mardi 31 janvier 2017

Bernard Friot

Bernard Friot est un sociologue et économiste français né le à Neufchâteau (Vosges), professeur émérite à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris X)1.

Sommaire

Biographie

Bernard Friot commence sa carrière universitaire en 1971 à l'IUT de l’université de Lorraine en tant qu'assistant puis maître de conférences en économie. Sa thèse d’État d’économie porte sur la construction de la Sécurité sociale en France de 1920 à 1980. Il y conteste l’interprétation de 1945 qui fait de « la Sécurité sociale un élément nécessaire à la période fordiste du capitalisme ». Il insiste au contraire sur « le caractère anticapitaliste des institutions de socialisation du salaire »2.
Il anime l'Institut européen du salariat et l'association d'éducation populaire Réseau Salariat, qui promeut l'idée d'un « salaire à vie » pour tous, une proposition alternative au revenu de base3, idée que Friot dénonce comme étant « la roue de secours du capitalisme »4.
Ses recherches portent sur la sociologie du salariat et la comparaison des systèmes de protection sociale en Europe. Ses travaux ont également porté sur les retraites, allant à l'encontre des réformes proposées par le gouvernement en 2010.
Il a plusieurs fois contesté des idées communément admises, comme en 2010 quand il explique que le « chômage des jeunes » est un « mensonge d’État », car il s'applique en réalité aux jeunes actifs (c'est-à-dire à la recherche d'un emploi) et donc que « un taux de chômage de 25 %, cela veut dire que le quart de 30 % des jeunes est au chômage. Le quart de 30 % c'est 7,5 %, c'est 1 sur 12. C'est le poids du chômage qu'on trouve dans toutes les tranches d'âge et il n'y a aucune spécificité du poids du chômage chez les jeunes »5.
Ses thèses autour du salaire à vie, son invention d'un salaire socialisé qui s'appliquerait aussi aux étudiants considérés en économie comme « non-actifs », sont reprises à leur compte par plusieurs associations et syndicats étudiants, notamment l'Union des étudiants communistes et Solidaires Étudiant-e-s, qui y fait explicitement référence dans sa charte6. Sa définition de la laïcité est de comprendre celle-ci comme étant un outil d’émancipation par rapport à des croyances considérées comme religieuses dans le domaine économique, croyances qui assurent selon lui le maintien du capitalisme7.
Il est militant du Parti communiste français (PCF) depuis le début des années 1970 8.

État d'urgence en France en 2015

Le 30 novembre 2015, il est parmi les signataires de l'Appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence »9,10.

Bibliographie

  • Émanciper le travail - Entretiens avec Patrick Zech, 2014, Paris, ed. La Dispute11
  • Après l'économie de marché, une controverse (avec Anselm Jappe), 2014, Lyon, Atelier de création libertaire
  • The Wage under Attack: Employment Policies in Europe (avec Bernadette Clasquin), 2013, Berne, PIE-Peter Lang
  • Puissances du salariat, nouvelle édition augmentée, 2012, Paris, ed. La Dispute
  • L'enjeu du salaire, 2012, Paris, éd. La Dispute
  • Comprendre l’écologie politique, UFAL, 2012, chap. 7 : « Pour une citoyenneté révolutionnaire » (entretien)12.
  • L’enjeu des retraites, 2010, Paris, éd. La Dispute
  • Wage and Welfare (avec Bernadette Clasquin, Nathalie Moncel et Mark Harvey), 2004, Berne, PIE-Peter Lang
  • Et la cotisation sociale créera l’emploi, 1999, Paris, éd. La Dispute
  • La Construction sociale de l’emploi en France, des années 1960 à aujourd'hui (avec José Rose), 1996, Paris, éd. L’Harmattan

Notes et références

  1. a et b Université Paris Ouest Nanterre La défense - Bernard Friot [archive]
  2. Bernard Friot "Le salariat, c’est la classe révolutionnaire en train de se construire" [archive]
  3. "Salaire universel, revenu universel, sécurité sociale professionnelle ?" [archive]
  4. Émission Ce soir ou jamais du 7 juin 2013 sur France Télévision
  5. Émission Là bas si j'y suis, du
  6. Charte de Solidaires Étudiant-e-s – Syndicats de Luttes [archive] — « 2. L’étudiant-e »
  7. « Bernard Friot: Religion Capitaliste & Laïcité » [archive]
  8. http://www.humanite.fr/bernard-friot-le-salariat-cest-la-classe-revolutionnaire-en-train-de-se-construire [archive]
  9. Collectif, « L'appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence » », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne [archive]).
  10. AFP, « État d'urgence : 58 personnalités revendiquent la liberté de manifester », Le Point,‎ (lire en ligne [archive]).
  11. Émanciper le travail - Entretiens avec Patrick Zech [archive]
  12. Comprendre l’écologie politique [archive]

lundi 30 janvier 2017

Petit guide du révolutionnaire : Les nouveaux penseurs

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9 février 2016 Commentaires (6) Vues: 1519 Article

Petit guide du révolutionnaire : Les nouveaux penseurs

Nouvel article participatif dans Poppers Mag. Cette compilation de nouveaux penseurs, d’intellectuels actifs à l’heure actuelle, n’est bien sûr pas exhaustive. Elle constitue un point de départ purement subjectif et c’est pourquoi je t’invite, ami(e) lecteur(rice), à faire une ou plusieurs suggestions dans les commentaires de cet article afin qu’ensemble, nous créions l’avenir (rien que ça!) et les suites de ce petit guide… J’ai choisi de parler de penseurs français mais libre à toi d’élargir le spectre de mes recherches!
   
Tout le monde le sait bien désormais: les choses doivent changer. Il n’est plus guère besoin d’argumenter sur le sujet et moi-même, je dois bien dire que je rencontre de moins en moins de résistance sur ce point. Là où le bas blesse c’est lorsque j’entends, après le compromis précédemment exposé, qu’il est impossible ou trop difficile de changer réellement les choses. On vous balance à la gueule un “mais comment on fait?”, sans qu’aucune lueur de remise en cause personnelle ne soit passée dans les yeux de votre assaillant. Car plus qu’à la paresse et à la peur, c’est à l’ignorance que nous sommes confrontés lors de tels débats. L’opposant, se voit contraint de penser de lui-même un instant et suppute que ce que vous lui proposez quand vous parlez de “changement”, c’est d’abandonner toute idée de confort telle qu’il la conçoit ou bien qu’on souhaite l’envoyer aux barricades dans la minute. Non.
En premier lieu, il faut bien comprendre que les choses commencent à un niveau personnel avant de s’appliquer à la communauté, au pays, au monde. Si cela semble évident, la plupart des personnes qui ont le bon sens de s’interroger sur le sujet se découragent souvent vite à l’idée qu’il leur faudrait prendre part à ce changement. Ils pensent sans doute que celui-ci est la responsabilité d’autrui et de la communauté, se dédouanant au passage de toute obligation. La vraie question que nous devons nous poser est donc par où commencer sa révolution personnelle ? La réponse se trouve dans la conception idéologique des changements que tu souhaites entreprendre. Foncer sans réfléchir, sans s’informer, sans comprendre, ne mène pas bien loin et peut parfois prendre des tournures malencontreuses. Alors, par où commencer ?
Eh bien sache que des gens ont consacré leur vie et leur œuvre à apporter des éléments de réponse à ces questions. Il s’agit dans l’ensemble de professeurs, d’enseignants qui ont su prendre leur vocation au sérieux. Je te propose donc de te présenter quelques-uns de ces penseurs d’une mise en pratique plus ou moins directe d’un changement de paradigme. Tous ont en commun un but: le changement de régime, combattre un capitalisme/libéralisme débridé qui est aux commandes, grosso modo, depuis la révolution industrielle anglaise. Ce qui est intéressant, c’est de noter que tous proposent des réflexions différentes et des approches diverses pour y parvenir. Autre point à souligner : ces personnages aux parcours souvent bien éloignés, en sont tous venus à un moment ou à un autre à la même conclusion : le problème, c’est le système capitaliste tel qu’il est à l’œuvre actuellement. Du fait de leur volonté de réduire le pouvoir, voire de renverser le système en place, ils sont naturellement boudés par les outils de communication du système, encore que la plupart aient eu quelque occasion de se montrer une fois ou deux sur le plateau de Frédéric Taddeï ou sur les antennes de France Culture à des heures où l’écoute frise le ridicule.


Etienne Chouard

“Si les représentants doivent craindre la Constitution… il ne faut pas qu’ils l’écrivent eux-même.”
Etienne Chouard est un excellent moyen de commencer une réflexion sur les problèmes de notre temps. Tout d’abord parce que Chouard n’est pas un intellectuel comme les autres. C’est un homme banal, un professeur d’économie et de gestion qui s’est politisé sur le tard. Comme de plus en plus de gens, il a eu un déclic. Il est parti d’une réflexion sur le traité constitutionnel européen (mais si! rappelle-toi: celui pour lequel tu as voté “non” en 2005, mais que nos dirigeants ont tout de même décidé d’adopter) contre lequel il s’insurge. Son mouvement prend alors de l’ampleur. Il faut dire que la réflexion d’Etienne Chouard est simple et sa méthode limpide et bénéfique par les temps qui courent. Chouard mène une enquête. Il s’interroge et nous interroge sur un problème donné (la constitution européenne, la démocratie ou quoi que ce soit d’autre) et remonte le fil historique et logique de ce qui nous a amené à telle situation. Il cherche à déterminer de manière efficace “la cause des causes” et à partir de là, il réfléchit et propose des solutions concrètes et simples à des problèmes qui semblaient au départ insurmontables.
Son axe majeur de réflexion, la grande idée d’Etienne Chouard, c’est le tirage au sort. S’inspirant des modèles de démocratie athéniens (en en reconnaissant également les failles), le bougre a la velléité de penser qu’il serait bon que nous autres, pauvres quidams, ayons quelque contrôle sur nos dirigeants politiques et nos plus hautes instances étatiques. Et, en y réfléchissant bien, c’est vrai que c’est loin d’être con. Le tirage au sort viendrait ainsi élire au hasard des citoyens à des positions de contrôle ou de regard sur les actions entreprises par nos dirigeants. Il donnerait ainsi aux citoyens du commun (vous et moi quoi…) des responsabilités, une autorité qui leur permettraient de garder la main mise sur la manière dont s’exerce le pouvoir en place. Il s’agit donc de réinventer la démocratie et ses règles du jeu. Comprenez que pour Etienne Chouard, nous faisons avant tout face à un problème de constitution. Nous avons laissé les puissants écrire les règles qui nous régissent et leur permettent de gérer nos affaires comme ils l’entendent, sans que nous ne puissions rien y faire. Par conséquent, il n’appartient qu’à nous de nous réapproprier la loi et de la faire pencher en notre faveur. L’idée serait donc d’écrire une nouvelle constitution en y incluant des moyens de contrôle démocratiques (à travers le tirage au sort par exemple). Chouard s’agite ainsi un peu partout en France et tente de créer un mouvement participatif par le biais d’ateliers constituants où le débat prend vie. Un début.
A travers ce cheminement, l’une des questions fondamentales que Chouard remet sur le tapis est celle du langage et de ses mésusages. L’un des premiers effets de sa méthode de réflexion est de renverser les rapports de force posés par les partisans du double langage. Il nous explique ainsi dans une brillante conférence (https://www.youtube.com/watch?v=oN5tdMSXWV8) que nous sommes incapables de voir quelles sont les solutions qui nous permettraient de sortir du marasme dans lequel nous nous trouvons, dans la mesure où les mots que nous cherchons sont déjà utilisés pour désigner des choses qui leur sont contraires. Pour le paraphraser, nous aurions besoin de la démocratie mais nous sommes incapables de la réaliser dans la mesure où nous pensons d’ores et déjà être en démocratie. Ce processus de réappropriation du langage et de la sémantique est une étape nécessaire à tout effort intellectuel qui se respecte et Chouard a le mérite de nous ouvrir les yeux de manière limpide sur ce point là.
De la même façon, il choisit de remettre en lumière un terme trop souvent galvaudé et mésusé : le complot. Alors là, je vous vois venir, vils faquins, à partir dans vos folies des grandeurs qui en ont mené plus d’un à conclure que 1 + 1 était égal à 3. Un complot n’est rien d’autre qu’un accord secret passé entre deux parties prenantes au détriment de l’intérêt général. Vu sous cet angle (et il ne devrait pas y en avoir d’autres puisque c’est là la vraie définition du mot), les complots nous entourent (de but en blanc, parfaitement au hasard, je vous invite à vous renseigner sur le TAFTA) et Chouard nous invite à les dénoncer.

Paul Ariès

“Choisir de parler de culture de masse en lieu et place des cultures populaires, c’est renvoyer le peuple à l’indistinct, au troupeau, à tout ce qui grouille.”
Paul Ariès est à la base un politologue/socio-économiste lyonnais, mais le réduire à ses titres serait trop faible. Je dirais que Paul Ariès est un optimiste réaliste. Il effectue à travers son œuvre littéraire et orale la jointure parfaite des questions socio-économiques, politiques et écologiques. Et ce n’est pas une mince affaire. Il fait partie de ces penseurs qui ont compris que, si la lutte des classes est aujourd’hui encore l’enjeu majeur du changement de société, le poids de l’urgence écologique a fortement changé la donne au cours du siècle dernier en rajoutant de l’huile sur le feu.
Pourtant, a priori, le lien entre lutte des classes et écologie ne semble pas évident. Dans son ouvrage Écologie et cultures populaires: les modes de vie populaires au secours de la planète, Ariès dénonce avec facilité de quelle manière le système capitaliste et libéral actuel marginalise les classes populaires (pourtant en supériorité effective) et s’enfonce ainsi dans une crise existentielle profonde en même temps qu’il ravage notre environnement. Il décortique la manière dont les milieux les moins aisés sont tout bonnement ignorés de notre système (par exemple, le terme de “classe ouvrière” a complétement disparu au cours des dernières décennies alors que le monde ouvrier représente toujours (excusez du peu) près de 30% de la population active en France) et nous explique que si les classes populaires sont si mal représentées (dans la pub, les médias en général…) c’est parce qu’il s’agit d’une classe dominée. L’intérêt de la classe dominante n’est donc pas de placer l’emphase sur cette domination mais plutôt de l’assouvir en suscitant l’envie individuelle (“diviser pour mieux régner”) qui se matérialise en définitive par la société de consommation. On commence à comprendre un peu mieux comment la lutte des classes en arrive à affecter directement la situation environnementale.
Ariès nous fait ensuite observer que les milieux les moins aisés sont également ceux qui polluent le moins. C’est pourquoi il place ses espoirs dans les classes populaires, nous expliquant que c’est aux plus riches de s’inspirer des usages des moins aisés et non l’inverse (comme c’est le cas à l’heure actuelle). Il s’agit en somme de replacer la norme sur la majorité des gens, d’autant que leur mode de vie pollue moins et apparait comme plus humain socialement que l’individualisme et la neurasthénie ambiante promue dans les classes les plus riches. Ariès nous pose ainsi des questions concrètes et directes sur nos modes de vie, sur leur impact et sur notre manière de les conceptualiser.
Chemin faisant, on en arrive au centre de sa réflexion se situant parmi celles des objecteurs de croissance. Selon lui, le cœur du problème vient du fait que ce système économique et social est basé sur une logique de croissance perpétuelle qui n’est pas viable. Il est facile de comprendre que, dans un monde aux ressources limitées comme le nôtre, un tel système mène à une destruction rapide de notre habitat. Paul Ariès prône donc la décroissance qu’il convient de définir avant d’aller plus loin.

On a tendance à assimiler ce terme à une austérité économique (de laquelle nous ne sommes pas bien loin à l’heure actuelle, soit dit en passant…). Ariès nous invite à penser la décroissance comme une autre manière de vivre, hors du capitalisme. Il sort donc le tapis rouge à l’idée d’un retour à des modes de vie plus sobres sans pour autant perdre en qualité de vie (ce que ne suggère pas l’austérité). Il évoque alors les traditions latino-américaines et africaines du bien vivre et prône un bonheur existentiel et social plutôt qu’un bonheur lié à l’avoir, à la consommation. Il place ainsi l’enjeu social et la recherche d’un bonheur simple au cœur de sa réflexion.
Sa volonté de remettre l’accent sur la lutte des classes et une redéfinition des classes populaires au sein du débat prend alors tout son sens. Ariès revendique une décroissance par un retour à la simplicité, à un bien vivre et un bien être qu’on a tendance à trouver plus facilement dans les classes les moins aisées. Ajouté à cela, il développe différents concepts qui permettraient d’atteindre ce but, de recréer du lien social entre les gens et de lutter efficacement contre le capitalisme. S’il nous parle d’un revenu de base inconditionnel (auquel nous préférerons le salaire à vie de Bernard Friot un peu plus bas dans l’article), Paul Ariès propose également d’élargir la sphère actuelle de la gratuité, aspect qui soulève du même coup la question de l’usage et du mésusage.

Ariès propose que les citoyens décident de ce qui est utile et devrait être gratuit (ou quasi-gratuit) dans la société et, de renchérir, de taxer les mésusages (soit tout ce qui est jugé inutile par les citoyens). Il nous explique ce paradigme en prenant l’exemple de l’usage de l’eau (qui va venir à manquer) et en se demandant pourquoi une personne qui utilise de l’eau pour ses besoins vitaux se voit contrainte de payer le même prix qu’une personne qui remplit sa piscine tous les étés? On constate alors que les concepts d’usage, de mésusage et de gratuité d’Ariès passent par une redéfinition du rôle de citoyen (plus démocratique) mais aussi par une responsabilisation et une prise de conscience de ce que nos modes de vie entraînent.

Bernard Friot

“Dès lors qu’on qualifie un poste et non pas une personne, toute personne sans poste va être chômeuse. Alors que si on qualifie les personnes, on leur attribue un salaire à vie.”
Expert dans l’histoire des institutions d’État censées amener la puissance du salariat, mais également économiste hétérodoxe, Bernard Friot revisite les théorie marxistes en les mettant au goût du jour. Et c’est à travers elles qu’il combat les mythes de l‘idéologie religieuse du capitalisme et du néo-libéralisme.
Friot a une manière fracassante de remettre les perspectives en place. Il commence par nous rappeler que l’enjeu du conflit économique, social et politique qui nous anime aujourd’hui encore, c’est la lutte des classes. L’idée que celle-ci puisse avoir disparu avec l’apparition des classes moyennes est complètement erronée. C’est le fait qu’une classe dirige et profite d’une autre, décide de ce qui a ou n’a pas de valeur et s’occupe d’en retirer les bénéfices qui est à la base de l’injustice et de la violence sociale à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui.
Si l’on devait s’en tenir à une idée forte qui résume la pensée de Bernard Friot, il faudrait bien entendu parler du salaire à vie (à différencier du revenu de base inconditionnel actuellement à l’étude en Hollande et en Finlande qu’il décrit lui même comme étant une déviation de ce vers quoi l’on doit tendre). Il n’est pas question ici de revenu de solidarité mais bel et bien de salaire. Friot nous explique avec brio en quoi les retraites et les allocations chômage sont des salaires qui viennent rétribuer une création de valeur (passée ET actuelle). Il démontre que toute notre vie nous créons de la valeur économique qui n’est pas rémunérée à l’heure actuelle : amener ses enfants à l’école, aider un ami dans l’un de ses projets, nettoyer son appartement, faire à manger à ses enfants, etc… Or l’idée de valeur économique nous a été confisquée par les détenteurs du capital, qui ont actuellement le pouvoir de décider combien nous valons pour la société via l’attribution d’un salaire calculé en fonction du poste que nous occupons au sein de l’entreprise qu’ils possèdent. Partant de ce constat, l’idée serait donc d’attribuer un salaire à vie à tout citoyen à partir de ses 18 ans, qu’il ait un emploi ou non. Bernard Friot en arrive ainsi à remettre complètement en cause le concept de valeur économique telle que définie par le système capitaliste en vigueur.
Par ailleurs, ce qu’il y a d’intéressant dans l’argumentation de Friot, c’est qu’il appuie sa réflexion sur ce qui existe déjà : en effet la notion capitaliste de la valeur a été déjà remise en cause par la création de la fonction publique, de nos systèmes de retraite et des allocations chômage. Ces trois institutions, mises en place par des ministres communistes et donc anticapitalistes, reversent un salaire continué à des personnes et non à un poste de travail en particulier. Elles estiment donc que ce sont les personnes qui reçoivent ces salaires qui produisent de la valeur économique et non leur poste. Et c’est pour cette raison que ces institutions anticapitalistes sont constamment la cible d’attaques visant à les démanteler depuis leur création. C’est sur ces acquis syndicaux et sociaux obtenus (et bien souvent renégociés pour ne pas dire perdus) au cours des ans que Friot se base pour construire sa vision et l’ancrer plus solidement dans un réel potentiel. En grand spécialiste de l’histoire de la Sécurité Sociale, son modèle économique est loin d’être fragile et s’appuie donc sur de solides arguments qui sont à lire ou à écouter dans les liens qui suivent.
Friot nous explique donc qu’une redéfinition du salaire, une suppression du marché de l’emploi, sont des moyens concrets, et à notre portée, de mettre un terme au système capitaliste de la valeur. Et si ces idées fortes ne tardent généralement pas à faire sortir ses opposant de leurs gonds et à le qualifier de communiste (ce dont il se revendique) ou de fou, il serait stupide de s’arrêter à ce postulat simple sans chercher à voir un peu plus loin. Par exemple Friot n’a rien contre la monnaie ou contre la propriété privée en elle-même. Seulement il y va, là encore, d’une redéfinition fondamentale puisqu’il nous explique que nous devons passer de la “propriété lucrative” (fer de lance du capitalisme) à la “propriété d’usage“. Non seulement vous pouvez dire adieu au loyer exorbitant de votre 2 pièces puisque si vous l’habitez, que vous l’utilisez, vous en êtes propriétaire (ce qui veut également dire que vous pouvez dire adieu à la rente occasionnée par les multiples propriétés que vous louez le double du prix du marché… mais tout va bien puisque le salaire à vie est là…) mais vous devenez par exemple, également co-propriétaire de votre outil de travail. Il n’y a ainsi plus une personne, un investisseur privé à qui l’outil de travail appartiendrait, qui exploiterait votre temps et votre force de travail (contre un salaire bien mérité certes…) et qui en tirerait des bénéfices outrageux pendant que vous devez aller pointer au chômage parce qu’il a décidé de délocaliser.
Il va sans dire que les changements proposés sont profonds, voire radicaux, même s’ils s’appuient sur des éléments concrets arrachés par la lutte syndicale du siècle dernier (la Sécurité Sociale, le fonctionnariat par exemple…). D’ailleurs, Friot a la franchise de nous dire que le modèle qu’il propose avec le salaire à vie ne pourra pas totalement supprimer la violence sociale, ni même la lutte des classes (qui se jouera ailleurs et notamment sur la qualification dans le modèle de salaires qu’il préconise). Mais ses propositions recentrent toutes ces luttes et cette violence et ont le mérite d’apporter des réflexions et des éléments qui permettraient de la mieux catalyser.

Jean-Claude Michéa

“Au cœur de la protestation morale des premiers penseurs socialistes du XIXème siècle, il y a d’abord le constat que le processus d’émancipation libérale portée par la Révolution française (l’idée que l’égalité des droits constitue l’énigme résolue de l’histoire) n’avait réglé en rien la question sociale.”

Professeur de philosophie dans un lycée de Montpellier, Jean-Claude Michéa reprend dans ses ouvrages l’histoire des mouvements politiques français et analyse leur parcours pour mieux nous aider à comprendre où ils en sont aujourd’hui. Car selon lui, l’un des problèmes majeurs de notre temps vient de notre incapacité (à nous mais aussi et surtout à celle de nos médias et de nos institutions) à nous retourner vers le passé pour comprendre nos erreurs d’interprétations d’un présent qui a de moins en moins de sens. Il compare ce phénomène au mythe grec d’Orphée et le nomme complexe d’Orphée dans un ouvrage du même nom.
A partir de ce constat, Michéa décide de se retourner vers l’histoire pour en comprendre les erreurs d’interprétations donc mais aussi pour trouver des solutions déjà appliquées et mentionnées à des problèmes actuels. Dans Les Mystères de la Gauche, il nous montre ainsi de quelle manière notre interprétation actuelle des clivages politiques français est erronée. Son analyse des dérives sociologiques voire ethnologiques entraînées par le libéralisme sont d’une justesse remarquable. Pour résumer quelque peu, il démontre comment notre perception d’une gauche progressiste (matérialisée par le PS principalement) et d’une droite traditionaliste (UMP voire FN) fausse la donne dans la lutte contre un capitalisme débridé. En effet, dans l’imaginaire collectif, la gauche était historiquement et serait encore là pour nous protéger des dérives du grand capital conservateur (et catholique) de la droite. Mais on se rend compte rapidement que ce n’est pas du tout le cas et ce dès le XIXème siècle (pas besoin de faire les surpris devant les privatisations de Mitterrand ou le combat “acharné” de Hollande face à la finance). Michéa nous explique que ces confusions politiques ont pour unique but de détourner l’attention de la majorité vers des considérations secondaires (progressisme contre conservatisme, mariage gay contre religion, droite contre gauche, etc…) plutôt que contre un système capitaliste qui continue de ne servir que le plus petit nombre au détriment du plus grand.
Michéa est professeur de philosophie et c’est avec celle-ci qu’il décortique les fondements de la théorie libérale et capitaliste, ses réflexions sur l’individu et sa place dans la société. Ainsi, il nous explique de manière claire les absurdités voire les folies de nos modes de vie actuels. Sous l’angle de la philosophie, il s’attache à démontrer comment ont évolué le langage et les valeurs morales de notre société sous l’égide bien pensante du progrès et des libertés individuelles. On s’aperçoit alors que la focale portée sur ce vrai faux clivage gauche-droite prend tout son sens ici. Puisque sous couvert de faux débats idéologiques et moraux, les deux mouvements politiques ont en réalité su œuvrer ensemble vers un même idéal sociétal qui nous amène à la situation actuelle : une société de consommation (de biens inutiles à but purement ostentatoire) où l’individualisme est roi, où le recul des acquis sociaux est vu comme un progrès (les “réformes”) et dans laquelle nous perdons à un rythme effréné tout ce qui fait de nous des humains. La sempiternelle opposition gauche-droite crée donc des clivages sociaux non dangereux pour le système: vieux contre jeune, gay contre hétéro, pro-peine de mort contre anti, etc… et fait ainsi diversion en masquant le seul conflit important : celui de la lutte de classes.
Un peu à l’instar de Paul Ariès, Michéa en arrive à dénoncer les dérives du libéralisme, ses tentatives d’imprégner un certain rythme aux classes dominées afin qu’elles suivent sans trop se poser de question et d’atomiser la société sur l’autel des libertés individuelles. On divise pour mieux régner, une stratégie connue mais qui marche. Michéa pense que la solution à cette domination se trouve dans les valeurs des classes populaires et il s’appuie pour cela sur les concepts de George Orwell (l’auteur de 1984) de common sense (sens commun) et common decency (décence ordinaire) qu’il considère comme les socles d’une vie sociale envisageable sous un autre angle que celui imposé par le prisme des classes dominantes.

Pierre Rabhi

“Je pense au contraire qu’il est temps pour chacun d’entre nous de reprendre le pouvoir sur son existence et d’incarner une politique en acte dans chacune des sphères de son quotidien”

A première vue, on pourrait croire que Rabhi, c’est un petit peu l’utopiste de la troupe d’un point de vue idéologique. Pourtant il y a bien plus que cela dans ce personnage prônant des valeurs simples. Tout d’abord, Rabhi agit bien trop pour être réellement réduit au simple sobriquet d’utopiste. Que ce soit à travers son mouvement Colibris (qui invite chacun à redevenir actif et à faire sa part en société), mais aussi à travers ses actions de diffusion et de mise en place d’une agroécologie plus soucieuse de l’environnement et des populations, Rabhi s’avère être en réalité un homme d’action avant toutes choses.
Cela dit, son approche critique du monde et de notre société capitaliste n’en demeure pas moins intéressante. S’il arrive globalement au même constat que ses coreligionnaires, le cheminement de sa réflexion s’effectue au travers d’une critique précise et acerbe de l’évolution de l’agriculture vers l’agriculture industrielle et ses conséquences sur nos modes de vie. Là encore, c’est donc par du concret que Rabhi nous amène finalement à une pensée plus métaphysique et poétique. On perçoit à travers son message un optimisme désarmant et une confiance en l’humain peut-être irréalistes qui peuvent laisser sur leur faim certains mordus d’une révolution type “grand soir”.
Pierre Rabhi remet la métaphysique au goût du jour en la présentant comme objectif humaniste s’opposant à la matérialité néfaste dans laquelle nous nous sommes engoncés et continuons de nous enfoncer. Il prône des valeurs de simplicité et de sobriété, tendant ainsi clairement vers des notions de décroissance et pointant du doigt l’impossibilité de baser un système économique sur une croissance permanente dans un monde aux ressources limitées. Ces observations l’amènent finalement à une constatation simple, effarante et pourtant inhabituelle : nous avons cessé de valoriser l’intelligence.

A travers une logique portée sur l’efficacité, la productivité, la capitalisation de notre temps et la vitesse, notre société a cessé de valoriser la lenteur, la contemplation et la réflexion. Tout au long de son cheminement, Pierre Rabhi tente d’éveiller en nous un potentiel d’action et de réflexion passant par une réappropriation de notre temps et un éloge de la lenteur que les médias de masse et les divertissements de notre société de consommation tentent tant bien que mal d’étouffer.

Bibliographie

Écologie et cultures populaires – Paul Ariès
Désobéir et grandir – Paul Ariès
Émanciper le travail – Bernard Friot 
Les Mystères de la gauche – Jean-Claude Michéa 
Manifeste pour la Terre et l’Humanisme – Pierre Rabhi

Vidéos

Etienne Chouard – Chercher la cause des cause
Paul Ariès – Demain la Décroissance N°18
Bernard Friot – Le Salaire à Vie 
Jean-Claude Michéa – Entretien avec Jean-Claude Michéa
Pierre Rabhi – Agir à son échelle et construire ensemble

Source de l'article principal http://poppers-mag.fr/petit-guide-du-revolutionnaire-les-nouveaux-penseurs/

dimanche 29 janvier 2017

Athéisme

Au début du XXIe siècle, l'athéisme est défini, notamment, comme l'absence1 ou le refus2 de toute croyance en quelque divinité que ce soit, ou comme une attitude sociale ou politique, ou une doctrine niant2 l’existence de quelque dieu ou divinité que ce soit. Le terme s'oppose donc au théisme et est à distinguer de l'agnosticisme.
La conception de l'athéisme n'a pas toujours été ainsi, elle change suivant les auteurs et les époques.
Les athées sont parfois victimes de discriminations, y compris dans des pays développés et laïcs3.
Pour Friedrich Nietzsche, Dieu est mort, l'homme prend sa place et se construit un destin dans la liberté.

Sommaire

Étymologie

Du grec ancien άθεος, atheos (littéralement « sans Dieu »), qui a donné le terme latin atheos.

Usages anciens

αθεοι (atheoi) dans la lettre aux Éphésiens (2,12) attribuée à Paul de Tarse - Papyrus 46 du début du IIIe siècle4.
Dans la Grèce antique, l’adjectif « atheos » (en grec : ἄθεος, composé du ἀ- privatif + « θεός » qui veut dire dieu) signifie « sans-dieu ». Le préfixe « a » indique une absence de dieu revendiquée en Grèce dès le Ve siècle av. J.-C. et prend le sens de « rompre la relation avec les dieux » ou « nier les dieux » à la place de l’ancien sens asebēs (en grec : ἀσεβής), « impie ».
« La plupart [des philosophes] ont dit que les dieux existaient, mais Protagoras était dans le doute, Diagoras de Mélos et Théodore de Cyrène pensaient qu’il n’y en avait aucun. […] Diagoras, appelé άθεος (athée) et plus tard Théodore [de Cyrène] ont ouvertement nié l’existence des dieux. » (Cicéron, De la nature des dieux : I, i, 2 et XXIII, 63).
Le terme est fréquemment utilisé au cours du débat entre les premiers chrétiens et les païens, chaque camp accusant l'autre d'être « atheos » dans le seul sens péjoratif qui existait à l'époque5, qui n'est pas celui d'incroyance ou d'hérétique, mais d'impiété ou de vanité. Il existait aussi en grec le terme ἀθεότης (atheotēs), « athéisme », que Cicéron transcrivit par le mot latin, atheos.
Avant d’acquérir son sens actuel, le mot « athée » a eu nombre d’usages différents, qui ne sont plus usités. Selon Émile Littré, « les Grecs distinguaient les prénoms athées (par exemple Platon) et les prénoms théophores (par exemple Dionysos) ». Un prénom « athée » est donc simplement un prénom laïc, qui ne se réfère pas à la religion. En 167 apr. J.-C., à Smyrne, un chrétien nommé Polycarpe de Smyrne, refusant de rendre hommage à l’empereur alors divinisé, se vit proposer le choix entre le bûcher ou crier publiquement « Mort aux athées ». Polycarpe s'exécuta, mais en indiquant clairement que c’étaient ses accusateurs qu’il désignait ainsi.

Définitions

Image symbolisant l'athéisme au cœur des sciences.
Les auteurs ont des difficultés à définir de la meilleure façon possible l'athéisme et à en classer les variantes, puisqu'il peut à la fois signifier une simple absence de croyances et un rejet réel et conscient des religions6. Plusieurs catégories ont été proposées pour tenter de distinguer ces différentes formes d'athéisme, la plupart le définissant comme « absence de croyances en une ou plusieurs divinités » permettant ainsi de couvrir la variété de ce non-théismeN 1.[réf. nécessaire]
De plus, la diversité des définitions possibles de la divinité engendre des ambiguïtés dans le champ de la notion d'athéisme : une croyance sera compatible ou non avec l'athéisme selon que son objet sera ou pas considéré comme une divinité. « Comme la religion, l'athéisme varie avec le type de civilisation dont il est une des facettes. De même qu'il n'existe pas de religion universelle et immuable, il n'y a pas non plus d'athéisme universel et immuable »7.
D'après Georges Minois, on peut répertorier diverses formes d’athéismes en Occident8 :
  • Athéismes théoriques :
    • assertorique (niant l'existence de Dieu)
    • agnostique (déclarant que le problème est insoluble)
    • sémantique (déclarant que le problème n'a pas de sens)
  • Athéisme pratique (on vit comme si Dieu n'existait pas)
  • Athéisme spéculativo-pratique (déclarant que l'existence éventuelle d'un dieu ne doit pas avoir de conséquence sur le comportement)
D'après Jean Vernette, « l'athéisme est la négation de l'existence de Dieu », mais se décline sous de multiples formes9 :
  • athéisme théorique (qui a autant de déclinaisons que de philosophes et de courants philosophiques se déclarant athées)
  • athéisme pratique (soustraire sa vie à la sphère religieuse)
  • athéisme de méthode (condition nécessaire à l'activité scientifique : Dieu n'est pas supposé influencer les données expérimentales)

Distinction d'avec l'agnosticisme

L'athéisme n'adhère pas au théisme (dont le déisme) qui est la croyance en au moins une divinité. Quant à l’agnosticisme, il n'est pas nécessairement vu comme une opposition, mais peut l'être comme une position additionnelle compatible avec le théisme et avec l'athéisme10,11,12, considérant l'existence des dieux comme inconnaissable13. Ainsi certains ne savent pas et ne croient pas (les athées agnostiques) alors que d'autres croient sans pour autant élever cette croyance au rang de connaissance (les théistes agnostiques)14.

Fondements

L'athéisme est une position philosophique qui admet des fondements divers selon les auteurs.

Athéisme et science

Le progrès des sciences et l'existence de Dieu

Les progrès de la science, notamment à partir de la révolution copernicienne, puis à l'époque des Lumières, permettent d'expliquer le monde de manière de plus en plus satisfaisante sans recours à aucun dieu de type biblique, comme le montre l'échange célèbre entre Napoléon et Laplace rapporté par Victor Hugo : « M. Arago avait une anecdote favorite. Quand Laplace eut publié sa Mécanique céleste, disait-il, l'empereur le fit venir. L'empereur était furieux. — Comment, s'écria-t-il en apercevant Laplace, vous faites tout le système du monde, vous donnez les lois de toute la création, et dans tout votre livre vous ne parlez pas une seule fois de l'existence de Dieu ! — Sire, répondit Laplace, je n'avais pas besoin de cette hypothèse »15. À l'époque où les connaissances scientifiques en étaient encore à leurs balbutiements, le principe d'économie penchait plutôt en faveur du religieux. C'était le principe même du rasoir d'Ockham. Mais certains historiens soulignent au contraire que dès l'antiquité, les atomistes affirmaient que les mouvements des atomes expliquaient l'ensemble des phénomènes naturels et que dès lors on n'avait pas besoin de faire intervenir les dieux dans la création et dans le fonctionnement de l'univers. Ainsi les philosophes et les savants n'ont pas attendu le développement de la science moderne pour comprendre que le monde pouvait exister sans dieux16.
Alors que jusqu'au XVIIe siècle en Europe, la science était censée se conformer à la vision aristotélicienne validée par le christianisme qui affirmait l'existence d'un monde sublunaire imparfait, fait de changement, de génération et de corruption, et d'un monde céleste parfait, immobile ou doué d'un mouvement circulaire éternel et parfait, la physique de Galilée affirmait au contraire l'existence de taches solaires17, symboles d'imperfection, et surtout, que le monde céleste obéissait aux mêmes lois que le monde sublunaire. Kepler affirma que la trajectoire des astres était elliptique18 et non circulaire, ce qui contredisait la vision que Copernic lui-même avait de la perfection céleste divine19. Un demi-siècle plus tard les lois de Newton confirmèrent que l'univers entier obéissait aux mêmes lois, ruinant la division entre un monde céleste divin et un monde humain20. Un siècle plus tard, Darwin démontra la fausseté du récit biblique littéral sur la création des espèces. Ces révolutions scientifiques démontraient ainsi le caractère inexact du récit biblique, pris au sens littéral. Pour autant ces scientifiques ne se disaient pas nécessairement athée. En effet, ils remettaient certes en question la littéralité des textes mais pas forcément le christianisme lui-même, et à plus forte raison l'existence d'un Dieu. Copernic se défendait de remettre en cause la perfection divine en mettant la Terre en mouvement21. Newton croyait en l'existence d'un Dieu auteur de l'univers, et pensait même que Dieu devait intervenir pour maintenir la stabilité du système solaire22. C'est cela d'ailleurs qu'aurait voulu dire Laplace avec son célèbre "Je n'ai pas eu besoin de Dieu comme hypothèse". Cela ne l'empêchait pas de croire en Dieu, selon ses biographes. Darwin, quant à lui, s'avoua agnostique. Il est vrai que l'affirmation explicite de l'athéisme n'était guère possible avant le XVIIIe/XIXe siècle23.

La séparation des magistères

Les progrès éclatants de la science peuvent amener l'ensemble de la population à croire que l'univers peut se passer de Dieu, mais en réalité on estime généralement depuis Kant (XVIIIe siècle) que la science ou la raison ne peut rien affirmer concernant les questions de la métaphysique. Aussi, s'il est impossible de prouver que Dieu existe, il est également impossible de prouver qu'il n'existe pas. La science s'occupe de l'expérience et répond à la question : "comment ?", tandis que la métaphysique ou la religion s'occupe des vérités premières comme l'existence de Dieu ou la question "Pourquoi ?". Or les questions métaphysiques sont à jamais en dehors du champ de l'expérience possible, et, partant, de toute connaissance scientifique 24,25. Plus récemment, le paléontologue Stephen Jay Gould parlait de non empiètement entre la science et la religion, ou "non empiètement des magistères" : "La science couvre le domaine empirique : ce dont est fait l'univers (...). Le magistère de la religion couvre les questions sur le sens ultime et la valeur morale. Ces deux magistères ne se chevauchent pas (...). La science étudie comment fonctionnent les cieux, et la religion comment aller au ciel"26. Michel Onfray, qui milite pour l'athéisme, écrit également : "Si je ne m'appuie pas sur une critique scientifique de la religion, c'est que je ne crois pas à la scientificité d'une pareille critique ! Il faut aller au-delà de cette antique, vieille et poussiéreuse antienne de la science qui accule la religion, ça ne marche pas... Je tiens plus pour une démarche nietzschéenne, poétique, lyrique, affirmative que pour cette façon qui date du XVII° et a fait la preuve de son échec... "27.
Quant à la plupart des grandes religions, elles reconnaissent maintenant la validité du discours scientifique à condition qu'il ne sorte pas de son domaine de compétence. Par exemple l'église catholique lors du concile Vatican II 28 déclarait "qu'il existe 'deux ordres de savoir distincts’, celui de la foi et de la raison"29.

L'athéisme scientifique de Richard Dawkins

Dans Pour en finir avec Dieu, Richard Dawkins analyse l'hypothèse de l'existence de Dieu avec les mêmes outils rationnels que pour n'importe quelle autre question30.
Richard Dawkins revendique pourtant un athéisme scientifique, c'est-à-dire fondé sur la science, dans son livre Pour en finir avec Dieu31. Il reconnait que la preuve formelle de la non-existence de Dieu est impossible. Mais selon lui "l’existence de Dieu est une hypothèse scientifique comme une autre"32 et à ce titre, elle peut être examinée par la science. À défaut d'en tirer une certitude absolue, elle peut en estimer la probabilité. Précisons que le Dieu dont il parle est un Dieu surnaturel33. L'hypothèse "Dieu n'existe pas" est selon lui de loin la plus probable. Son argument central est que "loin de désigner un concepteur, l’illusion de dessein dans le monde du vivant s’explique avec bien plus d’économie et avec une élégance irrésistible par la sélection naturelle de Darwin"34. Aussi l'existence de Dieu est une hypothèse inutile et improbable. De plus comme le disait Russell, "Beaucoup de croyants orthodoxes parlent comme s’il incombait aux sceptiques de réfuter les dogmes communément admis plutôt qu’aux dogmatiques de les prouver. C’est, bien sûr, une erreur. S’il m’advenait de suggérer qu’entre la Terre et Mars une théière de porcelaine gravite autour du Soleil en orbite elliptique, personne ne serait en mesure de réfuter mes dires à partir du moment où j’ai pris le soin d’ajouter qu’elle est trop petite pour être vue même par nos télescopes les plus puissants. Mais si je devais poursuivre en disant que, cette affirmation étant impossible à réfuter, c’est une prétention intolérable de la raison humaine que d’en douter, on penserait à juste titre que ce que je dis est absurde"35. C'est aux croyants qu'il appartient de prouver leurs dogmes, et non l'inverse. L'hypothèse de l'existence de Dieu est donc illégitime. Puisque l'existence de Dieu est très improbable, il faut alors se comporter comme s'il n'existait pas : « je ne peux pas en être certain mais je pense que Dieu est très improbable, et je mène mon existence en me fondant sur le présupposé qu’il n’existe pas.»36, affirme l'auteur. Partant des mêmes prémices, la conclusion qu'il en tire est donc exactement opposée à celle de Blaise Pascal dans son célèbre « pari ».
Cette hypothèse comporte selon lui plus d'inconvénients que d'avantages. Par exemple elle exacerbe les luttes meurtrières inter-groupes : "Je ne dis pas que les fortes tendances de l’humanité à être loyal dans le groupe et hostile envers le groupe extérieur n’existeraient pas quand même si la religion n’existait pas. Les fans d’équipes rivales de football sont un exemple à petite échelle de ce phénomène (...). Les langues (comme en Belgique), les races et les tribus (en particulier en Afrique) peuvent être d’importantes sources de division. Mais la religion amplifie et exacerbe les dégâts"37. Un monde sans Dieu, dit-il, c'est un monde dans lequel il n'y a "pas d’attentats suicides, pas de 11 septembre, pas de 7 juillet [attentats dans le métro de Londres du 07/07/2005], pas de croisades, pas de chasses aux sorcières, pas de conspiration des poudres, pas de partition de l’Inde, pas de guerres israélo-palestiniennes, pas de massacres de musulmans serbo-croates, pas de persécution de juifs « déicides », pas de « troubles » en Irlande du Nord"38. Enfin, la morale, la beauté, les émotions n'ont pas besoin de Dieu pour exister : "Ce que croient la plupart des athées, c’est que, bien qu’il n’y ait qu’un seul type de matière dans l’univers et qu’elle soit physique, c’est d’elle que proviennent l’esprit, la beauté, les émotions, les valeurs morales, en somme toute la palette des phénomènes qui donnent à la vie humaine sa richesse.39", dit-il en citant Julian Baggini dans Atheism.
On peut résumer son propos en 5 points : (1) l'existence d'un Dieu surnaturel est une hypothèse que la science peut évaluer ; (2) cette hypothèse est scientifiquement non nécessaire ; (3) elle est scientifiquement fortement improbable ; (4) elle est nuisible à l'humanité ; (5) la vie morale, émotionnelle et esthétique de l'homme est possible sans référence à Dieu.

Athéisme et croyance dans la communauté scientifique

La Recherche, citant la revue américaine Science, rapportait en 1997 les positions d'un certain nombre de scientifiques croyants. L'astro-physicien George Smoot aurait émis l'idée que le fond de rayonnement cosmique, l'une des preuves à l'appui de la théorie du "Big Bang" est la "signature de Dieu". Le prix Nobel de physique Charles Townes, co-inventeur du laser, prie tous les jours. Le très actif Francis Collins, co-découvreur du gène de la mucoviscidose, se définit comme un chrétien convaincu. Il ne voit pas de contradiction entre la théorie darwinienne de l'évolution et la religion : « Pourquoi Dieu n'aurait-il pas utilisé le mécanisme de l'évolution pour créer ? ». Le Belge Christian de Duve, prix Nobel de biologie 1974, affirme « nombre de mes amis scientifiques sont violemment athées, mais l'athéisme n'est ni étayé ni fondé par la science ». Autre Nobel, l'évolutionniste Joshua Lederberg dit : « Rien ne vient infirmer le divin. Il est incontestable que la quête scientifique est mue par un ressort religieux ». Le physicien John Polkinghorne a été ordonné prêtre anglican. Pour lui : « Dieu peut agir par des voies subtiles inaccessibles à la physique »40.
Pour autant les statistiques montrent que l'incroyance est plus répandue chez les scientifiques que dans le reste de la population. En 1916 le psychologue James Leuba estimait que 40% des scientifiques américains croyaient en l'existence d'un Dieu personnel et 50% à l'immortalité41. La proportion était restée stable en 1997 selon La Recherche42, qui se fonde sur les études de deux chercheurs américains. Seuls 7% des scientifiques américains élus à la National Academy of Sciences, en 1998, étaient croyants, 20% étaient agnostiques et le reste pourrait être qualifié d'athée selon la revue Nature43. Il y a donc beaucoup moins de croyants chez les scientifiques que dans la population générale américaine, dans laquelle 76,5 % se disent croyants et 7,1 % se déclarent athées ou agnostiques44.
En France, la proportion est semblable chez les scientifiques si l'on en croit une étude menée en 1989 auprès des responsables des unités de recherche en sciences exactes du CNRS. 110 chercheurs se disent croyants, 106 incroyants et 23 agnostiques. 70 % d'entre eux pensent que la science ne pourra jamais exclure ou prouver l'existence de Dieu. Cependant, le Dieu dont ils parlent est très éloigné du Dieu des évangiles, et les scientifiques se sentent très mal à l'aise dans un culte qui continue de prêter à Dieu des sentiments humains, toujours selon cette même étude45.

Athéisme philosophique

Pensée antique

Selon Histoire de l'Athéisme46, de Georges Minois, les présocratiques avaient une propension à l'athéisme. En effet pour Héraclite « le monde n'a été fait ni par un ni par des dieux, ni par des hommes ; il a toujours été, il est, et il sera »46. Selon Claude Tesmontant, Parménide, qui assimile l'être absolu au monde, "est le père du matérialisme et des matérialistes, puisqu'il professe que le monde physique est l'absolu"46. Quant aux atomistes, tel Leucippe, son disciple Démocrite et plus tard Épicure, ils considéraient que les dieux existaient, mais qu'ils étaient fait d'atomes du même type que ceux qui constituent le monde et les humains. Les dieux ne se souciaient pas des hommes et les hommes n'avaient pas à se soucier d'eux ni à les craindre. Démocrite associe même la croyance religieuse à un phénomène psychologique provoqué par des illusions, phénomène qu'il faut démythifier. Donc soit les dieux sont confondus avec la nature (panthéisme), soit ils n'ont pas de pouvoir particuliers, ne sont pas à l'origine du monde et ne s'occupent pas des hommes. Beaucoup de philosophes pensent que ces présocratiques n'étaient donc pas à proprement parler athées, mais panthéistes. Toutefois l'absence totale d'un projet divin concernant l'homme et le monde détournent ces philosophes du sentiment religieux et de l'existence des Dieux tels qu'on se les représente dans la religion, et donc ces doctrines peuvent être taxées d'athéisme : « une sorte de consensus paraît réalisé chez les philosophes autour du panthéisme, dont certains aspects pourraient même être qualifiés d'athéisme, tant les dieux sont devenus insignifiants »46.

L'athéisme dans la pensée moderne

À quelques nuances près, la réflexion philosophique occidentale tend en général à naturaliser le divin, à le ramener dans le monde, comme chez Spinoza, pour lequel Dieu est un synonyme de la Nature (« Deus sive Natura », Éthique, Livre IV). Il existe un débat entre panthéisme et athéisme. Chez certains, le panthéisme est en réalité un athéisme déguisé lorsque le Dieu identifié à la nature n'a ni projet ni intentionnalité47. Ce panthéisme prépare ainsi la voie à un athéisme philosophique (Sade, Schopenhauer, Nietzsche). Il trouve aussi son origine chez les présocratiques, notamment les atomistes, et s'appuie de plus sur des arguments variés relatifs au relativisme, du rationalisme, du nihilisme, et même de la morale [expliquer]. L'athéisme refuse de postuler l'existence d'entités dont l'existence n'est ni prouvée ni observable, et souligne également l'immoralité éventuelle de cette existence (« La seule excuse de Dieu, c'est qu'il n'existe pas »48, citation que Prosper Mérimée attribua à Stendhal). Nietzsche reprendra la phrase dans Ecce Homo (Pourquoi je suis si avisé, § 3) en regrettant que Stendhal en ait eu l'idée avant lui49. Il n'existe pas d'arguments rationnels valables pour soutenir la croyance en l'existence d'un dieu quelconque, qu'il soit conçu par l'homme (anthropomorphique) ou qu'il soit une abstraction métaphysique.
À partir de l’Humanisme puis des Lumières, qui s'inspirent de l'Antiquité gréco-romaine, et jusqu’à aujourd'hui, plusieurs philosophes parvinrent à disserter avec liberté sur l'hypothèse de l'existence de Dieu ou des dieux, soit pour la remettre entièrement en cause, soit pour la reformuler. L'œuvre de Spinoza constitue l'une des critiques les plus remarquables du phénomène religieux50.
L'affaire Galilée est sans doute l'une des sources, si ce n'est la principale, de l'athéisme philosophique du XVIIe siècle et des siècles suivants, car elle remit en cause les fondements et la classification des connaissances posés par la scolastique au XIIIe siècleN 2.
En 1926, André Lalande écrit, dans son Vocabulaire technique et critique de la philosophie : « ce terme nous paraît donc comporter qu'une valeur historique à déterminer dans chaque cas particulier, plutôt qu'une signification théorique définie ; ce qui, pour l'un, est affirmation de la divinité, peut être athéisme pour l'autre. Il convient donc mieux aux polémiques religieuses qu'à la discussion philosophique, d'où il tend d'ailleurs à disparaître51. »
L'athéisme philosophique peut aller d'une critique radicale de la religion jusqu’à une attitude de recherche ou d'interrogation constructive sur l'existence de Dieu, ce qui fait partie de la légitime spéculation philosophique. Le Dictionnaire de l'Académie française (8e (1932) et 9e éditions) définit d'ailleurs seulement l'athéisme comme une « doctrine philosophique qui nie l'existence de Dieu ».
Dans le Drame de l'humanisme athée (1944, réédité en 1998), Henri de Lubac identifie quatre philosophes qui, selon lui, ont nié le plus radicalement l'existence de Dieu au cours du XIXe siècle : Auguste Comte, avec sa philosophie et sa religion positivistes, dont la loi des trois états conduit à un monde sans religion, et même sans métaphysique ; Ludwig Feuerbach, « L'homme créa Dieu à son image »52, Dieu comme projection des désirs de l’homme ; Karl Marx, qui conçoit toutes les croyances religieuses comme « opium du peuple » ; et Friedrich Nietzsche, avec ses concepts d'esprit libre, de surhomme et de volonté de puissance.

Athéisme spirituel

Le spiritualisme et l'athéisme ne sont pas forcément opposés. En effet, les systèmes athées peuvent ne mettre en cause que le caractère transcendant du spirituel, et le conserver sous d'autres formes immanentes. L'athéisme n'empêche pas la croyance en d'autres formes de pensée abstraite ou d'émotions mystiquesN 3. Ainsi, des religions, tel le bouddhisme, dont les dogmes53 ne font pas intervenir la notion de divinité, peuvent, dans une certaine mesure, être considérées comme athées. Le philosophe français André Comte-Sponville a écrit un essai intitulé L'Esprit de l'Athéisme, introduction à une spiritualité sans Dieu, dans lequel il décrit les possibilités pour un athée de vivre une spiritualité sans notion de divinité.

Histoire

Article principal : Histoire de l'athéisme.
Selon Michel Onfray, philosophe et fondateur de l'université populaire de Caen, « Il n'y a pas d'athéisme au sens contemporain du terme avant le XVIIIe siècle »N 4 pour cause légale et sociale. Plus avant dans sa conférence d'introduction, il expose que les philosophes antiques que nous nommons aujourd'hui « athées » présentent en fait plusieurs variantes de scepticisme54. Pour d'autres historiens, remettant en cause les conclusions de Lucien Febvre, « les plus vieilles civilisations ont connu une part d'athéisme »55.
Aux temps préhistoriques (qui représentent une durée largement supérieure à celle de l'histoire), l'absence de trace écrite rend aléatoire toute supputation sur la nature des éventuelles préoccupations métaphysiques des hommes, et sur la pertinence d'une transposition des notions modernes de croyance religieuse et d'athéisme.
L'anthropologie, l'ethnographie et plus généralement toutes les sciences de l'Homme exposent, à la plupart des époques connues, l'association systématique de concepts religieux extrêmement variés dans la naissance de toutes les sociétés examinées ; le principe religieux et le principe politique ne font alors qu'un56. À l'inverse, l'athéisme, qui suppose d'abord une critique, puis éventuellement un rejet de ces concepts religieux, émerge au fil des siècles, dès que ce système religieux ne rend plus compte de la société qui l'a secrété. Pour l'Occident, d'après Michel Onfray, c'est au XVIIIe siècle57.

À l'origine de l'humanité

Premières études

À la fin du XIXe siècle, déterminer si les hommes primitifs de l'humanité originelle étaient croyants ou athées étaient un enjeu politique en Europe car l'athéisme se développait et contestait la place de la religion dans tous les domaines de la société, et la légitimité semblait aller à l'attitude (théiste ou athéiste) la plus ancienne chez l'humain. Les modèles d'hommes primitifs étant les peuples non-européens d'Océanie, Mélanésie, d'Amérique du Sud, Polynésie, les Malgaches, les Aborigènes, etc ; ce qui apparait, rétrospectivement, comme très contestable55.
Ainsi, en 1870, John Lubbock affirme-t-il, après avoir étudié de tels peuples, que l'humanité originelle était athée, qu'elle n'avait aucune idée d'un monde divin. Il décrit également une évolution de l'homme primitif passant par des phases telles que le fétichisme, le totémisme, etc. Lubbock cite également des peuples entièrement athées (Cafres, Mélanésiens, Yagans, Aruntas)55. Dès l'année suivante, Edward Tylor contesta ce travail en montrant que l'idée d'absence de Dieu chez les primitifs était dû à l'inadéquation du concept occidental de croyance pour décrire les croyances primitives : celles-ci seraient plutôt des conceptions surhumaines ou extra-humaines de la réalité55. Se succèdent ensuite des études d'auteurs divers (Herbert Spencer, Alfred William Howitt, Andrew Land, Wilhelm Schmidt, etc) décrivant en détails les cultes mais concluant souvent qu'un dieu monothéiste originel se retrouve chez nombre de peuples primitifs, quelques autres auteurs concluant à l'inverse à l'absence de sentiments religieux55. Mais émergent aussi quelques études décrivant les croyances primitives par le « mana », décrit par Robert Henry Codrington (en) comme une « puissance ou influence surnaturelle qui entre en jeu pour effectuer tout ce qui est au-delà du pouvoir ordinaire de l'homme, en dehors du processus commun de la nature », dont la définition sera remaniée ensuite55.
En 1912, Émile Durkheim se saisit du débat sur les formes élémentaires de la vie religieuse (titre de son livre). Décrivant la religion comme centrée sur le totem, les rites et les tabous, il la considère comme un miroir de la société : « si la religion a engendré tout ce qu'il y a d'essentiel dans la société, c'est que l'idée de société est l'âme de la religion ». Pour Durkheim, toutes les catégories fondamentales de la pensée sont d'origine religieuse, et sont présentes dans les religions des peuples les plus primitifs, donc à l'origine de l'humanité. Le culte étant autant social que religieux, il n'y a aucune place pour l'athéisme chez un peuple primitif. Durkheim s'accorde ainsi avec le majorité des ethnologues et sociologues de son époque, sans pour autant expliciter la distinction entre les croyances religieuses contemporaines et les croyances primitives, voire originelles55.

Le mana

Le mana serait largement répandu chez les peuples primitifs, et constituerait une étape incontournable dans l'évolution des croyances humaines55.
Décelé dès 1891 par Robert Henry Codrington (en) chez les mélanésiens, son intérêt est surtout mis en avant par Lehmann en 1915 qui voit le mana présent chez nombre de peuples et sous d'autres noms, et qu'il décrit comme une sorte d'objectivation de la crainte à l'égard de l'objet, ou de l'être, comme si les objets étaient chargés d'intentions, sans notion de divin ou de sacré, une sorte de pré-animisme. D'après Georges Gusdorf, « le mana est immanent à l'existence dans sa spontanéité, mais il peut se rencontrer aussi bien du côté du sujet que du côté de l'objet. [...] l'intention mana ne désigne pas particulièrement une situation proprement religieuse : elle indique une certaine polarisation de l'existence dans son ensemble, en dehors de toute référence à des dieux ou même des esprits, si imprécis qu'ils soient. »55. D'après Lehmann, du mana découleraient la magie et la religion suivant que le pouvoir est attribué à l'objet lui-même ou à un esprit qui dirige l'objet. Cette racine commune à la magie et à la religion est également reprise par Henri Bergson et Claude Levi-Strauss. Si la magie est rapprochée de l'athéisme, on peut considérer qu'athéisme et religiosité ont leur racine commune dans le mana55.

Les mythes

L'importance des mythes aux origines des religions est reconnue. L'homme primitif est immergé dans une réalité mythique, vivant ainsi dans le sacré, sans le conceptualiser, sans distinction entre profane et divin, mais il peut réagir négativement vis-à-vis du mythe. Toutefois, il n'y a pas de distinction entre religion et athéisme à ce stade car il n'y a pas de distinction entre un monde humain et un monde divin, de même qu'il n'existe pas de mana détaché des objets, événements ou êtres comme le précise Mircea Eliade55.
L'attitude religieuse nait de la conceptualisation du mythe, de son organisation par un discours cohérent distinguant le sacré du profane. Le mythe devient représenté, joué, pensé, le monde divin prend son autonomie et sa transcendance, et peut être alors rejeté, au moins en partie, dans la pratique du culte ou dans la pensée55.

Les plus anciens athéismes

Il semble que l'on puisse identifier des athées en Inde 2500 ans avant Jésus Christ. De manière plus certaine, toujours en Inde et à partir du IVe siècle av. J.-C., les philosophies Vaisheshika et Sâmkhya sont qualifiables d'athées, et on en retrouve des adeptes jusqu'aux temps modernes55.
Depuis l'antiquité, en Chine, la majorité de la population a des attitudes, des pratiques et des religions syncrétiques sans dieu, divinité ni miracle, dont le confucianisme qui peut être qualifié à lui seul de « kaléidoscope athéico-religieux »55.

Dans l'Antiquité

En Grèce

Socrate est accusé d'impiété.
Dans la Grèce antique, un atheos est une personne ne croyant pas aux dieux traditionnels, elle peut donc être croyante envers d'autres dieux, ou superstitieuse. L'incroyance et la croyance sont mêlées dans les multiples courants philosophiques qui se développent7.
D'après Georges Minois, l'évolution de la religiosité dans l'antiquité grecque peut se décrire par trois époques :
  • Avant le Ve siècle av. J.-C., une grande liberté de penser et d'expression est admise à Athènes. La religion officielle d’Athènes, pleine de dieux mythiques présents au quotidien par les oracles et le clergé des temples, est accompagnée de superstitions et de pratiques magiques. Les philosophes donnent souvent des explications matérialistes du monde qui serait constitué d'une matière unique (l'apeiron, le feu, la terre, les atomes, ou plusieurs éléments, suivant les auteurs) incréée et éternelle, dotée souvent d'une capacité d'organisation ou de vie, ce qui les rapproche d'un panthéisme, mais aussi, pour certains d'un athéisme tant la conception du monde peut être dégagée de tout Être. Les dieux du Panthéon sont relégués au rang de croyances populaires, de croyances nécessaires à l'ordre moral ou social, de simulacres explicables7.
  • À Athènes, à partir de 432 av. J.-C., et durant environ un siècle, le décret de Diopeithès permet des poursuites envers les impies, ceux qui ne croient pas aux dieux reconnus par l’État, mais cela ne freinera pas la multiplication des philosophies matérialistes, toujours panthéistes. Des accusations d'impiétés s’abattent sur des philosophes, qui sont condamnés à l'exil, la prison ou la mort. Anaxagore de Clazomènes, Protagoras, Socrate entre autres en sont victimes. Platon répertorie trois sortes d'incroyants : ceux qui ne croient pas du tout à l'existence des dieux, ceux qui croient que les dieux sont indifférents aux affaires humaines, et ceux qui croient pouvoir leur faire changer d'avis par leurs prières et leurs sacrifices. Platon, dans son texte Les Lois, est favorable aux condamnations des impies, les considérant comme immoraux, incapables de « dominer leur jouissance et leurs passions », mais aussi incapables d'accéder au monde des idées, propre à la vision platonicienne du monde7.
  • Du IVe au IIIe siècle av. J.-C., le culte officiel s'affaiblit dans les pratiques de tous, même chez le petit peuple, le doute et l'indifférence progressent, et les promesses d'immortalité disparaissent sur les pierres tombales. Un panthéisme stoïcien (qualifié de « religiosité sans dieu » par Maria Daraki) se fait jour, mais aussi un athéisme pratique, voire théorique, et des cultes divers fleurissent (cultes du mystère, de la magie, de la sorcellerie). Des souverains divinisés font leur apparition (Démétrios et son épouse). Les dieux sont expliqués par les sophistes, en particulier par Évhémère qui les considère comme d'anciens hommes célèbres divinisés après leur mort, ou de leur vivant, suivant les versions. Le panthéisme stoïcien sacralise l'homme, surtout le sage qui, par sa personne, rend conscience la volonté de la nature, le Grand Tout ; ce qui serait assimilable à une forme d'athéisme. Plus athéiste encore, l'épicurisme trouverait son origine dans un rejet de la crainte qu'inspirent les dieux, et serait la première tentative de fonder une morale athée à partir de la recherche du bonheur individuel terrestre (d'autant que l'âme est mortelle comme le corps) que l'on trouve dans l'ataraxie, plus proche de l'ascétisme que du divertissement7.

À Rome

Le monde romain, une fois maître de la Grèce, reprendra de nombreuses notions à la fois des cultes et des philosophes grecs, ce qui ne l'aidera pas à affermir ses convictions religieuses qui avaient déjà commencé à être livrées aux doutes et aux critiques. Diogène[Lequel ?] se moque des dieux, mais penche vers le panthéisme, Bion de Borysthène prêche l'athéisme, Carnéade démontre l'impossibilité de prouver l'existence de dieu, etc. La religion officielle décline aux yeux de tous, les religions, superstitions et philosophies d'origines diverses prolifèrent, le scepticisme trouve de nombreux adeptes, dont Cicéron. Dans cette ambiance de relativisme religieux, c'est une sorte de marché de la croyance qui s'offre à chacun. Le Christianisme a longtemps été considéré comme une secte parmi d'autres, et même comme « athée » par les philosophes car donnant une « image dégradante des dieux ». Car telle est la notion d'athéisme à ce moment : « Si, en premier lieu , athéisme signifie négation directe de Dieu, il consiste d'abord et surtout dans le fait d'admettre une notion de Dieu qui l'annule en tant que Dieu et l'abaisse en face de sa majesté. » écrit Cornelio Fabro à propos de cette période. Au premier siècle, la doctrine chrétienne dont le Dieu, tout puissant, descend au rang d'homme, par son fils qu'il laisse agonir et capable de résurrection d'entre les morts, est alors considérée comme athée. La situation se retournera quand l'Empire, voulant s'appuyer sur une religion pour s'assurer la soumission au pouvoir, désignera le Christianisme comme religion officielle7, en 381 : l'hérésie envers cette religion officielle devient passible de condamnation70.

Chez les Hébreux

Chez les Hébreux, ceux pour qui « il n'y a pas de Dieu » (psaume 14,1 de la Bible) sont des sceptiques pour lesquels Dieu est indifférent ou impuissant à châtier les coupables, et si l'athéisme est un « concept inconnu de la langue hébraïque », il est possible qu'il y ait eu un athéisme pratique à l'exemple de Qohélet pour qui Dieu est lointain et laisse prospérer l'injustice, appelant à profiter pleinement de la vie terrestre car « il n'y a ni œuvre, ni bilan, ni savoir, ni sagesse dans le séjour des morts où tu t'en iras »55.

Au Moyen Âge

Du Moyen Âge, reste un seul type de sources d'informations : des écrits de religieux catholiques. Dans leur écrasante majorité ces auteurs dissertent sur Dieu, ses attributs, la connaissance du monde, la scolastique, des opinions d'autres auteurs, etc. C'est par les descriptions faites par d'autres auteurs que sont un peu connus des livres disparus car brulés par l’Église. Mais dans tous les cas, les livres rendent très peu compte des opinions critiques des populations rurales et urbaines, les historiens doivent les déduire des condamnations (verbales, au moins) des impiétés, parfois à partir de traités d’évêques au sujet des excommuniés ou d'enquêtes d'inquisiteurs71.
« Dans la chrétienté de la fin du XVe siècle, des franges non négligeables de la société vivent implicitement un athéisme latent, théorique ou pratique », affirme Georges Minois71.

Chez les lettrés

Les lettrés du monde arabo-musulman sont ouverts plus tôt que ceux de la chrétienté à la science et aux philosophes de l'antiquité, dont le rationnel Aristote, et chez eux une incrédulité se fait jour. Selon l'historien Georges Minois, les philosophes Ibn Tufayl, Averroès, Avicenne, puis Maïmonide, les averroïstes latins Siger de Brabant et Boèce de Dacie, enfin l'averroïste juif Isaac Albalag, élaborent des doctrines proches de celle qui sera appelée « la double vérité » dans le monde chrétien : ce qui est vrai pour la raison ne l'est pas toujours pour la foi, sans remise en cause de la foi. Georges Minois s'oppose en affirmant cela à la plupart des historiens de la philosophie médiévale qui ont donné un certain nombre d'arguments visant à réfuter l'existence d'une doctrine telle que celle de la double vérité. Il écrit en effet que « Quelles que soient les subtilités déployées par les théologiens et les commentateurs pour le nier, il y a bien affirmation d'une double vérité, affirmation inacceptable pour les autorités religieuses »72. Des poètes arabes épicuriens, les Zindigs (en), décrivent le prophète Mohamed comme un simple sage, au Xe siècle des conférences à Bagdad (ou Barcelone, en 1263) rassemblent des musulmans, des juifs et des chrétiens pour débattre de leurs opinions « avec des arguments tirés de la raison humaine »71.
Cependant, les médiévistes et spécialistes de l'averroïsme Ferdinand Sassen73, Étienne Gilson74, Pierre Michaud-Quentin75, David Piché76, Luca Bianchi77 et Ali Benmakhlouf78 soutiennent que la doctrine de la double vérité est un mythe et n'a jamais été défendue par un auteur que ce soit. C'est une accusation portée contre les averroïstes latins par l'évêque Étienne Tempier en 1270 puis 1277, pour discréditer les « artiens » (théologiens de la faculté des Arts) Siger de Brabant et Boèce de Dacie. Ali Benmakhlouf montre au contraire que pour Averroès, « la vérité ne saurait contredire la vérité, elle s'accorde avec elle et témoigne en sa faveur ». Les averroïstes sont des admirateurs d'Aristote qu'ils placent au-dessus des autres philosophes et en cela, il est contestable de leur attribuer une doctrine qui viole ouvertement le principe de non-contradiction théorisé par leur maître grec.
Entre les XIe et XIIIe siècles, inspirés par l'exemple des averroïstes, et par ceux de l'Antiquité, en particulier par Aristote, des lettrés chrétiens appliquent la raison à toute chose, y compris à des notions considérées comme des dogmes religieux, s'obligeant ainsi à élaborer une prétendue pratique de « la double vérité ». C'est une appellation inventée par Thomas d'Aquin pour désigner cette méthode condamnable à ses yeux, et qu'il dénoncera chez Siger de Brabant, qui sera alors reconnu comme hérétique puis prisonnier à la cour pontificale d'Orvieto, où il finira assassiné. Plus de deux cent thèses de l'université de Paris seront censurées pour la même raison. Dieu n'est pas remis en question par les lettrés universitaires, dans cette période, mais il peut être « délibérément mis de côté par les uns, assujetti à la raison par les autres »71.
Au XIIIe siècle, l'Empereur Frédéric II, et, dans une moindre mesure, le roi Alphonse X de Castille, entretenaient dans leurs cours des lettrés développant des thèses rationnelles mettant en doute toutes les croyances, ne rejetant a priori aucune source d'information. En 1239, le pape Grégoire IX dira de Frédéric II « nous avons des preuves contre sa foi », et la légende le dépeindra comme un athée. D'autres seigneurs locaux manifestent aussi une grande liberté de parole envers les dogmes de la religion, chrétienne ou autre. Les lettrés rationalistes les plus audacieux de cette époque traitent les prophètes monothéistes de menteurs, sous couvert de vouloir faire une étude d'école de cette affirmation ; quelques autres s'approchent d'un naturalisme athée, sans l'atteindre71.
Finalement, aux yeux des lecteurs des XXe et XXIe siècles, le principal indice d'une pensée athée se trouve chez les penseurs fervents catholiques : entre les XIe et XIIIe siècles, l'obsession de vouloir prouver l'existence de Dieu, par les raisonnements de la scolastique et de la théologie spéculative montre bien la difficulté de trouver ce Dieu, et est surtout un acte de foi en la raison ; puis l'approche apophatique, notamment à partir de Guillaume d'Ockham, mettant Dieu hors d'atteinte de toute raison, de toute rationalité, arrivant à le décrire comme « quelque chose de tout à fait transcendant, [...] un surétant non-être », le met hors du monde, de toute existence, et se rapproche involontairement de l'athéisme, tout en faisant de la rencontre avec Dieu un acte mystique71.

Chez le peuple

De nombreuses fêtes chrétiennes ont été placées à des dates d'anciennes fêtes païennes, la chrétienté travaille durant des siècles à intégrer des rites et mythes païens aux rites chrétiens (les différents saints permettant de créer des mythes chrétiens intégrant des mythes païens), dont des pratiques magiques et superstitieuses, ce syncrétisme ayant pour but d'intégrer progressivement les populations à la pratique chrétienne. Même si à partir du XIIIe siècle une rationalisation de la croyance est imposée, certains rites ont eu des adeptes jusqu'au XVe siècle. Des fêtes populaires sont organisées (fête des fous, fête de l'âne, charivari), certaines où l'on parodie la religion, les religieux et les autorités, certaines qui fêtent le rythme de la nature qui s'impose à tous, paysans ou citadins (fête de la Saint-Jean, Toussaint, ...). Ces rites et croyances coexistants avec le catholicisme ne sont nullement des athéismes, mais sont des illustrations du fait que la religion chrétienne n'avait pas tous pouvoirs sur les esprits populaires et a dû s'adapter aux contextes des populations. Les jugements portés à l'époque, sur les déviances par rapport à la religion, révèlent surtout les variations des dogmes de l’Église médiévale (période plus moins syncrétique, théocratique d'Innocent III, conciliaire, etc). À partir du début du XIVe siècle, la recherche par l'Église d'une séparation du sacré et du profane permet des occasions de mises par écrit de témoignages d'incroyances dans les populations d'Europe71.
Dans leurs prêches aux populations, des prédicateurs s'inquiètent des « sceptiques, fortes têtes et raisonneurs » dans les paroisses, voire de ceux qui « singent la croyance » sans avoir « goutte de foi ». Les tribunaux ecclésiastiques ont découvert une grande variété de scepticismes populaires, et de nombreux clercs et laïcs de cette époque y ont confessé un athéisme, sans qu'il y ait de système athée cohérent. De nombreux témoignages relégués dans la littérature de cette époque donnent des exemples de propos d'incroyances envers le Christ et les autres religions monothéistes71.
Au début du XIVe siècle, l'enquête menée par un inquisiteur dans le village de Montaillou montre que nombre de villageois avaient des opinions naturalistes et matérialistes, qualifiés parfois de « spinozisme sauvage » par Emmanuel Le Roy Ladurie, certains manifestant « un véritable refus du miracle ; une volonté d'évacuer Dieu du monde matériel » digne de Guillaume d'Ockham. D'autres témoignages venant d'autres lieux et sources vont dans le même sens, dont des traités de religieux cherchant à dénombrer les excommuniés de longue date dans des diocèses (plusieurs dizaines de milliers en tout, semble-t-il) et les décrivant comme refusant ou méprisant la religion, parfois sans qu'il soit possible de connaître leur nom pour les traduire devant l'Inquisition car les curés sont menacés par les familles des intéressés71.

À la Renaissance

François Rabelais, humaniste français du XVIe siècle.
La période de la Renaissance est une rencontre de plusieurs changements profonds : la Réforme protestante suivie des guerres de religions, la découverte du nouveau monde, la création de l'imprimerie, la naissance de l'humanisme. Le mot français athée est inventé par des lettrés, vers 1550, à partir du mot grec atheos et du mot latin : si son sens est précis, en référence aux auteurs antiques qui ne croyaient en nul dieu, il est très facilement utilisé comme une injure par nombre d'auteurs pour disqualifier un adversaire religieux79.
Le contexte du XVIe siècle est favorable à l'incrédulité ; les cas d'« irrespects » vis-à-vis de l’Église se multiplient, et pas seulement de la part des protestants ; des « blasphèmes » et « sacrilèges » sont portés en nombre devant les tribunaux civils et ecclésiastiques. L'inquisition condamne pour « indifférentialisme » (mettre à égalités les différentes religions monothéistes). L'athéisme, l'hérésie, la sorcellerie, l'adoration ou la négation de l'existence du diable, voire la sodomie, sont invoqués simultanément dans les jugements, et les religieux leur trouvent des liens. L'athéisme, qui ne pouvait être que latent au Moyen-âge, devient conscient, mais reste inavouable sous peine de mort, et n'est pas exprimé sous forme d'exposé construit, seulement sous forme de contestation, d'opposition, de questions, voire d'expression d'une révolte ; « pour le dépister, nous ne disposons donc que de témoignages hostiles et d'écrits pleins de sous-entendus et de déguisements », affirme Georges Minois79.

Désaccords entre historiens

Au début du XXe siècle, plusieurs historiens se sont posé la question de savoir si Rabelais était un sceptique, un agnostique ou un athée camouflant ses convictions, en tenant compte du fait que son Gargantua a été censuré dès 1542 par les autorités religieuses. En 1942, Lucien Febvre publie Le problème de l'incroyance au XVIe siècle dans lequel il semble régler le problème : Rabelais était un croyant, soupçonné au plus d'être un réformé par les catholiques, et le terme athée était alors une grossièreté signifiant qu'il n'avait pas la bonne foi aux yeux de ses accusateurs (ne pas croire de la bonne manière en Dieu, c'est ne pas croire en Dieu), accusation classique à l'époque, entre catholiques et réformés. Lucien Febvre souligne que le sens des mots change suivant les époques et ajoute que les termes désignant une incroyance au sens moderne ont été construits à partir du XVIIe siècle. Aux yeux de l'historien, les hommes de ce temps gardaient une confiance inébranlable dans les Écritures. Bref, parler d'un athéisme au XVIe siècle, c'est faire un anachronisme79. Il est donc question que d'« incroyance » pour désigner toute forme de dissidence face à la religion d'après Lucien Febvre80.
D'après Georges Minois, les travaux récents en histoire amènent à nuancer fortement ce point de vue, et c'est ce qu'aurait fait la majorité des historiens depuis les années 198079.

Témoignages hostiles

Avant 1570, quelques auteurs, dont les protestants Jean Calvin, Pierre Viret, Jean Sleidan, décrivent les athées comme une secte de sans dieu, révoltés ou ironiques, posant des questions de cohérence de Dieu et ses actes, disant « Dieu ne se voit point, donc il n'y a point de Dieu », parfois ayant suivi une progression jusqu'au matérialisme sous la suggestion de Satan, ne finissant plus qu'à croire les sens et la chair, et mourant épouvantés devant la mort. Certains rapportent leurs propos : la foi en Dieu a été inventée pour tenir « le peuple en devoir », « il n'y a nul Dieu, d'autant que s'il y avait quelque Dieu, il ne se pourrait qu'il endure une si grande iniquité », le paradis et l'enfer sont dignes des « menaces qu'on fait aux petits enfants », etc. Le phénomène, bien distingué de ceux des naturalistes, des déistes et autres théistes, et parfois attribué à la mauvaise influence des auteurs antiques, est remarqué en France, Suisse, Allemagne, et surtout en Italie, et semble se propager81.
Après 1570, le nombre de témoignages sur l'existence d'athées est en continuelle augmentation, sans qu'il soit possible d'en connaître précisément la raison. Les athées sont décrits moins comme étant des révoltés et plus comme affichant un conformisme de façade tout en exprimant leurs contestations ouvertement entre eux, « dans leur confrérie ». Les chrétiens les décrivant incriminent toujours les auteurs antiques matérialistes, parfois les « romans licencieux ou stupides » comme Tristan et Iseut, Amadis, Perceforest, parfois les textes de Machiavel, les voyages en pays étrangers, les conflits religieux qui ouvrent la porte aux doutes, au relativisme religieux et à l'athéisme. Sont repérés plusieurs types de contestataires : ceux qui évoluent dans une cour royale, et se moquent ouvertement des croyances ; ceux qui sont des intellectuels, et qui ne s'expriment qu'en discrétion ; les soudards de l'armée, qui pratiquent la « débauche » et la violence ; ceux qui sont issus du peuple et sont emprunts de superstitions les plus diverses. Les arguments des athées sont toujours similaires, s'appuyant sur les auteurs antiques et des critiques rationnelles, considérant que la religion est destinée « aux simples et aux sots », voire qu'elle est nécessaire pour tenir le peuple dans un comportement moral, le problème du mal (« comment Dieu peut-il permettre que le mal existe ? ») ayant une grande résonance en cette période de guerres religieuses81.

Condamnations et aveux

Dans tous les pays d'Europe est remarquée la présence d'athées, et, surtout à partir de 1570, pouvoirs civils et religieux s'inquiètent et répriment ce mouvement, ainsi que le scepticisme religieux. En 1585 le concile d'Aix demande que les athées soient recherchés et punis, des déclarations royales précisent les peines à infliger en cas d'impiétés, allant de l'amende à des « punitions exemplaires et extraordinaires » en cas de récidives. L'Inquisition espagnole punissait l'hérésie jusqu'en 1594, ensuite elle pourchasse aussi l'incroyance et le scepticisme, introduisant le délit du doute sur l'existence du paradis et de l'enfer, celui d'affirmer que seuls sont réels la naissance et la mort (ce qui est équivalent à l'affirmation précédente), d'affirmer « l'âme de l'homme n'est qu'un souffle », que « le sang est l'âme ». L'Inquisition espagnole et italienne surveillent les livres présents chez les libraires et les imprimeurs, en exigeant leur liste exhaustive : des milliers de livres sont confisqués et des libraires subissent des procès pour avoir mis en vente des livres mis à l'Index par l’Église. En Angleterre, les tribunaux anglicans notent de nombreuses déclarations de personnes du peuple relevant d'opinions athéistes, et amenant certaines à être brulées vives : le Nouveau testament ne serait « que stupidités, des histoires humaines, ou plutôt une simple fable », « il n'y a pas de Dieu et il n'y a pas d'âme à sauver », « je crois qu'il n'y a ni dieu ni diable, et je ne crois que ce que je vois ». Des sectes anglaises mettent en doute tel ou tel point de la doctrine chrétienne, et de nombreux puritains anglicans avouent parfois avoir été tentés par l'incroyance, certaines personnalités connues sont des mécréants notoires. En Angleterre, certains auteurs de cette époque considèrent que près d'un tiers de la population est athée81.

Réponses de religieux

Des religieux s'appliquent à publier des textes en réponses aux « athées, épicuriens, païens, juifs, mahumedistes et autres infidèles », dont le protestant Philippe Duplessis-Mornay, et le catholique Guy Le Fèvre de La Boderie qui consacrent des livres ou des chapitres entiers aux arguments des athées, parlant d'« athéisme brutal », d'« erreur et stupidité des athées », d'individus « voluptueux et dépravés ». Face au problème du mal, Duplessis-Mornay parle d'« un murmure presque universel » et a pour réponse la soumission au mystère. Ces auteurs rapportent nombres de propos d'athées qui se révèlent alors être des interrogations, des révoltes de l'esprit face à des croyances rationnellement insatisfaisantes. Pierre Charron dans son traité « Les trois Veritez » trouve trois sortes d'athéismes : ceux qui croient en un vague dieu impuissant et nonchalant, les sceptiques qui refusent de se prononcer, et ceux qui déclarent qu'il « n'y avoir point du tout de dieu ». Ces derniers reçoivent une sorte d'hommage de l'auteur en leur attribuant « une âme extrêmement forte et hardie » pour avoir une telle opinion dans un monde qui leur est hostile. Dans ce livre, Charron est ambigu dans ses arguments et semble verser vers l'opinion que la religion est irrationnelle et que la raison devrait être notre seul guide82.

Entre les XVIIe et XIXe siècles

Paul Henri Thiry d'Holbach, dit le baron d'Holbach, symbole de l'athéisme au XVIIIe siècle.
La Renaissance et la Réforme permettent d'assister à une résurgence de la ferveur religieuse, comme en témoignent la prolifération de nouveaux ordres religieux, de confréries, les dévotions populaires dans le monde catholique, et l'apparition de sectes protestantes calvinistes. Cette époque de rivalité interconfessionnelle permit un élargissement des sujets théologiques et l'ouverture aux raisonnements philosophiques, dont la majeure partie sera plus tard utilisée pour promouvoir une vision sceptique du monde religieux. La critique du christianisme est devenue de plus en plus fréquente au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier en France et en Angleterre, avec un « malaise religieux », selon les sources, telles que certains penseurs protestants comme Thomas Hobbes. Ce dernier adopte une philosophie matérialiste et sceptique envers les évènements surnaturels. À la fin du XVIIe siècle, le déisme est ouvertement adopté par les intellectuels, tels que John Toland, et pratiquement tous les philosophes du XVIIIe siècle, en France et en Angleterre.
Le premier athée connu ayant ouvertement rejeté le déisme de couverture, pour nier l'existence de dieu, était l'allemand Matthias Knutzen85, qui devance par ses écrits athées de l'an 1674 le prochain auteur athée Jean Meslier, un abbé français, de plus que 50 ans. Knutzen et Meslier ont été suivis par d'autres penseurs ouvertement athées, comme le baron d'Holbach, qui se manifeste à la fin du XVIIIe siècle, au moment où exprimer l'incrédulité en Dieu est devenu une position moins dangereuse86.
La Révolution française fit sortir l'athéisme des cercles intellectuels et le fit entrer dans la sphère publique. Beaucoup de mesures séculaires ont alors intégré la législation française à cette époque. Certains révolutionnaires de l'époque ont aussi tenté de déchristianiser la France, en promouvant à la fois le déisme (notamment Robespierre et son Culte de l'Être suprême) et l'athéisme (Culte de la Raison). Sous l'ère napoléonienne, la sécularisation de la société française a été institutionnalisée. Enfin, dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'athéisme prend de l'ampleur sous l'influence de philosophes, à la fois philosophes rationalistes et libres penseurs. Beaucoup de philosophes allemands de cette période ont convaincu de l'absence de dieux et étaient critiques envers la religion ; parmi les plus célèbres Arthur Schopenhauer, Karl Marx, Gerhart Hauptmann ou encore Friedrich Nietzsche87.
L'athéisme s'exprime au Japon notamment avec le penseur Nakae Chômin.

Au XXe siècle

Bertrand Russell, mathématicien et philosophe du XXe siècle
L'athéisme au XXe siècle progresse dans de nombreuses sociétés88. La pensée athée est reconnue dans une large variété de philosophies, telles que l'existentialisme, l'objectivisme, l'humanisme laïque, le nihilisme, l'anarchisme, le positivisme logique, le marxisme, le féminisme89, et le mouvement scientifique et rationaliste au sens large. Cette nouvelle vision a ouvert la voie à la philosophie analytique, au structuralisme, et au naturalisme. Leurs promoteurs, tel Bertrand Russell, ont dénoncé avec force les méfaits et les illusions issus de la croyance en Dieu.
Dans ses premiers travaux, Ludwig Wittgenstein a tenté de séparer métaphysique et langage surnaturel dans le discours rationnel. AJ Ayer a affirmé l'invérifiabilité et la futilité des arguments religieux, et revendique son adhésion aux sciences empiriques. JN Findlay et JJC Smart ont fait valoir que l'existence de Dieu n'est pas logiquement nécessaire90. Matérialistes et naturalistes, tel John Dewey, ont examiné le monde naturel, selon eux à la base de tout, et ont nié l'existence de Dieu ou le concept d'immortalité91.
Le XXe siècle a également été marqué par la reprise de l'athéisme à des fins politiques. Sous l'impulsion d'une interprétation fallacieuse des œuvres de Marx et Engels certains mouvements politiques ont même versé dans l'antithéisme. Après la révolution russe de 1917, les libertés pour les minorités religieuses ont survécu pendant quelques années. La Russie révolutionnaire vivait alors dans un climat de tolérance relative à l'égard du phénomène religieux, bien que le Parti bolchévique luttât activement contre la religion par des moyens rigoureusement pacifiques, définis dès 1905 par Lénine92. Sa politique s'appuyait en effet sur la définition du jeune Marx : l'État et la société dans son ensemble « produisent la religion, une conscience renversée du monde, parce qu'ils sont eux-mêmes un monde renversé. »93. Le problème religieux ne fut donc pas placé au premier plan, parce qu'il était avant tout perçu comme le produit idéel de l'oppression pratique et matérielle du prolétariat. Dans cette optique, transformer la base sociale et économique du pays revenait à combattre la source même du religieux, sans pratiquer de répression directe et violente à son égard. Le bolchévisme fit alors la promotion, d'une part, d'un État laïque, qui ne se mêle ni de reconnaître ni d'interdire aucun culteN 6 ; d'autre part, d'un parti idéologiquement athée qui cherche à toucher les masses par l'information scientifique, la presse, la littérature, etc.N 7. Sous la politique de terreur rouge lancée par la gouvernement de Lénine, des persécutions antireligieuses ont été menées à grande échelle. Le stalinisme a plus tard relancé une répression farouche à l'encontre des religions. Dans l'URSS de Staline, nombre de lieux confessionnels furent transformés, détruits ou fermés, et le contrôle des populations en ce domaine favorisa une atmosphère de délation à l'égard des croyants. Durant la guerre d'Espagne, de nombreux épisodes de violences antireligieuses et anticléricales, commises par des groupes communistes et des anarchistes, ont eu lieu durant la période dite de la terreur rouge espagnole. L'Union soviétique et les autres États communistes ont promu un antithéisme d'État et se sont opposés aux religions, recourant parfois à la violence contre elles94. En 1967, Enver Hoxha alors secrétaire général du Parti du travail d'Albanie, annonça la fermeture de toutes les institutions religieuses dans le pays, déclarant la République populaire d'Albanie « premier État officiellement athée »95.
Sartre, au début de la seconde moitié du XXe siècle, revendiquera un existentialisme athée. Il cherchera à poser les bases d'une éthique conciliant athéisme et absence de nature humaine96. Robert Misrahi, se fondant sur Spinoza, développera un contenu positif à l'athéisme : une philosophie du bonheur par la joie97.
En 1966, le magazine Time demandait « Dieu est-il mort ? »N 8 en réponse à la dissolution d'un mouvement religieux chrétien, citant l'estimation que près de la moitié des habitants de la Terre vivent sous un pouvoir détaché du religieux, et des millions d'autres en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud ne sont pas intéressés par le Dieu chrétienN 9.

Au XXIe siècle

La fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle ont vu la reprise d'un athéisme théorique par certains philosophes français comme André Comte-Sponville ou Michel Onfray. Notons que Comte-Sponville insiste sur le fait qu'il n'adhère pas aux croyances du catholicisme, mais n'entend pas renoncer pour autant à une certaine partie de ses valeurs qu'il juge pertinentes98. Michel Onfray affirme au contraire que l'athéisme doit s'extraire de la morale chrétienne99.
Aux États-Unis, la fin de la première décennie du XXIe siècle voit aussi la naissance d'une campagne pour l'athéisme, le « nouvel athéisme » (new atheism), à partir d'essais de journalistes et de scientifiques comme Richard Dawkins et Christopher Hitchens.

Religions

Judaïsme

Article détaillé : Athéisme juif.
L’athéisme juif tire ses racines de la Haskalah, l'équivalent hébraïque de la Révolution des Lumières, dont il partage les sentiments antireligieux et anticléricaux100. Il fait référence aux Juifs laïques, qui ont choisi d'abandonner la croyance en Dieu mais qui n'ont pas rejeté leur identité juive ou leur attachement au peuple juif100.
« La Haskalah et le combat pour l'Émancipation conduisirent l'avant-garde des Juifs allemands à rompre à des degrés divers avec la tradition juive et à adopter un mode de vie et de pensée souvent beaucoup plus laïcisé que ne l'avaient anticipé les premiers apôtres de l’Aufklãrung juive101 ».

Christianisme

Denis Diderot remet en cause les dogmes du christianisme
À l'époque où le christianisme dominait la vie sociale (spirituelle, politique, intellectuelle, scientifique, etc.) d'une grande partie de l'Europe, l'athéisme était généralement considéré comme le rejet de cette religion en particulier. Bien que cela ait été le cas de certains athées humanistes (en opposition notamment aux croisades et à l'Inquisition), l'antichristianisme ne représente qu'une petite frange des athées. Il existe d'ailleurs un lien historique étroit entre christianisme et athéisme, puisque c'est dans les pays de tradition chrétienne que s'est développée le plus largement la pensée athée et la laïcisation des institutions publiques.
La débaptisation n’est nullement nécessaire aux athées puisque ces derniers n'attachent pas d’importance au baptême. Son seul objectif est, pour la personne athée, purement symbolique, et exprime le désir de ne plus se voir recensée parmi les fidèles de l’Église catholique, et marquer ainsi son détachement officiel à cette dernière. En Allemagne, Autriche et Suisse, où l'État prélève un impôt religieux reversé à certaines Églises, il existe une procédure légale de sortie de l'Église (Kirchenaustritt) permettant à quiconque, ayant été baptisé ou ayant autrement déclaré son appartenance à une Église, d'être libéré de l'impôt religieux.


Islam

Dans la plupart des pays à majorité musulmane, l'islam est intégré au tissu même de l'État et de la société. En revanche certains d'entre eux, comme la Turquie, revendiquent une laïcité forte qui provoque des polémiques nombreuses à chaque fois qu'elle est remise en cause. Cependant, dans ce dernier cas, la laïcité consiste en une séparation des institutions politiques et religieuses et n'a souvent rien à voir avec l'athéisme, très peu de Turcs se déclarant athées102.
Le Coran condamne les « mécréants », incluant tous les non-musulmans, les adeptes des autres religions abrahamiques103, qualifiés d'injustes. Il ne faut se tromper en lisant le verset 62 de la sourate 2 Al Baqara du Coran qui exclut de l'enfer et promet une récompense aux croyants, juifs, chrétiens, sabéens qui croient en Dieu et au Jour dernier et agissent justement104. Ces croyants sont les croyants qui vivaient avant l'arrivée de l'Islam.
Il indique ainsi que tous les mécréants sont condamnés à finir dans la Géhenne105 tant qu'ils persisteront dans leur conviction. Cependant, les lectures de l'athéisme en islam sont multiples et complexes et dépendent de l'interprétation faite du Coran. L'athée est considéré comme une personne dans l'« erreur » la plus profonde, personne qui sortirait de son « erreur » en commençant par respecter, tout au moins, les cinq piliers de l'islam. L'opprobre et les persécutions auxquels sont confrontés les musulmans ayant fait acte d'apostasie et devenus athées sont tels que le phénomène de l'athéisme officiel est inexistant et l'athéisme privé difficile à recenser.

Religions orientales

Pour une personne éloignée géographiquement et culturellement de l’Extrême-Orient et du sous-continent indien, la figure de la divinité n’apparaît pas dans les religions de ces régions (bouddhisme, sikhisme, jaïnisme, taoïsme, védanta, etc.) de façon claire et homogène. Certains proposent d’y voir plutôt des philosophies, et les qualifient (le bouddhisme en particulier) d’athées106.
Les divinités jouent un rôle important dans le taoïsme religieux depuis ses origines. Par contre, le bouddhisme hinayana et le jaïnisme, s'ils admettent l'existence des êtres surnaturels supérieurs aux humains que sont les deva du brahmanisme, ne leur accordent aucun rôle dans le salut. Les bouddhismes mahayanas et vajrayanas accordent, eux, une place importante à des entités surnaturelles (bodhisattvas et bouddhas « transcendants »), en général appelées « déités ». Dans la philosophie mahayana, les différentes déités sont des manifestations de la même nature, qui est aussi celle du pratiquant. La définition de ces systèmes comme athées n’est donc qu’un point de vue possible, qui suppose une certaine analyse philosophique de la part du pratiquant ou de l’observateur.
Du point de vue de la pratique, ces philosophies prennent un caractère religieux notamment avec l'existence d'une hiérarchie pyramidale et l'institutionnalisation du statut de « personne éveillée ». Cela rend la qualification de « religion athée » délicate. Cependant il y a davantage dans ces religions l'affirmation d'un Absolu impersonnel (Tao, nirvāna, brahman, etc.) à la fois transcendant et immanent, que d'un dieu créateur transcendant à la façon théiste, affirmation que ces philosophies considèrent comme un anthropomorphisme.

Politique

Régimes d'inspiration marxiste

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Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (décembre 2016).
L'athéisme fut instauré comme doctrine officielle de certains États, au XXe siècle, notamment dans la République populaire socialiste d'Albanie d'Enver Hoxha, où l'exercice de toute religion était réprimé et où tout symbole religieux était proscrit. Les monuments religieux ont été soit détruits soit volontairement transformés. Cette situation n'est pas directement liée à la philosophie marxiste proprement dite, mais à la pratique totalitaire de régimes d'inspiration marxiste réelle ou prétendue. Par définition, un régime totalitaire (quelles que soient les doctrines dont il se réclame) considère comme subversive toute croyance en une autorité supérieure à celle de l'État ou du Parti dirigeant ; son propre système idéologique, qui n'est jamais qualifié de religion, tient lieu de religion officielle. En conséquence, les pratiques religieuses, vues comme des comportements déviants, sont soit purement et simplement proscrites, soit tolérées de façon précaire.
L'Union soviétique et ses États satellites ont également fait de l'athéisme d'État l'un des fondements de leur idéologie. Avec plus ou moins de vigueur. L'« athéisme scientifique » faisait partie des matières obligatoires à l'université. Toutes ces pratiques varièrent en intensité tout au long de l'existence de l'Union soviétique. De 1917 à 1924, le régime eut une politique conciliante envers la pratique privée, alors qu'il sécularisait les biens de l'Église orthodoxe russe. Les dirigeants étaient partagés entre la volonté d'enlever « le bandeau qui masquait la vérité au peuple » et la peur de s'aliéner les masses.
L'accession au pouvoir de Staline mit fin à cette tolérance relative. Jusqu'en 1932, le régime mena une politique répressive, marquée par de multiples destructions d'édifices religieux. Les années trente virent un lent regain de l'organisation religieuse, ralenti par un court regain de répression pendant les Grandes Purges (1937-1938). Le changement de politique fut complet lors de la Grande Guerre Patriotique (1941-1945), qui inaugura une période de détente idéologique. Un clergé officiel fut autorisé et la charge de métropolite, abolie depuis 1925, rétablie, tandis que les musulmans recevaient quatre Directions Spirituelles, autorisées à former des mollahs et à publier régulièrement des fatwas. Après-guerre, la politique de promotion de l'athéisme reprit, mais surtout, elle se combina à un durcissement des Églises officielles (les uniates d'Ukraine furent les premiers à en pâtir). Cette divergence entraîna la création d'une hiérarchie officieuse, les « églises souterraines » et « l'islam parallèle » composé des religieux de confréries soufies. En dépit de l'affirmation constante de son athéisme, l'URSS ne cessa d'emprunter à la liturgie orthodoxe. Staline inaugura cette pratique en confiant les funérailles de Lénine (1924) aux bons soins de Krasine, de la secte des « Constructeurs de Dieu ». L'embaumement du défunt avait une forte résonance orthodoxe : il faisait directement référence à l'imputrescibilité du corps du saint.
Les pratiques parallèles comme les cultes officiels furent la cible de Khrouchtchev à compter de 1959, qui se positionnait ainsi en rétablisseur de la tradition léniniste face aux errances staliniennes. L'ère Brejnev fut une accalmie : un compromis fut trouvé qui reposait sur le rôle des religieux à l'extérieur, notamment dans les relations avec les pays arabes. En revanche, Gorbatchev relança une politique répressive sur des bases idéologiques similaires à celles de Khrouchtchev. Après la chute du bloc de l’Est et de l'URSS, les cultes orthodoxe (Russie, Ukraine), catholique (Pologne), et musulman (Asie centrale, Caucase et Tatarstan) reprirent de la vigueur. L'expression de la religiosité s'accrut et des personnes nées dans des familles athées se convertirent. Certains des régimes politiques issus de la chute du bloc de l'est continuent cependant la politique religieuse mise en place par l'URSS, ou du moins, à l'instar de l'Ouzbékistan, en ont conservé les méthodes.

Conception anglo-saxonne

Richard Dawkins, militant athée médiatique en Grande-Bretagne
Des philosophes tels que Antony Flew107 et Michael L. Martin108 ont décrit les différences entre l'athéisme fort (positif) et l'athéisme faible (négatif). L'athéisme fort est l'affirmation explicite que les divinités sont des inventions humaines. L'athéisme faible inclut toutes les autres formes de non-théisme. D'après cette distinction, toute personne n'étant pas théiste est soit un athée faible soit un athée fort109. Les termes « faible » et « fort » sont relativement récents ; cependant, les termes équivalents de « positif » et « négatif » ont été utilisés dans la littérature philosophique110. En considérant cette définition de l'athéisme, la plupart des agnostiques peuvent alors se qualifier d'athées faibles.
Tandis que l'agnosticisme peut être vu comme une forme d'athéisme faible111, la plupart des agnostiques envisagent leur point de vue comme différent de l'athéisme. L'incapacité de connaître la vérité quant à l'absence ou à la présence de dieux supposés incitent les agnostiques à un scepticisme plus poussé que les athées, ces derniers niant l'existence de dieux. La réponse habituelle des athées112 à cet argument d'une nécessité de scepticisme est que les dogmes religieux non fondés méritent aussi peu de croyances et de reconnaissance que n'importe quel autre dogme infondé, et que l'incapacité à prouver l'existence de dieux n'implique pas un argument de même valeur pour les deux partis113.
Certains auteurs populaires comme Richard Dawkins (Pour en finir avec Dieu) préfèrent distinguer théistes, agnostiques et athées par la probabilité accordée à l'existence de Dieu30.

Statistiques

Article détaillé : Analyse statistique de l'athéisme.
Diverses estimations du nombre d'athées ont été émises.

Organismes officiels

% d’athées (Eurobaromètre 2005)
Le World fact book de la CIA estime, en 2007, le nombre de personnes « sans religion » à 11,77 % de la population mondiale, auquel elle rajoute 2,32 % d'athées114. Cependant, ces résultats sont à nuancer. Les chiffres de la CIA sont souvent éloignés de la réalité (le nombre de catholiques en France est estimé à 88 % par la CIA, alors que plusieurs sondages indiquent des chiffres autour de 27 % de catholiques croyant en Dieu)115. Dans une enquête de l'Eurobaromètre en juin 2005, 52 % des Européens affirment croire en un dieu, et 18 % disent qu'ils ne croient en aucune forme de divinité, d'esprit ou de force supérieure (le plus fort taux étant atteint en France, avec 33 % d'athées). Les personnes indiquant qu'ils croient en un dieu sont minoritaires dans 15 pays de l'Europe des 25. En outre il existerait une corrélation entre la croyance en un dieu et l'âge, une corrélation inverse avec le niveau d'éducation et les femmes auraient plus tendance à croire en un dieu que les hommes (p. 10)116.
Dans les ouvrages de références, la World Christian Encyclopedia annonce 1 071 millions d'agnostiques et 262 millions d'athées dans le monde en 2000117. Selon l'ouvrage de Jean Baubérot (dir.), Religion et laïcité dans l'Europe des 12, 1994, page 259 : au moment de la publication de l'ouvrage, un quart de la population de l'Union européenne était « non religieuse ». 5 % des Européens étaient athées convaincus.

Enquêtes d'opinions et sondages

% d’athées et agnostiques dans le monde 2007118.
Une enquête menée dans 21 pays sur 21 000 personnes et publiée en décembre 2004 annonce que 25 % des Européens de l'Ouest se disent athées contre 12 % dans les pays d'Europe centrale et orientale. Toujours selon cette enquête publiée dans The Wall Street Journal (version européenne), 4 % des Roumains et 8 % des Grecs se disent athées. Au contraire, 49 % des Tchèques et 41 % des Néerlandais se déclarent athées[réf. nécessaire]. L'athéisme progresse nettement aux États-Unis (voir sous-section plus bas)119 : d'après un sondage Pew Forum d'août 2007, 8 % des Américains sont athées, soit 24 millions de personnes. Il indique aussi que les Américains agnostiques, doutant de l'existence de Dieu, constituent 21 % de la population, soit 63 millions de personnes120. Selon une enquête d'avril 2009 de l’American Religious Identification Survey (en), le nombre d'Américains sans religion s'établirait à 15 %119. Les athées américains s'organisent en associations, parmi lesquelles la Secular Coalition for America est la plus puissante. Dans les universités, la Secular Student Alliance possède quelque 146 bureaux sur les campus du pays119. La dernière enquête en date au Canada a eu lieu entre le 22 et le 26 mai 2008, et a été réalisée sur un échantillon de 1 000 personnes par La Presse canadienne-Harris Décima. Elle indique que 23 % des Canadiens sont athées. Le pourcentage d'agnostiques s'élève à 6 %121. Un précédent sondage de 2001 comptait 16,5 % d'athées dans la population122.
En France, selon un sondage de l'institut de sondage CSA sur les croyances des Français réalisé en mars 2003, 26 % des personnes interrogées se déclarent « sans religion », et 33 % des personnes estiment que le terme « athée » les définit « très bien » ou « assez bien »123. Dans un sondage IFOP du 12 avril 2004124, 55 % des Français annonçaient croire en un dieu, 44 % affirmaient ne croire en aucun dieu et 1 % ne se prononçaient pas. Un sondage de l'institut Harris Interactive125, publié par le Financial Times, daté de décembre 2006, dénombre 32 % d'athées et 32 % d'agnostiques en France (sondage réalisé sur les États-Unis, l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni)126.

Évolution de l'athéisme entre 2005 et 2012

Le 22 août 2012, le site de la BBC annonce que la nouvelle étude mondiale sur l'évolution des attitudes par rapport aux croyances et à l'athéisme vient de paraître127. Cette étude, menée auprès de 51 927 personnes dans 57 pays sur les cinq continents, par 57 Instituts affiliés au groupe WIN-Gallup International (en), mesure la perception, par les gens eux-mêmes, de leur relation aux croyances — ou non-croyances. Elle est intitulée The Global Religiosity and Atheism IndexN 10.
Une première étude avait été publiée en 2005, avec les mêmes questions posées, auprès du même échantillonnage, et dans les mêmes pays, ce qui donne un outil statistique sur l'évolution des attitudes, sur ces sujets-là, dans le mondeN 11.
Il ressort de ces comparaisons statistiques que, globalement, en 2012 et dans l'ensemble du monde, l'athéisme déclaré représente 13 % de la population étudiée. De plus, les personnes interrogées se déclarant « sans religion » totalisent 23 % (seules, 4 % se déclarent « sans opinion » ou ont refusé de répondre)128.
En termes de « régions du monde », les « régions » ayant le plus fort pourcentage de personnes se déclarant « sans religion » sont, par ordre décroissant : l'Extrême-Orient (57 %), l'Amérique du Nord (33 %), l'Europe de l'Ouest (32 %), le Proche-Orient et l'Asie du Nord (ex-aequo à 30 %), l'Europe de l'Est (21 %), suivis par le Monde arabe (18 %), l'Amérique latine (13 %), l'Asie du Sud (11 %) et l'Afrique (7 %)129.
Les « régions » ayant le plus fort pourcentage d'athées sont, par ordre décroissant : l'Asie du Nord (42 %), suivie par l'Europe de l'Ouest (14 %), l'Amérique du Nord (6 %), l'Europe de l'Est (6 %), le Proche-Orient et l'Asie du Sud (ex-aequo à 3 %), et enfin l'Amérique latine, l'Afrique et le Monde arabe (ex-aequo à 2 %)129.
Dans certains pays, l'athéisme a nettement progressé entre 2005 et 2012 : il a augmenté d'un tiers environ au Japon (de 23 % à 31 %), en Tchéquie (de 20 % à 30 %), en Corée du Sud (de 11 % à 15 %), en Allemagne (de 10 % à 15 %), en Islande (de 6 % à 10 %), et au Canada (de 6 % à 9 %). Toujours entre 2005 et 2012, il a doublé aux Pays-Bas (de 7 % à 14 %), et plus que doublé en France (de 14 % à 29 %) ainsi qu'en Pologne (de 2 % à 5 %). Il a plus que triplé en Argentine (de 2 % à 7 %), et quadruplé en Afrique du Sud (de 1 % à 4 %). Enfin, il a quintuplé aux États-Unis, passant de 1 % à 5 %130.
En revanche, l'athéisme a reculé de 1 %, passant de 10 % à 9 % en Espagne, de 7 % à 6 % en Finlande, de 4 % à 3 % en Ukraine, ou encore, de 4 % à 3 % en Inde. Les plus forts taux de recul enregistrés se situent en Bosnie-Herzégovine (-5 %), en Malaisie (-4 %), et en Bulgarie (-3 %)130.
Les pays ayant le plus fort pourcentage d'athées « déclarés » sont : la Chine (47 %), le Japon (31 %), la Tchéquie (30 %), la France (29 %), la Corée du Sud (15 %), l'Allemagne (15 %), les Pays-Bas (14 %), l'Autriche (10 %), l'Islande (10 %), l'Australie (10 %), l'Irlande (10 %), le Canada (9 %), l'Espagne (9 %), la Suisse (9 %), Hong Kong (9 %), la Suède (8 %), la Belgique (8 %), l'Italie (8 %), l'Argentine (7 %), la Russie (6 %), la Finlande (6 %), le Sud-Soudan (6 %), l'Arabie saoudite (5 %), la Moldavie (5 %), les États-Unis (5 %), la Pologne (5 %), et l'Afrique du Sud (4 %)131.

Entre 2005 et 2012, l’étude constate une forte diminution de la religiosité dans certain pays comme le Vietnam (23 points de baisse de 53% à 30%) ou la France (21% de baisse de 58% à 37%). La moyenne mondiale est en baisse de 9 points de 77% à 68% en 2012.
Dans une section titrée « La religiosité est plus forte chez les pauvres », le Global Index remarque : « Il est intéressant [de noter] que la religiosité décline au fur et à mesure que la prospérité matérielle des individus augmente. Alors que les résultats par nations globales sont complexes, les individus interviewés dans un pays spécifique donnent une image révélatrice. Si l'on regroupe les citoyens des 57 pays en cinq strates, depuis les relativement pauvres jusqu'aux relativement riches par rapport au niveau propre de leur pays, [on voit que] plus l'on est riche, moins l'on se définit comme religieux132 ».
Enfin, une autre section est intitulée : « La religiosité diminue chez les personnes ayant eu une éducation universitaire ». Il y est affirmé que « Les personnes ayant été à l'université sont 16 % à être moins religieuses que celles qui n'y ont pas été. Plus le niveau d'éducation atteint est élevé, moins les personnes se déclarent religieuses ». Le tableau illustratif montre que, globalement, les personnes n'ayant pas atteint le niveau du secondaire sont 68 % à se déclarer religieuses ; celles ayant bénéficié d'une éducation secondaire ne sont plus que 61 % ; enfin, il n'en reste plus que 52 % parmi celles ayant atteint le niveau de l'enseignement supérieur132.

Notes et références

Notes

  1. La catégorie « non théiste », en français, devrait être manipulée avec précaution pour désigner l'athéisme. En effet, elle désigne aussi toute une catégorie de théologiens, la plupart se réclamant de la théologie du Process, dont probablement aucun n'accepterait d'être classé parmi les athées.
  2. Descartes et les principes de la philosophie, 1644
  3. Bertrand Russell (qui se déclarait en pratique athée) écrit dans son ouvrage Science et religion : « L’émotion mystique (...) au sein de laquelle, pour un temps, tout désir personnel est mort et où l’âme devient le miroir de l’immensité de l’univers (...) je ne nie pas la valeur des expériences qui ont donné naissance à la religion. Par suite de leur association à de fausses croyances, elles ont fait autant de mal que de bien ».
  4. Dans L'archipel pré-chrétien, premier tome de La Contre-histoire de la philosophie.
  5. (fr) Le principe unique des néoplatoniciens n'intervient qu'avec Plotin dans ses Enneades, c'est-à-dire au IIIe siècle [voir Lucien Jerphagnon, Lectures de Lucien) ; quand les platoniciens directs évoquent un principe divin, il n'a rien d'universel. C'est un daimon « appliqué » à la situation (voir Pierre Hadot, op. cit.).
  6. L'État ne doit pas se mêler de religion, les sociétés religieuses ne doivent pas être liées au pouvoir d'État. Chacun doit être parfaitement libre de professer n'importe quelle religion ou de n'en reconnaître aucune, c'est-à-dire d'être athée, comme le sont généralement les socialistes. Aucune différence de droits civiques motivée par des croyances religieuses ne doit être tolérée. (Lénine : Œuvres, t.X, article « Socialisme et religion »)
  7. Notre programme est fondé tout entier sur une philosophie scientifique, rigoureusement matérialiste. Pour expliquer notre programme il est donc nécessaire d'expliquer les véritables racines historiques et économiques du brouillard religieux. Notre propagande comprend nécessairement celle de l'athéisme ; et la publication à cette fin d'une littérature scientifique que le régime autocratique et féodal a proscrite et poursuivie sévèrement jusqu'à ce jour doit devenir maintenant une des branches de l'activité de notre Parti. Nous aurons probablement à suivre le conseil qu'Engels donna un jour aux socialistes allemands : traduire et répandre parmi les masses la littérature française du XVIIIe siècle athée et démystifiante.(Lénine : Œuvres, t.X, article « Socialisme et religion »)
  8. TIME Magazine cover online. 8 avril 1966.
  9. Toward a Hidden God, Time Magazine online, 8 avril 1966.
  10. On peut télécharger la version pdf intégrale sur : http://www.wingia.com/web/files/news/14/file/14.pdf [archive]
  11. Comme le mentionne l'analyse de cette étude, « il serait merveilleux d'avoir des données d'il y a cent ans, avec lesquelles comparer. Malheureusement, il n'y avait pas de sondages d'opinion globaux à l'époque ». [It would be wonderful if we had data from a hundred years ago to compare with. Unfortunately there were no global opinion polls at the time..]. (Global Index, pdf, p. 7)

Référence

  1. (en) Harvey, Van A., Agnosticism and Atheism, Flynn, , p. 35: "The terms ATHEISM and AGNOSTICISM lend themselves to two different definitions. The first takes the privative a both before the Greek theos (divinity) and gnosis (to know) to mean that atheism is simply the absence of belief in the gods and agnosticism is simply lack of knowledge of some specified subject matter. The second definition takes atheism to mean the explicit denial of the existence of gods and agnosticism as the position of someone who, because the existence of gods is unknowable, suspends judgment regarding them ... The first is the more inclusive and recognizes only two alternatives: Either one believes in the gods or one does not. Consequently, there is no third alternative, as those who call themselves agnostics sometimes claim. Insofar as they lack belief, they are really atheists. Moreover, since absence of belief is the cognitive position in which everyone is born, the burden of proof falls on those who advocate religious belief. The proponents of the second definition, by contrast, regard the first definition as too broad because it includes uninformed children along with aggressive and explicit atheists. Consequently, it is unlikely that the public will adopt it."
  2. a et b Définitions lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « Athéisme » (sens A) du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. (en) Gervais, W. M., Shariff, A. F., & Norenzayan, A., « Do You Believe in Atheists? Distrust Is Central to Anti-Atheist Prejudice. », Journal of Personality and Social Psychology. Advance online publication. (Press release), no Vol 101(6),‎ (lire en ligne [archive])
  4. (Ep 2. 12 [archive])
  5. Drachmann, AB Atheism in Pagan Antiquity. Ares Publishers « En Grec, atheos et atheotēs (...) atheos était un terme de censure sévère et une condamnation morale (...) il fallut attendre plus tard pour que le terme soit utilisé dans un sens philosophique. »
  6. Il n'y a qu'en Occident et depuis le IVe siècle de l'ère commune que la croyance (réponse du croyant au dogme ou à la doctrine) caractérise la religion. Cf. Louis-Auguste Sabatier, Religions d'autorité, Religions de l'Esprit, Berger Levrault, 1953.
  7. a, b, c, d, e, f et g Minois 1998, Première partie, chapitre II
  8. Minois 1998, Sixième partie, chapitre XIX
  9. Vernette 1998, chapitre I
  10. Martin 1990, pp. 467–468 [archive]: "In the popular sense an agnostic neither believes nor disbelieves that God exists, while an atheist disbelieves that God exists. However, this common contrast of agnosticism with atheism will hold only if one assumes that atheism means positive atheism. In the popular sense, agnosticism is compatible with negative atheism. Since negative atheism by definition simply means not holding any concept of God, it is compatible with neither believing nor disbelieving in God."
  11. Flint 1903, pp. 49–51 [archive]: "The atheist may however be, and not unfrequently is, an agnostic. There is an agnostic atheism or atheistic agnosticism, and the combination of atheism with agnosticism which may be so named is not an uncommon one."
  12. (en) Barker, Dan, Godless: How an Evangelical Preacher Became One of America's Leading Atheists., New York, Ulysses Press., (ISBN 978-1-56975-677-5), p. 96: "People are invariably surprised to hear me say I am both an atheist and an agnostic, as if this somehow weakens my certainty. I usually reply with a question like, "Well, are you a Republican or an American?" The two words serve different concepts and are not mutually exclusive. Agnosticism addresses knowledge; atheism addresses belief. The agnostic says, "I don't have a knowledge that God exists." The atheist says, "I don't have a belief that God exists." You can say both things at the same time. Some agnostics are atheistic and some are theistic."
  13. « Personne qui professe que ce qui n'est pas expérimental, que l'absolu, est inconnaissable, sceptique en matière de métaphysique et de religion », Dictionnaire Dixel, 2010.
  14. (en) Holland, Aaron., Agnosticism, Flynn, , p. 34: "It is important to note that this interpretation of agnosticism is compatible with theism or atheism, since it is only asserted that knowledge of God's existence is unattainable."
  15. Victor Hugo, Choses vues, 572,8/972 (epub)
  16. Georges Minois, HIstoire de l'athéisme
  17. Nouvelle conception de la nature, in Histoire de la Philosophie, dirigé par François Chatelet (op. cit.), Un seul exemple pour éclaire ce point : l'observation des taches solaires (...) la réalité d'un tel phénomène ruinait définitivement le dogme de l'incorruptibilité céleste, p77
  18. Alexandre Koyré, Du monde clos à l'univers infini, Tel Gallimard (édition française),
  19. Des révolutions des orbes céleste, Copernic, cité par A. Koyré in Du monde clos à l'univers infini, Gallimard, coll. Tell, 1973, p50, "Tout d'abord il nous faut remarquer que le monde est sphérique ; soit parce que cette forme est la plus parfaite, totalité n'ayant aucune jointure ; soit parce que (...) ; soit aussi (...). C'est pourquoi personne ne mettra en doute que cette forme n'appartienne aux corps divins"
  20. Nouvelle conception de la nature, Jean-Toussaint Desanti in La Philosophie, tome 2, de Galilée à J.J. Rousseau, dirigé par François Châtelet, Marabout,
  21. Lettre préface à Paul III, Copernic, cité par Kuhn, Structure des révolutions scientifiques, p192, "Et comme le ciel est ce qui contient et embrasse le tout (...), il n'est pas immédiatement clair pourquoi le mouvement ne doit pas être attribué au contenu plutôt qu'au contenant"
  22. «Ce système si merveilleux qui est l’univers avec le soleil, les planètes et les comètes ne peut que provenir de la volonté et du pouvoir d’un être intelligent…Cet être gouverne toute chose et pas seulement le monde. Reconnaissant son pouvoir sur toute chose, on se doit de l’appeler «Seigneur Dieu» ou
    «Le souverain universel»…Ce Dieu suprême est un être éternel, inifini et absolument parfait» (Isaac Newton, Principia, livre no 3, cité dans «Une sélection des écrits de Newton» de H.S. Thayer,p.42)
  23. Colin Renan, Histoire mondiale des sciences, Seuil,
  24. Emmanuel Kant, Critique de la raison pure
  25. "Celui qui affirme que Dieu n'existe pas ou que l'âme humaine est mortelle spécule fortement sur des objets qui ne peuvent pas être donnés dans l'expérience, et en cela, rien ne le distingue du métaphysicien dogmatique. S'il est impossible de démontrer apodictiquement l'existence de Dieu, il est tout aussi impossible, selon Kant, de démontrer apodictiquement sa non existence". Kant et la métaphysique spéculative, Leo Freuler, Librairie philosophique Vrin, p. 273.
  26. Stephen Jay Gould, Et Dieu dit "que darwin soit", cité par Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, op. cit., 135,7/1002 (epub).
  27. Michel Onfray, réponse de l'auteur à une critique de son livre, http://www.automatesintelligents.com/biblionet/2005/fev/atheologie.html [archive]
  28. Fides et ratio, Encyclique, Jean-Paul II, 1998
  29. Concile Vatican II, Gaudium et Spe, 59
  30. a et b Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, Éditions Perrin, 2009 (ISBN 978-2-262-02986-9).
  31. Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu (The God Delusion), New-York (édition originale), Robert Laffont (édition française),
  32. Idem, 121,6/1002 (epub)
  33. Idem, 50,8/1002 : "Mon titre ne renvoie pas au Dieu d’Einstein et des autres scientifiques éclairés dont j’ai parlé dans la section qui précède. C’est ce qui explique que je devais d’emblée mettre à part la religion einsteinienne : sa capacité à embrouiller n’est plus à démontrer. Dorénavant, je ne parlerai que des dieux surnaturels, dont le plus connu pour la majorité de mes lecteurs est Yahvé, le Dieu de l’Ancien Testament"
  34. Idem, 9,1/1002 (epub)
  35. Bertrand Russell, "Is there a god ?", cité par Richard Dawkins dans "Pour en finir avec Dieu", op. cit., 126,5/1002 (epub)
  36. Idem, 123,5/1002 (epub)
  37. Idem, 655,3/1002 (epub)
  38. Idem, 7,5/1002 (epub)
  39. Julian Baggini, Atheism, cité par Richard Dawkins dans "Pour en finir avec Dieu", 33,3/1002 (epub), op. cité.
  40. La Recherche, 01/12/1997, http://www.larecherche.fr/editorial/scientifiques-religion-01-12-1997-71965 [archive]
  41. Etude cité par La Recherche, 01/12/1997, op. cit.
  42. op. cit.
  43. Richard Dawkins cite une étude publiée dans la revue scientifique Nature : (en) Edward J. Larson et Larry Witham, « Leading scientists still reject God » Nature, numéro 394, 23 juillet 1998.
  44. Enquête du Pew Research Center 2014 http://www.pewforum.org/religious-landscape-study/ [archive]
  45. Étude citée par Georges Minois dans L'Église et la science, histoire d'un malentendu, tome 2 : de Galilée à Jean-Paul II, Fayard, 1151,9/1287 (epub)
  46. a, b, c et d Minois 1998, p. 40-42
  47. Robert Misrahi
  48. H.B par Prosper Mérimée, publié en 1850 citation [archive]
  49. Citation de Ecce Homo : « Il m'a ôté de la bouche le meilleur mot d'esprit athée dont j'aurais justement été capable : « La seule excuse de Dieu, c'est qu'il n'existe pas. » » dans l'express [archive]
  50. Leo Strauss, La critique de la religion chez Spinoza, Le Cerf, coll. « La nuit surveillée »,
  51. Vocabulaire technique et critique de la philosophie, à Athéisme : « ce terme nous paraît donc comporter qu'une valeur historique à déterminer dans chaque cas particulier, plutôt qu'une signification théorique définie ; ce qui, pour l'un, est affirmation de la divinité, peut être athéisme pour l'autre. »
  52. Ludwig Feuerbach : Vorlesungen über das Wesen der Religion, XX. Vorlesung, Leipzig, 1851 (Cours sur l'Essence de la religion, XXe cours]
  53. Seul le christianisme a élaboré des dogmes. Cf. Louis Auguste Sabatier, op. cit. mais aussi, plus récemment, une interview de Marie-Emile Boismard, o.p., dans le monde de la Bible, en 1997.
  54. Pierre Hadot, Qu'est-ce que la philosophie Antique ? (ISBN 2-0703-2760-4)
  55. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n et o Minois 1998, Première partie, chapitre premier
  56. Si des ouvrages de Mircea Eliade ou de Georges Dumézil (en particulier quand il expose en quoi la triade capitoline est un principe politique), l'ouvrage le plus accessible est peut-être La Concurrence des Bonnes Nouvelles de Peter Sloterdijk, 1001 nuits et une prise de connaissance de son tour de pensée peut se faire dans sa Conférence de l'Université de tous les savoirs, le 22 novembre 2000 [archive], Finitude et ouverture : vers une éthique de l'espace. Sur les fondements de la société
  57. Michel Onfray, op. cit., tome 3, Les libertins baroques
  58. (en) Religion, study of (2007). In Encyclopædia Britannica
  59. (en) Solmsen, Friedrich (1942). Plato's Theology, Cornell University Press. p 25
  60. (fr) Diogene Laërce, Vie des hommes illustres et éminents Philosophes, Garnier Flammarion.
  61. Cicéron, Lettres à Lucullus, 121. Édition Guillaume Budé.
  62. Herméneutique.
  63. (en) Atheism. The Columbia Encyclopedia, Sixième Édition. Columbia University Press (2005).
  64. (en) Brickhouse, Thomas C.; Nicholas D. Smith (2004). Routledge Philosophy Guidebook to Plato and the Trial of Socrates. Routledge, p. 112. ISBN 0-415-15681-5. Il argumenta que son accusation pour athéisme était infondée car l'autre partie du jugement voulait le condamner pour introduction de « nouvelles divinités ».
  65. Fragments of Euhemerus' work in Ennius' Latin translation have been preserved in Patristic writings (e.g. by Lactantius and Eusebius of Caesarea), which all rely on earlier fragments in Diodorus 5,41–46 & 6.1. Testimonies, especially in the context of polemical criticism, are found e.g. in Callimachus, Hymn to Zeus 8
  66. Plutarch, Moralia — Isis and Osiris 23
  67. (en) Ethics and Religion—Atheism, BBC, bbc.co.uk
  68. Lucrèce, De Natura Rerum, Livre I
  69. Jules César (100–44 av. J.-C.), rejeta aussi l'idée d'une vie après la mort (cf. Sallust, La Guerre avec Catilina, discours de César : 51.29 & réponse de Caton : 52.13).
  70. Maycock, A. L. and Ronald Knox (2003). Inquisition from Its Establishment to the Great Schism: An Introductory Study. (ISBN 0-7661-7290-2).
  71. a, b, c, d, e, f, g, h et i Minois 1998, Première partie, chapitre III
  72. Georges Minois, Dictionnaire des athées, agnostiques, sceptiques et autres mécréants, Paris, Albin Michel, 2012, entrée « Boèce de Dacie » [archive].
  73. Ferdinand Sassen, « Siger de Brabant et la doctrine de la double vérité », Revue néo-scolastique de philosophie, no 30,‎ , p. 170-179 (lire en ligne [archive]).
  74. Cf. Étienne Gilson, « Boèce de Dacie et la double vérité », Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, vol. 22, 1955, p. 81-99.
  75. Cf. Pierre Michaud-Quentin, « La double-vérité des Averroïstes. Un texte nouveau de Boèce de Dacie », Theoria, vol. 22, décembre 1956.
  76. David Piché, La condamnation parisienne de 1277, Paris, Vrin, coll. « Sic et non », , 352 p. (ISBN 9782711614165), p. 205.
  77. Luca Bianchi, Pour une histoire de la « double vérité », Paris, Vrin, coll. « Conférences Pierre Abélard », , 192 p. (ISBN 2711621472).
  78. Ali Benmakhlouf, « Averroès. La cohérence de la vérité », Sciences Humaines,‎ .
  79. a, b, c et d Minois 1998, Deuxième partie, chapitre IV
  80. Le problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais (1947), Collection Évolution de l'humanité, Albin Michel, Paris. version en ligne [archive]
  81. a, b et c Minois 1998, Deuxième partie, chapitre V
  82. a, b, c, d et e Minois 1998, Deuxième partie, chapitre VI
  83. J. Van Nester, The Epistemology of John of Mirecourt: A Reinterpretation, Cîteaux. Commentarii Cisterciences, 1976.
  84. et donc nullement athée, Colloque Paris-Panthéon Sorbonne, Nicolas d'Autrécourt et la faculté des arts de Paris (1317-1340), 2005.
  85. Winfried Schröder, in: Matthias Knutzen: Schriften und Materialien (2010), p. 8. Voir aussi Rececca Moore, The Heritage of Western Humanism, Scepticism and Freethought (2011), qui appelle Knutzen "the first open advocate of a modern atheist perspective" ("le premier avocat ouvert d'une perspective athée moderne") en ligne ici [archive]
  86. d'Holbach (1770). Le Système de la nature.
  87. Ray, Matthew Alun (2003), Subjectivité et Irreligion: Athéisme et Agnosticisme par Kant, Schopenhauer, and Nietzsche, Ashgate Publishing, Ltd.
  88. Analyse statistique de l'athéisme.
  89. Overall, Christine. Féminisme et Athéisme, extrait de Martin 2007, p. 233–246.
  90. Smart, J.C.C. (9 mars 2004). Athéisme et Agnosticisme, Encyclopédie de Philosophie de Stanford.
  91. Zdybicka, Zofia J. (2005), Atheism, in Maryniarczyk, Andrzej, Encyclopédie universelle de Philosophie, 1, Polish Thomas Aquinas Association.
  92. Nous réclamons la séparation complète de l'Église et de l'État afin de combattre le brouillard de la religion avec des armes purement et exclusivement idéologiques : notre presse, notre propagande. (Lénine : Œuvres, t.X, article « Socialisme et religion »)
  93. Karl Marx : Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel, Œuvres, t.III, p. 383 (éd.Pléiade).
  94. Alexandre Soljenitsyne. The Gulag Archipelago. Harper Perennial Modern Classics. (ISBN 0-06-000776-1).
  95. Majeska, George P. (1976). Religion et Athéisme en U.R.S.S. et en Europe de l'Est, Journal Slave et Est Européen, 20(2). p. 204–206.
  96. "L'Etre et le néant", pour la liberté. Pour la morale : "Cahiers pour une morale" et "Critique de la raison dialectique". Voir aussi "L'existentialisme est un humanisme", pour un aperçu clair et synthétique.
  97. "Traité du bonheur", Robert Misrahi.
  98. L'Esprit de l'athéisme, Albin Michel, 1999
  99. "Traité d'athéologie", Michel Onfray, 2005, Grasset
  100. a et b Nicholas de Lange, An Introduction to Judaism, Cambridge University Press, 2000, p. 79-81
  101. Yosef Hayim Yerushalmi Le Moïse de Freud, p. 39, (ISBN 2-07-073021-2)
  102. http://www.istanbulguide.net/istguide/people/religions/ [archive] Guide sur la Turquie, partie religion, consulté le 24 décembre 2008.
  103. Voir sourate 29:46, http://www.coran-en-ligne.com/Sourate-029-Al-Ankabut-L-araignee-francais.html [archive]
  104. Voir sourate 62 : http://www.coran-en-ligne.com/Sourate-062-Al-Jumu-a-Le-vendredi-francais.html [archive][réf. insuffisante] :
    « Ceux qui ont été chargés de la Thora mais qui ne l'ont pas appliquée sont pareils à l'âne qui porte des livres. Quel mauvais exemple que celui de ceux qui traitent de mensonges les versets d'Allah et Allah ne guide pas les gens injustes. Dis : "Ô vous qui pratiquez le judaïsme! Si vous prétendez être les bien aimés d'Allah à l'exclusion des autres, souhaitez donc la mort, si vous êtes véridiques". »
    — Sourate 62
    « Et quel pire injuste que celui qui invente un mensonge contre Allah, ou qui dément la Vérité quand elle lui parvient ? N'est-ce pas dans l'Enfer une demeure pour les mécréants ? »
    — Sourate 29
  105. Voir sourate 38:27, http://www.coran-en-ligne.com/Sourate-038-Sad-francais.html [archive]
  106. Raimon Panikkar (trad. Jacqueline Rastoin), Le Silence du Bouddha : une introduction à l'athéisme religieux, Broché.
  107. Flew, Antony. « The Presumption of Atheism ». The Presumption of Atheism and other Philosophical Essays on God, Freedom, and Immortality. New York: Barnes and Noble, 1976. p. 14 et suivantes.
  108. Martin, Michael. The Cambridge Companion to Atheism. Cambridge University Press. 2006. (ISBN 0-521-84270-0).
  109. Cline, Austin (2006). « Strong Atheism vs. Weak Atheism: What's the Difference? ». about.com. Consulté le 21 octobre 2006.
  110. Flew, Antony. « The Presumption of Atheism ». The Presumption of Atheism and other Philosophical Essays on God, Freedom, and Immortality. New York : Barnes and Noble, 1976. p. 14 et suivantes.
  111. Kenny, Anthony (2006). « Worshipping an Unknown God ». Ratio 19 (4) : 442. doi:10.1111/j.1467-9329.2006.00339.x. (en) « Those who fail to believe in God because they think that the truth-value of ‘God exists’ is uncertain may be called agnostic negative atheists, or agnostics for short. » En français : « Ceux qui ne parviennent pas à croire en Dieu parce qu'ils pensent que la vérité-valeur « Dieu existe » est incertaine peuvent être appelés athées négatifs agnostiques, ou agnostiques tout court. »
  112. Baggini 2003, p. 30–34. (en) « Who seriously claims we should say "I neither believe nor disbelieve that the Pope is a robot', or 'As to whether or not eating this piece of chocolate will turn me into an elephant I am completely agnostic'. In the absence of any good reasons to believe these outlandish claims, we rightly disbelieve them, we don't just suspend judgement. », soit en français « Qui peut déclarer sérieusement que nous devrions dire : « je ne crois ni ne crois pas que le pape soit un robot », ou « quant à savoir si manger ou pas ce morceau de chocolat va me transformer en éléphant, je suis totalement agnostique ». En l'absence de bonnes raisons pour croire à ces déclarations bizarres, nous n'y croyons pas, nous ne faisons pas que suspendre notre jugement ».
  113. Baggini 2003, p. 22. (en) « A lack of proof is no grounds for the suspension of belief. This is because when we have a lack of absolute proof we can still have overwhelming evidence or one explanation which is far superior to the alternatives ». En français: « L'absence de preuve ne peut être une base à l'arrêt de la croyance. La raison en est que lorsque nous manquons de preuves absolues, nous pouvons toujours avoir des preuves indirectes ou aucune explication nettement meilleures que les autres.»
  114. Données mondiales sur le World fact book [archive]
  115. Sondage publié en janvier 2007 dans Le Monde des religions, indiquant également que 51 % de la population française est catholique en incluant les catholiques agnostiques et athées.
  116. Eurobaromètre n° 225, Social values, Science & Technology, juin 2005, p. 7-11 [archive]
  117. Religion
  118. (en) Phil Zuckerman: Atheism: Contemporary Rates and Patterns, in: Michael Martin (ed.): The Cambridge Companion to Atheism. Cambridge University Press 2007.
  119. a, b et c Laurie Goodstein, « Athées et fiers de l’être », dans Courrier international du 12 mai 2009, [lire en ligne [archive]]
  120. Sondage Pew Forum réalisé sur 35 000 personnes entre mai et août 2007 : AFP, « L'Amérique mystique, religieuse et tolérante » [archive], sur http://www.lefigaro.fr/ [archive],‎ (consulté le 25 juin 2008)
  121. Sondage La Presse canadienne-Harris Décima réalisé entre le 22 et le 26 mai 2008 auprès de 1 000 personnes : AP, « Le quart des Canadiens disent ne croire en aucun dieu », sur Ledevoir.com,‎ (consulté le 27 juin 2008)
  122. Organisme National Statistique du Canada, « Population selon la religion, par province et territoire (Recensement de 2001) » [archive], sur www40.statcan.ca,‎ (consulté le 25 février 2009)
  123. Les Français et leurs croyances [archive] - Sondage CSA, mars 2003 [PDF].
  124. Les croyances des Français [archive] - Sondage Ifop, Le Journal du dimanche, 12 avril 2004.
  125. (en) Religious Views and Beliefs Vary Greatly by Country, According to the Latest Financial Times/Harris Poll [archive] - 20 décembre 2006.
  126. Enquête Harris Interactive complète [archive] [PDF]
  127. http://www.bbc.co.uk/news/magazine-19262884 [archive]
  128. « Global Index », pdf, p. 2
  129. a et b « Global Index », pdf, p. 17
  130. a et b « Global Index », pdf, p. 13
  131. [Pour les autres pays recensés, voir le Tableau 2 du « Global Index », pdf, p. 10]
  132. a et b « It is interesting that Religiosity declines as worldly prosperity of individuals rises. While the results for nations as a whole are mixed, individual respondents within a country show a revealing pattern. If citizens of each of the 57 countries are grouped into five groups, from the relatively poor to relatively rich in their own countries, the richer you get, the less religious you define yourself. » (Global Index, pdf, p. 5)