Voici un couple de sociologues qui cogne dur et parle clair. Entretien
avec Monique et Michel Pinçon-Charlot, autour de leur livre «La violence
des riches - Chronique d'une immense casse sociale» (Editions Zones -
La Découverte 2013).
Réalisation : Yannick Bovy -- Janvier 2014 - 26 mn.
Une émission proposée par la FGTB wallonne & produite par le CEPAG
Source : https://youtu.be/Ys3cjJlTcDE
Qu'est-ce que cette violence des riches ?
La première violence est objective, économique, par la mise au chômage de millions de Français par les délocalisations. La deuxième violence est insidieuse : la servitude involontaire résultat de différentes manipulations.
Qui sont les riches ? Qu'est-ce que la richesse ?
C'est la possibilité de vivre de son patrimoine. L'activité professionnelle éventuelle est secondaire.
C'est une véritable classe sociale (finance, politique, médias, etc.) sans chef d'orchestre autre que la défense de leurs intérêts.
Quels sont les mécanismes de la domination ?
Il s'agit bien d'une lutte de classe, des riches contre les peuples.
En France, lors de la crise de 2008, Nicolas Sarkozy a apporté 370 milliards pour sauver les banques. Ils ont transformé une dette privée (provoquée par la spéculation folle) en dette publique en détruisant les services publics et les cotisations (politique d'austérité).
A partir des manipulations linguistiques, les peuples sont tétanisés, incapables de réfléchir. C'est aussi une guerre psychologique, par le contrôle des outils d'information.
Il y a un recul de la conscience politique.
Comment expliquez-vous qu'il n'y ait pas davantage de révoltes collectives ? Comment les riches fabriquent-ils l'impuissance des pauvres ?
Le capitalisme est destructeur mais il est aussi producteur de richesses. La consommation procure du plaisir. Cela tient les gens.
La pensée critique se développe à partir de x secondes. Les journaux télévisés sont construits pour changer de sujet juste avant d'atteindre ce seuil.
Les médias de masse développent l'idée qu'il n'y a pas d'alternative au néo-capitalisme.
Comment lutter contre l'oligarchie ?
Il faut d'abord prendre conscience de cette lutte de classe.
Et réaliser que la grande bourgoisie se reproduit de génération en génération comme les nobles de l'ancien régime.
La deuxième droite ou la gauche qui capitule.
Il y a eu Margaret Thatcher (la droite dure) puis Tony Blair (la gauche qui capitule).
Les dirigeants socialistes européens sont totalement acquis au néo-libéralisme.
Défaire l'ordre injuste du monde
Rien n'est naturel. Le système capitaliste est une construction de l'homme. Le système néo-libéral, forme violente du système capitaliste, lui aussi est une construction de l'homme. C'est la construction d'une classe dominante qui agit en prédateur sur la production du travail. Elle crée l'enfer fiscal pour les pauvres et le paradis fiscal pour les riches. Elle lamine les souverainetés politiques et détruit petit à petit les services publics; au bénéfice du capital, de leurs profits et de leurs propres personnes (parce que la circulation libre des personnes, elle s'arrpete à un certain niveau de fortune. Ceux qui sont pauvres se heurtent à des murs).
Ce que des hommes ont construit, d'autres peuvent le détruire et construire autre chose.
Quand le capitalisme marque les corps
Quand les députés européens ont envisagé de réduire la teneur en sucre, graisse et sel des aliments industriels (les aliments des pauvres), les lobbies ont exercé tellement de pression qu'en une semaine à peine ce projet était abandonné. Les députés n'avaient jamais subi autant de lobbying.
Autrefois, on marquait les corps au fer rouge; aujourd'hui, le surpoids est une volonté délibérée de marquer les corps.
Les lanceurs d'alerte
Nous dévoilons un système violent.
Comment peut-on se libérer individuellement ?
Par la vigilance; en s'intéressant, en dévoilant, en dénonçant ce qui est répréhensible.
La chaos c'est maintenant.
Il est urgent de rompre avec le capitalisme néo-libéral.
Ce que nous avons découvert après 30 ans de travail sur ceux qui concentrent toutes les richesses et tous les pouvoirs ira soit jusqu'à un processus de destruction de masse (par millions voire par milliards) soit (les deux n'étant pas incompatibles) par la déshumanisation profonde des êtres humains les plus défavorisés.
Les inégalités s'aggravent. L'instabilité financière s'aggrave. La destruction de l'écosystème s'aggrave avec un réchauffement climatique irréversible;
C'est une guerre des classes.
"Cette guerre des classes, nous sommes en train de la gagner". Warren Buffet (milliardaire américain)
lundi 17 juillet 2017
La violence des riches
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