jeudi 29 juin 2017

L'adulte surdoué au travail

Chapitre 14 – Trouver sa voie professionnelle

24 mars 2017
A moins d’avoir une vocation depuis très jeune, il est difficile de choisir un métier pour l’avenir, surtout dans la société actuelle ou nous avons toujours plus de choix.

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Alors si l’on est hypersensible, que l’injustice nous met hors de nous, et que l’on attache énormément d’importance au jugement des gens et notamment à l’approbation de notre entourage, vous imaginez bien que c’est encore plus compliqué. Souvent, on lit d’ailleurs que les zèbres sont « instables professionnellement ». Mais pourquoi ?

Le zèbre est quelqu’un d’extrêmement curieux. Il aura envie d’étudier toutes les matières qui l’intéressent, et d’essayer de nombreux métiers. Pourtant, on nous demande très tôt dans notre parcours scolaire de nous spécialiser, de choisir des matières, choisir des études, en vue de choisir une profession.
Choisir.
Pour le zèbre, choisir est vraiment difficile, d’autant plus que l’approbation de son entourage est quelque chose de très important pour lui. Alors, qu’il soit mauvais en classe, ou bon partout, il écoutera ses professeurs et ses parents le guider vers une profession qui semble lui correspondre, où il semblera être compétent.
Mais est-ce pour autant ce qu’il veut vraiment faire ?
Souvent, le zèbre est très créatif et rêve secrètement de s’orienter vers une carrière artistique, dans la peinture, la musique, l’histoire de l’art… Ou alors, il s’intéresse tellement à un sujet qu’il voudrait faire de la recherche exclusivement dans ce domaine (en archéologie par exemple). Ces voies très spécifiques étant considérées comme «bouchées», il est assez rare qu’ils soient confortés dans ce choix là. Proches et professeurs préfèreront souvent leur dire de continuer leurs études en parallèle de leurs activités artistiques ou de leurs intérêts, pour plus de sécurité et de stabilité. Parce que la sécurité, c’est aussi quelque chose que les zèbres recherchent, vous vous souvenez ?
Trouver le bon équilibre entre désir et stabilité, entre passion et raison, quand tout nous intéresse, ce n’est pas chose facile.
Surtout s’il faut ajouter au désir et à la sécurité un troisième élément : la stimulation.

Le zèbre ne supporte pas l’ennui. L’important pour lui, dans son travail (et dans sa vie en général), c’est qu’il ne s’ennuie pas, qu’il soit stimulé sans arrêt, qu’il puisse être passionné par ce qu’il fait, et surtout, qu’il n’y ait pas de tâches répétitives… Dès lors que le zèbre a l’impression de stagner, de ne plus rien apprendre, c’est le blocage, l’ennui total, la remise en cause de tout, la dépression parfois même.
En général, quand un zèbre commence à travailler dans une entreprise, ça se passe comme ça : il débute, il découvre, ça l’intéresse. Il apprend des choses.

Puis très vite, il a fait le tour, a vu comment ça fonctionnait, et c’est là que l’ennui se pointe et que les tâches perdent leur intérêt.

Alors il veut partir, démissionner, fuir.

En se disant que ce sera peut-être mieux ailleurs.
Et puis finalement, ailleurs, ça recommence.
Il découvre, il apprend, puis il maîtrise, il se lasse, et il veut repartir.
C’est un peu comme si son cerveau s’embourbait dès qu’il ne se passe plus rien de nouveau. Comme s’il s’endormait (mais sans endormir le flux constant de pensées qui n’ont rien à voir, ce serait trop simple… )

Enfin, on l’a vu dans un précédent chapitre, la relation du zèbre avec l’autorité est compliquée, et au travail, ça pose souvent problème, d’autant qu’un certain nombre d’entreprises fonctionne encore avec un modèle ancien, où le mérite et le talent ont moins de place que la conformité et la politique. Pas étonnant donc que le zèbre qui propose beaucoup (trop) de changements à peine arrivé bouscule l’ordre établi et s’attire les foudres de sa hiérarchie. Si l’on ajoute à cela qu’il a du mal à exprimer le cheminement de sa pensée qui l’a amené à prendre ses décisions, qu’il pose beaucoup de questions pour être sûr de tout comprendre, et qu’il fait passer ses principes moraux et humanistes avant la recherche du profit, on peut en déduire aisément qu‘il se fond difficilement dans l’organisation.

Alors, puisque de nombreux domaines l’attirent, qu’il ne supporte pas l’ennui et se trouve rarement à sa place dans l’entreprise, le zèbre songe souvent à changer de métier, regrette ce à quoi il a renoncé en faisant les choix qu’il a faits, et a envie d’essayer autre chose.

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Lors de mes discussions avec de nombreux zèbres adultes, beaucoup me disent qu’ils ne se sentent pas « expert » (moi la première), qu’ils ont beaucoup changé de poste et n’ont pas de parcours « cohérent », qu’ils ne se sont pas spécialisés contrairement aux autres personnes qu’ils ont pu croiser dans leur vie professionnelle. Pourtant, leur force c’est exactement ça. La polyvalence. Guidée par la passion, la curiosité, et la bienveillance. Certains domaines y sont réticents, mais d’autres accueillent cette compétence à bras ouverts. Et il faut la mettre en avant.

Mais pour cela, il faut parfois oser quitter le travail qui ne les satisfait pas. Par peur du jugement, par peur de perdre un statut social, par peur de rater, mais aussi et surtout par peur de ne plus être en sécurité, changer radicalement de travail est un choix difficile à faire. Un choix plein d’incertitudes. Souvent, c’est même lors d’un arrêt forcé comme un long arrêt maladie, une période de chômage ou un congé maternité que le zèbre (et même le non-zèbre, c’est valable pour tout le monde évidemment) s’autorise à faire ce qui lui plait, et se découvre une nouvelle vocation.
Parfois, c’est un métier manuel, parfois le zèbre se met à son compte pour se libérer de la hiérarchie (mais attention, ce n’est pas une solution pour tout le monde, la montagne de papiers administratifs qui attend les entrepreneurs peut s’avérer problématique pour le zèbre), parfois c’est un métier peu satisfaisant intellectuellement mais peu prenant et qui laisse donc toute la place aux projets personnels que l’on peut réaliser à côté… Il y en a pour tout le monde. Nous sommes tous différents, mais je suis persuadée que chacun est capable de trouver le bon équilibre entre désir, stimulation et sécurité. Et si les expériences malheureuses passées sont considérées négativement par le zèbre, elles lui ont pourtant beaucoup appris sur la vie en entreprise, les relations entre les gens et ce que le zèbre lui-même recherche dans son travail et dans sa vie, et influenceront positivement ses choix futurs.

Dans ma rubrique témoignages, vous découvrirez les témoignages de zèbres ayant vaincu l’ennui, la sensation de ne pas être à sa place et la relation difficile avec la hiérarchie en choisissant une reconversion, en changeant simplement de domaine, en changeant leur façon de voir les choses au même poste, ou en devenant entrepreneurs.

Source :  http://www.rayuresetratures.fr/trouver-sa-voie-professionnelle/

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