lundi 31 juillet 2017

Commune de Lyon (1870)

La Commune de Lyon est un mouvement révolutionnaire mené en 1870 par des républicains et des militants de plusieurs composantes de l'extrême-gauche de l'époque qui a pris le pouvoir à Lyon et mis en place un pouvoir autonome. La commune organise des élections et se dissout après avoir rétabli une normalité républicaine, ce qui frustre les éléments les plus avancés, qui espéraient une révolution différente. Ces derniers tentent deux fois de reprendre le pouvoir sans succès.

Prémices du mouvement révolutionnaire et préparation de la prise du pouvoir

Dès les premiers mois de 1870, les membres lyonnais de l'Association internationale des travailleurs (AIT) travaillent à préparer les ouvriers lyonnais à une éventuelle révolution. En liaison avec Bakounine, ils organisent un grand meeting réunissant plusieurs milliers de participants le 13 mars, qui donne un grand poids à la section locale, alors réélue avec à sa tête Albert Richard. Le 20 juillet 1870, au deuxième jour de la guerre entre la France et la Prusse, l'AIT organise une manifestation pacifiste de la place des Terreaux à la rue Sala.
Durant le conflit, dans toute la ville les éléments républicains et plus avancés (anarchistes, révolutionnaires socialistes) se préparent à la chute de l'Empire. Les différentes sensibilités tentent de se réunir pour organiser l'après Napoléon III mais ils ne parviennent pas à s'entendre. Toutefois, tous ces milieux sont d'accord sur l'idée d'une autonomie municipale, pour rompre avec les pratiques centralisatrices de l'Empire.
La nouvelle de la défaite de Sedan et de la capture de l'empereur, apportée par des voyageurs venant de Genève (le préfet ayant souhaité ne pas diffuser l'information immédiatement) se diffuse lentement. Parmi les militants qui l'apprennent et qui préparent la prise du pouvoir, un groupe de tendance radicale qui se nomme le « comité des neuf » fait rapidement une liste d'environ soixante dix noms destiné à former le premier organe de pouvoir qui prendra la place des autorités officielles le lendemain. Ce groupe est composé de membre de l'aile gauche du parti radical, blanquistes pour la plupart. Il n'y a pas de membre de l'AIT. La majorité des personnes prévues sur cette liste formeront effectivement le comité de salut public.

Les évènements du 4 septembre : la prise du pouvoir

La prise du pouvoir et la proclamation de la République

Dès huit heures du matin, la foule se rassemble sans vrai mot d'ordre sur le parvis de l'hôtel de ville. sans résistance, elle s'empare du pouvoir sous la direction de quelques meneurs vite arrivés : Jacques-Louis Hénon, Désiré Barodet, le docteur Durand. Sans attendre, ils proclament la République sur le balcon, dans un esprit avancé, mais non révolutionnaire et placardent en ville une affiche décrétant la déchéance de l’Empire. Des membres de l'Association internationale des travailleurs participent à l'insurrection, et le drapeau rouge est mis à la place du drapeau tricolore, sans que soit bien défini si ce symbole annonce une future révolution ou proclame simplement la déchéance d'un régime honni. Parmi les membres annonçant la République, il y a Charles Beauvoir, membre de l'AIT.

L'organisation du pouvoir

Immédiatement, un comité de salut public composé de républicains et de quelques militants de l’Internationale s'organise. Ce groupe de soixante sept personnes est élu par acclamation sur les balcons de l'hôtel de ville. Ils sont appelés par les membres du comité des neuf. La majorité des membres du comité sont issus de milieux populaires. il y a également Louis Andrieux, alors sorti de la prison Saint-Joseph. Sur la totalité, seuls une dizaine sont membres de l'AIT, le patriotisme de la majorité des créateurs du comité rejetant nombre d'eux.
Le même jour, la commune de la Guillotière connait un soulèvement et l'établissement d'une commune arborant le drapeau rouge.

La tentative de reprise du pouvoir par le gouverneur

Le général Espivant de la Villeboisnet sort ses troupes en ville et leur ordonne de disperser les révolutionnaires. Les hommes du rang refusent le combat, laissant le sabre au fourreau et montant les crosses des fusils. Pour ne pas voir ses lignes se disperser, et les armes se perdre dans la foule, le général les fait rapidement revenir aux casernes, laissant le comité de salut public en place.
Le même jour, les gardes nationaux des quartiers populaires, à qui l'ont n'avait pas confié d'armes prennent d'assaut les forts Lamothe et La Vitriolerie et s'emparent d'armes.

La commune de Lyon en place

Le 6 septembre, Challemel-Lacour, qui a été nommé préfet du Rhône par le Gouvernement de la Défense nationale, arrive à Lyon. Le 8 septembre, dix commissaires sont désignés pour être les « intermédiaires du peuple lyonnais auprès du Comité de Salut public ». Albert Richard, Louis Andrieux et Victor Jaclard, qui en font partie, sont délégués auprès du gouvernement parisien pour discuter avec lui de la levée en masse contre les Prussiens. Andrieux, qui a pour seul souhait le retour de l’ordre, revient de Paris avec le titre de procureur de la République à Lyon. Albert Richard, quant à lui, revient en compagnie du général Cluseret qui doit être nommé commandant des volontaires du Rhône et des corps de francs-tireurs venus du Midi.
Bakounine arrive à Lyon le 14 ou le 15 septembre avec Vladimir Ozerov, Valence Lankiewick et F. Bischoff. Il se plaint de voir collaborer l’Internationale avec les républicains, et prépare un soulèvement avec tous ses amis lyonnais de l’Internationale.
Le même jour, le comité de salut public se dissout pour laisser la place aux autorités élues le même jour. Hénon devient alors le premier maire de Lyon.

Le Comité Central du Salut de la France

C’est ainsi qu’à Lyon, le 17 septembre 1870, au cours d’une réunion publique, le principe d’un « Comité Central du Salut de la France  » est décidé. Au cours d’une autre réunion, ses membres sont élus dont Lunkiéwicz, d’Ozeroff et Michel Bakounine. Camille Camet en est le secrétaire. Bakounine tient des réunions secrètes à la Guillotière, où se trouvent de nombreux membres de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) ainsi que des révolutionnaires, comme le mécanicien Adrien Schettel ou le plâtrier Eugène Saignes.
Le Comité Central du Salut de la France, qui compte en son sein des délégués de différents quartiers de la ville, déploie une grande activité, publiant des manifestes et multipliant les réunions publiques. Une coordination est bientôt établie entre groupes révolutionnaires, associations ouvrières et milices de citoyens et le plan d’une insurrection à Lyon est mis en place.
À Lyon, le 26 septembre 1870, on proclame la Fédération révolutionnaire des Communes, dans la salle de la Rotonde, aux Brotteaux, au cours d’une réunion tenue devant 6 000 personnes, on déclare qu’il est urgent de décréter un emprunt forcé, la peine de mort contre les riches fugitifs, la destitution de tous les officiers, et qu’en premier lieu, il fallait chasser de l’Hôtel de ville le préfet Challemel-Lacour et le Conseil municipal. On y donne lecture de l’affiche rouge, qui sera collée partout dans la ville, dont le texte suivant est acclamé :

Affiche de la première Commune de Lyon, conservée aux Archives municipales de Lyon
«  La situation désastreuse dans laquelle se trouve le Pays ; l’impuissance des pouvoirs officiels et l’indifférence des classes privilégiées ont mis la nation française au bord de l’abîme.
Si le peuple organisé révolutionnairement ne se hâte d’agir, son avenir est perdu, la révolution est perdue, tout est perdu. S’inspirant de l’immensité du danger et considérant que l’action désespérée du peuple ne saurait être retardée d’un seul instant, les délégués des comités fédérés du salut de la France, réunis au Comité central, proposent d’adopter immédiatement les résolutions suivantes :
Article 1er. - La machine administrative et gouvernementale de l’État, étant devenue impuissante, est abolie.
Le peuple de France rentre en pleine possession de lui-même.
Art. 2. - Tous les tribunaux criminels et civils sont suspendus et remplacés par la justice du peuple.
Art. 3. - Le paiement de l’impôt et des hypothèques est suspendu. L’impôt est remplacé par les contributions des communes fédérées, prélevées sur les classes riches, proportionnellement aux besoins du salut de la France.
Art. 4. - L’État étant déchu, ne pourra plus intervenir dans le paiement des dettes privées.
Art. 5. - Toutes les organisations municipales existantes sont cassées et remplacées dans toutes les communes fédérées par des comités de salut de la France, qui exerceront tous les pouvoirs sous le contrôle immédiat du Peuple.
Art. 6. - Chaque comité de chef-lieu de département enverra deux délégués pour former la convention révolutionnaire du Salut de la France.
Art. 7. - Cette convention se réunira immédiatement à l’Hôtel de ville de Lyon, comme étant la seconde ville de France et la plus à portée de pourvoir énergiquement à la défense du Pays.
Cette convention appuyée par le peuple entier sauvera la France.
Aux Armes !!! »
— Les 26 signataires de cette convention de la Fédération révolutionnaire des Communes et mentionnés sur l’affiche rouge, sont notamment : Albert Richard, Michel Bakounine, Gustave Blanc, Eugène-Bertrand Saignes, Louis Palix (Lyon), Rajon (Tarare), A. Bastellica (Marseille), Dupin (St Étienne).

À l’appel de ce mouvement qui est très populaire, le 28 septembre 1870, ce sont plusieurs milliers d’ouvriers qui débouchent en manifestant à midi sur la Place des Terreaux. À cause de la diminution du salaire journalier sur les chantiers d’urbanisme et de construction des forts, les travailleurs réclament le maintien de la journée de travail à 3 francs et une prime de chantier de 1,25 franc les jours de pluie où le travail est impossible. Une délégation entre dans l’Hôtel de ville mais ne trouve pas vraiment d’interlocuteurs. C’est alors qu’une centaine d’hommes ont toute facilité pour forcer une porte latérale de l’Hôtel de Ville, rue Puits-Gaillot, et y pénètrer avec Saignes, Bakounine, Richard, Bastelica et d’autres membres encore du Comité.
Du haut du balcon, Saignes lit de nouveau le manifeste et l’acclamation de la foule, qui s’accroit de plus en plus, est générale sur toute la place des Terreaux. Saignes nomme Gustave Paul Cluseret « général en chef des armées révolutionnaires et fédératives ». Challemel-Lacour est retenu prisonnier. Cluseret, chargé d’appeler aux armes la Garde nationale de la Croix-Rousse, leur demande de se rendre à l’Hôtel de Ville, mais sans armes. Bakounine attribuera l’échec du mouvement à cette « trahison » et à cette « lâcheté » de Cluseret. Les ouvriers rassemblés sur la Place des Terreaux vont se retrouver en effet sans armes face à la troupe et à la Garde nationale des quartiers bourgeois, qui pénètrent bientôt armées dans la cour intérieure de l’Hôtel de Ville, ce qui fait échouer ce soulèvement populaire et la première « Commune de Lyon ».

Deuxième soulèvement

Affiche proclamant la seconde commune de Lyon le 23 mars 1871, conservée aux Archives municipales de Lyon

Au printemps 1871, ce sont de nombreux militants lyonnais inconnus et insurgés quasi-anonymes qui firent ces révolutions locales. Ces courtes insurrections se passent en deux temps. Du 22 au 25 mars 1871, la scène en est l’Hôtel de ville, tandis que celle du 30 avril et 1er mai 1871, plus sanglante, se déroule dans le faubourg de la Guillotière.
Dans la nuit du 22 au 23 mars, l’Hôtel de ville est une nouvelle fois envahi avec l’aide d’acteurs du 28 septembre 1870, de membres de l’ex-comité de Salut Public, du Comité révolutionnaire de la Guillotière, et de 18 bataillons sur 24 du Comité central de la Garde Nationale. Une commission est installée. Et le 23 mars 1871, Bakounine vient au balcon de l’Hôtel de ville de Lyon, place des Terreaux, lancer un appel à la révolution mondiale. Il a avec lui toute la Première Internationale Ouvrière. Il a une lecture politique de Lyon comme capitale mondiale du socialisme.
Le 25 mars, pourtant, dans une subtile trouvaille pour contrer la Commune de Lyon, Hénon, le premier maire de Lyon de la IIIe République, fait apposer des affiches annonçant la réception solennelle des héros en armes de Belfort qui avaient résisté avec honneur au siège des Prussiens. C’est ainsi qu’une force d’intervention entrait dans Lyon et que la Commune de Lyon, spontanée, mais brouillonne, s’effaçait sans éclat et sans bruit.

La Guillotière

Le drapeau rouge continua cependant à flotter sur la mairie de la Guillotière. Le 30 avril, après un appel au boycott des élections, la mairie de la Guillotière (place du Pont) est occupée par les gardes nationaux qui interdisent l’accès aux urnes avec la complicité majoritaire de la population. Des barricades sont dressées Grand rue de la Guillotière et cours des Brosses (actuel cours Gambetta). L’armée arrive de Perrache, sur ordre du préfet Valentin, face à une foule de 20 000 à 25 000 personnes qui crie « Ne tirez pas ! Crosse en l’air ! On vous fait marcher contre le peuple ! » C’est alors que deux colonnes de fantassins, l’une par le pont de la Guillotière avec Valentin, l’autre par la rue de Marseille avec Andrieux dispersent les manifestants vers 19h45 en tirant. Les insurgés ripostent de derrière les barricades et la bataille dure jusqu’à 23h, moment où les militaires font donner l’artillerie pour enfoncer les portes de la Mairie de la Guillotière. On comptera une trentaine de morts. Le matin du 1er mai 1871, le jour se lève sur un massacre place du Pont.
À la Croix-Rousse, une barricade a été dressée rue de Cuire, mais, dépourvue de défenseurs, elle est détruite le 30 avril vers 13h30. Par contre, les barricades de la Grand rue de la Guillotière ont tenu, elles, jusqu’à 11h20 le 1er mai, où l’on dénombre beaucoup de blessés et au moins 13 morts : le plus vieux, Michel Révol, 63 ans, de la Guillotière ; le plus jeune, Joseph Geoffray, 18 ans, tisseur à la Croix-Rousse et une femme Marie Bure, frangeuse à la Guillotière, 50 ans. La Guillotière incarne désormais le quartier ouvrier et remplace ainsi les pentes insurrectionnelles de la Croix-Rousse.

Hafþór Julius Björnsson bat un record vieux de mille ans...

Hafþór Julius Björnsson, célèbre pour son rôle de Ser Gregor Clegane, alias La Montagne dans la série Game of Thrones, aurait battu un record qui a résisté pendant 1000 ans en portant un tronc de plus de 600kg sur 5 pas. Le précédent détenteur du record l'Islandais Orm Storulfsson n'avait fait que 3 pas en portant le mât du bateau viking Ormen Lange et son dos avait lâché au troisième...

Hafþór Julius Björnsson lui-même raconte l'histoire de ce record : "The legend of the Icelander Orm Storulfsson says that he walked three steps with this MONSTER WOODEN LOG which weighs over 600kg's/1320lbs! It took 50 mere mortals to help him placing it on his back! After he took his third step his back broke under the enormous pressure and he was never the same after that! Well today my friends I made history!! As well as winning the title of The World's Strongest Viking for the second time in a row I carried this MONSTER LOG 5 steps! My back held up fine!! As I'm on my way to my ultimate goal to win The World's Strongest Man! NOTHING CAN STOP ME!! NOTHING CAN BREAK ME!!"


 



Source https://youtu.be/JpUrXJNcS_8

dimanche 30 juillet 2017

POURRITURE POLITICIENNE GÉNÉRALISÉE ET IMPUNIE : les députés violent toutes leurs promesses de moralisation, pendant les vacances, en traîtres

Philipe Pascot est fou de rage : la prétendue "loi de moralisation" de la vie publique est une escroquerie politicienne (une de plus) : tout ce qui était important a disparu du projet promis pour être élu, toutes les grandes promesses sont violées pendant les vacances, en traître. C'est une honte, l'abjection politicienne chimiquement pure. Avec le faux "suffrage universel" (élire des maîtres parmi des candidats qu'on peut aider), LES PIRES GOUVERNENT (prédiction d'Alain, Émile Chartier).

Source : https://youtu.be/ZQoRt0FkIfk

samedi 29 juillet 2017

Municipalisme libertaire

Le municipalisme libertaire ou communalisme libertaire, désigne la mise en œuvre locale de l'écologie sociale élaborée par le théoricien communiste libertaire et écologiste politique américain Murray Bookchin.
Ces termes sont utilisés pour décrire un système politique dans lequel des institutions libertaires, composées d'assemblées de citoyens, dans un esprit de démocratie directe, remplaceraient l'État-nation par une confédération de municipalités, de communes, libres et autogérées1.
Le projet repose sur l'idée que la commune constitue une cellule de base capable d'initier une transformation sociale radicale.

Sommaire

Histoire

Affiche de la première Commune de Lyon, conservée aux Archives municipales de Lyon.

Au Moyen-Âge, les nouvelles entités communales gèrent collectivement des terres utilisables par tous les « communiers ».
Au mitan du XVIIe siècle, en Angleterre, les enclosures (privatisation des terres communales) provoquent l'apparition du mouvement des diggers, le plus ancien collectif de squatteurs connu à ce jour et considéré comme précurseur de l'anarchisme moderne3.
Dans ses ouvrages La Conquête du pain (1892) et L'Entraide, un facteur de l'évolution (1902), Pierre Kropotkine structure la société sur la base de la commune autogérée, entité administrative permettant le traitement des problèmes locaux à une échelle humaine, en y recensant les besoins de la population (nourriture, logement, transport, etc.). L'association fédérale de ces communes permet la gestion globale de territoires plus vastes4.
Dans l'histoire sociale, le communalisme fait référence aux différentes « communes » qui, au XIXe siècle, revendiquent tout à la fois un projet d'organisation local de démocratie directe et d'organisation globale fédérale, telles la Commune de Lyon (1870) et la Commune de Paris (1871), ou plus tard, à la Commune libre de Kronstadt en 1921 et collectivités autogérées de la Révolution sociale espagnole de 1936, etc.5,6

Description pratique

Les assemblées municipales dans un système municipaliste libertaire sont ouvertes à tous. Les citoyens sont informés à l'avance et débattent des sujets lors des assemblées. Les décisions se prennent à la majorité.
Pour les questions touchant une sphère plus large que la communauté (pouvant correspondre autant à la commune, à la municipalité qu'au quartier), elles sont discutées dans des assemblées locales ou régionales, et à un échelon supérieur encore pour les questions plus globales encore. Les personnes assistant à ces assemblées sont des délégués mandatés par les assemblées municipales. Ils doivent rendre des comptes ensuite auprès de leur communauté et leurs décisions peuvent être révoquées. Le pouvoir ne quitte ainsi pas les mains des citoyens, du niveau local.
Le municipalisme libertaire tend à créer une situation dans laquelle les deux pouvoirs, à savoir la confédération de communes libres et l'État-nation ne puissent plus coexister. La structure du municipalisme devient alors la nouvelle structure de la société.

Gradualisme révolutionnaire

Le municipalisme libertaire ou l'écologie sociale se réclament explicitement du gradualisme révolutionnaire : sur le terrain des luttes sociales, ils développent des revendications immédiates tout en construisant les fondements d'une société future7.
Ainsi, pour la Fédération municipale de base de Spezzano Albanese, en 2003, « une pratique libertaire [...] ne se nourrit pas d’illusions réformistes, ni d’une révolution par laquelle on attend le boum pour après en repousser le but, mais bien une pratique gradualiste révolutionnaire qui, trouvant sa force dans le conflit, se projette, jour après jour, hors des institutions du pouvoir, avec des structures auto-organisées et autogestionnaires qui, à partir des municipalités, préfigurent [...] la société de l’autogestion »8,9.

Analyses, critiques, remarques, constatations et comparaisons

  • Le municipalisme libertaire fait le deuil de la lutte des classes, puisqu'il souhaite réunir les habitants d'un quartier, d'une commune autour d'un projet commun, sans distinction de classe10. Il peut être envisagé également dans l'optique de la société sans classe, donc après un premier changement radical de société.
  • C'est une organisation politique qui existait en Suisse au Moyen Âge lorsque les communes se débarrassèrent de la tutelle de la société féodale avant la création de l'État-nation, la Confédération suisse11.
  • Au Venezuela, le gouvernement d'Hugo Chávez fait adopter la loi des Conseils Communaux (Ley de los Consejos Comunales) publiée le 10 avril 2006 dans la Gaceta oficial de la Republica Bolivariana. Elle créé plus de 18 000 conseils communaux, ruraux et urbains. Prévu pour regrouper entre 200 et 400 familles vivant dans une même zone, le conseil communal, à la différence des institutions traditionnelles, définit lui-même ses frontières. Le droit de vote est abaissé à 15 ans. À terme ces conseils communaux devraient remplacer les municipalités actuelles. Selon l'article 4 de la loi : « la commune (ou le quartier) est la cellule vivante qui forme l'unité de base de la vie politique et de laquelle tout provient : la citoyenneté, l'interdépendance, la confédération et la liberté »12.

Actualités

En mai 2016, sont organisées à Lyon les premières « Rencontres internationales de l’écologie sociale » qui réunissent une centaine d'écologistes radicaux, de décroissants et de libertaires venus pour la plupart de France, de Belgique, d’Espagne et de Suisse, mais aussi des États-Unis, du Guatemala ou encore du Québec. Au centre des débats : le municipalisme libertaire comme alternative à l’État-nation et le besoin de repenser le militantisme13,14.

Influences de la pensée libertaire sur le mouvement kurde

Combattante du PKK dans les montagnes de Qandil, en Irak, lors des célébrations de Newroz, le .

En 2006, suite à la disparition du communiste libertaire américain Murray Bookchin, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) prend l'engagement de construire la première société basée sur le confédéralisme démocratique, largement inspiré de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire15.
En janvier 2014, les cantons libérés du Rojava (Kurdistan syrien), se fédèrent en communes autonomes qui sur les bases d'un contrat social s'appuient sur la démocratie directe pour la gestion égalitaire des ressources. C’est en échangeant avec Murray Bookchin depuis la prison turque, où il purge une peine d’emprisonnement à vie, que Abdullah Öcalan, leader historique kurde, réoriente la stratégie politique du PKK et abandonne le marxisme-léninisme des origines. Le projet internationaliste approuvé par le PKK en 2005, et après par son parti-frère en Syrie, le Parti de l’union démocratique (PYD), est de réunir les peuples du Proche-Orient dans une confédération de communes démocratique, multiculturelle et écologiste15,16.

Rappels historiques


D'abord lancé dans une guérilla d'orientation marxiste-léniniste, le PKK abandonne le second qualificatif en 199417,18 et adopte à partir de 2005 le Confédéralisme démocratique d'Abdullah Öcalan19, un programme qui rejette le nationalisme et la prise de pouvoir en tant qu'objectif du parti19. Ses grandes lignes sont définies par un projet de démocratie assembléiste proche du municipalisme libertaire, une économie de type collectiviste, un système de fédéralisme intégral entre communes et une coopération paritaire et multiethnique dans des systèmes organisationnels et décisionnels autogérés20,21,22. Cette réorientation sera principalement l'œuvre des relations entretenues par Abdullah Öcalan lors de sa détention avec l'essayiste Murray Bookchin. En 2006, à la suite du décès du théoricien, l’assemblée du PKK se réfère à Bookchin pour la construction d'un nouveau modèle de socialisme démocratique : le municipalisme libertaire23. Celui-ci sera repris par le PYD, proche du PKK en Syrie, mais ne connaîtra une mise en place singulière qu'en 2012 avec l'autonomie kurde acquise au Rojava24,18,25.

Bibliographie et sources

Travaux universitaires

  • Guillaume Rouyer, Un municipalisme libertaire in Les conseils communaux au Venezuela : Une ultra-démocratie en perspective, Mémoire recherche, Master Gouvernance des Institutions et des Organisations Politiques, Sciences-Po Bordeaux, 2007, lire en ligne [archive].

Autres langues

Radio

vendredi 28 juillet 2017

Rojava

(Redirigé depuis Kurdistan syrien)
Rojava
Rojavayê Kurdistanê (ku)
کردستان السورية (ar)
Drapeau
Drapeau du Rojava.
Blason
Description de l'image Syrian_Civil_War_map.svg.
Administration
Forme de l'État Confédéralisme démocratique
Co-Presidente Hediya Yousef
Co-President Mansur Selum
Langues officielles Kurde
Arabe
Syriaque
Capitale Kameshli
Géographie
Plus grande ville Al-Hasaka
Fuseau horaire UTC +3
Histoire
Indépendance De la Syrie
de facto
Démographie
Gentilé Kurde
Population totale (2014) 4,6 million1 hab.
Économie
Monnaie Livre syrienne (SYP​)
Divers
En jaune les régions contrôlées par les Kurdes en Syrie en juin 2017.
Une carte des communautés religieuses et ethniques de la Syrie et du Liban. 1935
Carte des régions habitées par les Kurdes. La principale est située entre la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Irak. CIA 1986.
À Pîrsûs les enfants réfugiés de Kobanê, 2014
Le Rojava (« l'ouest » en kurde) ou Kurdistan occidental (en kurde : Rojavayê Kurdistanê) ou Kurdistan syrien (en arabe کوردستان السورية Kurdistan Al-Suriyah), est une région de facto autonome qui se situe au Moyen-Orient et se trouve dans le nord et le nord-est de la Syrie. Le 17 mars 2016, les Kurdes de Syrie proclament une entité « fédérale démocratique » dans les zones contrôlées et qui comprennent notamment les trois « cantons » kurdes d'Afrine, de Kobané et de la Djézireh, dans ce qui était jusqu'à présent une zone d’« administration autonome ». Cette entité est également dénommée Rojava-Syrie du Nord. Dans sa constitution de décembre 2016, son nom officiel est celui de Système fédéral démocratique de Syrie du Nord, en kurde : Sîstema Federaliya Demokratîka Bakûrê Sûriyê, en arabe: النظام الاتحادي الديمقراطي لشمال سوريا‎‎. Cette déclaration a été faite à Rmeilane par le Parti de l'union démocratique (PYD) en présence d'autres partis kurdes, arabes, assyriens.
Depuis 2012, la majorité du Kurdistan syrien est contrôlé par des milices kurdes. En novembre 2013, des représentants kurdes, arabes, assyriens et d'autres minorités plus petites ont déclaré un gouvernement de facto dans la région. Deux millions de Kurdes vivent sur ce territoire2.

Sommaire

Histoire

Le terme est employé par certains mouvements nationalistes kurdes pour désigner une zone géographique, historiquement peuplée par les Kurdes, et incluse dans l’État syrien par les autorités françaises après la Première Guerre mondiale.
En effet, par l'accord franco-turc du 20 octobre 1921 la France avait annexé à la Syrie placée sous son mandat les provinces kurdes de la Djézireh et de Kurd-Dagh3.
Les populations kurdes occupent le long de la frontière turque trois zones étroites séparées, qui sont les régions d'Afrin, de Kobane et de Kameshli4, raison pour laquelle certains auteurs ne parlent pas d’un « Kurdistan syrien » mais plutôt de « régions kurdes de Syrie ». Les trois enclaves kurdes constituent néanmoins la continuation naturelle des territoires kurdes de Turquie et d’Irak5.

Pendant la guerre civile syrienne

Article détaillé : Guerre civile syrienne#Les Kurdes.
Alors qu'en 2011, la guerre civile syrienne embrase le pays, les Kurdes de Syrie se soulèvent, mais uniquement pour le contrôle du Kurdistan syrien, non de toute la Syrie. Les groupes kurdes atteignent cet objectif dès 2012, car l'armée syrienne choisit de se replier de ce territoire pour combattre les rebelles dans les territoires de Syrie disputés jugés plus stratégiques.
Avant même de proclamer son autonomie, le Kurdistan s'attribue des pouvoirs marquant un contrôle de fait, par exemple la création de plaques d'immatriculations distinctes des plaques syriennes6.
Cependant, si l'armée syrienne libre a de bonnes relations avec les Kurdes, ce n'est pas le cas des groupes islamistes. À partir de 2013 les Kurdes doivent défendre leur territoire contre les groupes issus d'Al-Qaïda : le Front al-Nosra, branche officielle, et l'État islamique7,8.

Proclamation d'autonomie

Depuis le 12 novembre 2013, le Kurdistan syrien dispose de sa propre administration autonome. L’annonce a été faite par le principal parti kurde syrien, le Parti de l'union démocratique (PYD), frère jumeau du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie9. Cette entité a vocation à gérer les questions « politiques, militaires, économiques et de sécurité dans la région et en Syrie »10.
Cette annonce a été faite unilatéralement par le PYD sans l’accord explicite du Conseil national kurde qui reproche au PYD « d’aller dans la mauvaise direction ». Le PYD, pour sa part, reproche à l’opposition syrienne non islamiste de n’avoir rien fait pour défendre les localités kurdes attaquées depuis le printemps par des groupes djihadistes comme l’État islamique, le Front al-Nosra, et même des formations salafistes comme Ahrar al-Sham10.
Le 29 janvier 2014, le Parti de l'union démocratique proclame une Constitution du Rojava.

L'enclave de Kobané

En automne 2014, l'État islamique conquiert les régions syriennes entourant Kobané et marche sur la ville. La population fuit en Turquie, alors que les combattants kurdes défendent la ville.
Article détaillé : Deuxième bataille de Kobané.
La résistance kurde fait de Kobané une bataille d'usure et un symbole majeur dans la lutte contre l'EI. La coalition anti-EI se concentre sur les forces de l'EI participant à cette bataille (voir Opérations aériennes de la coalition internationale en Syrie), et l'opinion publique occidentale soutient largement les Kurdes11.
Finalement, en janvier 2015, les djihadistes sont repoussés de la ville en ruines, la bataille continuant dans la région alentour. Au mois de juin de la même année, le blocus du canton de Kobané est définitivement rompu après la victoire des YPG à la bataille de Tall Abyad.
Depuis la prise de Tall Abyad, et hormis le poste-frontière de Qamichli tenu par les Forces armées syriennes, les Kurdes contrôlent la quasi totalité de la frontière turco-syrienne située entre le fleuve Euphrate et la frontière irakienne.
En décembre, un Conseil démocratique syrien (en) est formé dans le Royava12.

Proclamation d'une région fédérale

Rojava, 2014
Rojava, 2015
Rojava, 2016
Le , à Rmeilane, le PYD et des factions arabes et assyriennes annoncent la création d'une région fédérale dans le nord de la Syrie. Cette annonce est aussitôt rejetée par le régime syrien, l'opposition syrienne, les États-Unis et la Turquie13,14,15,16. La Russie, cependant, avait proposé une solution fédérale le 29 février17,18.
Cependant le 19 mars, Haytham Manna (en), co-président avec Ilham Ahmad du Conseil démocratique syrien (en), démissionne et critique la proclamation de la région fédérale 12.

Organisation socio-politique

Le système politique du Rojava est inspiré par le confédéralisme démocratique théorisé depuis le milieu des années 1990 par Abdullah Öcalan, le leader idéologique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) emprisonné à vie. Öcalan a été profondément influencé par les thèses d'un militant et intellectuel anarchiste américain, Murray Bookchin, qui a théorisé le municipalisme libertaire.
En janvier 2014, le Rojava s'est doté d'un Contrat social, qui fait office de constitution19.

Aspects démographiques et ethniques

En 2016, la population administrée par le Rojava compte environ 2 millions d'habitants.Près de 60 % de celle-ci est kurde. La proportion de Kurdes varie selon les cantons : elle est majoritaire (55%) dans les cantons de Djézireh et de Kobane, ce qui n'est pas le cas dans la région d'Afrin. En fonction de son extension plus ou moins grande vers la frontière turque, la proportion de Kurdes se situera entre 30 et 40 %4.
Dans un rapport publié le , Amnesty International accuse les YPG de « crimes de guerre » pour avoir rasé des villages et chassé des populations arabes. Redur Xelil, porte-parole des YPG parle d'« accusation fausse, tout simplement ». Le commandement des YPG et des Assayech reconnaît des déplacements forcés qu'il ne qualifie que d'incidents isolés. Amnesty réfute en revanche le terme de « nettoyage ethnique » et affirme que des Arabes et des Turkmènes continuent de vivre dans des territoires contrôlés par les YPG20,21,22.

Notes et références

  1. (en) Wes Enzinna, « A Dream of Secular Utopia in ISIS’ Backyard » [archive], sur nytimes.com,
  2. Article de L'Humanité du 9 janvier 2014
  3. Kendal Nezan, « Qui sont les Kurdes ? » [archive], sur institutkurde.org, Institut kurde de Paris (consulté le 3 février 2014)
  4. a et b Un Kurdistan indépendant peut-il vraiment émerger du chaos syrien ? [archive], entretien Fabrice Balanche, lefigaro.fr, 26/08/2016
  5. Article de Jordi Tejel Gorgas de novembre 2006
  6. Kurdish Group Gaining Autonomy in Northern Syria [archive], al-monitor.com, 7 mai 2013
  7. Syrie: des jihadistes d'Al-Qaïda chassés [archive], lefigaro.fr, 17 juillet 2013
  8. Syrie : la mosaïque rebelle, des groupes aux intérêts parfois opposés [archive], lemonde.fr, 17 septembre 2013
  9. Sarah Leduc, Les Kurdes : une nation, quatre pays, une myriade de partis [archive], France 24, 30 juillet 2015.
  10. a et b Article du Monde du 27 novembre 2013
  11. Les valeurs des combattants de Kobané sont les nôtres [archive], Gérard Chaliand, Patrice Franceschi, Bernard Kouchner, lemonde.fr, 5 janvier 2015
  12. a et b Syrie: retrait de Haytham Manna de la présidence de l'alliance kurdo-arabe [archive], AFP, 5 avril 2016.
  13. Des factions kurdes de Syrie annoncent une région fédérale dans le Nord [archive], France 24 avec AFP, 17 mars 2016.
  14. Les Kurdes de Syrie espèrent toujours gagner leur autonomie [archive], RFI, 17 mars 2016.
  15. Syrie: les Kurdes se prononcent pour le fédéralisme [archive], romandie.com AFP, 16 mars 2016.
  16. Syrie: les Kurdes défendent à Moscou leur projet fédéral [archive], liberation.fr AFP, 21 mars 2016.
  17. Moscou évoque une solution fédérale en Syrie [archive], OLJ avec Reuters, 29 février 2016.
  18. Syrie: la Russie propose une solution fédérale [archive], Le Figaro avec Reuters, 29 février 2016.
  19. Consulter la traduction française intégrale du Contrat Social du Rojava : https://blogs.mediapart.fr/maxime-azadi/blog/091114/le-contrat-social-de-rojava [archive]
  20. Amnesty accuse les forces kurdes syriennes d’avoir commis des crimes de guerre [archive], Le Monde avec AFP, 13 octobre 2015.
  21. Nord de la Syrie : destructions de villages et déplacements forcés [archive], Amnesty International, 13 octobre 2015.
  22. Jérémy André, Les Kurdes syriens sont-ils coupables de "crimes de guerre" ? [archive], Le Point, 16 octobre 2015.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources

  • (en) Out of Nowhere : The Kurds of Syria in Peace and War par Michael Gunter, Hurst Publishers, 2014.

Sites liés

Représentation du Rojava En France [archive]