mardi 13 juin 2017

Escuela moderna

La Escuela moderna ou École moderne est une école rationaliste fondée à Barcelone le 8 octobre 1901, par Francisco Ferrer.
Son projet pédagogique d'inspiration libertaire s'appuie sur la mixité, l’égalité sociale, la transmission d’un enseignement rationnel, l’autonomie et l’entraide.
Elle fut la première d'un réseau qui en comptait plus d'une centaine en Espagne en 1907. Elle inspira les modern schools américaines et les nouveaux courants pédagogiques.

Le projet

L'école n'est pas gratuite car elle ne dispose d'aucune subvention publique ou privée. Pour être viable, elle doit donc s'auto-financer. En fixant un prix de pension uniforme, elle risque néanmoins d'aboutir à une sélection par l'argent et d'écarter les enfants issus des milieux les plus défavorisés, ce qui est évidemment contraire à sa vocation. La contribution financière des familles est proportionnelle à leurs ressources, même si cette somme peut avoir une valeur symbolique. De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins.
L'Escuela moderna est mixte, comme l'Orphelinat de Cempuis de Paul Robin ou La Ruche de Sébastien Faure. La mixité représente une innovation particulièrement audacieuse dans une Espagne très chrétienne. Francisco Ferrer doit vaincre bien des réticences à ce sujet, dans son propre entourage, mais il reste intraitable et finit par obtenir gain de cause.
L'Escuela moderna est aussi laïque mais son fondateur évite cependant d'utiliser cet adjectif pour ne pas entrer immédiatement en conflit avec les autorités ecclésiastiques toutes puissantes.
Une citation de Francisco Ferrer résume le projet :
« Notre enseignement n'accepte ni les dogmes ni les usages car ce sont là des formes qui emprisonnent la vitalité mentale (...) Nous ne répandons que des solutions qui ont été démontrées par des faits, des théories ratifiées par la raison, et des vérités confirmées par des preuves certaines. L'objet de notre enseignement est que le cerveau de l'individu doit être l'instrument de sa volonté. Nous voulons que les vérités de la science brillent de leur propre éclat et illumine chaque intelligence, de sorte que, mises en pratique, elles puissent donner le bonheur à l'humanité, sans exclusion pour personne par privilège odieux. »

La pédagogie rationaliste


La pédagogie élaborée par Francisco Ferrer repose sur cinq piliers : la mixité, l’égalité sociale, la transmission d’un enseignement rationnel, l’autonomie et l’entraide.
  • Une école mixte : Ferrer considère que l’égalité entre les sexes passe avant tout par un accès égal à une éducation identique. La mixité au sein des classes et de l’établissement scolaire doit ainsi pouvoir permettre aux femmes d’accéder à la même éducation, au même apprentissage, aux mêmes enseignements que les hommes. En outre, il considère que hommes et femmes se complètent et que, de fait, la mixité est naturelle.
  • Une école rationaliste : Ferrer accorde une place fondamentale à la science dans la construction de sa pédagogie : l’École moderne entend seulement diffuser et étudier des savoirs, des théories et des faits prouvés et admis dans le cadre d’une démarche scientifique ou reposant sur un raisonnement rationnel (qui fait appel à la raison et non aux croyances religieuses). À cet effet, il écrivait : « Nous voulons que les vérités de la science brillent de leur propre éclat et illuminent chaque intelligence, de sorte que, mises en pratique, elles puissent donner le bonheur à l’humanité, sans exclusion pour personne par privilèges odieux. »
  • Une école sociale : si l’école est payante (puisqu’elle ne reçoit aucune subvention publique ou privée), les droits d’entrées sont proportionnels aux revenus de la famille, de sorte que chacun, quelle que soit la classe sociale de laquelle il est issu, puisse accéder au même enseignement. En outre, l’École moderne organise des cours du soir ouverts aux familles des élèves, notamment à celles issues des classes populaires et qui, dans leur jeunesse, n’avaient pas ou peu reçues d’éducation scolaire.
  • Fondées dans le but de favoriser le développement de l’autonomie et de l’entraide des individus, les classes de l’École moderne répondent à une forme d’organisation bien précise. Les élèves y sont répartis en groupes (souvent affinitaires) et travaillent entre eux, selon une démarche d’entraide : les uns aidant les autres dans les difficultés qu’ils rencontrent. Ce sont également les enfants qui élaborent et bâtissent leurs projets de travail dans le cadre d’une discipline enseignée. Les professeurs, quant à eux, n’interviennent que très peu, et jamais sans avoir été au préalable sollicités par un ou plusieurs élèves. Les enfants peuvent ainsi se prendre en mains, se responsabiliser et développer leur autonomie, tout en portant une attention aux difficultés d’autrui. Cette pédagogie libertaire évacue toute idée de compétition, il n’y a ni examens ni classements dans l’École moderne, afin de privilégier la solidarité et l’entraide entre les élèves. Punitions et récompenses en sont également exclus. Pour Ferrer, l’école doit avant tout apprendre aux élèves à être des individus responsables, qui étudient et apprennent pour eux-mêmes et non pour une hypothétique récompense ou dans la peur de la sanction. L’éducation doit donc se faire en dehors du cadre de la coercition.

Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Escuela_moderna

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