jeudi 20 juillet 2017

Macrocapitalisme, microcommunisme (2)

En 2008, j'écrivais le court texte suivant à mi-chemin entre la science-fiction et une ébauche de projet philosophico-politique :

"La société du futur, débarrassée des frontières obsolètes entre Etats, fonctionnera peut-être sur la dualité "macrocapitalisme" et "microcommunisme".
A l'échelle mondiale, c'est la loi du marché qui s'imposera : l'offre et la demande. La concurrence déterminera les relations entre les entreprises. On parlera alors de "macrocapitalisme".
Mais au niveau local, humain, c'est le système du "microcommunisme" qui fonctionnera. S'appuyant sur les principes de démocratie et d'égalitarisme, les travailleurs et les investisseurs coopéreront pour la réussite commune de leur entreprise.
"


Aujourd'hui, j'éviterais d'utiliser l'expression "la loi du marché" (sous-entendu la "main invisible du marché") parce que, d'une part, c'est quasiment de l'ordre de la croyance (spiritualisme philosophique), et d'autre part, je pense qu'il n'existe pas d'institutions ou de valeurs indubitablement vraies et justes (idéalisme philosophique). 
Ce sont les sociétés "hétéronomes" (pour reprendre l'adjectif défini par Cornelius Castoriadis) qui estiment qu'elles possèdent un fondement absolu, celui-ci pouvant être Dieu ou les dieux, les Ancêtres, la Nature Humaine, ou encore, dans un registre plus contemporain, les « lois » de l'histoire ou de l'économie.
La réalité concrète, très matérialiste (au sens philosophique du terme), c'est que ce sont les humains "autonomes" (à nouveau en reprenant l'adjectif de Cornelius Castoriadis) qui décident leurs propres règles, la loi, et non "le marché" qui impose sa loi. 

La société à laquelle j'aspire, "épicurienne", ou selon une autre formule contemporaine "de sobriété heureuse", serait structurée comme une constellation de microsociétés autonomes, autant que possible autosuffisantes, avec toutefois des liens culturels (éducation commune) et défensifs (sécurité vis-à-vis des agressions extérieures).

Cette fédération de communautés/communes s’appuierait sur l'institution d'une démocratie radicale, c'est-à-dire :
- à la fois d'une démocratie directe sur le plan politique, 
- et d'une autogestion de la production sur le plan économique (que je nommais à l'époque "microcommunisme").
Les relations entre ces communes et ces entreprises autogérées pourraient ensuite être "macrocapitalistes" dans le sens où chaque communauté serait propriétaire de sa commune, et où chaque groupe de travailleurs, y compris des individus isolés, seraient propriétaires (collectivement ou individuellement) de leur outil de production.  


PS : Deux précisions/corrections supplémentaires pour finir :

- par "égalitarisme", je voulais parler d'égalité politique de tous les citoyens, au sein de leur commune, et de tous les travailleurs, au sein de l'entreprise dont ils seraient les copropriétaires (associés);

- et quand j'écrivais "les travailleurs et les investisseurs coopéreront pour la réussite commune de leur entreprise.", j'ai commis une erreur, ou au minimum écrit une ambiguïté. Travailleurs et investisseurs seront les mêmes personnes. Et dans le cas où une banque (voire plutôt une mutuelle) investirait dans une entreprise, elle ne pourrait pas en devenir propriétaire. Ce statut de propriétaire revenant exclusivement aux travailleurs de la dite entreprise.  Ce serait la fin du capitalisme tel que nous le connaissons aujourd'hui : "la propriété lucrative" (selon l'expression de Bernard Friot).

2 commentaires:

Je a dit…

Dans le domaine socio-économique, la main invisible est une expression (forgée par Adam Smith) qui désigne la théorie selon laquelle l'ensemble des actions individuelles des acteurs économiques, guidées (par définition) uniquement par l'intérêt personnel de chacun, contribuent à la richesse et au bien commun.

Je a dit…

La vérité est plutôt que la main "invisible" peut être :

- "de velours" quand elle sert à corrompre les politiciens (l'économiste Kevin O'Rourke disait d'ailleurs : "Quand les règles de l'achat et de la vente sont fixées par la loi, la première chose à acheter est le législateur"),

- ou "de fer", quand les banquiers qui contrôlent la monnaie provoquent volontairement une récession ou une guerre pour soumettre les gouvernements à leur volonté (cf. "La guerre des monnaies" du Chinois Hongbing Song).