Avec Voline, il y a toujours cette « touche de zen » qui sied si bien à l’anarchie…
~ Résistane 71 ~
« Il n’y a pas de dialogue avec les propagateurs de la misère et
de l’inhumanité. Il n’y a pas de dialogue avec le parti de la mort.
Aucune discussion n’est tolérable avec les tenants de la barbarie. Seule
l’affirmation obstinée de la vie souveraine et sa conscience briseront
les fers qui entravent le progrès de l’homme vers l’humain. »
~ Raoul Vaneigem ~
La synthèse anarchiste
Voline
1934
On désigne par synthèse anarchiste une tendance qui se fait actuellement jour au sein du mouvement libertaire, cherchant à réconcilier et ensuite à synthétiser
les différents courants d’idée qui divisent ce mouvement en plusieurs
fractions plus ou moins hostiles les unes aux autres. Il s’agit, au
fond, d’unifier, dans une certaine mesure, la théorie et aussi le
mouvement anarchistes en un ensemble harmonieux, ordonné, fini. Je dis :
dans une certaine mesure car, naturellement, la conception
anarchiste ne pourrait, ne devrait jamais devenir rigide, immuable,
stagnante. Elle doit rester souple, vivante, riche d’idées et de
tendances variées. Mais souplesse ne doit pas signifier confusion. Et, d’autre part, entre immobilité et flottement, il existe un état intermédiaire. C’est précisément cet état intermédiaire que la synthèse anarchiste cherche à préciser, à fixer et à atteindre.
Ce fut surtout en Russie, lors de la révolution de 1917, que la nécessité d’une telle unification, d’une telle synthèse,
se fit sentir. Déjà très faible matériellement (peu de militants, pas
de bons moyens de propagande, etc.) par rapport à d’autres courants
politiques et sociaux, l’anarchisme se vit affaibli encore plus, lors de
la révolution russe, par suite des querelles intestines qui le
déchiraient. Les anarcho-syndicalistes ne voulaient pas s’entendre avec
les anarchistes-communistes et, en même temps, les uns et les autres se
disputaient avec les individualistes (sans parler d’autres tendances).
Cet état de choses impressionna douloureusement plusieurs camarades de
diverses tendances. Persécutés et finalement chassés de la grande Russie
par le gouvernement bolcheviste, quelques-uns de ces camarades s’en
allèrent militer en Ukraine où l’ambiance politique était plus
favorable, et où, d’accord avec quelques camarades ukrainiens, ils
décidèrent de créer un mouvement anarchiste unifié, recrutant des militants sérieux et actifs partout où ils se trouvaient, sans distinction de tendance.
Le mouvement acquit tout de suite une ampleur et une vigueur
exceptionnelles. Pour prendre pied et s’imposer définitivement, il ne
lui manquait qu’une chose : une certaine base théorique.
Me sachant un adversaire résolu des querelles néfastes parmi les
divers courants de l’anarchisme, sachant aussi que je songeais, comme
eux, à la nécessité de les réconcilier, quelques camarades vinrent me
chercher dans une petite ville de la Russie centrale où je séjournais,
et me proposèrent de partir en Ukraine, de prendre part à la création
d’un mouvement unifié, de lui fournir un fond théorique et de développer
la thèse dans la presse libertaire.
J’acceptai la proposition. En novembre 1918, le mouvement anarchiste unifié en Ukraine fut définitivement mis en route. Plusieurs groupements se formèrent et envoyèrent leurs délégués à la première conférence constitutive qui créa la Confédération anarchiste de l’Ukraine Nabat (Tocsin en français). Cette conférence élabora et adopta à l’unanimité une Déclaration
proclamant les principes fondamentaux du nouvel organisme. Il fut
décidé que très prochainement cette brève déclaration de principes
serait amplifiée, complétée et commentée dans la presse libertaire. Les
événements tempétueux empêchèrent ce travail théorique. La confédération
du Nabat dut mener des luttes ininterrompues et acharnées. Bientôt elle fut, à son tour, liquidée par les autorités bolchevistes qui s’installèrent en Ukraine. À part quelques articles de journaux, la Déclaration de la première conférence du Nabat fut et restera le seul exposé de la tendance unifiante (ou synthétisante) dans le mouvement anarchiste russe.
Les trois idées maîtresses qui, d’après la Déclaration, devraient être acceptées par tous les anarchistes sérieux afin d’unifier le mouvement, sont les suivantes.
1. Admission définitive du principe syndicaliste, lequel indique la vraie méthode de la révolution sociale.
2. Admission définitive du principe communiste (libertaire), lequel établit la base d’organisation de la nouvelle société en formation.
3. Admission définitive du principe individualiste, l’émancipation totale et le bonheur de l’individu étant le vrai but de la révolution sociale et de la société nouvelle.
Tout en développant ces idées, la Déclaration tâche de définir nettement la notion de la révolution sociale et de détruire la tendance de certains libertaires cherchant à adapter, l’anarchisme à la soi-disant période transitoire.
Ceci dit, nous préférons, au lieu de reprendre les arguments de la Déclaration, développer nous-mêmes l’argumentation théorique de la synthèse.
La première question à résoudre est celle-ci.
L’existence de divers courants anarchistes ennemis, se disputant entre eux, est-ce un fait positif ou négatif ? La décomposition de l’idée et du mouvement libertaires en plusieurs tendances s’opposant les unes aux autres, favorise-t-elle ou, au contraire, entrave-t-elle
les succès de la conception anarchiste ? Si elle est reconnue
favorable, toute discussion est inutile. Si, au contraire, elle est
considérée comme nuisible, il faut tirer de cet aveu toutes les
conclusions nécessaires.
À cette première question, nous répondons ceci.
Au début, lorsque l’idée anarchiste était encore peu développée,
confuse, il fut naturel et utile de l’analyser sous tous ses aspects, de
la décomposer, d’examiner à fond chacun de ses éléments, de les
confronter, de les opposer les uns aux autres, etc. C’est ce qui a été
fait. L’anarchisme fut décomposé en plusieurs éléments (ou courants).
Ainsi l’ensemble, trop général et vague, fut disséqué, ce qui aida à
approfondir, à étudier à fond aussi bien cet ensemble que ces éléments. A
cette époque, le démembrement de la conception anarchiste fut donc un
fait positif. Diverses personnes s’intéressant à divers courants de
l’anarchisme, les détails et l’ensemble y gagnèrent en profondeur et
précision. Mais, par la suite, une fois cette première œuvre accomplie, après
que les éléments de la pensée anarchiste (communisme, individualisme,
syndicalisme) furent tournés et retournés en tous sens, il fallait
penser à reconstituer, avec ces éléments bien travaillés, l’ensemble organique d’où ils provenaient. Après une analyse fondamentale, il fallait retourner (sciemment) à la bienfaisante synthèse.
Fait bizarre : on ne pensa plus à cette nécessité. Les personnes qui s’intéressaient à tel élément donné de l’anarchisme, finirent par le substituer à l’ensemble. Naturellement, elles se trouvèrent bientôt en désaccord et, finalement, en conflit avec ceux qui traitaient de la même manière d’autres parcelles de la vérité entière. Ainsi, au lieu d’aborder l’idée de fusionnement
des éléments épars (qui, pris séparément, ne pouvaient plus servir à
grand chose) en un ensemble organique, les anarchistes entreprirent pour
de longues années la tâche stérile d’opposer haineusement leurs courants les uns aux autres. Chacun considérait son courant, sa parcelle pour l’unique vérité
et combattait avec acharnement les partisans des autres courants. Ainsi
commença, dans les rangs libertaires, ce piétinement sur place,
caractérisé par l’aveuglement et l’animosité mutuelle, qui continue
jusqu’à nos jours et qui doit être considéré comme nuisible au développement normal de la conception anarchiste.
Notre conclusion est claire. Le démembrement de l’idée anarchiste
en plusieurs courants a rempli son rôle. Il n’a plus aucune utilité.
Rien ne peut plus le justifier. Il entraîne maintenant le mouvement dans
une impasse, il lui cause des préjudices énormes, il n’offre plus ni ne peut offrir rien de positif. La première période celle où l’anarchisme se cherchait, se précisait et se fractionnait fatalement à cette besogne est terminée. Elle appartient au passé. Il est grand temps d’aller plus loin.
Si l’éparpillement de l’anarchisme est actuellement un fait négatif,
préjudiciable, il faut chercher à y mettre fin. Il s’agit de se rappeler
l’ensemble entier, de recoller les éléments épars, de retrouver, de
reconstruire sciemment la synthèse abandonnée.
Une autre question surgit alors : Cette synthèse, est-elle possible
actuellement ? Ne serait-elle pas une utopie ? Pourrait-on lui fournir
une certaine base théorique ?
Nous répondons : Oui, une synthèse de l’anarchisme (ou, si l’on veut, un anarchisme synthétique) est parfaitement possible. Elle n’est nullement utopique. D’assez fortes raisons d’ordre théorique parlent en sa faveur.
Notons brièvement quelques-unes de ces raisons, les plus importantes, dans leur suite logique.
1. Si l’anarchisme aspire à la vie, s’il escompte un triomphe
futur, s’il cherche à devenir un élément organique et permanent de la
vie, une de ses forces actives, fécondantes, créatrices, alors il doit
chercher à se trouver le plus près possible de la vie, de son essence,
de son ultime vérité. Ses bases idéologiques doivent concorder le plus
possible avec les éléments fondamentaux de la vie. Il est clair, en
effet, que si les idées primordiales de l’anarchisme se trouvaient en
contradiction avec les vrais éléments de la vie et de l’évolution,
l’anarchisme ne pourrait être vital. Or, qu’est-ce que la vie ?
Pourrait-on, en quelque sorte, définir et formuler son essence, saisir
et fixer ses traits caractéristiques ? Oui, on peut le faire. Il s’agit,
certes, non pas d’une formule scientifique de la vie, formule qui
n’existe pas, mais d’une définition plus ou moins nette et juste de son
essence visible, palpable, concevable. Dans cet ordre d’idée, la vie
est, avant tout, une grande synthèse : un ensemble immense et compliqué, ensemble organique et original, de multiples éléments variés.
2. La vie est une synthèse. Quelles sont donc l’essence et
l’originalité de cette synthèse ? L’essentiel de la vie est que la plus
grande variété de ses éléments qui se trouvent de plus en un mouvement perpétuel réalise en même temps, et aussi perpétuellement, une certaine unité ou, plutôt, un certain équilibre.
L’essence de la vie, l’essence de la synthèse sublime, est la tendance
constante vers l’équilibre, voire la réalisation constante d’un certain
équilibre, dans la plus grande diversité et dans un mouvement perpétuel
(notons que l’idée d’un équilibre de certains éléments comme étant
l’essence biophysique de la vie se confirme par des expériences
scientifiques physico-chimiques).
3. La vie est une synthèse. La vie (l’univers, la nature) est un équilibre (une sorte d’unité) dans la diversité et dans le mouvement (ou, si l’on veut, une diversité et un mouvement en équilibre).
Par conséquent, si l’anarchisme désire marcher de pair avec la vie,
s’il cherche à être un de ses éléments organiques, s’il aspire à
concorder avec elle et aboutir à un vrai résultat, au lieu de se trouver
en opposition avec elle pour être finalement rejeté, il doit, lui
aussi, sans renoncer à la diversité ni au mouvement, réaliser aussi, et
toujours, l’équilibre, la synthèse, l’unité.
Mais il ne suffit pas d’affirmer que l’anarchisme peut être synthétique : il doit l’être. La synthèse de l’anarchisme n’est pas seulement possible, pas seulement souhaitable : elle est indispensable. Tout en conservant la diversité vivante de ses éléments, tout en évitant la stagnation, tout en acceptant le mouvement conditions essentielles de sa vitalité l’anarchisme doit chercher, en même temps, l’équilibre dans cette diversité et ce mouvement même.
La diversité et le mouvement sans équilibre, c’est le chaos. L’équilibre sans diversité ni mouvement, c’est la stagnation, la mort. La diversité et le mouvement en équilibre, telle est la synthèse de la vie. L’anarchisme doit être varié, mouvant et, en même temps, équilibré, synthétique, uni. Dans le cas contraire, il ne sera pas vital.
4. Notons, enfin, que le vrai fond de la diversité et du mouvement de la vie (et partant de la synthèse) est la création,
c’est-à-dire la production constante de nouveaux éléments, de nouvelles
combinaisons, de nouveaux mouvements, d’un nouvel équilibre. La vie est une diversité créatrice. La vie est un équilibre dans une création ininterrompue. Par conséquent, aucun anarchiste ne pourrait prétendre que son courant est la vérité unique et constante, et que toutes les autres tendances dans l’anarchisme sont des absurdités. Il est, au contraire, absurde qu’un anarchiste se laisse engager dans l’impasse d’une seule petite vérité, la sienne,
et qu’il oublie ainsi la grande vérité réelle de la vie : la création
perpétuelle de formes nouvelles, de combinaisons nouvelles, d’une
synthèse constamment renouvelée.
La synthèse de la vie n’est pas stationnaire : elle crée, elle modifie constamment ses éléments et leurs rapports mutuels.
L’anarchisme cherche à participer, dans les domaines qui lui sont accessibles, aux actes créateurs de la vie.
Par conséquent, il doit être, dans les limites de sa conception,
large, tolérant, synthétique, tout en se trouvant en mouvement créateur.
L’anarchiste doit observer attentivement, avec perspicacité, tous les éléments sérieux de la pensée et du mouvement libertaires.
Loin de s’engouffrer dans un seul élément quelconque, il doit chercher l’équilibre et la synthèse de tous ces éléments donnés.
Il doit, de plus, analyser et contrôler constamment sa synthèse, en
la comparant avec les éléments de la vie elle-même, afin d’être toujours
en harmonie parfaite avec cette dernière. En effet, la vie ne reste pas
sur place, elle change. Et, par conséquent, le rôle et les rapports
mutuels de divers éléments de la synthèse anarchiste ne resteront pas
toujours les mêmes : dans divers cas, ce sera tantôt l’un, tantôt
l’autre de ces éléments qui devra être souligné, appuyé, mis en action.
Quelques mots sur la réalisation concrète de la synthèse.
1. Il ne faut jamais oublier que la réalisation de la
révolution, que la création des formes nouvelles de la vie incomberont
non pas à nous, anarchistes isolés ou groupés idéologiquement, mais aux
vastes masses populaires qui, seules, seront à même d’accomplir cette
immense tâche destructive et créatrice. Notre rôle, dans cette
réalisation, se bornera à celui d’un ferment, d’un élément de concours,
de conseil, d’exemple. Quant aux formes dans lesquelles ce processus
s’accomplira, nous ne pouvons que les entrevoir très approximativement. Il est d’autant plus déplacé de nous quereller pour des détails, au lieu de nous préparer, d’un élan commun, à l’avenir.
2. Il n’est pas moins déplacé de réduire toute l’immensité de
la vie, de la révolution, de la création future, à de petites idées de
détail et à des disputes mesquines. Face aux grandes tâches qui nous attendent, il est ridicule, il est honteux de nous occuper de ces mesquineries. Les
libertaires devront s’unir sur la base de la synthèse anarchiste. Ils
devront créer un mouvement anarchiste uni, entier, vigoureux. Tant
qu’ils ne l’auront pas créé, ils resteront en dehors de la vie.
Dans quelles formes concrètes pourrions-nous prévoir la
réconciliation, l’unification des anarchistes et, ensuite, la création
d’un mouvement libertaire unifié ?
Nous devons souligner, avant tout, que nous ne nous représentons pas cette unification comme un assemblage mécanique
des anarchistes de diverses tendances en une sorte de camp bigarré où
chacun resterait sur sa position intransigeante. Une telle unification
serait non pas une synthèse mais un chaos. Certes, un simple
rapprochement amical des anarchistes de diverses tendances et une plus
grande tolérance dans leurs rapports mutuels (cessation d’une polémique
violente, collaboration dans des publications anarchistes, participation
aux mêmes organismes actifs, etc., etc.) seraient un grand pas en avant
par rapport à ce qui se passe actuellement dans les rangs libertaires.
Mais nous considérons ce rapprochement et cette tolérance comme,
seulement, le premier pas vers la création de la vraie synthèse anarchiste et d’un mouvement libertaire unifié. Notre idée de la synthèse et de l’unification va beaucoup plus loin. Elle prévoit quelque chose de plus fondamental, de plus organique.
Nous croyons que l’unification des anarchistes et du mouvement
libertaire devra se poursuivre, parallèlement, en deux sens, notamment :
! Il faut commencer immédiatement un travail théorique cherchant à concilier, à combiner, à synthétiser nos diverses idées paraissant, à première vue, hétérogènes.
Il est nécessaire de trouver et de formuler dans les divers courants de
l’anarchisme, d’une part, tout ce qui doit être considéré comme faux,
ne coïncidant pas avec la vérité de la vie et devant être rejeté ; et,
d’autre part, tout ce qui doit être constaté comme étant juste,
appréciable, admis. Il faut, ensuite, combiner tous ces éléments justes et de valeur, en créant avec eux un ensemble synthétique
(c’est surtout dans ce premier travail préparatoire que le
rapprochement des anarchistes de diverses tendances et leur tolérance
mutuelle pourraient avoir la grande importance d’un premier pas
décisif). Et, enfin, cet ensemble devra être accepté par tous les
militants sérieux et actifs de l’anarchisme comme base de la formation
d’un organisme libertaire uni, dont les membres seront ainsi d’accord sur un ensemble de thèses fondamentales acceptées par tous.
Nous avons déjà cité l’exemple concret d’un tel organisme : la confédération Nabat, en Ukraine. Ajoutons ici à ce que nous avons déjà dit plus haut que l’acceptation par tous les membres du Nabat
de certaines thèses communes n’empêchaient nullement les camarades de
diverses tendances d’appuyer surtout, dans leur activité et leur
propagande, les idées qui leur étaient chères. Ainsi, les uns (les
syndicalistes) s’occupaient surtout des problèmes concernant la méthode
et l’organisation de la révolution ; les autres (communistes)
s’intéressaient de préférence à la base économique de la nouvelle
société ; les troisièmes (individualistes) faisaient ressortir
spécialement les besoins, la valeur réelle et les aspirations de
l’individu. Mais la condition obligatoire d’être accepté au Nabat
était l’admission de tous les trois éléments comme parties
indispensables de l’ensemble et le renoncement à l’état d’hostilité
entre les diverses tendances. Les militants étaient donc unis d’une
façon organique, car, tous, ils acceptaient un certain ensemble
de thèses fondamentales. C’est ainsi que nous nous représentons
l’unification concrète des anarchistes sur la base d’une synthèse des
idées libertaires théoriquement établie.
! Simultanément et parallèlement au dit travail théorique, devra se créer l’organisation unifiée sur la base de l’anarchisme compris synthétiquement.
Pour terminer, soulignons encore une fois que nous ne renonçons
nullement à la diversité des idées et des courants au sein de
l’anarchisme. Mais il y a diversité et diversité. Celle, notamment, qui
existe dans nos rangs aujourd’hui est un mal, est un chaos. Nous
considérons son maintien comme une très lourde faute. Nous sommes d’avis
que la variété de nos idées ne pourra être et ne sera un élément
progressif et fécond qu’au sein d’un mouvement commun, d’un organisme
uni, édifié sur la base de certaines thèses générales admises par tous
les membres et sur l’aspiration à une synthèse.
Ce n’est que dans l’ambiance d’un élan commun, ce n’est que dans les
conditions de recherches de thèses justes et de leur acceptation, que
nos aspirations, nos discussions et même nos disputes auront de la
valeur, seront utiles et fécondes (c’était précisément ainsi au Nabat). Quant aux disputes et aux polémiques entre de petites chapelles prêchant chacune sa
vérité unique, elles ne pourront aboutir qu’à la continuation du chaos
actuel, des querelles intestines interminables et de la stagnation du
mouvement.
Il faut discuter en s’efforçant de trouver l’unité féconde, et
non pas d’imposer à tout prix sa vérité contre celle d’autrui. Ce n’est
que la discussion du premier genre qui mène à la vérité. Quant à l’autre
discussion, elle ne mène qu’à l’hostilité, aux vaines querelles et à la
faillite.
Source : https://resistance71.wordpress.com/2017/09/27/vie-societe-organique-et-synthese-anarchiste-voline/
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