mercredi 31 décembre 2014

Joyeuses fêtes et heureuse année 2015 !

Tandis que 2014 s'efface, 2015 reste à écrire. Prenez les bonnes résolutions pour ce premier jour du reste de votre vie !


Le Suicide français

« La France se couche. La France se meurt.
La France avait pris l’habitude depuis le XVIIe siècle et, plus encore, depuis la Révolution française, d’imposer ses idées, ses foucades mêmes, sa vision du monde et sa langue, à un univers pâmé devant tant de merveilles.
Non seulement elle n’y parvient plus, mais elle se voit contrainte d’ingurgiter des valeurs et des mœurs aux antipodes de ce qu’elle a édifié au fil des siècles.
Nos élites politiques, économiques, administratives, médiatiques, intellectuelles, artistiques, héritières de mai 68, s’en félicitent. Elles somment la France de s’adapter aux nouvelles valeurs.
Elles crachent sur sa tombe et piétinent son cadavre fumant. Elles en tirent gratification sociale et financière. Elles ont désintégré le peuple en le privant de sa mémoire nationale par la déculturation, tout en brisant son unité par l’immigration. Toutes observent, goguenardes et faussement affectées, la France qu’on abat ; et écrivent, d’un air las et dédaigneux, “les dernières pages de l’Histoire de France”.
Ce vaste projet subversif connaît aujourd’hui ses limites. Le voile se déchire. Il est temps de déconstruire les déconstructeurs. Année après année, événement après événement, président après président, chanson après chanson, film après film… L’histoire totale d’une déconstruction joyeuse, savante et obstinée des moindres rouages qui avaient édifié la France. »
Éric Zemmour se livre à une analyse sans tabou de ces quarante années qui, depuis la mort du général de Gaulle, ont « défait la France ».

Éric Zemmour s'exprime face à la polémique par rtl-fr


Source https://youtu.be/lZJlE_4SaPs

lundi 15 décembre 2014

Laniakea

Laniakea (« paradis incommensurable » ou « horizon céleste immense » en hawaïen) est le superamas de galaxies englobant le Superamas de la Vierge dont fait partie la Voie lactée, et donc par suite le Système solaire et en particulier la Terre.

Sa découverte par une équipe internationale d'astronomes composée de R. Brent Tully, de l'université d'Hawaï à Mānoa, d'Hélène Courtois, de l'université de Lyon I, de Yehuda Hoffmande, de l'université hébraïque de Jérusalem, et de Daniel Pomarède, du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, résultant d'une nouvelle façon de définir les superamas selon les vitesses radiales des galaxies, a été annoncée en septembre 2014.

Laniakea peut être défini, en première approximation, comme l'ensemble des galaxies qui convergent, à une vitesse d'environ 630×103 mètres par seconde, vers le Grand Attracteur.

D'après Gayoung Chon, de l'Institut Max-Planck de physique extraterrestre, Laniakea ne serait pas un superamas. Elle considère, en effet, que la qualité de superamas devrait être réservée aux structures devant s'effondrer en un objet simple, ce qui, estime-t-elle, ne sera pas le cas de Laniakea.





Amusant comme l'infiniment grand évoque certains organismes vivants beaucoup, beaucoup plus petits comme l'élysie émeraude et autres sacoglosses

mardi 9 décembre 2014

Des femmes yézidies et chrétiennes vendues au marché aux esclaves de Mossoul en Irak où elles sont amenées dans des cages.


Mossoul, Irak, 2014
Il y a maintenant plusieurs marchés, dont les deux plus grands sont toujours celui de Mossoul rejoint par celui de Racca en Syrie. Un État digne de ce nom se devait de réglementer. C'est fait, et l'agence Iraqinews s'est procuré l'affichette qui fixe le prix de base des femmes en fonction de leur virginité supposée et de leur âge.
Ces prix sont assez modérés, si on les compare au prix des chèvres et des dromadaires vendus sur ces mêmes marchés : comptez environ 10 € pour une chèvre, 200 à 300 pour un dromadaire.
 

Sur cette affichette, placardée aux entrées des marchés on trouve les tarifs :
-  Fillette de 1 à 9 ans : 200 000 dinars (138 euros)
-  Fille de 10 à 20 ans : 150 000 dinars (104 euros)
-  Femme de 20 à 30 ans : 100 000 dinars (69 euros)
-  Femme de 30 à 40 ans : 75 000 dinars (52 euros)
-  Femme de 40 à 50 ans : 50 000 dinars (35 euros)
  

Les femmes de plus de 50 ans ne sont pas commercialisées, étant impropres à l'usage que veulent en faire les acheteurs. De plus leur prix ne justifierait pas leur nourriture et le coût du transport pour les acheminer du lieu de capture au marché. Les plus chanceuses se sont converties à l'islam, les autres, la majorité, ont été égorgées.
L'Organisation État islamique, dans un document daté du 16 octobre relevé sur un site arabe par CNN, rappelle la loi : "Chacun doit se rappeler que mettre en esclavage les familles d'infidèles et marier leur femme est un aspect fermement établi de la loi islamique".

Cette information survient peu après la diffusion d'une vidéo, montrant plusieurs combattants de l'État Islamique discutant, hilares, de l'achat de femmes yézidies.
"Aujourd’hui c’est le jour de distribution, c’est la volonté de Dieu", lance l'un tandis que la personne qui filme fait le tour de la salle demandant qui veut d'une femme yézidies et si les intéressés seront "capables de la gérer".
Les hommes amusés détaillent leur façon de choisir : qualité de la dentition, couleur des yeux, fermeté des fesses et de la poitrine… Ceux qui sont intéressés négocient ensuite le prix avec le vendeur.



Information complémentaire
Le yézidisme est un courant religieux qui est présenté par ses pratiquants (les Yézidis ou Yazidis - Êzidîtî ou Êzidî en kurde -) comme plongeant ses racines dans l'Iran antique. Les Yézidis forment un groupe ethnique kurde, adepte d’un monothéisme issu d'anciennes croyances kurdes. On retrouve en effet de nombreuses similitudes entre le yézidisme actuel et les religions de l'Iran ancien. Ainsi le yézidisme est considéré par ses pratiquants comme une survivance du mithraïsme iranien authentique qui s'est adapté à un environnement hostile en absorbant des éléments exogènes notamment les enseignements de Cheikh Adi, un savant soufi qui s'est installé dans la vallée de Lalish au XII siècle. Cependant d'autres études (européennes ou celles de théologiens musulmans) le considèrent comme un mouvement hétérodoxe de l'islam sunnite apparu au XIIe siècle et sur lequel des éléments pré-islamiques ont par la suite été greffés, en utilisant des pratiques anté-islamiques conservées dans le Kurdistan notamment postérieurement à Cheikh Adi. Les Yézidis font remonter leur calendrier religieux à 6 764 années (en 2014). Par rapport à d'autres religions majeures, le calendrier yézidi a 4 750 années de plus que le calendrier chrétien, 990 années de plus que le calendrier juif et a 5 329 années de plus que le calendrier musulman.

samedi 6 décembre 2014

Madagascar, pauvre parmi les pauvres

Le rapport 2014 de la CNUCED (conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) sur les pays les moins avancés (PMA), rendu public le 28 novembre dernier, a mis en exergue "le cercle vicieux dans lequel se trouvent les pays les plus pauvres de la planète". Parmi ceux-ci, deux États du sud-ouest de l'océan Indien : Madagascar, 8ème pays le plus pauvre du monde selon le revenu national brut (RNB) par habitant, mais aussi les Comores, qui occupent le 26ème rang.

Illustration : Madagascar
440 dollars : tel est le RNB par habitant de Madagascar établi par la CNUCED pour l’année 2013. Seuls 7 pays font pire : la Somalie (111), le Malawi (270), le Burundi (280), la République centrafricaine (320), la République démocratique du Congo (400), le Libéria (410) et le Niger (410). Les 21 dernières places sont occupées par des pays africains, l’Union des Comores se situant au 26ème rang avec 880 dollars par habitant. En comparaison, le RNB de la France s’élève à 42 250 dollars par habitant, celui du Qatar à 85 550 dollars, celui de la Norvège à 102 610 dollars...
Dans son rapport intitulé "Croissance – La transformation structurelle : Un programme de développement pour l'après 2015", la CNUCED évoque un phénomène nommé "le paradoxe des PMA". Soit "l’incapacité de ces économies de procéder à des changements structurels alors qu’ils enregistrent une croissance vigoureuse en raison du niveau élevé des prix des exportations et de l’augmentation des courants d’aide".
En effet, la CNUCED note qu’entre 2002 et 2008, la croissance des PMA a été supérieure à l’objectif de 7 % décidée par la communauté internationale. Même après la crise financière de 2008, ces pays ont connu une croissance plus rapide que d’autres pays en développement, avec un taux moyen de 5,7 % par an.
Oui mais voilà, cette croissance économique n’a pas permis d’enrayer la pauvreté, encore moins "le cercle vicieux (...) dans lequel les pays pauvres sont piégés", selon les mots de la CNUCED.
D’après le rapport 2014, le développement n’est pas seulement une question de croissance économique mais il exige aussi "une transformation structurelle de la base économique par deux processus parallèles" : l’accroissement de la productivité au sein des activités productives et la réallocation d’emplois d’activités à faible productivité − telles que l’agriculture à petite échelle et les services hors économie formelle − vers des activités plus dynamiques et à plus forte productivité, telles que l’industrie manufacturière et les services de haute valeur.
Selon la CNUCED, "le cœur du programme de développement pour l’après-2015 devrait être un cercle vertueux entre développement économique et développement humain, permettant de rompre le cercle vicieux dans lequel les PMA se trouvent". Le fait de réduire la pauvreté, d’améliorer la nutrition et la santé, et de développer l’instruction permet d’accroître le potentiel productif des personnes, ce qui contribue alors à réduire la pauvreté, améliorer la nutrition et la santé, et développer l’instruction. Cela suppose toutefois que l’augmentation du potentiel productif donne lieu à des revenus plus élevés, ce qui, selon le rapport, signifie qu’il faut créer davantage d’emplois mieux rémunérés en procédant à une transformation économique.

Quarante-huit pays sont actuellement désignés comme PMA par l’ONU : Afghanistan, Angola, Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Haïti, Îles Salomon, Kiribati, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire lao (Laos), République Unie de Tanzanie, Rwanda, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Sud-Soudan, Tchad, Timor-Leste, Togo, Tuvalu, Yémen et Zambie.

www.ipreunion.com

mercredi 3 décembre 2014

Claude et Lydia Bourguignon : « Médecins de la terre », ils aident les paysans à produire sans pesticides

Cet exposé rapide permet notamment de comprendre en quoi consiste un sol en bonne santé et de faire connaissance avec les différents acteurs qui favorisent l'homéostasie de la terre.

Suivez le lien ci-dessous pour connaître le travail de Claude et Lydia Bourguignon:
http://www.lams-21.com/artc/1/fr/



Source de la vidéo  : http://youtu.be/VS10A0vQ_tc

Agronomes alternatifs, Lydia et Claude Bourguignon conseillent paysans et vignerons désireux de changer leurs méthodes pour mieux respecter leur sol et augmenter leurs revenus. Rencontre.


Claude Bourguignon dans les champs de Sébastien, en avril 2014 (Sophie Caillat/Rue89)
A perte de vue sur les collines s’étendent les champs de Sébastien. 200 hectares de blé, d’orge, de colza, de tournesol et de luzerne. Nous sommes en Côte-d’Or, aux confins de la Haute-Saône.
Les colzas de ce céréalier font cligner des yeux tant ils étincellent. Leurs fleurs grimpent une tête plus haut que celles des champs voisins.

Sébastien perché sur son semoir (Sophie Caillat/Rue89)
«  Les agriculteurs du coin disent que ma terre est sale à cause des bleuets, capselles, fumeterres... et des limaces. Ils n’aiment pas ça, les mauvaises herbes, ils veulent que ce soit propre-propre-propre. »
Seul exploitant sur la ferme familiale, il a augmenté de 10% ses revenus depuis qu’il a changé ses méthodes : il a revendu charrue, déchaumeur et vibroculteur pour un simple semoir.
Il songe désormais à reprendre « une vache et des cochons, indispensables pour le fumier ».

De l’orge en hiver, du sarrasin l’été

Le fils de Sébastien me fait visiter ses clapiers à lapins et ses pigeons, réservés à sa consommation personnelle, tandis que sa mère travaille à la ville et que sa grand-mère prend l’ombre dans la maison.
Autrefois, il y avait trente vaches ici. C’était l’époque où les fermes fonctionnaient en circuit fermé  : les animaux étaient nourris par les cultures maison, et leurs excréments fournissaient de l’engrais pour les champs.
De plus en plus d’agriculteurs se remettent doucement à cette polyculture, malgré le travail supplémentaire requis. Ils deviennent ainsi moins dépendants des marchands d’engrais. Sébastien s’y voit déjà  :
« Je pourrais faire de la luzerne et du sainfoin. On l’oublie souvent, mais les bovins sont herbivores. Ils n’ont pas besoin de céréales, et surtout pas des OGM importés d’Amérique  ! »
Si tout va bien, il arrivera bientôt à deux récoltes, de l’orge l’hiver et du sarrasin l’été, et ses voisins seront encore plus jaloux.
Maintenant qu’il ne laboure plus sa terre pour y passer un coup de Roundup, le fameux herbicide de Monsanto, il se sent moins en danger.
Certaines études scientifiques attribuent aux désherbants des effets cancérigènes, voire des cas de maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative dont est mort le père de Sébastien.
Ça lui a donné «  un peu une conscience écolo », explique-t-il avec son accent bourguignon, « mais ça n’est pas bien perçu ici  ».

Fini labour, engrais et pesticides

Sébastien est un original et c’est la raison pour laquelle il a fait confiance à Claude et Lydia Bourguignon.
Ils ont claqué la porte de l’Inra au début des années 90 pour créer le laboratoire d’analyse microbiologique des sols (Lams), chez eux à Marey-sur-Tille, au nord de Dijon. Et accompagnent Sébastien depuis deux ans dans la transition d’une agriculture conventionnelle à base de labour, d’engrais et de pesticides, vers une agriculture dite «  raisonnée  ».

Planche de cours montrée par Lydia Bourguignon (Sophie Caillat/Rue89)
Ça passe par des méthodes de travail radicalement différentes :
  • ne plus utiliser de désherbant – d’où les bleuets ;
  • ne plus labourer avant de planter ;
  • faire se succéder différentes plantes sur un même sol (la « rotation des cultures ») ;
  • limiter les apports en engrais, en aidant la terre à se régénérer elle-même.

« La trouille que ça ne marche pas »

Dès qu’il a cessé de désherber, Sébastien a gagné en temps et en pouvoir d’achat  :
«  Je suis passé de 125 litres de fioul par hectare à 30 litres, j’ai revendu ma charrue qui nécessitait un tracteur de 300 CV pour acheter un semoir qui en demande seulement 150. Ça fait 8 000 euros d’économisés sur le fioul et les machines dès la première année. »
Au passage, il a «  découvert les insectes ».
Il met deux fois moins d’engrais grâce au semis direct. Au lieu de s’attaquer aux mauvaises herbes, il les laisse pousser, ce qui recouvre son sol et lui donne cet aspect négligé que ses voisins raillent. Il admet :
«  Au début, j’avais la trouille que ça ne marche pas : c’est très technique. Quelques rendements ont baissé, parce qu’on ne maîtrise pas tout encore, mais ils devraient être meilleurs qu’avant au bout de cinq ans.  »
A l’école, on lui parlait surtout produits phytosanitaires, marques de tracteur et puis « quintaux à l’hectare », l’unité mesurant le rendement des terres.

La collection d’échantillons du Lams (Sophie Caillat/Rue89)
Blottis parmi les pousses de colza de Sébastien, Claude et Lydia Bourguignon replacent l’histoire de l’agriculture dans celle du XXe siècle, qui a commencé avec le «  génocide paysan de la guerre de 14  », s’est poursuivie avec l’industrialisation voulue par le plan Marshall pour aboutir à des campagnes désertifiées et un métier qui souffre d’un taux de suicide record.

« Casser le mythe du labour »

Quand l’Américain John Deere inventa la charrue en 1836, les agriculteurs se sont mis à n’avoir plus que le mot labour à la bouche, ironise Claude Bourguignon. Sa voix s’élève, il se met à mimer la virilité  :
«  Il faut casser le mythe du labour, qui consiste à voir qui est le plus macho. Labourer c’est défoncer la terre, la violer pour lui montrer qui domine.
En Italie, il faut voir comment ils éventrent la terre jusqu’à 60 centimètres, en suçant du fioul… Ils disent que sinon ça ne lève pas, mais d’un point de vue organique, c’est faux.  »
Claude Bourguignon a appris la microbiologie des sols dans les années 70, à une époque où une chaire y était dédiée à l’Institut national d’agronomie.
«  A Agro Paris Tech aujourd’hui, on apprend la mort de la terre – les pesticides – mais pas la vie de la terre. C’est une des grandes caractéristiques des périodes de décadence  : l’incompétence généralisée. »
Les Bourguignon se sont rencontrés à Dijon, où la fille d’immigrés italiens avait appris l’agronomie en cours du soir. Claude y était devenu ingénieur d’Etat après avoir grandi à Paris.
Ensemble, ils ont participé à la fondation de l’école d’agrobiologie de Beaujeu, précurseur notamment de la biodynamie, cette technique qui utilise les énergies pour stimuler la vie du sol et la santé des plantes.

« Des rebouteux »

Le grand public a pu les voir dans le film de Coline Serreau, « Solutions locales pour un monde global », sorti en 2010. Ils y parlaient d’«  agriculteurs qui élèvent des animaux malades et des plantes malades  », juste avant que Pierre Rabhi, le penseur de la sobriété heureuse, n’entre dans le champ de la caméra pour dire  :
«  Bientôt, on ne dira plus bon appétit, mais bonne chance.  »
Depuis vingt-cinq ans, dans leur Laboratoire d’analyses microbiologiques des sols (Lams), ils scrutent la terre au microscope. Constatant que «  90% de l’activité micro-biologique y a disparu  », ils en sont devenus les médecins. «  Des rebouteux qu’on va voir quand on a essayé tous les docteurs  », ose même Lydia.

Analyse de compost au laboratoire (Sophie Caillat/Rue89)
Agriculteurs et viticulteurs (ces derniers comptent pour 80% de leur clientèle) viennent se plaindre que leur terre est fatiguée, qu’elle ne donne pas le rendement espéré. Certains ont d’emblée l’intention de passer en bio, et savent que le processus prendra du temps.

« Si on respecte les lois du sol... »

Le Lams commence toujours en établissant un profil (facturé 1 050 euros), qui comprend des mesures chimiques, physiques et biologiques. Quand Sébastien avait fait appel à un laboratoire classique, on ne lui avait pas parlé de cette micro-faune, ni des racines pourtant importantes pour comprendre de quoi la plante a besoin. Il repartait plutôt avec une ordonnance pour acheter plus d’engrais.

Les champs de colza de Sébastien et sa ferme au loin (Sophie Caillat/Rue89)
Les méthodes préconisées par les Bourguignon sont si simples qu’elles les font passer pour des «  dinosaures  ». A écouter Lydia, tout pourrait être facile  :
«  Si on respecte les lois du sol, les rendements ne se casseront pas la figure. »
Claude   :
«  Nos techniques rendent leur indépendance aux agriculteurs. Ça ne plaît pas trop aux chambres d’agriculture, aux marchands de fioul et de machines, ni à l’Inra. »
Souvent un brin alarmistes, parfois même au bord du complotisme, les Bourguignon dénoncent, comme Pierre Rabhi, la fragilité de notre civilisation, et notre insécurité alimentaire.

« Avant, on était debout »

Un jour, invités à donner une conférence dans un lycée agricole, ils déjeunent à la cantine, raconte Lydia. La nourriture n’est pas locale et surtout, elle termine en grande quantité à la poubelle, avant de rejoindre l’incinérateur. Quand Lydia demande si ces restes ne pourraient pas nourrir les cochons, comme autrefois, on lui répond que les règles d’hygiène sont trop draconiennes pour cela. Elle bouillonne  :
«  C’est mieux que les cochons bouffent du soja américain car les restes de nos enfants ne sont pas assez bien pour eux  ? »
Pire, elle se demande :
«  Comment les gamins qui apprennent l’agriculture et ont des abricots délicieux dans leurs vergers acceptent de manger des Danette à la cantine ? Ça ne tourne pas rond. Imaginez un menuisier qui dirait que ses meubles ne sont pas utilisables  ? »
Révoltés d’entendre qu’on ne pourrait nourrir la planète avec l’agriculture bio alors qu’on jette 40% de la nourriture qu’on produit, ils lâchent parfois des «  on est foutus.  »
Claude répète  : «  Avant, on était debout.  » Lydia parle avec effroi de ces gens «  couchés, qui font taire leurs gosses avec des bonbons et des jeux vidéo  ».

« Les écolos sont à côté de la plaque »

Quand j’ose les traiter de pessimistes, ils me répondent que les paysans d’aujourd’hui préfèrent acheter de la nourriture au supermarché plutôt que de manger leurs produits, qu’ils disent à leurs enfants de ne pas devenir agriculteurs à leur tour, et que c’est l’un des métiers « les plus compliqués et les moins valorisés de la planète ».
Pour les Bourguignon, si le système dysfonctionne, c’est d’abord à cause des subventions et de la Politique agricole commune (PAC), créée en 1957 par l’ancêtre de l’Union européenne. Claude en revient encore à l’histoire  :
«  On a rasé les haies, mis les bêtes en Bretagne et les céréales dans la Beauce. Puis les paysans ont fait ce que Bruxelles leur a dicté.  »
Et, ajoute-t-il, on ne peut pas compter sur les écologistes pour que ça change :
« Ils sont à coté de la plaque. Ils n’ont pas compris que 77% du territoire c’est de l’agriculture. L’écologie, ce n’est pas un parti, c’est un état. »