mercredi 5 juillet 2017

Ce village français anticapitaliste et 100 % autonome

C’est un village en transition, c’est à dire un village qui fait le choix depuis plusieurs années déjà, de vivre selon un mode de vie particulier, celui du retour aux sources. Aux sources de nos terres, aux sources intellectuelles, aux sources manuelles, aux sources naturelles qui permettent une auto-suffisance assumée et organisée.
Situé dans la région mulhousienne, dans le Haut-Rhin, la petite commune d’Ungersheim semble sortir tout droit d’un film d’époque. Richelieu, le cheval de trait qui promène en calèche les habitants et se charge d’emmener les enfants à l’école, déambule dans les rues, en bon taxi des temps… antimodernes. Ici, on veut atteindre l’autonomie énergétique et alimentaire, casser les codes et redonner à l’humain des valeurs qui lui échappent. La ville s’est fabriquée un quotidien loin des obsessions matérielles et technologiques, loin de notre addiction à la consommation, en revenant deux générations en arrière : celle où on ne jetait pas, on réparait. Où la pédagogie traçait l’avenir d’hommes et de femmes responsables et respectueux. Où la nature était respectée, honorée. Où la politique ne pensait pas au profit, mais parlait Amélioration. La société s’est perdue dans un tunnel de vices et de dépendances en tout genre, tuant chaque jour un peu plus l’humanité et l’environnement.

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Ungersheim, c’est trois chapitres, trois règles d’or, trois objectifs.

– Le premier, c’est l’autonomie intellectuelle. La démocratie participative tient un rôle majeur dans l’organisation du village, et elle ne peut se concevoir qu’en “se libérant de la pensée dominante, du politiquement correct avec en épicentre, la réflexion et des prises de décisions émanant de la société civile”. Débats, conférences, expositions, ici la parole et l’écoute sont liées, et chacun apporte ses idées. « Les idées doivent émaner de la population. C’est peu, 2000 habitants, mais ça a le mérite d’exister »
– L’autonomie ou indépendance énergétique. La plus grande centrale photovoltaïque d’Alsace se trouve ici, à Ungersheim. 7 bâtiments communaux et l’eau de la piscine sont chauffés grâce à des panneaux solaires. Ce n’est pas tout. “Dans le cadre des économies d’énergie 4 actions sont déployées sur l’éclairage public, le retrait total des produits phytosanitaires et des engrais chimiques, le remplacement des produits d’entretien issus de la pétrochimie par une gamme certifiée écologique et un suivi précis et régulier de l’efficacité énergétique.” indique la Mairie de la commune dans sa présentation.
– Le Dernier pôle est l’autonomie alimentaire. Et là on tire son chapeau. Une filière qui s’appelle “De la graine à l’assiette” a relevé le défi : grâce à 8 hectares d’exploitation maraîchère, elle emploie une trentaine de personnes, produit 300 paniers hebdomadaires et fournit tous les repas scolaires, déjeuners et goûters quotidiens, 100 % bio. Un jardin communal est également accessible à toute la population.

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Une vitrine des énergies renouvelables, un modèle humain et écologique

Chaufferie collective à bois, désherbage manuel des espaces verts, calèche pour le transport vers l’école, production 100 % bio, cours de jardinage, éducation et sensibilisation pour une alimentation saine, implication de chaque habitant dans le processus de transition…le Maire de Ungersheim, Monsieur Mensch (qui veut dire Homme en allemand, et pour le coup, c’est un homme un vrai !), est à la tête de sa commune depuis 1989. Depuis 11 ans, il s’applique à faire de son village une terre à part, un exemple de solidarité et d’autonomie.
Il a défini 21 projets pour “l’après pétrole”, 21 projets pour le XXIème siècle, car il est soucieux de l’avenir et de nos dépendances aux énergies fossiles. Pour lui et ses habitants, il faut repenser notre quotidien et revenir en arrière, lorsque l’on faisait tout avec presque rien. « L’écologie politique n’est pas assez pragmatique » raconte Jean Claude Mensh dans une interview donnée à Wedemain. Un homme comme lui, un maire aussi téméraire et bienveillant, a bâti un bout du monde meilleur, une parcelle de grandeur, une nouvelle pensée…un homme comme lui devrait venir à nous, grandes villes désorientées et hyperactives brassant du vent, pour nous aider à ouvrir un œil, et puis l’autre.




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Source : https://lareleveetlapeste.fr/village-francais-anticapitaliste-100-autonome-a-compris/

4 commentaires:

Je a dit…

« Nous ne sommes pas en démocratie ! » est le premier manifeste de La Relève et La Peste dans lequel Étienne Chouard met en lumière les limites de notre système électoral. Ce texte vous permet de mieux comprendre comment notre système d’élection est bridé par nature en facilitant abus et corruptions.

Nos hommes politiques ne nous représentent plus depuis longtemps mais une autre voie est encore possible, celle du tirage au sort citoyen. La politique devrait être au service du bien commun et ne doit plus être un choix de « carrière » professionnelle pour faire valoir ses intérêts personnels. Nous, citoyens, pouvons changer les règles du jeu et créer un réel contre-pouvoir. C’est à nous d’écrire les lois et non à une élite de nous les imposer ! Nous sommes tous le changement…

Je a dit…

Depuis le 13 juillet 2013, Ungersheim fait partie des rares communes françaises ayant lancé sa propre monnaie complémentaire.

Avant de procéder à son impression (financée par un sponsor), un concours a été lancé auprès de la population pour baptiser cette monnaie et c'est le RADIS ou RADIG (en alsacien) qui a remporté la mise. Ungersheim est une ville en transition.

Je a dit…

Une monnaie locale est, en sciences économiques, une monnaie non soutenue par un gouvernement national (qui n'a pas nécessairement cours légal), et destinée à n'être échangée que dans une zone restreinte. Les monnaies de ce type sont également appelées monnaies complémentaires. Elles prennent de nombreuses formes, aussi bien matérielles que virtuelles. Parler de monnaie locale, c'est s'inscrire dans un discours économique particulier. Il en existe plusieurs milliers dans le monde et plusieurs dizaines en France (Sol-violette à Toulouse, Stück à Strasbourg, etc.).

Plus d'informations à : https://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_locale

Je a dit…

Le réseau des villes en transition est un mouvement social qui rassemble des groupes animant dans leur commune une initiative de transition, c'est-à-dire un processus impliquant la communauté et visant à assurer la résilience (capacité à encaisser les crises économiques et/ou écologiques) de la ville face au double défi que représentent le pic pétrolier et le dérèglement climatique.

Ce mouvement s'inspire d'un exercice de descente énergétique locale, effectué en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l'université de Kinsale (Irlande) sous la direction de Rob Hopkins, formateur et enseignant en permaculture. La première mise en application a été initiée en 2006 dans la ville de Totnes au Royaume-Uni. Depuis, le mouvement est devenu international et compte plus de 460 initiatives officielles2.

L'originalité du mouvement des initiatives de transition par rapport aux mouvements écologistes ou sociaux existants tient en plusieurs points. Tout d'abord, la vision de l'avenir est résolument optimiste, et les crises sont vues comme des occasions de changer radicalement la société actuelle. La deuxième originalité est que le mouvement concerne la communauté dans son ensemble car c'est cette dernière qui doit porter le changement. L'action ne doit pas exclusivement venir des gestes individuels quotidiens, ni des instances politiques via la législation. C'est pourquoi le mouvement des initiatives de transition est apartisan et choisit généralement d'éviter les confrontations (manifestations…). Ensuite, le mouvement a développé une théorie psychologique inspirée de celle des traitements des dépendances toxicologiques pour tenter de traduire le désespoir ou le déni souvent consécutifs à la découverte du pic pétrolier et de notre dépendance au pétrole, en actions concrètes. Cette originalité semble à la source du succès que connaît le mouvement des villes en transition, mais elle suscite aussi des critiques, notamment sur le manque d'engagement politique.

Étant donné le succès assez large de la notion de « transition » dans le vocabulaire politique et institutionnel, il est important de distinguer le réseau des villes en transition (un mouvement social coordonné) par rapport aux autres acceptions plus vagues et plus générales comme la transition énergétique.

Plus d'information à : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_en_transition