« Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n’est ni votant, ni
candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l’exercice du droit
de suffrage. [...] Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs
maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre
souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou
simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que
vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez
des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les
rédiger et que leur mission est de vous faire obéir. Voter, c’est être
dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au
tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre.
Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux
vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des
peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence
grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous
enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le
parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la
médiocrité prévaut fatalement. »
Le Révolté, octobre 1885.
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