titres olympiques consécutivement : Arrhichion de Phigaleia (en 572, 568 et 564 avant J.-C.). Hélas, cette victoire est dramatiquement révélatrice de la dureté de ce sport puisqu’Arrhichion mourut des suites du combat et ne fut couronné qu’à titre posthume !
Pour confirmer cette impression de sport extrême, en plus de 1000 années de compétitions olympiques, seuls trois autres pancratiastes parviendront eux aussi à conquérir trois couronnes d’olivier à Olympie. Voici leur classement, en prenant en compte la deuxième compétition la plus prestigieuse de l’Antiquité (l’équivalent de nos modernes « championnats du monde ») : les Jeux Pythiques qui se déroulaient tous les quatre ans dans le sanctuaire de Delphes.

1- Dorieus fils de Diagoras, de Rhodes qui conquit ses trois titres olympiques en 432, 428 et 424 avant J.-C. auxquels il ajouta quatre victoires pythiques en 438, 434, 430 et 426 avant J.-C., l’une d’entre elles remportée, comble de l’honneur, sans que personne n’ose s’opposer à lui. Pour l’anecdote, Dorieus était issu d’une famille de pugilistes et de pancratiastes : son père, deux frères et deux neveux conquirent eux aussi des titres olympiques.

2- Astyanax de Milet qui conquit ses trois titres olympiques en 324, 320 et 316 avant J.-C., auxquels il ajouta trois titres pythiques. Comme on le disait très fort en pugilat, on peut soupçonner que son style de prédilection était « l’ano pankration », c’est-à-dire l’équivalent antique de la boxe pieds-poings avec projections.

3- Sostratos dit « le briseur de doigts » fils de Sosistratos, de Sikyon qui conquit ses trois titres olympiques en 364, 360 et 356 avant J.-C. et qui ajouta deux titres pythiques à son palmarès ainsi qu’une douzaine d’autres dans les grands Jeux sacrés.

Le chemin est encore long pour Fedor Emelianenko, de Russie, s’il veut régner aussi longtemps que ces champions de référence. Actuellement, à 32 ans, il en est à "seulement" six années de règne, encore loin de Dorieus de Rhodes dont on peut estimer la domination à quinze années (et le gabarit, d'après des statues grandeur nature, à 1m80, 109kg). Mais Fedor Emelianenko aura quand même marqué son époque en étant le plus grand champion depuis la renaissance du « combat libre ».

samedi 14 février 2009

Les champions absolus (1)

Quatre-vingt ans après l’inscription de la lutte (orthopale) au programme des Jeux Olympiques (en 708 avant J.-C.) apparaît Hipposthènes de Lacédémone qui « tue » la compétition en conquérant six titres olympiques sur sept olympiades (en 632, 624, 620, 616, 612 et 608 avant J.-C.); ce qui équivaut à 24+/-3 années de règne.
Pourtant, moins de cinquante ans après le retrait du Spartiate, un autre Grec, natif de Crotone dans le sud de l’Italie, commence sa prestigieuse carrière durant laquelle il va égaler le record de six titres olympiques (couronné en 540, 532, 528, 524, 520 et 516 avant J.-C.) mais aussi ajouter sept titres pythiques (d’une même périodicité de 4 années et d’un prestige presque identique durant l’Antiquité); ce qui équivaut à 26+/-1 années de règne. Il s’agit de Milon fils de Diotimos de Crotone.
On se dit alors qu’après ces deux « demi-dieux », représentés de leur vivant, respectivement à l’image de Poséïdon et d’Héraklès, plus personne ne pourra approcher leurs accomplissements en lutte.
Ce fut effectivement le cas pendant 2400 ans, jusqu’à l’avènement du Turc Ottoman « Gaddar Kel » Aliço qui remporta 26 fois consécutivement la compétition du Kirkpinar (lutte yagli gures), de 1861 à 1886, la plus importante compétition sportive internationale jusqu’à la restauration des Jeux Olympiques en 1896.

Un siècle après l’introduction du pugilat (boxe avec des lanières de cuir : les cestes) aux Jeux Olympiques (dès 688 avant J.-C.), Tisandros fils de Cléocritos, de Naxos en Sicile, remporte consécutivement quatre titres olympiques (en 572, 568, 564 et 560 avant J.-C.) et quatre titres pythiques, ce qui équivaut à seize années de règne. C’est une domination extraordinaire compte tenu des dégâts occasionnés par cette discipline, sans limite de temps ni catégorie de poids. D’ailleurs, depuis bientôt 2600 ans, personne n’a pu battre cette marque, que ce soit dans la boxe à mains nues ou avec gants.
Cependant, au cours du XXème siècle, le plus riche en immenses champions de boxe de toute l’Histoire, deux hommes se sont approché de cette marque apparemment inaccessible :
- Felix Savon-Fabre de Cuba fut champion du monde amateur et triple champion olympique (1992, 1996 et 2000) des « 91kg » pendant quatorze années sur seize de carrière internationale. Les deux titres qui lui ont manqué pour égaler le règne de seize années furent sans doute les boycott de Cuba aux Jeux Olympiques de 1988 et aux finales des championnats du monde 1999 où Felix Savon était le favori.
- Cassius Clay alias Muhammad Ali, des Etats-Unis d’Amérique, fut champion olympique (1960) puis triple champion du monde professionnel des poids lourds sur un total de treize années de règne. Les trois années qui lui manquèrent pour égaler le record de Tisandros furent sans doute celles entre 1968 et 1971 (sa défaite contre Joe Frazier) durant lesquelles il fut destitué de son titre et exclu de la boxe par les autorités américaines à cause de son refus de participer à la guerre du Vietnam.

dimanche 8 février 2009

Une affiche du Pride Fighting Championship

Beau symbole que cette affiche, n'est-ce pas ? Le Pride Grand Prix est un tournoi d'arts martiaux mixtes où tous les styles de sports de combat sont représentés :
- avec les spécialistes du combat debout à distance (boxes pieds-poings), par exemple Mirko "Cro-Cop" Filipovic;
- les spécialistes de la laison debout-sol (luttes), par exemple Mark "The Hammer" Coleman;
- les spécialistes du combat au sol (jiu-jitsu), par exemple Antonio Rodrigo "Minotauro" Nogueira;
- et enfin des combattants hybrides (sambo combat), par exemple Fedor "The Last Emperor" Emelianenko.

Depuis 2003, le meilleur combattant du monde (1er sur 6 milliards, comme l'annonce l'affiche ci-dessus) est le Russe Fedor Emelianenko. Dans les règles du Pride FC, seuls trois de ses adversaires ont réussi à tenir jusqu'à la limite : Semmy Schilt, Mirko Filipovic et "Minotauro" Nogueira. Tous les autres ont été foudroyés en quelques minutes.

Langue préhistorique

Dans les années 1980, la majorité des scientifiques penchaient vers une origine du langage plutôt tardive, il y a 40 ou 50 000 ans. Cette période était également celle de la "révolution symbolique" (développement des arts avec les grottes ornées, des outils de plus en plus perfectionnés et des sépultures). Il est maintenant permis de penser que les origines du langage sont beaucoup plus anciennes. Les dernières études sur les aptitudes anatomiques des premiers hominidés repoussent les prémisses du langage à 2 millions d'années.

Le protolangage

Développé par le linguiste Derek Bickerton, le protolangage part d'un langage primitif il y a 2 millions d'années qui se serait progressivement enrichi. Composé de juxtapositions de mots concrets, il ne possèderait pas de grammaire. Nos ancêtres auraient donc pu faire des phrases du type "Rahan manger fruits " ou "manger fruits Rahan" sans que cela nuise au sens global de la phrase... Le protolangage aurait évolué vers un langage plus élaboré il y a 50 000 ans. Cette théorie se base sur l'étude de quatre sources différentes de ce qu'aurait pu être notre langage primitif :
- le langage des grands singes à qui l'on a appris le langage des signes
- le langage des enfants de moins de 2 ans
- le langage de Genie, "enfant-placard" séquestrée pendant 13 ans
- le pidgin (voir ci-dessous), langage utilisé et créé par des populations différentes contraintes à vivre ensemble et donc à trouver un langage commun.
Le protolangage est maintenant l'hypothèse la plus couramment admise.

L'être humain et le langage

Noam Chomski est un linguiste américain, né en 1928, sans doute le plus célèbre des linguistes actuels. Ses études l'ont conduit à la conviction qu'il existe un gène du langage propre à l'être humain.

Constatation : tout être humain est capable d'acquérir en un temps relativement court la langue de la communauté à laquelle il appartient. Un enfant de huit ans possède déjà définitivement un savoir fondamental concernant sa langue, savoir acquis inconsciemment et sans efforts apparents. Même s'il apprend plus difficilement, par répétition, les aspects « périphériques » (mots nouveaux, éléments morphologiques comme les conjugaisons irrégulières), il est définitivement capable de comprendre de nouvelles phrases ou d'en former à l'infini, capable de saisir des ambiguïtés (phrases à double sens), d'établir des rapports entre les mots (le rôle des pronoms), de comprendre qu'un énoncé est acceptable ou non. Nous possédons donc naturellement une compétence qui nous permet d'assimiler une langue, de rebâtir inconsciemment la structure de notre langue maternelle.

Chomski en conclut qu'il existe probablement une sorte de grammaire universelle, qui limite les possibilités des langues, ce qui entraîne que les langues ont forcément des propriétés communes, qu'on appellera des universaux. Par exemple, parmi tous les sons que nous pouvons produire, il n'existe qu'un nombre restreint de phonèmes, entre 80 et 90 pour le monde entier (36 en français). Certaines catégories, comme le nom et le verbe, semblent universelles. Toutes les langues possèdent des mots qui relèvent de l'énonciation (les termes du dialogue direct, liés à moi / ici / maintenant), des interjections, des tournures interrogatives et exclamatives, etc.

Chomski est persuadé que tout ceci est déterminé par un gène du langage, propre à l'être humain.

Quelles formes ?

Selon le linguiste américain Derek Bickerton, la naissance du langage a pu ressembler à ce que nous appelons des pidgins et des créoles.

Un pidgin n'est pas encore un véritable langage, car il n'est pas structuré. C'est à peu près... le langage de Tarzan : Moi Tarzan, toi Jane... Un pidgin se constitue lorsqu'il se produit un mélange de populations d'origines culturelles trop disparates pour que les langues se perpétuent, après une transplantation forcée, comme l'esclavage. Par besoin de communiquer, on emprunte un vocabulaire limité à la langue locale, la plus accessible, la langue dominante, et l'on aboutit des proto-phrases telles Moi faim / Voisin maison feu / Demain moi retour. Cela a pu être la première forme d'expression articulée des hommes préhistoriques, pendant une assez longue période. Il est évidemment impossible d'imaginer quelles furent les formes des mots utilisés, sans doute très variables.

L'étape suivante, c'est le créole : dans les situations précédemment décrites (esclavage), le créole se crée rapidement, parce que tous les hommes modernes ont des capacités linguistiques et une langue d'origine. Le passage du pidgin au créole prend une génération. Un créole emprunte à la langue dominante sa structure : mots-outils (prépositions, conjonctions...), éléments morphologiques (conjugaisons, accords, affixes...), structure syntaxique (formation des groupes et des phrases, ordre des mots). Mais le lexique peut être emprunté à une ou plusieurs autres langues.

Dans la préhistoire, cela a dû prendre beaucoup de temps, car il a fallu créer des mots-outils, une morphologie, une structure. Cela a dû se faire selon une multitude de formes dans les peuplades concernées. Quel en a pu être le moteur ? Peut-être les contacts, les échanges. Les rencontres entre peuplades différentes, suite au développement de l'humanité (des humanités) ont pu être déterminantes, avec la création de nouveaux besoins linguistiques. En ce sens, il semble évident que le démarrage de l'agriculture, et parallèlement celui des échanges, du commerce (avec le défrichage et les voies de communication) ont entraîné un développement et un enrichissement des langues.

La couleur de la peau

Quelle que soit la couleur de notre peau, nous possédons tous des mélanocytes, produisant de la mélanine (pigment naturel) sous contrôle de nos gènes. Suivant sa concentration, ce pigment fonce plus ou moins notre épiderme. Parallèlement, la quantité et l'intensité des rayons solaires influent sur notre corps qui, pour se protéger, produit plus ou moins de mélanine : c'est le phénomène de bronzage.

Les populations exposées de façon continue au soleil développent un "bronzage permanent" ! Si vous partez à pied d'une région sub-tropicale vers le nord, vous rencontrez, au fur et à mesure, des populations de plus en plus claires, sans rupture... C'est donc graduellement que cette variation se déroule... du brun foncé au blanc-rosé. Il vous est alors impossible de déterminer à partir de quel moment un individu est blanc, noir ou jaune car toutes les nuances sont présentes et s'enchaînent !

Distribution géographique de la pigmentation

Proportion des couleurs humaines dans la population globale

Etymologie : l'étude de la vérité

Littéralement, "étymologie" signifie "étude de la vérité".
Les mots nous enseignent beaucoup de choses pour peu qu'on prenne le temps de les étudier.

Ainsi les termes "divertissement" et "diversion" ont la même racine "vers", qui vient de la famille du latin vertere, versus (anciennement vortere, vorsus) : "tourner".

Les Romains appartenaient à une société très hiérarchisée où les puissants, les riches, avaient compris que la plèbe devait être détournée des affaires publiques si l'on voulait conserver tous les pouvoirs pour soi-même.
Comment faire diversion ? Par les divertissements !
La formule "Du pain et des jeux" est applicable dans n'importe quelle nation moderne.

samedi 7 février 2009

La France peine à rembourser ses dettes.

Pays parmi les plus riches du monde (autour de la 5ème place sur plus de 200 Etats), la France affiche son budget pur 2008.
On y découvre que son premier poste de dépense concerne l'Enseignement et la recherche (... bien qu'il y ait encore beaucoup de progrès à réaliser sur la recherche, source de réussite nationale pour le futur) avec plus de 82 milliards d'euros, loin devant la Défense ("seulement" 36,9 milliards).
Mais entre ces deux postes historiquement rivaux, d'un point de vue idéologique, on trouve un lourd "Dettes et engagements financiers" proche des 43 milliards d'euros.
Au bilan, la France est en déficit sur la seule année 2008 de 41,7 milliards d'euros ... et on mesure ainsi combien ces "Dettes et engagements financiers" pèsent sur la santé économique de notre pays !