Fondée en 1973 à Limans (Alpes-de-Haute-Provence), elle regroupe aujourd'hui en réseau dix coopératives en France, Allemagne, Autriche, Suisse, Ukraine, Costa Rica.
Le nom est issu de la formule de l'occitan provençal exprimant un souhait « que ça dure longtemps », utilisé par exemple lors des mariages : Viva leis nòvis e lònga mai, traduisible par l’expression « Vive les mariés et que ça dure longtemps. »
Origines
Dans la foulée de Mai 68, des jeunes issus des groupes étudiants autrichiens Spartakus, réfugiés en Suisse à la suite d'affrontements avec les groupes néonazis, se lient aux étudiants suisses du groupe Hydra ou Hydra7. Ces étudiants mènent de nombreuses actions militantes contre l’Église, l’armée, les dictatures et en faveur des réfugiés, des luttes ouvrières, etc.. Ils soutiennent, notamment, à Schirmeck les travailleurs qui veulent reprendre leur usine en autogestion.1973 : première communauté à Limans
Lors d'un congrès tenu en 1972, ces jeunes urbains allemands, suisses et autrichiens décident d'expérimenter de nouvelles façons de vivre et de faire de la politique dans une région rurale dépeuplée en y fondant une communauté, « une base de survie ». Le groupe ne parvient pas à s'installer dans un pays germanophone du fait de la forte opposition des gouvernements suisse, allemand et autrichien.En 1973, grâce à une collecte de fonds, le groupe achète un domaine de 270 ha à Limans près de Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence pour y implanter une coopérative rurale autogérée d’inspiration libertaire.
Sur la colline où la communauté s’installe, Zinzine, il n’y a, pour les abriter, qu’une ferme en ruine, Grange-Neuve, et un pigeonnier.
Dotée à l'origine d'un statut de SCOP (Société coopérative de production), elle passe ensuite à un statut mixte mêlant Groupement foncier agricole, coopérative et EARL (Exploitation agricole à responsabilité limitée).
Le programme de la communauté est formulé par Roland Perrot, ancien déserteur durant la guerre d'Algérie, actif en Mai 68, qui a connu personnellement Giono et son expérience de commune libre au Contadour dans les années 1930. Il s’inspire des idées fouriéristes, en y ajoutant l’antimilitarisme, le pacifisme, l’anticapitalisme, l’absence de représentation politique et l’égalité entre les hommes et les femmes.
Le fonctionnement est basé sur l’auto-subsistance, la vie communautaire, les productions artisanales et agricoles, la gestion autonome et écologique de l’énergie, de l’eau, ainsi que du refus du salariat inspiré du principe communiste libertaire de la prise au tas.
1976 : création du réseau
À partir de 1976, la communauté Longo Maï recherche et achète des terrains et des maisons pour s'agrandir, ce qui suscite des réactions parfois hostiles chez certains habitants des environs.Aujourd'hui, dix coopératives fonctionnent en réseau :
- en France :
- à Limans ;
- près de Briançon (Hautes-Alpes), la filature de Chantemerle, à Saint-Chaffrey, traite 12 à 15 tonnes de laine par an ;
- le Mas de Granier, au village de Caphan, à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône) ;
- à Treynas, commune de Chanéac, en Haute-Ardèche (vingt adultes et douze enfants en 1999);
- la Cabrery, dans le Luberon : viticulture et oliviers ;
- à Ulenkrug, Mecklembourg, en Allemagne ;
- le Hof Stopar à Eisenkappel en Carinthie, en Autriche (17 ha plus 25 ha loués, élevage de brebis) ;
- la ferme Le Montois à Undervelier dans le canton du Jura, en Suisse (12 ha, élevage de moutons et agriculture) ;
- à Oujgorod, en Transcarpathie, Ukraine, avec une école de français dans les années 19905 ;
- au Costa Rica (Finca Sonador).
Campagnes internationales
Le siège de la coopérative est à Bâle, d’où sont organisées les campagnes de collecte de dons (environ cinq millions de francs annuels dans les années 1990) pour 10 MF de dettes.Parallèlement à ses activités agro-alimentaires, Longo Maï organise des campagnes de solidarité internationale, notamment en faveur des résistants aux dictatures : l'accueil de 2 000 exilés chiliens, menacés par le putsch de Pinochet, dans des communes suisses ; des actions de solidarité avec les Indiens Guaranis au Paraguay ; le soutien des opposants du Nicaragua en lutte contre le dictateur Somoza, notamment par la création d’une coopérative de réfugiés nicaraguayens au Costa Rica, encore active aujourd’hui pour la défense de la petite paysannerie ; la création du Comité européen de défense des réfugiés et immigrés (CEDRI) ; du Forum civique européen (FCE) pour le soutien des processus de démocratisation des pays de l’Est ; le soutien au Syndicat des ouvriers de la campagne (SOC) qui défend les travailleurs saisonniers sans papier en Andalousie (El Ejido) ; le soutien à la création d’une coopérative à Madagascar ; une campagne en faveur de l’opposant portugais Otelo de Carvalho ; des actions en Afrique.
La coopérative a créé plusieurs médias de communication :
- la radio libre Radio Zinzine : fondée en 1981 et nommée d’après la colline où s’est établie la communauté, fréquemment menacée d’interdiction d’émission. Elle est affiliée à la Fédération européenne des radios libres ; la radio édite un hebdomadaire, L'ire des chenaies (4 pages au format A4)
- une agence de presse, l’Agence indépendante d'information (AIM), à laquelle collaborent une centaine de journalistes ;
- le journal Archipel, journal du Forum civique européen (8 pages au format A4);
- elle édite également des livres.
Fonctionnement de la communauté
La communauté s’administre en coopérative auto-gérée. Tous les biens financiers sont mis en commun. Les ressources propres de la communauté sont l’élevage, la production céréalière et maraîchère, dont elle en consomme une bonne partie ; elle pratique elle-même ses coupes de bois. La filature de laine est alimentée par l’hydroélectricité ; la chaleur est fournie par l’énergie solaire et le bois. Chacun travaille ; les changements de tâches sont possibles. Le dimanche soir, une réunion a lieu pour organiser un peu la semaine (équipes, réunions, projets, présentation des nouveaux-venus). Cependant, le travail s’organise entre des groupes constitués par affinités et par compétences. Elle regroupe 200 adultes et une cinquantaine d’enfants, répartis entre toutes les coopératives, ces membres étant d’une quinzaine de nationalités différentes.À Limans, elle possède 280 à 300 ha, dont 80 labourables. Elle utilise l’eau d'un forage et des quelques sources. Les matériaux de construction utilisés sont notamment la pierre locale, la brique crue, la paille, le bois. La coopérative vend des produits agricoles bruts, mais aussi transformés : agneaux, agnelles, vêtements en laine, conserves de fruits et de légumes, vin et cosmétiques, plus rémunérateurs. Elle gère un village de vacances, le hameau des Magnans (ouvert à tous) à Pierrerue, un camping destiné à ses activités.
La coopérative est soutenue par une association basée à Bâle, qui collecte des fonds. Le budget annuel de l’ensemble des collectivités est estimé, à la fin des années 1990, à plusieurs dizaines de millions de francs suisses, Le Monde indiquant un montant de recettes de 5 millions en 1996. La coopérative de Limans dépend à environ 50 % de ces aides et subventions, la moitié de ses besoins étant couverts par sa propre production (années 2000). Après des dépenses excessives les premiers temps, couvertes par des emprunts (32 millions de francs suisses de dettes en 1979), l’association a assaini les comptes, augmenté les collectes de dons et remboursé ses dettes dans les années 1980-1990 (dette de 9 millions en 1995).
Des fêtes, ouvertes à tous, rassemblent la communauté :
- la nuit du 4 août, en commémoration de la nuit du 4 août 1789 (abolition des privilèges) ;
- la fête de Radio Zinzine, début juillet ;
Controverses et critiques
Grâce à l'emprunt, la coopérative a constitué un patrimoine immobilier important dans les années 1980 : outre des domaines agricoles assez vastes, elle possède des gîtes ruraux et un appartement à Paris qui sert de point de chute. Ces achats et les premiers contacts peu diplomatiques avec les élus locaux ont creusé un fossé avec certains habitants des environs, ce qui a modifié les pratiques dans les implantations suivantes, mieux préparées.De même, le militantisme (appels à la désobéissance civile, l’accueil de réfugiés, y compris d’Europe de l'Est et de déserteurs), notamment de l'ex-Yougoslavie, provoque l’hostilité des gouvernements qui luttent parfois activement contre la coopérative : plusieurs procès pour outrage à l’État autrichien, qui échouent ; traquenard mis en place par la police allemande ; arrêté d’expulsion du territoire français, annulé par le Conseil d'État en 1979. Cet arrêté provoque un débat dans les médias, qui amène des visites et l'installation de nouveaux membres français, puis une campagne de presse hostile en 1979-1980.
Accusations de sectarisme
En 1982, Françoise d'Eaubonne dans son livre Dossier S comme Sectes accuse Longo Maï d'être une secte, suivra une procédure judiciaire de 14 ans.Selon le Centre Roger-Ikor, un des fondateurs, Roland Perrot, aurait eu des pratiques autoritaires ; les membres auraient été exploités : le travail serait dur et non-rémunéré directement, la coopérative serait surveillée et défendue contre des intrusions ; la nourriture distribuée serait insuffisante. « Prévensecte » accusa même la coopérative de pratiquer la mise en propriété commune des enfants (par refus de l’autorité parentale), la coopérative aurait eu une école privée interne. Cependant, les règles communes très strictes auraient été assouplies en 1982.
Face à ces accusations, la communauté bénéficie du soutien de l’écrivain régional Pierre Magnan d’abord sceptique, Huguette Bouchardeau du PSU, Michel Cardoze, Georges Duby, René Dumont, Jean-Pierre Faye, Bernard Langlois, Jean-Pierre Pelgrin, Jean Ziegler, Friedrich Dürrenmatt, Gérard Gilly et Jackie Marchand, enseignants qui participent à l'occupation de l'école de Limans pour sa réouverture.
Cela n'empêche pas le rapport parlementaire sur les sectes de 1996, de citer Longo Maï. Selon l'ethnologue Maurice Duval, « [...] le fait de vivre leurs idées collectivement a amené quelques députés à classer ce groupe dans la catégorie « secte » dans le rapport parlementaire de 1996. Or, ce groupe, que l’on partage ou pas ses idées - là n’est pas la question - a le droit de vivre et de penser différemment de la majorité de la population dès lors qu’il respecte la dignité des femmes et des hommes ce qui, manifestement, est le cas. Ce rapport parlementaire classe les « sectes » en élaborant une typologie pour le moins contestable et contestée par certains chercheurs, hélas trop peu nombreux. Et dans cette classification, plusieurs catégories sont élaborées parmi lesquelles figurent « les groupes alternatifs » ! Le paragraphe introductif précise : « Ils [les groupes alternatifs] proposent en général une organisation différente des circuits économiques, du mode de production, du commerce mondial, des rapports humains ». Il serait grand temps de le souligner avec force, ce texte est une atteinte à la liberté de penser et notamment à la liberté de penser sur le mode de la contestation. [...] À ma connaissance, [Longo Maï] s’inscrit dans le cadre de la loi et ne contrevient en rien à celle-ci. L’assimilation entre « sectes » et groupes alternatifs est une avancée de la pensée unique puisque le signifiant « secte » implique « Le Mal » à détruire. »
Ces accusations ont donné lieu à des procès, gagnés par la communauté Longo Maï en 1995 et en 1996, contre le Centre Roger Ikor qui l'avait accusée d'être une « secte ».
Ces critiques ont pu servir de justification à des descentes de police ; mais aucune n’a réussi à trouver d’élément matériel étayant ces accusations. La plus importante opération de police est celle du 29 novembre 1989 (deux cent CRS et gendarmes mobiles, avec renforts de la DST et survols en hélicoptères), à la demande du gouvernement allemand qui accuse la communauté « d'abriter de dangereux terroristes kurdes ». Bilan : le matériel radio est cassé, une seule personne arrêtée est relâchée dans la journée. Ce jour-là, les Renseignements généraux locaux refusent de participer à la descente.
La communauté est aujourd’hui mieux acceptée par les populations locales. Elle a aussi évolué dans ses pratiques, l’amour libre et la famille élargie, de rigueur dans les années 1970, ne sont ni plus ni moins pratiqués actuellement que dans la société environnante. L'aspect de mise en commun des enfants doit être relativisé, car la coopérative a très activement milité pour la réouverture de l’école élémentaire de Limans, les adolescents fréquentent le collège de Forcalquier ou le lycée de Digne.
Commentaires
Selon le Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle (Belgique) : « Aujourd'hui, la fibre autogestionnaire est donc loin d'être morte. En France, citons [...] le réseau, exemplaire parce que durable lui aussi et très intégré, des coopératives de Longo Maï, créé au début (!) des années 1970 par une poignée de jeunes très politisés d'Autriche (groupe Spartakus), de Suisse (groupe Hydra) et de France (soixante-huitards). Ce réseau regroupe aujourd'hui plusieurs centaines de personnes vivant principalement de leur auto-production (et sans salaire !) sur dix sites d'habitats communautaires, solidaires entre eux et répartis dans cinq pays européens. »Selon Elena Schmitt de l'Observatoire du management alternatif de HEC Paris : « Si la légendaire communauté de Longo Maï résiste toujours aussi bien malgré ses 35 ans d’existence, c’est principalement parce qu’elle a gardé une ouverture extrêmement forte sur le reste du monde, notamment en soutenant et communiquant autour d’autres actions politiques et idéologiques aux quatre coins de la planète. Fonctionnant en autogestion, et survivant aussi grâce aux dons de particuliers, Longo Maï est une communauté assez classique dans son organisation. Mais à travers son antenne radio, ses différentes revues et son réseau d’action international, Longo Maï représente un modèle communautaire alternatif très politisé et un emblème de la culture soixante-huitarde. »
Le suisse Oliver Seeger, ancien de Longo Maï, « récuse, avec le recul, « ce présupposé implicite selon lequel [ses camarades et lui étaient] une avant-garde révolutionnaire, une petite élite qui se préparait pour le jour J ». [...] Le changement de société serait tout sauf facile : « J’espère bien que les gens auraient mal à la tête, et au cœur, et au ventre, que tout leur métabolisme serait dérangé, s’ils devaient réfléchir à ce qu’ils ont réellement envie de faire ! Comment pourrait-il en être autrement quand, pendant des années, on est allé au turbin sans se poser de questions ? »
Publications
- Longo Maï : terre d'asile. Costa Rica / Nicaragua : 1978, 1979, Bâle, 1980.
- Nouvelles de Longo Maï, Bâle, Limans, périodicité irrégulière.
Bibliographie
- Gilbert-François Caty, Les Héritiers contestés : Longo Maï et les médias d'Europe, Anthropos, 1983.
- Luc Willette, Longo Maï, vingt ans d'utopie communautaire, préf. René Dumont, postf. Pierre Magnan, Paris, Syros, 1993.
- Françoise d'Eaubonne, Vingt ans de mensonge ou la baudruche crevée, éditions de Magrie, 1994.
- Roland Perrot, Longo Maï, nomades et sédentaires du IIIe millénaire, in Les Nouveaux espaces politiques (dir. Georges Labica), L'Harmattan, 1995, p. 111-127.
- Pia Pera, L'arcipelago di Longo maï : un esperimento di vita comunitaria, Milan, Baldini & Castoldi, 2000.
- Béatrice Graff, Longo Maï, révolte et utopie après 68, Vie et autogestion dans les Coopératives Européennes, Thesis verlag, 2006.
- Marc Ollivier, Avec les paysans du monde - Comment ils sont victimes du capitalisme - Comment ils lui résistent - Comment ils cherchent, avec beaucoup d’autres, à le dépasser, Association pour un nouveau développement, Grenoble, 2007, note de lecture .
- Produire de la richesse autrement : usines récupérées, coopératives, micro-finance... les révolutions silencieuses, PubliCetim, n°31, octobre 2008, éditions du CETIM, Genève, :
- Jacques Berguerand, Longo Maï : de la ferme à l’engagement politique ;
- Marc Ollivier, Une expérience internationale de recherche autogérée : les "chercheurs de survie" du réseau Longo Maï.
- Andreas Schwab, Landkooperativen Longo maï. Pioniere einer gelebten Utopie, Rotpunktverlag, Zürich, 2013..
Travaux universitaires
- Mélanie Louviaux, D'un autre agir altermondialiste, Mémoire en sociologie, Université catholique de Louvain (Belgique), septembre 2003, pp. 15-18 .
- Maurice Duval, Des peurs collectives : Le discours anti-secte comme support de l'idéologie néolibérale, L'Homme et la société, 1/2005, n°155, p. 65-78, texte intégral .
- Anne-Marie Pailhes, Communautés alternatives en Allemagne de l'Est depuis 1990 : des laboratoires utopistes de l'Allemagne réunifiée ?, synthèse, in Jay Rowell, Anne-Marie Saint-Gille, La société civile organisée aux XIXe et XXe siècles : perspectives allemandes et françaises, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010, pp. 238-241 .
- Géraldine Brausch, Petite histoire des pratiques démocratiques ou comment mettre en œuvre l’égalité, Philocité, publication pédagogique d’éducation permanente, Seraing, Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle, coll. Mobilisations sociales, 2011, page 54.
- Elena Schmitt, Les sentiers de l’Utopie, Isabelle Fremeaux et John Jordan, 2011, fiche de lecture, Observatoire du Management Alternatif, HEC Paris, avril 2012, page 9 .
Articles de presse
- Michel Bernard, Les coopératives Longo Maï, Lyon, S!lence, 1995, texte intégral [.
- Ingrid Carlander, Les irréductibles de Longo Maï,
- Le Monde diplomatique, mars 1996, texte intégral & texte intégral ,
- Les combats de l'Histoire, Manière de voir, n°40, juillet-août 1998.
- Ingrid Carlander, À Longo Maï, réussites et tâtonnements, in Les révoltés du travail, Manière de voir, n°103, février-mars 2009.
- Jade Lindgaart, « La ferme des radicaux », Médiapart, 26 février 2015
Radio
- Ruth Stégassy, Les 40 ans de Longo Maï, France Culture, 7 décembre 2013, écouter en ligne [archive].
Articles connexes
- Phalanstère - Communauté libertaire - Prise au tas - Christiania (Danemark) - Liste des communautés anarchistes
- Radio Zinzine
- Roland Perrot
Liens externes
Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Coop%C3%A9rative_europ%C3%A9enne_Longo_Ma%C3%AF et http://humanismepur.free.fr/communautes/longo_mai.php
7 commentaires:
Extrait très important qui démontre l'hostilité que subit cette expérience de vie sociale alternative.
Selon l'ethnologue Maurice Duval, « [...] le fait de vivre leurs idées collectivement a amené quelques députés à classer ce groupe dans la catégorie « secte » dans le rapport parlementaire de 1996. Or, ce groupe, que l’on partage ou pas ses idées - là n’est pas la question - a le droit de vivre et de penser différemment de la majorité de la population dès lors qu’il respecte la dignité des femmes et des hommes ce qui, manifestement, est le cas. Ce rapport parlementaire classe les « sectes » en élaborant une typologie pour le moins contestable et contestée par certains chercheurs, hélas trop peu nombreux. Et dans cette classification, plusieurs catégories sont élaborées parmi lesquelles figurent « les groupes alternatifs » ! Le paragraphe introductif précise : « Ils [les groupes alternatifs] proposent en général une organisation différente des circuits économiques, du mode de production, du commerce mondial, des rapports humains ». Il serait grand temps de le souligner avec force, ce texte est une atteinte à la liberté de penser et notamment à la liberté de penser sur le mode de la contestation. [...] À ma connaissance, [Longo Maï] s’inscrit dans le cadre de la loi et ne contrevient en rien à celle-ci. L’assimilation entre « sectes » et groupes alternatifs est une avancée de la pensée unique puisque le signifiant « secte » implique « Le Mal » à détruire. »
Dans sa définition classique, l’autogestion (du grec autos, « soi-même », et « gestion ») est le fait, pour un groupe d’individus ou une structure considérée, de prendre les décisions concernant ce groupe ou cette structure par l’ensemble des personnes membres du groupe ou de la structure considérée.
Il existe cependant une autre définition, plus politique ; y sont intégrés d'autres paramètres avec une certaine variabilité. Ses postulats sont :
- la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés,
- la transparence et la légitimité des décisions,
- la non-appropriation par certains des richesses produites par la collectivité,
- l'affirmation de l'aptitude des humains à s'organiser sans dirigeant.
Cette conception se construit en général explicitement contre des pratiques qualifiées de hiérarchiques, autoritaires, verticales, contre des formes de dépossession que constitueraient certains modes d'organisation. En d'autres termes, ce type d'autogestion permettrait une réappropriation d'une forme d'organisation collective.
Par ailleurs, cette définition permet des pratiques d'autogestion qui ne se limitent pas au seul champ économique.
L'autogestion n'impliquant pas d'intermédiaire gouvernemental, elle s'inscrit dans la philosophie anarchiste, dans sa dimension collectiviste, individualiste, et anarcho-communiste (ou anarcho-socialiste).
En 2008, j'écrivais ceci :
La société du futur, débarrassée des frontières obsolètes entre Etats, fonctionnera peut-être sur la dualité :
- "macrocapitalisme" [en opposition au communisme d'Etat qui centralise toutes les possessions dans les mains d'une minorité; ce qui rejoint le capitalisme multinational où une minorité détient presque toutes les richesses du monde]
- et "microcommunisme" [propriété collective des outils de production par ceux qui travaillent].
A l'échelle mondiale, c'est la loi du marché qui s'imposera [au sens de] : l'offre et la demande. La concurrence déterminera les relations entre les entreprises. On parlera alors de "macrocapitalisme".
Mais au niveau local, humain, c'est le système du "microcommunisme" qui fonctionnera. S'appuyant sur les principes de démocratie et d'égalitarisme, les travailleurs et les investisseurs coopéreront pour la réussite commune de leur entreprise.
Source : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2008/02/macrocapitalisme-microcommunisme.html
La Ligue spartakiste (en allemand : Spartacusbund ou Spartakusbund), littéralement Ligue Spartacus, est un mouvement politique d’extrême gauche marxiste révolutionnaire, actif en Allemagne pendant la Première Guerre mondiale et le début de la révolution allemande de 1918-1919.
La Ligue spartakiste tire son nom de Spartacus, meneur de la plus grande rébellion d’esclaves de la République romaine. Ses principaux fondateurs sont Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.
D'abord tendance du SPD, puis du USPD, la ligue forme ensuite en décembre 1918 le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Sa période la plus active se situe au cours des années 1918-1919. Ses fondateurs sont arrêtés puis exécutés au cours de la répression d'une insurrection à Berlin en janvier 1919.
Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht — fils du cofondateur du SPD Wilhelm Liebknecht — sont tous deux des membres importants de l’aile gauche du SPD. Ils créent début 1915, une organisation d'opposition, à la suite de la décision du SPD de voter les crédits pour déclarer la guerre à l'Empire russe le 4 août 1914. Au-delà de leur opposition à l'impérialisme, Luxemburg et Liebknecht soutiennent la nécessité de l’action révolutionnaire, là où la direction du SPD choisit de s’intégrer au processus parlementaire. En avril 1915, le groupe fait paraître une revue, Die Internationale, censurée dès la parution de son premier numéro. Ils font ensuite circuler clandestinement des publications politiques, comme le journal intitulé Spartakusbriefen (« les Lettres de Spartacus »).
Les Spartakistes militent pour l'arrêt de la guerre, et pour le pouvoir aux conseils ouvriers. Liebknecht et Luxemburg sont incarcérés de 1916 à 1918 pour leur rôle dans une manifestation publique contre la guerre à Berlin. La révolution allemande de novembre 1918 renverse l’empereur allemand Guillaume II. Liebknecht déclare une république socialiste en Allemagne depuis le balcon du château impérial de Berlin en novembre 1918 — mais deux heures plus tôt le même jour, Philipp Scheidemann du SPD a lui aussi proclamé la république depuis le palais du Reichstag. En décembre 1918, la Ligue spartakiste crée avec d'autres groupes moins importants, le Parti communiste d'Allemagne (KPD). En janvier 1919, le KPD, associé aux socialistes indépendants, organise des manifestations de rue massives contre le gouvernement de Weimar, emmené par les dirigeants du SPD et dirigé par le chancelier Friedrich Ebert. Le gouvernement accuse l’opposition de planifier une grève générale et une révolution communiste à Berlin. Le soulèvement est rapidement écrasé par le gouvernement, avec l’aide des corps francs qui combattent aux côtés des forces régulières. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés alors qu’ils sont retenus prisonniers. Cet assassinat marque la rupture définitive entre SPD et KPD.
Rosa Luxemburg, souvent retranscrit en français Rosa Luxembourg, en polonais Róża Luksemburg, née le 5 mars 1871 à Zamość dans l'Empire russe (actuelle Pologne) et morte assassinée le 15 janvier 1919 à Berlin en Allemagne, est une militante socialiste et théoricienne marxiste.
Née sujette polonaise de l'Empire russe, elle s'exile en Suisse pour suivre des études, puis prend la nationalité allemande afin de poursuivre en Allemagne son militantisme socialiste. Figure de l'aile gauche de l'Internationale ouvrière, révolutionnaire et partisane de l'internationalisme, elle s'oppose à la Première Guerre mondiale, ce qui lui vaut d'être exclue du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Elle cofonde la Ligue spartakiste, puis le Parti communiste d'Allemagne. Deux semaines après la fondation de ce dernier, elle meurt assassinée à Berlin le 15 janvier 1919 pendant la révolution allemande, lors de la répression de la révolte spartakiste.
Ses idées ont inspiré des tendances de la gauche communiste et donné naissance, a posteriori, au courant intellectuel connu sous le nom de luxemburgisme. L'héritage de Rosa Luxemburg a cependant été revendiqué, de manière contradictoire, par des mouvances politiques très diverses.
Karl Liebknecht né le 13 août 1871 à Leipzig et mort assassiné le 15 janvier 1919 à Berlin est un homme politique socialiste et communiste allemand.
Membre du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) comme son père Wilhelm Liebknecht, il s'engagea pour le droit d'organisation des jeunes dans des organisations politiques et surtout contre le militarisme. Son livre Militarisme et anti-militarisme entraîna un procès et une peine de prison de 18 mois, durant laquelle il fut élu député au Reichstag.
En raison de son opposition à la Première Guerre mondiale, il fut emprisonné et exclu du SPD. Il a cofondé avec Rosa Luxemburg la Ligue spartakiste, puis le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Deux semaines après la formation de ce dernier parti, il fut assassiné avec Rosa Luxemburg lors de la répression de l'insurrection de Berlin.
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