dimanche 30 septembre 2018

Michel Bauwens, l’homme qui veut achever le capitalisme


À première vue, le théoricien belge du pair-à-pair a tout de l’intellectuel barbant et abscons. Au microscope, son parcours de pensée se révèle tout sauf ordinaire et irrigue en profondeur les bâtisseurs de la société postcapitaliste, celle qui doit « sauver le monde » de sa perte annoncée…

Des orgasmes intellectuels

Enfant, Michel Bauwens vit en Belgique, dans des conditions insalubres qui lui abîment la santé. Des séjours répétés en sanatorium le séparent très tôt de ses parents. En 1968, à 10 ans, il fréquente des communautés gauchistes, spirituelles, puis néo-reichiennes (Wilhelm Reich était un élève de Freud). À 17 ans, il milite chez les trotskistes, puis traverse une première crise existentielle qui l’entraîne dans une quête mystique. Il devient tour à tour templier, rosicrucien (membre de l’ordre ésotérique de la Rose-Croix), franc-maçon, avant de suivre les enseignements d’un gourou indien.
Portrait de Michel
 Bauwens - Photographie publiée sur Transformer Montréal.
Il finit par rentrer dans le rang et fait carrière dans les nouvelles technologies. À 42 ans, deuxième crise, plus profonde. Michel Bauwens se confronte à l’état du monde : « Est-ce que je veux faire partie du problème ou de la solution ? » Il se réfugie à Chiang Mai, en Thaïlande. Pendant deux ans, il vit reclus, étudiant l’histoire des changements de civilisation et se nourrissant de « braingasms », d’orgasmes intellectuels. Il est ce que le philosophe du pragmatisme William James appelle un « twice born », un gnostique façon « Qu’est-ce que je viens faire dans ce monde… », qui, après un long cheminement, vit une renaissance. Troquant les passions tristes de sa jeunesse pour une énergie positive, il accouche d’un nouveau Bauwens : optimiste, pragmatique et apaisé.

L’intuition du pair-à-pair

Au début des années 2000, il perçoit dans les pratiques d’échange de fichiers en pair-à-pair la clé du changement. Tout comme les citoyens des villes médiévales se sont saisis de l’imprimerie pour diffuser leurs idées et faire advenir la société capitaliste, les travailleurs de la connaissance ont, avec Internet, la capacité de s’organiser, de créer de la valeur sans l’aval de structures centralisées pour basculer dans un monde postcapitaliste. À l’été 2005, il formalise sa théorie dans un manifeste : « P2P and human evolution ». Depuis, il parcourt le globe avec sa P2P Foundation, à la rencontre des artisans du pair-à-pair.

Tintin chez les hackers

Les drôles de fréquentation de Michel Bauwens (hackers, séparatistes, anarchistes, crypto-geeks, etc.) lui valent d’être infiltré par un espion qui sabote les communications de la Fondation. Légaliste et bienveillant, le Belge n’est pas toujours en phase avec ces groupuscules parfois radicaux. Il se concentre sur ce qu’ils construisent ensemble. « Et puis, objecte-t-il, l’innovation n’est jamais venue du cœur du système, elle se trouve dans les marges, dans les interstices. »
Dans ce monde du pair-à-pair, témoigne Nathan Schneider, un journaliste proche d’Occupy Wall Street, Bauwens apparaît comme une source d’inspiration, un guide, un conciliateur. Il bâtit des ponts entre des individus très opposés, mais aussi entre des périodes historiques très éloignées. Il apporte un ancrage, une cohérence, une narration : « C’est exactement ce que je fais, mais je ne savais pas l’expliquer », admet souvent le guide.

L’Équateur, un coup d’État dans l’eau

En 2011, deux Indignés espagnols réussissent à convaincre le secrétaire d’État équatorien, René Ramírez, de penser la migration de son pays vers une économie de la connaissance ouverte. Ils font appel à Michel Bauwens. Dans un pays agraire qui, avant l’arrivée du président Rafael Correa, ne comptait que quarante doctorants, on imagine le choc culturel…
« L’idée était de hacker l’Équateur, mais un pays ce n’est pas du code, ce n’est pas exécutable, ce sont des gens »
Après six mois de consultations, l’échec est manifeste : il n’y aura qu’une évolution à la marge sur le copyright. La pression des multinationales et de l’Europe aura été plus forte. « L’idée était de hacker l’Équateur, mais un pays ce n’est pas du code, ce n’est pas exécutable, ce sont des gens », confesse le théoricien du P2P. L’expérience lui aura tout de même permis de définir une stratégie de transition vers les communs à l’échelle d’un pays (commonstransition.org) et de mettre en lien le monde du pair-à-pair avec des coalitions politiques comme Syriza en Grèce.

Pour un individualisme collectif

La société postcapitaliste prônée par Bauwens se veut néo-médiévale, néo-traditionnelle et néo-nomade. Selon lui, nous vivons un changement de régime de valeur (« Être heureux plutôt que riche ») et de mode d’organisation : une coordination mutuelle sans autorité centrale et hiérarchique. Il compare les groupes sociaux du pair-à-pair aux guildes du Moyen Âge. Les sociétés médiévales étaient décentralisées, produisaient en local et se structuraient autour des communs comme les terres pour le pâturage. La même logique est aujourd’hui à l’œuvre derrière le logiciel libre, les coopératives ou certains projets de gestion de l’eau.
Jon Snow, personnage phare de la série Game of Thrones, réalisée par David Benioff, D.B Weiss, George R.R. Martin (2011)
Et comme dans les sociétés traditionnelles, l’humain se libère de son ancrage géographique et culturel, voyage librement entre plusieurs communautés et identités. Il redevient nomade, comme à l’aube de l’humanité. Néanmoins, insiste notre néo Jon Snow (le héros de la série Game of Thrones, ndlr), il ne s’agit pas d’un retour en arrière mais d’une transcendance de notre histoire : nous réconcilions l’individu (société capitaliste) et le collectif (société traditionnelle) pour créer un individualisme collectif (société des communs).

Le danger du « commonisme »

Actuellement en résidence à l’université du Wisconsin à Madison, surnommée la Berkeley du Nord, Michel Bauwens retravaille son manifeste de 2005. Il entend formuler des propositions politiques concrètes pour réaliser la transition postcapitaliste. Cependant, inutile d’attendre de lui qu’il forme une majorité politique pour conquérir le pouvoir : « On n’impose pas le changement, c’est lui qui s’impose, c’est une constante historique », assure-t-il, critiquant les méthodes des marxistes de la « vieille gauche ». D’après lui, la mutation vers une société postcapitaliste s’observe aussi en politique. Des mouvements comme Nuit Debout et Occupy Wall Street produisent de la politique en pair-à-pair à grande échelle.
Pour Bauwens, d’ici quinze ans, le modèle pair-à-pair aura contaminé l’économie physique et sociale.
En Comù Podem, la coalition politique construite autour des communs et issue des Indignés, gère aujourd’hui Barcelone. Et plusieurs membres de Podemos siègent désormais au Congrès espagnol. Pour Bauwens, d’ici quinze ans, le modèle pair-à-pair aura contaminé l’économie physique et sociale. Mais en intellectuel avisé, l’homme nous met en garde contre le « commonisme », à savoir la dictature de la transparence et de l’horizontal. S’il devait exister une gouvernance transnationale des communs, Michel Bauwens en serait à coup sûr le maire idéal.

Illustration de une réalisée par Aline Zalko pour Usbek & Rica.

Article paru dans le numéro 20 d'Usbek & Rica. Auteur : Chrystèle Bazin.

Source :  https://usbeketrica.com/article/michel-bauwens-l-homme-qui-veut-achever-le-capitalisme

« Changer de système ne passera pas par votre caddie »




Un homme se tient devant une bibliothèque / © Romane Mugnier
En rendant cheap la nature, l'argent, le travail, le care , l'alimentation, l'énergie et donc nos vies - c’est-à-dire en leur donnant une valeur marchande - le capitalisme a transformé, gouverné puis détruit la planète. Telle est la thèse développée par l’universitaire et activiste américain Raj Patel dans son nouvel ouvrage, intitulé Comment notre monde est devenu cheap (Flammarion, 2018). « Le capitalisme triomphe, non pas parce qu’il détruit la nature, mais parce qu’il met la nature au travail - au moindre coût », écrit Patel, qui a pris le temps de nous en dire plus sur les ressorts de cette « cheapisation » généralisée.

Raj Patel est professeur d'économie politique à l'université du Texas d'Austin. À 46 ans, c'est aussi un militant, engagé auprès de plusieurs mouvements, qui a travaillé par le passé pour la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce. Logique, quand on sait qu'il se définit lui-même comme «  socialiste », ce qui « n’est pas facile au Texas », nous précise-t-il dans un éclat de rire. Patel a déjà écrit sur les crises alimentaires, dont il est un expert. Il signe aujourd’hui un nouvel ouvrage, Comment notre monde est devenu cheap, co-écrit avec Jason W. Moore, historien et enseignant à l’université de Binghampton.
Ces deux universitaires hyper-actifs y développent une nouvelle approche théorique pour appréhender l’urgence dans laquelle nous nous trouvons, mêlant les dernières recherches en matière d’environnement et de changement climatique à l’histoire du capitalisme. Pour eux, ce dernier se déploie dès le XIVème siècle. Il naît donc avec le colonialisme et la violence inhérente à l’esclavage, jusqu’à mettre en place un processus de « cheapisation » généralisé, soit « un ensemble de stratégies destinées à contrôler les relations entre le capitalisme et le tissu du vivant, en trouvant des solutions, toujours provisoires, aux crises du capitalisme ». Une brève histoire du monde qui rappelle, sur la forme, la façon dont Yuval Harari traite l’histoire de l’humanité, mais avec cette fois une toute autre approche théorique, que Raj Patel n’hésite pas à qualifier de « révolutionnaire ».
Entretien autour de cette grille de lecture, qui offre également quelques perspectives pour sortir de ce que les auteurs appellent le « Capitalocène », grâce notamment au concept d’ « écologie-monde ».
Usbek & Rica : Des scientifiques du monde entier s'accordent à dire que nous sommes entrés depuis un moment déjà dans l'ère de l’Anthropocène, cette période de l'histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre. Mais vous allez plus loin, en parlant de « Capitalocène ». Le capitalisme serait donc la cause de tous nos problèmes ?
Raj Patel : Si vous avez entendu parler de l'Anthropocène, vous avez entendu parler de l'idée selon laquelle les humains sont en grande partie responsables de la situation désastreuse de notre planète. À ce rythme, en 2050, il y aura par exemple plus de plastique que de poissons dans les océans. Si une civilisation survient après celle des humains, les traces qui resteront de notre présence seront le plastique, la radioactivité liée aux essais nucléaires, et des os de poulet. Mais tout cela n'est pas lié à ce que les humains sont naturellement portés à faire. Il y a quelque chose qui conduit les humains à cette situation. Et si vous appelez cela l'Anthropocène, vous passez à côté du fond du problème. Ce n'est pas l'ensemble des comportements humains qui nous conduit à la sixième extinction. Il y a aujourd'hui beaucoup de civilisations sur Terre qui ne sont pas responsables de cette extinction de masse, et qui font ensemble un travail de gestion des ressources naturelles formidable tout en prospérant. Et ces civilisations sont souvent des populations indigènes vivant dans des forêts.
Un essai nucléaire américain en Micronésie le 25 juillet 1946
« Si une civilisation survient après celle des humains, les traces qui resteront de notre présence seront le plastique, la radioactivité liée aux essais nucléaires, et des os de poulet» / Un essai nucléaire américain en Micronésie le 25 juillet 1946 / CC Wikimédia Commons
Mais il y a une civilisation qui est responsable, et c'est celle dont la relation avec la nature est appelée « capitalisme ». Donc, au lieu de baptiser ces phénomènes Anthropocène, appelons-les Capitalocène. Nous pouvons ainsi identifier ce qui nous conduit aux bouleversements de notre écosystème. Il ne s'agit pas de quelque chose d'intrinsèque à la nature humaine, mais d'un système dans lequel évolue un certain nombre d'humains. Et ce système nous conduit vers une transformation dramatique de notre planète, qui sera visible dans l'étude des fossiles aussi longtemps que la Terre existera.

Vous établissez, avec votre co-auteur, une histoire du capitalisme fondée sur sept choses « cheap ». Quelles sont-elles, et comment êtes vous parvenus à cette conclusion ?
 
Dans ce livre, nous évoquons les sept choses que le capitalisme utilise pour éviter de payer ses factures. C'est d'ailleurs une définition courte du capitalisme : un système qui évite de payer ses factures. C'est un moyen de façonner et de réguler les relations entre individus, et entre les humains et la reste de la vie sur Terre. Ces sept choses sont la nature « cheap », l'argent « cheap », le travail « cheap », le care « cheap », l'alimentation « cheap », l'énergie « cheap » et les vies « cheap ». Nous sommes parvenus à cette conclusion en partie grâce à un raisonnement inductif fondé sur l'histoire, mais aussi en s'intéressant aux mouvements sociaux d'aujourd'hui. Par exemple, le mouvement Black Lives Matter ne proteste pas uniquement contre l'inégalité historique qui résulte de l'esclavage aux États-Unis. Ses membres se penchent aussi sur le changement climatique, l’équité entre les genres, le travail, la réforme agraire ou la nécessaire mise en place de meilleurs systèmes alimentaires et de systèmes d'investissement solidaires qui permettraient à des entreprises d'émerger.  
« L'idée qui importe dans la structuration des mouvements sociaux est celle d'intersectionnalité »
C'est une approche très complète, mais l'idée qui importe dans la structuration des mouvements sociaux est celle d'intersectionnalité. Et on peut identifier nos sept choses « cheap » dans presque tous les mouvements intersectionnels. Tous les mouvements visant à changer l'ordre social se tiennent à la croisée de ces sept choses. 
Rassemblement du mouvement Black Lives Matter le 9 août 2015, un an après la mort de Michael Brown, devant le Barclays Center de Brooklyn / CC Wikimédia Commons
Rassemblement du mouvement Black Lives Matter le 9 août 2015, un an après la mort de Michael Brown, devant le Barclays Center de Brooklyn / CC Wikimédia Commons
Vous expliquez que la nourriture est actuellement peu chère, mais que cela n'a pas été le cas à travers l'histoire. Dans votre introduction, vous prenez pour exemple les nuggets de MacDonald's pour illustrer votre théorie des sept choses « cheap ». Pourquoi ?
Il n'a pas toujours été possible d'obtenir un burger ou quelques chicken nuggets pour un euro ou deux. Au XIXème siècle, les ouvriers anglais dépensaient entre 80 et 90% de leurs revenus en nourriture. Aujourd'hui, nous consacrons à peu près 20% à l'alimentation. Quelque chose a changé. Et le nugget est devenu un fantastique symbole la façon dont le capitalisme évite de payer ses factures.
Une boîte de nuggets / CC Wikimédia Commons
« Le nugget est devenu un fantastique symbole la façon dont le capitalisme évite de payer ses factures » / CC Wikimédia Commons
Reprenons nos sept choses « cheap ». La nature « cheap » nous permet de retirer un poulet du monde sauvage et de le modifier en machine à produire de la viande. Cette approche de la nature est assez révélatrice de la façon dont le capitalisme opère. La deuxième chose, c'est le travail : pour transformer un poulet en nugget, il vous faut exploiter des travailleurs. Et partout dans le monde, ces ouvriers avicoles sont extrêmement mal payés. Une fois que les corps de ces ouvriers sont ruinés par le travail à la chaîne, qui va veiller sur eux ? Généralement, cela retombe sur la communauté, et particulièrement sur les femmes. C'est cela que j'appelle le « cheap care ». Les poulets sont eux-mêmes nourris grâce à de la nourriture « cheap », financée par des milliards de dollars de subventions. L'énergie « cheap », c'est-à-dire les énergies fossiles, permet de faire fonctionner les usines et les lignes de production. Et l'argent « cheap » permet de faire tourner l'ensemble, parce que vous avez besoin de taux d'intérêt très bas, et que les grandes industries en obtiennent des gouvernements régulièrement. Et enfin, vous avez besoin de vies « cheap » : il faut reconnaître que ce sont les non-blancs qui sont discriminés dans la production de ce type de nourriture, mais aussi que les consommateurs sont considérés comme jetables par l'industrie. 
« Si vous pensez que le capitalisme est né au cours de la révolution industrielle, vous êtes en retard de trois ou quatre siècles »
Vous insistez sur le fait que le capitalisme est né de la séparation entre nature et société, théorisée notamment par Descartes. Et que cette naissance a eu lieu au XIVème siècle, dans le contexte de la colonisation. On a donc tort de dire que le capitalisme est né avec la révolution industrielle ? 
Si vous pensez que le capitalisme est né au cours de la révolution industrielle, vous êtes en retard de trois ou quatre siècles. Pour que cette révolution advienne, il a fallu beaucoup de signes avant-coureurs. Par exemple, l'idée de la division du travail était déjà à l’œuvre dans les plantations de cannes à sucre à Madère à la fin du XIVème siècle ! Toutes les innovations dont on pense qu'elles proviennent de la révolution industrielle étaient déjà en place quand les Portugais ont apporté la production de sucre, l'esclavage et la finance à Madère. 
« La division du monde entre nature et société est le péché conceptuel originel du capitalisme »
Quant à la division du monde entre nature et société, il s'agit là du péché conceptuel originel du capitalisme. Toutes les civilisations humaines ont une façon d'opérer une distinction entre « eux » et « nous », mais séparer le monde entre nature et société permet de dire quels humains peuvent faire partie de la société, et d'estimer qu'on est autorisé à exploiter le reste du monde. Les colons arrivant en Amérique considéraient ceux qu'ils ont baptisé « Indiens » comme des « naturales ». Dans une lettre à Isabelle Iʳᵉ de Castille et Ferdinand II d'Aragon, Christophe Colomb se désole de ne pouvoir estimer la valeur de la nature qu'il a devant lui aux Amériques. Il écrit aussi qu'il reviendra avec le plus d'esclaves possibles : il voit certains hommes et la nature comme des denrées interchangeables car ils ne font pas partie de la société. Cette frontière entre nature et société est propre au capitalisme, et c'est pourquoi il peut utiliser les ressources fournies par la nature tout en la considérant comme une immense poubelle.
L'arrivée de Christophe Colomb en Amérique avec deux bannières blanches blasonnées d'une croix verte et une bannière jaune frappée des initiales F et Y des souverains Ferdinand II d'Aragon et Ysabelle de Castille / CC Wikimédia Commons
Le capitalisme fait partie, selon vous, d'une écologie-monde, un concept forgé par votre co-auteur. En quoi ?
Nous nous inspirons de Fernand Braudel et du concept d'économie-monde. En résumé, l'historien explique que si l'on veut comprendre comment fonctionne le monde, on ne peut pas prendre l’État-nation comme unité fondamentale d'analyse. Il faut comprendre que cet endroit est défini par son rapport aux autres endroits, tout comme les humains sont définis par leurs relations aux autres humains. On doit également penser au système dans lequel le pays que l’on étudie se trouve.
« Certains estiment impossible de penser au-delà du capitalisme, même si les alternatives sont juste devant nous »
L'économie n'est qu'une façon de penser la relation entre les humains et le tissu du vivant. Par exemple, Wall Street est une façon d'organiser le monde et la nature. Les traders qui y travaillent font de l'argent en faisant des choix, et en les imposant via la finance et la violence qui lui est inhérente. Le tout pour structurer les relations entre individus et entre les humains et le monde extra-naturel. Ce que nous faisons, c'est que nous replaçons tout cela dans son écologie, et c'est pourquoi le concept d'écologie-monde fait sens. Si vous vous intéressez à la façon dont les humains sont reliés les uns aux autres, vous devez choisir la focale d'analyse la plus large possible.
Vous dites qu'il est plus facile d'imaginer la fin du la planète que la fin du capitalisme. Pourquoi ?
J'expliquais dernièrement à mes étudiants que nous avons jusqu'à 2030 si l'on veut parvenir à une économie neutre en carbone. Et ils étaient désespérés et désemparés. Ce désespoir est un symptôme du succès du capitalisme, en cela qu'il occupe nos esprits et nos aspirations. C'est pourquoi il est, selon moi, plus facile d'envisager la fin du monde que celle du capitalisme. On peut aller au cinéma et y admirer la fin du monde dans tout un tas de films apocalyptiques. Mais ce qu'on ne nous montre pas, ce sont des interactions différentes entre les humains et la nature, que certaines civilisations encore en activités pratiquent actuellement sur notre planète.
Image issue du film Take Shelter de Jeff Nichols / © Hydraulx Entertainment
Image issue du film Take Shelter de Jeff Nichols / © Hydraulx Entertainment
Je vis aux États-Unis, et tous les matins mes enfants doivent prêter serment et répéter qu'ils vivent dans « une nation en Dieu » [NDLR : « One nation under God »]. Mais les États-Unis reconnaissent en réalité des centaines de nations indigènes, ce que l'on veut nous faire oublier ! Tous les jours, on nous apprend à oublier qu'il y existe d'autres façons de faire les choses, d'autres possibilités. Cela ne me surprend pas que certains estiment impossible de penser au-delà du capitalisme, même si les alternatives sont juste devant nous.
« Ceux que nous considérons comme nos sauveurs sont issus du passé »
Parmi ces alternatives, il y en a une qui ne trouve pas grâce à vos yeux : celle du progrès scientifique, incarnée en ce moment par certains entrepreneurs comme Elon Musk.
Ce que je ne comprends pas, c'est que ceux que nous considérons comme nos sauveurs sont issus du passé. Beaucoup pensent qu'Elon Musk va sauver le monde, et que nous allons tous conduire des Tesla dans la joie. Mais si on regarde ce qui rend possible la fabrication des Tesla, on retrouve nos sept choses « cheap » ! Les travailleurs sont exploités, notamment ceux qui travaillent dans les mines pour extraire  les métaux rares nécessaires aux batteries. Et Musk lui-même s'attache à éliminer les syndicats... Je suis inquiet du fait que l'on fonde nos espoirs sur ces messies.

Des initiatives comme celle du calcul de son empreinte écologique ne trouvent pas non plus grâce à vous yeux. Pourquoi ?
Parce qu'il s'agit d'un mélange parfait entre le cartésianisme et la pensée capitaliste. C'est une façon de mesurer l'impact que vous avez sur la planète en fonction de vos habitudes alimentaires ou de transport. À la fin du questionnaire, on vous livre une série de recommandations personnalisées, qui vous permettent de prendre des mesures pour réduire votre empreinte écologique. Qu'est-ce qu'il pourrait y avoir de mal à ça ? Évidemment, je suis d'accord avec le fait qu'il faudrait que l'on consomme moins, particulièrement dans les pays développés.
« Personne n'est allé faire les courses de façon responsable pour mettre un terme à l'esclavage ! »
Pourtant, présenter le capitalisme comme un choix de vie consiste à culpabiliser l'individu au lieu de condamner le système. C'est la même logique qui prévaut derrière la façon dont on victimise les individus en surpoids alors que leur condition n'a pas grand chose à voir avec leurs choix individuels, mais plutôt avec leurs conditions d'existence. On ne pourra pas non plus combattre le réchauffement climatique en recyclant nos déchets ! Du moins, pas uniquement. En mettant l'accent sur le recyclage, on sous-estime l'immensité du problème, mais aussi notre propre pouvoir. Parce que si vous voulez changer de système, ça ne passera pas par ce que vous mettez dans votre caddie, mais par le fait de s’organiser pour transformer la société. Et c'est l'unique façon dont une société peut évoluer. Personne n'est allé faire les courses de façon responsable pour mettre un terme à l'esclavage ! Personne n'est sorti de chez lui pour acheter de bons produits afin que les femmes obtiennent le droit de vote ! Tout cela dépasse le niveau des consommateurs. Il va falloir s'organiser pour la transformation, c'est la seule façon de combattre. 
Des suffragettes se réunissent en Angleterre en 1908 pour obtenir le droit de vote / CC Wikimédia Commons
Des suffragettes se réunissent en Angleterre en 1908 pour obtenir le droit de vote / CC Wikimédia Commons
C'est pour ça que le dernier mot de votre livre est « révolution » ?
Si nous continuons comme ça, la planète sur laquelle nous vivons sera en grande partie inhabitable. Si je vous dis que j’ai l'idée révolutionnaire de transformer le monde pour le rendre inhabitable, vous me répondrez qu'il faudrait que j'évite de faire ça. Le problème, c’est que si je vous dis que j’ai l'idée révolutionnaire de se détourner du capitalisme pour vivre mieux qu’aujourd’hui, vous me diriez la même chose. On choisit sa révolution. Soit on essaye de maintenir les choses comme elles sont, avec leur cortège d'exploitation, de racisme et de sexisme, la sixième extinction de masse, et la transformation écologique pour prétendre que tout va bien se passer. Soit on accueille le changement à venir, et on tente de s'y connecter.
« Nous pouvons choisir le monde que nous voulons construire maintenant pour être capables de supporter l'après-capitalisme » 
Les systèmes sociaux meurent rapidement. Le féodalisme a par exemple disparu pendant une période de changement climatique et d'épidémies. Plusieurs expériences ont été tentées pour remplacer le féodalisme, et parmi elles, c'est le capitalisme qui a gagné. Ce que je veux dire, c’est que nous pouvons choisir le monde que nous voulons construire maintenant pour être capables de supporter l'après-capitalisme. On peut choisir sa révolution, mais la chose qu'on ne peut pas choisir, c'est de l'éviter. Le capitalisme nous rend aveugles à la révolution qu'il opère lui-même à la surface de la planète en ce moment.
Donc, selon vous, il faudrait se tourner vers le concept d'écologie-monde pour reprendre espoir ?
Une partie de ce que l'on voulait faire avec Comment notre monde est devenu cheap, c'était d'articuler théoriquement ce qui est déjà en train d'advenir. Je suis très inspiré par ce que met en place le mouvement paysan La Via Campesina. Ce mouvement international qui regroupe des petits paysans fait un travail incroyable, notamment en Amérique du Sud, en promouvant l'agroécologie.
Rencontre de l'organisation La Via Campesina en Bolivie, 2010 / CC FlickR
L'agro-écologie est un moyen de cultiver la terre qui est totalement à l'opposé de l'agriculture  industrielle. Au lieu de transformer un champ en usine en annihilant toute la vie qui s'y trouve, vous travaillez avec la nature pour mettre en place une polyculture. Cela vous permet de lutter contre le réchauffement en capturant plus de carbone, et de vous prémunir contre ses effets en multipliant le type de récoltes. Enfin, vous vous organisez socialement pour soutenir le tout et gérer les ressources et leur distribution, ce qui ne peut se faire sans combattre le patriarcat. Voilà un exemple de mouvement fondé autour d’une lutte contre l'OMC et qui a évolué en une organisation qui combat les violences domestiques, le patriarcat et le réchauffement climatique. C'est un exemple concret, et presque magique, d'intersection entre les choses « cheap » que nous évoquons dans notre livre. Et tout cela est rendu possible parce que le mouvement est autonome et pense par lui-même, sans s'appuyer sur de grands espoirs, mais sur l'intelligence de chaque paysan.

Votre livre compte 250 pages de constat, pour 10 pages de solution. Est-ce qu'il est vraiment si compliqué que ça d'accorder plus de place aux solutions ?
 
Il y a déjà des organisations qui travaillent sur des solutions. Mais pour comprendre leur importance et pourquoi elles se dirigent toutes vers une rupture d'avec le capitalisme, on s'est dit qu'il était de notre devoir de regrouper un certain nombre d'idées qui parcourent le monde universitaire et le travail de nos camarades au sein des mouvements sociaux. Notre rôle me semble être de théoriser ce qui se passe déjà, et de nourrir nos camarades intellectuellement. Et ces sept choses « cheap » pourraient être une nouvelle manière d'appréhender nos systèmes alimentaires et tout ce que l'on décrit dans l'ouvrage, mais pas seulement. Le cadre théorique pourrait aussi s'appliquer à la finance, au patriarcat ou au racisme, et permettre aux mouvements en lutte de se rendre compte qu'il faut qu'ils se parlent beaucoup plus. Nous n'avions pas l'objectif de faire un catalogue de solutions, encore moins un programme politique : beaucoup d'acteurs engagés font déjà de la politique, et c’est vers eux qu’il faut se tourner si vous voulez changer les choses maintenant, sans attendre l’effondrement.

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Image à la une : Raj Patel dans les locaux de son éditeur à Paris / © Romane Mugnier

Sourcehttps://usbeketrica.com/article/changer-de-systeme-ne-passera-pas-par-votre-caddie

Aaron Russo nous explique.... Le Nouvel Ordre Mondial !



Source: https://www.youtube.com/watch?v=O-VxKr-htpA

L'interview en français



Source : https://www.youtube.com/watch?v=F9WQ7gQZwHU

Interview d'Aaron Russo sur les confidences de Nicholas "Nick" Rockefeller



Source : https://www.dailymotion.com/video/x8rsrp

samedi 29 septembre 2018

Au-delà de 1500 dollars par mois et par habitant, il n'y a plus de corrélation entre richesse et bonheur



"VOTRE CROISSANCE, NOUS N'EN VOULONS PLUS !"
"Vous m'écoutez comme un original, Monsieur le Ministre, bien assis que vous êtes sur vos certitudes.
Mais un vent se lève.
Un orage, même, peut-être.
Qui viendra balayer votre assurance, qui verra s'imposer une évidence : les fous, c'est vous. Les fous qui prônez une croissance infinie dans un monde fini. Les fous qui menez l'humanité à la catastrophe.
Les raisonnables, c'est nous."


François Ruffin

Sources : https://www.youtube.com/watch?v=fRUxBKOq9kc
et  https://www.facebook.com/FrancoisRuffin80/videos/442477316277434

Confirmation des données chiffrées annoncées par François Ruffin contre la croissance infinie dans un monde fini. Au-delà du seuil de 18.000 dollars annuels, soit de l'ordre de 1500 mensuels, l'espérance de vie et la richesse ne sont plus corrélées.

 Même chose pour la corrélation entre bonheur (dont l'espérance de vie n'est qu'un des facteurs) et revenus :

Au delà du PIB : la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi remet son rapport

La Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi n’a pas accouché d’un nouvel indicateur de richesse mais de pistes utiles pour une nécessaire réflexion. A la lecture du rapport de synthèse il apparaît que nous sommes moins riches que ne l’indiquent les statistiques du produit intérieur brut. Deux exemples : le produit intérieur est….brut ce qui signifie qu’il comprend l’usure du capital productif (à ce titre le PIB net serait 15% plus faible); il existe un écart entre le PIB et le revenu des ménages et plus encore celui du ménage médian qui correspond plus fidèlement au vécu des français. Que faire? D’une part continuer à améliorer le niveau de notre richesse marchande, surtout celle des plus modestes et d’autre part utiliser au mieux nos ressources pour obtenir de meilleurs résultats en termes de qualité de vie (environnement, santé, sécurité, convivialité…). Certains disent que la contestation du PIB serait un luxe de pays riche. Rien n’est plus faux. C’est aux deux extrêmes de la hiérarchie économique qu’un hiatus apparaît entre bien-être et PIB. On observe que certains pays parmi les plus pauvres atteignent des niveaux de développement assez élevés (mesuré par l’Indicateur de développement humain -IDH- d’Amartya Sen : PIB +éducation+espérance de vie) grâce à l’utilisation judicieuse de leurs ressources financières. Les voila plus « riches » que ne l’indique leur PIB…soyons aussi imaginatifs qu’eux.

vendredi 28 septembre 2018

La question de l'État

Dans ce sixième extrait, Etienne Chouard aborde la question de l'État, de la nécessité d'une puissance publique réellement au service de la/du citoyen.ne. Une Constitution directement rédigée par les habitant.e.s pourrait permettre cela.





Source : https://www.youtube.com/watch?v=MJR9bUrWLlQ

La définition de l’État et de ses rôles varie énormément d'un penseur à l'autre. Ici, Étienne Chouard voudrait le constituer en "défenseur des faibles"; au sens de rapport de force physique entre la police (étatique, publique) et les individus (forts, violents) susceptibles de créer le chaos. 

En y réfléchissant, ce n'est donc que pour une de ses prérogatives qu’Étienne Chouard souhaite maintenir l'existence de l’État au grand dam des purs anarchistes : pour sa police. 

Ne serait-il pas plus juste de réfléchir à l’organisation de la police ? 

Actuellement, son commandement est centralisé, avec le président de la République et le ministre de l'Intérieur à sa tête (ou le ministre de la Défense pour ce qui est de la gendarmerie) et ensuite toute une hiérarchie de fonctionnaires de police diplômés d’État. 

La solution ne consisterait-elle pas à décentraliser au maximum, comme dans le projet anarchiste d'organisation de la société en confédération de communes ? Ne pourrait-on pas avoir des citoyens-soldats (comme c'était le cas dans l'Athènes démocratique) ou des citoyens-policiers ? En Suisse, me semble-t-il, il n'y a que 5% de soldats professionnels. Tous les autres sont des citoyens qui ont leur équipement (arme comprise !) à domicile. Dans la société voulue par Étienne Chouard, et celle à laquelle je réfléchis moi-même, on ne conserverait qu'un minimum de pouvoir centralisé, uniquement dévolu à la coordination des forces pour la sécurité extérieure, et une grande décentralisation pour la sécurité intérieure. 
Voir la troisième partie de cet article : https://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2017/06/apres-epicure-ou-de-lethique_16.html 
et la neuvième partie de celui-ci : https://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2017/08/apres-epicure-ou-de-lethique.html 

Pour plus d'information sur le projet de #ConstitutiondAgglo et de sa journée de lancement, c'est ici :
https://www.facebook.com/events/2042975935721590/
EXTRAIT 1 :
https://www.facebook.com/inverserlepouvoir/videos/260445057916575/
EXTRAIT 2 :
https://www.facebook.com/inverserlepouvoir/videos/528165394288839/
EXTRAIT 3 :
https://www.facebook.com/inverserlepouvoir/videos/2127251210619005/
EXTRAIT 4 :
https://www.facebook.com/inverserlepouvoir/videos/491440897990641/
EXTRAIT 5 :
https://www.facebook.com/inverserlepouvoir/videos/334441823767174/

Vaccins: les dangers de l'aluminium selon le Dr Gherardi

Le Pr. Romain Gherardi, directeur de recherche à l'Inserm et à l'hôpital Henry-Mondor, était l'invité du "Magazine de la santé", sur France 5, le 12 novembre 2012.

"Depuis qu'on les utilise dans la fabrication des vaccins (1926 aux États-Unis, 1990 en France), les sels d'aluminium alimentent le débat et la controverse. Techniquement, une dose infime d'hydroxyde d'aluminium suffit pour stimuler la réaction immunitaire en induisant une petite réaction inflammatoire locale. Et, si une majorité de scientifiques considère qu'une fois injecté dans l'organisme, l'aluminium se dissout spontanément et n'a donc pas d'effet toxique, d'autres comme le Réseau Environnement Santé et le Pr. Romain Gherardi, chercheur à l'Inserm et médecin à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, avancent le contraire. "



Source : https://www.youtube.com/watch?v=6ltgXNV9rDU

jeudi 27 septembre 2018

Analogie biologique

J.S. : Comme une cellule dans un corps humain. Je suis utile individuellement au fonctionnement de l'ensemble mais à moi seul je ne suis pas grand chose. Humilité et, malgré tout, sentiment de contribuer à l'ensemble.

A.S. : Un corps humain, c'est plus de 30000 milliards d'égos qui sauf accident fonctionnent en harmonie.

A.S. : Et nous, à 7 milliards, nous ne sommes pas foutus de nous entendre.

J.S. : L'humanité a donc de gros progrès à faire. A notre décharge, nous n'en sommes qu'au "début". En effet, sauf erreur de ma part (cf. dernières découvertes paléontologiques au Maroc), l'homo sapiens n'aurait "que" 300.000 ans. Or une espèce dure en moyenne entre 1 et 2 millions d'années avant de tellement changer qu'elle en devient une autre, ou plusieurs autres espèces. Ou à moins de s'éteindre avant.  30.000 milliards d'egos; ça laisse rêveur tout de même ! Le problème, c'est que certains individus se comportent comme des cellules cancéreuses. ils accumulent, multiplient leurs richesses à une vitesse folle, et bloquent le fonctionnement du corps social.

J.S. : J'ajoute que le système immunitaire (l’État qui a le monopole de la force légale) protège paradoxalement les cellules cancéreuses et puise les ressources des 99% de cellules saines. A ce rythme (entamé voici 5000 ans ?), nous risquons fort de disparaître ... et en entraînant d'autres espèces avec nous.

mercredi 26 septembre 2018

épisode 3 ;)
Il y a le temps présent, celui qui focalise l'attention, et il y a le temps long, celui qui devrait produire la volonté.
Ne soyons pas aveuglés par le fait que le freluquet freluque.
Et de la Syrie au droit du travail,
en passant par la braderie des bijoux de famille,
il freluque énormément,
sans oublier ce qui se trame.
Mais s'il faut les voir, s'en indigner, dénoncer, lutter,
que ses freluquages ne nous aveuglent pas :
Ce qui est important, c'est qu'il peut freluquer dans l'impunité.
Ce qui est important, c'est l'impunité.
Ce qui est important, c'est que lui et ses pairs sont ceux qui gravent leur impunité dans le marbre.
Ce qui est important, c'est que les citoyens ne sont que spectateurs de l'acte constituant, ne sont donc pas citoyens.
Un peuple qui ne gère pas sa constitution est fatalement abusé.
"Abusé" est un euphémisme.

J'ai vu qu'il y a d'autres publications qui nous mettent en garde contre la focalisation de l'attention sur le crime à court terme. C'est réjouissant. Mais trop se concentrent encore sur ce qui est second.
4.
De la transition démocratique
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Même si la théorie de la démocratie réelle est plutôt émiettée sur nos espaces de communication, ou en librairie, nous sommes quand même quelques centaines, ou milliers, à au moins entrevoir ce que pourrait signifier techniquement un fonctionnement démocratique du corps social, et à avoir compris la pertinence du concept : salvateur, émancipateur, et protecteur.
Lancinante est la question qui nous est souvent posée ( parmi d’autres, tout aussi délicates, pour ne pas dire difficiles … ) : « Comment voyez vous l’avènement de la démocratie : suite à quels événements, selon quels processus ? »
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L’idée de nous fonder sur l’élection pour partir à la conquête du pouvoir autoritaire absolu, mais dans l’intention d’instaurer de force la démocratie intégrale , cette idée là, qui est génétiquement porteuse de contradiction, si elle présente quelque espoir désespéré, n’en est pas moins génératrice de grosses inquiétudes, ou incertitudes ; elle laisse entrevoir un chemin de libération chaotique, chargé de lourds nuages noirs, chemin qui peut conduire à la désillusion.
Car enfin … il faut beaucoup de confiance en la parole donnée, ou beaucoup de naïveté (?), pour espérer qu’un jour une fine équipe, détentrice « légalement » du pouvoir absolu, accepterait de tenir ses engagements, donc d’instituer le pouvoir intégral du peuple et du citoyen, pour ensuite, mission accomplie, se retirer modestement à la campagne, afin de se contenter alors de bailler aux corneilles, pour vivre au milieu des arbres et des fleurs, le reste de son âge.
Nous adorerions avoir à financer la retraite heureuse d’une telle équipe :)
Grand est le risque de voir, au pied du mur, grandes âmes et beaux discours se fracasser, tantôt contre le mur de la prétendue difficulté technique, tantôt contre de grossiers appétits, jusqu’ici dissimulés, dissimulés peut être à la conscience de leurs porteurs eux-mêmes.
Nul ne peut prétendre que l’œuf du serpent n’est pas en lui, attendant pour éclore des heures favorables.
La brève qui suit n’est qu’un exemple, mais elle est warning de luxe : si nombreux ont été dans le passé les candidats à la présidence de la république qui en campagne promirent le référendum d’initiative populaire, pour ensuite, une fois élus, faire preuve d’une étrange amnésie ; « étrange », que dis-je, non : bien prévisible …
MAIS faute de grive on mange des merles, et il n’est pas forcément raisonnable en cette affaire, pour ne pas être naïf, de donc renoncer à une possibilité. La désillusion n’est pas un risque supérieur à celui de l’abstention. Je ne crois cependant pas trop à cette option. Mais bon … débat sans fin, sans fin possible autre que l’expérience ...
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Certains songeront à l’insurrection …
Genre 1789 ou révolution tunisienne.
Je ne développerai pas ici le fait qu’une organisation née de la violence porte en quelque sorte la violence dans ses gênes, et qu’il lui sera donc difficile d’instituer la gentillesse comme valeur centrale et effective ...
L’Histoire démontre que la probabilité de voir une insurrection accoucher de la démocratie est très faible, voisine de zéro. Tout au plus assiste-t-on en général à l’institution d’un ersatz, qui très vite, d’ersatz, se transforme en cruelle facétie.
Cela tient, je pense, d’une part à l’impréparation des foules et des gens à l’art d’assumer promptement leur liberté nouvelle, pourtant souvent chèrement acquise, et d’autre part à la présence inévitable de loups embusqués, prêts quant à eux à se présenter en sauveurs, quand ils ne sont que de faux sauveurs, c’est à dire des voleurs de révolution.
L’insurrection est un phénomène dont la source est la colère, le raz le bol, l’indignation ; elle se produit de manière inopinée, n’a pas lieu quand on la prévoit, ou au contraire survient quand on ne l’attend pas. Mais surtout, elle n’est pas le fruit d’une volonté, d’une intelligence collective, équipée de tout le savoir individuel et collectif nécessaire à l’aboutissement souhaitable.
Et quand survient ce phénomène quasi quantique, il est bien tard pour songer à l’éducation populaire préventive&constructive, et à la formation des gens à leur nouveau métier de citoyens, que donc ils n’assument pas, laissant ainsi le champ libre aux susdits voleurs de révolution.
Il y a donc un minimum à faire savoir aux foules et aux gens, mais il ne s’agit que d’un minimum :
L’instant où tombe la tyrannie ne signe en aucun cas la fin de la révolution, mais doit au contraire en marquer le début :
A cet instant là, la rue doit refuser le discours des faux sauveurs, qui affirment : « rentrez chez vous, on va vous arranger les bidons » . C’est au contraire le moment de ne pas rentrer chez soi, et de refuser tout gouvernement provisoire, dit de libération, autoproclamé ; c’est aussi le moment de refuser l’émergence d’une constituante elle aussi autoproclamée, et une constituante élue n’est pas plus souhaitable, en raison des biais pervers qu’induit l’élection. Les développements relatifs à cette question ne manquent pas, mais sont encore trop peu diffusés ;)
Une coda : c’est souvent parmi les plus brillants des insurgés que se trouvent les futurs voleurs de révolution.
Ce minimum vital étant diffusé, mieux vaudrait en outre que le plus grand nombre possible ait un minimum réfléchi aux chapitres clés de la démocratie, qui sont la topologie de la délibération et la topologie de la décision. Sujet immense, développé et à encore développer ailleurs.
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Certains autres miseront sur l’énorme crise, le big collapse, bancaire ou autre, qui produisant le chaos contraindrait à la démocratie communale ( un peu comme cela s’est produit à la chute des carolingiens ).
Mais usant d’un vocabulaire inattendu pour certains, je parle ici de magie noire ; car espérer le bonheur comme conséquence d’un cataclysme n’est pas sain ; nul ne peut prédire les misères, famines, épidémies qui suivraient le big collapse, provoquant la mort de milliers de braves gens, … ou de milliards.
En outre l’Histoire a démontré que si en tel cas un mieux est possible, il n’est qu’éphémère : la pensée n’étant pas préparée à éviter la résurrection du hiérarchisme le plus rigide, cette résurrection a lieu.
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Voici pour finir la seule réponse pragmatique que je sois capable de présenter.
Beaucoup la penseront décevante …

Dans tous les cas de figure, il apparaît que tout processus d’émancipation des peuples ne peut être qu’avorté ou éphémère si un seuil critique de conscience et de compétence volontaire globales n’est pas atteint. Intégrant ce qui a été dit plus haut, plus quelques idées fortes, comme par exemple le principe d’une constituante tirée au sort, non traité ici, mais amplement ailleurs.
C’est donc dans l’approche laborieuse de ce seuil critique que nombre d’entre nous se donnent.
( l’idée des ateliers constituants est ici centrale )
Car rien ne pourra résister à la volonté claire et solide de plusieurs millions d’individus.
Car rien ne pourra résister à un tsunami de conscience.
Y a du boulot !
Il est hors de question de considérer la tâche insurmontable.
bafouille n°5
Avons nous besoin de représentants ?
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Question, tout sauf banale, centrale :
Je commence par quelques citations :
« Choisir un homme, fût-il le meilleur, au lieu de choisir une politique, c’est abdiquer »
Pierre Mendès-France (1907-1982)
« Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres, pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté »
Élisée Reclus , 1885
"lls ont peur que nous découvrions que nous pouvons nous gouverner nous-mêmes"
maestra Eloisa, Chiapas
puis de Rousseau :
- « En général, ce serait une grande folie d’espérer que ceux qui dans le fait sont les maîtres préféreront un autre intérêt au leur »
- « Trop peu soigneux d'éclairer la conduite de leurs chefs, ils ( les citoyens ) ne sentent les fers qu'on leur prépare que quand ils en sentent le poids »
- « Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde »
Puis à l’ombre de ces pointures, j’ose plussoyer seule :
Pour asservir un peuple, les panzers et les stukas ne sont pas le meilleur outil : recourir à l’élection est moins coûteux, plus rusé, plus durable.
A-t-on besoin de représentants ? >>>>
Le hiérarchisme, l’autorité, l’État, la représentation politique, la délégation des pouvoirs, la séparation du monde en deux classes, celle des gouvernants et celle des gouvernés, maîtres et sujets, commandeurs et obéissants, tout cela qui pourrait on dire est une seule et même chose, un seul principe aux déclinaisons variées, tout cela, ce principe, prend sa source dans la nuit des temps, de maints lieux et continents ; mais même si son ancienneté et son actuelle presque universalité le font ressentir comme de nature archétypale, nous savons que ce n’est pas un principe naturel ; tant usuel pourtant qu’en lisière de la conscience il peut paraître d’une évidence incontournable ; à tel point que pour penser hors de lui il faut à nombre de gens un certain effort, ou un tropisme à l’originalité parfois qualifié pathologique ! Pourtant, cette ancienneté millénaire ne produit pas légitimité objective, ni ne garantit la pertinence de ce mode de fonctionnement du genre humain.
Si certains arguments plaident en sa faveur, ardemment avancés par les amoureux du pouvoir, mais arguments tous démontables, il convient de se pencher sur son contraire.
Son contraire, se produit, ou se produirait, ou se produira, si aucun humain ne peut en gouverner un autre, ni techniquement, ni économiquement, ni légalement, ni moralement …
Ce contraire là n’est autre que le principe d’égalité, si joliment ( hypocritement ?) écrit sur le fronton de la république française … Égalité en droit politique, économique, et technique.
Je ciblerai ici l’égalité en droit politique.
< Dans l’art et la nécessité de produire harmonie au monde, et cohérence heureuse, tous les citoyens sont égaux, égaux en droit, et en moyens >
Assertion qui dans mon esprit constitue le cahier des charges de la démocratie, compacté à l'extrême.
(Nous vivons à l’opposé, et sauf mensonge, tout système qui s’écarte d’un cheveu de cette intention ne saurait être nommé démocratie )
Cela sous entend que, sans présumer de son assiduité antérieure, tout individu doit à tout moment pouvoir se mêler des affaires de la cité, donc s’insérer dans les mécanismes de la codélibération universelle et de la codécision universelle.
(((
J’ouvre ici une nécessaire parenthèse : si « pouvoir s’insérer » n’est pas « devoir s’insérer » la question du devoir ne peut être zappée, bien que délicate. Car par la participation au souci commun, l’individu voit se développer en son for intérieur son « humanitude », comme l’explique Jacques Testart, expérimentateur des conférences de citoyens ; si la participation ne doit pas forcément être rendue obligatoire, en particulier à l’occasion d’un tirage au sort, la non participation d’un trop grand nombre de personnes produirait une stagnation de l’humanitude ; sans compter que le pouvoir des bénévoles peut finir par être aussi nuisible que celui des élus.
La question du salaire de citoyenneté est connexe …
Fin de la parenthèse.
)))
Ciel ! Me voici rendue à la troisième page A4, ce qui dans la civilisation du zapping est déjà suicidaire.
Je vais donc ici sauter par dessus la topologie de la codélibération et de la codécision, les remettre à plus tard …
Pour me recentrer sur la notion de mandaté !!!!
Mandaté et représentant ne sont pas synonymes, loin de là.
Et si l’Histoire démontre la toxicité du représentant, qui décide de tout pour tous, remplace le citoyen, l’efface, le contraint, appelle abusivement « intérêt général » l’intérêt particulier de la classe psychosociale des élus et des possédants, quand ce n’est pas son propre intérêt ( voir l’une des citations amont ) le mandaté est au contraire nécessaire.
Si par exemple je monte dans un taxi et indique au chauffeur la destination que j’ai choisie, il n’est pas mon représentant, ne choisit pas à ma place, il n’est que mon mandaté, utilise son expertise ( sa connaissance du plan de la ville ) pour m’obéir au mieux.
Notons au passage que si je lui manque de respect, il peut me demander de descendre ; ainsi, ni lui ni moi ne sommes dans un état inférieur …
Si maintenant l’iségoria, l’agora, la codélibération universelle, ou locale, ont pondu un projet et pris la décision de le réaliser, ce ne seront pas en général les délibérants qui l’exécuteront ; seront nécessaires des mandatés, parfois des experts, compétents à ce faire.
Mais si comme mon chauffeur de taxi qui pour éviter les embouteillages pourra moduler l’itinéraire, si le mandaté doit disposer d’une certaine latitude, ou d’une latitude certaine, il devra être surveillé comme le lait sur le feu, ceci afin que sa position d’exécutant ne se transmute pas en position de décideur, afin que de cette position il ne puisse pas créer pouvoir personnel, ou de classe.
Le plus amusant est que cette surveillance pourra être parfois, ou souvent, confiée à des mandatés !!! ( dont nous savons que le mieux est de les tirer au sort, avec mandat court et non renouvelable )
Ce trop bref exposé ( moins bref pourrait saouler ) commence je l’espère à faire entrevoir que le concept de représentant pourrait être banni, tandis que celui de mandaté me semble difficilement contournable.
Retenons que le mandaté doit être non seulement compétent, et efficace, mais surtout obéissant.
L’obéissance du mandaté est l’un des verrous de protection de la démocratie vraie, qui s’il saute, conduit mécaniquement à l’oligarchie.
Les gens au parfum auront compris mon goût pour le mandar obeciendo du chiapas, et votre moteur de recherche préféré vous en dira beaucoup plus :)
Gaver n'étant pas nourrir, je m'arrête là.
6.
Je vais vous donner du travail :)
Ce matin, je me suis éveillée avec l’intention de publier sur les arguments présentés par les amoureux du pouvoir ( et étrangement par certains qui lui sont soumis ) pour légitimer le gouvernement représentatif et donc refuser la démocratie ( nous sommes bien d’accord j’espère sur le fait que
le couple < représentation | élection > est aux antipodes de la démocratie ).

Mais au bistrot du village, j’ai eu le plaisir de bavarder deux heures avec une grande amie ; nous avons discuté d’une foule de thèmes, tantôt du domaine privé, tantôt de celui de la politique générale …. à moins qu’il n’y ait pas de cloison étanche entre ces deux domaines … c’est bien dans l’esprit de ce « à moins que » que sera le bas de page ……………
Au cours de la conversation a jailli une question, que je m’étais déjà posée dans ma vie, mais qui partagée change de dimension.
Je choisis donc de remettre à plus tard mon projet initial, pour simplement proposer à qui me lit un exercice de méditation politique solitaire, qui consistera simplement à réfléchir à cette question, mais pas à la va vite svp, non : à l’occasion d’un long instant de calme sûr et aménagé.
Car je pense que si chacun(e) se la posait, car je pense que si dans leur cursus scolaire il était demandé deux ou trois fois aux jeunes, à différents âges de leur croissance, de s’interroger activement sur les limites de leur acceptation, alors notre « civilisation » ne serait pas ce qu’elle est !!!
Je développerai peut être ici plus tard de mon côté, mais ce n’est pas sûr.
Cette question, la voici, brute et sans fioriture :
Pourquoi dans ma vie certaines fois n’ai-je pas dit NON ?
7.
Au sujet de la compétence de tous
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8.
De la nécessité en démocratie d’un salaire de citoyenneté
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Je commence par un préambule qui pourra un long instant sembler nous éloigner du sujet annoncé ;)
-Le terme central de la devise républicaine est « égalité »
-D’autre part est écrit sur le marbre du Temple que le peuple est souverain et que nulle section du peuple ne serait légitime à s’approprier tout ou partie de cette souveraineté.
J’aime beaucoup, pas vous ? ;)
Il me semble que l’article 3 de la constitution ne respecte pas ces deux principes.
Il y est écrit :
« La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum »
Nombreuses sont les publications qui dénoncent l’hypocrisie de ce texte, hypocrisie inéluctable quand ce sont spécifiquement les « « représentants » » qui écrivent la constitution, donc qui s’autorisent à écrire ce type de texte, destiné à permettre collectivement à cette classe psychosociale qui se prétend élite, à cette section du peuple caractérisée par un orgueil immérité, prétendue plus compétente et de pensée plus noble, moins versatile, que la foule, le peuple, et les lambdas, ce type de texte disais-je, destiné à permettre, à ceux qu’il convient d’appeler nos maîtres, de s’approprier tout ou partie de la souveraineté du peuple. Plutôt tout que partie … !
Il est piquant de noter au passage que le référendum, ici mentionné comme outil de la souveraineté populaire, n’est pas en France à l’initiative du peuple, qui donc jamais ne peut proposer, ni s’interroger lui-même. Curieux souverain que celui qui ne peut que dire oui ou non à qui l'interroge et l'oblige à répondre .....
« On » objectera que tout cela est légitime puisque les représentants sont élus à travers le suffrage universel. Ici réside l’arnaque du 19ème siècle qui fait passer l’abdication du peuple pour l’outil de sa souveraineté. Car en France, l’élite élue décide de tout, sans avoir de compte à rendre.
« On » objectera que nous pouvons changer d’équipe tous les cinq ans, donc sanctionner. Quelle blague ! Quand cinq ans durant une équipe a empilé trahison sur trahison, il est trop tard pour réparer ( certains choix sont du type hameçon, et comme chacun sait, le hameçon progresse plus facilement vers l’avant que vers l’arrière ; qui l’avale ne peut le recracher ). Et nous savons d’expérience que l’équipe suivante a plus tendance à en rajouter une couche qu’à gommer.
A un parlementaire qui suggérait que le présent projet de réforme constitutionnelle pourrait être soumis au peuple par le référendum, Mme Pénicaud, ministre du travail, vient de répondre qu’ « il n’est pas toujours nécessaire de faire appel au peuple » , et pour justifier sa réponse, elle s’appuyait sur ces textes que précisément le peuple n’écrit pas, qui instituent son impuissance !!!
Passons sous silence les instances de l’UE, même pas élues ……
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Voilà pour cette introduction, qui n’apporte rien de neuf il est vrai à qui ne s’en laisse pas compter par l’Histoire falsifiée. Soyons de plus en plus nombreux :)
Ce cadre étant en place, je veux ici dénoncer un autre élément de la destruction du principe d’égalité en politique.
Puis produire allusion à un remède modéré, modéré en ce sens qu’à lui seul il ne pulvériserait pas présentement l’arnaque, mais pourrait par contre se révéler essentiel en démocratie réelle.
Il s’agit du fait que les élus reçoivent un salaire correspondant à leur participation à la décision politique, tandis que les « « citoyens » » non seulement ne disposent d’aucun droit leur permettant d’infléchir réellement le cours des décisions, mais encore ne reçoivent aucun salaire pour leur investissement en politique, quand bravant leur impuissance institutionnalisée ils s’adonnent aux harangues, au pancartisme, ou à des échanges publics, sur pelouse ou ailleurs, échanges sympathiques et revigorants, mais sans effet notable autre que le progrès d’une conscience collective … qui reste cependant à cette heure encerclée.
Cette différence « salariale » renforce drastiquement l’inégalité construite par les scribes de la constitution, qui sont aussi nos maîtres. Ils se votent leurs salaires, donc les moyens de consolider leur force, et dans le même temps chipotent sur le smic …, instituant ainsi un déséquilibre des moyens.
Si les gouvernants, du fait de leur salaire, disposent du temps nécessaire pour gouverner, les gouvernés, quant à eux, restant tenus par la nécessité vitale d’aller chercher pitance, n’ont que le loisir de bosser en attendant l’heure du repos, ou du jeu. La fatigue du travailleur fait le reste. Certains ont beau jeu de le déclarer désintéressé par les affaires de la cité !
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Le remède à cette injustice pourrait être un salaire de citoyenneté.
( j’ai mis longtemps à accoucher de cette unique ligne hihi )
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Pour qui préfère le visuel, autre style, voici une ptite vidéo.
( Ne vous inquiétez pas des dernières phrases, c’est de l’humour, ce n’est pas à 71 ans qu’on organise un coup d’État )
https://youtu.be/cplY2ApPlVo
En complément textuel :
Tout revenu inconditionnel peut être financé par une micro micro taxe sur toute transaction électronique ( y compris dans le cas du trading haute fréquence ).
Comptons sur le transfuge de Rotschild qui nous sert de Roi pour y penser
9.
O fortunatos nimium, sua si bona norint agricolas.
Cette ligne de Virgile n’est plus d’actualité.
Certains ont fait en sorte de rendre cette poésie là obsolète.
Leur pensée mortelle se répand et partout sur Terre se concrétise.
Il est urgent de nous débarrasser de cette engeance.
Je ne sais comment, mais c’est à faire.
La présente publication s’inspire du drame des abeilles, drame en cours dont nous devons craindre l’épilogue tragique, drame artificiel édifié par l’industrie chimique et agrophage, conséquence du but lucratif, de l’esprit comptable, et de la gouvernance par les nombres, ces trois moteurs quasi uniques de la pensée de nos prétendues élites, recroquevillée sur l’absurde.
Ce drame n’est pas unique … et nos enfants sont tout autant menacés que les abeilles.
Oyez ; ça devient chez moi un refrain, que je susurre de loin en loin, parmi d’autres :
les "personnes morales" ( cf si nécessaire un moteur de recherche ) les personnes morales ne sont ni des personnes ni morales, tout est là ; quand elles croissent au-delà du raisonnable, en attendre un comportement sain serait une lourde erreur : on ne demande pas à un Armageddon programmé pour croître sans vergogne, et pour rien d’autre, on ne demande pas à un tel égrégore d'être humaniste ; quoiqu’en disent parfois ses collaborateurs faîtiers, qui par exemple prétendent œuvrer contre la faim dans le monde, faim qui curieusement persiste !
Et la pire erreur du genre humain fut peut être d'accorder la capacité juridique à ces choses qui non seulement ne sont pas humaines mais encore ont plus de moyens financiers que leurs victimes, pour les manipuler, les corrompre, les attaquer en justice, ou se défendre des actions de quelques associations sans moyen logistique sérieux.
Après le refrain, le couplet :
Si j’écrivais « et la pire erreur du genre humain ... », c’est, … comment dire … un sorte de figure de style ;) qui consistait à omettre provisoirement ce fait essentiel :
Ce choix qui a consisté à accorder la capacité juridique aux « « personnes morales » », ce choix, renforcé par les accords de l’OMC ( organisation mondiale du commerce ), ou qui se renforce à travers des traités en préparation tels que le CETA, instituant Armageddon juge et partie ! ce choix n’est pas celui du genre humain dans son entièreté ; il n’est certainement pas celui des indiens d’Amazonie, n’est ce pas, ni celui des électeurs de France, ou d’ailleurs.
Ce choix est celui de cette engeance qui écrit les constitutions et les lois, qui signe les traités, qui érige la compétition en principe, qui choisit ceux des paradigmes et des dogmes qui n’enrichissent que les hyper riches et mettent en danger la biosphère, oligarchie qui abandonne la souveraineté monétaire des peuples et des nations au secteur bancaire privé, ce choix est celui de cette classe psychosociale qui cul et chemise avec les lobbies leur déroule le tapis rouge, les convie à la délibération décisionnaire quand au contraire elle en exclue quasiment les personnes de chair.
Ce choix est celui des élus et de ceux qui financent leurs campagnes.
Ce choix est celui de l’antidémocratie en vigueur.
Ces temps ci, les gens de pouvoir et les grands médias ( c'est synonyme ) dénoncent volontiers, ici ou ailleurs, la perte de confiance des peuples en « notre démocratie ». Que nenni, il s’agit de la prise de conscience du mensonge qui consiste à nommer démocratie l’abdication du bon sens populaire, à travers l’élection.
Après le couplet, la coda :
« This shit must end »
« Que se vayan todos »
______________________________________________
:) :) :)
Ce n’est pas une série télévisée, mais c’est quand même l’épisode 9
10.
Rapides considérations sur l’utopie :
_____________________________
Dans utopie, il y a topos, qui signifie lieu, et devant se trouve un upsilon mystérieux ( u ) dont certains disent qu’il a perdu son omicron (o), « ou » signifiant non, mais j’aime personnellement penser que le u a perdu un epsilon ( e ) , « eu » signifiant bien.
Thomas More (1478-1535) nous a légué ce mot il y a bien longtemps, pour décrire une sorte de cité idéale, un ailleurs, un ailleurs de son imaginaire. Rude est donc la bataille autour de ce mot qui voyage à travers le temps, entre ceux qui se braquent sur l’idéal, correspondant au eu, et ceux qui se braquent sur l’ailleurs imaginaire, correspondant au ou.
Certains voient donc dans l’utopie ce qui doit être tandis que d’autres y voient ce qui ne peut être.
Divergence qui ne sépare pas que l’optimisme du pessimisme, mais aussi induit un clivage au sein de la pensée politique, entre ceux qui veulent la réalisation du bien, du mieux, et de l’idéal, et ceux qui leur opposent le pragmatisme immédiat comme frein définitif à la réalisation du rêve ; clivage qui va jusqu’à mettre en opposition une bienveillance pour le futur avec une malveillance dissimulée sous des arguments techniques.
Il y a quelques années, je donnais à Pigny près de Bourges une conférence au cours de laquelle j’avais avancé la formule « l’utopie est le pragmatisme de demain », et en fin de soirée, une gentille jeune fille m’avait apporté une formule de Victor Hugo, qu’hélas je ne retrouve pas ( help me ), qui signifiait exactement la même chose. Je n’étais donc pas peu fière ( on a son ptit égo ;) ).
Il y a aussi ce « L'utopie est simplement ce qui n'a pas encore été essayé ! », de Théodore Monod ( 1902-2000 ).
Ou : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » de Mark Twain
De quel camp suis-je ?
Ceux qui me suivent savent, bien sûr, que je suis indécrottablement optimiste →
à mon sens, utopie ne signifie pas mythe, ni impossibilité, mais bien au contraire : projet nécessaire, voire vital, bien que difficile à mener à bien, à mener à bien via une volonté tenace et durable, de quelques uns, en général peu nombreux, mais dont le nombre peut croître étonnamment, via parfois un travail de fourmi, via une laborieuse pollinisation des esprits craintifs et donc réticents, autant que par des actes apparemment micrométriques, souvent du type « colibri » .
Son contraire, le pragmatisme immédiat, souvent méprisant pour l’utopie, qui peut aller jusqu’à en interdire le simple énoncé, celui-là est à mon sens souvent dramatique, qui bouche horizon et espoir … ;
il me semble important de renverser la vapeur, et de dire que la crispation sur le paradigme immédiat correspond bien, quant à elle, à un mythe : le mythe du caractère immuable des mauvais choix !
Je pense donc beaucoup de mal du célèbre « il n’y a pas d’alternative » énoncé par le capitalisme néolibéral.
La naissance de l’utopie s’opère souvent dans le cadre solitaire d’une méditation active, qu’on appelle le rêve.
Autour du rêve se cristallise chez certains la même crispation qu’autour du mot utopie, crispation qui tend à exclure le rêve du monde réel, et à lui refuser toute valeur créative ou projective. Le monde dit occidental en particulier, classe le rêve dans le dossier « curiosités inutiles et sans valeur » au contraire des peuples dits premiers, qui lui accordent carrément le statut de réalité objective.
Je me sens de ce camp là des peuples oubliés, dont « on » cherche à éteindre les plus grandes qualités. Moi, « prof de math », c’est un comble, le rationalisme cartésien souvent me dérange, mais c’est moi, hein :)
Nous devons, je l’affirme, oser rêver, c’est la condition "sine qua non" pour devenir des rêveurs efficaces ; et oser rêver à voix haute, sans céder aux empêcheurs qui préfèrent les lunettes de myopes aux lunettes pour voir de loin.
Le rêve est la phase 1 du pragmatisme libérateur, et j’ose considérer nuisibles, voire criminels, ceux qui usent du mot utopie pour le ridiculiser.
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Voici que je me suis ici lâchée, comme on dit :)
Probablement en réaction au refus du capitalisme néolibéral de nous lâcher la grappe hihi.
Cependant, une autre composante en moi précise volontiers qu’il faut raison garder !
Ne soyons pas monolithes crénondenon.

Accrochez au plafond une ficelle à un clou, et à cette ficelle une grosse boule compacte et lourde, vous obtenez ce qu’on appelle un pendule ; écartez le de sa position d’équilibre, et voici qu’il se met à osciller. Il me semble que nous pouvons ou devons voir ainsi la pensée idéale comme un pendule qui oscille entre rêve et pragma, entre hubris ( démesure ) et metron ( mesure ) ; il me semble que bloquer le pendule de la pensée d’un côté ou de l’autre produit toxicité mortelle ; il me semble aussi que la position d’équilibre correspondrait à un encéphalogramme plat, et que c’est au contraire de l’oscillation entretenue sans parti ni parti pris que jaillissent les plus sages orientations.