jeudi 1 juin 2017

Comment jouer à un jeu sans en connaître les règles ?

Ne trouvez-vous pas dommage (voire honteux) que l'étude approfondie des “sciences politiques” (droit, histoire, sociologie, géographie, économie) ne soit réservée qu'à une élite (Science Po, etc) ? 

Au minimum, ne serait-ce pas indispensable dans une société de droit, que tous les prétendus citoyens connaissent le droit ? 
Comment jouer à un jeu sans en connaître les règles ? 

Personnellement, j’interprète cette absence du droit dans l'enseignement général comme une volonté manifeste de maintenir de la masse dans l'ignorance.

11 commentaires:

Je a dit…

"Sciences Po a vu le jour sous le nom de "l'École Libre des Sciences Politiques", créée en 1872 par Émile Boutmy pour répondre à la crise politique et morale qui frappe la France au lendemain de la guerre de 1870. Elle entend former de nouvelles élites et produire des savoirs modernes pour une France nouvelle.
Une exception française

Sciences Po présente une triple originalité dans l’enseignement supérieur français. Par son statut d’école privée constituée en société par actions, elle est libre de choisir ses étudiants, ses enseignants et ses programmes.[...]"

Je a dit…

"En 1945, Sciences Po est partiellement nationalisée et dédoublée en une Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et un Institut d’études politiques (IEP). L’autonomie de Sciences Po est néanmoins préservée. Cette autonomie, sans cesse confirmée par les pouvoirs publics, a fait de Sciences Po un laboratoire de projets institutionnels, pédagogiques et scientifiques innovants. Ce modèle a été conforté et clarifié par la réforme des statuts de janvier 2016. "

Je a dit…

A côté du portrait d'Emile Boutny, le fondateur, je suis tombé sur un texte que je qualifierais de "collector" ! Jugez plutôt : "Sciences Po et mai 68

Si Sciences Po n’a pas été le fer de lance de la "révolution étudiante", l'établissement a essuyé la contestation et a été confrontée à des péripéties : le refus de composer se muant en grève générale, les meetings succédant aux AG, les banderoles recouvrant les affiches, l’invasion des locaux culminant en occupation... À Sciences Po rouge, rebaptisé Institut Lénine, dans le hall Che Guevara et l’amphi Rosa Luxembourg, la "révolution" fut – un bref instant – en marche. " Tout y est de l'hypocrisie jusqu'au soutien à notre nouveau (désolé, je crache) président.

Je a dit…

Tout sur Science Po ici : http://www.sciencespo.fr/%C3%A0-propos/notre-histoire

Je a dit…

En regardant l'histoire de cette école, j'en tire quelques réflexions/conclusions ... D'abord, elle fut fondée en 1872. C'est une période charnière de notre histoire de France. Ce sont les prémisses de la IIIème République, celle où l'idée de République va s'imposer au détriment des royalistes (catholiques, aristocrates, pourtant encore majoritaires parmi l'élite), et à la faveur des réformistes francs-maçons (bourgeois, industriels, marchands, banquiers ...) , mais toujours pour contrer l'émancipation des ouvriers (comme jadis les seigneurs et les prêtres maintenaient dans la soumission les paysans).

Je a dit…

"Sciences Po présente une triple originalité dans l’enseignement supérieur français. Par son statut d’école privée constituée en société par actions, elle est libre de choisir ses étudiants, ses enseignants et ses programmes." Cette école agit à l'origine par co-optation. C'est une nouvelle élite basée sur l'argent (école privée) tout à fait dans l'air du temps puisqu'à l'époque la République utilisait le suffrage censitaire (c'est-à-dire basé sur le fortune). Il y avait deux classes de "citoyens" : les électeurs actifs et les non-électeurs passifs.

Je a dit…

Bien sûr, cela a évolué avec le temps, tout comme le suffrage est passé de censitaire, à masculin (sans distinction de fortune) puis à universel (hommes et femmes). Mais l'idée directrice, la "culture d'entreprise" est sans aucun doute restée la même : éduquer une élite républicaine (républicaine mais pas populaire !).

Je a dit…

Je continue à analyser la culture Science Po. "Par son projet éducatif novateur, elle initie une pédagogie interactive sous la forme des conférences de méthode qui réunissent des petits groupes d’étudiants et des enseignants issus de la haute fonction publique, du monde des affaires et de l’université." L'élite (expérimentée) forme l'élite (de demain). C'est pragmatique et sûrement beaucoup plus formateur que de la théorie pure (universitaire). Cette démarche implique aussi / contribue à créer une culture de classe (sous-entendu de classe supérieure).

Je a dit…

Nouvelle citation : "Par son ambition scientifique, elle privilégie une approche plurielle des “sciences politiques” (droit, histoire, sociologie, géographie, économie) et l’étude inédite des mondes contemporains et étrangers, afin de faire dialoguer la recherche et l’enseignement pratique.". Je trouve cela très intéressant. Je déplore simplement que cette formation soit réservée à une élite. Dans une vraie démocratie, celle où tous les citoyens participent, la notion de "citoyen" ne se limite pas à "électeur". Avec une telle formation réservée aux futurs élus et/ou hauts fonctionnaires et/ou dirigeants de grandes entreprises, on accentue la séparation de la société en deux classes : les vrais citoyens (au sens politique) qui maîtrisent le fonctionnement de la société, et les faux citoyens qui avancent en aveugles.

Je a dit…

Que Science Po ait été partiellement nationalisée en 1945 est la moindre des choses puisque, je cite, "Après la période de fondation, l’École libre se recentre sur la préparation aux concours des grands corps de l’État tout en formant aux carrières des affaires.". Les hauts fonctionnaires et le monde des affaires sont intimement liés avec ce type de formation.

Je a dit…

Quel dommage (quelle honte ?!) que les “sciences politiques” (droit, histoire, sociologie, géographie, économie) ne soient réservées qu'à une élite.