mardi 24 novembre 2015

Après Epicure - ou - De l'éthique individuelle à la politique collective (2)


Sommaire 

1- L'idéal philosophique d’Épicure

2- Qu'ont proposé ses successeurs ?
    2-a : Une monarchie éclairée par la philosophie 
    2-b : Une monarchie constitutionnelle permise grâce à l'éducation
    2-c : Le fédéralisme, des républiques fédératives
    2-d : Le communalisme international

    2-e : Synthèse

3- Qu'existe-t-il (de mieux ou de moins pire) de nos jours ?

1- L'idéal philosophique d’Épicure

Pour Épicure, l'existence de l'humain est toute entière dominée par la recherche des causes qui produisent le plaisir, le bonheur.

« Il n'est pas possible de vivre de façon bonne et juste, sans vivre avec plaisir. » (Lettre à Ménécée).  

« Quand nous disons que le plaisir est notre but, nous n'entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux qui ignorent notre doctrine, ou qui sont en désaccord avec elle, ou qui l'interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrance corporelle et de troubles de l'âme. » (Lettre à Ménécée)


L'éthique d'Epicure vise la sérénité, qu'il nomme ataraxie (du grec 
ἀταραξία / ataraxía signifiant « absence de douleurs, de troubles »), un mélange de joie tempérée et de tranquillité mais aussi d'autosuffisance.
« Il faut viser la suffisance à soi, car ainsi la douleur provenant du manque est supprimée.»

De plus, Pour Épicure, une amitié restreinte mais véritable est importante à l'ataraxie. Dans le jardin d'Épicure, seuls ses vrais amis sont présents, ce qui empêche tout trouble de l'âme.

Mais cette éthique hédoniste (du plaisir) ou eudémoniste (du bonheur) ne s'applique pas forcément qu'à l'individu ou au groupe d'amis et d'amies restreint que constituent ses disciples du Jardin. On pourrait l'imaginer à une échelle plus importante, celle d'une ville voire celle d'un peuple (n'en déplaise à Épicure lui-même qui proscrit de s'intéresser à la politique avec sa devise "Vivre caché") !

A l'échelle d'un État moderne :
- l'auto-suffisance pourrait se comprendre comme l'autonomie énergétique; 

- la tranquillité comme la paix extérieure, grâce à la Défense nationale;
 - l'absence de troubles (psychologiques) comme l'absence de troubles intérieurs, grâce à la police et à la gendarmerie;
- et enfin, la joie tempérée comme l'assouvissement par tous les citoyens de leurs désirs ; à condition de leur enseigner à distinguer les désirs naturels des désirs non naturels, et les désirs nécessaires des désirs non nécessaires (l'inverse de ce que la société de consommation nous martèle à travers la publicité). On utiliserait aujourd'hui l'expression : "sobriété heureuse".
 
2- Qu'ont proposé les successeurs légitimes d’Épicure ?

Des disciples d’Épicure ou des philosophes modernes (matérialistes, hédonistes) le citant comme référence se sont essayés à proposer une ataraxie politique.
 
2-a : Une monarchie éclairée par la philosophie

Philodème de Gadara (110 avant J.C. - 40 avant J.C.) effectue dépassement d’Épicure et de sa conversation. Il s'installe au-delà de sa défiance à l'endroit de la chose publique. L'idéal (grec) consiste à se tenir à distance, le réel (romain) n'exclut pas la possibilité d'un certain type de cheminement commun entre la philosophie et la politique. L'homme actif et élu dans la cité doit pouvoir agir en regard d'une philosophie. Nul besoin de réactiver le fantasme platonicien du philosophe-roi, il suffit de penser aux conditions de possibilité d'un roi quelque peu frotté de philosophie. Épicurienne en l'occurrence !


Quand on veut pratiquer la philosophie dans la vie quotidienne, il faut envisager la possibilité d'infuser de la philosophie dans la politique. Car la meilleure politique se définit comme celle qui permet la réalisation de l'ataraxie.

Laissons donc la politique aux politiciens, mais tâchons de les instruire, de les améliorer en les frottant de philosophie. Un bon roi, dans l'esprit épicurien, voilà un idéal pensable ...

Philodème récuse autant la démocratie que la tyrannie : ni le pouvoir du plus grand nombre inculte, ni celui d'un autocrate. La sagesse tourne le dos aux masses et aux despotes (qui prennent le pouvoir par la force et qui sont mus par l'avidité). La solution, l'intermédiaire mesure, se trouve dans la monarchie : le pouvoir d'un seul qu'il semble plus facile de rendre meilleur grâce à la philosophie. Philodème brosse un portrait et établit une liste de qualités du Roi idéal - et de son conseiller.

La meilleure politique doit permettre l'exercice d'une éthique épicurienne : le Roi tâchera donc de réaliser un genre d'ataraxie étatique :
- pas de troubles, de guerres, d'injustices, pas de despotisme, de tyrannie, d'arbitraire, pas de famines, de misères, pas de violences,
- mais une sérénité dans la cité qui rende possible une existence personnelle et individuelle déployée dans la tranquillité. En favorisant la paix sociale, il ouvrira la voie aux conditions d'apparition de la sérénité chez le sage.

Philodème de Gadara dresse le portrait du bon Roi :
- respectueux des biens d'autrui,
- incapable de commettre des homicides,
- bienveillant,
- ne s'interdisant pas de jouir des bienfaits de la terre,
- respectueux des morts,
- sobre,
- doué dans l'administration des biens,
- jamais grossier,
- doux,
- clément,
- équilibré,
- ignorant la sévérité,
- ni vengeur ni comploteur,
- détestant plus que tout la discorde, le tumulte, l'envie,
- il prend modèle sur la prudence et la sagacité d'Ulysse,
- garde la cap sur la justice,
- mène à bonne fin toutes ses actions sans jamais recourir aux armes.


Entre Philodème (Ier siècle avant JC) et les philosophes du XVIIIème siècle (une interminable parenthèse !), personne n'attend de la politique la réalisation de son bonheur propre, ni même qu'elle y contribue. Tout au plus peut-on citer Pierre Gassendi (1592-1655) qui, dans son Traité de la philosophie d’Épicure (1649) développe des thèses politiques rarissimes chez le philosophe grec - la nécessité utilitariste d'un pacte social de non-agression, condition d'une ataraxie communautaire et générale.

2-b : Une monarchie constitutionnelle, permise grâce à l'éducation

Selon d'Holbach, la politique et l'éthique ne sont pas deux mondes séparés mais deux façons différentes de s'occuper d'un même monde. La loi naturelle voulant qu'on persévère dans son être et qu'on vise le maximum de satisfactions possibles, s'applique à l'individu, certes, mais également à la société qui cherche elle aussi à être et durer de manière eudémonique.

On peut s'émanciper avec l'éducation, [...], la contrainte, les lois. On retrouve le postulat des Lumières : la confiance dans les leviers politiques (au sens noble du terme : la science et l'art de la cité) pour changer radicalement le monde.

La formation de l'individu, c'est la formation de la société, et vice versa. L'instruction, l'éducation d'une personne contribuent à l'édification de la collectivité. L'école agit en cellule de base de l'Etat. L'instituteur active le premier rouage de la machine communautaire.

Puisque l'individu veut son bonheur, la société doit viser le même objectif. Le bonheur de tous; à défaut, celui du plus grand nombre. Le souverain bien en politique n'est donc :
- pas la puissance,
- la conquête,
- l'empire,
- la domination,
- la colonisation,
- la soumission des sujets,
- l'asservissement des citoyens,
mais :
- la paix,
- la prospérité,
- le bonheur d'être ensemble,
- la liberté,
- l'égalité,
- la propriété,
- la sûreté.
Le matérialisme (philosophique) débouche sur un hédonisme (éthique) poursuivi en eudémonisme (politique).

Une politique digne de ce nom commence par proposer, défendre et créer une "éducation nationale" aux mains d'éducateurs qui n'enseignent pas les fables de la religion (chrétienne ou autre), mais les vérités de la philosophie naturelle. En imprégnant le cerveau de vrais principes, en éclairant l'intelligence avec des lois justes, en formatant la conscience avec de bonnes règles, on crée des habitudes qui déterminent les individus à désirer leur bonheur plutôt que leur malheur. Donc les sociétés à se créer plus radieuses et non misérables.

Le peuple doit donc être éclairé, mais le prince aussi. D'Holbach n'invite pas à la révolution par les armes, à l'abolition de la monarchie, encore moins à des attaques de personnes, il est comme son ami Helvétius un réformiste radical. Au sens marxien du terme, il veut changer profondément les choses en les transformant à la racine. Éduquer le plus grand nombre, bien sûr, mais aussi le futur roi ou le roi en exercice. D'Holbach croit à la monarchie éclairée, au roi tendu vers le bonheur de ses sujets, désireux de la prospérité de son royaume.

Le roi doit passer un contrat moral avec tous ses sujets. Il doit choisir en dehors de la noblesse des représentants du peuple, dignes, moraux, éclairés, animés par le bien public, et constituer un "Conseil des représentants de la Nation" capable de se réunir indépendamment du roi. Ce Conseil fait, discute, corrige et abroge les lois, informé par les leçons utilitaristes et hédonistes de la philosophie matérialiste.
Et la loi gouverne le roi qui doit s'y soumettre.

De bonnes lois font de bons individus; de bons individus font de bonnes lois; bonnes lois et bons individus font une bonne société. Les lois supposent l'être, la durée et la sérénité de la communauté nationale.


La Nation, et non plus le caprice du monarque ou son désir, décide des guerres à mener pour le seul bien des sujets, à savoir l'intégrité de la communauté nationale, et non la conquête ou l'extension de l'empire. Elle fixe l'impôt et arrête les dépenses publiques nécessaires. Ce Conseil représente les forces vives du peuple qui, pour sa part, dispose du droit de révoquer ses élus en cas de rupture de contrat de représentation  ou de trahison de sa confiance.

Les lois se proposent la liberté, la propriété, la sûreté :


- Liberté d'entreprendre, de publier, d'écrire, de se moquer, d'exercer la satire, de cultiver la terre, de commercer.

- Propriété pour le plus grand nombre : la concentration des richesses entre les mains d'une poignée doit laisser place à une répartition plus équitable; pour ce faire, le baron souhaite la fin des grandes propriétés terriennes au profit d'un redécoupage en petites métairies à même de permettre une vie décente pour le plus grand nombre.

D'Holbach ne prône pas le communisme, le socialisme, la collectivisation des biens ou des terres comme Meslier ou Morelly, il ne souhaite pas un égalitarisme radical, et défend même la permanence d'une inégalité naturelle, sans excès, utile pour la concurrence, l'émulation, le désir de s'enrichir, autant de moteurs du libéralisme des physiocrates dont il est.

- Sûreté enfin, afin que chacun puisse disposer librement, sans crainte ni angoisse, de soi, de sa personne et de ses biens.

2-c Le fédéralisme, des républiques fédératives

Claude-Adrien Helvétius aspire à une réforme du pays inspirée par les physiocrates.
Comment redistribuer des richesses si en amont elles ne sont pas produites ? De quelle manière envisager un partage plus équitable des biens si l'on ne dispose pas d'un système utile et efficace pour les créer ?

En penseur soucieux d'économie, Helvétius affirme que la concentration de richesses, la diminution du nombre de riches, et, simultanément, l'augmentation de leurs fortunes, la privation du plus grand nombre, voilà qui est contraire à l'intérêt général et au bien de la nation.

Helvétius s'oppose au despotisme c'est-à-dire à tout pouvoir personnel insoucieux du bien public et de l'intérêt général, toute pratique politique ayant aboli la distinction entre juste et injuste, caprice personnel et loi générale; tout régime interdisant la liberté de parole, d'expression, de publication; tout gouvernement contrôlant l'émission, la diffusion et la circulation des idées; toute administration concentrant les richesses dans les mains d'une poignée.

Comment ? Par le réformisme !

Faire la révolution ? Personne n'y songe vraiment ... La communauté des biens ? Le collectivisme ? Le communautarisme ? L'abolition de la propriété ? Quelques-uns y croient (Jean Meslier, Morelly ou l'abbé Mably) mais pas Helvétius. L'idée lui paraît irréalisable. Non pas saugrenue, mais impossible à mettre en pratique

Supprimer l'argent ? Non, dit le philosophe, et il argumente en proposant une utopie réflexive : que se passerait-il dans ce cas ? Pauvreté, misère, ruine et famine. Les riches, les habitués au luxe, les propriétaires, les financiers, les entrepreneurs s'exileraient massivement avec leurs fortunes. Avec cette hémorragie des talents commerciaux et industriels, banquiers et financiers, il ne resterait plus sur le territoire national que des affamés incapables de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. La nation, affaiblie, diminuée, serait à la merci du premier voisin qui s'approprierait le territoire national, puisque aucune résistance ne s'offrirait - car l'armée suppose l'argent pour l'entretenir et la tenir prête à l'emploi.

Alors ? Alors, pas la révolution mais le réformisme - mais sous une forme radicale. Insensiblement mais sûrement, il faut changer les choses, les améliorer, réduire les injustices. Helvétius plaide pour des changements réguliers, continus, progressifs. Récusant l'idéologie, il refuse une loi générale agissant en recette miracle. Pas d'économie planifiée, statique, ou de décisions étatiques nationales et impérieuses.

En revanche, pragmatique, il envisage des modifications ponctuelles sur des points précis dans des cas de figure concrets. Nominaliste, et non idéaliste comme tout idéologue, il faut, selon lui, penser à une nation particulière, à son état d'avancement, à sa régression, à ses caractéristiques propres, à ses données statistiques : l'état de son industrie, les chiffres de son commerce, les résultats de ses opérations financières, etc. Chaque législation doit découler du cas pratique envisagé. Ensuite, la loi permet de changer les choses.


Son projet politique paraît simple : rendre les hommes "égaux en bonheur". Envisageons la répartition des richesses en un plus grand nombre de mains. Rien ne sert de vouloir la fin de la richesse nationale quand le problème suppose de nouvelles répartitions équitables et plus justes. Pour aller dans cette direction, le souverain doit d'abord alléger les impôts et taxer les citoyens dans l'unique perspective des dépenses publiques nécessaires à la réalisation de la félicité nationale. Toute levée de taxes injustifiée par une ligne budgétaire indexée sur le bien public s'apparente au vol.

Helvétius défend l'accès à la propriété terrienne pour tous. Pas d'excès de travail; la production de richesses dans la seule perspective que chacun puisse :
- pourvoir aux nécessités de la vie quotidienne
- et s'acquitter des taxes utiles à l'Etat pour assurer la sûreté et la protection du territoire national, la défense de la justice - les soldats, les magistrats, les policiers.

L'organisation de la nation passe par la promotion d'une idée nouvelle : le fédéralisme. Une "ligue fédérative" et des "républiques fédératives" contre la grosse machine étatique, nationale, centralisée. Le philosophe qui connaît les régions, la province et leur diversité, défend le principe fédéral. Helvétius sape le pouvoir monolithique de l’État monarchique et défend le principe de petites républiques plus à même de réaliser le bien public de ses citoyens.

2-d : Le communalisme international

C'est Jean Meslier qui formule pour la première fois un hédonisme social et politique. Avant lui, l'eudémonisme existe, certes, l'hédonisme également, mais ils demeurent surtout l'affaire d'individu. A chacun revient la charge de créer son bonheur et de produire sa jubilation pour son propre compte.

Athée, matérialiste, hédoniste, Meslier boucle son système avec la promotion d'un "communalisme international" très oxymorique car il s'appuie sur la cellule villageoise tout en visant la révolution planétaire. [...]

Afin d'en finir avec cette cette inégalité
d'institution déplorable [entre paysans et travailleurs qui n'ont rien, et prêtres et rois qui ont tout]  produite par la monarchie française aidée du clergé catholique, le curé gauchiste en appelle au droit et à la loi : de bonnes lois peuvent rendre les hommes bons. Si, dans la nature, les hommes subissent la loi violente de la lutte pour l'existence, l'état de civilisation doit permettre par la loi de réaliser la justice; pour avoir chaque jour de quoi :
- se nourrir,
- se vêtir,
- se loger,
- assurer dignement l'éducation de leurs enfants,
- mais aussi pour jouir de la liberté naturelle,
- puis travailler en vue de l'utilité publique et du bien commun..

Meslier fixe deux objectifs :
- le "bien public"
- et un projet pour "vivre heureux" (II, 75).

Autant dire une république eudémoniste.

Comment ? Par la révolution !

Meslier invente la désobéissance civile et fait clairement l'éloge du tyrannicide. "Assommer tous ces détestables monstres et ennemis du genre humain" (III, 133) pour l'instauration du règne de la justice et de la vérité.

A quoi il associe également l'abolition de la propriété privée. Meslier rend la possession et la jouissance séparée responsables de tous les maux.

Une fois abolie la propriété privée, réaliser la possession commune - "jouir en commun". Tout ce qui s'obtient par le travail, les fruits de la prospérité et du talent, se trouve mis en commun dans la commune.

La cellule de base ? La famille. Mais c'est une cellule, un maillon dans la chaîne. Elle ne constitue pas la fin de ce communisme rural mais son noyau organisateur. Le village doit s'inspirer de l'organisation familiale. Et les villages, en passant des contrats pour réaliser la paix, construisent les occasions de la prospérité sociale et du bonheur de la vie en commun.

L'hédonisme social se propose le bonheur de tous et de chacun. Un bonheur non pas idéal mais très réel, concret, pragmatique :
- un travail,
- de quoi manger sainement et suffisamment tous les jours,
- vivre et dormir dans une maison propre et chauffée,
- des vêtements,
- les moyens d'une éducation pour ses enfants,
- la possibilité d'être soigné en cas de maladie.

Le communalisme local étendu à l'universel suppose l'internationalisation. Meslier pense pour le village, certes, mais il ne conçoit pas la résolution des problèmes sur le seul terrain limité de l'association villageoise. "Je parlerai volontiers à tous les peuples de la terre (III, 154), écrit-il en inventant aussi le principe de l'exportation des valeurs révolutionnaires à la totalité de la planète.



2-e : Synthèse

On peut établir une sorte de progression (pas forcément dans l'ordre chronologique de vie des auteurs) entre les systèmes défendus par :

- Philodème de Gadara qui propose : un roi conseillé par un philosophe, 
- le baron d'Holbach : un roi conseillé par un parlement (constitué des représentants éduqués de la nation), 
- puis Helvétius : des parlements formant une ligue/fédération de républiques, 
- et enfin Meslier : des villages communistes.

En se basant sur la notion d'ataraxie politique, tous ces philosophes identifient trois nécessités pour la société :
- l'absence de trouble impliquant des policiers 
- l'absence de guerre impliquant des soldats. Mais l'armée se consacrera uniquement à la défense nationale (pas de puissance, de conquête, d'empire, de domination, de colonisation). Et c'est la nation qui décidera des guerres, toujours dans l'esprit de défense.
- l'absence d'injustice impliquant des juges.
 
Contre "le despotisme, la tyrannie et l'arbitraire" (Philodème), "la soumission des sujets et l'asservissement des citoyens" (D'Holbach) : il faut des lois !
Ces lois permettront :
- la liberté
- la propriété
- et la sûreté.
Les lois seront rédigées par le conseil des représentants de la nation, indique D'Holbach. Helvétius nuance en précisant qu'il ne faut pas de loi générale, étatique, ni d'économie planifiée, parce que la législation doit découler de chaque cas pratique envisagé. On pourrait parler de décentralisation, de petites républiques régionales.

Pour empêcher la famine et la misère, il faut créer :
- les conditions de la prospérité
- et le partage équitable des richesses (de la propriété terrienne dans un système physiocrate basé sur l'agriculture, mais partage qu'on devrait aussi appliquer au secteur secondaire).
Il faut en conséquence :
- alléger les impôts qui accablent les sujets/citoyens
- et ne taxer que dans l'unique perspective des dépenses publiques nécessaires.

Le travail de chacun permettra ainsi :
- de pourvoir aux nécessités de la vie quotidienne (se nourrir, se vêtir, se loger, assurer l'éducation des enfants, se soigner en cas de maladie)
- et de payer les taxes pour la sécurité et la justice ("soldats, magistrats, policiers", selon Helvétius) auxquelles D'Holbach ajoute "l'éducation nationale" (au programme : philosophie - épicurienne - et droit).

Tout en s'inscrivant dans une continuité où on affine progressivement la taille du territoire administré, passant d'un pays, à des régions et enfin à des villages, Meslier se démarque brutalement des réformistes D'Holbach et Helvétius sur deux points majeurs :
1- la méthode ; puisqu'il prône : la révolution, le tyrannicide (donc la violence qui alimente le désir de vengeance) et la désobéissance civile (non-violente)
2- et l'abolition de la propriété privée.  


3- Qu'existe-t-il de nos jours (de mieux ou de moins pire) ?

Pas un seul pays du monde ne fonctionne en démocratie "pure" (appelée aussi démocratie directe) avec:
- un morcellement maximal du pouvoir, 
- des mandats non renouvelables, et encore moins cumulables, 
- des élus révocables, 
- et un découpage législatif basé sur le village (comme souhaité par Meslier).
Mais est-ce vraiment la panacée ?
 

Philodème de Gadara s'oppose à la démocratie en rejetant "le pouvoir du plus grand nombre inculte".
Le mot "inculte" est fondamental. 

C'est pourquoi D'Holbach affirme la nécessité d'une éducation nationale.

De nos jours, le seul pays qui possède une majorité d'adultes avec un diplôme universitaire est le Canada avec 51 % de la population qui détient un diplôme supérieur.
(voir  http://www.e-orientations.com/actualites/enseignement-superieur-top-10-des-pays-les-plus-diplomes-11057)

On pourrait donc, peut-être, prendre modèle sur le Canada, ou des pays similiaires (Nouvelle-Zélande, 41% de diplômés du supérieur, Australie, 38%) ou encore sur les pays scandinaves (Finlande, 38% de diplômés du supérieur, et Islande, Norvège, Suède et Danemark) qui, avec les Pays-Bas et la Suisse, constituent le "Top10 des pays les plus démocratiques du monde".
(voir : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2015/10/les-dix-pays-les-plus-democratiques-du.html et http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2015/10/les-dix-pays-les-plus-democratiques-du_30.html

Ils présentent d'ailleurs de fortes similitudes :

* un roi/une reine au pouvoir symbolique ou un président au pouvoir honorifique,

* le vrai pouvoir au parlement
- qui est un parlement monocaméral (à une seule chambre élue directement, contrairement aux deuxièmes chambres généralement élues indirectement)
- élu selon un mode de scrutin à la représentation proportionnelle (parfois, c'est précisé "plurinominale")(sans pour autant appliquer le quotient électoral mais plutôt un seuil fixé entre 2% et 5% selon les meilleurs pays)
- avec des élections tous les 3 ou 4 ans, parfois moins

* un pouvoir exécutif issu d'une coalition entre plusieurs partis, aucun d'eux n'ayant la majorité absolue au parlement
- la nécessité d'un consensus pour toute décision


* sans oublier une certaine neutralité en matière de politique étrangère (ce qui limite considérablement le risque de guerres).

Les propositions des philosophes ont-elles eu des échos parmi les Etats modernes ?

* L'utopie du "Bon Roi" de Philodème de Gadara n'existe que très ponctuellement mais pas comme système politique pérenne, reproductible. On peut quand même trouver des rois vénérés par leur peuple :

- comme celui de Thaïlande, de confession/philosophie bouddhiste, Bhumibol Adulyadej (en thaï : 
ภูมิพลอดุลยเดช), né le 5 décembre 1927, couronné en 1950 sous le nom dynastique de Rama IX. Souverain constitutionnel (monarchie constitutionnelle sur le modèle britannique), il est chef de l'État et protecteur des religions de Thaïlande. Il est aussi le plus ancien chef d'État en exercice actuellement (en fonction depuis le 9 juin 1946, sur le trône depuis 69 ans 5 mois et 15 jours).

- ou encore et surtout  celui du Bhoutan qui a développé le concept de "bonheur national brut" avant d'abdiquer au profit de son fils Jigme Khesar Namgyel Wangchuck en 2008 (faisant de lui le plus jeune roi au monde, 28 ans à l'époque), précédemment surnommé le « Prince Charmant » par la presse thaï en 2006.
Jigme Singye Wangchuck (prononcer Jimi Singgê 'Wangchu) maintient un style de vie simple, préférant travailler dans une petite cabane en bois hors de la capitale Thimphu, plutôt que dans le palais-forteresse du Thimphu Dzong utilisé par ses quatre reines (toutes sœurs) et l'Assemblée nationale. En Occident, il se fait remarquer par son objectif affiché de maximisation du Bonheur national brut dans son pays plutôt que du Produit national brut.



* Par contre, la monarchie constitutionnelle, du baron d'Holbach, permise grâce à l'éducation de sa population et de son roi, a trouvé de nombreux exemples parmi les meilleurs Etats du classement démocratique : 
- le Royaume de Norvège
- le Royaume de Suède
- la Nouvelle-Zélande (officiellement une monarchie constitutionnelle avec Elisabeth II comme le chef de l'Etat)
- le Royaume de Danemark
- le Canada (avec comme chef d'Etat : ... Elisabeth II) qui est aussi un Etat fédéral
- le Commonwealth d'Australie (dont le chef de l'Etat est encore Elisabeth II)
- et le Royaume des Pays-Bas


* Le deuxième modèle à s'être concrétisé avec succès est le fédéralisme ("ligue fédérative"), cher à Helvétius, avec :

- la Confédération Helvétique (Suisse) composée de 26 cantons variant entre 37 et 7 105 km2 et avec une population de 15 000 à 1 371 000 habitants (selon le recensement de 2011).

- et le Canada (qu'on classe également parmi les monarchies parlementaires/constitutionnelles) qui compte dix provinces : l'Alberta, la Colombie-Britannique, l'Île-du-Prince-Édouard, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Ontario, le Québec, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi que de trois territoires fédéraux : les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le Yukon. .

Si l'on élargit la définition d'Helvétius à des "républiques (fédératives)", on se doit d'ajouter :
- la République d'Islande (320 000 habitants)
- et la République de Finlande (un peu plus de 5 millions d'habitants).

Compte tenu du nombre relativement restreint d'habitants et de l'homogénéité de la population, peut-être que le fédéralisme (pour coller davantage aux nécessités propres à telle ou telle région) ne s'imposait pas dans ces deux républiques. 


* Finalement, le communalisme international de l'abbé Meslier n'a pas encore été appliqué.
Il s'agirait en effet d'aller encore plus loin que, par exemple, le fédéralisme suisse. Le morcellement ne serait pas cantonal (entre 15 000 et 1 300 000 habitants) mais communal, avec une constitution spécifique à chaque commune tout en maintenant une collaboration entre toutes ces communes pour la défense contre d'éventuels agresseurs extérieurs.

Le système de Meslier sera-t-il appliqué un jour ? Peut-être avec quelques concessions vis-à-vis du droit à la propriété individuelle ...

11 commentaires:

Je a dit…

Le droit naturel (en latin jus naturale) est l'ensemble des normes prenant en considération la nature de l'homme et sa finalité dans le monde. Le droit naturel s'oppose au droit positif, et diffère du concept de loi naturelle. En outre, le droit naturel se distingue des droits naturels : ces derniers se réfèrent à des droits subjectifs, tels que, par exemple, les droits de l'homme. On parle de droits naturels pour ceux-ci parce qu'on présume que ces droits seraient issus de la nature humaine, et qu'ils seraient donc inhérents à chacun, indépendamment de sa position sociale, de son ethnie, de sa nationalité, ou de toute autre considération.

Les premières formulations du concept de droit naturel viennent de l'école de Salamanque, et ont ensuite été reprises et reformulées par les théoriciens du contrat social (Hobbes, Locke, Rousseau) à partir de la notion nouvelle pour l'époque d'état de nature.

Les théoriciens et les défenseurs de la notion de droit naturel sont appelés « jusnaturalistes », et la doctrine correspondante « jusnaturalisme ».

Au sens large, le droit naturel désigne toute recherche objective de normes de droit en fonction des seules caractéristiques propres à l'être humain, indépendamment des conceptions du droit déjà en vigueur dans les sociétés humaines. Juridiquement le droit naturel est une « règle considérée comme conforme à la nature (de l'homme ou des choses) et à ce titre reconnue comme de droit idéal ». Le droit naturel s'oppose au positivisme juridique.

Le droit naturel étant supposé exister partout même s'il n'est pas effectivement appliqué et sanctionné, il n'est donc pas nécessairement un droit opposable ; étant fondé sur la nature humaine et non sur la réalité sociale dans laquelle vit chaque individu, le droit naturel est réputé universellement valable même dans les lieux et aux époques où il n'existe aucun moyen concret de le faire respecter.

L'expression droit naturel est susceptible d'acceptions légèrement différentes :

- recherche du juste par une analyse rationnelle et concrète des réalités sociales dans leur contexte mondial, orientée par la considération de la finalité de l'homme dans l'Univers ;
- principes immuables, découverts par la raison, permettant d'éprouver la valeur des règles de conduite admises par le droit objectif, qui dérivent du comportement « naturel » (instinctif) des êtres.

Je a dit…

Les critiques du droit naturel

Le droit naturel est affecté de deux limites fondamentales qui sont à la base de toutes les critiques. D'abord son contenu ne pourrait faire l'objet d'une définition stable et universelle que sous réserve d'un consensus général sur la nature humaine. Ensuite son application réelle supposerait qu'il soit transposé dans les divers systèmes juridiques et effectivement sanctionné par des autorités disposant du pouvoir de coercition, c'est-à-dire traduit en droit positif.

Je a dit…

Droit de propriété vs destination universelle des biens

Une critique formulée aujourd'hui concerne, parmi les droits naturels identifiés par la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, le droit de propriété, considéré comme l'un des quatre « droits naturels et imprescriptibles » (article 2). Selon la déclaration, « la propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment… » (article 17).

Dans la conception du droit de propriété de John Locke, exposée au chapitre 5 du deuxième traité du gouvernement civil (1690), l'homme acquiert la propriété d'un bien par son travail. Or, cette manière de fonder le droit de propriété ne comporte aucune référence à une forme d’accomplissement de la personne ou à une finalité commune aux hommes. Il s'agit d'un des traits du libéralisme qui s'appuie sur une conception individualiste de l'homme pour garantir sa liberté contre les empiétements de la communauté, et qui rejette toute idée d'une fin commune aux hommes. L'Église considère que l'homme est par constitution relationnel, ce qui permet de penser un « bien commun » là où l'individualisme ne fonde que des biens individuels antagonistes. La nécessité d'un bien commun entraîne qu'il existe une destination universelle des biens ; c'est un principe de la doctrine sociale de l'Église. Par conséquent, fonder la propriété uniquement sur le travail est incompatible avec la doctrine de l'Église

Je a dit…

Universalisme et relativisme

Il y a d'abord une critique ontologique, qui refuse d'admettre l'existence et l'universalité du droit naturel : c'est, par exemple, le thème général de la critique du contre-révolutionnaire Joseph de Maistre ou de Karl Marx (dans Sur la Question juive), qui refusent le caractère abstrait de ce droit. Maistre affirme ainsi que le seul droit naturel est celui qui vient de l'histoire singulière de chaque peuple. Marx, quant à lui, insiste sur le caractère spécifique de chaque contexte social et historique, et n'envisage l'homme qu'en tant qu'il fait partie d'une société déterminée. Le concept de nature humaine, qui servirait à fonder les droits naturels subjectifs, est donc jugé problématique par ces auteurs (Marx parle bien d'un être générique, mais on ne peut extrapoler de ce qu'est l'individu dans une société capitaliste à ce qu'il est de façon universelle).

Je a dit…

Épistémologie

Il y a ensuite une critique épistémologique : à supposer même que les droits naturels existent, comment peut-on les connaître ? C'est une critique formulée par Pascal contre Hobbes : la raison ne peut servir à nous indiquer des lois naturelles universelles. Cette objection se rapproche du non-cognitivisme éthique, qui s'oppose au réalisme moral.

Elle est reprise par Jeremy Bentham, qui insiste sur l'équivocité de la notion de droits naturels dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Il essaie alors de formuler un concept utilitariste des droits de l'homme.

Je a dit…

Positivisme juridique

Au XXe siècle, et en particulier sous l'influence de la Théorie pure du droit de Hans Kelsen, le positivisme juridique insiste sur la définition de l'objet de la science du droit, et affirme qu'on ne peut, au sens strict, parler de droit que s'il s'agit d'un système juridique positif. Le seul droit véritable est donc le droit positif : le droit naturel, lui, appartient à la sphère morale. L'usage du mot droit serait donc discutable, le droit naturel désignant un ensemble de principes qui seraient censés devoir inspirer le droit mais qui ne seraient pas eux-mêmes nécessairement juridiques.

Il apparaît que le droit anglo-saxon, fondé sur la common law, et la conception européenne du droit de tradition romano-germanique (droit écrit, puis évolution vers le droit positif), sont différents, de sorte que le rapport entre le droit naturel et le droit en général est sensiblement différent selon que l'on se place dans le monde anglo-saxon ou d'autre pays occidentaux.

Je a dit…

La propriété privée correspond au droit d’user, de jouir et de disposer d’une chose de manière propre, exclusive et absolue sous les restrictions établies par la loi. Il s'agit de la propriété qui appartient en propre à un individu, ou à plusieurs personnes privées, ou encore, depuis le XXe siècle, à une entreprise ou une autre personne morale.

La déclaration universelle des droits de l'homme dispose que « toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété ».

La propriété privée et sa transmission par l'héritage sont une des notions principales refusées par les pensées socialistes car vue comme une des bases des inégalités sociales.

Je a dit…

Bibliographie sur la propriété privée

- John Locke, Traité du gouvernement civil, 1690.
- Pierre-Joseph Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ?, 1840.
- Friedrich Engels, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, 1884.

Je a dit…

Qu'est-ce que la propriété ? ou Recherche sur le principe du Droit et du Gouvernement, publié le 30 juin 1840, est le premier ouvrage majeur de l'anarchiste français Pierre-Joseph Proudhon. Il traite du concept de propriété et de sa relation avec l’État, les ouvriers et l’anarchisme. Ce livre contient la citation célèbre « La propriété, c'est le vol ! ».

Proudhon déclare : « J’en ferai sortir la preuve irréfragable que la propriété, quand elle serait juste et possible, aurait pour condition nécessaire l’égalité. » Il adopte le mot mutuellisme pour décrire sa vision d'une économie composée d'individus et de syndicats démocratiques qui échangeraient leurs produits sous la contrainte de l'égalité.

Bien que Karl Marx ait plus tard sévèrement critiqué Proudhon, il crédita néanmoins ce livre de l'avoir convaincu de la nécessité d'abolir la propriété privée.

Je a dit…

Dans la mythologie grecque, Panacée (en grec ancien Πανάκεια / Panákeia, de la racine pan, « tout », et akos, « remède », signifiant « la secourable ») est une déesse qui prodigue aux hommes des remèdes par les plantes.

Elle est fille d'Asclépios et, selon les auteurs, d'Épione ou de Lampétie. Elle est donc la sœur d'Hygie, Iaso (la Guérison) et Églé. Elle possède un autel dans le temple d'Amphiaraos à Thèbes.

Le serment d'Hippocrate fait référence à cette déesse : « Je jure par Apollon, médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l’engagement suivant [...] ».

Nom commun

En pharmacie exista une croyance selon laquelle pouvait exister un remède efficace contre un grand nombre de maladies. On appelait ce remède la thériaque ou la panacée. Ce mot entra dans le langage courant au Moyen Âge.

Aujourd'hui, on l'utilise de façon souvent ironique pour désigner un objet, une idée, un concept qui semble être — ou que certains veulent faire passer pour — le remède à tous les maux ou tout un ensemble de maux. Le mot est parfois redoublé, on ne parle plus simplement de « panacée », mais de « panacée universelle ».

Le ginseng appartient au genre panax, traduction latine de Panákeia.

Je a dit…

Il y a deux ans , je concluais cet article par :

"Finalement, le communalisme international de l'abbé Meslier n'a pas encore été appliqué. Il s'agirait en effet d'aller encore plus loin que, par exemple, le fédéralisme suisse. Le morcellement ne serait pas cantonal (entre 15 000 et 1 300 000 habitants) mais communal, avec une constitution spécifique à chaque commune tout en maintenant une collaboration entre toutes ces communes pour la défense contre d'éventuels agresseurs extérieurs. Le système de Meslier sera-t-il appliqué un jour ? Peut-être avec quelques concessions vis-à-vis du droit à la propriété individuelle ..."

Je me trompais. Le modèle de Jean Meslier a été appliqué au moins deux fois :
- avec la Commune (de Paris) de 1871
- et l'Espagne anarchiste de 1936-1939.