jeudi 30 novembre 2017

« Manger mieux dans les cantines, plus bio, local et sain est possible sans que ça ne coûte plus cher »

La restauration collective est devenue un sujet majeur. Manger mieux, plus bio et local est un impératif vers lequel devraient tendre toutes les cantines françaises, estime ce collectif de signataires dans une tribune au « Monde », parmi lesquels le chef Thierry Marx, l’artiste Emily Loizeau ou la femme de télévision Julie Andrieu.

TRIBUNE. Avec onze millions de repas servis chaque jour dans les écoles, les maisons de retraite, les hôpitaux, les entreprises et les administrations, la restauration collective s’invite de plus en plus fréquemment dans le débat public.

Elle fait des incursions dans le champ politique, intègre parfois des programmes électoraux, se déploie dans les livres et les émissions grand public, et des chefs étoilés n’hésitent plus à s’en mêler. C’est la preuve qu’elle fait converger certaines des préoccupations économiques, sociales et environnementales du moment, et qu’elle concentre de fortes attentes de la part des citoyens.

Comme tout sujet de société, elle n’échappe pas à une prise en main politicienne : ici on brandit l’impossibilité d’accueillir tous les enfants à la cantine, là on se cache derrière l’incapacité présumée de s’approvisionner plus localement et si possible en bio, là encore les peurs identitaires et communautaires s’immiscent dans les menus…

Abaisser le niveau de débat à ce point est regrettable car cela porte préjudice à une lente évolution qui, discrètement mais sûrement, s’opère en France.

Nouveaux enjeux de territoire

De plus en plus nombreux, des acteurs convaincus et enthousiastes adressent un joli pied de nez aux empêcheurs de bien manger ensemble. Ce sont des élus locaux, des techniciens, des cuisiniers, des gestionnaires, des collectifs de parents, bref, une constellation de citoyens éclairés par de nouveaux enjeux de territoire.

Si on y prête un minimum d’attention, ces cantines « rebelles » sont un formidable outil local de développement et de cohérence écologique.

Toutes se sont posé les bonnes questions : Que mange-t-on ? Comment est-ce produit ? Quel est le lien avec la production de proximité ? Comment le temps du repas est-il géré ? La santé dans l’assiette est-elle envisagée comme une priorité ? Manger bio et local, est-ce vraiment plus cher ? A l’heure des crises agricoles à répétition, la restauration collective apparaît comme un sérieux débouché pour les producteurs locaux légitimement soucieux de vivre décemment de leur métier.

En termes de santé publique et parce qu’elles sont des lieux d’égalité d’accès à l’alimentation, les familles prêtent aux cantines l’image d’un refuge de la variété et de l’équilibre alimentaire des convives.

Ce n’est pas ruineux

Pour ce qui est de la qualité, en revanche, on les accuse d’abuser des premiers prix de l’industrie agroalimentaire et d’une agriculture intensive dont les produits contenant des pesticides saturent de camions les autoroutes d’Europe.

C’est malheureusement assez vrai, le contenu de nos assiettes est la traduction de nos pratiques alimentaires. Manger bio en respectant l’environnement reste l’exception : à peine 3,2 % des achats de la restauration collective en 2015 (source : Agence Bio), même si la croissance annuelle de ce marché affiche une santé à deux chiffres depuis près de dix ans.

Santé, environnement, développement économique : le mouvement des cantines rebelles est à l’œuvre aussi bien en ville qu’à la campagne. Enracinées dans les territoires, en lien direct avec les acteurs de terrain, ces politiques alimentaires innovantes ne ruinent pas les collectivités.

Le bio atteint ainsi près de 20 % à Nantes, Dijon et dans les collèges des Pyrénées-Atlantiques, dépasse les 25 % à Paris, Toulouse et Grenoble ; il s’élève même à 100 % à Grande-Synthe (Nord), au Rouret, à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) ou à Ungersheim (Haut-Rhin). Les collectivités parviennent à s’accommoder du cadre rigide du code des marchés publics pour relocaliser la production alimentaire en adaptant leur cahier des charges, jouent sur les prestations des fournisseurs, divisent leurs marchés en autant de lots que la production locale est susceptible d’en emporter.

Un mouvement de « rébellion »

Certaines ont réglé la question de la surconsommation de protéines de mauvaise qualité. En quelques années, la restauration collective est devenue un sujet majeur de société, qui interpelle les citoyens autant que les élus.

Manger mieux, plus bio, local, sain et juste fait peu à peu son chemin, dans un mouvement de « rébellion » qui, sur le terrain, tord le cou à certains discours politiciens, en présentant un double menu quotidien avec et sans viande, comme à Bègles (Gironde), ou en offrant un repas périodique à base de protéines végétales – c’est le cas à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), à Briançon (Hautes-Alpes), ou dans les collèges de la Drôme.

Pour soutenir l’installation de nouveaux agriculteurs, certains élus n’hésitent pas à s’engager dans des politiques d’aménagement du territoire et de gestion intelligente du foncier. A cet égard, le débat qui agite depuis un an les parlementaires pour savoir s’il faut ou non fixer un seuil de 20 % de produits bio d’ici à 2020 en restauration collective est éclairant.

Alors qu’il suffirait de mettre en culture 80 000 hectares (soit à peine un quart des surfaces qui se convertissent au bio chaque année) pour proposer des légumes bio à chaque repas et atteindre les fameux 20 %, ce ne sont pas les capacités de production qui manquent, les freins sont donc à chercher ailleurs.

Réduire le gaspillage

Enfin, les cantines ne sont plus seulement des lieux auxquels on assigne la seule tâche de remplir des estomacs. Elles deviennent des espaces de vivre-ensemble, de plaisirs partagés, de découvertes sensorielles où des cuisiniers vengent la réputation médiocre qui colle à leur métier.

Il en va de même pour l’ineptie du gaspillage alimentaire. La moyenne des restes par assiette et par convive frôle 150 g : c’est un tiers de la nourriture achetée, cuisinée et jetée, dont il faut en plus payer la collecte, le stockage et le traitement. Certaines collectivités parviennent à réduire de 70 % à 80 % ce gaspillage, ce qui leur permet de dégager des budgets pour investir dans une meilleure qualité de produits.

Manger mieux à coût constant, c’est évidemment possible. Une telle dynamique demande de l’audace et un portage politique fort, loin des discours clivants.

En se saisissant des bons enjeux, les cantines rebelles apportent une réponse positive à la question de l’intégration de tous les publics, pour lesquels l’âge, l’origine sociale, le niveau de richesse ou les préférences alimentaires ne sont pas des barrières mais, au contraire, la preuve que la diversité sociale des convives est aussi importante que la diversité du contenu de l’assiette.

Signataires de la tribune : Julie Andrieu, productrice et présentatrice des « Carnets de Julie » sur France 3 ; Emilie Aubry, journaliste (Arte et LCP) ; Edouard Chaulet, maire de Barjac (le village du film « Nos enfants nous accuseront » de Jean-Paul Jaud) ; Cyril Dion, écrivain et réalisateur du film « Demain ». Dominique Granier, président de la chambre d’agriculture du Gard ; Katell Jaouannet et Gilles Pérole, coordinatrice et président de l’association Un Plus Bio - Premier réseau national des cantines bio ; Eric de Kermel, directeur du magazine « Terre sauvage » ; Emily Loizeau, chanteuse et musicienne ; Thierry Marx, chef cuisinier ; Isabel Otero, comédienne ; Thierry Stoedzel, directeur d’Ecocert France ; Henri de Pazzis, fondateur de Pronatura ; Stéphane Veyrat et Julien Claudel, auteurs de « Quand les cantines se rebellent, manifeste pour une restauration collective bio, locale, saine et juste », éditions Court-Circuit, 94 p., 9 €.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/12/11/bien-manger-a-la-cantine-c-est-politique_5047054_3232.html#Fgt8fr933PuA9spx.99

Dernière alerte, 40 ans après "Les limites de la croissance" - Rapport Meadows du Club de Rome

En 1972, quatre jeunes scientifiques du MIT (Massachussets Institute of Technologie) rédigent à la demande du Club de Rome un rapport qu'ils intitulent The Limits to Growth.

Celui-ci va choquer le monde et devenir un best-seller international. Pour la première fois, leur recherche établit les conséquences dramatiques sur le plan écologique d'une croissance économique et démographique exponentielle dans un monde fini.

Leur analyse repose sur le modèle « World3 », qui permet une simulation informatique des interactions entre population, croissance industrielle, production alimentaire et limites des écosystèmes terrestres. Nous sommes avant la première crise pétrolière de 1973, et pour beaucoup d'esprits, la croissance économique est un fait durable, qui ne saurait être discuté.

En avance sur leur temps, ils n'ont pas été entendus. Aujourd'hui, les limites à la croissance ont été largement dépassées. Il est plus que temps des les écouter afin d'amorcer ce virage des consciences et aller chercher et créer les conditions favorables à la résilience dont nous allons avoir tant besoin.



Sourcehttps://youtu.be/uTrP3escs0s

Un rapport alarmant de l'Union internationale pour la conservation de la nature

Un rapport alarmant de l'Union internationale pour la conservation de la nature 


Dans son grand rapport publié début novembre 2017 sur l'état de 228 sites répertoriés au Patrimoine mondial de l'Unesco, l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) s'inquiète grandement de l'état du Parc national de La Réunion. Classé dans un "bon état avec quelques préoccupations" en 2014, le Parc suscite désormais "une préoccupation importante" de la part des scientifiques de l'IUCN. Le rapport de l'organisme se divise en trois catégories :
- l'état actuel du patrimoine et son évolution,
- les différentes menaces
- et enfin la protection et la gestion globale.
Pour rappel, grâce au Parc national les "pitons, cirques et remparts de La Réunion"sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco depuis le 2 août 2010. Nous publions ci-après le bilan établi par l'IUCN, publié ce mois de novembre 2017.

"Les menaces des espèces exotiques envahissantes sur le Bien (ndlr : La Réunion), préalablement déjà considérées comme étant de haut niveau, ont continué de s’accroître malgré les efforts déployés en matière de stratégie de lutte, de programmation et d’actions de lutte. Si des résultats encourageants ont donc bien été enregistrés dans ce domaine (prévention, lutte), l’ampleur de la vague d’invasion, l’insuffisance des moyens alloués et les besoins de renforcement de la gouvernance et de la coordination de la lutte contre les invasives aboutissent in fine à une détérioration progressive en voie de généralisation, que certaines catastrophes comme les incendies de 2010 et 2011 ont encore amplifiée.

La réponse et l'engagement du gestionnaire, visant non seulement à maintenir l’état de conservation du bien mais aussi à restaurer ses valeurs aux niveaux précédents, sont très forts mais sa stratégie d’action doit être rapidement renforcée afin de pouvoir tenir compte dans ses priorités et modes d’action de l’ampleur croissante de l’invasion.

Le bien se trouvant sur une île, un travail collaboratif important visant à empêcher de nouvelles invasions et à contrôler les invasions naissantes a d’ores et déjà été mené ces dernières années. Sa traduction juridique dans le cadre du règlement européen sur les espèces exotiques envahissantes est en cours, mais ne concernera pas la plupart des exotiques responsables des plus fortes invasions actuelles du Bien (ndlr : La Réunion). Pour le futur, alors que la population humaine en pleine croissance de l'île continuera de poser des défis permanents et face à l’ampleur croissante de l’invasion, l’approche globale et collaborative dans la gestion du Bien (ndlr : La Réunion) nécessitera sans doute des décisions très difficiles".

- Le patrimoine se détériore : "la préoccupation est importante" -

"Le bien ayant été récemment inscrit (2010), les tendances évolutives des valeurs du Patrimoine mondial, ne peuvent encore être évaluées exactement. Mais, de même qu'il est clair que les valeurs de la biodiversité étaient meilleures dans l’état historique antérieur le mieux documenté, tous les experts et observations répétées convergent vers une dégradation progressive des valeurs du Bien (ndlr : La Réunion) ces dernières années et notamment des habitats en raison de la progression constante des fronts d’invasion.

D’autant que deux incendies majeurs depuis l’inscription en 2010 et 2011 ont localement causé une détérioration conséquente des valeurs du Bien (ndlr : La Réunion). Une évaluation ciblée est nécessaire et il est urgent, afin de préciser les tendances des valeurs de biodiversité, de mettre en place un suivi dédié à l’impact des invasions végétales dans les habitats endémiques et (plus ou moins) primaires de l’île qui constituent un des piliers des valeurs du Bien (ndlr : La Réunion).

À ce stade, l'état actuel des valeurs du patrimoine mondial depuis le moment de l'inscription peut être évalué comme étant de préoccupation élevée et la tendance comme se détériorant".

- Les menaces élevées se multiplient -

"Les espèces exotiques envahissantes ont été reconnues comme la plus grande menace actuelle pour le Bien (ndlr : La Réunion) et sont également liées à d'autres menaces telles que les feux de forêt et l'érosion. Elles perturbent fortement les successions naturelles suite aux éruptions volcaniques ou aux cyclones périodiques (qui pourraient augmenter en intensité avec le changement climatique) ; les zones nouvellement ouvertes sont ainsi maintenant colonisées avec des espèces exotiques plutôt que natives. L'augmentation de la population en périphérie du Bien (ndlr : La Réunion) et du tourisme entraîne une pression générale croissante sur le Bien (ndlr : La Réunion).

S’y ajoutent de nombreuses menaces locales comme le braconnage des palmiers et des orchidées, le bétail divaguant et l’accroissement des déchets qui non seulement gâchent la valeur du paysage du Bien (ndlr : La Réunion), mais augmentent les populations de rats qui, à leur tour, déciment certaines populations critiques de certaines espèces en voie de disparition. Le changement climatique constitue la plus sérieuse menace potentielle. La prospection pour l'énergie géothermique dans le parc aurait sérieusement compromis sa valeur universelle exceptionnelle mais ce projet a été abandonné. Divers projets hydroélectriques, éoliens et solaires restent à évaluer".

- La protection et la gestion sont efficaces, les problèmes de gouvernance à résoudre -

"Pour un jeune parc national (2007), la protection et la gestion bénéficient des bonnes pratiques et de l'expérience des autres parcs nationaux français et d’ailleurs, principalement par l'obligation légale de développer une "Charte", entre toutes les parties prenantes qui jouent le rôle de "plan de gestion" du Bien (ndlr : La Réunion), y compris le noyau central et l’aire d’adhésion. La nouvelle charte du Parc national a été approuvée en 2014 par décret. Actuellement 17 / 24 communes ont adhéré dont 14 ont signé une convention. La protection et la gestion à long terme seront améliorées une fois que les problèmes de gouvernance liés aux responsabilités de gestion seront entièrement résolus".

La Réunion est classée en 2017 dans la catégorie des sites suscitant une "préoccupation importante" : "si les perspectives de conservation d'un site sont préoccupantes, ses valeurs sont considérées comme menacées par un certain nombre de menaces actuelles et ou potentielles. D'importantes mesures de conservation supplémentaires sont ainsi nécessaires pour préserver ces valeurs à moyen et à long terme. Les menaces spécifiques et les problèmes de protection et de gestion varient selon les sites et ceci est discuté plus en détail dans les deux prochains chapitres. L'IUCN 2017 évaluent 70 sites ayant une perspective de conservation qui est très préoccupante".

Source : http://www.ipreunion.com/actualites-reunion/reportage/2017/11/30/parc-national-unesco,73098.html

mercredi 29 novembre 2017

Pour bons et loyaux services rendus aux multinationales


GLYPHOSATE, c'est reparti pour 5 ans

Malgré l'avertissement de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui a signalé en 2015 que l'herbicide glyphosate [1], commercialisé notamment sous la marque Roundup de Monsanto, était cancérigène, l'Union Européenne (clairement une institution marchande supranationale) autorise pour cinq années supplémentaires l'utilisation de ce poison.



[1] Le glyphosate (N-(phosphonométhyl)glycine, C3H8NO5P) est un herbicide total foliaire systémique, c’est-à-dire un herbicide non sélectif absorbé par les feuilles et ayant une action généralisée, autrefois produit sous brevet, exclusivement par Monsanto à partir de 1974, sous la marque Roundup. Le brevet étant passé dans le domaine public en 2000, d'autres sociétés produisent désormais du glyphosate. Le glyphosate seul est peu efficace, car il n'adhère pas aux feuilles et les pénètre difficilement. On lui adjoint donc un tensioactif.
Le glyphosate est classé depuis le comme « probablement cancérogène » par le Centre international de recherche sur le cancer. Le CIRC précise que c'est une estimation du danger mais que l'estimation du risque pour la population générale est du ressort des agences de sécurité sanitaire.

mardi 28 novembre 2017

" Bitcoin"...

Cette affaire commence à me trotter dans la tête : on en parle beaucoup !
Alors, plutôt que de m’enflammer pour une idée nouvelle, comme il est de rigueur aujourd’hui sur les ‘’réseaux sociaux’’, j’essaye de comprendre un peu ce qui se passe …

En effet, vouloir s’affranchir de l’exploitation des grandes banques peut paraître une idée louable, mais quand on veut le faire en créant une crypto-monnaie purement virtuelle, cela me parait bizarre !
En réalité, cette nouvelle monnaie fiduciaire ne semble guère présenter plus de garantie pour le particulier que l’ancienne : elle est ‘’cotée’’, son cours est soumis à fluctuation, dès le départ elle fait, de toute évidence, apparaître une ‘bulle’’ spéculative et, donc, peut être valorisée mais aussi connaître une dévalorisation brutale et incontrôlable !

En l’absence de ‘’banque’’, qui gère et qui détient les sommes colossales que cette crypto-monnaie génère ?

Sa constitution permet-elle de se protéger sans faille d’une banqueroute ?

Que se passera-t-il si dans une semaine on annonce aux gens que leur argent s’est évaporé ???

Parce que, il est évident que cette nouveauté a … le charme de la nouveauté !!!

Et c’est le genre d’aventure palpitante où des projets peuvent atterrir sur le podium des capitalisations en quelques mois , mais où un actif peut perdre 80 % de sa valeur en 24 heures. …

Qui est derrière tout cela ?

L’examen soigneux des faits me laisse deux possibilités quasi-probantes :

1er : Quelques petits génies de la finance et de l’informatique ont trouvé là une masse de liquidités et de quoi dégager des plus-values monstrueuses avec de l’argent qui ne leur appartient pas (puisque , bien-sûr, je suppose que l’argent réel n’est pas mis dans un tiroir mais utilisé sur les marchés financiers…) .

Ou 2eme : la manœuvre est plus perverse et émane des banques centrales elles-mêmes !
En effet, ce n’est un secret pour personne que depuis des années déjà les banques (pour faciliter la gestion purement informatique et éviter qu’à un moment de crise les gens ne réclament pas ‘’physiquement’’ leur argent) font tout leur possible pour éliminer l’argent matérialisé (en opposition à l’argent ‘’virtuel’’) ;

Nous avons tous vu les difficultés de s’approvisionner dans certains distributeurs, la publicité (y compris télévisuelle !) pour le fameux ‘’porte-monnaie’’ électronique, les cartes de crédits avec ‘’mille avantages’’ et maintenant les ‘’banques en ligne’ qui n’ont même pas de guichets ni d’existence physique (pratique en cas de banqueroute…).

Alors je me dis qu’il serait tout à fait possible que cette affaire de crypto-monnaie soit une émanation des banques centrales elles-mêmes pour pousser insidieusement les gens, sous le couvert d’une ‘’modernité qui libère ‘’ à se livrer pieds et poings liés à l’émanation ultime de la finance : l’argent 100% virtuel (enfin : le vôtre, pas le leur…). En pensant nous libérer et en participant nous-mêmes à la création du monstre qui nous dévorera !

Est-ce un hasard (bien sûr que non !!!) si en même temps, on voit renaître dans le monde entier une fièvre de l’or et des métaux précieux qui sont eux, le stade ultime de la valeur matérialisée ???
Eux auront les lingots, nous une ligne de chiffres sur notre ordinateur …Tant que nous aurons un ordinateur ….

dimanche 26 novembre 2017

Qui crée l'argent ? - en 10 minutes.

Qui créé l'argent ? Le savez-vous ? A partager, sans modérations. Pour tout comprendre de la création monétaire, rendez-vous sur www.inter-agir.fr


Source : https://youtu.be/ZWL_u7mWKXw

vendredi 24 novembre 2017

RICHESSE & pauvreté en FRANCE



Source : https://youtu.be/MGfQ7kC8KEU

Discours de Gérard Filoche :
"87 hommes possèdent plus que la moitié de l'humanité (trois milliards cinq cents millions d'êtres humains)."
"En France, on a deux milliardaires qui possèdent plus que 20 millions de Français."
" Et on a 6 millions de chômeurs et 9 millions de personnes en dessous de 900€ par mois."
"En France, on a 500 famille qui possède plus que l’État; 440 milliards."
"On a 80 milliards de fraude fiscale reconnue et on s'est fixé comme objectif d'en récupérer 2."
"Jean-Claude Juncker, pendant 30 ans, a blanchi 2400 milliards d'euros avec 340 multinationales dont 58 multinationales françaises. Elles sont allées là-bas au Luxembourg."
"On peut peut-être aller chercher l'argent sur la fraude fiscale plutôt qu'aller le chercher sur la Sécurité Sociale, sur les retraites, sur les petits salaires, sur le SMIC bloqué, sur le point d'indice de la fonction publique gelé."
"L'argent est là ! La République française n'a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal réparties."
"Le chômage de masse a augmenté de 1 millions depuis 3 ans" [sous François Hollande période 2012-2015).
"Il ne faut pas faciliter les licenciements; il faut contrôler les licenciements !"
 [...]
"La fraude fiscale en Europe est deux fois supérieure à la dette de tous les pays de la Zone euro."

"Ça devrait faire la une de tous les médias pendant des jours et des jours. La crise est résolue. Le chômage est résolu."
"Nous n'avons pas besoin de prendre 9 milliards à la Sécurité Sociale, 11 milliards aux collectivités territoriales, de baisser de 50 milliards les octrois [droits?] sociaux. Il suffit de reprendre l'argent aux voleurs."

jeudi 23 novembre 2017

Le tirage au sort: un remède pour les démocraties ?

Dans nos société "avancées", les élections et la démocratie sont considérées comme inséparables et d'ailleurs cette association fait partie intégrante de la déclaration des droits de l'homme (la bible donnée à tout pays en voie de démocratisation).

En fait, cette liaison est loin d'être évidente. Les Grecs de l'Antiquité, par exemple, pensaient que les élections faisaient partie intégrante d'un système oligarchique. Ce sont pourtant eux qui ont fondé la première vrai démocratie. Les représentants étaient tirés au sort et ce principe de désignation a duré 200 ans ce qui correspond, à peu de choses près, à la durée de l'expérience élective dans nos démocraties "modernes" !

Avant les expériences récentes de démocraties (c'est à dire avant la révolution française), de nombreuse figures historiques affirmaient pourtant que les démocraties ne pouvaient réellement exister sans le recours au tirage au sort.

Par exemple, selon ARISTOTE : « Je cite comme exemple les magistratures : le tirage au sort est considéré comme démocratique, l'élection comme oligarchique…. ». «Le principe fondamental du régime démocratique, c'est la liberté […] Une des marques de la liberté, c'est d'être tour à tour gouverné et gouvernant.».

Pour MONTESQUIEU - De l'esprit des lois - 1748 "Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie; le suffrage par le choix est celle de l'aristocratie". "Le sort est une façon d'élire qui n'afflige personne; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie".
 
Il en est de même pour Jean-Jacques ROUSSEAU qui indique dans "Du contrat social" - 1762 "Quand le choix et le sort se trouvent mêlés, le premier doit remplir les places qui demandent des talents propres, telles que les emplois militaires: l'autre convient à celles où suffisent, le bon sens, la justice, l'intégrité, telles que les charges de judicature, parce que, dans un état bien constitué, ces qualités sont communes à tous les citoyens.". "La voie du sort est plus dans la nature de la démocratie. Dans toute véritable démocratie, la magistrature n'est pas un avantage, mais une charge onéreuse qu'on ne peut justement imposer à un particulier plutôt qu'à un autre. La loi seule peut imposer cette charge à celui sur qui le sort tombera".

Alors, pourquoi l'élection est si évidente aujourd'hui et le tirage au sort toujours considéré comme farfelu par beaucoup pour désigner les représentants du peuple dans une démocratie ? Comment est-on passé d'une évidence à l'autre et pourquoi n'y a t-il plus d'alternative. On nous aurait fait le coup du "TINA" à l'insu-de-notre-plein-gré, encore une fois ?

Les avantages et inconvénients des deux possibilités ont été détaillés dans de nombreuses littératures (la récente étude "CONTRE LES ÉLECTIONS" de David Van Reybrouck parue aux éditions Babel, constitue une référence).

Imaginons que le tirage au sort des représentants ait été proposé à la suite de la révolution française, il est fort probable que les "meneurs" n'auraient pas été désignés. Auraient-ils accepté d'être mis à l'écart de la révolution qu'ils ont piloté ? Sûrement, non ! En revanche en proposant leur nom au "bon peuple", ils étaient quasiment certains de se retrouver aux commandes du pays. Il en est de même pour toutes les autres révolutions qui ont suivi et qui continuent. Les "meneurs" souhaitent faire partie du gouvernement. C'est ce qui explique que les élections sont si prisées par les démocraties. Elles sont tout simplement instaurées pour réserver le pouvoir à une élite, une aristocratie, le peuple en est systématiquement écarté. Une fois élue, cette élite s'empresse de rédiger les textes officialisant le fait que seules les élections devront désigner les représentants à partir de candidats sélectionnés et proposés par ceux-là même qui détiennent le pouvoir (les riches, les responsables des partis et les médias).

medias Comment expliquer que les médias soient si frileux pour aborder ce sujet ? Une des raisons pourrait être que, en dehors du fait que leur propriétaire soient partie prenante dans l’exercice du pouvoir et n'ont donc aucune raison de savonner la planche des élus-amis, la recherche du sensationnel autour d'une poignée de personnes soit plus attrayante et payante que le suivi d'illustres inconnus qui de plus n'exerceront le pouvoir que très brièvement. La boucle est bouclée ! Pour ceux qui auraient un doute on trouvera bien de quoi ridiculiser l'idée du tirage au sort...
La suisseSi les représentants(les députés) de l'assemblée nationale étaient tirés au sort parmi l'ensemble des citoyens de France, l'assemblée nationale ne serait pas un corps d'élite à prédominance de riches, mâles, blancs, seniors. Au contraire, il ressemblerait à un échantillon statistique de la population française : de femmes, d'employés, de cadres, de chef d'entreprise, de riches, de pauvres, de vieux, de jeunes, d'hétérosexuels, d'homosexuels, ... etc, etc.
Democracynotfound Selon David Van Reybrouck, l'auteur du livre cité plus haut, il estime que "nous sommes en train de détruire notre démocratie en la limitant aux élections (Cf. déclaration des droits de l'homme), et ce alors même que ces élections n'ont jamais été conçues comme un instrument démocratique.

Alors que faire pour sortir de ce système qui tient les citoyens à l'écart des affaires de l'état ?

Une stratégie pourrait consister à tout d'abord et comme toujours, bien se renseigner sur ce sujet, ensuite si on est soi même convaincu, convaincre autour de soi... Puis, sachant qu'il sera obligatoire de passer par la refonte des textes fondateurs : constitution, déclaration des droits de l'homme, ... il faut mettre en place une organisation capable de porter cette "nouvelle" idée et d'occuper l'espace public.

Dans le cadre actuel, cette organisation peut s'apparenter à un parti politique d'un nouveau type puisque il devra réunir les bonnes volontés (de bons communicants) qui, contrairement aux autres partis, ne pourront prétendre à un quelconque pouvoir. En soit, c'est une grande nouveauté !

La principale mission de ce parti sera d'exiger un référendum sur le choix du mode de désignation des représentants : Tirage au sort ou Élections. Si le tirage au sort l'emporte, une assemblée constituante dont les membres seront tirés au sort devra se mettre en place pour enclencher progressivement la réforme du système.

Selon Etienne Chouard, très actif sur ce sujet, il faut dès à présent commencer par s’entraîner à la rédaction d'une constituante en mettant en place des ateliers au niveau des régions, des villes, des villages, .... De cette manière, les citoyens se rendront compte qu'ils sont tout à fait capable de gérer eux-mêmes leur destinée et qu'il n'est pas nécessaire ni souhaitable de déléguer cette responsabilité à des "experts" autoproclamés.

N'oublions pas que le citoyen n'est ni un enfant, ni un client et que selon un proverbe d'Afrique centrale (également attribué à Gandhi) "Tout ce que tu fais pour moi sans moi, tu le fais contre moi" !
Alors, qui commence ?

MP (simple citoyen)

Quelques liens sur ce sujet pour nourrir votre réflexion :
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/ propose d'agir en participant à la rédaction d'une nouvelle constitution pour la France en intégrant le tirage au sort.
http://www.newdemocracy.com.au/ Tout sur le tirage au sort...
http://equalitybylot.wordpress.com/ blog très étoffé sur le tirage au sort
http://www.pour-une-democratie-directe.fr ne traite pas du tirage au sort mais milite pour une implication directe du citoyen dans la vie politique.
http://www.democraciarealya.es/ ne traite pas du tirage au sort mais milite pour une implication directe du citoyen dans la vie politique.

La manipulation par la peur : Le système pousse chacun de nous à avoir peur de nos semblables pour mieux nous laisser croire que lui seul peut nous protéger...

Sourcehttps://blogs.mediapart.fr/marcel-peres/blog/170914/le-tirage-au-sort-un-remede-pour-les-democraties

Schéma d'organisation de la France en confédéralisme municipal


mercredi 22 novembre 2017

Voilà pourquoi Gérard Filoche a été exclu du Parti Socialiste.


Gérard Filoche, né le à Rouen, est un syndicaliste et homme politique français.
Inspecteur du travail de profession, il a publié de nombreux ouvrages sur mai 68 et sur le droit du travail et contribue à différents médias (L'Humanité, Mediapart, etc).
Militant communiste dans sa jeunesse, il est ensuite trotskiste, jusqu'à son adhésion au Parti socialiste en septembre 1994. Il reste au PS jusqu'en novembre 2017, date à laquelle il en est exclu en raison du tweet suivant, qualifié d' "antisémite" par les médias de masse, désignant Emmanuel Macron :

"Un sale type type, les français vont le savoir tous ensemble bientôt"; accompagné du photomontage.


De mon point de vue, c'est une bonne chose que Gérard Filoche ne soit plus membre du Parti Socialiste.
Ce parti [qui a adopté le libéralisme économique depuis 1983 et doit donc être considéré "de droite"] ne le méritait pas car Gérard Filoche est un homme "de gauche" (syndicaliste, communiste, trotskiste).
De plus, Gérard Filoche a son franc-parler [alors que la direction du PS est hypocrite].
Enfin, il dénonce depuis des années l'interdiction du contrôle des mouvements de capitaux (perte de 60 à 80 milliards d'euros par an de recettes fiscales pour l’État français) alors que le PS est pro-Union Européenne [or, c'est précisément dans les articles 63 à 66 du traité de l'UE que sont interdits ces contrôles et donc rendues légales les délocalisations].

L'argument "antisémite" est éculé.
Par cette image, Gérard Filoche ne dénonce par Patrick Drahi, Jacob Rothschild et Jacques Attali pour ce qu'ils sont (de confession juive) mais pour ce qu'ils font, eux, et leur marionnette Emmanuel Macron. Ils mettent progressivement en place (dans la même mouvance que les dirigeants états-uniens, union-européens et israéliens) un régime totalitaire mondial dirigé par les banquiers internationaux (quelle que soit leur religion ou absence de religion).

Des (je reprends la citation) "sales types" !

mardi 21 novembre 2017

Après Epicure - ou - De l'éthique individuelle à la politique collective (5)

L'éthique d’Épicure pourrait se résumer de la façon suivante :

* rechercher l' « aponie », absence de douleurs physiques (faim, froid, maladie, etc.) qu'on peut interpréter en termes politiques et économiques comme l'autosuffisance (alimentaire, énergétique, sanitaire, etc.)

* et l' « ataraxie », absence de troubles (insécurité, angoisse, oppression, etc.) qui peut naturellement découler de l'autonomie : quand les citoyens décident eux-mêmes, collectivement, les règles qu'ils vont suivre, nul besoin de coercition (tout au plus faudra-t-il se prémunir des menaces extérieures).

Cette éthique individuelle peut être extrapolée au niveau d'une société (d'un groupe plus ou moins nombreux de personnes). Le philosophe lui-même vivait avec une communauté d'amis (ouverte aux hommes libres, aux femmes –y compris prostituées- et aux esclaves) dans le Jardin (son école philosophique créée en 306 avant Jésus-Christ) près d’Athènes, en Grèce.

Ses successeurs, de l'époque romaine à l'époque contemporaine (notamment les philosophes du XVIIIème siècle), ont imaginé plusieurs systèmes politiques qui pourraient correspondre à l'éthique d’Épicure :

* la monarchie : un « bon roi » éclairé par le philosophe (projet de Philodème de Gadara) ;

* la monarchie parlementaire : avec un roi éclairé par une assemblée de citoyens éduqués par les philosophes (projet du baron d’Holbach) ;

* la république : dirigée directement par un parlement (une assemblée de citoyens) ou une fédération de républiques provinciales / régionales (projet d’Helvétius) ;

* et la fédération de communes (projet de Jean Meslier). 

A la lecture (récente) de trois maximes capitales d’Épicure (XXXVI, XXXVII et XXXVIII, confer ci-dessous), dans lesquelles il parle de "communauté mutuelle des hommes", de ce qui est "utile à la communauté" et donc qui est "légalement juste", je découvre qu'il explique clairement que : "considérant la particularité du pays et toutes les autres causes que l’on veut, il ne s’ensuit pas que la même chose soit juste pour tous."

J'en déduis qu'il aurait opté :

- non seulement pour le bien commun (ce qui est utile est juste) de la "communauté mutuelle" (sans différences sociales, sans qu'il y ait un monarque ou des oligarques pour imposer leur volonté à l'ensemble de la communauté)

- mais en plus qu'il était conscient des particularités de chaque groupe (pouvant atteindre la taille d'un pays) et donc des différences devant exister d'un contrat social à l'autre; avec des lois pouvant évoluer avec le temps afin qu'elles demeurent toujours utiles à la communauté dans un contexte qui est susceptible d'évoluer.

Cela donnerait un avantage aux projets d'Helvétius et de Meslier qui prennent en compte les particularités de chaque province/région ou même de chaque commune.

L'organisation de l'ensemble devrait s'appuyer sur le principe de "subsidiarité ascendante". 
C’est Aristote qui, dans Les Politiques est à l’origine de la notion de subsidiarité quand il décrit une société organique, « La Cité », au sein de laquelle s’emboîtent hiérarchiquement des groupes : familles-villages, chacun de ces groupes essayant d’être auto-suffisants. Le principe est formulé ainsi :  "Ne confier une compétence à un échelon supérieur que lorsque l'échelon inférieur ne peut l'exercer de façon satisfaisante".

Dans notre monde industriel en transition, compte tenu de l'épuisement imminent des ressources en hydrocarbures (2030 ?), et de l'effondrement possible qui en découlerait, un recentrage sur le local me semble le plus opportun. Cela favoriserait la démocratie directe, la cohésion sociale et la production de proximité, donc l'emploi local et la préservation de l'environnement via une moindre empreinte écologique liée au transport de marchandises.

-----

Maximes capitales d’Épicure citées plus haut :

 XXXVI . Considérant ce qui est commun, le juste est le même pour tous, car c’est quelque chose d’utile dans la communauté mutuelle des hommes ;  mais considérant la particularité du pays et toutes les autres causes que l’on veut, il ne s’ensuit pas que la même chose soit juste pour tous.
 
XXXVII . Ce qui confirme son utilité dans les us de la communauté mutuelle des hommes, parmi les choses tenues pour légalement justes, vient occuper la place du juste, que ce soit la même chose pour tous ou non.  Mais si on l’établit seulement, sans se conformer à ce qui est utile à la communauté mutuelle des hommes, cela n’a plus la nature du juste.  Et même si c’est l’utile conforme au juste qui vient d’en changer, du moment qu’il s’accorde un temps à la prénotion, il n’en était pas moins juste pendant ce temps-là, pour ceux qui ne se troublent pas eux-mêmes avec des formules vides, mais regardent le plus possible les réalités.
 
XXXVIII . Là où, sans que des circonstances extérieures nouvelles soient apparues, dans les actions mêmes, ce qui avait été institué comme juste ne s’adaptait pas à la prénotion, cela n’était pas juste ;  en revanche, là où, à la suite de circonstances nouvelles, les mêmes choses établies comme justes n’avaient plus d’utilité, alors, dans ce cas, ces choses avaient été justes, lorsqu’elles étaient utiles à la communauté des concitoyens entre eux, et ultérieurement ne l’étaient plus, lorsqu’elles n’avaient pas d’utilité.

A ce stade, on ne parle même plus d'usure !

Dans un article que je publiais sur ce blog en avril 2007 (http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2007/04/projet-despoir-extrait-n2.html), je citais un extrait du livre de François Bayrou "Projet d'espoir" :

Pages 92 et 93 :

"Pour refinancer la dette, l'Etat français emprunte à cinquante ans (!) des sommes très importantes sur les marchés internationaux. Et grâce à l'extrême confiance que le monde entier place dans l'euro, nous contractons ces emprunts d'une durée sans précédent, au taux sans précédent, invraisemblablement bas, de 3,85%... C'est dire le ballon d'oxygène que l'euro représente pour notre pays dans les années noires que nous traversons."

François Bayrou semble s'enthousiasmer de la confiance placée dans l'euro et parle de "taux incroyablement bas", comme si, nous, les contribuables, nous devions nous réjouir de pouvoir emprunter dans ces conditions précises.

Mais un emprunt sur 50 ans avec un taux d'intérêt à 3,85% par an ... il me semble ça va faire beaucoup, beaucoup d'intérêts à rembourser !
Il faudrait calculer ça précisément ...

Grâce au simulateur de "La finance pour tous - Institut pour l'éducation financière du public " (https://www.lafinancepourtous.com/calculateurs/credit/calculateur_credit-immo.php), j'ai pu calculer que pour 1000€ empruntés au taux d'intérêt annuel de 3,85% sur une durée de remboursement de 50 ans (600 mois), le coût total de l'emrpunt (les intérêts cumulés) serait de ... 1256€ (du 125% !).

A ce stade, on ne parle même plus d'usure !

Alors que tout ça pourrait être gratuit si la Banque de France, nationalisée en 1945 (après 145 ans d'existence) par le Conseil National de la Résistance, imprimait elle-même la monnaie dont le peuple français a besoin !

"Petite histoire de l'expérimentation démocratique, Tirage au sort et politique d'Athènes à nos jours" (par Le-message.org)

Yves Sintomer est directeur-adjoint du département de science politique de l’université de Paris 8, chercheur au CRESSPA (CNRS) et chercheur associé à l’Institut de sociologie de l’université de Neuchâtel, auteur de "Petite histoire de l'expérimentation démocratique, Tirage au sort et politique d'Athènes à nos jours"
Le tirage au sort ne prenait son sens que parce qu'il était couplé à une rotation rapide des tâches et à l'interdiction du cumul des mandats (on ne pouvait par exemple pas faire partie du conseil plus de deux fois dans sa vie) et également à la collégialité de toutes les magistratures. Comme l'a bien expliqué Jean-Pierre Vernant on avait avec la cité un pouvoir qui n'était plus concentré en un personnage unique au sommet de l'organisation sociale mais qui se trouvait en son centre vide, sans "mesone". Et suivant un cycle réglé, la souveraineté passait d'un groupe à l'autre, d'un individu à l'autre de telle sorte que commander et obéir au lieu de s'opposer comme deux absolus devenaient deux termes inséparables d'un même rapport réversible. L'égalité est également affirmée dans le rapport entre les citoyens et leurs gouvernants. Ceux-ci sont considérés comme au service des gouvernés et non pas leurs maîtres. Et du coup le fait de les désigner par tirage au sort peut sembler plus logique. Le détour par la Grèce est salutaire car comme le dit l'historien Finley "il faut pour comprendre ce système politique aller au delà de l'équation démocratie = élection" qui nous semble à nous modernes aussi évidente. On comprend mieux pourquoi l'âge d'or de la cité athénienne et de la Grèce a correspondu avec un épanouissement maximal du tirage au sort en politique. Une vertu épistémologique du tirage au sort est bien résumée par Cléon, l'un des démagogues du 5e siècle, dans des propos rapportés par Thucydide. Je cite : "Allons-nous oublier que l'on tire meilleur parti d'une ignorance associée à une sage pondération, que d'une habileté jointe à un caractère capricieux. Et qu'en général les cités sont mieux gouvernées par les gens ordinaires que par les hommes d'esprit plus subtile. Ces derniers veulent paraître plus intelligents que les lois. Les gens ordinaires au contraire ne prétendent pas avoir plus de discernement que les lois, moins habiles à critiquer l'argumentation de l'orateur éloquent. Ils se laissent guider quand ils jugent des affaires par le sens commun et non par l'esprit de compétition. C'est ainsi que leur politique a généralement des effets heureux."
L'une des meilleure explication en a été fournie par Guicciardini à l'époque de Machiavel lorsqu'il a reconstruit les débats du grand conseil florentin dans les années 1490. Une extraordinaire tirade du porte parole du parti populaire défendant le recours au tirage au sort la résume parfaitement. Je cite : "il convient que tous les citoyens participent aux honneurs et aux bénéfices que peut procurer cette république. S'ils n'étaient pas réparties de façon universelle ce serait comme si une partie de la cité dominait sans partage que l'autre était réduite en esclavage. Les tenants de l'élection affirment que celle-ci sélectionne pour les offices les personnes les plus choisis car il semble que ceux en faveur desquels se tourne le jugement d'un plus grand nombre aient davantage de mérites. Le problème naît simplement du fait qu'il y à une sorte d'hommes qui ont été favorisés au jeu de dés de la vie, qui ont raflé toute la mise et qui pensent que l'état leur appartient, parce qu'ils sont plus riches, qu'ils sont considérés comme plus nobles ou qu'ils ont hérité de la réputation de leur père et de leurs aïeux. Et nous qui avons été défavorisé au jeu de dés de la vie nous ne mériterions pas ces dignités. Pourtant nous sommes citoyens et membres du conseil comme eux et le fait d'avoir plus de bien, plus de parents renommés et d'avoir une meilleure fortune dans la vie ne fait pas qu'ils soient plus citoyens que nous ; quant à la question de savoir qui est le plus apte à gouverner, nous avons autant d'esprit et de sentiment qu'eux, nous avons une langue tout comme eux et si nous manquons peut-être par rapport à eux de désir et de passion, ce sont là des facteurs qui corrompent le jugement."
Texte de Guicciardini à lire ici : https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2009-4-page…
Extrait de "Tirage au sort et politique : de l'autogouvernement républicain à la démocratie délibérative" : http://www.college-de-france.fr/…/seminar-2012-02-15-10h00.…

Sourcehttps://www.facebook.com/le.message.org/videos/1458276814257401/

Les élections présidentielles françaises expliquées à ceux qui n'y comprennent rien.



Notre scrutin majoritaire uninominal à deux tours est devenu désuet depuis que les partis "de gouvernement" ont compris comment gérer une fausse alternance. Le scrutin au jugement majoritaire donnerait des chances égales à tous les candidats et dégagerait plus fidèlement la volonté des électeurs. En savoir plus sur le scrutin au jugement majoritaire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jugement_majoritaire

Le pouvoir porté par l'argent et les médias


Ce qui a été étalonné pour 2012 s'est confirmé en 2017. Avec 16 millions d'euros de budget de campagne (rien que pour le premier tour) et 40% du temps d'antenne consacré à la politique offerts à Emmanuel Macron, c'est une fois de plus le plus richement doté et le plus exposé médiatiquement qui a gagné les élections.
Le quantitatif l'emporte sur le qualitatif.
Comme on dit aux États-Unis, "c'est celui qui lâche el plus de ballons qui gagne les élections".
Pitoyable.

lundi 20 novembre 2017

Erreur de traduction dans une citation d'Epicure ?

Une citation attribuée au philosophe Épicure m'intrigue tout particulièrement parce qu'elle fait/ferait explicitement référence à la démocratie.

J'en suis étonné car je ne retrouve nulle part une prise de position d’Épicure vis-à-vis d'une forme de gouvernance. Bien au contraire, bien que citoyen vivant à Athènes (plus précisément dans le Jardin, en périphérie d'Athènes), il recommande de vivre caché, et de trouver le bonheur au sein d'une communauté d'amis.

Ne se pourrait-il pas qu'il y ait une erreur de traduction ? Une confusion entre "démocratie" (demokratos) et "Démocrite" (demokritos) ?

L'étymologie du nom de Démocrite d’Abdère (son maître à penser) est en effet, en grec :  Δημόκριτος / Dêmókritos ;  ce qui signifie « choisi par le peuple ».

La citation à laquelle je fais référence "La démocratie est avant tout inventive de questionnement. Elle pose en tout cas comme problème global celui du questionnement." deviendrait ainsi :

"Démocrite est avant tout inventif de questionnement. Il pose en tout cas comme problème global celui du questionnement."

Cela s'appliquerait à merveille pour ce savant, curieux de la nature, du monde physique/matériel, disciple de Leucippe, et philosophe de référence d’Épicure, qui est considéré comme le plus scientifique des philosophes grecs.

dimanche 19 novembre 2017

De l’autonomie en politique

L’individu privatisé

Décédé le 26 décembre 1997, Cornelius Castoriadis, philosophe et analyste, était l’une des figures les plus fortes de la vie intellectuelle française. Grec de naissance, il est arrivé en 1945 à Paris, où il a animé la revue « Socialisme ou Barbarie ». En 1968, il publie, avec Edgar Morin et Claude Lefort, « Mai 68, la brèche ». A la fin des années 1970, il participe à la revue « Libre ». A côté de son maître ouvrage, « L’Institution imaginaire de la société » (1975), il est l’auteur d’autres livres fondamentaux, regroupés en une série commencée en 1978 : « Les Carrefours du Labyrinthe » (1).

La philosophie n’est pas philosophie si elle n’exprime pas une pensée autonome. Que signifie « autonome » ? Cela veut dire autosnomos, « qui se donne à soi -même sa loi ». En philosophie, c’est clair : se donner à soi -même sa loi, cela veut dire qu’on pose des questions et qu’on n’accepte aucune autorité. Pas même l’autorité de sa propre pensée antérieure.

C’est là d’ailleurs que le bât blesse un peu, parce que les philosophes, presque toujours, construisent des systèmes fermés comme des oeufs (voir Spinoza, voir surtout Hegel, et même quelque peu Aristote), ou restent attachés à certaines formes qu’ils ont créées et n’arrivent pas à les remettre en question. Il y a peu d’exemples du contraire. Platon en est un. Freud en est un autre dans le domaine de la psychanalyse, bien qu’il n’ait pas été philosophe.

L’autonomie, dans le domaine de la pensée, c’est l’interrogation illimitée ; qui ne s’arrête devant rien et qui se remet elle -même constamment en cause. Cette interrogation n’est pas une interrogation vide ; une interrogation vide ne signifie rien. Pour avoir une interrogation qui fait sens, il faut déjà qu’on ait posé comme provisoirement incontestables un certain nombre de termes. Autrement il reste un simple point d’interrogation, et pas une interrogation philosophique. L’interrogation philosophique est articulée, quitte à revenir sur les termes à partir desquels elle a été articulée.

Qu’est-ce que l’autonomie en politique ? Presque toutes les sociétés humaines sont instituées dans l’hétéronomie, c’est-à-dire dans l’absence d’autonomie. Cela veut dire que, bien qu’elles créent toutes, elles -mêmes, leurs institutions, elles incorporent dans ces institutions l’idée incontestable pour les membres de la société que cette institution n’est pas œuvre humaine, qu’elle n’a pas été créée par les humains, en tout cas pas par les humains qui sont là en ce moment. Elle a été créée par les esprits, par les ancêtres, par les héros, par les Dieux ; mais elle n’est pas œuvre humaine.

Avantage considérable de cette clause tacite et même pas tacite : dans la religion hébraïque, le don de la Loi par Dieu à Moïse est écrit, explicité. Il y a des pages et des pages dans l’Ancien Testament qui décrivent par le détail la réglementation que Dieu a fournie à Moïse. Cela ne concerne pas seulement les Dix Commandements mais tous les détails de la Loi. Et toutes ces dispositions, il ne peut être question de les contester : les contester signifierait contester soit l’existence de Dieu, soit sa véracité, soit sa bonté, soit sa justice. Or ce sont là des attributs consubstantiels de Dieu. Il en va de même pour d’autres sociétés hétéronomes. L’exemple hébraïque est ici cité à cause de sa pureté classique.

Or, quelle est la grande rupture qu’introduisent, sous une première forme, la démocratie grecque, puis, sous une autre forme, plus ample, plus généralisée, les révolutions des temps modernes et les mouvements démocratiques révolutionnaires qui ont suivi ? C’est précisément la conscience explicite que nous créons nos lois, et donc que nous pouvons aussi les changer.

Les lois grecques anciennes commencent toutes par la clause édoxè tè boulè kai to démo, « il a semblé bon au conseil et au peuple ». « Il a semblé bon », et non pas « il est bon ». C’est ce qui a semblé bon à ce moment -là. Et dans les temps modernes, on a, dans les Constitutions, l’idée de la souveraineté des peuples. Par exemple , la Déclaration des droits de l’homme française dit en préambule : «  La souveraineté appartient au peuple qui l’exerce, soit directement, soit par le moyen de ses représentants. » Le « soit directement » a disparu par la suite, et nous sommes restés avec les seuls « représentants ».

Quatre millions de dollars pour être élu

Il y a donc une autonomie politique ; et cette autonomie politique suppose de savoir que les hommes créent leurs propres institutions. Cela exige que l’on essaye de poser ces institutions en connaissance de cause, dans la lucidité, après délibération collective. C’est ce que j’appelle l’autonomie collective, qui a comme pendant absolument inéliminable l’autonomie individuelle.

Une société autonome ne peut être formée que par des individus autonomes. Et des individus autonomes ne peuvent vraiment exister que dans une société autonome.

Pourquoi cela ? Il est assez facile de le comprendre. Un individu autonome, c’est un individu qui n’agit, autant que c’est possible, qu’après réflexion et délibération. S’il n’agit pas comme cela, il ne peut pas être un individu démocratique, appartenant à une société démocratique.

En quel sens un individu autonome, dans une société comme je la décris, est-il libre ? En quel sens sommes-nous libres aujourd’hui ? Nous avons un certain nombre de libertés, qui ont été établies comme des produits ou des sous -produits des luttes révolutionnaires du passé. Ces libertés ne sont pas seulement formelles, comme le disait à tort Karl Marx ; que nous puissions nous réunir, dire ce que nous voulons, ce n’est pas formel. Mais c’est partiel, c’est défensif, c’est, pour ainsi dire, passif.

Comment puis-je être libre si je vis dans une société qui est gouvernée par une loi qui s’impose à tous ? Cela apparaît comme une contradiction insoluble et cela en a conduit beaucoup, comme Max Stirner (2) par exemple, à dire que cela ne pouvait pas exister ; et d’autres à sa suite, comme les anarchistes, prétendront que la société libre signifie l’abolition complète de tout pouvoir, de toute loi, avec le sous -entendu qu’il y a une bonne nature humaine qui surgira à ce moment-là et qui pourra se passer de toute règle extérieure. Cela est, à mon avis, une utopie incohérente.

Je peux dire que je suis libre dans une société où il y a des lois, si j’ai eu la possibilité effective (et non simplement sur le papier) de participer à la discussion, à la délibération et à la formation de ces lois. Cela veut dire que le pouvoir législatif doit appartenir effectivement à la collectivité, au peuple.
Enfin, cet individu autonome est aussi l’objectif essentiel d’une psychanalyse bien comprise. Là, nous avons une problématique relativement différente, parce qu’un être humain est, en apparence, un être conscient ; mais, aux yeux d’un psychanalyste, il est surtout son inconscient. Et cet inconscient, généralement, il ne le connaît pas. Non pas parce qu’il est paresseux, mais parce qu’il y a une barrière qui l’empêche de le connaître. C’est la barrière du refoulement.

Nous naissons, par exemple, comme monades psychiques, qui se vivent dans la toute-puissance, qui ne connaissent pas de limites, ou ne reconnaissent pas de limites à la satisfaction de leurs désirs, devant lesquels tout obstacle doit disparaître. Et nous terminons par être des individus qui acceptent tant bien que mal l’existence des autres, très souvent formulant des vœux de mort à leur égard (qui ne se réalisent pas la plupart du temps), et acceptent que le désir des autres ait le même droit à être satisfait que le leur. Cela se produit en fonction d’un refoulement fondamental qui renvoie dans l’inconscient toutes ces tendances profondes de la psyché et y maintient une bonne partie des créations de l’imagination radicale.

Une psychanalyse implique que l’individu, moyennant les mécanismes psychanalytiques, est amené à pénétrer cette barrière de l’inconscient, à explorer autant que possible cet inconscient, à filtrer ses pulsions inconscientes et à ne pas agir sans réflexion et délibération. C’est cet individu autonome qui est la fin (au sens de la finalité, de la terminaison) du processus psychanalytique.

Or, si nous faisons la liaison avec le politique, il est évident que nous avons besoin d’un tel individu, mais il est évident aussi que nous ne pouvons pas soumettre la totalité des individus de la société à une psychanalyse. D’où le rôle énorme de l’éducation et la nécessité d’une réforme radicale de l’éducation, pour en faire une véritable païdaïa comme disaient les Grecs, une païdaïa de l’autonomie, une éducation pour l’autonomie et vers l’autonomie, qui amène ceux qui sont éduqués - et pas seulement les enfants - à s’interroger constamment pour savoir s’ils agissent en connaissance de cause plutôt qu’emportés par une passion ou par un préjugé.

Pas seulement les enfants, parce que l’éducation d’un individu, au sens démocratique, est une entreprise qui commence avec la naissance de cet individu et qui ne s’achève qu’avec sa mort. Tout ce qui se passe pendant la vie de l’individu continue à le former et à le déformer. L’éducation essentielle que la société contemporaine fournit à ses membres, dans les écoles, les collèges, les lycées et les universités, est une éducation instrumentale, organisée essentiellement pour apprendre une occupation professionnelle. Et à côté de celle-ci, il y a l’autre éducation, à savoir les âneries que diffuse la télévision.

Sur la question de la représentation politique, Jean-Jacques Rousseau disait que les Anglais, au XVIIIe siècle, croient qu’ils sont libres parce qu’ils élisent leurs représentants tous les cinq ans. Effectivement, ils sont libres, mais un jour sur cinq ans. En disant cela, Rousseau sous- estimait indûment son cas. Parce qu’il est évident que même ce jour sur cinq ans on n’est pas libre. Pourquoi ? Parce qu’on a à voter pour des candidats présentés par des partis. On ne peut pas voter pour n’importe qui. Et on a à voter à partir de toute une situation réelle fabriquée par le Parlement précédent et qui pose les problèmes dans les termes dans lesquels ces problèmes peuvent être discutés et qui, par là même, impose des solutions, du moins des alternatives de solution, qui ne correspondent presque jamais aux vrais problèmes.

Généralement, la représentation signifie l’aliénation de la souveraineté des représentés vers les représentants. Le Parlement n’est pas contrôlé. Il est contrôlé au bout de cinq ans avec une élection, mais la grande majorité du personnel politique est pratiquement inamovible. En France un peu moins. Ailleurs beaucoup plus. Aux États-Unis, par exemple, les sénateurs sont en fait des sénateurs à vie. Et cela viendra aussi en France. Pour être élu aux États-Unis il faut à peu près 4 millions de dollars. Qui vous donne ces 4 millions ? Ce ne sont pas les chômeurs. Ce sont les entreprises. Et pourquoi les donnent-elles ? Pour qu’ensuite le sénateur soit d’accord avec le lobby qu’elles forment à Washington, pour voter les lois qui les avantagent et ne pas voter les lois qui les désavantagent. Il y a là la voie fatale des sociétés modernes.

On le voit se faire en France, malgré toutes les prétendues dispositions prises pour contrôler la corruption. La corruption des responsables politiques, dans les sociétés contemporaines, est devenue un trait systémique, un trait structurel. Ce n’est pas anecdotique. C’est incorporé dans le fonctionnement du système, qui ne peut pas tourner autrement.

Quel est l’avenir de ce projet de l’autonomie ? Cet avenir dépend de l’activité de l’énorme majorité des êtres humains. On ne peut plus parler en termes d’une classe privilégiée, qui serait par exemple le prolétariat industriel, devenu, depuis longtemps, très minoritaire dans la population. On peut dire, en revanche, et c’est ce que je dis, que toute la population, sauf 3 % de privilégiés au sommet, aurait un intérêt personnel à la transformation radicale de la société dans laquelle elle vit.

Mais ce que nous observons depuis une cinquantaine d’années, c’est le triomphe de la signification imaginaire capitaliste, c’est-à-dire d’une expansion illimitée d’une prétendue maîtrise prétendument rationnelle ; et l’atrophie, l’évanescence de l’autre grande signification imaginaire des temps modernes, c’est-à-dire de l’autonomie.

Est-ce que cette situation sera durable ? Est-ce qu’elle sera passagère ? Nul ne peut le dire. Il n’y a pas de prophétie dans ce genre d’affaire. La société actuelle n’est certainement pas une société morte. On ne vit pas dans Byzance ou dans la Rome du Ve siècle (après J.-C.). Il y a toujours quelques mouvements. Il y a des idées qui sortent, qui circulent, des réactions. Elles restent très minoritaires et très fragmentées par rapport à l’énormité des tâches qui sont devant nous. Mais je tiens pour certain que le dilemme que, en reprenant des termes de Léon Trotski, de Rosa Luxemburg et de Karl Marx, nous formulions dans le temps de Socialisme ou Barbarie, continue d’être valide, à condition évidemment de ne pas confondre le socialisme avec les monstruosités totalitaires qui ont transformé la Russie en un champ de ruines, ni avec l’ « organisation » absurde de l’économie, ni avec l’exploitation effrénée de la population, ni avec l’asservissement total de la vie intellectuelle et culturelle qui y avaient été réalisés.

Voter pour le moindre mal

Pourquoi la situation contemporaine est-elle tellement incertaine ? Parce que, de plus en plus, on voit se développer, dans le monde occidental, un type d’individu qui n’est plus le type d’individu d’une société démocratique ou d’une société où on peut lutter pour plus de liberté, mais un type d’individu qui est privatisé, qui est enfermé dans son petit milieu personnel et qui est devenu cynique par rapport à la politique.

Quand les gens votent, ils votent cyniquement. Ils ne croient pas au programme qu’on leur présente, mais ils considèrent que X ou Y est un moindre mal par rapport à ce qu’était Z dans la période précédente. Un tas de gens voteront Lionel Jospin sans doute (3) aux prochaines élections, non pas parce qu’ils l’adorent ou qu’ils sont éblouis par ses idées, ce serait étonnant, mais simplement parce qu’ils sont dégoûtés par la situation actuelle. La même chose d’ailleurs s’est passée en 1995, lorsque les gens ont été écœurés par quatorze ans de prétendu socialisme dont le principal exploit a été d’introduire le libéralisme le plus effréné en France et de commencer à démanteler ce qu’il y avait eu comme conquêtes sociales dans la période précédente.


Du point de vue de l’organisation politique, une société s’articule toujours, explicitement ou implicitement, en trois parties.
1) Ce que les Grecs auraient appelé oïkos, c’est-à-dire la « maison », la famille, la vie privée.
2) L’ agora, l’endroit public-privé où les individus se rencontrent, où ils discutent, où ils échangent, où ils forment des associations ou des entreprises, où l’on donne des représentations de théâtre, privées ou subventionnées, peu importe. C’est ce qu’on appelle, depuis le XVIIIe siècle, d’un terme qui prête à confusion, la société civile, confusion qui s’est encore accrue ces derniers temps.
3) L’ ecclesia, le lieu public-public, le pouvoir, le lieu où s’exerce, où existe, où est déposé le pouvoir politique.

La relation entre ces trois sphères ne doit pas être établie de façon fixe et rigide, elle doit être souple, articulée. D’un autre côté, ces trois sphères ne peuvent pas être radicalement séparées.

Le libéralisme actuel prétend qu’on peut séparer entièrement le domaine public du domaine privé. Or c’est impossible, et prétendre qu’on le réalise est un mensonge démagogique. Il n’y a pas de budget qui n’intervienne pas dans la vie privée publique, et même dans la vie privée. Et ce n’est là qu’un exemple parmi tant d’autres. De même, il n’y a pas de pouvoir qui ne soit pas obligé d’établir un minimum de lois restrictives ; posant par exemple que le meurtre est interdit ou, dans le monde moderne, qu’il faut subventionner la santé ou l’éducation. Il doit y avoir dans ce domaine une espèce de jeu entre le pouvoir public et l’agora, c’est-à-dire la communauté.

Ce n’est que dans un régime vraiment démocratique qu’on peut essayer d’établir une articulation correcte entre ces trois sphères, préservant au maximum la liberté privée, préservant aussi au maximum la liberté de l’agora, c’est-à-dire des activités publiques communes des individus, et qui fasse participer tout le monde au pouvoir public. Alors que ce pouvoir public appartient à une oligarchie et que son activité est clandestine en fait, puisque que les décisions essentielles sont toujours prises dans la coulisse.

Epicure : présentation, maximes capitales et sentences vaticanes


Avis sur Épicure



« Celui-là fut un Dieu, oui un Dieu glorieux Memnius qui nous a indiqué le chemin du bonheur »
Lucrèce, De la nature des choses.


« Épicure, ce grand homme dont la nature est véritablement sacrée et divine, a seul connu la vérité et le bien, et a apporté la libération à ses disciples »
Lucien de Samosate, Alexandre ou le faux prophète.



« Et certains hommes ont vécu ainsi, et sans cesse ils ont constamment ressenti leur vie dans le monde et le monde en eux ; et ce fut surtout l’un d’entre eux, un des plus grands hommes qui soient, l’inventeur d’une façon de philosopher à la fois héroïque et idyllique: Épicure »
Nietzsche, Le voyageur et son ombre, 295.


« La sagesse n'a pas dépassé Épicure d'un seul pas, et elle a souvent reculé de plusieurs milliers de pas par rapport à lui »
Nietzsche, la volonté de puissance.


La question qui a amené Épicure à la philosophie

On raconte qu’à l’age de 12 ans, alors qu’Epicure suivait les leçons d’un professeur de lettre qui lisait le vers d'Hésiode : 


"D'abord naquit le Chaos, le plus ancien des êtres,
puis la terre aux vastes étendues, siège de toute chose."


Epicure demanda : "et d'où vient le chaos ?" Incapable de l’expliquer, le professeur répondit qu'il n'enseignait pas ces choses-là, mais que c'était le rôle des philosophes. "Il faut donc, dit Epicure, que j'aille les trouver, puisque ce sont eux qui connaissent la vérité des choses"

anecdote rapportée par Sextus Empiricus dans contre les mathématiciens et par DL.



Maximes Capitales


I. Ce qui est bienheureux et incorruptible n’a pas soi-même d’ennuis ni n’en cause à un autre, de sorte qu’il n’est sujet ni aux colères ni aux faveurs ;  en effet, tout cela se rencontre dans ce qui est faible.
 
II. La mort n’a aucun rapport avec nous ;  car ce qui est dissous est insensible, et ce qui est insensible n’a aucun rapport avec nous.
 
III. La suppression de tout ce qui est souffrant est la limite de la grandeur des plaisirs.  Et là où se trouve ce qui ressent du plaisir, tout le temps qu’il est, là n’est pas ce qui est souffrants, affligé, ou les deux.
 
IV. Ce qui, dans la chair, est continuellement souffrant, ne dure pas ;  en fait, sa pointe extrême est présente un très court instant, tandis que ce qui, dans la chair, est seulement en excès par rapport à ce qui éprouve le plaisir, se trouve concomitant peu de jours ;  et dans le cas des maladies chroniques, ce qui dans la chair ressent du plaisir l’emporte sur ce qui est souffrant.
 
V. Il n’est pas possible de vivre avec plaisir sans vivre avec prudence, et il n’est pas possible de vivre de façon bonne et juste, sans vivre avec plaisir.  Qui ne dispose pas des moyens de vivre de façon prudente, ainsi que de façon bonne et juste, celui-là ne peut pas vivre avec plaisir.
 
VII .  Certains ont voulu devenir réputés et célèbres, se figurant qu’ainsi ils acquerraient la sécurité que procurent les hommes ;  en sorte que, si la vie de tels hommes a été sûre, ils ont reçu en retour le bien de la nature ;  mais si elle n’a pas été sûre, ils ne possèdent pas ce vers quoi ils ont tendu au début, conformément à ce qui est le propre de la nature.
 
VIII . Nul plaisir n’est en soi un mal ;  mais les causes productrices de certains plaisirs apportent de surcroît des perturbations bien plus nombreuses que les plaisirs.
 
IX. Si tout plaisir se condensait, et s’il durait en même temps qu’il était répandu dans tout l’agrégat, ou dans les parties principales de notre nature, les plaisirs ne différeraient jamais les uns des autres.
 
X . Si les causes qui produisent les plaisirs des gens dissolus défaisaient les craintes de la pensée, celles qui ont trait aux réalités célestes, à la mort et aux douleurs, et si en outre elles enseignaient la limite des désirs, nous n’aurions rien, jamais, à leur reprocher, eux qui seraient emplis de tous côtés par les plaisirs, et qui d’aucun côté ne connaîtraient ce qui est souffrant ou affligé, ce qui est précisément le mal.
 
XI . Si les doutes sur les réalités célestes ne  nous perturbaient pas du tout, ni ceux qui ont trait à la mort, dont on redoute qu’elle soit jamais quelque chose en rapport avec nous, ou encore le fait de ne pas bien comprendre les limites des douleurs et des désirs, nous n’aurions pas besoin de l’étude de la nature.
 
XII . Il n’est pas possible de dissiper ce que l’on redoute dans les questions capitales sans savoir parfaitement quelle est la nature du tout –au mieux peut-on dissiper quelque inquiétude liée aux mythes ;  de sorte qu’il n’est pas possible, sans l’étude de la nature, de recevoir en retour les plaisirs sans mélange.
 
XIII.  Il n’y a aucun profit à se ménager la sécurité parmi les hommes, si ce qui est en haut reste redouté, ainsi que ce qui est sous terre et en général ce qui est dans l’illimité.
 
XIV . Si la sécurité que procurent les hommes est due jusqu’à un certain degré à une puissance bien assise et à l’abondance, la plus pure des sécurités st celle qui vient de la tranquillité, et de la vie à l’écart de la foule.
 
XV . La richesse de la nature est à la fois bornée et facile à atteindre ;  mais celle des opinions vides se perd dans l’illimité.
 
XVI . Faiblement sur le sage la formule s’abat :  le raisonnement a ordonné les éléments majeurs et vraiment capitaux, et tout au long du temps continu de la vie les ordonne et les ordonnera.
 
XVII . Le juste est le plus à l’abri du trouble, l’injuste est rempli par le plus grand trouble.
 
XVIII . Dans la chair, le plaisir ne s’accroît pas une fois que la douleur liée au besoin est supprimée, mais varie seulement.  Mais pour la pensée, la limite qui est celle du plaisir naît du décompte de ces réalités mêmes, et de celles du même genre, qui procurent les plus grandes peurs à la pensée.
 
XIX . Un temps illimité comporte un plaisir égal à celui du temps limité, si l’on mesure les limites du plaisir par le raisonnement.
 
XX . La chair reçoit les limites du plaisir comme illimitées, et c’est un temps illimité qui le lui prépare.  De son côté, la pensée, s’appliquant à raisonner sur la fin et la limite de la chair, et dissipant les peurs liées à l’éternité, prépare la vie parfaite – ainsi nous n’avons plus besoin en quoi que ce soit du temps illimité ;  mais elle ne fuit pas le plaisir, et pas davantage, lorsque les circonstances préparent la sortie de la vie, elle ne disparaît comme si quelque chose de la vie la meilleure lui faisait défaut.

XXI . Celui qui connaît bien les limites de la vie sait qu’il est facile de se procurer ce qui supprime la souffrance due au besoin, et ce qui amène la vie tout entière à sa perfection ;  de sorte qu’il n’a nullement besoin des situations de lutte.
 
XXII . Il faut s’appliquer à raisonner sur la fin qui est donnée là, et sur toute l’évidence à laquelle nous ramenons les opinions ;  sinon, tout sera plein d’indistinction et de trouble.
 
XXIII . Si tu combats toutes les sensations, tu n’auras même plus ce à quoi tu te réfères pour juger celles d’entre elles que tu prétends être erronées.
 
XXIV . Si tu rejettes purement et simplement une sensation donnée, et si tut ne divises pas ce sur quoi l’on forme une opinion, en ce qui est attendu et ce qui est déjà présent selon la sensation, les affections et toute appréhension imaginative de la pensée, tu iras jeter le trouble jusque dans les autres sensations avec une opinion vaine, et cela t’amènera à rejeter en totalité le critère.  Mais si tu établis fermement, dans les pensées qui aboutissent à une opinion, aussi bien tout ce qui est attendu que tout ce qui n’a pas de confirmation, tu ne renonceras pas à l’erreur, si bien que tu auras supprimé toute possibilité de discuter ainsi que tout jugement sur ce qui est correct et incorrect.
 
XXV . Si en toute occasion tu ne rapportes pas chacun de tes actes à la fin de la nature, mais tu te détournes, qu’il s’agisse de fuir ou de poursuivre, vers quelque autre chose, tu n’accorderas pas tes actions avec tes raisons.
 
XXVI . Parmi les désirs, tous ceux qui ne reconduisent pas à la souffrance s’ils ne sont pas comblés, ne sont pas nécessaires, mais il correspondent à un appétit que l’on dissipe aisément, quand il semblent difficiles à assouvir ou susceptibles de causer un dommage.
 
XXVII . Parmi les choses dont la sagesse se munit en vue de la félicité de la vie tout entière, de beaucoup la plus importante est la possession de l’amitié.
 
XXVIII . C’est le même jugement qui nous a donné confiance en montrant qu’il n’y a rien d’éternel ni même d’une longue durée à redouter, et qui a reconnu que la sécurité de l’amitié, dans cela même qui a une durée limitée, s’accomplit au plus haut point.
 
XXIX . Parmi les désirs (non nécessaires), les uns sont naturels et non nécessaires, les autres ne sont ni naturels ni nécessaires mais proviennent d’une opinion vide.
 
XXX . Parmi les désirs naturels qui ne reconduisent pas à la souffrance s’ils ne sont pas réalisés, ceux où l’ardeur est intense sont les désirs qui naissent d’une opinion vide, et ils ne se dissipent pas, non pas en raison de leur propre nature, mais en raison de la vide opinion de l’homme.
 
XXXI . Le juste de la nature est une garantie de l’utilité qu’il y a à ne pas se causer mutuellement de tort et de ne pas en subir.
 
XXXII . Pour tous ceux des animaux qui ne pouvaient pas passer des accords sur le fait de ne pas causer de tort, mais également de ne pas en subir, pour ceux-là rien n’était juste ni injuste ;  et il en allait de même pour ceux des peuples qui ne pouvaient pas ou ne voulaient pas passer des accords sur le fait de ne pas causer de tort et de ne pas en subir.
 
XXXIII . La justice n’était pas quelque chose en soi, mais dans les groupements des un avec les autres, dans quelque lieu que ce fût, à chaque fois, c’était un accord sur le fait de ne pas causer de tort et de ne pas en subir.
 
XXXIV . L’injustice n’est pas un mal en elle-même, mais elle l’est dans la crainte liée au soupçon qu’elle ne puisse rester inaperçue de ceux qui sont chargés de punir de tels actes.
 
XXXV . Il n’est pas possible que celui qui, en se cachant, commet ce que les hommes se sont mutuellement accordés à ne pas faire, afin der ne pas causer de tort ni en subir, soit certain que cela restera inaperçu, même si à partir de maintenant cela passe dix mille fois inaperçu, même si à partir de maintenant cela passe dix mille fois inaperçu ; car jusqu’à sa disparition, il n’y a nulle évidence que cela continue de rester inaperçu.
 
XXXVI . Considérant ce qui est commun, le juste est le même pour tous, car c’est quelque chose d’utile dans la communauté mutuelle des hommes ;  mais considérant la particularité du pays et toutes les autres causes que l’on veut, il ne s’ensuit pas que la même chose soit juste pour tous.
 
XXXVII . Ce qui confirme son utilité dans les us de la communauté mutuelle des hommes, parmi les choses tenues pour légalement justes, vient occuper la place du juste, que ce soit la même chose pour tous ou non.  Mais si on l’établit seulement, sans se conformer à ce qui est utile à la communauté mutuelle des hommes, cela n’a plus la nature du juste.  Et même si c’est l’utile conforme au juste qui vient d’en changer, du moment qu’il s’accorde un temps à la prénotion, il n’en était pas moins juste pendant ce temps-là, pour ceux qui ne se troublent pas eux-mêmes avec des formules vides, mais regardent le plus possible les réalités.
 
XXXVIII . Là où, sans que des circonstances extérieures nouvelles soient apparues, dans les actions mêmes, ce qui avait été institué comme juste ne s’adaptait pas à la prénotion, cela n’était pas juste ;  en revanche, là où, à la suite de circonstances nouvelles, les mêmes choses établies comme justes n’avaient plus d’utilité, alors, dans ce cas, ces choses avaient été justes, lorsqu’elles étaient utiles à la communauté des concitoyens entre eux, et ultérieurement ne l’étaient plus, lorsqu’elles n’avaient pas d’utilité.
 
XXXIX . Celui qui a le mieux aménagé le manque de confiance causé par ce qui est au-dehors, celui-là s’est fait un allié de ce qui pouvait l’être, et de ce qui ne pouvait pas l’être, il n’a pas fait du moins un ennemi.  Mais ce sur quoi il n’avait même pas ce pouvoir, il ne s’en est pas mêlé, et il a lutté pour tout ce à propos de quoi il lui était utile de le faire.

XL . Tous ceux qui ont pu se pourvoir de la force de la confiance, surtout grâce à leurs proches, ont ainsi aussi vécu les uns avec les autres, avec le plus de plaisir, le mode de vie le plus ferme, puisqu’ils avaient la certitude ;  et comme ils en avaient retiré la plus pleine des familiarités, ils ne se sont pas lamentés, comme par pitié, sur la disparition



Sentences Vaticanes


1. Maxime Capitale I

2. Maxime Capitale II

3. Ce qui dans la chair est souffrant ne dure pas : en effet sa pointe extrême est présente un très court instant, tandis que ce qui dans la chair, est seulement en excès par rapport à ce qui éprouve le plaisir, s’en trouve concomitant un faible nombre de jours ;  et dans le cas des maladies chroniques, ce qui dans la chair, ressent du plaisir est plus important que ce qui est souffrant.
 
4. Toute douleur peut facilement être méprisée:  celle qui a la souffrance intense a la durée brève, celle qui dure dans la chair a la souffrance faible.

5. Maxime Capitale IV

6. Maxime Capitale XXXV

7. Il est difficile, pour qui commet l’injustice, de rester caché, mais avoir la certitude de continuer à le rester, cela est possible.
 
8. Maxime Capitale XV
9. La nécessité est un mal, mais il n’y a aucune nécessité de vivre avec la nécessité.

10. Tout en ayant une nature mortelle et en disposant d'un temps limité, tu t'es élevé grâce aux raisonnements sur la nature jusqu'à l'illimité et l'éternité, et tu as observé: ce qui est, ce qui sera et ce qui a été.

11. Chez la plupart des hommes, ce qui est en repos est engourdi, ce qui est un mouvement est enragé.

12. La vie juste est la plus dépourvue de trouble, la vie injuste est remplie par le plus grand trouble.
 
13. Parmi les choses dont la sagesse se munit pour la félicité de la vie tout entière, de beaucoup la plus importante est la possession de l'amitié.

14. Nous sommes nés une fois, il n’est pas possible de naître deux fois, et il faut n’être plus pour l’éternité : toi, pourtant, qui n’es pas de demain, tu ajournes la joie ; la vie périt par le délai, et chacun de nous meut affairé.

15. De même que nous apprécions les coutumes, celles qui nous sont propres, qu’elles soient bonnes et enviées par les autres hommes ou non, ainsi faut-il faire avec celles de nos voisins, s’ils sont équitables à notre égard.

16. Personne, voyant le mal, ne le choisit, mais attiré, comme par le bien, vers le mal plus grand que lui, on est pris au piège.

17. Ce n’est pas le jeune qui est bienheureux, mais le vieux  qui a bien vécu : car le jeune, plein de vigueur, erre, l’esprit égaré par le sort ; tandis que le vieux, dans la vieillesse comme dans un port, a ancré des biens qu’il avait auparavant espérés dans l’incertitude, les ayant mis à l’abri par le moyen sûr de la gratitude.

18.  Si l’on supprime la vue, et les rencontres, et la vie ensemble, la passion amoureuse disparaît.

19. Le vieux oublieux du bien passé est dans l’état de quelqu’un qui est né aujourd’hui.

20. Parmi les désirs, les uns sont naturels et nécessaires, les autres ne sont ni naturels ni nécessaires, mais proviennent d’une opinion vide.
 
21. Il ne faut pas faire violence à la nature, mais la persuader :  nous la persuaderons en contentant les désirs nécessaires, et aussi les désirs naturels s’ils ne sont pas nuisibles, mais en repoussant durement les nuisibles.

22. Maxime Capitale XIX

23. Toute amitié est par elle-même désirable ; pourtant elle a eu son commencement de l’utilité.

24. Les visions des rêves n’ont pas reçu en partage la nature divine ni non plus le pouvoir divinatoire, mais elles se produisent suivant l’impact des simulacres.

25. La pauvreté, mesurée à la fin de la nature, est grande richesse ; la richesse sans la limite est grande pauvreté.

26.  Il faut voir nettement que le discours abondant et le discours bref tendent vers le même « but ».

27. Dans les autres occupations, une fois qu’elles ont été menées à bien avec peine, vient le fruit ; mais, en philosophie, le plaisir va du même pas que la connaissance : car ce n’est pas après avoir appris que l’on jouit du fruit, mais apprendre et jouir vont ensemble.

28. Il ne faut approuver ni qui est trop prompt à l’amitié, ni qui est trop lent : car il faut être prêt même à s’exposer hardiment au danger, en faveur de l’amitié.

29. Pour ma part, je préférerais, usant de la liberté de parole de celui qui étudie la nature, dire prophétiquement les choses utiles à tous les hommes, même si personne ne devait me comprendre, plutôt que, en donnant mon assentiment aux opinions reçues, récolter la louange qui tombe en abondance, venant des nombreux.

30. Certains tout au long de leur vie, préparent ce qui les fera vivre, sans voir en même temps que l'on nous a versé à tous la pharmacie de la naissance, qui est mortelle.
31. A l’égard de toutes les autres choses, il est impossible de se procurer la sécurité, mais, à cause de la mort, nous, les hommes, habitons tous une cité sans murailles.

32. La vénération pour le sage est un grand bien pour qui le vénère.

33. Le cri de la chair : ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid.  Celui qui a ces choses, et l’espoir de les avoir, peut lutter pour le bonheur.

34.  Nous ne recevons pas autant d’aide, de la part des amis, de l’aide qui nous vient d’eux, que de la confiance au sujet de cette aide.

35.  Il ne faut pas gâter les choses présentes par le désir des absences, mais considérer que celles-là même étaient appelées de nos vœux.

36. La vie d’Épicure, comparée à la vie des autres hommes, pourrait être considérée, en raison de sa douceur et de sa suffisance à soi, comme une fable.
37. Faible, la nature est en relation avec le mal, non avec le bien : par les plaisirs, en effet, elle est conservée, mais, par les douleurs, elle est détruite.

38. Homme de rien du tout que celui aux yeux de qui nombreuses sont les bonnes raisons de quitter la vie.

39. N’est ami ni celui qui cherche toujours l’utile, ni celui qui jamais ne le joint à l’amitié : car le premier, avec le bienfait, fait trafic de ce qui se donne en échange, l’autre coupe le bon espoir pour l’avenir.

40. Celui qui dit que tout arrive par la nécessité n’a rien à reprocher à celui qui dit que tout n’arrive pas par la nécessité, puisqu’il dit que cela même arrive par la nécessité.

41. Il faut rire et ensemble philosopher et gouverner sa maison et user de toutes les autres choses qui nous sont  propres, et ne jamais cesser de proclamer les maximes de la droite philosophie.

42. Le même temps est à la fois celui de la naissance du plus grand bien et celui de la délivrance.

43. Aimer l’argent en enfreignant la justice est impie, sans l’enfreindre est laid :  car il est malséant  sordidement, même en respectant la justice.

44. Le sage, confronté aux nécessités de la vie, sait, dans le partage, plutôt donner que prendre : si grand est le trésor de la suffisance à soi-même qu’il a trouvé.

45. Ce ne sont pas des fanfarons, ni des artistes du verbe, ni des gens qui font étalage de la culture jugée enviable par la foule, que forme l’étude de la nature, mais des hommes fiers et indépendants, et s’enorgueillissant de leurs biens propres, non de ceux qui viennent des circonstances.

46. Chassons complètement les mauvaises habitudes, comme des hommes méchants qui nous ont fait beaucoup de mal pendant longtemps.

47. Je t’ai devancée Fortune et j’ai fait pièce à toutes tes intrusions. Et nous ne nous livrerons nous-même à toi ni à aucune autre sorte d’embarras, mais lorsque l’inéluctable nous ferra partir, lançant un grand crachat sur la vie et sur ceux qui s’attachent à elle, nous sortirons de la vie, clamant en un péan plein de beauté que nous avons bien vécu.  

48. Essayons de faire de la prochaine étape soit meilleure que la précédente, tant que nous sommes en route, mais arrivés à terme, que la joie reste unie.

49. Maxime Capitale XII 

50. Maxime Capitale VIII

51. Tu m’apprends que le mouvement de ta chair est fort généreux pour la relation amoureuse : pour ce qui te concerne, si tu ne renverses pas les lois, si tu n’ébranles pas les bonnes coutumes en place, si tu n’afflige pas l’un de tes proches, si tu n’épuises pas ta chair et si tu ne sacrifies pas les nécessité vitales, exerce ton penchant à ta guise ; il est toutefois impossible  de ne pas se trouver soumis à l’un de ces inconvénients : les choses de l’amour en effet sont jamais profitables, et il faut se réjouir qu’elles ne nous nuisent pas.


52. L’amitié mène sa ronde autour du monde habité, comme un héraut nous appelant tous à nous réveiller pour nous estimer bienheureux.

53. Il ne faut envier personne : les bons ne sont pas dignes d’envie, et les méchants, plus ils réussissent plus ils se font de mal à eux-mêmes.

54.  Il ne faut pas faire semblant de philosopher, mais philosopher pour de bon ; car nous n’avons pas besoin de paraître en bonne santé, mais de l’être vraiment.

55. Il  faut  guérir les malheurs par le souvenir reconnaissant de ce que l’on a perdu, et par le savoir qu’il n’est pas possible de rendre non accompli ce qui est arrivé.

56. Le sage ne souffre pas plus s’il est torturé que si son ami est mis à la torture.

57. Sa vie toute entière sera, par le manque de certitude, jetée dans la confusion et l’incapacité d’aller de l’avant.

58. Il faut se libérer de la prison des occupations quotidiennes et des affaires publiques.

59. Ce n’est pas le ventre qui est insatiable, comme le dit la foule, mais l’opinion fausse au sujet de la réplétion illimitée du ventre.

60. Tout homme sort de la vie comme s’il venait juste de naître.

61. Très belle aussi est la vue de ceux qui nous sont proches, quand les liens premiers de parenté concourent à l’union : car elle produit beaucoup de zèle en vue de cela.

62. Si c’est légitimement que les parents se mettent en colère contre les enfants, il est certes, sans objet, de résister et de ne pas demander à obtenir le pardon ; si ce n’est pas légitimement mais d’une manière déraisonnable, il est tout à fait ridicule d’enflammer leur déraison en nourrissant sa propre colère, et de ne pas chercher, par d’autres dispositions, à les changer en parents bienveillants.

63. Il y a, même dans les restrictions, une mesure : celui qui n’en tient pas compte se trouve à peu près dans la situation de celui qui s’égare par manque de limitation.

64. Il faut que la louange des autres suive spontanément, et nous, nous en tenir à la guérison de nous-mêmes.

65. Il est sot de demander aux dieux ce que l’on peut se procurer par soi-même.

66. Soyons en sympathie avec nos amis non en gémissant, mais en méditant.

67. Une vie libre ne peut pas acquérir de grandes richesses, parce que la chose n’est pas facile sans se faire le serviteur des assemblées populaires ou des monarques, mais elle possède tout dans une abondance incessante ; et s’il lui arrive de disposer de grandes richesses, facilement aussi elle les distribue, en vue de la bienveillance du voisin.

68. Rien n’est suffisant pour celui pour qui le suffisant est peu.

69. L’ingratitude de l’âme rend le vivant avide à l’infini des variétés dans le genre de vie.

70. Puisses-tu ne rien faire dans ta vie qui te causera de la crainte si cela est connu du voisin.

71. A tous les désirs, il faut appliquer cette question : que m’arrivera-t-il si est accompli ce qui est recherché conformément à mon désir, et quoi si ce n’est pas accompli ?

73. Même le fait que certaines douleurs se produisent dans le corps est utile pour nous mettre en garde contre celles du même genre.

74. Dans la recherche en commun par la discussion, celui qui est vaincu gagne plus, dans la mesure où il a accru son savoir.

75. Ingrate envers les biens passés, la maxime disant « Regarde la fin d’une longue vie ».

76. Tu es en vieillissant tel que moi je conseille d’être, et tu as su bien distinguer ce qu’est philosopher pour la Grèce : je m’en réjouis avec toi.

77. Le fruit le plus grand de la suffisance à soi-même : la liberté.

78. L’homme bien né s’adonne surtout à la sagesse et à l’amitié : desquelles l’une est un bien mortel, l’autre un bien immortel.

79. Celui qui est sans trouble n’est à charge ni à lui-même, ni aux autres

80. Pour le jeune homme, la principale part du salut est la sauvegarde de la jeunesse, et la vigilance contre ce qui se salit tout en suivant les désirs furieux.

81. Ne délivrent du désordre de l’âme ni non plus n’engendrent une joie digne qu’on en parle : ni la richesse la plus grande qui soit, ni l’honneur et la considération dont on jouit auprès du grand nombre, ni rien d’autre qui dépende de causes sans limites définies.


 
Sourcehttp://www.willeime.com/Epicure.htm