La révolution mexicaine (en espagnol Revolución mexicana) est la série de soulèvements armés, de coups d'État et de conflits militaires entre factions qui se produisirent au Mexique entre 1910 et 1920.
La révolution commença le 20 novembre 1910 par l'appel de Francisco I. Madero à une insurrection contre la réélection à la présidence du général Porfirio Díaz. Après des débuts difficiles, le soulèvement qui avait connu ses premiers succès dans le nord du pays, s'étendit à d'autres régions, notamment au Morelos, où Emiliano Zapata luttait pour la restitution des terres communales spoliées par les grands propriétaires. La tournure des événements amena le président Díaz à démissionner en mai 1911.
Après avoir été élu président, Madero dut faire face tant à la désillusion de certains de ses partisans qu'à l'opposition des porfiristes. En février 1913, il fut assassiné après un coup d'État militaire orchestré par le général Victoriano Huerta. Ce dernier, après être devenu président, dut rapidement faire face à l'opposition déterminée :
- de Venustiano Carranza député fédéral et sénateur gouverneur provisoire sous Díaz de l'État de Coahuila,
- de Pancho Villa dans l'État de Chihuahua
- et d'Emiliano Zapata au Morelos.
Après plusieurs défaites de l'armée fédérale au printemps 1914, Huerta quitta le pays au mois de juillet. Des dissensions apparurent rapidement entre les différentes factions révolutionnaires, carrancistes, villistes et zapatistes.
Réunies lors de la Convention d'Aguascalientes en octobre 1914, ces factions n'arrivèrent pas à un accord durable et les combats reprirent. En 1915, le meilleur général carranciste, Álvaro Obregón, affronta et défit Francisco Villa au cours de plusieurs batailles sanglantes dans le centre puis le nord du pays. Emiliano Zapata fut également réduit à la défensive.
En 1916, Venustiano Carranza auto proclamé primer jefe était le seul à pouvoir prétendre au pouvoir suprême, même s'il ne contrôlait pas l'ensemble du pays et qu'il devait faire face à d'énormes problèmes socio-économiques. Après la promulgation d'une nouvelle constitution en 1917, Carranza fut élu président. Devenu progressivement impopulaire, il fut renversé en 1920 par le dernier coup d'État de la révolution, organisé par les partisans d'Obregón, qui fut ensuite élu président.
Commune de Basse-Californie
Le 29 janvier 1911, le Parti libéral mexicain planifie l'invasion du territoire de Basse-Californie du Nord, (Rebelión de Baja California ) pour en faire une base opérationnelle du PLM dans la guerre révolutionnaire.
Conduits par Simon Berthold et Jose Maria Leyva, les guérilleros (au nombre de 30) du PLM prennent Mexicali (300 habitants), en comptant sur la force de seulement 18 hommes, qui se retrouvent rapidement 500. Parmi eux, une centaine d'internationalistes armés sont membres de l'Industrial Workers of the World (Travailleurs Industriels du monde, syndicat révolutionnaire américain fondé en 1905) dont Frank Little (1879-1917) et Joe Hill (1879-1915), chanteur engagé. Jack London écrit une affiche en faveur de ces révolutionnaires, dans laquelle il garantit l’appui du cœur et de l’âme des « socialistes, anarchistes, vagabonds, voleurs de poules, proscrits et citadins indésirables des États-Unis d’Amérique ». Les tentatives des troupes fédérales pour reconquérir Mexicali échouent.
Le 8 mai 1911, Tijuana (100 habitants) est prise par les combattants du Parti libéral mexicain. Le district nord de la Basse Californie est maintenant presque entièrement entre leurs mains. Les magonistes incitent le peuple à prendre possession collectivement de la terre, à créer des coopératives et à refuser l'établissement d'un nouveau gouvernement. Durant cinq mois, ils vont faire vivre la Commune de Basse-Californie, expérience de communisme libertaire : abolition de la propriété, travail collectif de la terre, formation de groupes de producteurs, etc.
« Tierra y Libertad »
Le 23 septembre 1911, Regeneración publie un appel au peuple mexicain signé Ricardo Flores Magón, Anselmo L. Figueroa, Librado Rivera, Enrique Flores Magón et Antonio de P. Araùjo. Dans le style ampoulé de l’époque, le texte synthétise ce que, depuis plusieurs mois, le PLM propose comme orientation révolutionnaire. Ce nouveau manifeste, remplace le programme réformiste de 1906 tombé en désuétude et ne fait qu’entériner l’évolution communiste libertaire, bien que le terme ne soit jamais prononcé, de la direction du PLM : « Dans ces moments de confusion, si propices pour l’attaque contre l’oppression et l’exploitation ; dans ces moments pendant lesquels l’Autorité affaiblie, vacillante [...] les masses compactes de déshérités envahissent le pays, brûlent les titres et les actes officiels, s’emparent des terres de leurs mains créatrices et menacent de leurs poings tout ce qui était respectable hier... l’Autorité, le Capital et le Clergé. [...] Ceci, Mexicains, sont les premiers résultats pratiques de la propagande et de l’action des combattants du prolétariat, partisans généreux de nos principes égalitaires, de nos frères qui portent un défi à toutes les oppressions et à toutes les exploitations en poussant un cri de mort pour tous ceux qui sont en haut, mais un cri de vie et d’espoir pour tous ceux qui sont en bas… « Pour la Terre et la Liberté ! » L’expropriation doit être poursuivie sans trêve et à tout prix, pendant que le grand mouvement continue. »Les insurgés se rallient sous la bannière « Tierra y Libertad » (Terre et Liberté), devise de Regeneración depuis 1910 introduite au Mexique par Ricardo Flores Magón. Ce slogan souvent attribué à tort à Emiliano Zapata, est inspiré de l’œuvre d'Alexandre Herzen, l’ami de Bakounine issu du premier populisme russe, le groupe Zemlia i Volia de 1876.
Échec militaire
Cependant, Ricardo Flores Magón est considéré principalement par les madéristes mais aussi par d'autres révolutionnaires, comme « traitre à la patrie », car jugé internationaliste, car s'appuyant sur des anarchistes de diverses nationalités (notamment des États-Unis) dans les conflits intérieurs du pays. Le gouvernement, ainsi que la population mexicaine considèrent les éléments non mexicains comme des « flibusteros ».Ils sont finalement battus, en juin 1911, ce qui marque la fin de leur rêve d'établir une république socialiste libertaire en Basse Californie.
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