mercredi 19 septembre 2018

Après Epicure - De l'éthique à la politique (6) Comment y parvenir ?

Plusieurs articles de ce blog, mis en ligne entre 2015 et 2017, ont été rassemblés dans le livre intitulé Après Épicure - De l'éthique à la politique  :

(1)- Présentation d’Épicure et des philosophes épicuriens qui lui ont succédé (nombreux extraits de la Contre -histoire de la philosophie de Michel Onfray) : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2015/09/apres-epicure-ou-de-lethique.html

(2)- Gamme des modes de gouvernance proposés par les philosophes épicuriens ou plus généralement matérialistes (monarchie éclairée, monarchie parlementaire, république ou fédération de républiques, "communalisme" ou "municipalisme") : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2015/11/apres-epicure-ou-de-lethique.html

(3)- Mon interprétation personnelle de la philosophie épicurienne puis des réflexions sur :
- l'éducation (que je considère comme le liant d'une société) 
- et sur la structure / le découpage géographique qu'une telle société pourrait adopter en s'inspirant des États contemporains.
Article en trois parties : 1-"Matérialisme (philosophique), hédonisme (éthique) et eudémonisme (politique)"; 2-"L'éducation idéale"; 3- "La société épicurienne") : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2017/06/apres-epicure-ou-de-lethique_16.html

(4)- Synthèse (provisoire) de mes réflexions avec de nombreux exemples de sociétés passées ou contemporaines s'approchant du ou des modèles esquissés : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2017/08/apres-epicure-ou-de-lethique.html

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Après la parution de cet essai, un nouvel article, court, a été rédigé pour la série "Après Épicure". 

(5)- Trois maximes capitales découvertes après la parution du livre sont venues confirmer et préciser les précédentes réflexions ; à savoir que, Épicure reconnaissant les particularismes régionaux, les épicuriens auraient probablement opté pour une organisation décentralisée (façon "fédération de républiques" ou "municipalisme"):  http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2017/11/apres-epicure-ou-de-lethique.html

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Il serait toutefois intéressant de revenir sur un aspect abordé dans l'article (4) : Comment y parvenir ?

Extrait :
En 2007, l'historien Gaetano Manfredonia a proposé une relecture des courants historiques de l’anarchisme sur la base de trois modèles.




1) Le premier, « insurrectionnel », englobe autant les mouvements organisés que les individualistes qui veulent détruire le système autoritaire avant de construire, qu’ils soient bakouniniens, stirneriens ou partisans de la propagande par le fait.

2) Le second, « syndicaliste », vise à faire du syndicat et de la classe ouvrière, les principaux artisans tant du renversement de la société actuelle, que les créateurs de la société future. Son expression la plus aboutie est sans doute la Confédération nationale du travail pendant la révolution sociale espagnole de 1936. Noam Chomsky et David Graeber se réclament de cet « anarcho-syndicalisme ».

3) Le troisième est « éducationniste réalisateur » dans le sens où les anarchistes privilégient la préparation de tout changement radical par une éducation libertaire, une culture formatrice, des essais de vie communautaires, la pratique de l'autogestion et de l'égalité des sexes, etc. Ce modèle est proche du gradualisme d'Errico Malatesta et renoue avec « l’évolutionnisme » d'Élisée Reclus. 


Personnellement, j’exclus d’emblée le modèle « insurrectionnel » parce que les insurgés violents vont posséder un pouvoir coercitif sur le reste de la population dont ils risquent d’user et abuser ; parfois jusqu’à l’établissement d’une dictature aussi autoritaire que le pouvoir que ces mêmes révolutionnaires ont voulu balayer. 

Il reste les réformes non-violentes [ou violentes] qui prennent généralement beaucoup de temps ; mais qui peuvent tout de même être réalisées graduellement.


A titre d'exemple, pour sortir de l'Ancien régime (monarchique, féodal), il a fallu :

1- la mise au point de l'imprimerie de Gutenberg (1452)
2- puis les révolutions britannique (1689, monarchie constitutionnelle)
3- et française (1789, monarchie constitutionnelle puis république bourgeoise) malgré la résistance des monarchistes et des fascistes sous forme de dictatures militaires (jusqu'aux années 1870 en France mais jusqu'aux années 1970, en Espagne, avec Franco en l'occurrence). 
Soit au moins 400 ou 500 ans !

La mise au point d’Internet (le réseau informatique mondial accessible au public), dès le début des années 1960, et plus particulièrement du World Wide Web (WWW), au début des années 1990, marque une révolution digne de l’imprimerie. Les individus peuvent communiquer ; reste à construire le monde de demain … 
 
Au cœur du projet anarchiste, on trouve l'éducation populaire, la libération des esprits. 
L'éducateur type est Francisco Ferrer, le fondateur de l’École moderne, qui fut condamné à mort et exécuté en 1909, accusé d'avoir mené le mouvement s'opposant à la guerre contre le Maroc. 
Mais l'éducation fut aussi une préoccupation d'hommes de terrain, d'hommes de conflits armés. La grande ambition de Buenaventura Durruti et Francisco Ascaso (qui se sont surtout fait remarquer par leurs actions militaires pendant la révolution espagnole) était de créer dans toutes les grandes villes du monde, des librairies libertaires. 
 
Francisco Ferrer                          Ascaso et Durruti


Ce n'est pas parce que les individus ne seraient pas d'emblée autonomes qu'il faudrait, selon Cornelius Castoriadis, renoncer ou patienter pour ce qui concerne l'institution d'une société autonome, car, de la même manière qu'une société hétéronome engendre des individus hétéronomes qui à leur tour reproduisent l'hétéronomie sociale, une société tendant vers l'autonomie tendra à engendrer des individus autonomes, qui en retour pourront (et voudront) travailler à l'institution d'une société autonome. Il accorde ainsi une grande importance à diverses pratiques et modalités du pouvoir d'alors, tels la rotation des mandats, les tirages au sort, la révocation des élus, la possible participation de tout citoyen à certaines assemblées, etc.

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De récentes lectures apportent un éclairage sur cet aspect crucial "Comment y parvenir ?":
- L'Anarchie, d'Errico Malatesta 
- L'évolution, la révolution et l'idéal anarchique, d’Élisée Reclus

- Discours de la servitude volontaire , d’Étienne de la Boétie
- La désobéissance civile , d'Henry David Thoreau
- Violence et pouvoir, de François Stirn
- Gandhi et la non-violence , de Suzanne Lassier

sans oublier l'article :
- Il suffit que 3,5% d’une population soit mobilisée pour qu’une lutte non violente renverse un gouvernement

qui lui-même fait référence à cet autre ouvrage :
-The Rebel's Dilemma, de Mark Irving Lichbach

Toutefois, d'autres lectures seraient bien utiles à terminer afin d'avoir une gamme plus complète de points de vue : 
- Éloge de la fuite, d'Henri Laborit 
- et Comment la non-violence protège l’État : Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux, de Peter Gelderloos

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Violence ou non-violence ?


1- La non-violence prônée par Gandhi



Mohandas Karamchand Gandhi pense la non-violence selon la chronologie suivante :
     1) la non-violence constructive : éducation, formation de l'individu et des masses
     2) la non-violence agressive : économique et politique
La première prépare la deuxième.

Une fois l'éducation des individus et des foules accomplie, il sera possible d'organiser les combats non-violents, en deux étapes puis avec deux modes d'actions complémentaires : la désobéissance civile et la non-coopération.
    1) étape préliminaire : démontrer sa volonté de conciliation jusqu'à épuisement des moyens légaux, pétitions, articles dans la presse, mouvements d'opinion, démarches auprès des autorités constituées
    2) épreuve de force : cesser de collaborer avec le pouvoir mais en acceptant joyeusement de souffrir en sa personne et ses biens les conséquences de cette rupture. La désobéissance à la loi est désormais civile (civique) et non criminelle.

La rupture entre gouvernés et gouvernants se concrétise :
    1) soit par la non-coopération qui est non-usage des institutions, des organismes ou des biens que le pouvoir met à la libre disposition de chaque citoyen (boycott par exemple des écoles, des tribunaux, des produits importés, refus de la prestation de certains services publics, démission des charges officielles ou politiques),
    2) soit par la désobéissance civile, infraction directe et positive aux lois ou aux obligations imposées sous peine de sanctions, ainsi le refus du service militaire, le refus des impôts (l'impôt sur le sel) et des redevances.
 
Par ces démarches, les satyâgrahi se désolidarisent personnellement et collectivement de l'injustice, la combattent et font échec au pouvoir sur des points divers, à des degrés variables.

La non-coopération est une sanction économique.
La désobéissance civile est une grève politique, une rébellion.

Voici concrètement ce que contenait le plan de non-coopération : 
- abandon de tous les postes et titres honorifiques, 
- boycott des élections aux conseils législatifs institués par la réforme Montagu-Chelmsford, 
- boycott des écoles du gouvernement auxquelles seraient substituées dans chaque province des écoles nationales, 
- boycott des tribunaux : avocats et magistrats cessaient d'exercer leurs fonctions et les litiges étaient réglés à l'amiable ou par arbitrage privé, 
- boycott des banques
- boycott des boissons alcoolisées (spiritueux) dont le gouvernement tirait des revenus substantiels, 
- boycott des tissus anglais remplacés par le khâdi, étoffe filée et tissées à la main, le rouet procurerait ainsi du travail à ceux que la non-violence réduirait au chômage
- et boycott des toutes marchandises importées. 


D'autres étapes (de désobéissance civile) étaient prévues, à une date ultérieure et non fixée :
- infraction aux lois forestières, abattage massif des arbres.
- le refus des redevances et des impôts, 
- la désertion des soldats et des policiers

Dans "Gandhi contre Machiavel", Suzanne Panter-Brick analyse les conditions de la réussite de la technique non-violente selon quatre paramètres :
- nombre de participants
- point d'application (une loi précise et vulnérable)
- qualité du plan proposé
- et discipline consentie.

2- Efficacité de la non-violence
Nombre minimum de participants pour qu'une action non-violente soit efficace 

« Il suffit que 3,5% d’une population soit mobilisée pour qu’une lutte non violente renverse un gouvernement » répondent Erica Chenoweth et Maria J. Stephan.


L’une est chercheuse en violence politique et résistance citoyenne, l’autre est une experte des mouvements de désobéissance civile. Elles ont étudié les mouvements civils de lutte non-violente entre 1900 et 2006 et en sont arrivées à cette conclusion surprenante : il suffit de mobiliser 3,5% d’une population pour qu’une résistance non violente ait gain de cause.

Elles ont donc abaissé le seuil (5%) qu'avait trouvé Mark Irving Lichbach en 1995 au terme d'une trentaine d'années de recherche. 


« Les chercheurs avaient l’habitude de dire qu’aucun gouvernement ne pourrait survivre si 5 % de sa population se mobilisait contre elle. Mais nos données révèlent que le seuil est probablement inférieur. En fait, aucune campagne n’a échoué une fois la participation active et soutenue de seulement 3,5 % de la population – et beaucoup d’entre eux ont réussi avec beaucoup moins que cela. Bien sûr, 3,5% de la population demande une mobilisation qui reste importante. Aux États-Unis, cela signifie presque 11 millions de personnes. »  
Erica Chenoweth

Chaque mouvement citoyen rassemblant plus de 3,5% de la population était construit autour d’une stratégie de lutte non-violente. La chercheuse a déterminé que les individus participant à des campagnes non violentes étaient en moyenne quatre fois plus nombreux que ceux participant à une lutte violente. Ces participants étaient souvent beaucoup plus représentatifs en termes de sexe, d’âge, de race, de parti politique, de classe et de distinctions urbain-rural.

Autrement dit, la stratégie de lutte non-violente permet de dépasser les clivages et de rassembler plus de monde grâce à la pluralité de ses actions : manifestations, boycotts, désobéissance civile, etc. Surtout, les luttes non-violentes ouvriraient la voie à des démocraties durables et pacifiques, comprenant moins de risques de sombrer dans une guerre civile que leurs homologues violentes.

L'anthropologue Margaret Mead écrivait d'ailleurs de façon enthousiaste : « Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde. C’est d’ailleurs toujours comme cela que ça s’est passé. » 

Toutefois, il faut être lucide. Concrètement, parle-t-on :
- de changer le monde ?
- de changer de régime politique dans un seul pays ?
- de faire démissionner un gouvernement sans changer de régime ?
- ou de faire abroger une loi sans changer de gouvernement ? 

Les mouvements de non-coopération ou de désobéissance civile peuvent faire céder un gouvernement sur une loi précise voire pousser un gouvernement à démissionner (même avec un pourcentage relativement réduit de personnes motivées : de 3,5% à 5% selon les chercheurs) mais pour autant, en Islande, on n'a pas vu de changement de parlement (c'est pourtant un régime parlementaire) malgré les nombreux manifestants (6% de la population totale) qui se sont relayés pendant des mois (seul le gouvernement a démissionné). D'ailleurs, il faut savoir que la Constitution écrite par le peuple en 2010 est toujours bloquée par le Parlement. C'est la preuve que le peuple (du moins le pourcentage mobilisé) n'a pas réussi à faire changer le régime politique, avec ses règles bien établies.

Remarque : à l'échelle de la France (67 millions d'habitants), le seuil de 3,5% à 5% correspond à 2,3 à 3,3 millions de personnes (sur une durée qui peut être longue).

3- Leurre de la non-violence (seule)

La non-violence est-elle réellement efficace pour changer de régime (ce qui est beaucoup plus difficile que d'abroger une loi) ? 
En d'autres termes, la révolution violente est-elle inévitable ?



A l'opposé des conclusions de chercheurs précédemment cités (Mark Irving Lichbach, Erica Chenoweth, Maria J. Stephan, etc.), le philosophe libertaire, activiste et théoricien anarchiste Peter Gelderloos a écrit un essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux :  How Nonviolence Protects the State, publié en français en 2018 sous le titre Comment la non-violence protège l'État.


Dès 2005, il observe que la grande majorité des mouvements sociaux et écologistes échouent lamentablement, depuis des décennies, ne serait-ce qu'à freiner la catastrophe sociale et écologique en cours (de la sixième extinction de masse aux inégalités économiques phénoménales et croissantes qui caractérisent notre temps).
Nicolas Hulot a fait le même constat, cette année 2018, lors d'une déclaration publique, après avoir essayé d'être conseiller spécial de plusieurs présidents (depuis Jacques Chirac) jusqu'à son récent rôle de ministre. 

La plupart de ces mouvements se targuent de respecter scrupuleusement les principes de la non-violence, qu’ils considèrent comme la seule méthode de lutte acceptable. Et pourtant, ainsi que Peter Gelderloos l’expose dans son livre, cette adhérence dogmatique au concept de la non-violence est injustifiée et injustifiable. En outre, il s’agit d’une des principales raisons pour lesquelles ils sont inefficaces.


En 2005, dans son livre Comment la non-violence protège l'État : Essai sur l'inefficacité des mouvements sociaux (traduit en français en 2018), Gelderloos va plus loin encore. Il critique et définit la non-violence comme étant : inefficace, raciste, étatique, patriarcale, tactiquement et stratégiquement inférieure à l'engagement militant, et bercée d'illusions !

Il affirme que l'histoire traditionnelle dissimule l'impact réel de la non-violence, en ignorant l'implication des militants dans des mouvements tels que le mouvement pour l'indépendance de l'Inde et le mouvement des droits civiques et donnant une fausse image de Gandhi et de Martin Luther King, en les décrivant comme étant les militants les plus actifs de ces mouvements. 
Il soutient de plus que la non-violence est généralement prônée par les blancs privilégiés qui s'attendent à ce que les « personnes opprimées, qui sont pour beaucoup des personnes de couleur, souffrent patiemment sous une violence de plus en plus forte, jusqu'à ce que le Père Blanc soit influencé par les revendications du mouvement ou que les pacifistes parviennent à réunir une légendaire « masse critique » ».

Il démystifie ainsi les figures historiques inexorablement citées par la majorité de ceux qui défendent la non-violence comme un absolu — Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela —, en exposant les réalités complexes derrière leurs accomplissements.

Il faut en effet reconnaître que :
- Gandhi a certes réussi (avec d'autres mouvements parallèles au sien) à faire changer le régime politique dans son pays (de colonie de l'empire britannique à république indépendante) mais peut-être a-t-il bénéficié de circonstances extérieures (affaiblissement de l'empire britannique par la violence destructrice de la Seconde Guerre mondiale);
- Martin Luther King a réussi à faire abroger une loi (ségrégation) mais avec, en parallèle, les actions du  Black Panther Party de Malcom X, et finalement le soutien du président John Fitzgerald Kennedy;
- Nelson Mandela a réussi à faire abroger une loi (apartheid) grâce au soutien de la communauté internationale qui boycottait l'Afrique du Sud.

Loin de faire l'apologie d'une violence irraisonnée, le livre de Peter Gelderloos déboulonne l’argumentaire fallacieux de ceux qui affirment que la non-violence est la seule méthode acceptable de lutte face à la violence du capitalisme et de l’État.

4 -Retour à la première étape : avant la révolution, l'évolution par l'éducation
La base de tout progrès social


Que l'on préfère l'évolution non-violente (graduelle) ou la révolution violente (brusque), c'est d'abord par l'éducation que des changements futurs seront possibles; par l'éveil des consciences individuelles. Voici exposée la pensée d'Elisée Reclus

«L'homme ne vit pas de pain seulement», dit un vieil adage, qui restera toujours vrai, à moins que l'être humain ne régresse à la pure existence végétative ; mais quelle est cette substance alimentaire indispensable en dehors de la nourriture matérielle ? Naturellement l'Église nous prêche que c'est la «Parole de Dieu», et l'État nous mande que c'est l'«Obéissance aux Lois». Cet aliment qui développe la mentalité et la moralité humaines, c'est le «fruit de la science du bien et du mal», que le mythe des Juifs et de toutes les religions qui en sont dérivées nous interdit comme la nourriture vénéneuse par excellence, comme le poison moral viciant toutes choses, et même, «jusqu'à la troisième génération», la descendance de celui qui l'a goûté ! Apprendre, voilà le crime d'après l'Église, le crime d'après l'État, quoi que puissent imaginer des prêtres et des agents de gouvernement ayant absorbé malgré eux des germes d'hérésie. Apprendre, c'est là au contraire la vertu par excellence pour l'individu libre se dégageant de toute autorité divine ou humaine : il repousse également ceux qui, au nom d'une «Raison suprême», s'arrogent le droit de penser et de parler pour autrui et ceux qui, de par la volonté de l'État, imposent des lois, une prétendue morale extérieure, codifiée et définitive. Ainsi l'homme qui veut se développer en être moral doit prendre exactement le contre-pied de ce que lui recommandent et l'Église et l'État : il lui faut penser, parler, agir librement. Ce sont là les conditions indispensables de tout progrès. 

Pour la suite du processus, l'auteur militant, hostile à la violence éducative, Olivier Maurel, oppose deux orientations de l'éducation : "Machiavel" ou "Gandhi".  



Je cite

« L’écrivain italien, Machiavel, a écrit, dans son grand livre, Le Prince, une formule devenue proverbiale : “La fin justifie les moyens”. Autrement dit, pour atteindre un but politique juste, tous les moyens sont permis, y compris le mensonge et la violence. Si le but qu’on vise est supposé juste, on peut tout se permettre.

L’action non-violente de Gandhi est fondée sur un principe différent : “La fin est dans les moyens comme l’arbre dans la semence”. Pour lui, c’est la qualité des moyens qui détermine la qualité du but. Dans le but que l’on veut atteindre, il reste toujours quelque chose de la qualité des moyens qu’on a employés. Et des moyens mensongers et violents ont toutes les chances de produire non pas une société parfaite ni même acceptable, mais une société marquée par le mensonge et la violence.
 

Il en va de même en éducation. Le but que nous nous fixons en tant que parents est toujours ou presque le bien de l’enfant. “C’est pour ton bien”, disons-nous. Mais si les moyens que nous employons sont ceux de la violence ou de l’autoritarisme, ce sont l’autoritarisme et la violence que nous sèmerons, pour la très simple raison que les enfants sont avant tout imitateurs et que ce qu’ils reçoivent de nous, c’est la parole, bien sûr, mais plus efficacement encore la parole vécue, la parole telle que nous l’incarnons dans nos actes. Si la graine que nous semons est contaminée par le mensonge et la violence du moyen d’éducation que nous utilisons, l’arbre que nous aurons semé dans l’esprit de l’enfant sera porteur de mensonge et de violence.»

Fin de citation.

Il en sera de même avec la  politique. La société que nous (évolutionnistes et révolutionnaires) mettrons en place dépendra des graines que nous aurons semées.

C'est juste mon opinion.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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