C'est Marine Le Pen qui, la première, l'a attaquée. Dès l'annonce de la
nomination de Christiane Taubira (Parti radical de gauche) comme ministre de la
Justice, le numéro un du Front national la jugea "extravagante", s'agissant
d'une personnalité qui, pour le FN, est "le modèle même de la défense du
communautarisme, le symbole du sectarisme, et l'égérie de l'indépendantisme". La
droite, comme un seul homme, embraya. Et, depuis, les attaques ne cessent
pas.
Dernière en date, Le Figaro a exhumé sa condamnation à une amende en
2004, pour licenciement abusif de son assistante parlementaire. La veille, l'UMP
l'avait accusée d'"angélisme", de "laxisme" et d'"aveuglement politicien": elle
avait rappelé la promesse du nouveau président de la République François
Hollande de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs récidivistes,
qu'avait créés la droite. L'avant-veille, des sarkozystes l'avaient raillée car
un détenu s'était fait la belle à la faveur d'un match de basket avec des
gardiens de prison, auquel elle avait assisté. Et, sur le net et dans les
réseaux sociaux d'extrême droite, l'on s'enflamme sur la (fausse) rumeur selon
laquelle, jadis, elle aurait déclaré que "brûler des drapeaux français est un
geste de liesse pardonnable".
A gauche, on voit un fond raciste à ce tir
croisé: avec ses origines guyanaises, Christiane Taubira est la plus visible des
ministres représentant les "minorités visibles" issues de l'immigration ou de
l'outre-mer. Le 23 mai, le gouvernement socialiste, via sa porte-parole, s'est
dit "atterré" que l'UMP suive à nouveau "le chemin escarpé qu'elle avait pris
pendant la présidentielle": pas loin du FN. Le premier ministre Jean-Marc
Ayrault lui a redit son total soutien. De même que les deux principaux syndicats
de magistrats. "Tiens bon!", lui a même lancé Martine Aubry.
Ce que
l'intéressée fait, jusqu'à présent. Ainsi, elle a balayé d'un grand éclat de
rire la dénonciation de son militantisme indépendantiste: de "l'archéologie
polémique", selon elle, puisqu'il prit fin en 1982. Du reste, elle a le cuir
épais. Il y a dix ans, déjà, cette députée de Guyane, ex-proche de Bernard
Tapie, était vilipendée par la droite, car elle prônait la régularisation des
sans-papiers, la création d'un impôt mondial sur les bénéfices des
multinationales, ou la dépénalisation du cannabis. A gauche aussi, elle fut
accablée. Par le PS, qui mit longtemps à lui pardonner sa candidature à la
présidentielle de 2002. Ses 660 000 voix (2,3%) auraient permis à Lionel Jospin
de figurer au second tour, si elles s'étaient portées sur lui.
Forte
tête, redoutable oratrice, le désormais numéro trois du gouvernement est
immensément populaire outre-mer. Au premier tour présidentiel de 2002, elle
dépassa les 50% en Guyane. Dans des circonscriptions des Antilles, elle frisa
les 40%. En métropole, dans nombre de cités de banlieues, elle devança François
Bayrou ou Olivier Besancenot, près des 10%. Son aura, dans cette France-là, est
due notamment à la loi mémorielle qui porte son nom. Votée en 2001, elle
reconnaît l'esclavage et la traite négrière comme des crimes contre
l'humanité.
http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/25/christiane-taubira-la-mal-aimee=
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6 commentaires:
Comme le disait Bernard Tapie, un ami de Christian Taubira d'après cet article, "quand un Noir est con, je lui dis qu'il est con. Ne pas le faire parce qu'il est Noir, ça serait du racisme."
Si Christiane Taubira est critiquée, ce n'est pas pour sa couleur de peau (on s'en fiche complètement !), c'est pour toutes ses prises de positions irresponsables.
Son oeuvre majeure est la condamnation de l'esclavage et de la traite négrière comme des crimes contre l'humanité ... mais seulement celle commise par les Européens contre les Africains ! Quid de la traite négrière par les Africains eux-mêmes ? Et la traite négrière par les Arabes des siècles avant celle commise par les Européens ? Pourquoi ne pas condamner aussi celle des Européens par les Européens ? Et celle qui continue au Soudan, en Mauritanie, etc.
N'est-ce pas une discrimination ?
Un policier violemment agressé près de Mulhouse (le 16/09/2012) : que dit Taubira ?
Je crois qu'elle a pris grand soin de ne pas s'exprimer, précisément !
On a déjà tant parlé de la capacité à l'auto-flagellation du peuple français, qui est consciencieusement entretenue par une certaine gauche dont cela sert les intérêts en diabolisant aisément les propos réalistes que peut parfois tenter de tenir une droite généralement tétanisée par le politiquement correct !
Il y a un flou (en ce qui me concerne) sur les décisions de Christiane Taubira. Elle a proposé la suppression des tribunaux pour les mineurs. Mais où seront-ils jugés désormais ? Car ils continueront bien à être jugés, n'est-ce pas ?
C'est toute la question : soit elle devra proposer un système de substitution (on se souvient, symétriquement, de la fin de la police de proximité de Jospin, que plusieurs dispositifs policiers dans les quartiers ont remplacée progressivement, mais avec le tabou absolu de réutiliser le terme !), soit elle est dans le plus pur angélisme de gauche sur la délinquance et nie l'existence même de la délinquance juvénile ! Guéant a posé la question il y a déjà plusieurs semaines, mais le personnage est aussi grillé que son modèle absolu dont il était tellement proche, ce qui fait que personne ne reprend ce qui est une vraie question !
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