La notion de race humaine est une application à l'espèce Homo sapiens du concept de race, terme qui définit des sous-groupes d'espèces du règne végétal ou animal. La définition zoologique du terme race est la suivante : « subdivision d'une espèce qui hérite des caractéristiques la distinguant des autres populations de l'espèce. Au sens génétique une race est une population qui diffère dans l'incidence de certains gènes des autres populations, conséquence d'une isolation, le plus souvent géographique ».
Pour certains membres de la communauté scientifique, le concept de race semble, aujourd'hui, difficilement définissable dans l'espèce humaine. Toutefois, un certain nombre d'analyses génétiques basées sur des polymorphismes génétiques permettraient de distinguer une répartition géographique de certains de ces polymorphismes. Par exemple, l'équipe de Luigi Luca Cavalli-Sforza suggère que les Homo sapiens se répartissent en neuf populations de base : africains, européens, nord-africains, asiatiques de l'est, amérindiens, peuples de l'arctique, aborigènes d'Australie, sud-est asiatique, îles du pacifique. Ces nouvelles découvertes génétiques sont reprises à leur compte par les tenants du racialisme qui considèrent que l'espèce Homo sapiens se divise en neuf grandes races.
Le terme de « race » a été employé improprement pour désigner des groupes se différenciant par leur religion (p. ex., la « race juive »), par leur nationalité (« race allemande », « race germanique »), notamment dans les discours nationalistes du XIXe siècle, ou encore par leur couleur de peau (« race blanche » : leucodermes, « race noire » : mélanodermes ou « race jaune » : xanthodermes). De nos jours le terme « race » est l'objet de controverses fréquentes notamment liées aux différentes interprétations que fait l'homme de sa définition biologique pourtant précise. Si le terme race pourrait prendre biologiquement tout son sens, il n'en demeure pas moins bien souvent abusivement employé par les idéologues racialistes. Dans les pays anglophones comme les États-Unis d'Amérique ou le Canada, le terme race (ou « ethnicity ») demeure utilisé dans le langage courant pour faire référence à l'origine ethnique déclarée par un individu, généralement sans qu'il y ait de consensus sur les divisions admises pour ce faire (« blanc », « africain », « afro-américain », « indien d'Amérique », « hispanique », etc.). Cette pratique totalement admise dans ces pays est officiellement rejetée dans d'autres comme la France, où l'utilisation dans un cadre officiel d'une mention raciale est interdite, bien que paradoxalement celle de « type », suivie d'une précision géographique (européen, maghrébin, africain, par exemple) soit acceptée (alors qu'il existe des Noirs européens et des Blancs africains). Au Québec, si l'utilisation du mot « race » (« race noire », « race blanche »…) ne suscite guère de débat, il est toutefois plus convenu d'utiliser dans les discours et les écrits plus formels le terme « origine ethnique », suivi de la nationalité.
Généralités
Les hommes sont depuis longtemps sensibles aux différences visibles entre les humains pour les distinguer par groupes, prenant en compte couleur de la peau, allure des cheveux et forme du crâne. Ainsi, dans la Bible, on note le fameux « Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem » dans le Cantique des cantiques, ainsi que des textes d'Aristote (IVe siècle av. J.-C.) et d'Ibn Khaldoun (XIVe siècle).Cependant la notion de race, entendue en termes biologiques, est tardive et se rattache à une période précoce de la science moderne tentant une classification en espèces et en sous-espèces, qui ne concernait d’abord que les végétaux et les autres animaux (Linné XVIIe siècle). C’est au XIXe siècle que l’on commence à parler de « races » au sein de l’espèce humaine avec le même sens que les races animales classiques.
Joseph Arthur de Gobineau popularise au milieu du XIXe siècle une nouvelle acception, dans son essai raciste, Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-1855), dans lequel il prenait parti en faveur de la thèse polygéniste selon laquelle l'espèce humaine serait divisée en plusieurs races distinctes, que l'on pourrait selon lui hiérarchiser. Le racialisme, ou encore racisme scientifique, deviendra alors l'idéologie prédominante dans les milieux savants, dans l'anthropologie physique, etc., couplé à l'évolutionnisme, au darwinisme social et aux théories eugéniques développées par Francis Galton. L'habillage de visions racistes par le discours scientifique - que Canguilhem dénommera « idéologies scientifiques » - sera largement discrédité par sa conséquence logique découverte en 1945 : le génocide des Juifs européens par l'Allemagne nazie. Afin d'éviter l'usage impropre du terme race, l'UNESCO recommanda, au milieu des années 1950 d'instaurer la notion d'ethnie, laquelle insiste fortement sur les dimensions culturelles au sein d'une population humaine (langue, religion, us et coutumes, etc.). Pour autant, quelques tentatives racialistes perdurent, comme l'a montré la publication de The Bell Curve (1994), par Richard Herrnstein et Charles Murray, estimant que le quotient intellectuel inférieur des Noirs américains était d'origine génétique et ne pouvait pas être corrigé par des mesures sociales. Le même reproche est fait à certaines lectures de la sociobiologie, qui cherchent l'éventuelle origine génétique des comportements sociaux y compris altruistes.
La segmentation en races humaines a été très répandue à l’époque de la flambée des nationalismes qui a donné lieu à des interprétations racistes se qualifiant de science. Certains ouvrages comme le Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement, de Bechtel et Carrière, montrent que ces préjugés s'exerçaient tout autant entre pays européens à la même époque. La deuxième moitié du XXe siècle abandonna peu à peu cette idée sous trois influences : ambiguïtés du terme; rôle joué par ces idées dans les quinze années du nazisme ; ouvrages de Claude Lévi-Strauss et de Franz Boas qui ont transformé l'anthropologie et mis en évidence les phénomènes d'ethnocentrisme propres à toute culture.
Aujourd’hui le terme continue d'alimenter les débats autour de la biologie, bien que les scientifiques lui préfèrent la notion de population, qualifiant un groupe humain, quel qu'il soit. En France, il tend à disparaître des autres sciences, anthropologie, ethnologie au profit de la notion majoritairement culturelle d'ethnie. On parlera ainsi de populations géographiques en biologie, et de différences entre cultures pour l’anthropologie et l’ethnologie. Pour autant, il continue à être employé dans le reste du monde et en particulier dans les pays anglophones, mais aussi dans les textes législatifs français. Cela amène à s'interroger sur les phénomènes de la race en tant que construction sociale, problème au cœur des Race studies menées en Amérique du Nord (études liées aux critiques du post-colonialisme et aux Gender studies qui étudient le genre en tant que construction sociale.
Le terme de race demeure usité dans le langage courant pour désigner les ethnies ou les groupes ethniques. Mais si cet emploi ne choque pas aux États-Unis, la pertinence de son usage est contestée en France, où il peut être mal vu de dire « la race » quand il est possible de dire « les origines », terme moins chargé d'idéologie. Néanmoins l'égalité devant la loi dans la Constitution française précise « sans distinction d'origine, de race ou de religion ».
Selon certains scientifiques les hommes possèdent 99,9 % de gènes en communs, fondant par là l'affirmation qu'il n'existe qu'une seule race humaine.
Définitions et considérations linguistiques
Selon le Trésor de la Langue Française Informatisé, le mot race signifie en biologie « Subdivision de l'espèce fondée sur des caractères physiques héréditaires, représentée par une population. » Plus précisément en anthropologie, ce mot signifie :- « 1. Groupement naturel d'êtres humains, actuels ou fossiles, qui présentent un ensemble de caractères physiques communs héréditaires, indépendamment de leurs langues et nationalités. »
- « 2. Ensemble de personnes qui présentent des caractères communs dus à l'histoire, à une communauté, actuelle ou passée, de langue, de civilisation sans référence biologique dûment fondée. »
- « Subdivision de l'espèce, à caractères héréditaires, et dont les individus constituent une population définie par certaines limites de nature géographique, écologique, physiologique, biologique, morphologique, etc. »
- « Population d'une espèce qui montre des caractères héréditaires discontinus et distincts des autres populations. »
Selon l'Encyclopédie Universalis :
« Utilisé pour signifier la différence entre les groupes humains, le mot « race » s'attache à des caractères apparents, le plus souvent immédiatement visibles. Les plus frappantes de ces différences sont chez l'homme la couleur de la peau, la forme générale du visage avec ses traits distinctifs, le type de chevelure [cf. ANTHROPOLOGIE PHYSIQUE] . Ces variations sensibles, sitôt reconnues, sont interprétées par le système de valeurs propre à chaque culture. Un tout jeune enfant blanc qui rencontre pour la première fois un enfant noir, et s'il n'a pas encore reçu de ses parents le schéma culturel raciste, se demandera pourquoi l'autre s'est mis de la couleur et, en lui serrant la main, il regardera la sienne pour voir si cette couleur déteint. Ce comportement marque la découverte d'une différence qu'il demandera à l'adulte d'expliquer ; ici commence le discours sur les « variétés dans l'espèce humaine ». »
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Dans Le racisme expliqué à ma fille, Tahar Ben Jelloun écrivait :« Le mot « race » ne doit pas être utilisé pour dire qu'il y a une diversité humaine. Le mot « race » n'a pas de base scientifique. Il a été utilisé pour exagérer les effets de différences apparentes, c'est-à-dire physiques. On n'a pas le droit de se baser sur les différences physiques - la couleur de la peau, la taille, les traits du visage - pour diviser l'humanité de manière hiérarchique c'est-à-dire en considérant qu'il existe des hommes supérieurs par rapport à d'autres hommes qu'on mettrait dans une classe inférieure. Je te propose de ne plus utiliser le mot « race ». »Cela rejoignait la proposition faite par l'UNESCO au lendemain de la Seconde Guerre mondiale de substituer le terme de « groupe ethnique », plus scientifique et incluant les composantes culturelles, au terme vague et confus de « race », lequel n'a pas de signification rigoureuse.
Toutefois, la notion de groupe ethnique ne reflète pas de composante biologique telle que contenue dans la notion de race et constitue ainsi un substitut imparfait pour la notion de race. Ainsi, dans une approche différenciée que l'on retrouve au sein de la vaste majorité de la communauté internationale dans le cadre de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, la notion de race humaine est parfaitement admise comme une réalité non seulement linguistique mais relevant également du fait social et distincte de l'ethnie. Par exemple, le législateur suisse, dans le contexte du phénomène raciste, fournit explicitement l'explication suivante sur les notions de race et ethnie contenues dans cette convention :
« Les motifs de distinction illicites visés par la Convention ne se limitent pas, comme on pourrait le croire à première vue, à des signes distinctifs physiques. Alors que la « race » et la « couleur » sont des caractéristiques biologiques et physiques, « l'ascendance » désigne l'appartenance sociale; par la notion d' « origine nationale ou ethnique » viennent encore s'ajouter des composantes linguistiques, culturelles et historiques. De toute façon, la notion de race comprend des éléments subjectifs et sociaux : dans ce sens large - sociologique -, la race est un groupe d'êtres humains qui, en raison de caractères héréditaires et immuables, se considère lui-même ou est considéré comme différent des autres groupes. » (FF 1992 III 265, 275)
Considérations biologiques et anthropologiques
Dès l'origine, la notion de race a servi à définir l’étranger, l'autre différent. La mise en question de la notion de race humaine, s'appuyant sur des classifications précédemment instaurées pour les espèces vivantes, est venue plus tardivement.Si cette notion fait problème, c'est qu'elle a été utilisée, au nom de supposés fondements scientifiques, par certains auteurs qui, confondant les registres du biologique et de la culture, développent à la fin du XIXe siècle, une idéologie nouvelle, le racisme. C'est la « théorie » d’une hiérarchie des races. Celle-ci est initiée notamment par le Comte de Gobineau, dans son Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-55) qui prône la supériorité de la « race blanche » sur les autres peuples. Il y décrit le mythe de l'Aryen et est l'un des premiers à fonder sa classification raciale non sur le taux de mélanine dans le corps (la pigmentation de l'épiderme) mais sur les conditions géographiques et climatiques. Pour autant, il divisait toutefois l'humanité en trois grandes races distinctes, la race blanche (Aryenne), la race jaune et la race noire (en incluant, en outre, la race dégénérée), et prétendait que tout métissage était néfaste. Gobineau visita Wagner à Bayreuth et influença son cercle de Bayreuth, tandis que son œuvre fut traduite en allemand dès 1898 avant de devenir une référence du nazisme. Aux États-Unis, elle fut traduite dès 1856 par Josiah Clark Nott, un disciple de Samuel George Morton et l'un des chefs de file du mouvement polygéniste aux États-Unis, qui affirmait la différenciation, dès ses origines, de l'humanité en différentes races. Dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe (1871), Darwin répondit aux arguments polygénistes et créationnistes avancés par Nott en soutenant le monogénisme et en critiquant le darwinisme social. Il défend la thèse selon laquelle les différentes races humaines sont le produit de la sélection sexuelle et non de la sélection naturelle étant donnée l'absence d'éléments probants concernant l'effet sur la survie des différents traits associés à chaque type racial.
La distinction entre une théorie scientifique, soit la biologie dans ses divers aspects, et l’utilisation qui peut en être faite (idéologique et politique) est, en principe, clairement établie aujourd’hui par les travaux des épistémologues tels (François Jacob, Georges Canguilhem, qui parlait à ce sujet d'idéologie scientifique) et des philosophes et anthropologues tels Claude Lévi-Strauss.
Dans l'Antiquité
La première différenciation connue de groupes humains fondée sur leurs caractères physiques apparents, est sans doute celle des anciens Égyptiens : les Rot ou Égyptiens, peints en rouge, les Namou, jaunes avec un nez aquilin, les Nashu, noirs avec des cheveux crépus, les Tamahou, blonds aux yeux bleus. Mais cette classification ne s’appliquait qu'aux populations voisines de l'Égypte.L'Ancien Testament divisait les hommes en fils de Cham, fils de Sem et fils de Japhet. Là aussi, il ne s’agissait que des peuples que connaissaient les Hébreux. C'est cependant à ces trois catégories que pendant le Moyen Âge, on s'efforça de ramener tous les hommes dont les voyageurs signalaient l’existence à la surface de la Terre.
Chez les Grecs de l'Antiquité, les divisions entre les peuples existent, mais ne sont pas fondées sur des critères biologiques absolus. Ainsi, ce qui fait la différence entre un Grec et un Barbare n'est pas son origine, mais sa connaissance de la langue et de la culture grecques. Il existe, par exemple, des philosophes grecs d'origine sémite (comme Zénon de Citium, décrit comme un homme à la peau mate), sans que cela ait entrainé de discrimination (bien qu'il arrivait aux Grecs de railler les erreurs dans l'usage de leur langue).
À l'âge classique
Au XVe siècle, la fin de la Reconquista dans la péninsule Ibérique voit le développement de l’idée d'une « pureté du sang » (limpieza de sangre) qu’il faudrait protéger de la souillure des descendants des Juifs et des Maures. Un autre débat intervient après la découverte des Amériques, en particulier lors de la controverse de Valladolid : où faut-il placer, dans les théories existantes, les indigènes du Nouveau Monde ? Les premières « justifications » de l’idée de différences, physiques et de civilisation, ramenées à une infériorité et une étrangeté, consistent à soutenir qu’ils n'ont pas d’âme et ne sont pas, par conséquent, des êtres humains. De même ensuite pour justifier la traite des Noirs.À l'âge classique, la notion de race fait son apparition dans le discours de la guerre des races, étudié par Michel Foucault dans Il faut défendre la société. Henri de Boulainvilliers (Essai sur la noblesse de France 1732) en est l'un des représentants. Ce discours se distingue fortement du racisme biologique du XIXe siècle, en ce qu'il conçoit la race comme une donnée historique, et non essentielle. De plus, il oppose au sein de la nation française deux races, les Gallo-Romains et les Francs. Membres de l'aristocratie, ces derniers règneraient en France en vertu du droit de conquête, et l'histoire de France serait celle de l'affrontement entre ces deux races, l'une autochtone (les Gallo-Romains, considérée comme race inférieure), l'autre allochtone (les Francs, considérés comme supérieurs).
Le terme de « race » était utilisé de manière métaphorique pour désigner telle ou telle population spécifique. Ainsi chez Corneille écrivant des générations futures dans les Stances à Marquise :
- Chez cette race nouvelle
- Où j'aurai quelque crédit
- Vous ne passerez pour belle
- Qu'autant que je l'aurai dit.
Le naturalisme du siècle des Lumières
Les différences visibles entre différents types physiques parmi les groupes humains, descendant de l'Homo sapiens ont produit, à l’âge de la science moderne — qui correspond à la découverte du « nouveau monde » où se découvrent d’autres populations — des tentatives visant à classifier l'espèce humaine en fonction de races, décrites généralement selon la couleur de la peau. Progressivement d'autres critères apparaîtront, avec l'émergence de l'anthropologie physique, de l'anthropométrie, etc.La science naturelle débute en établissant des classifications, aux fins de répertorier puis de comparer les êtres vivants. Au XVIIIe siècle, Buffon et Carl von Linné sont les principaux naturalistes. Les êtres vivants sont classés par espèces et sous-espèces, familles, genres, mais il s'agit d'étudier les plantes et les animaux, et si certains useront plus tard du mot race, il est réservé aux animaux domestiques.
Avec Carl von Linné, apparaît pour la première fois, une classification à visée « scientifique ». Dans la dixième édition de son Systema naturae (1758), celle qui fait foi pour toutes les questions de nomenclature, le savant suédois divise l’Homo sapiens en quatre groupes fondamentaux.
Le XIXe siècle
L’étude à prétention scientifique des races, ou racialisme, explose réellement dans la deuxième moitié du XIXe siècle, après avoir été amorcée au siècle des Lumières par les inventeurs de l'anthropologie, de l'anthropométrie et de la craniométrie. Parmi les premiers théoriciens à tenter d'établir scientifiquement l'existence de diverses races biologiques au sein de l'espèce humaine, on peut citer : Johann Friedrich Blumenbach (De Generis Humani Varietate Nativa 1775), Emmanuel Kant (Des différentes races humaines 1775), le zoologiste hollandais Petrus Camper, l'Américain Samuel George Morton, Arthur de Gobineau, Paul Broca, Francis Galton, Josiah C. Nott, George Gliddon (deux élèves de Morton), William Z. Rippley, son adversaire Joseph Deniker, l'eugéniste Madison Grant, Georges Vacher de Lapouge, Lothrop Stoddard, Charles Davenport, etc. Ces idéologies scientifiques se sont popularisées notamment à l'aide des zoo humains (Madison Grant, par exemple, exhibe le pygmée Ota Benga au Zoo du Bronx, avec des singes, et un écriteau indiquant « le chaînon manquant »).Le démographe Hervé Le Bras s’est intéressé aux modalités du racialisme et de la raciologie lors de ses travaux sur l’idéologie démographique. Parmi les hommes de science ou de pouvoir approuvant cette idéologie, il a indiqué Vacher de Lapouge (darwiniste social et socialiste), Ronald Fisher, (démocrate et eugéniste), Paul Rivet (croyant à la hiérarchie des races et vice-président de la Ligue des droits de l'homme).De nombreuses générations d'écoliers ont été formés aux théories racistes. En 1885, dans son ouvrage Histoire Naturelle (image), destiné à l'enseignement secondaire, J. Langlebert distingue 4 races :
- Transmission de préjugés racistes au XIXe siècle, en France
La terminologie des descriptions laisse supposer un jugement de valeur. « L'angle facial ne dépasse guère 70 à 75° » chez les noirs.
- blanche ou caucasique, cette race est « remarquable par la puissance de son intelligence, c'est à elle qu'appartient les peuples qui ont atteint le plus haut degré de civilisation »
- jaune ou mongolique,
- noire ou africaine,
- rouge ou américaine.
Le manuel d'Histoire de 1887, dans lequel les Français de l'époque ont appris l'histoire commence ainsi :
« On distingue trois races humaines :
- la race noire (descendants de Cham) peupla l'Afrique, où elle végète encore ;
- la race jaune (descendants de Sem) se développa dans l'Asie orientale, et les Chinois, ses plus nombreux représentants, gens d'esprit positif, adonnés aux arts utiles, mais peu soucieux d'idéal, ont atteint une civilisation relative où ils se sont depuis longtemps immobilisés ;
- la race blanche qu'il nous importe spécialement de connaître, a dominé et domine encore le monde. »
L'Europe, et l'Occident en général, a connu deux utilisations politiques du concept de race, qui sont maintenant particulièrement décriées :
- la catégorisation puis la hiérarchisation des groupes humains a servi de justification aux colonisateurs européens pour annexer de nouvelles terres (notion de « races inférieures »). L’expérience de leur rencontre avec des cultures autochtones fut rapportée en métropole de manière particulièrement partiale : les terres colonisées étaient vues comme remplies de sauvages incultes, inférieurs à tout point de vue au colonisateur qui, bon et généreux, se dévouait pour leur apporter les lumières et les bienfaits de la civilisation. Ces histoires nourrirent les théories racistes et justifièrent les discriminations dont étaient victimes les peuples colonisés. Il s’agit là du racisme colonial.
- la notion de dégénérescence de la race a été particulièrement utilisée par le discours eugéniste, d'abord développé par Francis Galton et importé en France par Georges Vacher de Lapouge.
- le même usage en Allemagne nazie puis en Europe, sous sa domination, visant cette fois les Juifs, Tziganes, Slaves, qu'il s’agissait d’exterminer pour faire de la place à la race aryenne.
Ernest Renan s'attache à donner une définition culturelle de la nation, qu'il oppose à la définition allemande, issue de Fichte, de la nation comme communauté biologique d'appartenance :
« La vérité est qu'il n'y a pas de race pure et que faire reposer la politique sur l'analyse ethnographique, c'est la faire porter sur une chimère. Les plus nobles pays, l'Angleterre, la France, l'Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé. L'Allemagne fait-elle à cet égard une exception ? Est-elle un pays germanique pur ? Quelle illusion ! Tout le Sud a été gaulois. Tout l'Est, à partir d'Elbe, est slave. Et les parties que l'on prétend réellement pures le sont-elles en effet ? Nous touchons ici à un des problèmes sur lesquels il importe le plus de se faire des idées claires et de prévenir les malentendus »
Race et anthropométrie
Les partisans du classement de l’espèce humaine en races cherchèrent un instrument de mesure susceptible de donner des critères de différenciation. Ils recensèrent ainsi des caractères phénotypiques visibles, soit le premier moyen de catégoriser l’espèce humaine en différentes races. La méthode consiste à cette époque à étudier ces caractères physiques de manière systématique : c’est la naissance de l'anthropométrie comme moyen de quantifier les différences au sein de l’espèce humaine.
Grâce à cet outil, furent définies des « races humaines » en fonction de leurs caractéristiques physiques : pigmentation, forme du visage et du crâne (crâniométrie), etc. Cette définition implique d’une certaine façon l’existence d’une « pureté raciale », illustrée par des individus « type ». La discipline passionna ceux qui s’intéressaient à la classification des « races » et qui étaient persuadés de leur existence.
Certains auteurs distinguent plusieurs dizaines voire des centaines de « races » mais tous accordent dans leurs descriptions une place particulière à de grands ensembles en nombre limité, le plus souvent basés sur la pigmentation de la peau.
L'anthropométrie a largement nourri les discours (et politiques) racistes. La période du nazisme vit ainsi se multiplier des expositions détaillants des caractères physiques, pour « apprendre » à reconnaître les races humaines.
L'analyse génétique a aujourd'hui fortement remplacé l'anthropométrie.
Les principales taxonomies raciales
La classification de Johann Friedrich Blumenbach qui divisait l'espèce humaine en cinq races : la race caucasienne ou race blanche, la race mongole ou race jaune, la race malaise ou race marron, la race noire, les indiens d'Amérique ou race rouge, fit autorité jusqu'en 1900 date à laquelle Joseph Deniker propose sa propre classification dans son ouvrage Races et peuples de la terre considérée par Henri Vallois comme un grand progrès par rapport aux taxonomies précédentes. En outre jusqu'en 1900, c'est-à-dire jusqu'à Joseph Deniker et l'américain William Z. Ripley (The Races of Europe, 1899), les populations européennes étaient considérées comme un magma dont les éléments étaient difficilement analysables. Par la suite, les grandes lignes établies par ces deux auteurs furent admises comme base de la classification des peuples européens. La plupart de ces anthropologistes estimaient qu'il y avait une seule espèce humaine divisée en de nombreuses races.En France
Joseph Deniker
En 1900, Joseph Deniker distinguait pour les peuples européens six « races » principales (littorale, ibéro insulaire, occidentale, adriatique, nordique, orientale) et quatre secondaires (subnordique, vistulienne, nord-occidentale, subadriatique)Georges Montandon
En 1933, Georges Montandon établit une taxinomie raciale dans son ouvrage La Race, les races, qui divisait l'espèce humaine en cinq « grand'races » (europoïde, mongoloïde, négroïde, vedd-australoïde, pygmoïde ) elle-mêmes divisées en vingt « races », puis en « sous-races ».Henri Vallois
En 1944, Henri Vallois établit une taxinomie raciale dans son ouvrage Les Races humaines, qui divisait les humains en quatre groupes (races primitives, noires, blanches, jaunes) composés de vingt-sept « races ».En Allemagne
En Allemagne les principales classifications furent établies au cours de la premiere partie du XXème siècle par Egon Freiherr von Eickstedt, puis par Hans Günther.Aux États-Unis
Aux États-Unis les principales classifications, pour des usages « scientifiques », furent établies par William Ripley et Carleton Coon. Le débat à l'intérieur de la communauté savante concernant le découpage des différentes « races » est toutefois à distinguer de l'usage évolutif et varié de catégories raciales dans les différents recensements. Dans ces recensements, opérés à partir de 1790, la race désigne tantôt une couleur de peau (ainsi « Blanc » et « Noir », seules catégories utilisées de 1790 à 1850), tantôt une appartenance ethnique (ainsi d'« Eskimo » et d'« Aléoute », catégories qui apparaissent dans les années 1960 et sont généralisées, au niveau national, en 1980), tantôt une religion (ainsi la catégorie d'« Hindou », introduite en 1910), tantôt une nationalité ou une origine nationale (ainsi les catégories de « Chinois » ou de « Japonais », introduites respectivement en 1860 et 1870). À côté du champ scientifique et du champ du recensement, la catégorie de race fait l'objet d'une construction juridique spécifique.
Précision, refus et abandon de la notion de race
La grande variabilité des traits physiques empêche de les attribuer uniquement à une race. En effet, la grande majorité des caractères physiques sont quantitatifs. Une même couleur de peau peut être retrouvée dans des groupes très éloignés et inversement on constate des différences importantes à l'intérieur de groupes donnés (de là la discussion, en Amérique latine et aux États-Unis, à propos des différents teints de noirs, ou la classification élaborée, dès la colonisation européenne des Amériques, afin de hiérarchiser les individus issus du métissage de groupes ethniques distincts en fonction de la couleur de leur peau). Tout ce panel possible de variété découle du métissage. Ce métissage, s'il est suffisant pour créer des formes intermédiaires, n'invalide pas véritablement l'existence de races humaines en tant que telles. En mélangeant du jaune et du rouge cela donne de l'orange mais cela n'invalide pas l'existence de rouge et de jaune. Pour certains auteurs, l'existence d'une variation graduelle vient au contraire valider la pertinence de formes non métissées. D'après Rosenberg et al. "Si continuum il y a, cela signe l'existence de races différentes, sinon il n'y aurait nullement de continuum mais plutôt une répartition complètement aléatoire des caractéristiques à travers le globe"L’usage criminel de la notion de « race » au cours de la Seconde Guerre mondiale par le régime nazi, et l’absence de catégorisations fiables liées à cette notion, font que les anthropologues n’utilisent plus ce type de classification. Cependant l’anthropologie allemande officielle utilise encore la conception des 36 races humaines de von Eickstedt (Rainer Knußmann, Lehrbuch der vergleichenden Anthropologie und Humangenetik, 2. ed.).
Les approches des « sciences humaines » anthropologiques, études comparatives des civilisations, ethnologiques, politiques et sociologiques, ont eu à abandonner cette notion difficilement exploitable dans leur matière.
D’autre part, la période de la politique d’extermination raciste du nazisme a forcé, après guerre, à réfléchir de manière critique sur cette notion de race humaine, et soit à l’abandonner, soit à ne la conserver que dans un sens métaphorique, c’est-à-dire de groupement culturel mais non plus de classe biologique.
Les exactions que le nazisme justifiait au nom de la sauvegarde d'une pseudo « race aryenne », entraînèrent une rectification dans le sens de l'antiraciologie. Dans son édition de juillet-août 1950, sous le titre « Les Savants du monde entier dénoncent un mythe absurde… le racisme », le Courrier de l’UNESCO publie la « déclaration sur la race ». Il s’agit d’un document rédigé en décembre 1949 par un groupe international de chercheurs qui précisent la notion de race et affirment l’unité fondamentale de l’humanité.
Claude Lévi-Strauss analyse les mécanismes de la constitution de l’idéologie raciste, en termes de différenciations de races :
Levi-Strauss affirme que si les groupes humains se distinguent, et pour autant qu’ils sont à distinguer, c'est uniquement en termes de culture. En effet, c'est uniquement par la culture que les groupes humains ou sociétés se départagent et se différencient ; pas selon la nature que serait la nature biologique. C’est-à-dire que s’il y a bien lieu de maintenir les distinctions, elles ne relèvent pas de l’étude de la biologie, mais de l’anthropologie au sens large. Le racisme consiste précisément dans le contraire, en faisant d’un phénomène culturel un phénomène prétendument physique, naturel et biologique. Levi-Strauss explique dans Race et Histoire (qui sera aussi publié par l'UNESCO) que la très grande diversité culturelle, correspondant à des modes de vie extraordinairement diversifiés, n’est en rien imputable à la biologie : elle se développe parallèlement à la diversité biologique. Il a repris ses analyses dans un ouvrage ultérieur et plus détaillé, Le Regard éloigné.« Le péché originel de l’anthropologie consiste dans la confusion entre la notion purement biologique de race (à supposer que [...] cette notion puisse prétendre à l’objectivité), et les productions sociologiques et psychologiques des cultures humaines. »
Dans un rapport au Président de la République qui date de 1979, sur les questions de sciences de la vie et société (titre de l’ouvrage), François Gros, François Jacob et Pierre Royer, font précisément le point sur les rapports entre connaissances en matière de sciences de la vie et société. Dans un travail engageant toute la communauté scientifique — les membres de l’Académie des sciences, du CNRS, des professeurs d’Université, du Collège de France, les « Sages » du comité national de la Recherche, intéressés à la biologie l'ont suivi et y ont contribué — disent ceci :
Ils mettent également en valeur une certaine opposition entre la Biologie et les autres matières scientifiques.« depuis plus d’un siècle, et ces temps-ci encore, on n’a que trop tenté d’utiliser des arguments tirés de la biologie pour justifier certains modèles de sociétés. Darwinisme social ou eugénisme, racisme colonial ou supériorité aryenne, […] les idéologies n’ont guère hésité à détourner les acquis de la biologie… »
Aux Etats-Unis depuis le début des années 2000, le concept de race applicable à l'espèce humaine est de nouveau débattu. Le 1er juillet 2009, Osagie K. Obasogie, professeur de droit à l'Université de Californie, dans un article intitulé Le Retour du mythe de la race ?, critique le renouveau de la notion de race dans le domaine biologique depuis le début des années 2000 à la suite des découvertes faites dans le cadre du projet de génome humain. En particulier, O. K. Obasogie souligne que la distribution des variations génétiques ne se recoupe pas avec les catégories raciales. Finalement, O. K. Obasogie conclut que :« les acquis de la biologie moderne vont, pour la plupart, à l'encontre des idées les plus communément admises aujourd'hui. »
La série de programmes scientifiques pour la télévision Nova qui a diffusé le 15 février 2000 une émission relative aux origines des premiers habitants du continent américain donne un exemple de ce débat : une des têtes de chapitre de l'émission était intitulée "Les races existent-elles ?" et consistait en un échange de point de vue entre deux anthropologues américains, chacun défendant le sien.« Sans précautions, l'utilisation commerciale et légale des biotechnologies peut contribuer à faire revivre le mythe de la validité scientifique des constructions sociales des catégories raciales ; celles-ci se reflèteraient dans les différences et variétés génétiques humaines et les situations sociales et sanitaires des groupes raciaux seraient déterminés par des prédispositions génétiques plutôt que par les comportements sociologiques et les pratiques institutionnelles. Compte tenu des conséquences dramatiques qui ont été provoquées dans le passé par le lien dressé entre les découvertes biologiques avec les hiérarchies raciales, nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer le risque que les nouvelles techniques puissent faire resurgir les vieilles théories raciales. Il en va de l'avenir de nos concepts de race et d'égalité. »
La culture comme principal critère de différenciation
Les ethnologues estiment que, mises à part les différences génétiques et phénotypiques, les populations humaines sont principalement différenciées par leurs us et coutumes qu'elles se transmettent de génération en génération. L’espèce humaine se caractérise donc par une très forte dimension culturelle. C'est pourquoi le concept d’ethnie est de nos jours préféré à celui de race, en ethnologie. Les différences culturelles permettent de définir des ethnies extrêmement nombreuses. La notion de nation comme de communauté religieuse, de même, s’abstrait de la notion de race ou d'ethnie : ce qui compte pour la définir est moins ce que ses membres sont que ce qu’ils souhaitent en commun.Pour R. Barbaud, la « diversité culturelle peut donc être tenue pour une composante naturelle de la biodiversité, comme l’aboutissement ultime de notre propre évolution. Elle a bien, de ce point de vue, la même fonction que la biodiversité pour les autres espèces ». La diversité humaine est donc génétique, avec ses conséquences phénotypiques, mais aussi culturelles. Et il importe de bien distinguer les deux domaines, pour ne pas recréer, même involontairement, des discours racistes et non-scientifiques.
Les différences culturelles apparaissent dans cette optique comme les plus importantes, quand bien même elles peuvent d’ailleurs contribuer à modifier ponctuellement les traits (par exemple, le petit pied des chinoises, les « femmes-girafes » (Padaung) en Afrique, etc. sont des modifications culturelles) et participent à la dynamique du groupe. Un élément de la question est de savoir si un isolement géographique ou culturel peut entraîner la sélection de gènes spécifiques, donc de savoir si un peuple ou une ethnie peut constituer une race.
Il faut par ailleurs remarquer, comme le signale le biologiste Stephen Jay Gould, que des facteurs culturels qui favorisent ou au contraire dissuadent certaines unions conjugales sont de nature à développer à très long terme un processus de raciation. Cependant, selon Jacques Ruffié, du Collège de France, les groupes humains convergent depuis environ six mille ans. L’homme moderne (Homo sapiens) a connu de courtes périodes d’isolement de groupes ethniques, mais aussi beaucoup de mélanges. Seuls des groupes isolés, et numériquement très petits (Basques, Népalais, par exemple), ont pu générer des différences avec les autres, et manifester des populations stables d’un point de vue taxonomique, c’est-à-dire présentant des différences génétiques significatives et héréditaires. Le processus de mondialisation et de métissage des cultures et des individus réduit très fortement les possibilités de tels modes de vie autarciques.
Dans la pratique, la durée d’une société (et donc d’une culture) humaine semble en effet faible devant celle qui serait nécessaire à la séparation de traits physiques. Chez l’être humain, l’impact de la culture ne semble donc pas suffisamment grand pour expliquer une différenciation en races.
Relation entre race et évolution
Une origine commune, des groupes séparés
Le berceau de l’Homo sapiens semble pour le moment avoir été l’Afrique. À partir de ce point central, des groupements humains auraient migré vers tous les continents, y compris l’Europe déjà peuplée des Homo neanderthalensis, dont l'avancée était de quelques dizaines de kilomètres par génération. Les tenants de thèse monogénistes affirment l'origine commune de l'humanité, tandis que le polygénisme prétend que l'humanité était dès le départ divisée en plusieurs races distinctes. Cependant, les thèses racialistes peuvent aussi coexister avec le monogénisme, par exemple chez Blumenbach.L'évolution du genre Homo a donné lieu à la différenciation de plusieurs espèces. Il est donc possible que durant des périodes de transition, différentes races, toutes membres du groupe Homo sapiens, aient coexisté. Jean Hiernaux souligne ainsi que « manifestement, des origines à nos jours, l’évolution humaine est loin d’avoir subi le schème de l'arbre ». Trenton W. Holliday va même plus loin : pour lui, les différentes espèces de la famille des Hominidés se seraient croisées, donnant des nouvelles espèces fécondes (selon un modèle rhizomatique opposé au modèle arborescent). Cette évolution suggère un schéma complexe, qu’il compare à la technique du pleaching des pépiniéristes (qui consiste à relier des branches d’un arbre à son tronc et entre elles).
Si la thèse de l'interfécondité de l'Homo sapiens avec l’homme de Néandertal était avérée, cela signifierait qu'il y a bien eu coexistence de plusieurs races humaines il y a 30 000 ans. Dans le cas contraire, les différentes espèces dont le nom scientifique contient « Homo » seraient bien des espèces distinctes de l'être humain, non des races humaines.
Aujourd'hui, les groupes humains, éloignés géographiquement, présentent une variété assez importante de caractères morphologiques, anatomiques et physiologiques différents.
L'apport de la génétique
L’essor de la génétique et l’apparition de la génétique des populations permet d’approfondir la question de la pertinence de la notion de race au sein de l’espèce humaine. L’étude quitte alors le terrain de la simple biométrie pour s’intéresser aux mécanismes régissant l’évolution de l’espèce humaine. Avec l’étude de la variabilité génétique de l’humanité apparait notamment un outil qui semble plus puissant que tout ceux utilisés jusqu’alors dans l’étude des races.Selon Albert Jacquard, la notion de race implique un isolement prolongé empêchant tout échange génétique avec des groupes extérieurs : si cette condition est aisément applicable aux animaux domestiques, il note qu'« il y a quelques dizaines de milliers d'années, alors que l' humanité ne comportait que quelques millions d'individus répartis sur d'immenses espaces, des différences génétiques significatives ont pu s'établir entre les divers groupes, et ceux-ci auraient pu être, à juste titre, répartis entre plusieurs races. Il se trouve que, dans l'état actuel de l'humanité, les échanges multiples et incessants ont enlevé pour le généticien toute signification à une telle classification. »
En 2003, l'université de Stanford a publié une étude dont le but était de vérifier la validité du concept de race humaine, dans le cadre de l'autodéclaration en vigueur aux Etats-Unis. Leur conclusion est que l'auto-identification raciale est assez précise pour continuer à être utilisée dans le cadre médical.
En 2008, la revue Science a publié l'étude génomique la plus complète jamais effectuée. Cette étude compare 650 000 nucléotides chez 938 individus appartenant à 51 ethnies. Les nombreux généticiens qui ont participé à ce travail ont conclu de leurs travaux qu'il existait sept groupes biologiques parmi les hommes : les Africains subsahariens, les Européens, les habitants du Moyen-Orient, ceux d'Asie centrale et d'Asie du Sud, les Asiatiques de l'Est, les Océaniens et les Amérindiens.
Plusieurs études génétiques récentes tendent à réfuter l’existence d’une « race européenne » aux contours bien précis et qui serait exempte de toute influence biologique extra-européenne. En effet, selon une étude de l'expert Chao Tian, en 2009, ayant calculé les distances génétiques (Fst) entre plusieurs populations en se basant sur l’ADN autosomal, les Européens du Sud tels que les Grecs et Italiens du Sud apparaissent soit à peu près autant distants des Arabes du Levant (Druzes, Palestiniens) que des Scandinaves et Russes, soit plus proches des premiers. Un Italien du Sud est ainsi génétiquement deux fois et demi plus proche d'un Palestinien que d'un Finlandais. De même en avril 2011, Moorjani et ses collègues, ayant analysé plus de 6 000 individus provenant de 107 populations différentes en utilisant une nouvelle méthode d'estimation des origines ancestrales, ont montré que presque toutes les populations sud-européennes présentaient une proportion de gènes d'Afrique sub-saharienne située entre 1 et 3 % (3,2 % au Portugal, 2,9 % en Sardaigne, 2,7 % en Italie du Sud, 2,4 % en Espagne et 1,1 % en Italie du Nord). Ce flux de gènes africains aurait pu se produire selon les auteurs par l'intermédiaire des Nord-Africains à la fin de l'Empire Romain et lors des conquêtes musulmanes qui ont suivies.
Génotype et phénotype
L’anthropomorphisme classifiant a pu s’appuyer sur la biométrie, tandis que la génétique s’appuie sur la notion de « gènes communs et exclusifs à un groupe d'individus » pour tenter de définir précisément des caractéristiques communes, qui donneraient un contenu à la notion de race. Si les gènes ont des répercussions sur l’aspect visible de l’être, le fait que deux êtres soient différents ne signifie cependant pas que leurs gènes soient très différents. Ainsi, le degré de couleur de la peau est déterminé par trois gènes permettant la production de mélanine ; tous les humains produisent de la mélanine (sauf ceux atteints d'albinisme), donc tous les humains ont des variantes (allèles) de ces trois gènes, allèles à expression plus ou moins marquée.Les analyses ADN montrent ainsi que l’espèce humaine possède déjà un peu plus de 98,6 % de son génome en commun avec les chimpanzés et qu'elle partage le même patrimoine génétique à 99,8 %. Les différences entre hommes et singes sont dues à seulement quelques dizaines de gènes. Les apparentes différences anatomiques et physiologiques à l’intérieur de l’espèce humaine sont dues à un nombre encore plus restreint de gènes. Difficile, dès lors, d’arriver à isoler des gènes « types », différenciant diverses populations.
La compatibilité des tissus pour les dons d'organe (cœur, rein…) ou de sang ne dépend pas du groupe ethnique du donneur et du receveur ; et à l’extrême, le donneur doit être un membre proche de la famille du receveur (comme pour les dons de moelle), le nombre de donneurs compatibles se comptant sur les doigts d’une main parmi les milliards d’individus, ce qui ne correspond pas non plus à la notion de « race » communément admise. On peut donc en déduire que les différences externes, qui ont servi à définir initialement les races, ne sont d’aucune utilité dans ce domaine, et sont très éloignées des considérations biochimiques.
Variabilité génétique : un outil de classification
De nos jours, la définition de la notion de race a disparu du champ de la biologie d’où elle a été rejetée. Seuls quelques chercheurs isolés persistent à recourir à cette notion controversée, utilisée de manière très générale, se détachant de la biométrie ou de la génétique moderne. Ainsi, si Luigi Luca Cavalli-Sforza, dans son ouvrage « Gènes, Peuples, et Langues », pose la définition suivante en évoquant l’usage de certains dictionnaires, dans le cadre d’un chapitre portant sur la question de la pertinence du terme :« Une race est un groupe d’individus qu'on peut reconnaître comme biologiquement différents des autres. »il ne s’y réfère que pour rappeler ce qui fut reçu aux époques précédentes, mais maintenant abandonné.
Avec l'étude de la variabilité génétique apparait une nouvelle définition : Theodosius Dobzhansky proposera ainsi sa définition du concept de race (au sens large) :
« Une population d’espèces qui diffèrent selon la fréquence de variants génétiques, d’allèles ou de structures chromosomiques. »Cependant, comme l’indique Marcus Feldman (du département de biologie de l’université de Stanford) et ses collègues : « comme deux populations différentes présentent toujours de tels variants, cette définition est en réalité synonyme de population ».
Au sein de cette approche apparait une nouvelle donnée : la variabilité au sein d’une population est plus grande que celle existant entre les populations. Cette constatation amène à l’époque un grand nombre de biologistes à considérer que la notion de race n’est pas biologiquement pertinente.
Ainsi, dans Éloge de la différence (1981), Albert Jacquard affirme que pour la génétique moderne la notion de race des anciennes classifications ne convient pas à l’espèce humaine. André Langaney va plus loin en indiquant que « la notion de race est dépourvue de fondements et de réalité scientifique », puisqu’on ne peut, d’après lui, distinguer les populations des différentes parties du globe en se fondant sur des différences génétiques.
Les scientifiques, qu’ils soient généticiens, anthropologues ou ethnologues s’accordent donc, avec des arguments différents, sur l’arbitraire de la définition de races au sein de l’espèce humaine. Ainsi, la pertinence biologique de cette notion est notamment remise en question. Luigi Luca Cavalli-Sforza précisera son point de vue ainsi :
« Toute tentative de classification en races humaines est soit impossible, soit totalement arbitraire. »et, dans l'ouvrage Qui sommes-nous ? :
« En réalité, dans l’espèce humaine, l’idée de « race » ne sert à rien. »
Une définition génétique
Depuis 2004, le projet de séquençage du génome humain est achevé. L’analyse statistique des variations du génome au sein de l’espèce humaine est facilitée, et les généticiens disposent d'un nouvel outil pour étudier les variations génétiques.Entre 2001 et 2003, des études (notamment celles de Rosenberg, Stephens et Bamshad) ont permis de démontrer qu’il était possible de déterminer la région d’origine des ancêtres d’un individu en étudiant des « marqueurs génétiques ». Ces travaux ont provoqué un regain d’attention pour le concept de race (de la communauté scientifique, mais également de la part des partisans des théories racistes) : on peut ainsi compter pas moins de onze commentaires, dans des revues scientifiques ou des journaux, posant la question de la catégorisation en races.
Certains commentaires tendent à remettre en cause l’idée selon laquelle la plus grande part de variabilité serait présente au sein même des populations. Or, c’est cette observation qui avait conduit à la perte d’intérêt pour le classement en races des êtres humains. Cependant, pour Feldman, Lewontin et King, cette constatation n’a pas à être remise en cause, mais doit être mise en perspective avec d’autres découvertes.
Pour Feldman et ses collègues, il y a ainsi trois questions distinctes :
- « Est-il possible de trouver des séquences d’ADN qui soient polymorphes (…) et dont les fréquences alléliques (…) soient suffisamment différentes entre les grandes régions géographiques pour permettre de déterminer, avec une forte probabilité, l’origine géographique d’une personne ? »
- « Quelle fraction de la variabilité génétique humaine trouve-t-on à l’intérieur de populations géographiquement séparées, et quelle fraction distingue ces populations ? »
- « Les gènes dont les fréquences alléliques sont hautement spécifiques de la région géographique sont-ils typiques du génome humain en général ? »
Il faut cependant noter que les variations qui paraissent si petites entre différents génomes humains, ont des conséquences phénotypiques importantes et que les individus issus de zones géographiques proches ont plus de chance d'avoir des caractères communs que des individus distants. Ceci va certainement tendre à disparaître avec la mobilité importante des populations humaines à la surface du globe.
Le problème de la pertinence
Ainsi, les scientifiques ont-ils pu démontrer qu’il était possible de définir de façon « scientifique » des groupes au sein de l’espèce humaine. Ces groupes (correspondant à des populations différentes) diffèrent, non pas sur la base de génotypes différents, mais sur un ensemble de petites différences entre fréquences alléliques d’un grand nombre de marqueurs génétiques. Il est également possible de connaître (avec une certaine probabilité, cependant) le continent d'origine d'un individu, mais le fait de connaître cette origine n’améliore quasiment pas la capacité à prédire son génotype (il n’existe aucun gène pour lequel un allèle donné ne se retrouve qu’au sein d'un grand groupe géographique) et ne revient pas à une catégorisation en races pour autant.Cet état de fait permet d’une certaine manière de définir des « races » au sein de l’espèce humaine, en se fondant sur la notion de population et les découvertes récentes en génétique. Les scientifiques préfèrent cependant user du terme de « groupe géographique », étendant la notion de population, le terme de race restant fortement connoté et pouvant prêter à confusion selon la définition utilisée. Il reste également à définir à partir de quel niveau de telles « races » sont définies, puisqu’il est possible, avec la même méthode mais une précision décroissante, de catégoriser à l’échelle de la Terre, de grande régions ou des populations locales.
Cependant, le fait de pouvoir définir plus ou moins arbitrairement des races au sein de l’espèce humaine ne renseigne pas sur la réalité biologique que de tels concepts recouvrent. Il se pose ainsi le problème de la pertinence d’une telle classification raciale. Certains ont ainsi pu soulever l’idée selon laquelle un classement racial pourrait être avantageusement intégré aux pratiques médicales. Mais cette dernière idée est contrecarrée par deux constatations :
- la race est une notion trop différente de l’ascendance pour être biologiquement utile,
- elle ne peut être utile que dans la mesure où elle est liée au contexte social.
« Contrairement à l'idée défendue depuis le milieu du XXème siècle, on peut définir scientifiquement des races dans l’espèce humaine. La connaissance du génome humain permet en effet de regrouper les personnes selon les zones géographiques d’où elles sont issues. En revanche, les usages que l’on prétend faire en médecine d’une classification raciale sont sujets à caution. »Il est ainsi beaucoup plus pertinent, du point de vue biologique, de connaître l’ascendance d’un individu, via une étude de son génotype, que de le classer dans une race. Feldman et ses collègues font ainsi remarquer qu’une classification raciale dans un but médical est « au mieux sans grande valeur, au pire dangereuse », et qu’elle « masque l’information biologique nécessaire à des décisions diagnostiques et thérapeutiques intelligentes », il ne faut donc pas « confondre race et ascendance ». Dit autrement : « Si l’on veut utiliser efficacement le génotype pour des décisions diagnostiques et thérapeutiques, ce n’est pas la race qui importe, mais les informations sur l’ascendant du patient ».
En résumé : il est possible de classer scientifiquement les êtres humains en races définies arbitrairement, selon des catégories peu pertinentes sur le plan biologique. Cependant, la notion de « race » utilisée ici diffère sensiblement de celle utilisant les simples traits physiques. La tentative d’amalgamer les deux définitions en omettant délibérément le manque de pertinence du concept est généralement le fait des partisans de théories racistes.
The Geography of Thought
Dans un livre paru en 2006, The Geography of Thought (La Géographie de la pensée), Richard E. Nisbett docteur en psychologie sociale prétend que la réponse n'est pas aussi tranchée qu'on pourrait le penser d'un côté ou de l'autre : si tous les hommes ont le même type d'ADN, les pressions darwiniennes différentes s'exerçant sur des populations au vécu différent conduiraient au renforcement ou à la disparition de certains caractères - mineurs certes - génétiquement mesurables. Jonathan Pritchard, de l'université de Chicago, en mesure 700, qui se seraient développées pour certaines en moins de 6600 ans.L'auteur signale une analogie de cette situation avec une plus ancienne : la phrénologie a bel et bien été récusée comme « science », et derrière cette idée fausse se trouvait pourtant une intuition juste : l'imagerie cérébrale nous apprend depuis le XXème siècle que les fonctions cérébrales sont bel et bien organisées spatialement dans le cerveau (mais pas conformément aux cartes phrénologiques du XIXe siècle).
Évolution de l'Homo sapiens et de ses principales subdivisions
Le peuplement des différents continents a eu lieu sur les deux derniers millions d'années en plusieurs vagues successives de populations humaines et pré-humaines. S'agissant de l'espèce humaine moderne, l'analyse morphologique des squelettes fossiles et des traces d'activité complexes (culture symbolique, rites) indique que les premiers Homo sapiens sont apparus il y a environ 150 000-200 000 ans en Afrique de l'Est. On estime qu'il fallut environ 50 000-100 000 ans à ces populations originelles pour quitter le continent africain, probablement via le Moyen-Orient pour atteindre le reste de l'Eurasie où ils rencontrèrent des populations humaines archaïques comme Homo neanderthalensis ou Homo heidelbergensis.Cette histoire de dispersion dite Out of Africa est que la diversité génétique des populations africaines sub-sahariennes est plus importante que la diversité des populations issues des autres continents en raison de l'effet d'entonnoir associé aux migrations : le pool génétique des populations issues des migrants est plus réduits puisque issu du nombre relativement restreint d'individus qui a quitté Il est aussi possible que certains humains modernes aient pu se reproduire avec les populations d'autres espèces du genre Homo qu'ils ont rencontrées au cours des différents épisodes migratoires, compliquant l'histoire génétique de notre espèce.
- 1.Africains
- 2. Asiatiques du sud et Nord-africains
- 3. Sud asiatiques
- 4. Insulaire du Pacifique
- 5. Aborigènes d'Australie
- 6. Européens
- 7. Asiatiques de l'est (Chine, Japon, etc.)
- 8. Peuples de l'Arctique
- 9. Les amérindiens
Il semble très probable que des asiatiques de l’est ont migré vers le Nord il y a environ 50 000 ans, certains ont migré vers le nord dans la péninsule du Kamchatka et du Tcherski, puis ont fait la traversée du détroit de Béring en Alaska il y a 40 000 ans. Certains de ces peuples ont migré vers le sud jusqu'à ce qu'ils colonisent l'ensemble des Amériques et ont évolué en Amérindiens, tandis que les peuples d'Asiatiques de l'est qui sont restés en Asie du Nord ont évolué en Asiatiques de l'est. L'origine commune et relativement récente de ces deux subdivisions est apparente et mise en évidence à partir d'un certain nombre de similitudes génétiques. Par exemple, le groupe sanguin rhésus négatif est rare dans ces deux populations, de plus le groupe sanguin Diego est unique chez elles. Elles ont également toutes deux une texture capillaire similaire et des cheveux noirs, des incisives particulières, et l’os inca dans le crâne.
La notion de race comme construction sociale
La notion de race humaine est aujourd'hui précisée. Déjà l'UNESCO recommandait dans les années 1950 d'y substituer le concept de groupe ethnique, lequel n'est pas biologique, mais culturel. Cependant, la notion de race conserve un usage social, notamment dans les pays anglo-saxons qui continuent à l'utiliser. Les Race studies, en Amérique du Nord, visent à analyser la construction sociale et idéologique de la race, qui aboutit à produire des effets réels d'auto-identification et de reconnaissance en termes d'appartenance à telle ou telle race. Le droit n'y est pas étranger: ainsi, la race est incluse comme paramètre dans le recensement aux Etats-Unis, bien qu'elle soit facultative. En outre, la Cour suprême des Etats-Unis a eu maintes fois l'occasion de statuer sur la race - United States v. Bhagat Singh Thind en 1923, lois sur la déségrégation scolaire, lois sur l'affirmative action, etc.).Il en va de même en Suisse où la Cour suprême a affirmé dans une jurisprudence de 1998 : « La race, au sens de l'art. 261bis CP, se caractérise notamment par la couleur de la peau (...); il n'est donc pas douteux que les Noirs constituent une race au sens de cette disposition. » (ATF 124 IV 121, 124). L'ONU dans le cadre de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale adoptée par la plupart des Etats de la communauté internationale entend quant à elle « favoriser la bonne entente entre les races et d’édifier une communauté internationale affranchie de toutes les formes de ségrégation et de discrimination raciales ».
Toutefois, cette notion a pratiquement disparu du discours politique en France, à l'exception de ceux professant des théories racistes. Pourtant, elle n'a pas complètement disparu, notamment du lexique juridique et législatif. On oublie souvent qu'elle est antérieure à Vichy, puisqu'elle apparaît dans un décret de novembre 1928 « déterminant le statut des métis nés de parents légalement inconnus en Indochine ». Ce texte permet d'accorder la citoyenneté française aux enfants de mère indigène (et donc sujet de l'Empire français) et de père inconnu (et probablement citoyen français) dès lors qu'il est « présumé de race française ». Introduite en métropole en 1939 sous la Troisième République avec le décret Marchandeau du 21 avril 1939, qui interdisait la propagande antisémite, la notion de race a été promue au rang de véritable catégorie juridique sous Vichy avec les deux statuts des Juifs, avant d'être décrédibilisée après-guerre (suite, notamment, au génocide des Juifs européens et d'autres populations considérées par le Troisième Reich comme indésirables (génocide des gitans, programme d'euthanasie, etc.). Les textes législatifs français continuent néanmoins à employer le terme de « race », d'abord en interdisant toute discrimination raciale. Mais le décret du 2 février 1990 a autorisé le fichage des origines raciales des personnes, en dépit de la non-pertinence scientifique de cette notion. En 1983, la loi relative aux droits et obligations des fonctionnaires se réfère à l'ethnie, et non à la race. Mais elle a été amendée par le Sénat, dans la loi du 16 novembre 2001 sur la lutte contre les discriminations, qui a réintroduit à cette occasion la référence au mot « race ». La demande du député Michel Vaxès (PCF), en 2003, de supprimer la notion de race du discours législatif et juridique français a été rejetée par la majorité. Quelques années auparavant, les signataires de la Charte Galilée 90, dont le ministre Jean-François Mattéi, avait demandé le retrait du terme de « race » à l'article 1er de la Constitution.
Même si la notion de race au sens humain ne se recoupe pas nécessairement avec une approche relevant de la biologie animale, il n'en demeure pas moins que la notion de race humaine est reconnue par la communauté internationale et réaffirmée régulièrement par les ordres internes. Les tentatives de gommer cette notion du lexique descriptif des caractéristiques de l'humain semblent ne pas avoir été accueillies de façon générale.
Dans la tradition religieuse
Le récit de la Genèse fait partie des traditions chrétienne, musulmane et juive; sa lecture littérale a longtemps été la règle dans les civilisations occidentale et arabe, et aujourd'hui il reste quelques groupes qui la défendent. Selon ce récit, les hommes sont tous descendant d'un homme et d'une femme créés directement par Dieu. Cela donne une origine commune à tous les êtres humains.
La tradition biblique a également été employée pour justifier la séparation entre les êtres humains. Suite au Déluge, Noé tout comme Adam est l'ancêtre de tous les hommes qui vinrent dans les siècles suivants. Ses trois fils étaient Ham (ou Cham), Japhet et Sem. Or la tradition des religions présente Japhet comme l'ancêtre des peuples européens, Cham celui des peuples Hamites d'Afrique et Sem celui des peuples sémites (les origines des autres peuples étant disputées). La Malédiction de Cham fut employée comme justification de l'esclavage des noirs.
Dans le mysticisme nazi, l'opposition entre sémites et aryens prit une place importante et justifia la solution finale.
Dans les œuvres de fiction
Le thème d'une race distincte de l'humanité est souvent utilisé en fiction. En science-fiction, il peut s'agir d'une nouvelle race apparue par les mécanismes de l'évolution. Interféconds avec les humains, les mutants du comics Les X-Men (nom scientifique dans l'univers de fiction : Homo superior) appartiennent à cette catégorie (le croisement entre un superior et un sapiens est toujours un superior ; les sapiens ont une probabilité faible ou nulle selon les individus d'avoir des enfants superior, les frères et sœurs étant toujours de la même race). On trouve également des races humaines supplémentaires dans les univers de fantasy : par exemple les vélanes dans Harry Potter sont une race imaginaire puisque ces individus sont interféconds avec les humains.Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Race_humaine
2 commentaires:
La phrénologie (du grec : φρήν, phrēn, « cerveau » et λόγος, logos, « connaissance », terme probablement forgé et utilisé pour la première fois par Thomas Ignatius Forster en 1815) est une théorie selon laquelle les bosses du crâne d'un être humain reflètent son caractère. Son fondateur est Franz Joseph Gall.
En 1825, François Magendie qualifia la phrénologie de pseudo-science. Cette conception, bien ancrée dans son temps, est un exemple de méthode expérimentée biaisée dans le cadre de l'étude de l'histoire de la médecine.
L'article publié en 2012 affirmait : "S'agissant de l'espèce humaine moderne, l'analyse morphologique des squelettes fossiles et des traces d'activité complexes (culture symbolique, rites) indique que les premiers Homo sapiens sont apparus il y a environ 150 000-200 000 ans en Afrique de l'Est."
Depuis, des fossiles d'Homo Sapiens datés de 300 000 ans ont été découverts au Maroc. Ce qui bouleverse le scénario imaginé par les paléontologues jusque là (confer le chapitre "Histoire génétique de notre espèce").
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