samedi 12 septembre 2015

Après Epicure - ou - De l'éthique individuelle à la politique collective.

A force de lire de nombreux courants philosophiques et religieux, matérialistes, idéalistes ou spiritualistes, c'est la pensée d'Epicure qui s'impose à moi comme une évidence.

Sa physique, basée sur les travaux de ses prédécesseurs Leucippe et Démocrite, anticipe avec près de 2500 ans d'avance ce que la science prouve de nos jours : la matière est constituée de particules élémentaires ("atomos") et de vide.

Son éthique vise la sérénité, qu'il nomme l'ataraxie : l'absence de douleurs. Épicure défend un mélange de joie tempérée, de tranquillité et d'autosuffisance. Ainsi sa recherche du plaisir est à l'opposé de l'excès tel que ses adversaires ont bien voulu le prétendre ... tout en brûlant parallèlement ses oeuvres complètes. Il ne nous reste en tout et pour tout que trois lettres du philosophe envoyées à des disciples (et quelques citations) !

Enfin, en logique ou épistémologie, Épicure considère que la sensation est à l'origine de toute connaissance et annonce ainsi l'empirisme.

Epicure propose un art de vivre basé sur la classification des désirs.

Classification des désirs selon Épicure
Désirs naturels Désirs vains
Nécessaires Simplement naturels Artificiels Irréalisables
Pour le bonheur (ataraxie) Pour la tranquillité du corps (aponie) Pour la vie (nourriture, sommeil) Variation des plaisirs, recherche de l'agréable ex. : richesse, gloire ex. : désir d'immortalité

Mais cet art de vivre ne s'applique qu'à l'individu, tout au plus au groupe d'amis et d'amies que constituent ses disciples du Jardin.
Epicure proscrit de s'intéresser à la politique. Sa devise est d'ailleurs : "Vivre caché" !

C'est donc parmi ses lointains adeptes, soit de l'époque romaine, soit parmi les philosophes des Lumières (XVIIIème siècle et au-delà) qu'on pourra trouver une version sociale de l'épicurisme.

Entre les deux : 1500 années d'obscurantisme dues à la christianisation de l'Empire romain puis de l'Europe des rois germaniques. Quelle tragique perte de temps pour l'humanité !

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Une ataraxie politique (Contre-histoire de la philosophie, tome 1, p.259-261)

Avant d'intervenir sur le terrain politique prescriptif, Philodème de Gadara (110 avant J.C. - 40 avant J.C.) effectue une critique en règle de la politique. L'infléchissement s'effectue toujours dans l'esprit d'un dépassement d'Epicure et de sa conversation. On s'installe au-delà de sa défiance à l'endroit de la chose publique; mais on garde présente à l'esprit la leçon du politique considéré comme un domaine dans lequel la somme des ennuis se révèle la plupart du temps supérieure à la quantité des satisfactions obtenues. Le jeu n'en vaut pas la chandelle : l'idéal (grec) consiste à se tenir à distance, le réel (romain) n'exclut pas la possibilité d'un certain type de cheminement commun entre la philosophie et la politique. Non que le philosophe doive préférer l'action publique à son travail sur soi, mais l'homme actif et élu dans la cité doit pouvoir agir en regard d'une philosophie. Nul besoin de réactiver le fantasme platonicien du philosophe-roi, il suffit de penser aux conditions de possibilité d'un roi quelque peu frotté de philosophie. Épicurienne en l'occurrence !

La critique du politique effectuée par Philodème aurait réjoui les cyniques et les cyrénaïques : en investissant dans cette activité, on perd son âme, sa tranquillité, sa sérénité. Jalousie de la plèbe, discrédit des politiques aux yeux des citoyens, expositions dangereuses aux multitudes enflammées, ingratitude des sujets, en butte aux humiliations, l'engagement public ne génère que des ennuis, des risques. Philodème en rajoute : les hommes politiques valent autant que des mages, leurs victimes pèsent autant que des bœufs abattus chez le boucher ...

Pas brillant le bilan , guère réjouissant ... Que faire ? S'il s'agit d'en rester à l'idéal et de ne pas entendre les leçons du réel, à l'évidence, il faut persister dans l'éthique de conviction d'Epicure, si grecque, et se refuser à toute implication politique; en revanche, position qui relève de l'éthique de responsabilité, tellement romaine, quand on veut pratiquer la philosophie dans la vie quotidienne, il faut envisager une option tierce et croire à la possibilité d'infuser de la philosophie dans la politique. Car la meilleure politique se définit comme celle qui rend le plus facilement praticable l'activité du sage et la réalisation de l'ataraxie.

Laissons donc la politique aux politiciens, mais tâchons de les instruire, de les améliorer en les frottant de philosophie. Les bustes d'hommes politiques qui ornent la villa des Papyrus ne  sont pas innocemment choisis. Il s'agit de monarques hellénistiques ayant entretenus des rapports avec des philosophes épicuriens : Ptolémée Philadelphe, Philonide, mais aussi Démétrios Poliorcète, Antigonos Monophthalmos, Lysimaque, roi de Thrace, avec lesquels Epicure a entretenu des relations - parfois tendues. Un bon roi, dans l'esprit épicurien, voilà un idéal pensable ...

Philodème entretient Pison de ce sujet dans un ouvrage qu'il rédige en vers. De manière classique dans l'épicurisme, le texte récuse autant la démocratie que la tyrannie : ni le pouvoir du plus grand nombre inculte, ni celui d'un autocrate. La sagesse tourne le dos aux masses et aux despotes. La solution, l'intermédiaire mesure, se trouve dans la monarchie : le pouvoir d'un seul qu'il semble plus facile de rendre meilleur grâce à la philosophie.Ainsi, en lisant Homère et en réfléchissant sur ce qui peut définir le meilleur gouvernant, Philodème brosse un portrait et établit une liste de qualités du Roi idéal - et de son conseiller sous les traits duquel on reconnaît ... Cicéron !

La meilleure politique doit permettre l'exercice d'une éthique épicurienne : le Roi tâchera donc de réaliser un genre d'ataraxie étatique. Pas de troubles, de guerres, d'injustices, pas de despotisme, de tyrannie, d'arbitraire, pas de famines, de misères, pas de violences, mais une sérénité dans la cité qui rende possible une existence personnelle et individuelle déployée dans la tranquillité. En favorisant la paix sociale, il ouvrira la voie aux conditions d'apparition de la sérénité chez le sage. En cela, son travail évolue aux marges de la philosophie.

Le portrait du bon Roi sacrifie au genre de l'édification : respectueux des biens d'autrui, incapable de commettre des homicides, bienveillant, ne s'interdisant pas de jouir des bienfaits de la terre, respectueux des morts, sobre, doué dans l'administration des biens, jamais grossier, doux, clément, équilibré, ignorant la sévérité, ni vengeur ni comploteur, détestant plus que tout la discorde, le tumulte, l'envie, il prend modèle sur la prudence et la sagacité d'Ulysse, garde la cap sur la justice, mène à bonne fin toutes ses actions sans jamais recourir aux armes. Inspiré par le philosophe qui prend modèle sur le sage Epicure lui-même instruit de l'excellence des dieux, Philodème démontre que la transcendance ne paraît jamais autant désirable que lorsqu'elle soulève l'immanence ...


Epicure, saint et ventriloque (Contre-histoire de la philosophie, tome 3, p.194)

Pierre Gassendi (1592-1655), dans son Traité de la philosophie d'Epicure (1649) [...] ajoute des considérations éthiques - un éloge de vertus (douceur, tempérance, modestie, modération, courage) inexistantes chez Epicure; et développe des thèses politiques rarissimes chez le philosophe grec - la nécessité utilitariste d'un pacte social de non-agression, condition d'une ataraxie communautaire et générale [...]


Philosophie des Etats généraux (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.84-85)

Jean Meslier invente aussi sur le terrain politique, car il formule pour la première fois un hédonisme social et politique. Avant lui, l'eudémonisme existe, certes, l'hédonisme également, mais ils demeurent surtout l'affaire d'individu. A chacun revient la charge de créer son bonheur et de produire sa jubilation pour son propre compte. S'il existe des politiques épicuriennes, cyniques, cyrénaïques, c'est plutôt en marge, par la bande ou l'extrapolation, et non de manière centrale. Montaigne n'attend pas de la politique la réalisation de son bonheur propre, ni même qu'elle y contribue. Gassendi non plus. Meslier, si.

Athée, matérialiste, hédoniste, Meslier boucle son système avec la promotion d'un "communalisme international" très oxymorique car il s'appuie sur la cellule villageoise tout en visant la révolution planétaire. [...]

Dans le fouillis de l’œuvre, si l'on cherche les pépites politiques afin d'organiser l'ensemble en bijou révolutionnaire, on commencera par ce qui ressemble à une philosophie des États généraux. A savoir ? Le cure peint dans le détail le tableau des mœurs et souffrances paysannes sous le régime féodal d'un Louis XIV qu'il n'a pas de mots assez durs pour flétrir. [...]

Une république eudémoniste (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.87)

Cette inégalité [entre paysans et travailleurs qui n'ont rien, et prêtres et rois qui ont tout] d'institution contredit et contrarie l'égalité naturelle. Meslier croit au droit naturel. Non pas celui des chrétiens (le droit culturel de leur religion transformé en lois de la nature), mais celui des jusnaturalistes - qu'il n'a probablement pas lus : Grotius, Pufendorf ... -, pour lesquels les hommes disposent naturellement du droit de vivre pour avoir chaque jour de quoi se nourrir, se vêtir, se loger, assurer dignement l'éducation de leurs enfants, mais aussi pour jouir de leur liberté naturelle, puis travailler en vue de l'utilité publique et du bien commun.

Afin d'en finir avec cet état des lieux déplorable produit par la monarchie française aidée du clergé catholique, le curé gauchiste en appelle au droit et à la loi : de bonnes lois peuvent rendre les hommes bons. Si dans l'état de nature - il n'utilise pas l'expression - les hommes subissent la loi violente de la lutte pour l'existence, l'état de civilisation doit permettre par la loi de réaliser la justice. Meslier fixe deux objectifs : le "bien public" et un projet pour "vivre heureux" (II, 75). Autant dire une république eudémoniste.

Comment la révolution ?  (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.87)

"Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres". Meslier reprend l'idée [de Montaigne] : ne donnez plus rien au riche, excluez-le de votre société, sortez-le de votre monde en lui refusant ce qu'il prétend que vous lui devez. Concrètement, le curé ne précise pas, mais il invente la désobéissance civile chère au cœur de Henry David Thoreau : ne plus payer d'impôts, refuser la taille, dire non à la gabelle, regimber aux corvées.

Le projet révolutionnaire ne s'arrête pas à cette dynamique de résistance laboétienne. Meslier ajoute à ce premier temps la force active et dynamique, le vouloir délibéré de s'unir pour renverser et briser les trônes. Dans cet ordre d'idées, il fait clairement l'éloge du tyrannicide. "Assommer tous ces détestables monstres et ennemis du genre humain" (III, 133), écrit-il ... Vengeance ? Point du tout : instauration du règne de la justice et de la vérité.

A quoi il associe également l'abolition de la propriété privée. Cinquante ans avant la critique rousseauiste du Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes, Meslier rend la possession et la jouissance séparée responsables de tous les maux. Car, avec elle, les plus rusés, les plus matois, les méchants et les forts coalisés triomphent des pauvres et disposent du moyen de les exploiter.

Une fois abolie la propriété privée, réaliser la possession commune - "jouir en commun". Tout ce qui s'obtient par le travail, les fruits de la prospérité et du talent, se trouve mis en commun dans la commune. La cellule de base ? La famille. Mais c'est une cellule, un maillon dans la chaîne. Elle ne constitue pas la fin de ce communisme rural mais son noyau organisateur. Le village doit s'inspirer de l'organisation familiale. Et les villages, en passant des contrats pour réaliser la paix, construisent les occasions de la prospérité sociale et du bonheur de la vie en commun. Préfiguration de la paix perpétuelle visée par l'abbé de Saint-Pierre - elle-même modèle de Kant ...

L'hédonisme social se propose le bonheur de tous et de chacun. Un bonheur non pas idéal mais très réel, concret, pragmatique : un travail, de quoi manger sainement et suffisamment tous les jours, vivre et dormir dans une maison propre et chauffée, de la nourriture, des vêtements, les moyens d'une éducation pour ses enfants, la possibilité d'être soigné en cas de maladie.

Dans un siècle où le peuple survit misérablement au quotidien, enveloppé de guenilles, dormant dans les étables ou sur le fumier de paillasses rongées par la vermine, subissant les pénuries et les famines, victime désignée des épidémies, des pandémies, le bonheur se doit d'être concret, susceptible d'une réalisation ici et maintenant. Saint-Just dira un peu plus tard que "le bonheur est une idée neuve en Europe" : Meslier signe l'acte de naissance de cette pensée forte.

Le communalisme local étendu à l'universel suppose l'internationalisation. Meslier pense pour le village, certes, mais il ne conçoit pas la résolution des problèmes sur le seul terrain limité de l'association villageoise. "Je parlerai volontiers à tous les peuples de la terre (III, 154), écrit-il en inventant aussi le principe de l'exportation des valeurs révolutionnaires à la totalité de la planète. Léon Trotski n'aura qu'à relire ...


La dentelle, les bas et le minerai (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.172)

Le monde, Claude-Adrien Helvétius le connaît en tant que fermier général, comme familier de la cour, ou en seigneur de ses terres, mais aussi en entrepreneur. Le poète des vers galants, le théoricien du bonheur, le rimailleur hédoniste, le talon rouge se double d'un philosophe passionné par l'industrie. Il aspire à une réforme du pays inspirée par les physiocrates qu'il fréquente : comment redistribuer des richesses si en amont elles ne sont pas produites ? De quelle manière envisager un partage plus équitable des biens si l'on ne dispose pas d'un système utile et efficace pour les créer ?


Le "cri de la misère" (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.209-210)

Avant l'affaire De l'esprit, Helvétius a subi la violence d'un régime politique qui ne tolère pas la pensée libre; percepteur du roi dans sa jeunesse, il a connu dans les campagnes la misère noire de la province; Maître d'hôtel ordinaire de la reine, il a constaté les fastes de la cour à Versailles ; sur ses terres normandes, il a vu les gens travailler, peiner, souffrir et mourir au labeur à cause de la famine. Quand, désabusé, il rédige les pages d'ouverture de son livre posthume, il pose son diagnostic : "Ma patrie a reçu enfin le joug du despotisme".

Qu'est-ce que le despotisme ? Tout pouvoir personnel insoucieux du bien public et de l'intérêt général, dans le Divan oriental ou sous le grand dais de Versailles; toute pratique politique ayant aboli la distinction entre juste et injuste, caprice personnel et loi générale; tout régime interdisant la liberté de parole, d'expression, de publication; tout gouvernement contrôlant l'émission, la diffusion et la circulation des idées; toute administration concentrant les richesses dans les mains d'une poignée : le roi, sa cour, ses courtisans, ses favoris, ses maîtresses, ses soutiens politiques. Ces définitions valent encore aujourd'hui ...

En termes marxistes, Helvétius constate la paupérisation et la lutte des classes : les pauvres, la majorité du pays (les deux tiers, écrit-il), travaillent d'arrache-pied et ne disposent pas des moyens de vivre. Pendant ce temps, les riches oisifs taxent ces miséreux et vivent des profits de leurs rentes. Sans faire de morale moralisatrice, mais en penseur soucieux d'économie, Helvétius affirme que la concentration de richesses, la diminution du nombre de riches, et, simultanément, l'augmentation de leurs fortunes, la privation du plus grand nombre, voilà qui est contraire à l'intérêt général et au bien de la nation. Helvétius parle du "cri de la misère", il l'entend et l'amplifie.

Un radicalisme réformiste (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.211-212)

Que faire ? La révolution ? Personne n'y songe vraiment ... La communauté des biens ? Le collectivisme ? Le communautarisme ? L'abolition de la propriété ? Quelques-uns y croient, Jean Meslier, on le sait, mais aussi Morelly et son Code de la nature, ou l'abbé Mably, mais pas Helvétius. L'idée lui paraît irréalisable. Non pas saugrenue, mais impossible à mettre en pratique. A quoi bon militer pour l'impraticable ?

Supprimer l'argent ? Non, dit le philosophe, et il argumente en proposant une utopie réflexive : que se passerait-il dans ce cas ? Pauvreté, misère, ruine et famine. Les riches, les habitués au luxe, les propriétaires, les financiers, les entrepreneurs s'exileraient massivement avec leurs fortunes. Avec cette hémorragie des talents commerciaux et industriels, banquiers et financiers, il ne resterait plus sur le territoire national que des affamés incapables de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. La nation, affaiblie, diminuée, serait à la merci du premier voisin qui s'approprierait le territoire national, puisque aucune résistance ne s'offrirait - car l'armée suppose l'argent pour l'entretenir et la tenir prête à l'emploi.

Alors ? Alors, pas la révolution mais le réformisme - mais sous une forme radicale. Insensiblement mais sûrement, il faut changer les choses, les améliorer, réduire les injustices. Helvétius plaide pour des changements réguliers, continus, progressifs. Récusant l'idéologie, il refuse une loi générale agissant en recette miracle. Pas d'économie planifiée, statique, ou de décisions étatiques nationales et impérieuses.

En revanche, pragmatique, il envisage des modifications ponctuelles sur des points précis dans des cas de figure concrets. Nominaliste, et non idéaliste comme tout idéologue, il faut, selon lui, penser à une nation particulière, à son état d'avancement, à sa régression, à ses caractéristiques propres, à ses données statistiques : l'état de son industrie, les chiffres de son commerce, les résultats de ses opérations financières, etc. Chaque législation doit découler du cas pratique envisagé. Ensuite, la loi permet de changer les choses.

Égaux en bonheur (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.212-213)

Son projet politique paraît simple : rendre les les hommes "égaux en bonheur". ("L'égalité des jouissances" demandée par les sans-culottes en 1793) Si le communisme et l'abolition de l'argent paraissent des impasses, envisageons bien plutôt la répartition des richesses en un plus grand nombre de mains. Rien ne sert de vouloir la fin de la richesse nationale quand le problème suppose de nouvelles répartitions équitables et plus justes. Pour aller dans cette direction, le souverain doit d'abord alléger les impôts et taxer les citoyens dans l'unique perspective des dépenses publiques nécessaires à la réalisation de la félicité nationale. Toute levée de taxes injustifiée par une ligne budgétaire indexée sur le bien public s'apparente au vol.

Avant cela, et pour desserrer la pression fiscale sur les contribuables, donnons-leur les moyens d'accumuler un minimum de richesses à taxer ! En fils de son temps, et en connaisseur de la théorie des physiocrates, Helvétius croit aux vertus du travail, de l'industrie, de l'initiative, de la propriété privée, du commerce, du luxe et des échanges. Comment vouloir une égalité des bonheurs si l'on ne crée pas d'abord les occasions du bonheur ?

Dès lors, Helvétius défend l'accès à la propriété terrienne pour tous. Une journée de travail n'excédant pas sept à huit heures - nous sommes en plein XVIIIème siècle ... -, la production de richesses dans la seule perspective que chacun puisse pourvoir aux nécessités de la vie quotidienne et s'acquitter des taxes utiles à l'Etat pour assurer la sûreté et la protection du territoire national, la défense de la justice - les soldats, les magistrats, les policiers.

L'organisation de la nation passe par la promotion d'une idée nouvelle : le fédéralisme. Son œuvre complète ne contient pas d'amples démonstrations, l'idée n'apparaît qu'à deux reprises et en quelques mots seulement - une "ligue fédérative" et des "républiques fédératives" -, mais elle s'y trouve : contre la grosse machine étatique, nationale, centralisée, celle qui emballera les Jacobins centralisateurs, le philosophe qui connaît les régions, la province et leur diversité, défend le principe fédéral cher au cœur des Girondins ... De fait, en passant, Helvétius sape le pouvoir monolithique de l’État monarchique et défend le principe de petites républiques plus à même de réaliser le bien public de ses citoyens.

L’œuvre de l'ogre  (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.229)

[...] Troisième temps [de l'oeuvre D'Holbach, après la déconstruction de la religion en général et du christianisme en particulier; et l'élaboration du matérialisme athée] : la politique eudémoniste et utilitariste. L'ouvrage central ? Le Système social, ou Principes naturels de la morale et de la politique, avec un examen de l'influence du gouvernement sur les mœurs (1773), trois volumes pour un total de presque six cents pages ... A quoi on peut ajouter la Politique naturelle, ou Discours sur les vrais principes du gouvernement, deux volumes, plus de cinq cents pages ...  Trois années plus tard, d'Holbach publie La Morale universelle, ou Les devoirs de l'homme fondés sur la nature (1776), trois volumes, presque mille deux cents pages ... Pour aller plus vite, nous disposons d'une synthèse intitulée L'Ethocratie, ou Le gouvernement fondé sur la morale (1776), un texte bref car inférieur à trois cents pages ...

Conséquentialisme et utilitarisme  (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.252-253)

D'Holbach transpose les lois de la nature qui valent pour l'homme à la totalité de la société. Ainsi passe-t-on insensiblement de l'éthique à la politique : la politique et l'éthique ne sont pas deux mondes séparés mais deux façons différentes de s'occuper d'un même monde. La loi voulant qu'on persévère dans son être et qu'on vise le maximum de satisfactions possibles, s'applique à l'individu, certes, mais également à la société qui cherche elle aussi à être et durer de manière eudémonique.

Or, le bien-être du plus grand nombre est supérieur au bien-être d'un seul. Voici une règle politique qui permet de résoudre le problème du bien et du mal sur le double terrain du particulier et de l'universel. Ces deux instances n'existent pas en idoles majuscules, dans l'absolu d'un ciel des idées platonicien. Dieu ne pose pas les valeurs en décidant une bonne fois pour toutes, de façon arbitraire, qu'une chose est bonne, l'autre non. Un exemple.

La sexualité ? Une mauvaise chose en soi, disent les chrétiens. D'Holbach rétorque : non, pas en soi, mais relativement à la situation : la sexualité de qui avec qui ? Quand ? Pour quelles raisons ? Selon quels projets ? En vertu de quels contrats ? Répondons d'abord à cette série de questions, puis décidons du coefficient éthique.  D'Holbach pose les bases du conséquentialisme : bien et mal, beau et laid, vice et vertu, juste et injuste ne se disent pas absolument, mais relativement au contexte, notamment aux conséquences induites en termes d'utilité individuelle ou collective. Est utile ce qui permet l'être, la durée, et la satisfaction à être.

Revenons donc à la question de la peine de mort. Un criminel obéit aux motifs qui le déterminent au crime ; il est soumis à la nécessité; des causes multiples le conduisent un jour à effectuer le geste homicide - des parents pervers, une époque brutale, une éducation défaillante, une enfance malheureuse, une physiologie débile, et autres "petites causes" théoriquement pointées par le philosophe.

Dès lors, on pourrait conclure à la responsabilité d'un père, d'une mère, d'un éducateur, d'un instituteur, d'un acteur social majeur - un prêtre, un fermier général, un prince, un roi, etc. - puis punir cette engeance. Le criminel, jouet des "ressorts chétifs" ou des "circonstances fugitives", ne devrait pas subir la hache du bourreau. En revanche, la cohorte de gens qui auraient pu éviter cette série de causalités débouchant sur un effet dommageable devrait rendre des comptes au bourreau. Pourtant, d'Holbach légitime la peine de mort pour le criminel ...

En vertu de quels critères ? L'utilité sociale. La récompense et la peine doivent exister dans une société pour signifier publiquement qu'on sait gré au serviteur de la Nation, de la Patrie, de son pays, et que simultanément on reproche à l'autre son vol, ses méfaits, son crime, ses vilenies nuisibles à l'être et à la durée du social en même temps qu'à son bonheur. Le premier contribue par ses actions altruistes à la pérennité et à l'excellence de la société; le second, par ses forfaits, détruit l'édifice communautaire.

Mode d'emploi d'un tempérament  (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.258-260)

C'est entendu, la nécessité triomphe, mais disons-le dans une formule épicurienne, il n'y a nulle nécessité de se soumettre à la nécessité si l'on peut s'en affranchir ... Et, de fait, l'on peut s'en émanciper un peu avec l'éducation, l'habitude, la contrainte, les lois. Où l'on retrouve le postulat des Lumières : la confiance dans les leviers politiques (au sens noble du terme : la science et l'art de la cité) pour changer radicalement le monde.

Troisième temps, donc : une politique eudémoniste. Par nature, les hommes ne sont ni bons ni méchants, ni vicieux ni vertueux. Culturellement, ils le deviennent en fonction de critères éthiques posés en amont. La morale théologique donne les siens, on les connaît, ils découlent du Décalogue. La morale naturelle en propose d'autres, évidemment, basés sur l'utilité sociale pour la communauté. S'il existe bien un déterminisme biologique, une nécessité physiologique, précisons qu'il est aussi un déterminisme sociologique. D'Holbach ne distingue pas aussi clairement les deux registres, ce qui, pourtant, aurait contribué à clarifier son propos.

Le registre de la société définit plus clairement le domaine de la politique. Le Système de la nature contient des passages explicitement politiques, car le baron ne sépare pas nettement les deux mondes. Dans les lignes inaugurales de l'Ethocratie, il défend même l'idée qu'éthique et politique se confondent. La formation de l'individu, c'est la formation de la société, et vice versa. L'instruction, l'éducation d'une personne contribuent à l'édification de la collectivité. L'école agit en cellule de base de l'Etat. L'instituteur active le premier rouage de la machine communautaire.

Puisque l'individu veut son bonheur, la société doit viser le même objectif. Le bonheur de tous; à défaut, celui du plus grand nombre. Le souverain bien en politique n'est donc pas la puissance, la conquête, l'empire, la domination, la colonisation, la soumission des sujets, l'asservissement des citoyens, mais la paix, la prospérité, le bonheur d'être ensemble, la liberté, l'égalité, la propriété, la sûreté. Le matérialisme (philosophique) débouche sur un hédonisme (éthique)poursuivi en eudémonisme (politique).

Puisque le cerveau constitue l'unité de base de la subjectivité, qu'il est le viscère des sentiments, donc de la pensée, autant dire des comportements induits, une politique digne de ce nom commence par proposer, défendre et créer une "éducation nationale" aux mains d'éducateurs qui n'enseignent pas les fables de la religion chrétienne, mais les vérités de la philosophie naturelle. En imprégnant le cerveau de vrais principes, en éclairant l'intelligence avec des lois justes, en formatant la conscience avec de bonnes règles, on crée des habitudes, on agit sur les motifs avec de nouveaux motifs qui déterminent les individus à désirer leur bonheur plutôt que leur malheur. Donc les société à se créer plus radieuses et non misérables.

Le peuple doit donc être éclairé, mais le prince aussi. D'Holbach n'invite pas à la révolution par les armes, à l'abolition de la monarchie, encore moins à des attaques de personnes, il est comme son ami Helvétius un réformiste radical. Au sens marxien du terme, il veut changer profondément les choses en les transformant à la racine. Eduquer le plus grand nombre, bien sûr, mais aussi le futur roi ou le roi en exercice. L'envoi de l'Ethocratie à Louis XVI témoigne en ce sens. D'Holbach croit à la monarchie éclairée, au roi tendu vers le bonheur de ses sujets, désireux de la prospérité de son royaume.

Principes d'éthocratie  (Contre-histoire de la philosophie, tome 4, p.260-262)

De bonnes lois font de bons individus; de bons individus font de bonnes lois; bonnes lois et bons individus font une bonne société. Le roi doit passer un contrat moral avec tous ses sujets. Et la loi gouverne le roi qui doit s'y soumettre, car il est l'instrument des lois naturelles qui supposent l'être, la durée et la sérénité de la communauté nationale, et tient sa légitimité de ce contrat avec le droit naturel. Il agit en interface avec les lois de la nature et son peuple, en interprète de celles-ci pour celui-là. Le roi doit aimer son peuple.

A l'heure où le baron publie son Ethocratie (1776), la cour règne, avec ses intrigues, sa confiscation des biens nationaux, son ignorance du bien public, son souci immoral d'enrichir sa caste. La noblesse, arrogante, suffisante, saigne à blanc les paysans avec le droit de chasse et un nombre considérable de taxes et d'impôts. Elle évolue dans un luxe détestable, et l'enrichissement d'une poignée se paie au prix de l'appauvrissement du restant de la société. Le roi doit négliger cette partie infime de ses sujets et retrouver le sens du peuple.

Pour ce faire, il doit choisir en dehors de la noblesse des représentants du peuple, dignes, moraux, éclairés, animés par le bien public, et constituer un "Conseil des représentants de la Nation" capable de se réunir indépendamment du roi. Ce Conseil fait, discute, corrige et abroge les lois, informé par les leçons utilitaristes et hédonistes de la philosophie matérialiste. Le roi incarne alors le Nom du droit naturel.

La Nation, et non plus le caprice du monarque ou son désir, décide des guerres à mener pour le seul bien des sujets, à savoir l'intégrité de la communauté nationale, et non la conquête ou l'extension de l'empire. Elle fixe l'impôt et arrête les dépenses publiques nécessaires. Ce Conseil représente les forces vives du peuple qui, pour sa part, dispose du droit de révoquer ses élus en cas de rupture de contrat de représentation  ou de trahison de sa confiance.

Les lois se proposent la liberté, la propriété, la sûreté. Liberté d'entreprendre, de publier, d'écrire, de se moquer, d'exercer la satire, de cultiver la terre, de commercer; propriété pour le plus grand nombre : la concentration des richesses entre les mains d'une poignée doit laisser place à une répartition plus équitable; pour ce faire, le baron souhaite la fin des grandes propriétés terriennes au profit d'un redécoupage en petites métairies à même de permettre une vie décente pour le plus grand nombre.

D'Holbach ne prône pas le communisme, le socialisme, la collectivisation des biens ou des terres comme Meslier ou Morelly, il ne souhaite pas un égalitarisme radical, et défend même la permanence d'une inégalité naturelle, sans excès, utile pour la concurrence, l'émulation, le désir de s'enrichir, autant de moteurs du libéralisme des physiocrates dont il est; sûreté enfin, afin que chacun puisse disposer librement, sans crainte ni angoisse, de soi, de sa personne et de ses biens. [...]

28 commentaires:

Je a dit…

Le matérialisme est une conception philosophique qui soutient que la seule chose pouvant être considérée comme existante est la matière ; que fondamentalement, toute chose est composée de matière et que tout phénomène est le résultat d'interactions matérielles. En tant que système philosophique, le matérialisme appartient à la classe des ontologies monistes. Cette conception remonte aux penseurs présocratiques, bien qu'elle n'aie jamais été revendiquée comme telle avant le XVIIe siècle. Elle admet de multiples interprétations, tant naturalistes qu'historiques. Tantôt associée au réductionnisme, tantôt au réalisme, elle est utilisée comme une arme argumentative par les philosophes qui se sont opposés à l'idéalisme, encore dominant en philosophie jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Je a dit…

On appelle idéalisme toute théorie philosophique qui considère que la nature ultime de la réalité repose sur l'esprit, sur des formes abstraites ou sur des représentations mentales. Du point de vue de la philosophie de la connaissance, l'idéalisme s'oppose au réalisme, qui affirme que le monde externe a une existence indépendante de la conscience et de la connaissance qu'on peut en avoir. Du point de vue de la philosophie de l'esprit, l'idéalisme s'oppose au matérialisme, qui affirme que la réalité ultime est la matière.

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Le spiritualisme est une doctrine qui affirme l'existence d'une entité supérieure et antérieure à l'être. Cette doctrine proclame également l'existence de valeurs spirituelles et morales.

Il convient néanmoins de ne pas confondre spiritualité et spiritualisme. La spiritualité, entendue entre autres comme recherche de la vie bonne, pouvant être l'objet de doctrines aussi bien matérialistes (comme l'épicurisme, par exemple) que spiritualistes.

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Le monisme est une conception métaphysique. C'est une doctrine défendant la thèse selon laquelle tout ce qui existe – l'univers, le cosmos, le monde – est essentiellement un tout unique, donc notamment constitué d'une seule substance1. Le monisme s'oppose à toutes les philosophies dualistes, qui séparent monde matériel ou physique et monde psychique ou spirituel. Ainsi, le monisme s'oppose au dualisme platonicien ou cartésien.

Le monisme peut être perçu comme une forme de matérialisme car par exemple les matérialistes considèrent que la conscience est la conséquence de mécanismes matériels localisés dans le cerveau.

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L'ontologie est une branche de la philosophie concernant l'étude de l'être, de ses modalités et de ses propriétés. En philosophie, l'ontologie (de onto-, tiré du grec ὤν, ὄντος « étant », participe présent du verbe εἰμί « être ») est l'étude de l'être en tant qu'être (définition proposée par Aristote), c'est-à-dire l'étude des propriétés générales de tout ce qui est.

Le terme, bien que grec, ne fut créé qu'à l'époque moderne, par Jacob Lorhard (1561-1609) qui l'utilise dès 1606 dans son Ogdoas Scholastica comme synonyme de métaphysique et par Rudolph Goclenius l'Ancien (1547-1628) dans son Lexicon philosophucum (1613) au XVIIe siècle, en imitant le terme plus ancien de théologie, avec lequel il entretient toutefois un rapport très voisin.

Les Elementa philosophiae sive Ontosophiae (1647) de Johannes Clauberg reprennent le terme qu'on retrouve ensuite une fois chez Leibniz.

La scolastique considéra cette étude comme une partie de la métaphysique, en tant qu'elle définit les transcendentiae, les déterminations communes à tous les êtres (ce qu'on appellera plus tard métaphysique générale, par opposition à la théologie, dite métaphysique spéciale).

Dans la métaphysique de Christian Wolff, l'ontologie est définie comme une sous-partie de la métaphysique, la partie la plus générale par opposition aux trois disciplines de la « métaphysique spéciale », la théologie (Dieu), la psychologie (l'Esprit) et la cosmologie (le Monde).

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La logique, du grec λογική / logikê, est un terme dérivé de λόγος / lógos — signifiant à la fois « raison », « langage », et « raisonnement » — est, dans une première approche, l'étude des règles formelles que doit respecter toute argumentation correcte. Le terme fut utilisé pour la première fois par Xénocrate.

Elle est depuis l'Antiquité l'une des grandes disciplines de la philosophie, avec l'éthique (philosophie morale) et la physique (science de la nature).

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L'épistémologie (du grec ancien ἐπιστήμη / epistếmê « connaissance, science » et λόγος / lógos « discours ») désigne soit le domaine de la philosophie des sciences qui étudie les sciences particulières, soit la théorie de la connaissance en général.

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Philodème de Gadara, né vers 110 av. J.-C. et mort vers 40 av. J.-C., est un philosophe épicurien originaire de Gadara, en Syrie. D’origine orientale mais fortement hellénisé, il romanise la pensée épicurienne.

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Ptolémée II Philadelphe (en grec ancien Πτολεμαίος Φιλάδελφος / Ptolemaios Philadelphos : « Qui aime son frère / sa sœur ») né en -309/308 sur l'île de Cos, mort le 28 ou 29 janvier -246, est un pharaon de la dynastie ptolémaïque. Il a concouru à réaliser le syncrétisme entre la civilisation grecque et égyptienne et œuvre à faire de son royaume le principal foyer de la culture hellénistique.

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Philonidès de Laodicée (v. 200 av. J.-C. - v.130 av. J.-C.) est un philosophe épicurien.

Disciple du mathématicien Apollonius de Perga, il ouvre une école à Antioche et convertit à l’épicurisme le roi de Syrie Démétrios Ier Sôter.

Mathématicien, il aurait été assez influent à Antioche auprès de la Cour des Séleucides sous Antiochos Épiphane. II eut une activité diplomatique auprès de son souverain en tant que conseiller. Philonidès sembla user de son influence pour favoriser la cité d'origine de carnéade. Il semble être devenu gouverneur de la ville de Laodicée tardivement.

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Démétrios Ier Poliorcète (en grec ancien Δημήτριος ο Πολιορκητής / Dêmếtrios ο Poliorkêtês, « le Preneur de villes »), né vers 336 av. J.-C., mort en 283, est un général macédonien de la dynastie des Antigonides, fils d'Antigone le Borgne, roi d'Asie comme son père (306 à 301) et roi de Macédoine (294 à 288). Ses ambitions impériales se heurtent à une coalition des diadoques qui aboutit au partage de la Macédoine et à sa défaite contre Séleucos Ier. Il peut être considéré comme l'un des principaux épigones, les héritiers des diadoques, et l'un des plus brillants capitaines de son temps.

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Antigone le Borgne (en grec ancien Ἀντίγονος Μονόφθαλμος / Antigonos Monophtalmos), né en 382 av. J.-C., mort à la bataille d'Ipsos en 301, est un général macédonien qui a commencé sa carrière sous Philippe II et participé à la conquête de l'empire perse. Il joue un rôle crucial dans les guerres des diadoques après la mort d'Alexandre le Grand, d'abord comme fidèle d'Antipatros puis pour le compte de sa propre ambition impériale. Il se proclame roi d'Asie en 306, avec son fils Démétrios Poliorcète, et fonde la dynastie des Antigonides qui règne après sa mort en Macédoine. Confronté à une coalition des diadoques, il est vaincu et ses possessions partagées entre les vainqueurs. Se posant en champion de la liberté des cités grecques au gré de ses intérêts politiques, il est considéré par nombre d'historiens modernes comme le fondateur de l'État hellénistique.

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Lysimaque (en grec ancien Λυσίμαχος / Lysimakhos), né vers 361 av. J.-C., mort à la bataille de Couroupédion en 281, est un général macédonien et l'un des diadoques d'Alexandre le Grand. Satrape puis roi de Thrace à partir de 304, il est aussi roi de Macédoine de 285 à 281.

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Pierre Gassend, toujours connu sous le nom de Pierre Gassendi, né à Champtercier (près de Digne-les-Bains) le 22 janvier 1592 et mort à Paris le 24 octobre 1655, est un mathématicien, philosophe, théologien et astronome français.

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jusnaturalisme.

Doctrine défendant la notion de droit naturel. Le Jus-naturalisme considère qu'il existe des normes naturelles aux individus, supérieures au droit en vigueur: des principes universels que l'on peut mobiliser pour désobéir pacifiquement, ou même résister à l'oppression.

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Hugo Grotius, de son nom d'origine Huig de Groot ou Hugo de Groot, (Delft, 10 avril 1583- Rostock, 28 août 1645), est un juriste des Provinces-Unies (aujourd'hui Pays-Bas) qui posa les fondements du droit international, lui-même fondé sur le droit naturel. Il se situe au tout premier rang des penseurs de la science juridique et de la philosophie de l’État.

Avocat protestant hollandais, il a été conseiller de la compagnie néerlandaise des Indes orientales. Inspiré par Thomas Erastus, il a forgé une théorie de l’État et de la puissance civile dont il a présenté avec minutie et beaucoup de vigueur intellectuelle les articulations internes et internationales. Son œuvre la plus célèbre est De jure belli ac pacis. Elle marque la naissance du droit international public.

Il fut aussi philosophe, apologiste chrétien, dramaturge, et poète. Le trait dominant de ce grand humaniste fut une volonté œcuménique d’enquête qui ne lui laissa aucun répit. Il n’a pas cessé de militer pour un ordre authentiquement humain et pour une chrétienté ouverte, purifiée par un retour à ses sources.

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Samuel von Pufendorf est un juriste et philosophe allemand du droit naturel, né le 8 janvier 1632, mort le 13 octobre 1694 (62 ans).

Il est connu pour avoir développé des conceptions originales de la société naturelle, de la loi naturelle, du pouvoir souverain et du double contrat. Pufendorf est un des grands maîtres de l’école du droit naturel. Jean-Jacques Rousseau fut influencé par les traductions annotées de Jean Barbeyrac.

Il est l’un des inspirateurs des principes de la Constitution américaine de 1787 (d'après le lien sur l'anthropologie).

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Henry David Thoreau, de son vrai nom David Henry Thoreau, est un essayiste, enseignant, philosophe, naturaliste amateur et poète américain, né le 12 juillet 1817 à Concord (Massachusetts), où il est mort le 6 mai 1862.

Son œuvre majeure, Walden ou la vie dans les bois, publiée en 1854, livre ses réflexions sur une vie simple menée loin de la société, dans les bois et à la suite de sa « révolte solitaire ». Le livre La Désobéissance civile (1849), dans lequel il avance l'idée d'une résistance individuelle à un gouvernement jugé injuste, est considéré comme à l'origine du concept contemporain de « non-violence ».

Opposé à l'esclavagisme toute sa vie, faisant des conférences et militant contre les lois sur les esclaves évadés et capturés, louant le travail des abolitionnistes et surtout de John Brown, Thoreau propose une philosophie de résistance non violente qui influence des figures politiques, spirituelles ou littéraires telles que Léon Tolstoï, Mohandas Karamchand Gandhi et Martin Luther King.

Les livres, articles, essais, journaux et poésies de Thoreau remplissent vingt volumes. Surnommé le « poète-naturaliste » par son ami William Ellery Channing (1818-1901), Thoreau se veut un observateur attentif de la nature et ce surtout dans ses dernières années durant lesquelles il étudie des phénomènes aussi variés que les saisons, la dispersion des essences d'arbres ou encore la botanique. Les différents mouvements écologistes ou les tenants de la décroissance actuels le considèrent comme l'un des pionniers de l'écologie car il ne cesse de replacer l'homme dans son milieu naturel et appelle à un respect de l'environnement.

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Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, né le 18 février 1658 au château de Saint-Pierre-Église et mort le 29 avril 1743 à Paris, est un écrivain, diplomate et académicien français, précurseur de la philosophie des Lumières. Il est surtout connu pour avoir pensé qu'un monde sans guerre était possible.

Il fréquente assidûment les salons de Mme de La Fayette, de la marquise de Lambert et de Mme de Tencin, y liant des amitiés, notamment avec Fontenelle. Fontenelle le propose à l’Académie française ; il y est élu en 1695, au 8e fauteuil, en remplacement de Bergeret, et n'ayant alors encore presque rien écrit. Votent contre son admission : Bossuet, La Bruyère et Boileau. Cette péripétie est l’un des épisodes de la querelle des Anciens et des Modernes, l’abbé de Saint-Pierre étant certainement l'un des premiers « modernes » et des premiers représentants du siècle des Lumières.

Négociateur du traité d’Utrecht (1712-1713), il s’inspire de ses discussions difficiles pour concevoir le Projet de paix universelle entre les nations qui le rendra célèbre. Cet ouvrage, qui influencera Jean-Jacques Rousseau, qui constitue une importante vision d’une unification européenne, semble même avoir inspiré les créateurs de la Société des Nations et de l’ONU. Il serait aussi à l’origine de l’idée du droit d'ingérence.

En 1718, durant la Régence, il publie La Polysynodie ou la pluralité des conseils, ouvrage dans lequel il exalte la manière de gouverner du Régent et critique ouvertement la politique du défunt Louis XIV, qu’il juge despotique ; il propose le remplacement des ministres, nommés par le roi, par des conseils élus. Cela lui vaut d’être exclu de l’Académie française à l'unanimité, sauf pour le vote de son compatriote Fontenelle, qui proteste contre cette mesure extrême. Son fauteuil demeure toutefois vide jusqu'à sa mort, le Régent ne voulant pas qu'il soit remplacé.

Il continue de fréquenter les salons littéraires, participe à la fondation du club de l'Entresol de l’abbé Alary en 1724, et milite pour le développement de l’instruction publique.

L’abbé de Saint-Pierre porte partout l’esprit de réforme. Dans son Projet pour perfectionner l’orthographe des langues de l’Europe (1730), il propose d'écrire : « diqsionnaire, fransès, enquore », etc. La langue française lui doit les mots « gloriole » et « bienfaisance ».

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La polysynodie est un système de gouvernement par conseil instauré en France de 1715 à 1718 par Philippe d’Orléans au début de sa régence. Chaque domaine, et question sujette à un domaine, est discuté par le conseil particulier subordonné au Conseil de régence. En réaction au règne précédent, le système visait à associer la noblesse au gouvernement de la France.

Par exemple, une guerre potentielle est discutée par le Conseil de la guerre, qui rassemble des membres de la haute noblesse ainsi que des notables. Ensemble, ils doivent discuter des faits, des solutions possibles, pour finalement apporter au Régent et à son Conseil de Régence un bilan et la marche à suivre.

Le système des secrétaire d'État est ainsi cassé dès la mort de Louis XIV. La polysynodie (1715-1718), en remplaçant chaque secrétaire d'État par un conseil où haute noblesse, magistrats et notables siègent, redistribue les pouvoirs confisqués par Louis XIV et ses proches conseillers.

Mais la lenteur de ce système polysynodique, les oppositions fréquentes entre les membres d'un même conseil, encouragent finalement un retour aux secrétaires d'État, individus uniques, spécialisés et responsables d'un domaine, chargés de conseiller le roi (en l’occurrence, le Régent). La polysynodie fut supprimée le 24 septembre 1718. En revanche, le Conseil de Régence continua de siéger jusqu'à la majorité du roi.

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Emmanuel Kant (Immanuel en allemand, prononcé en cette langue [ ɪˈmaːnu̯eːl kant ]) est un philosophe allemand, fondateur de la méthode critique et de la doctrine dite « idéalisme transcendantal ».

Né le 22 avril 1724 à Königsberg, capitale de la Prusse-Orientale, il y est mort le 12 février 1804. Grand penseur de l'Aufklärung, Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie, la philosophie postmoderne, et la pensée critique en général. Son œuvre, considérable et diverse dans ses intérêts, mais centrée autour des trois Critiques, à savoir la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique et la Critique de la faculté de juger, fait ainsi l'objet d'appropriations et d'interprétations successives et divergentes.

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Louis Antoine Léon de Saint-Just, né le 25 août 1767 à Decize (Nivernais), mort guillotiné le 10 thermidor an II (28 juillet 1794) à Paris, est un homme politique français de la Révolution française, le plus jeune des élus à la Convention nationale, membre du groupe des Montagnards, soutien indéfectible de Robespierre avec qui il est emporté dans sa chute du 9 thermidor.

D'une éloquence remarquée, il se distingue par l'intransigeance de ses principes prônant l'égalité et la vertu ainsi que par l'efficacité de ses missions au cours desquelles il redresse la situation de l'armée du Rhin et participe à la victoire des armées républicaines à Fleurus. Combattant politiquement les Girondins, les Hébertistes puis les Indulgents, il fait voter la confiscation des biens des ennemis de la République au profit des patriotes pauvres. Il est notamment l'inspirateur de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793.

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Léon Trotski (ou Trotsky, voire Trotzky ou Trotzki1 ; en russe : Лев Троцкий), de son vrai nom Lev Davidovitch Bronstein (en russe : Лев Давидович Бронштейн), né le 7 novembre (26 octobre) 1879 à Ianovka (Ukraine actuelle) et mort assassiné le 21 août 1940 à Mexico (Mexique), est un révolutionnaire et homme politique russo-soviétique.

Militant marxiste, du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) puis, à partir de l'été 1917, bolchevik, il est plusieurs fois déporté en Sibérie ou exilé de Russie, et est notamment président du soviet de Pétrograd lors de la révolution russe de 1905.

En 1917, il est le principal acteur, avec Lénine, de la Révolution d'Octobre qui permet aux bolcheviks d'arriver au pouvoir. Durant la guerre civile russe qui s'ensuit, il fonde l'Armée rouge et se montre partisan de mesures de Terreur : son action contribue à la victoire des bolcheviks et à la survie du régime soviétique. Il est dès lors, et durant plusieurs années, l'un des plus importants dirigeants de l'Internationale communiste et de l'URSS naissante.

Il s'oppose à la bureaucratisation du régime et à Staline en prenant la tête de l'Opposition de gauche ; Staline le fait finalement chasser du gouvernement (1924) et du Parti communiste (1927), puis l'exile en Asie centrale avant de le bannir d'URSS (1929). Trotski entreprend alors d'organiser ses partisans, qui se réunissent en 1938 au sein de la Quatrième Internationale. En 1940, installé au Mexique, il est assassiné sur ordre de Staline par un agent du NKVD.

À la fois orateur, théoricien, historien, mémorialiste et homme d'action, Trotski demeure l'inspirateur commun dont se réclament toujours les divers groupes trotskistes à travers le monde.

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La physiocratie est une école de pensée économique et politique, née en France vers 1750, qui contribue de manière décisive à forger la conception moderne de l'économie et à placer la réflexion et la pratique de la « chose économique » dans un cadre de référence plus autonome que celui offert par la Religion. Elle connaît son apogée au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, devenant caduque face à la montée des échanges commerciaux internationaux et l'apparition du secteur secondaire.

La « physiocratie » est le « gouvernement par la nature ». Le terme est forgé par Pierre Samuel du Pont de Nemours qui le crée en associant deux mots grecs : physis (la Nature) et kratos (gouverner). Autrement dit : c'est « l'idée que toute richesse vient de la terre, que la seule classe productive est celle des agriculteurs et qu'il existe des lois naturelles basées sur la liberté et la propriété privée qu'il suffit de respecter pour maintenir un ordre parfait ».

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Étienne-Gabriel Morelly (né vers 1717 à Vitry-le-François et mort à une date inconnue, probablement en 1782) est un philosophe français.

Morelly est le « philosophe oublié » des Lumières. Par le peu d’écrits qu’il a laissés (hormis le Code de la Nature, publié en 1755) et l’incertitude concernant sa véritable identité (on a souvent dit que Denis Diderot et Morelly seraient une même personne, et le Code de la Nature fut attribué à Diderot jusqu’au début du XXe siècle), son existence et sa pensée sont mal connues.

Pourtant, il semble bien que Morelly soit un philosophe à part entière au sens où il serait le premier à avoir développé une philosophie du socialisme, voire du communisme. Dans le Code de la nature, il stigmatise la propriété privée comme responsable du malheur des hommes et met en place une forme primitive de socialisme utopique. Il édicte les « trois lois fondamentales et sacrées qui couperaient racine aux vices et à tous les maux d’une société » :

- abolition de la propriété privée
- système étatique organisant l’éducation, l’assistance et la solidarité
- système de coopération non sans rappeler l’aphorisme de Saint-Simon, « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses œuvres »

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Les Jacobins : nom donné pendant la Révolution française aux membres de Société des amis de la Constitution ou club des Jacobins, car ce club siégeait au couvent des jacobins de la rue Saint-Honoré, à Paris.

Jacobinisme, doctrine politique prônée par le club des Jacobins.

À son origine, le jacobinisme est une doctrine politique qui défend la souveraineté populaire et l'indivisibilité de la République française. Il tient son nom du club des Jacobins, dont les membres s'étaient établis pendant la Révolution française dans l'ancien couvent des Jacobins à Paris.

Le mot jacobinisme désigne aujourd'hui une doctrine qui tend à organiser le pouvoir de façon très administrative (bureaucratie) et très centralisée (centralisation) et à le faire exercer par une petite élite de techniciens (technocratie) qui étendent leur compétence à tous les échelons géographiques et à tous les domaines de la vie sociale afin de les rendre uniformes, ce qui en fait l'adversaire du régionalisme. L'usage moderne du mot jacobinisme est de quelque manière anachronique. En effet, le jacobinisme, pendant la révolution française, était une réaction aux enjeux particuliers de l'époque. Pour n'en retenir que la philosophie, on pourrait aussi entendre jacobinisme comme une doctrine opposée aux politiques communautaires, qui tendrait, par exemple, aux divisions internes.

Comme mouvement historique, le jacobinisme peut s'apparenter au XVIIIe siècle en Autriche au joséphisme et au XXe siècle en URSS au centralisme bureaucratique.

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La Gironde, est le nom donné à un groupe politique de la Révolution française qui fut majoritaire à l’Assemblée législative (en face des Montagnards) et à la Convention nationale, leurs députés étant issus de la région de Bordeaux. L'appellation Girondiste a donné la désignation Girondins popularisée au début du XIXe siècle, notamment par Lamartine dans son Histoire des Girondins. En fait les Girondins sont l'amalgame de tendances distinctes en 1792 et 1793, telles que Brissotins, Rolandistes ou Rolandins, l'ensemble formant, après les grandes proscriptions de 1793, les « Girondins » dont quelques-uns furent exécutés en octobre 1793.

« À la fin de 1791, le parti des Girondins était encore au berceau ; il ne pouvait encore figurer, dans l'Assemblée, que par, Brissot, Vergniaud le meilleur orateur de la Gironde, Isnard, Gensonné, Condorcet, et hors de l'Assemblée, que par Buzot, Clavière, Roland… »

Certains Girondins, comme Condorcet, Brissot, Roland, Guadet, Vergniaud, Isnard, Ducos et Buzot étaient des républicains convaincus. Ses membres, pour la plupart inscrits au club des Jacobins à Paris ou en province, constituaient l'aile la plus avancée de l'Assemblée législative, avant de représenter l'aile droite de la Convention nationale face aux Montagnards, qui étaient en force parmi les députés de Paris, et incarnés par les figures de Robespierre, Danton ou Marat.

Les affrontements violents entre Girondins et Montagnards dominent les premiers mois de la Convention. À partir de 1793 les Girondins ne parlent pas, sinon parce que leurs adversaires les y contraignent, d'une seule voix. La faction Brissotine, chez les Girondins, comme la faction des « Exagérés » chez les Montagnards (environ 90 députés en avril 1793), invisible jusqu'alors, se révélera soudainement. L'artifice du 31 octobre 1793, auquel l'historiographie (dont Lamartine) a cru, a été de réunir sur un même banc, en un savant amalgame, la tendance modérée Girondiste incarnée par Pierre Victurnien Vergniaud, les Brissotins (moins Pétion, Clavières et Lebrun en fuite) et quelques Orléanistes comme le ci-devant marquis de Sillery, époux de Mme de Genlis. Il a été rapporté que les révélations apportées lors du procès du 31 octobre 1793, convainquirent Vergniaud et les Girondistes de la duplicité de Brissot à qui ils refusèrent de parler jusqu'à la mort.

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Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach (en allemand : Paul Heinrich Dietrich von Holbach), né le 8 décembre 1723 à Edesheim1 et mort le 21 janvier 1789 à Paris, est un savant et philosophe matérialiste d’origine allemande et d’expression française.

D'Holbach est l’un des premiers auteurs ouvertement athées (Jean Meslier fut sans doute son unique prédécesseur), sans concession à un déisme (Voltaire) ou un panthéisme. Il meurt à quelques mois de la prise de la Bastille, alors qu’il est un des acteurs du siècle des Lumières.