«La chasse au requin bouledogue est autorisée, par tous moyens, y
compris par chasse sous-marine, de jour comme de nuit, sur tout le
territoire maritime de la commune de Saint-Leu, placé sous la
responsabilité du maire au regard du code général des collectivités
territoriales (du rivage jusqu'à une limite fixée à 300 mètres à compter
de la limite des eaux)», dit l’arrêté.
Il est précisé que «les requins bouledogues devront être remis aux
services de la commune sur le port de plaisance de la ville» et que «la
commune achète les requins bouledogues de plus d'un mètre cinquante
obtenus par tous pêcheurs ou chasseurs, au départ de la ville de
Saint-Leu, au prix de deux euros par kilogramme de poids vifs, dans la
limite de trente requins bouledogue à compter de la publication du
présent arrêté».
Dans son arrêté, le député-maire de Saint-Leu explique autoriser la
chasse au requin suite à «la recrudescence des attaques mortelles ou
mutilantes des requins bouledogues sur les usagers du rivage de l’Ouest
de La Réunion depuis 2011» et suite à «la présence de requin bouledogue
dans la ravine du Grand Etang, du centre-ville de Saint-Leu en 2012». Il
signale aussi qu’il y a «urgence d’assurer une protection minimum des
usagers de la mer le long du littoral de la commune de Saint-Leu, à
défaut d’être contraint d’interdire totalement l’accès à la mer aux
usagers en raison des risques établis d’attaques mortelles de requin de
type bouledogue».
Pourtant l'arrêté du maire saint-leusien va à l'encontre du dispositif
légal de protection mis en place par l'État dans le cadre de la
protection de la réserve marine. Interrogé par Imaz Press Réunion ce
lundi 30 juillet, Thierry Robert se défend : «j’ai eu le courage d’avoir
essayer quelque chose. Si un accident se produit à Saint-Leu, ma
responsabilité n’est plus engagée. En effet, un moment précis, j’ai pris
une décision. Le plus important est d’assumer».
Le maire de Saint-Leu dit également croire en «très peu de solutions
concrètes» malgré les nombreuses études sur les squales en cours.
À la question de savoir si l’autorisation de la pêche aux requins
bouledogues est la meilleure des solutions, Thierry Robert considère
qu’«il n’y en a pas de bonnes ou mauvaises». «C’est très simple, entre
la vie d’un homme et un requin, je choisis la vie. C’est un avis que
j’assume parfaitement. Je comprends les critiques, j’écoute, je prends
et j’analyse», poursuit-il.
Par ailleurs, les réactions suite à cet arrêté ne se sont pas faites
attendre. «C’est du grand n’importe quoi», s’indigne Mickaël Rard,
président de l’observatoire marin de La Réunion. Il pointe du doigt un
«arrêté qui va à l’encontre de celui pris par le préfet interdisant le
rejet en mer de produits de la mer à l'intérieur des 2,5 milles
nautiques dans les eaux territoriales de La Réunion». Il indique ensuite
que «tuer les requins ne servira à rien puisque ces derniers
reviendront» et «les tuer sur place les attireront davantage». «Dans le
cadre du développement durable, l’activité de l’homme doit se faire en
harmonie avec la nature», ajoute-t-il.
«Pourquoi cet acharnement sur la réserve marine et sur les requins
bouledogues ? Pourquoi autant de virulence et un tel retour de force
alors que des programmes sont en cours et des fonds ont été investis ?,
s’interroge, pour sa part, Stéphane Girard, coordinateur de
l'organisation non gouvernementale Sea Sheperd à La Réunion. Il cite
notamment l’étude CHARC qui porte sur les comportements des squales et
le projet BIOTOP du conseil régional. «Où est l’urgence d’un tel
arrêté?», note-t-il encore, avant de souligner «comprendre la mort du
jeune Alexandre à Trois-Bassin». «Cela n’amuse personne, y compris Sea
Sheperd», déplore-t-il.
Le coordinateur de l’ONG se dit ensuite très surpris que le député-maire
de Saint-Leu veuille «acheter les requins bouledogues au prix de deux
euros par kilo». Il rappelle que si «cela à consiste à revendre, la
chair de requin est interdite à la consommation». «Une partie de la
viande sera destinée aux scientifiques pour des prélèvements dans le
cadre d'études et le reste à l'équarrissage», explique, pour sa part,
Thierry Robert.
Stéphane Girard précise «avoir contacté la responsable de Sea Shepherd
France qui a alerté les services juridiques». «Nous laissons le soin au
préfet de prendre une décision et nous tiendrons informer nos
concitoyens, à commencer par les pêcheurs qui se retrouveraient dans
l’illégalité», explique-t-il, avant d’ajouter : «Est-ce une grande
provocation pour faire bouger les lignes ou un test à destination du
préfet ?».
À noter que la préfecture n'a pas encore réagi officiellement.
Toutefois, on prône que si l'illégalité de cet arrêté est prouvé, ce
sera au tribunal administratif de trancher.
Pour rappel, le jeudi 26 juillet 2012, à l’appel de la ligue de surf, et
des associations Prévention Requin Réunion et Océan Prévention, environ
300 personnes sont venues manifester devant la préfecture pour réclamer
le lancement d’une campagne de prélèvement de requins dans les eaux
réunionnaises. Ce dimanche 29 juillet 2012, ces mêmes usagers de la mer
avaient renouvelé leur appel lors d'un rassemblement sur la plage des
Brisants à Saint-Gilles. Thierry Robert était venu leur apporter son
soutien. C'est la mort d'Alexandre Rassiga, un surfeur de 21 ans, tué
par un requin ce lundi à Trois Bassins qui était à l'origine du
mouvement de protestation.
Source : Imaz Press Réunion
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2 commentaires:
Si les requins mettent en danger de mort les humains à quelques dizaines de mètres des côtes, il est naturel de se protéger. D'après mes informations, les requins bouledogues sont sédentaires. La dizaine ou douzaine qui occupe nos côtes doit être éliminée. C'est une question de vie ou de mort.
Maintenant, les causes de cette présence sont à élucider. Est-ce parce qu'ils n'ont plus rien à manger au large ? Surpêche ? Ou est-ce le parc marin qui les attire ? Ou les déchets déversés dans l'océan par les humains ? Il faut bien sûr comprendre pour que de nouveaux requins ne viennent pas immédiatement remplacer ceux qu'on éliminerait.
Sur la décision de Thierry Robert, se mettre hors-la-loi est "délicat" pour un élu ! Est-ce une sorte de désobéissance civique face à une loi qui ne protège plus les citoyens ? Y a-t-il arrière-pensée électorale ? Quand ont lieu les prochaines élections ?
Légalement, c'est compliqué : bien évidemment, un maire n'a pas autorité pour prendre un arrêté qui aille contre un texte législatif national, mais il peut arguer du fait qu'il n'a fait qu'appliquer l'obligation légale qu'il a de protéger les biens et les personnes, contre un danger qui a ici été hélas bien avéré…
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