jeudi 22 juin 2017

Le programme d’Emmanuel Macron mis à jour : La Commission européenne vient de publier les « GOPÉ » pour 2017-2018

Pendant toute la campagne présidentielle,  François Asselineau et l’UPR ont annoncé quel serait le VRAI programme des dix autres candidats, qui refusaient tous les dix de proposer aux Français de faire sortir la France de l’UE par la mise en œuvre la plus rapide possible de l’article 50 du traité sur l’Union européenne (TUE).
Du fait de l’engagement de la France dans l’euro et dans l’Union européenne, toutes les grandes décisions de notre politique économique et sociale sont dictées par les « recommandations » de la Commission européenne, également intitulées « grandes orientations des politiques économiques (GOPÉ) », que l’institution technocratique bruxelloise publie chaque année à la mi-mai.
Nous avions déjà publié un article pour expliquer quelles seraient les grandes mesures appliquées par le président de la République si François Asselineau n’était pas élu [1]. Il s’agissait tout simplement des GOPÉ pour 2016-2017, dont ce dossier décryptait la « langue de bois » européenne et qu’il est utile de relire aujourd’hui.
Or la Commission européenne vient de publier, ce 22 mai 2017 – soit quinze jours après le second tour de l’élection présidentielle, la mise à jour annuelle de ces fameuses « recommandations » [2].
L’examen de ce document révèle que les Commissaires européens – si grassement payés qu’ils gagnent plus que le président de la République française – ne se sont franchement pas fatigués puisqu’ils nous ont presque gratifiés d’un copier-coller du même document publié l’an dernier, le 18 mai 2016. On n’est pas loin de l’emploi fictif…

LE PRÉAMBULE DU RAPPORT DES « GOPÉ » 2017-2018

Notons tout d’abord trois éléments intéressants dans le préambule :
  • 1er élément du préambule

    Le document précise que, « en tant qu’État membre dont la monnaie est l’euro, et compte tenu des liens étroits entre les économies de l’Union économique et monétaire, la France devrait veiller à mettre en œuvre intégralement et en temps utile la recommandation concernant la zone euro, qui est prise en compte dans les recommandations figurant aux points 1 à 4 ci-dessous ».
Il faut noter ici que les points 1 à 4 sont l’intégralité des « recommandations ». Cette note du préambule tord en soi l’argumentaire des européistes (et des crédules) qui ont tendance à atténuer la portée des GOPÉ en expliquant qu’il ne s’agirait que de recommandations et non pas d’obligations.
Rappelons que cela est faux pour au moins deux raisons :
  • Depuis le pacte de stabilité et de croissance (PSC) de 1997 [3], et avec le «six-pack » [4], la Commission peut sanctionner financièrement les pays en cas de manquement ou de retard dans l’application des mesures préconisées. En cas d’« écarts importants », la Commission adresse à l’État membre un avertissement et sa situation est suivie tout au long de l’année. Si elle n’est pas redressée, la Commission peut proposer la constitution d’un dépôt correspondant à 0,1 % du PIB. Pour la France, il s’agirait donc d’un dépôt de 2,2 milliards d’euros. Les « recommandations » dans les textes se transforment donc, dans les faits, en obligations.
  • C’est aussi nier le fonctionnement des institutions européennes puisque la machine bruxelloise repose sur le concept de « soft law » et de « pression des pairs ». Le principe même de ces GOPÉ, c’est justement d’exercer constamment une pression sur les représentants d’un État.
    Certes, ils peuvent ne pas appliquer telle ou telle « recommandation », pendant un certain temps,  en échappant aux sanctions. Mais concrètement, il leur est impossible de refuser d’appliquer toutes les mesures tout le temps.
    Du reste, le principe même des GOPÉ serait sinon vide de sens. En fait, il s’agit d’un étau intellectuel, juridique et moral qui se resserre peu à peu, et auquel il est impossible de se soustraire durablement.

  • 2e élément du préambule

Le document précise par ailleurs que « le 28 avril 2017, la France a présenté son programme national de réforme pour 2017 et son programme de stabilité pour 2017. »
Cette date mérite que l’on s’y arrête un instant. Elle permet au lecteur de découvrir incidemment que la France a donc soumis son « programme national de réforme » (PNR) à la Commission européenne entre les deux tours de l’élection présidentielle !
En clair, les deux tours de l’élection présidentielle n’ont pas fait varier d’un iota la procédure, ni dans son agenda ni dans son contenu.
Cela confirme ce que François Asselineau a dénoncé tout au long de sa campagne présidentielle en soulignant que le rapport sur les GOPÉ de l’an dernier avait été publié le 18 mai 2016 mais restait valide pour les années 2016-2017. En fait, tout le processus suit son cours et la Commission européenne agit très exactement comme si les élections n’existaient pas.
Il s’agit du reste d’un secret de Polichinelle : n’est-ce pas le président de la Commission européenne, M. Juncker, qui a osé déclarer : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » On ne saurait mieux dire que l’Union européenne est précisément ce que l’on appelle une dictature.

  • 3e élément du préambule

Le préambule du document indique enfin : « À la lumière des résultats du bilan approfondi de la Commission et de cette évaluation, le Conseil a examiné le programme national de réforme et le programme de stabilité. »
Nous avions montré dans un article précédent le lien direct entre les GOPÉ et le programme national de réforme ou  PNR [5].
La preuve est ainsi apportée une nouvelle fois que, contrairement aux médias et aux dirigeants des partis politiciens qui veulent faire croire aux électeurs que le gouvernement français serait libre de ses choix, les GOPÉ se retrouvent bien dans le PNR et sont donc bien la feuille de route économique et sociale du gouvernement français.

LE CONTENU DES « RECOMMANDATIONS » POUR 2017-2018

Il convient maintenant de lire ces « recommandations » et d’en décrypter les six principales.
En voici le texte :

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Décryptage


1°) Que signifie : « se conformer à la recommandation du conseil du 10 mars 2015 au titre de la procédure concernant les déficits excessifs » ?
Cette formule pour initiés signifie que, comme tous les ans, la Commission européenne exige que la France poursuive une politique d’austérité renforcée.
La version du rapport de l’année 2015 [6] insistait sur le fait qu’ « il est impossible de dégager à court terme d’importantes économies sans ralentir considérablement la croissance des dépenses de sécurité sociale. […] Des économies de 11 milliards d’euros sur les dépenses de santé sont prévues pour 2015-2017, mais des efforts supplémentaires seront nécessaires pour limiter les hausses de dépenses dans ce domaine. »
En bref, les coupes sombres dans la santé, l’assurance-chômage et les retraites vont donc continuer et s’accentuer !

2°) Que signifie : « consolider les mesures de réduction du coût du travail afin d’optimiser leur efficacité de manière budgétairement neutre et d’accroître leurs effets sur l’emploi » ?
Cette formule signifie que  la Commission européenne demande à la France de continuer les politiques du CICE et du « pacte de responsabilité » qui ont pourtant montré à la fois leur inefficacité en matière d’emplois, leur injustice vis-à-vis des artisans, PME et TPE, et leurs coûts extravagants. [7]

3°) Que signifie : «  élargir l’assiette globale de l’impôt et poursuivre la mise en œuvre de la diminution prévue du taux nominal de l’impôt sur les sociétés » ?
Comme ce qui précède, c’est une reprise des GOPÉ 2016-2017 et c’est très simple à comprendre. Il s’agit de baisser l’impôt sur les sociétés et d’augmenter la TVA et/ou la CSG que paient tous les ménages, à commencer par les plus modestes. C’est Robin des Bois à l’envers puisqu’il s’agit de faire payer davantage les pauvres pour enrichir les très riches.
On pourrait imaginer un impôt sur les sociétés plus progressif avec une baisse du taux pour les artisans, PME et TPE qui sont les principaux créateurs d’emplois. Ce n’est pas du tout ce qui est demandé.
C’est à la fois une injustice morale, un scandale social et une stupidité économique insondable.

4°) Que signifie : « améliorer l’accès au marché du travail des demandeurs d’emploi, notamment les travailleurs les moins qualifiés et les personnes issues de l’immigration » ?
Même si ce n’est pas écrit aussi explicitement que dans le document de l’an dernier, la formule codée « améliorer l’accès au marché du travail des demandeurs d’emploi » est une ritournelle bien connue chez les européistes : elle signifie qu’il faut viser la fin des contrats à durée indéterminée (les fameux CDI critiqués comme ayant pour effet de dissuader les entreprises d’embaucher), et au-delà le démantèlement du droit du travail et de nos acquis sociaux.
Parler des personnes issues de l’immigration dans cette demande – c’est nouveau cette année – n’est pas anodin. Car l’Allemagne a créé des emplois à 80 centimes de l’heure, prétendument pour les intégrer [8]. Il s’agit en réalité d’exploitation de la misère, de concurrence déloyale et de prime au moins-disant social. Cela résume assez bien le « modèle européen ».

5°) Que signifie : «  veiller à ce que les évolutions du salaire minimum soient compatibles avec la création d’emplois et la compétitivité » ?
Cela signifie que, le taux de change de l’euro étant trop cher pour la compétitivité de l’économie française, il faut procéder à une « dévaluation interne », comme le disent les économistes ayant le goût de l’euphémisme.
En clair, cela veut dire qu’il faut geler le niveau du SMIC, voire le réduire. Le salaire minimum en Bulgarie étant d’environ 200 euros par mois selon le cours de l’euro, ce n’est pas demain la veille que l’on verra la Commission européenne demander à la France de redonner du pouvoir d’achat aux Français en relevant substantiellement le SMIC….
En outre, va-t-on vers des SMIC variables comme en Allemagne ? Rappelons que là-bas, il n’y a pas de SMIC horaire dans l’agriculture, dans les secteurs concernés par les travailleurs détachés ou pour les chômeurs de longue durée…

6°) Que signifie : « continuer à lever les barrières à la concurrence dans le secteur des services, y  compris dans les services aux entreprises et les professions réglementées » ?

Il s’agit de « l’ubérisation » de la société française, que l’UPR dénonce, comme elle dénonce toutes les autres « recommandations ».
En clair : il s’agit de mettre en concurrence frontale toutes les professions réglementées que sont les artisans-taxis, les experts-comptables, notaires, avocats, pharmaciens, médecins, dentistes, huissiers, etc., avec des agents économiques – français mais aussi roumains, polonais, bulgares, etc. – n’ayant pas les mêmes contraintes en terme salarial ni les mêmes compétences professionnelles validées.
Au bout du chemin, ce sera la chute brutale du niveau de vie des personnes exerçant ces professions réglementées et la destruction d’un grand nombre d’emplois.

Conclusion : les Tartuffes de l’élection présidentielle démasqués

Ce rapport 2017-2018 se révèle un peu décevant, en ce sens qu’il est plus concis que celui de l’an dernier et qu’il ne comporte pas beaucoup d’éléments nouveaux. Peut-être se méfie-t-on à Bruxelles de la publicité que la candidature de François Asselineau a faite à ces GOPÉ ? Et peut-être a-t-on jugé plus prudent de ne pas « trop en rajouter » ?
Quoi qu’il en soit, la publication de ce rapport confirme toutes les analyses de l’UPR, développées par François Asselineau pendant la campagne présidentielle. Il sonne la fin de la pièce de théâtre qu’était cette élection et démasque les dix autres candidats-tartuffes qui – de Mme Le Pen à M. Poutou – se sont tous refusés à simplement prononcer le mot même de « GOPÉ ». La réalité rattrape ici toutes leurs belles promesses, inapplicables dans le cadre de notre appartenance à l’Union européenne.
La seule façon d’éviter ce programme mortifère pour la France est de voter massivement pour les candidats de l’UPR lors des élections législatives des 11 et 18 juin afin qu’ils puissent imposer la tenue d’un référendum sur la sortie de l’UE.
Rappelons à cet égard que « changer l’Union européenne », comme le proposent tous les tartuffes,  implique de changer les traités, ce qui nécessite l’unanimité des États-membres. Cela n’arrivera jamais [9] !
Pour libérer la France des GOPÉ, il faut tout simplement sortir de l’UE, comme le propose et l’explique l’UPR depuis 10 ans. Il n’y a pas d’autre solution.

Charles-Henri GALLOIS
23 mai 2017

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Sources et Notes

1 commentaire:

Je a dit…

N’est-ce pas le président de la Commission européenne, M. Juncker, qui a osé déclarer : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » ?

On ne saurait mieux dire que l’Union européenne est précisément ce que l’on appelle une dictature.