L'économie (étymologiquement "les règles/la gestion de la maison") est politique, par essence ! Il n'y a, bien évidemment, pas une seule façon de gérer un pays ou même ne serait-ce qu'une ville.
L'économie est une science humaine et non une science "dure"; cela signifie que la subjectivité, les rapports de force entre les différents groupes qui peuvent constituer un ensemble plus grand, et donc les intérêts divergents de tels groupes au sein d'une société hétérogène, vont influer sur les décisions non pas parce qu'il y aurait une sorte "d'ordre naturel" mais parce que telle ou telle règle va avantager un groupe par rapport aux autres.
L'économiste Thomas Larcher l'explique très bien dans la vidéo ci-dessous :
En matière économique, il y a des alternatives. C’est un peu son combat
et il le défend dans son « Traité d’économie hérétique » publié chez
Fayard. Alors que la dette justifie les nouvelles annonces d’économies
du gouvernement et des cessions des parts de l’État dans de nombreuses
entreprises qui génèrent de juteuses recettes, Thomas Porcher est
l’invité de La Midinale.
Source : https://www.youtube.com/watch?v=WoiNqKG2ugI
VERBATIM
Sur l’économie et la politique
« L’économie reste un débat et il n’y a pas qu’une seule réponse
contrairement à ce que veulent nous faire croire Emmanuel Macron ou
Margaret Thatcher quand ils disent qu’il n’y a pas d’alternative. »
« L’économie est une science humaine donc c’est avant tout politique. »
« Depuis ces trente dernières années, dû à la crise pétrolière qui a
ralenti le modèle d’après guerre, il y a des forces financières et des
économistes qui ont fait que le modèle (libéral) a gagné. »
« Malgré le crise de 2008, celle du capitalisme libéral, on est allé
encore plus loin dans la logique libérale. »
« Les 1% ou les 10% les plus riches ont cette capacité à faire passer
des idées plus que le reste de la population. »
« Les plus riches, pourtant moins nombreux, arrivent à parler d’une
seule voix quand il faut défendre des mesures de baisse de fiscalité. »
« Les 99% subissent cette politique depuis ces trente dernières années
et ont du mal à parler d’une seule voix. »
Sur la gauche et l’économique
« La gauche a fait une erreur et s’est laissée imposer des mesures
venant de droite. »
« Le Parti socialiste dans les dernières années partait du principe
qu’il n’y avait qu’une seule voix (économique) et que l’on pouvait
améliorer à la marge. »
« Il y a plusieurs avenirs possibles en économie et la gauche a perdu
parce qu’elle a accepté de se laisser imposer l’agenda des mesures
économiques par la droite. »
« La gauche a créé Emmanuel Macron. »
Sur la dette
« Un État ne meurt pas donc il peut constamment rembourser sa dette. »
« Il faut mettre la dette en comparaison avec un patrimoine public que
l’on détient. »
« Les générations futures n’héritent pas que d’une dette, ils héritent
d’un patrimoine public - patrimoine qui couvre notre dette. »
« Les marchés financiers continuent à nous prêter à des taux d’intérêts
extrêmement faibles parce qu’ils ont confiance. »
« La dette est quelque chose qui a été imposée, inventée par des
politiques pour promouvoir des coupes dans les dépenses sociales et des
réformes libérales. »
« Quand il faut abaisser la fiscalité des plus riches, la dette n’est
plus un problème, quand il faut couper dans les dépenses sociales, la
dette est un problème. »
Sur les privatisations annoncées
« Ils vendent des choses qui rapportent à l’État donc on appauvrit le
patrimoine de l’État. »
« A la fin du quinquennat Macron notre patrimoine public sera plus
faible que notre dette. »
« On vend ce qui rapporte alors qu’on pourrait emprunter avec des taux
plus faibles. »
« La base de l’économie c’est quand vous avez un actif qui rapporte plus
et que vous pouvez vous endetter à des taux d’intérêt faibles, il faut
s’endetter. »
« La logique c’est qu’il faut réduire la place de l’État. »
Sur la « jambe gauche »
du gouvernement
« Je suis très étonné que des économistes brillants puissent penser
qu’Emmanuel Macron avait un intérêt pour la politique sociale. »
« Il n’y aura pas de politique sociale. »
« Emmanuel Macron va réduire les aides sociales. »
« 70% des revenus des plus pauvres sont des prestations sociales donc si
on les coupe, on s’attaque aux plus pauvres. »
Sur les traités européens
« Ce que je propose n’est pas compatible avec les traités. »
« Rien ne nous oblige d’appliquer les traités. »
« La France est en capacité à désobéir. »
« Qu’on soit dans l’Europe ou hors de l’Europe, Emmanuel Macron
appliquerait la même politique. »
Sur les solutions politiques
« Sur le programme économique, je trouvais que le programme de Jean-Luc
Mélenchon était très bien. »
« J’ai cru qu’on pouvait avoir une alliance - j’avais milité là-dessus -
Jadot, Hamon, Mélenchon pour faire gagner la gauche. »
Deux ou trois bémols à sa démonstration :
- plutôt que de se féliciter des faibles taux d'intérêts que les banques privées peuvent accorder aux États dont le patrimoine (actif) est supérieur à la dette (passif), cet économiste aurait pu suggérer que ce soit directement la Banque de France qui prête à l’État français ... puisque cela permettrait d'emprunter à un taux de 0 % d'intérêt. Et pour contrebalancer l'effet inflationniste de la "planche à billets", il suffirait de faire exactement comme les banques privées : récupérer la monnaie émise (dans le cas de l’État, par l'impôt) pour "démonétiser" (détruire le surplus de monnaie).
- plutôt que de dire qu'on peut désobéir aux traités (comme Jean-Luc Mélenchon qu'il cite d'ailleurs lors de cet entretien), Thomas Porcher aurait dû préciser que de tels manquements s'accompagneraient de sanctions /pénalités financières que la France devrait à l'Union Européenne.
- Il aurait également dû indiquer qu'on ne peut pas (statistiquement parlant) renégocier le Traité de Lisbonne (TUE et TFUE) car, il faut, pour cela, obtenir l'unanimité des États-membres. C'est ridicule de rester sous l'effet d'un traité qu'on a signé avec la ferme intention de ne pas l'appliquer. Autant en sortir puisque c'est légalement possible : avec l'article 50 du Traité de l'Union Européenne.
Pour autant, Thomas Larcher a raison, être en dehors de l'Union Européenne mais avec Emmanuel Macron comme président ne changerait rien puisque la politique que ce dernier applique est, à la lettre, celle de l'Union Européenne : ultralibérale.
Néanmoins, la sortie de l'Union Européenne est un préambule à toute orientation économique/politique qui soit différente de celle imposée par la Commission Européenne. Si Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen avait été président ou présidente à la place de l'employé de banque, ils auraient été contraints, l'un ou l'autre, d'appliquer les mêmes mesures que Macron.
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