mardi 18 septembre 2018

Question d'un élève (de CM2) : "Est-ce qu'une révolution est possible sans violence ?"

A partir d'une question spontanée d'un élève, lors d'une leçon d'histoire/éducation civique, des recherches documentaires ont été lancées. Voici ce que les élèves ont trouvé; et quels commentaires ont pu être faits.

Réponse 1 (définition générale) : Une révolution est un renversement brusque d'un régime politique.


Recherche complémentaire dans le dictionnaire : Une régime est la manière dont un Etat est organisé et gouverné.
Remarque : Des sociétés sans État existent : les chefferies des sociétés premières ("primitives") et les communautés anarchistes.
Exemple historique de renversement de régime : 1789 : passage du régime monarchique au régime parlementaire.
Remarque : Les quatre premières Républiques françaises ont été des républiques parlementaires. La Vème République est une république présidentielle.


Réponse 2 (citation) : "Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible rendent une révolution violente inévitable".


Remarque : John F. Kennedy était un homme politique dont la principale compétence était de réussir à se faire élire. Cette belle phrase était destinée à son auditoire, à son électorat. Rien ne prouve qu'il ait été sincère.
Par contre, la phrase peut être adressée aux conservateurs qui ne voulaient pas abroger les lois ségrégationnistes ; sous-entendu : "Acceptez de lâcher un peu de lest, sinon, vous vous exposez à une vraie révolution et pas seulement à un mouvement non-violent."


Réponse 3 (exceptions historiques) : Dans l'Histoire récente, il y a déjà eu des révolutions (ou plutôt des mouvements) pacifiques :
- l'indépendance de l'Inde (et du Pakistan) menée par Mohandas Karamchand Gandhi dit "Mahatma" (aboutissant en 1947)
- la marche contre la ségrégation menée par Martin Luther King Jr. aux États-Unis (aboutissant en 1967)
- la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud menée par Nelson Mandela (aboutissant en 1990-1991).
Plus proches de nous :
- la Révolution des Roses en Géorgie (en 2003)
- la Révolution des Casseroles en Islande (en 2008)
- et, partiellement, les Printemps arabes en Tunisie et dans d'autres pays arabes (2010-2012) qui furent non-violents au départ mais tournèrent à la guerre civile ailleurs (Lybie, Syrie ...) avec des ingérences étrangères.


Remarque : A l'exception de l'indépendance de l'Inde (passée du statut de colonie britannique à république indépendante), les autres mouvements ne correspondent pas à des changements de régime politique mais simplement à :
- l'abrogation d'une loi
- ou à un changement de gouvernement (d'autres personnes à la tête du même régime; éventuellement sous influence étrangère).

Remarque sur le contexte historique de l'Inde : Gandhi avait obtenu, pour la communauté indienne en Afrique du Sud, puis pour ses compatriotes en Inde, plusieurs assouplissements de lois injustes; mais l'indépendance a été obtenue grâce à une opportunité historique : l'affaiblissement de l'empire britannique à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.


Conclusion : Les mouvements de non-coopération ou de désobéissance civile peuvent faire céder un gouvernement sur une loi précise voire pousser un gouvernement à démissionner (même avec un pourcentage relativement réduit de personnes motivées : de 3,5% à 5% selon les chercheurs).

Pour autant, on n'a pas vu de changement de parlement (par exemple en Islande où la Constitution écrite par le peuple est toujours bloquée) et encore moins de régime.

Il semble malheureusement que le livre Comment la non-violence protège l’État : Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux de Peter Gelderloos n'ait raison si, par le terme révolution, on parle véritablement d'un changement de régime.

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