vendredi 28 juillet 2017

Armée zapatiste de libération nationale

Armée zapatiste de libération nationale
EZLN
Image illustrative de l'article Armée zapatiste de libération nationale

Idéologie Anarcho-communisme
Anarchisme socialiste
Indigénisme
Socialisme autogestionnaire
Objectifs Autonomie des communautés indigènes du Chiapas.
Statut Actif
Fondation
Pays d'origine Drapeau du Mexique Mexique
Actions
Mode opératoire guérilla et propagande
Zone d'opération Chiapas
Période d'activité Depuis 1994
Organisation
Chefs principaux Sous-commandant Marcos (jusqu’en mai 2014) Sous commandant insurgé Moises
Membres ±
Révolte au Chiapas

L'Armée zapatiste de libération nationale (espagnol : Ejército Zapatista de Liberación Nacional, EZLN) est un groupe révolutionnaire politico-militaire insurgé basé au Chiapas, l'un des États dont les habitants sont parmi les plus pauvres du Mexique, pays qui est depuis ces dernières années une importante puissance économique mondiale en termes de PIB.
L'EZLN affirme représenter non seulement les droits des populations indigènes, au nombre de 957 255 personnes appartenant à diverses ethnies (soit 22,3 % de la population du Chiapas en 2005, ces diverses ethnies sont les descendantes des mayas et représentent moins de 1 % de la population totale du Mexique qui compte plus de 112 millions d'habitants) mais aussi de toutes les minorités.
L'organisation est devenue pour certains un symbole de la lutte altermondialiste.

Sommaire

Choix du nom

Le nom vient du révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata, à l'instar de très nombreuses associations civiles, groupements d'agriculteurs et autres, et ce, dès les années 1920 au Mexique. Les membres de ce groupe se considèrent comme les héritiers de Zapata (qui n'était pas un indigène) et les héritiers de 500 ans de résistance indigène à l'impérialisme.
En 1858, le Mexique fut le premier pays ibéro-américain à avoir un président d'origine indigène « pure » en la personne de Benito Juárez. Le général Victoriano Huerta, également d'origine indigène, se proclamera lui-même président en 1913. Juárez et Huerta ne se réclamèrent jamais de leurs origines indigènes, ils agirent toujours en citoyens mexicains.

Caractéristiques

Bien que les membres de l'EZLN portent un uniforme et une arme, celle-ci diffère des mouvements de guérilla classiques. Elle a publiquement déclaré s'être soulevée en 1994 pour attirer l'attention sur la condition des indigènes au Chiapas, mais aussi ne pas vouloir réutiliser ses armes. Les zapatistes ont un slogan : « ¡Ya basta! » (« Ça suffit ! ») qui fait référence à l'inefficacité qu'elle attribue aux méthodes de lutte politique traditionnelles (parti politique par exemple). En certaines occasions, les zapatistes malgré leur déclaration de guerre se sont rendus avec l'accord du gouvernement à Mexico pour y défendre leurs idées. L'attitude non-violente du mouvement est une des raisons de la longévité de l'EZLN et aussi de la relative popularité qu'elle rencontre selon elle au sein de la population.

Histoire

L'EZLN déclare avoir été créée le par d'anciens membres de groupes issus du mouvement universitaire de 1968 au Mexique certains favorables à la lutte armée, d'autres pacifistes.
Ses revendications principales étaient « travail, terre, logement, alimentation, santé, éducation, indépendance, liberté, démocratie, justice et paix » (Première Déclaration de la Forêt Lacandone).
Les zapatistes affirment avoir opté pour la voie armée pour faire face au peu de résultats obtenus par les formes pacifiques de protestations.
Le 25 mai 2014, le Sous-commandant Marcos annonce par un communiqué renoncer à la direction de l'EZLN.

Soulèvement du 1er janvier 1994


Un Zapatiste cagoulé jouant du Guitarrón

Après dix années de préparation et d'organisation clandestine dans les villages de la jungle (selva) et des hauts plateaux (los altos) du Chiapas commence, le , une insurrection indigène. Ce soulèvement a lieu le jour même de l'entrée en vigueur de l'ALENA entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, la date est donc choisie pour montrer un rejet du néolibéralisme
Les combattants zapatistes, au visage caché par des paliacates ou des passe-montagnes, déclarent la guerre au gouvernement fédéral et à son armée, et parviennent à occuper San Cristóbal de Las Casas (Prise de San Cristóbal de Las Casas ), Las Margaritas, Altamirano et Ocosingo.
Après douze jours de guerre menée par l'EZLN, dont le bilan varie entre 46 morts (selon l'EZLN) et 145 (selon le gouvernement), le gouvernement décrète un cessez-le-feu unilatéral sous la pression de la société civile nationale et internationale, et entame un premier dialogue avec l'EZLN dans la cathédrale de San Cristóbal de Las Casas. L'évêque de San Cristóbal, Samuel Ruiz García, sert de médiateur. Pour prouver sa bonne volonté, le gouvernement libère les prisonniers zapatistes et l'EZLN livre son unique otage, le général Absalón Dominguez, ancien gouverneur du Chiapas.

Déplacement de personnes

Selon le directeur du PNUD au Chiapas, Oscar Torrens, en 1994 l'insurrection zapatiste a fait fuir principalement de la région d'Ocosingo et de Las Margaritas 6 000 familles chiapanèques soit plus de 20 000 personnes, pour la plupart des indigènes tzeltales propriétaires de leurs terres et sympathisants du PRI ou membres d'organisations liées à ce parti, ces indigènes n'ont pas retrouvé leurs terres prises et occupées par l'EZLN et se sont pour certains d'entre eux, rapprochés des villes, survivant en travaillant dans la construction ou la vente dans les rues, perdant ainsi leur mode de vie traditionnel.

Déclaration de guerre de l'EZLN

Traduction du texte signé par la Comandancia General del EZLN, Selva Lacandona, Chiapas, Mexico, fin 1993 :
« Déclaration de guerre à l'armée mexicaine, pilier basique de la dictature dont nous souffrons, monopolisée par le parti au pouvoir et dirigée par l'exécutif fédéral que détient aujourd'hui son chef suprême et illégitime Carlos Salinas de Gortari.
Conformément à cette déclaration de guerre nous demandons que les autres pouvoirs de la nation s'engagent à restaurer la légalité et la stabilité du pays en déposant ce dictateur. Peuple du Mexique nous, hommes, femmes, intègres et libres, sommes conscients que la guerre que nous déclarons est un moyen ultime mais juste.
Les dictateurs appliquent une guerre génocidaire non déclarée contre nos peuples, c'est pourquoi nous te demandons ta ferme participation en appuyant ce plan qui est celui du peuple mexicain qui lutte pour le travail, la terre, un toit, manger, la santé, l'éducation, l'indépendance, la liberté, la démocratie, la justice et la paix.
Nous déclarons que nous ne cesserons de combattre jusqu'à l'obtention des demandes de notre peuple et d'avoir formé un gouvernement national libre et démocratique.
Rejoins les forces insurgées de l'armée zapatiste de libération nationale. »

Les accords de San Andrés

Le dialogue avec le gouvernement s'étend sur deux années et se conclut par la signature des accords de San Andrés le sur les droits et culture des populations indigènes qui spécifient des modifications à apporter à la Constitution de 1917.
Une fois ces accords votés par le représentant du gouvernement et l'EZLN, le président Ernesto Zedillo Ponce de León qui n'a pas le pouvoir de modifier la Constitution réfute cette signature. L'EZLN annonce alors que les promesses à la table des négociations n'ont pas été respectées et forme 38 « municipalités autonomes », mettant en œuvre unilatéralement les accords. Le président Zedillo augmente alors la présence militaire dans cette région.
Les zapatistes font, à partir de janvier 1996, un appel à l'organisation d'une rencontre internationale : il se concrétise par une « Première rencontre intercontinentale pour l'humanité et contre le néolibéralisme » qui s'est tenue à Aguascalientes en juillet-août 1996.

Début de la guerre de basse intensité

Le gouvernement utilise une stratégie de guerre de basse intensité pour répondre à l'insurrection armée, créant dès 1995 une unité spéciale de contre-insurrection, les Grupos Aeromóviles de Fuerzas Especiales (GAFES). Il arme et forme différents groupes paramilitaires composés d'indigènes (surtout Paz y Justicia et Máscara Roja) liés au parti alors au pouvoir, le PRI. Ces groupes paramilitaires se développent, agissent et tuent, avec la tolérance voire le soutien actif d'éléments des forces militaires. En août 2009, la diffusion par la National Security Archive (Archives de la sécurité nationale des États-Unis) de documents de la Defense Intelligence Agency (DIA) déclassés montre le soutien direct de l’armée mexicaine aux paramilitaires dans le cadre de la guerre de contre-insurrection.
Le a lieu le massacre d'Acteal où 45 hommes, femmes et enfants de l'association chrétienne tzotzil Las Abejas en prière furent assassinés par des paramilitaires indigènes opposés aux zapatistes.

Les années 2000

En 2001, le président Vicente Fox Quesada, après avoir promis de résoudre le conflit en 15 minutes, soumet le projet de « loi COCOPA » au Congrès — il s'agit en fait d'une modification constitutionnelle — dès les premiers jours de son mandat (le ). Le sous-commandant Marcos et vingt-trois commandants zapatistes se rendent sans armes à Mexico avec l'accord et la protection du gouvernement pour parler devant le Congrès et plaider pour les amendements. Après avoir réalisé une marche accompagnée par une caravane internationale dans douze États mexicains où ils reçoivent selon eux une importante couverture médiatique, les représentants de l'EZLN et du Congrès national indigène prennent la parole au Congrès mexicain le .
Peu après que l'EZLN soit retournée au Chiapas, le Congrès vote une version différente de la loi qui n'inclut pas les clauses concernant l'autonomie. Le gouvernement explique alors cette suppression par la contradiction entre l'autonomie et la Constitution, issue de la révolution de 1910 et promulguée par Venustiano Carranza en 1917. Ces changements révoltent alors l'EZLN et le Congrès national indigène, mais ni le PRI, ni le PRD (tous deux membres de l'Internationale socialiste), ni le PAN ne changèrent de position. Ces événements, considérés par les zapatistes comme une trahison, conduisent à une certaine radicalisation de l'EZLN.
Après cela, un recours constitutionnel est traité par la Cour suprême fin 2002. L'arrêt établit que les changements constitutionnels ayant été menés par le Congrès et non par une loi, il n'était pas du ressort de la Cour suprême d'annuler ces changements, car ce serait une atteinte à la souveraineté du Congrès. Après cet événement, ainsi que la victoire électorale de Vicente Fox du PAN membre de l'Internationale démocrate centriste (IDC) en 2000 (la première victoire d'un membre de l'opposition depuis la fin de la révolution mexicaine), les zapatistes critiquent Vicente Fox qui selon eux aurait cherché à les récupérer sans jamais avoir donné accès à leurs revendications. Ils rompent alors le processus de dialogue et s'engagent dans l'application pratique et unilatérale des accords sur l'autonomie des peuples indigènes signés à San Andrés.
En 2003, le porte-parole du mouvement, le sous-commandant Marcos, présenta dans Le Calendrier de la résistance plusieurs éléments détaillant la situation des autochtones et le travail effectué par des groupes d'activistes dans douze régions du pays.

Faits récents

  • Le 10 avril 2004 une attaque lancée par des militants du PRD de Zinacatán appuyés par des forces de police locales contre une marche pacifique de l'EZLN, a fait une dizaine de blessés de part et d'autre 
  • 2005 : Sixième Déclaration de la forêt Lacandone.
  • 2006-2007 : La Otra Campaña (tour qui était prévu dans les 31 États du Mexique) destiné selon l'EZLN « à réveiller les consciences à travers le pays ».
  • En a lieu la deuxième rencontre entre les peuples zapatistes et les peuples du monde (El segundo encuentro de los pueblos zapatistas con los pueblos del mundo). Durant une semaine, plus de 2 000 sympathisants de tous les continents viennent assister à des conférences et tables rondes et rencontrer les zapatistes dans les communes autogérées.
  • En décembre 2008 plusieurs affrontements entre indigènes et sympathisants de l'EZLN eurent lieu. Le mercredi 7 janvier 2009 des paysans indigènes partisans du PRI de San Sebastián Bachajon affrontèrent des militants de l'EZLN.
  • Le jeudi 8 janvier 2009 des affrontements à coups de pierres et de machettes entre paysans indigènes de l'organisation COCIPEL et des membres de l'EZLN ont fait une quinzaine de blessés. Ces événements font suite à plusieurs incidents depuis décembre 2008. La dispute pour des terres près d'Ocosingo semble en être la cause.
  • Au début août 2009, quinze personnes ont été blessées dans des affrontements entre sympathisants de l'EZLN et des membres d'une association de caféiculteurs indigènes, l'ORCAO, pour des querelles concernant la possession des terrains à Bosque Bonito.
  • Le 6 février 2010,à Agua Azul, des membres du PRI viennent réclamer la libération d'un juge retenu prisonnier par l'EZLN. Ces membres, selon toute vraisemblance, ouvrirent le feu, et la bataille qui suivit fit trois morts et 28 blessés (dont treize par balle). Mi février 2010, selon certaines sources, une personne est tuée par balle, par des sympathisants de l'EZLN à Tumbalá. Il s'agit d'un paysan, suspecté d’appartenir à l’organisation paramilitaire OPDIC et d’avoir fomenté des actions pour récupérer des terres en zone zapatiste. L'EZLN affirme dans un communiqué avoir été agressée sur son territoire par un large groupe armé prêt à l’affrontement. Les organisations de défense des droits de l'homme ont plusieurs versions contradictoires de ces évènements. Il est difficile de savoir ce qui s'est passé réellement. Il est cependant certain qu'il s'agissait d'un territoire zapatiste.
  • Le 1er mars 2010 les membres de l'EZLN de la communauté de Mitzitón opposés à la construction d'une autoroute qui selon eux nuirait à leur environnement dénoncent les agressions de groupes appartenant à l'Ejército de Dios ou au groupe paramilitaire Alas de Aguila. Ces attaques auraient fait huit blessés par balles, il y a aussi trois détenus par les autorités.
  • Le 21 juin 2010 deux indigènes membres de la communauté de El Pozo, municipalité de San Juan Cancuc, Chiapas ont perdu la vie et plusieurs ont été blessés par balle et hospitalisés à la suite d'un affrontement avec des intégrants de l'EZLN porteurs d'armes à feu. Les indigènes de la communauté de El Pozo étant en conflit avec les zapatistes auxquels ils reprochent de ne pas leur payer la fourniture d'eau et d'électricité. Les Zapatistes dénoncent quant à eux une manipulation de l’information, déclarant s’être trouvés en état de légitime défense face à une attaque d’un grand nombre de personnes armées de machettes et d’outils.
  • Le 3 février 2011, le gouvernement déclare avoir sauvé 17 touristes d'une prise d'otage par l'EZLN à Agua azul. Cette thèse est reprise par nombres de journaux mexicains et étrangers. Il s'agit en fait d'un mensonge : aucun zapatiste n'était présent sur place, il s'agit d'une action de La Otra Campaña. De plus, les 17 touristes ont refusé de signer la thèse proposée par la police d'un enlèvement, et déclarent avoir été simplement retardés. En ce qui concerne l'arrestation ayant suivi, l'organisation mondiale contre la torture appelle le gouvernement mexicain à relâcher les prisonniers pour cause de détention arbitraire, d'absence de traduction, d'absence de garantie judiciaire, de crainte pour la sécurité physique et morale des prisonniers (un prisonnier ayant un retard mental important).
  • Le 21 décembre 2012, 40 000 zapatistes sont réapparus en faisant une marche silencieuse dans les rues de San Cristóbal de Las Casas, mais aussi d'Ocosingo.
  • Le 31 décembre 2012, dans un communiqué le comité clandestin révolutionnaire indigène revient sur les six dernières années de lutte et d'auto-organisation au sein des communautés, il s'adresse directement aux différents échelons du pouvoir mexicain (gouvernement fédéral, régional et municipal), et réaffirme ses positions exprimées dans la sixième déclaration de la foret de Lacandone.
  • Le 14 février 2013 le sous-commandant Marcos présente celui qu’il aimerait voir lui succéder, le sous-commandant Moisés. Vétéran des luttes zapatistes, il est contrairement à Marcos un indigène chiapanèque.

Organisation


La pancarte indique en espagnol : « Vous vous trouvez en territoire rebelle zapatiste. Ici le peuple commande et le gouvernement obéit.
Zone nord. Conseil de bon gouvernement. Le trafic d'armes, la production et la consommation de drogues, de boissons alcoolisées et les ventes illégales d'essences d'arbres sont strictement interdites. Non à la destruction de la Nature. »
(Photo prise en 2005 sur l'autoroute 307, au Chiapas)

À partir de , les zapatistes constituent peu à peu des communes autonomes, indépendantes de celles gérées par le gouvernement mexicain. Marcos décrit comment ces communes mettent en œuvre des pratiques concrètes d'autogestion pour rendre leur fierté aux peuples indigènes, pauvres et qu'ils jugent trop méprisés par le pouvoir. Ainsi, l'EZLN met en œuvre des services de santé gratuits, des écoles là où il n'en existait pas, un système de justice, un système de police, tout cela avec le support de partenaires.
Ces municipalités autonomes sont regroupées par caracol, il en existe cinq : Morelia, municipalité de Amatán, La Realidad, municipalité de Ixtacomitán, Roberto Barrios, municipalité de Palenque, La Garrucha, municipalité de Ocosingo et Oventik.

Communication

L'EZLN accorde une priorité très importante à la communication, avec le Mexique mais aussi le monde. Dès leurs premières actions publiques, ses membres réalisèrent des déclarations et des analyses qu'ils firent parvenir aux médias locaux, nationaux et internationaux. Ils ont aussi fait une utilisation importante de la technologie, les téléphones satellites et Internet leur ont servi à communiquer avec des sympathisants d'autres pays, les aidant ainsi à gagner la solidarité internationale et le soutien d'autres organisations.
Tout autant que le fond du discours, ce qui a frappé dans le mouvement zapatiste, et ce dès le , c'est son mode de communication. En diffusant communiqués, contes, déclarations, lettres aux uns et aux autres, le mouvement zapatiste, mais surtout sa figure « visible », le sous-commandant Marcos, a suscité l'attention, la surprise, parfois les railleries, mais aussi l'indifférence et l'hostilité.

Idéologie

Non-utilisation des armes

Depuis quelques années maintenant, les zapatistes affirment être armés mais ne pas vouloir s'en servir. Ces méthodes presque non-violentes peuvent expliquer l'aura entourant le mouvement.

Changer le monde sans prendre le pouvoir

Plusieurs fois, Marcos a déclaré que l'objectif de l'EZLN n'était pas de prendre de force le pouvoir, et d'imposer par le haut sa vision de la société, mais d'être des rebelles sociaux qui luttent pour une société plus juste, plus démocratique. En cela, le mouvement zapatiste constitue une critique du guévarisme et du léninisme et de l'idée (et la pratique qui en a découlé) orthodoxe dans le marxisme qu'une révolution communiste doit se faire en premier lieu par une prise de pouvoir étatique. On peut ainsi rapprocher ces idées de la tradition anarchiste, prônant une révolution « contre » le pouvoir et non « pour » le pouvoir. La prise du pouvoir, que ce soit par la force ou l'électoralisme, perpétue le système de hiérarchie coercitive, ce que les zapatistes veulent supprimer. Il faut donc partir du bas : modifier les consciences individuelles, pour arriver à un changement spontané.

Pour l'autonomie

Les zapatistes ne recherchent pas l'indépendance (de leur mouvement ou du Chiapas) mais l'autonomie (la libre détermination des peuples indigènes, comme convenu lors des accords de San Andres) Pour cela, ils ont décidé en 2003 d'ouvrir des caracoles leur permettant de s'organiser (système parallèle de justice, de santé, d'éducation, de police, de gouvernance) Les zapatistes utilisent le drapeau mexicain pour montrer leur appartenance à ce pays (lors de la médiation de janvier 1994, dans chaque caracol...). En cela, ce mouvement ne cherche pas à être généralisé partout dans le monde, mais appelle chaque individu à créer dans son pays des espaces de luttes en s'inspirant de ces actes. Avec le système éducatif autonome et la formation des promotores d'éducation (qui remplissent la tâche d'instituteurs et d'institutrices dans les communautés) dans les écoles secondaires rebelles comme celle d'Oventic – dans les Hautes Terres du Chiapas, la région tsotsil autour de San Cristóbal de las Casas –, se met en place le système correspondant au niveau de la santé : la formation des promotores de salud (promoteurs de santé) et la création de dispensaires (clinicas autonomas) dans les Caracoles et les communes rebelles.
Les instances zapatistes accepteraient l'aide d'associations de la société civile, nationale et internationale, mais refuseraient toute aide gouvernementale mexicaine.
Médecins du monde qui a fermé sa mission d'Altamirano au Chiapas en janvier 2010 où elle soignait des indigènes tuberculeux, ne fait à aucun moment mention d'une collaboration avec l'EZLN.

Souvent catholiques

Bien que le mouvement ne s'en déclare pas, les symboles chrétiens sont souvent présents. L'apport de la théologie de la libération par le biais de l'épiscopat de Don Samuel Ruiz Garcia est visible.

Contre le néolibéralisme

Le mouvement zapatiste a été connu lors du soulèvement du 1er janvier 1994, jour de l'entrée du Mexique dans le protocole de l'ALENA. Il s'est dès le début défini par son opposition au système capitaliste et son refus des politiques néolibérales.

Gouverner en obéissant

Pour les zapatistes, ceux qui gouvernent doivent le faire en obéissant au peuple (c'est le slogan mandar obedeciendo). Ils ne doivent pas chercher à prendre le pouvoir, ni se laisser tromper par celui-ci.
Idée déjà émise par Henri Barbusse (que Marcos étudia) dans ses écrits et qui fut très largement connue de par le monde à la suite de son discours au Congrès mondial contre la guerre qui eut lieu à Amsterdam et qui réunit 2 185 délégués de 27 pays, ce à l'appel d'Albert Einstein et de Romain Rolland en août 1932.
Concrètement, les hommes et les femmes qui forment ces conseils sont élus par les municipios autonomos (municipalités autonomes) et siègent tour à tour, par rotation suivant en général des périodes d'une semaine. Les principes de ce mécanisme original sont détaillés dans le texte du sous-commandant Marcos intitulé La treizième stèle publié en juillet 2003 (dernière partie du Calendrier de la résistance).
Ces conseils siègent dans les cinq centres civils construits par les paysans zapatistes, d'abord appelés Aguascalientes (en mémoire de la convention entre les partisans de Francisco Villa et ceux d'Emiliano Zapata dirigée contre Venustiano Carranza durant la guerre civile entre factions révolutionnaires) puis devenus Caracoles (littéralement escargots, symbolisant une dynamique en spirale).

Financement actuel et origines des fonds qui ont permis la constitution de l'EZLN

On ne connaît pas exactement l'origine des fonds qui permirent l'organisation, l'équipement, la maintenance et la solde des effectifs ainsi que le paiement des moyens techniques de communication de l'EZLN. Selon Salvador Garibay Morales, dit le sous-commandant « Daniel », un des premiers chefs et fondateur de l'EZLN, celle-ci aurait accumulé des fonds par le trafic d'armes achetées aux États-Unis et par le détournement de fonds divers provenant de l'aide du gouvernement fédéral.
Le financement de l'EZLN est fait au moins en partie par des dons que les « zapatouristes » font au mouvement.
Le financement par la fortune familiale de Rafael Sebastián Guillén Vicente dont la famille serait une des plus riches du Mexique, membres pour la plupart du PRI, et dont une des sœurs, Mercedes del Carmen, exerce de hautes responsabilités dans ce parti, serait possible.

Effectifs et armement

Selon l'organisation américaine START (National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism), l'EZLN compterait plus de 5 000 membres. Cependant, le 21 décembre 2012, entre 30 000 et 40 000 zapatistes cagoulés défilent dans les rues de plusieurs municipalités Chiapanèque, dont San Cristobal de las casas.


Sourcehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_zapatiste_de_lib%C3%A9ration_nationale

8 commentaires:

Je a dit…

Les mouvements altermondialistes regroupent divers acteurs qui, opposés à ce qu'ils appellent le « mondialisme néolibéral », jugé injuste et dangereux, revendiquent la mise en place d'une autre mondialisation. Leur diversité incite à parler davantage de mouvance que de mouvement au singulier. L'altermondialisme met en avant des valeurs comme la démocratie, la « justice économique et sociale », la protection de l'environnement et les droits humains. Il s'agit donc pour ses acteurs de concevoir et d’œuvrer à une mondialisation maîtrisée et solidaire, par opposition à la mondialisation actuelle ou mondialisme.

Hétérogène, marqué par une culture qui pourrait se rattacher à la tradition libertaire ou à l'écologie radicale, le mouvement oscille entre réformisme (par exemple à travers la revendication d'une Taxe Tobin proposée par Attac) et radicalisme, mais se rassemble autour du slogan « Un autre monde est possible » ou plus récemment, « D'autres mondes sont possibles ».

Néanmoins, on distingue des prises de position et des revendications communes à de nombreuses organisations concernant :

- une contestation de l'organisation interne, du statut et des politiques des institutions mondiales, telles que l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI), l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le G8 et la Banque mondiale ;
- des revendications de démocratie selon les différentes orientations politiques ;
- la justice économique ;
- l'autonomie des peuples ;
- La surexploitation des ressources pas, peu, lentement, difficilement ou coûteusement renouvelables. Par exemple certains auteurs, attribuant à la libre concurrence et aux subventions la responsabilité de l'aggravation de la surpêche, plaident pour une « altermondialisation halieutique » ;
- la protection de l'environnement ;
- les droits humains fondamentaux ;
- une recherche d'alternatives, globales et systémiques, à l'ordre international de la finance et du commerce.

Ces thèmes se retrouvent d'une part dans un certain nombre d'ouvrages, de films ou encore de médias, d'autre part dans des textes de diverses organisations du mouvement altermondialiste : plate-forme proposée par Attac, manifestes ou rapports élaborés durant les forums sociaux mondiaux, dont le manifeste de Porto Alegre, des textes de l'Organisation des Nations unies de déclarations de droit et d'autonomie dont les altermondialistes « réformateurs » veulent l'application concrète.

Je a dit…

Rafael Sebastián Guillén Vicente, dit « sous-commandant Marcos », est un militant altermondialiste mexicain qui a été le porte-parole de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN).

Appelé, dans le cadre de La Otra Campaña (l'« Autre Campagne », mouvement civil lancé à l'initiative des zapatistes, en 2006, pour se démarquer de la campagne électorale mexicaine), El Delegado Zero (le délégué zéro), il était le dirigeant principal et porte-parole de l'EZLN, groupe armé révolutionnaire mexicain, dont les membres sont actifs au Chiapas depuis leur soulèvement en 1994. Blanc d'origine espagnole revendiquant de combattre à l'origine pour les indigènes et la justice sociale, il s'est également rapproché du mouvement altermondialiste.

Il a annoncé en mai 2014 qu'il renonçait à la direction du mouvement et prenait le nom de « sous-commandant Galeano » en mémoire d’un compagnon tué.

Voir son portrait à : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sous-commandant_Marcos

Je a dit…

Carlos Salinas de Gortari né le 3 avril 1948 à Mexico, Mexique, est un homme politique mexicain, président de la République entre 1988 et 1994.

Il fut président de la République des États unis mexicains de 1988 à 1994. Élu avec un programme de privatisation des industries du secteur public, son élection est controversée, car le système informatique de la commission électorale tomba en panne lors de la compilation des résultats alors que son adversaire, Cuauhtémoc Cárdenas, tenait une confortable avance. Lorsque le système informatique est relancé, Salinas de Gortari se retrouve soudainement propulsé en tête et est élu. Le Congrès du Mexique décida toutefois de ne pas faire d'enquête.

Salinas de Gortari signa notamment l'ALENA durant son mandat et privatisa de nombreuses entreprises d’État. Le Mexique connait durant ces années une forte croissance économique et se développe une « nouvelle classe entrepreneuriale » extrêmement riche comprenant de plus en plus de milliardaires, mais au prix d'inégalités croissantes. La crise économique qui suivit le mandat de Salinas de Gortari provoqua toutefois de vives critiques contre cette politique.

Il quitta la présidence avec une forte renommée internationale, et fit campagne pour prendre la tête de l'Organisation mondiale du commerce. Moins d'un mois plus tard, le nouveau président Ernesto Zedillo Ponce de León, qui avait été son ministre du budget et plus tard de l'éducation, dévalua le peso mexicain d'environ 200 % (le peso perdant les deux-tiers de sa valeur par rapport au dollar américain). Cette décision, qualifiée ensuite « d'erreur de décembre », plongea le pays dans une crise économique profonde, et l'opinion publique reprocha à Salinas une mauvaise gestion économique qui aurait forcé la dévaluation.

Salinas s'exila ensuite volontairement en Irlande où il se remaria et écrivit un livre défendant sa politique économique, et rejetant la responsabilité de la crise sur Zedillo : Mexico: The Policy and the Politics of Modernization.

Je a dit…

Ernesto Rafael Guevara (né le 14 juin 1928 à Rosario, Argentine – mort le 9 octobre 1967 à la Higuera, Bolivie), plus connu comme « Che Guevara » ou « le Che » (prononcé communément /(t)ʃe.ɡe.va.ra/ en français et /t͡ʃe.ɡeˈβa.ɾa/ en espagnol), est un révolutionnaire marxiste et internationaliste argentin ainsi qu'un homme politique d'Amérique latine. Il a notamment été un dirigeant de la révolution cubaine, qu'il a théorisée et tenté d'exporter vers d'autres pays.

Alors qu'il est jeune étudiant en médecine, Guevara voyage à travers l'Amérique latine, ce qui le met en contact direct avec la pauvreté dans laquelle vit une grande partie de la population. Son expérience et ses observations l'amènent à la conclusion que les inégalités socioéconomiques ne peuvent être abolies que par la révolution. Il décide alors d'intensifier son étude du marxisme et de voyager au Guatemala afin d'apprendre des réformes entreprises par le président Jacobo Arbenz Guzmán, renversé quelques mois plus tard par un coup d'État appuyé par la CIA. Peu après, Guevara rejoint le mouvement du 26 juillet, un groupe révolutionnaire dirigé par Fidel Castro. Après plus de deux ans de guérilla durant laquelle Guevara devient commandant, ce groupe prend le pouvoir à Cuba en renversant le dictateur Fulgencio Batista en 1959.

Dans les mois qui suivent, Guevara s'installe dans la prison de La Cabaña. Il est désigné procureur d'un tribunal révolutionnaire qui exécute plus d'une centaine de policiers et militaires du régime précédent jugés coupables de crimes de guerre. Puis il crée des camps de « travail et de rééducation ». Il occupe ensuite plusieurs postes importants dans le gouvernement cubain qui écarte les démocrates, réussissant à influencer le passage de Cuba à une économie du même type que celle de l'URSS, et à un rapprochement politique avec le Bloc de l'Est, mais échouant dans l'industrialisation du pays en tant que ministre. Guevara écrit pendant ce temps plusieurs ouvrages théoriques sur la révolution et la guérilla.

En 1965, après avoir dénoncé l'exploitation du tiers monde par les deux blocs de la guerre froide, il disparaît de la vie politique et quitte Cuba avec l'intention d'étendre la révolution. Il se rend d'abord au Congo-Léopoldville, sans succès, puis en Bolivie où il est capturé et exécuté sommairement par l'armée bolivienne entraînée et guidée par la CIA. Il existe des doutes et de nombreuses versions sur le degré d'influence de la CIA et des États-Unis dans cette décision.

Après sa mort, Che Guevara devient une icône pour des mouvements révolutionnaires du monde entier, mais demeure toujours l'objet de controverses entre historiens, à cause de témoignages sur des exécutions d'innocents, mais contestées par ses biographes. Un portrait de Che Guevara réalisé par Alberto Korda est considéré comme l'une des photographies les plus célèbres au monde.

Je a dit…

Le léninisme est une philosophie politique de type marxiste se revendiquant de Lénine, de ses écrits, de son action et de ses idées en matière d'organisation et de stratégie politiques. L'expression est d'abord apparue pour désigner les partisans de Lénine au sein du POSDR ; elle a ensuite désigné la pratique organisationnelle qui avait conduit au succès de la révolution d'Octobre, et a ensuite englobé dans son ensemble l'idéologie des bolcheviks, pour devenir la doctrine dominante du mouvement communiste durant le XXe siècle.

Le léninisme se distingue en premier lieu en faisant du parti politique l'élément moteur du processus révolutionnaire et de la lutte des classes, et en lui donnant un rôle dirigeant dans le cadre de la dictature du prolétariat. Le terme de léninisme est cependant utilisé pour englober non seulement les idées et la pratique politique de Lénine lui-même, mais également les différents courants qui se revendiquent d'interprétations — parfois contradictoires — de sa pensée.

À partir de l'époque stalinienne, l'expression marxisme-léninisme est utilisée pour désigner conjointement les versions du marxisme et du léninisme en vigueur en URSS et au sein de l'Internationale communiste puis, après la Seconde Guerre mondiale, dans l'ensemble des régimes communistes.

Je a dit…

La théologie de la libération est un courant de pensée théologique chrétienne venu d’Amérique latine, suivi d’un mouvement socio-politique, visant à rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclus et les libérant d’intolérables conditions de vie. Enracinée dans l’expérience biblique du peuple juif guidé par Dieu au-delà de la mer Rouge et à travers le désert — d’une terre d’esclavage (Égypte) à la Terre promise (Exode, ch. 12 et suivants) — elle est un « cri » prophétique pour plus de justice et pour un engagement en faveur d’un « Règne de Dieu » commençant déjà sur terre. La réflexion théologique part de la base : le peuple rassemblé lit la Bible et y trouve ressources et inspiration pour prendre en main son destin.

L’expression « théologie de la libération » fut utilisée une première fois par le prêtre péruvien Gustavo Gutiérrez lors du congrès de Medellín du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), en 1968. Il développa et articula sa pensée dans un livre Théologie de la libération paru en 1972 qui est largement considéré comme le point de départ du courant théologique. La même année, le presbytérien Rubem Alves soutenait sa thèse, Towards a theology of liberation.

Pour la pratique, l'instrument d'analyse et d'observation utilisé est inspiré du marxisme, même si les théologiens de la libération se distancent quasiment tous de l'idéologie marxiste. Elle prône la libération des peuples et entend ainsi renouer avec la tradition chrétienne de solidarité. Parmi ses représentants les plus célèbres, on compte les archevêques Hélder Câmara et Oscar Romero ou encore le théologien Leonardo Boff.

Dans son encyclique Sollicitudo rei socialis de 1987, Jean-Paul II fait largement appel au concept de « libération » (N°46) tout en rappelant quelques mises en garde faites par la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1984.

Je a dit…

Adrien Gustave Henri Barbusse, dit Henri Barbusse, né à Asnières le 17 mai 1873 et mort à Moscou le 30 août 1935, est un écrivain français.

La postérité se souviendra surtout du roman qu'il écrivit sur cette expérience Le Feu, prix Goncourt 1916, récit sur la Première Guerre mondiale dont le réalisme souleva les protestations du public de l'arrière autant que l'enthousiasme de ses camarades de combat. Il parut sous forme de feuilleton dans le quotidien L'Œuvre à partir du 3 août 1916, puis intégralement à la fin de novembre 1916 aux éditions Flammarion. En novembre 1917, Barbusse est cofondateur et premier président de l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC).

Je a dit…

En avril 1918 Henri Barbusse est appelé par Jean Longuet pour assurer la direction littéraire du journal Le Populaire. Le premier article qu'il signe dans ce quotidien, qui est alors l'expression de la « minorité » pacifiste du Parti socialiste, est titré « Les lettres et le progrès ». Fondateur du mouvement pacifiste « Clarté » et de la revue éponyme (1919-1924), il adhère au Parti communiste français en 1923 et se lie d'amitié avec Lénine et Gorki au cours de voyages qu'il fait en URSS. En avril 1926, appelé par Marcel Cachin et Paul Vaillant-Couturier qui ambitionnent de faire de L'Humanité un grand quotidien d'informations, il inaugure ses fonctions de directeur littéraire du journal communiste en dressant en « une » du journal la conception qu'il se fait de la littérature : rapprocher les intellectuels du peuple, susciter un art jeune tendu vers la libération des masses, effectuer une « critique rouge » de la littérature bourgeoise. Ce programme, il veut le mettre en pratique dans le projet qu'il porte d'une nouvelle revue. Il le réalise en 1928 en fondant la revue Monde (publiée jusqu'en 1935) avec des collaborations mondiales prestigieuses. La direction de cette revue est loin d'être un poste de tout repos : Barbusse doit se débattre entre les difficultés financières, les tournants politiques de l'Internationale communiste et du Parti communiste, et les fractures que ceux-ci occasionnent parmi les intellectuels français : débats sur la littérature prolétarienne, soumission ou non aux injonctions politiques, affaire « Victor Serge », etc.

Admirateur de la Révolution russe (Le Couteau entre les dents, 1921 ; Voici ce qu'on a fait de la Géorgie, 1929), il cherche à définir une « littérature prolétarienne ». Il fut l'un des instigateurs du mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel, dont il devient le président avec Romain Rolland et auquel adhéra notamment Albert Camus, dès la prise du pouvoir d'Hitler en Allemagne. Il fit plusieurs voyages en URSS et écrivit une biographie naïvement élogieuse de Staline (1935). C'est à l'occasion d'un de ces voyages qu'il décède à Moscou le 30 août 1935. Selon Arkadi Vaksberg, il serait mort empoisonné, sur l'ordre de Staline. Mais l'hypothèse est controversée, tant la santé de Barbusse, chancelante dès avant la guerre, avait été mise à l'épreuve par son intense activité nationale et internationale. Devenu une des figures emblématiques du Front populaire en France, acclamé par la foule qui avait envahi les rues de Paris lors du 14 juillet 1935, ses funérailles à Paris, le 7 septembre 1935, donnent l'occasion à la population parisienne de lui rendre un dernier hommage particulièrement important. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise, non loin du Mur des Fédérés, lieu symbolique de la mémoire populaire et ouvrière. Dès sa mort, de nombreuses municipalités baptisent de son nom des rues et des écoles, qui sont encore, au XXIe siècle, des vecteurs de sa mémoire.