lundi 22 octobre 2012

Cybercensure : la France reste sous surveillance en 2012

Carte mondiale de la cybercensure (crédits : Reporters sans frontière)

Reporters sans frontière reproche à la France les lois Loppsi et Hadopi, jugées contraires à la liberté d'expression sur Internet. Dans le reste du monde, 2011 a été une année noire pour les «net-citoyens».

Le rapport de Reporters sans frontière, publié ce lundi à l'occasion de la Journée mondiale contre la «cybercensure», fait un état des lieux des pays qui portent atteinte aux libertés sur Internet. Ce rapport classe les pays en deux listes: ceux considérés comme des «ennemis d'Internet», où figurent douze pays dont la Chine et la Corée du Nord, et ceux placés «sous surveillance». Pour la deuxième année consécutive, la France est le seul pays de l'Union européenne à faire partie de cette seconde liste. Elle y côtoie notamment l'Égypte, l'Inde, la Turquie, la Russie et l'Ouzbékistan.

La loi Hadopi est toujours le principal reproche adressé à la France par RSF. «Le pays persiste dans son approche répressive de la protection du droit d'auteur», juge l'ONG. Reporters sans frontière rappelle la position du rapporteur spécial pour la liberté d'expression des Nations-Unies qui, en juin 2011, affirmait que «couper l'accès Internet des utilisateurs, quelle que soit la justification fournie - et ceci inclut les lois relatives à la violation de la propriété intellectuelle - est une mesure disproportionnée».

RSF critique également filtrage du Net opéré par l'administration française au moyen de différentes lois, comme la Loppsi 2. Votée en 2011, cette loi permet un filtrage des sites hébergeant des contenus pédo-pornographiques ou l'installation de logiciels de surveillance sur les ordinateurs d'individus suspectés de crime organisé. Reporters sans frontière dénonce aussi le blocage des sites de jeux en ligne qui ne sont pas autorisés par l'État, et celui du site Copwatch qui souhaitait «lutter par la transparence et l'information contre les violences policières».

Une année noire pour les «net-citoyens»

La France n'est évidemment pas le seul pays critiqué par Reporters sans frontière. L'ONG rappelle qu'en 2011, les internautes ont été «au cœur des changements politiques qui ont affecté le monde arabe» et qu'ils en ont «payé le prix fort». Selon le rapport, 200 arrestations de blogueurs ont été répertoriées en 2011, «soit une hausse de 30 % par rapport à l'année précédente». «Plus de 120 net-citoyens sont emprisonnés à ce jour» et cinq ont été «tués alors qu'ils étaient engagés dans une mission d'information». «2011 restera comme une année d'une violence sans précédent contre les net-citoyens», conclut RSF.

Outre les arrestations, Reporters sans frontière signale l'apparition du filtrage d'Internet comme nouvelle arme de censure. «Pour assurer la réussite d'un blackout, il ne suffit plus d'écarter la presse, d'intimider les témoins et de bloquer quelques sites d'information et d'opposition. Une méthode bien plus efficace consiste à imposer un blocus sur un territoire pour empêcher l'arrivée de témoins gênants et la sortie de tout support numérique», explique le rapport. L'occasion d'adresser un nouveau reproche à la France en rappelant le rôle de la société française Amesys, accusée d'avoir fourni à la Libye un système de «surveillance massive de l'Internet en Libye». La semaine dernière, le groupe Bull a annoncé qu'il allait revendre cette filiale, qu'il ne juge pas «stratégique».
Par Geoffroy Husson

1 commentaire:

Je a dit…

La surveillance généralisée des citoyens par les États avec la complicité des géants d'Internet, dont les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), s'accentue.

Les "gilets jaunes", dont le mouvement a démarré en novembre 2018 en France, sont tristement placés pour le savoir. A titre personnel, mon compte Facebook a été plusieurs fois bloqué ou limité. J'ai dû me "réfugier" sur le concurrent russe VK le temps que je puisse à nouveau communiquer librement (mais en me sachant surveillé pour le coup.).

L’État trouvera toujours des prétextes (lutte contre les pédocriminels, lutte contre les terroristes, lutte contre le trafic de drogue, etc.) pour justifier des lois liberticides ou carrément des actions de répression violente hors du cadre de la loi.

La Chine utilise la reconnaissance faciale avec des dizaines de millions de caméras de surveillance ; les États-Unis d'Amérique utilisent le logiciel PRISM et sans doute d'autres; la République Française collabore avec Facebook et d'autres, en échange de quoi elle ferme les yeux sur des impôts non-payés.