samedi 6 octobre 2012

Manuel Valls, la béquille du président

Qualifié cette semaine de « vice président » par Le Nouvel Observateur, Manuel Valls est en train de s’imposer comme l’homme fort du gouvernement, celui au côté duquel le président de la République choisit de s’exposer lorsque la République, ébranlée dans ses tréfonds par l’acte de barbarie commis à Echirolles (Isère), a besoin de se réassurer.

La place de choix conquise par le droitier du Parti socialiste est une consécration personnelle, l’aboutissement d’une extrême détermination couplée à beaucoup d’habileté : en quelques mois, celui qui n’avait réalisé que 5 % des suffrages à la primaire socialiste est devenu la béquille du président de la République, qui souffre depuis la rentrée d’une inquiétante chute de popularité dans laquelle est également entraîné le premier ministre.

Plus fondamentalement, l’ascension de Manuel Valls révèle la mutation lente et néanmoins profonde que le Parti socialiste a accomplie en matière de sécurité, sous la pression de ses élus locaux qui ont peu à peu brisé les dogmes les plus libertaires.

Plus personne ne sous estime aujourd’hui les attentes sécuritaires, notamment dans les milieux populaires car le Front national en a fait son lit, liant dans un coktail explosif les problèmes d’insécurité et d’immigration, sur fond d’une crise économique dont personne n’entrevoit le bout.

A droite, Nicolas Sarkozy avait pris conscience du danger dès le début des années 2000, fondant son ascension politique face et contre Jacques Chirac sur son rôle de premier flic de France. Son pari gagnant était d’incarner l’autorité face à l’évanescence du pouvoir chiraquien.

Une fois élu président de la République, il a continué à faire de la sécurité son thème de prédilection, à coups de menton et de politique du chiffre dont on découvre aujourd’hui les limites pour ne pas dire  l’échec : non seulement l’incivilité n’est pas contenue mais elle est de plus en plus violente.

Cela arrange autant que cela complique la tâche de Manuel Valls, qui peut tout à la fois se démarquer de la politique sécuritaire de ses prédécesseurs, constater que la situation est bien plus grave qu’on ne le dit et ajouter que tout ne dépend pas de lui.

Sur le terrain, nombre d’élus locaux comparent le désarroi des policiers à celui des enseignants débordés par les actes de violence qu’ils sont impuissants à contrôler, faute de repères familiaux et de perspectives professionnelles.

Il y a tout « un rêve français » à reconstruire, une refondation de la République à accomplir mais cette mission-là relève du président de la République, pas du ministre de l'intérieur dont le principal mérite  est de jouer les aiguillons en s’appuyant sur un cocktail gagnant en politique : ses convictions sont pour le moment en parfaite adéquation avec les attentes de l’opinion.

Source : http://fressoz.blog.lemonde.fr/2012/10/05/manuel-valls-la-bequille-du-president/#xtor=RSS-3208=

3 commentaires:

Je a dit…

Les élus socialistes de terrain ont pris conscience de la réalité. A quand les "éléphants" et leurs courtisans les journalistes sympathisants de gauche.

Mais cela peut prendre du temps. J'ai entendu le professeur d'histoire frappé par son élève à cause de divergences d'idées au sujet du Maroc. La victime a défendu l'agresseur en insistant sur le fait que ce dernier "avait frappé dont un coup de tête mais sans intention de faire mal puisque [le prof en question] n'était pas gravement blessé." !

Il n'y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Anonyme a dit…

Dans la mesure où le "coup de boule" du croyant adulé des foules Zinedine Zidane n'a jamais été condamné par qui que ce soit dans ce pays, alors même qu'il semble qu'il ait été coutumier de ce genre de pratique, l'exemple vient d'en haut !

Je a dit…

La délinquance et sa forme la plus extrême, la criminalité, ne sont que les conséquences d'une situation d'inégalité sociale.

Pour prendre le mal à la racine, il faudrait s'occuper de justice sociale. Mais les élus dont les campagnes ont été financées par les plus riches sont en conflit d'intérêt lorsqu'il s'agit de réformer la société.

Alors, on tape sur les "petits" délinquants et les "petits" criminels tandis qu'on ferme les yeux sur les "gros" délinquants de la finance et les "gros" criminels de la guerre (vendeurs d'armes, mercenaires, guerres illégales du point de vue de l'ONU pourtant menées par l'armée française et/ou l'OTAN, etc.)