Pourquoi les blancs courent moins vite
Depuis 1984, aucun blanc ne s'est
qualifié pour une finale du 100m aux Jeux olympiques. Dans un livre, le
journaliste Jean-Philippe Leclaire a tenté d'éclaircir le mythe.
Par
Yannick Cochennec | publié le 25/07/2012 à 12h14, mis à jour le 25/07/2012 à
12h20
Les championnats d’Europe d’athlétisme récemment organisés à
Helsinki ont permis à Christophe Lemaitre de confirmer sa suprématie actuelle
sur le sprint du Vieux Continent.
Dans quelques jours, le coureur
d’Aix-les-Bains aura affaire à plus forte partie à l’occasion des Jeux
olympiques de Londres. Sa qualification pour la finale du 100m sera un objectif
difficile à atteindre s’il décide bien de tenter sa chance sur la distance
suprême –il devrait privilégier le 200m et le relais 4x100m dans la mesure où
ses chances paraissent plus réduites sur 100m.
Christophe Lemaitre ne
semble pas, en effet, encore de taille pour rivaliser avec les deux Jamaïcains
Usain Bolt et Yohan Blake, probables favoris de la grande finale du 5 août. S'il
persistait dans l'idée (peu probable) de s’aligner sur 100m, le sympathique
Français pourrait tenter de décrocher une première médaille honorifique: devenir
le premier blanc depuis 32 ans à disputer une finale olympique sur la distance
reine.
Depuis 1984, en effet, toutes les finales ont été monopolisées par
des hommes de couleur. Pour retrouver un champion olympique blanc sur 100m
(l’Ecossais Allan Wells), il faut remonter à 1980 aux Jeux de Moscou boycottés,
il est vrai, par les sprinters américains en raison de la décision de leur
président d’alors, Jimmy Carter.
Un livre pour répondre au
cliché
«Pourquoi les Blancs courent moins vite». Sans point
d’interrogation, c’est le titre du livre, écrit par Jean-Philippe Leclaire,
ancien rédacteur en chef de L’Equipe Magazine devenu producteur télé. Malgré le
côté casse-gueule du sujet et les commentaires électriques voire nauséabonds
qu’il entraîne régulièrement, l’auteur s’attaque à ce tabou du sport et de la
couleur de peau.
Dans cet essai-enquête, Jean-Philippe Leclaire, par
ailleurs grand expert de l’athlétisme, écrit:
«Si je possède en revanche
une absolue certitude, c’est bien que la question noirs-blancs dans le sport ne
devrait pas être ignorée, fuie ou méprisée au nom du politiquement correct ou
par peur de réveiller les fantômes de Berlin 36. Dans les pays anglo-saxons, de
nombreux scientifiques se penchent chaque jour sur le sujet, des articles et des
livres ont déjà provoqué de vastes débats. En France, associer performance
sportive et couleur de peau reste largement tabou. Il n’est à voir le nombre de
chercheurs et de champions que j’ai sollicités (certains d’habitude très
bavards) et qui ont “oublié” de me rappeler.»
Le livre, qui retrace
différents événements historiques ayant jalonné le sport mondial et cristallisé
le concept de «race», n’apporte pas de réponse définitive à la question de la
prétendue domination des noirs sur les blancs dans les courses brèves à l’instar
des nombreux scientifiques interrogés qui ne disent pas détenir LA vérité et
contredisent les résultats de leurs recherches respectives.
Une question
de gènes?
La deuxième partie de l’ouvrage, très technique, est intitulée:
«C’est dans les gènes». Y est notamment évoqué avec précision le «gène du
sprint» comme a été appelé l’ACTN3, l’alpha-actinine 3, qui favoriserait
l’explosivité des fibres musculaires.
Il existe trois formes de ce gène:
forte (RR), faible (RX) et nulle (XX). Les deux premières formes démontreraient
une inclinaison pour le sprint, la troisième une incapacité à devenir un homme
ou une femme très rapide. Selon Rachel Irving, chercheuse à l’université des
West Indies en Jamaïque, 75% des 120 athlètes locaux analysés (parmi lesquels
Usain Bolt) seraient dotés de la forme RR. Mais le mythe du «gène du sprint» a
été remis en cause par d’autres études qui ont notamment prouvé que les Kenyans
étaient encore mieux pourvus en RR que les Jamaïcains alors que les coureurs de
cette partie de l’Afrique sont pour ainsi dire invisibles dans les épreuves de
sprint à l’inverse de leurs triomphes sur les longues distances.
Dans ce
document où l’humain reste le cœur de l’affaire au-delà des études et des
pourcentages, Jean-Philippe Leclaire s’attarde plus longuement sur deux cas
particuliers emblématiques, Usain Bolt et Christophe Lemaitre, qu’il a
rencontrés à diverses reprises et dont il rapproche les trajectoires en dépit de
leurs différences évidentes. Paradoxalement, leurs points communs sont multiples
selon l’auteur:
«La taille à quelques centimètres près, la longueur des
foulées, l’explosivité, la vélocité, mais aussi le manque d’endurance, la galère
en salle de musculation, le fait qu’ils n’aient pratiquement pas besoin de
s’échauffer avant une course ou puissent se permettre de défier les lois de la
nutrition en mangeant n’importe quoi, quitte à être rattrapés un jour par les
blessures.»
Le mystère Lemaitre
Surnommé «coton-tige» chez les
juniors parce qu’il était filiforme et avait un teint laiteux, Christophe
Lemaitre est un blanc à part sous bien des aspects au point que selon le
professeur Gérard Dine, «sa signature génétique est plus répandue chez les
Jamaïcains ou les Afro-Américains que chez les Européens ».
Un autre
chercheur, Jean-René Lacour, trouve aussi au sprinter de l’Ain plus de points
communs avec les sprinters sénégalais qu’avec les sprinters italiens qu’il avait
étudiés à la fin des années 1990:
«Lemaitre a des jambes plus longues que
l’Européen moyen, souligne-t-il. Son rapport longueur jambes/tronc est à 50/50
comme les Sénégalais de mon étude. Ses extrémités son aussi très légères: nous
avons mesuré son tour de cheville à 23cm contre 22,5cm pour les Sénégalais et 26
pour les Italiens.»
Lemaitre serait donc un mystère, «un Ouest-Africain
égaré sur les rives du Lac du Bourget», s’amuse Jean-Philippe Leclaire qui
relève que même Usain Bolt n’avait pas explosé aussi vite chez les jeunes. Il
reprend également un commentaire de Nicolas Herbelot, spécialiste de
l’athlétisme au sein du quotidien L’Equipe au lendemain du premier passage du
«coton-tige » sous les 10’’en juillet 2010:
«S’il est une incongruité
dans toute cette histoire, ce n’est pas tant qu’un blanc soit descendu hier sous
les 10’’, mais bien qu’aucun autre ne l’ait fait avant lui.»
Yannick
Cochennec
À lire aussi sur Slate.fr:
Christophe Lemaitre, cricrisdu01
pour les intimes
Christophe Lemaitre, de la race des champions
http://www.slate.fr/life/58785/lemaitre-bolt-blancs-courent-moins-vite=
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Christophe Lemaitre (né le 11 juin 1990 à Annecy) est un athlète français spécialiste des épreuves de sprint. Il est l'actuel détenteur du record de France du 200 m (19 s 80).
Lors des championnats de France 2010 de Valence, il établit son premier record national sur 100 mètres en 9 s 98, et devient officiellement à cette occasion le premier sprinteur blanc à courir en moins de dix secondes sur cette discipline depuis la mise en place du chronométrage électronique (le coureur polonais Marian Woronin ayant effectué un temps de 9 s 992 en 1984 arrondi au supérieur de 10 s).
Au cours de ces mêmes championnats, il égale le record national de Gilles Quénéhervé sur 200 m en réalisant le temps de 20 s 16.
Quelques semaines plus tard à Barcelone, il devient le premier sprinteur à remporter les titres du 100 m (10 s 11), du 200 m (20 s 37) et du relais 4 × 100 mètres (38 s 11) pendant les mêmes championnats d'Europe. Il remporte à nouveau le 100 m des championnats d'Europe en 2012 à Helsinki (10 s 09) ainsi que le bronze en 4 × 100 mètres.
En 2011, lors de la finale du 200 m des championnats du monde de Daegu, il parvient à améliorer le record de France en passant du même coup la barre des 20 secondes. Ce temps, 19 s 80, qui lui assure la médaille de bronze, fait de lui le deuxième meilleur sprinter européen de tous les temps, à seulement 8 centièmes de l'ancien record du monde et actuel record d'Europe de Pietro Mennea (19 s 72 en 1979 en altitude).
Il a également été sacré champion du monde junior du 200 m en 2008 à Bydgoszcz et champion d'Europe junior du 100 m un an plus tard à Novi Sad, compétition qui lui a permis de devenir recordman d'Europe junior du 100 m en 10 s 04.
Il est, depuis les Championnats d'Europe 2014 de Zurich, l'athlète le plus médaillé de toute l'histoire de ce championnat, avec 8 médailles (4 en or, 2 en argent, 2 en bronze).
En août 2016, il obtient la seconde médaille olympique de sa carrière (après le bronze en 4x100m aux JO de Londres 2012) en remportant la médaille de bronze sur 200 m aux Jeux olympiques de Rio, derrière Usain Bolt et Andre De Grasse.
Usain Bolt, né le 21 août 1986 dans la paroisse de Trelawny, est un athlète jamaïcain, spécialiste des épreuves de sprint.
Athlète le plus titré de l'histoire des Jeux olympiques en sprint avec huit médailles d'or, il est également le plus titré de l'histoire des championnats du monde avec onze victoires. Il est le premier athlète à détenir simultanément les records du monde du 100 m, 200 m et 4 × 100 m, le seul athlète à avoir conservé deux titres individuels en sprint sur trois olympiades consécutives, et le seul à avoir battu trois records du monde lors d'une même olympiade. Des Jeux olympiques de 2008 aux Jeux olympiques de 2016, Usain Bolt a gagné dix-neuf titres olympiques et mondiaux sur vingt-et-une épreuves disputées. Il est généralement considéré comme le plus grand sprinter de tous les temps.
Ses records du 100 m (9 s 58) et du 200 m (19 s 19) datent des championnats du monde de Berlin en 2009 alors que celui du relais 4 × 100 m (36 s 84) est battu lors des Jeux olympiques de Londres en 2012. Aux Jeux olympiques de Pékin, Bolt avait établi les deux précédents records du monde du 100 m (9 s 69) et du 200 m (19 s 30), tous deux améliorés de onze centièmes de seconde à Berlin, un écart exceptionnel.
À Pékin en 2008, il devient le premier athlète masculin à gagner ces trois épreuves au cours des mêmes Jeux olympiques, et ce depuis Carl Lewis en 1984 (il perdra son titre olympique du relais ultérieurement, sur disqualification) et répète cet exploit lors de ceux de Londres en 2012 et de Rio en 2016. Il est ainsi le premier athlète à remporter trois titres olympiques consécutifs sur le 100 m, le 200 m, et dans un premier temps le 4 × 100 m. Son nom et ses performances en sprint lui ont valu le surnom de « Lightning Bolt » (« l'Éclair », ou « la Foudre »). C'est le premier sprinter à améliorer trois fois de suite le record du monde du 100 m et à obtenir la plus nette amélioration du record depuis le passage au chronométrage électronique, en 1968. La Fédération internationale d'athlétisme le désigne six fois athlète de l'année, en 2008, 2009, 2011, 2012, 2013 et 2016, plus que tout autre athlète.
Usain Bolt prend sa retraite sportive à l'issue des Championnats du monde 2017 à Londres, où il s'adjuge la médaille de bronze sur 100 m derrière Justin Gatlin et Christian Coleman, son quatorzième podium mondial, et se blesse en finale du relais 4 × 100 m, le 12 août 2017, pour la dernière course de sa carrière. Il tente ensuite une reconversion dans le football, notamment en Australie, sans connaitre la réussite.
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