mardi 5 juin 2018

Besoin d'argent ? Vendez un rein !



"Nous avons un besoin urgent de rein avec un bon montant accordé de 300 000 dollars". Un certain Luis sorti d'on ne sait trop où, nous a proposé de vendre un de nos précieux organes contre la modique somme de 300 000 dollars dans un commentaire laissé sur notre site. Pour vendre son rein, rien de plus simple, il suffisait de le contacter par mail ou par téléphone. Une offre si alléchante que notre rédaction s'est empressée d'y répondre.

Un numéro de téléphone avec l’indicatif du Canada, une offre de vente de rein en dollar et un email portant le nom d’un mystérieux "health institute" du Burkina Faso, le tout rédigé dans un français "Google traduction". Il n’en fallait pas plus pour piquer notre curiosité.

Vendre un rein. Quelle idée ! Et pourtant le message était clair et on ne peut plus sérieux "Nous avons un besoin urgent de rein avec un bon montant accordé de 300 000 dollars. La personne intéressée devrait gentiment. Contactez-nous maintenant pour plus d'informations. Email: kerehealthcenter@**com. Numéro de téléphone: +1 631 816 2***"

Nous sommes allés à la recherche de ce "Kéré Health Center". Et nous l’avons trouvé… au Burkina Faso. Un certain "Francis Kéré Surgical Center " qui a pignon sur rue au milieu de la brousse. Curieux.

Bien sûr, nous n'allions pas nous arrêter en si bon chemin. C'est alors que nous avons envoyé un email à l'adresse qui figure dans le message. Quelle réactivité ! Nous avons reçu une réponse dans les 10 minutes qui ont suivi. Ils doivent vraiment être à court de reins là-bas ! Dans cet email, l’expéditeur nous a envoyé un message très encourageant :

"Je veux que vous sachiez que vous êtes au bon endroit où vous pouvez vendre votre rein et encore être en bonne santé. Premièrement avant que nous puissions procéder plus vous devez fournir vos informations personnelles et vous devez assurez-vous que les détails personnels sont remplis correctement et correctement"

Ce message, toujours en Google traduction, était suivi d’un formulaire détaillé questionnant sur notre identité, situation financière et forme physique. Nous avons bien sûr répondu à toutes les questions du formulaire. Après quoi, l’expéditeur nous a demandé une copie d’une pièce d’identité. Il fallait s'y attendre.

Notre curiosité étant plus forte que tout, nous avons pensé un moment "photoshoper" un scan du passeport d’une de nos journalistes mais malheureusement aucun membre de notre rédaction ne s’y connait en falsification de pièce d’identité...

Nous étions dans une impasse, pour autant nous n'avons pas renoncé à cette transaction lucrative qui tendait les bras.... à notre rein

- Un numéro de téléphone américano-hollandais qui n'est pas (plus) attribué -

Notre expéditeur a beaucoup insisté pour nous enregister "vous devez nous envoyer quelque chose pour vous enregistrer. Faites de votre mieux pour nous envoyer votre carte d'identité ou copie de passeport".

C'est alors que nous avons téléphoné au numéro indiqué dans le message. Au premier abord, l'indicatif nous a fait pensé à un numéro de téléphone canadien. Puis, en appelant, nous sommes tombées sur le répondeur d'un numéro localisé... à Brookhaven dans l'état de New-York aux Etats-Unis ! Chaque tentative d'appel a échoué.

Avec un numéro d'appel localisé aux Etats-Unis, on peut supposer que les 300 000 dollars de la vente sont des dollars américains. Avec le cours actuel du dollar, le pactole à empocher s'élève à plus de 255 000 euros. De quoi en motiver plus d'un.

Quelques minutes plus tard, contre toute attente, le téléphone retentit. Le même numéro que nous avions appelé nous rappelle, mais cette fois, l'appel vient...des Pays-Bas. Etrange. S'en suit quelques secondes d'un dialogue incompréhensible avec un interlocuteur visiblement non francophone, qui nous demande de lui envoyer un email et qui s'empresse de raccrocher. Aurait-il flairé l'entourloupe ? Un comble !

Qu'à cela ne tienne, notre motivation à vendre un rein est plus grande que la barrière linguistique. Nous nous empressons de rappeler ce fameux numéro de téléphone américano-hollandais pour conclure une transaction. Sauf que, malheureusement pour nous, ce numéro n'existe pas.

Bref, ce n'est pas demain qu'on pourra vendre un rein.

Source de l'article : http://www.ipreunion.com/actualites-reunion/reportage/2018/06/05/comment-se-faire-200-000-euros-besoin-d-argent-vendez-un-rein,83244.html

Plus sérieusement, le trafic d'organe est illégal dans tous les pays du monde. Ces trafiquants profitent à la fois de la misère des plus pauvres et de la détresse de ceux qui sont malades.

Même si la vente d'organes connaît ses partisans, ceux qui défendent "le libre droit à disposer de leur corps", les opposants, eux, considèrent la vente d'organes comme contraire à l'éthique. En 1991, l'Organisation mondiale de la santé a affirmé que "le corps humain et les parties du corps humain ne peuvent faire l'objet de transactions commerciales". En France, le droit des contrats s'oppose au concept de vente d'organes, puisque le corps humain est légalement placé hors du commerce.
[jusqu'à quand ?]

Dans notre pays, les dons d'organes sont totalement encadrés par l'Agence française de biomédecine. Un don d'organe ne peut se faire qu'en respectant trois fondamentaux : la gratuité, l'anonymat et la volonté.

Pour rappel, tout Français est un donneur d'organe potentiel sauf s'il a mentionné à l'Agence de biomédecine son refus en s'inscrivant sur le registre national des refus.

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