mardi 13 décembre 2016

Communauté libertaire

Une communauté libertaire ou colonie libertaire ou milieux libres ou colonie communiste est une communauté intentionnelle d'inspiration libertaire plus ou moins durable, plus ou moins organisée, centrée autour de l'autogestion, de la maîtrise du travail social, de l'épanouissement personnel, de valeurs morales.
L'objectif en est, principalement, d'expérimenter, dans des groupes plus ou moins vastes, des rapports sociaux antiautoritaires dégagés des contraintes du capitalisme et de l'État, notamment en matière de liberté sexuelle.
Des personnalités comme Pierre Kropotkine ou Élisée Reclus mettent en garde contre ces « îlots libertaires » voués, selon eux, à l’échec, car, dans la société actuelle, « tout s’enchaîne » et « il est impossible à toute tentative, si isolée soit-elle, de se soustraire complètement à sa funeste action » (La Révolte, 4 mars 1893).

Sommaire

Historique

Les racines théoriques sont à rechercher dans les écrits de Robert Owen et Charles Fourier.
La première communauté qualifiée de libertaire serait Libertalia, fondée à la fin du XVIIe siècle sur l'île de Madagascar et qui aurait existé pendant environ vingt-cinq ans.
Selon l'historien Ronald Creagh, il y aurait eu deux phases dans le développement des communautés libertaires, l’une avant 1860, l’autre après 1960. Entre les deux : des « coopératives socialistes » et des bases de repli que créent les immigrants, les mutuellistes, les anarchistes persécutés.
Après les événements de Mai 68, une nouvelle vague de communautés verra le jour. Elles sont caractérisées par un rejet de la société de consommation, des modes de vie basés sur des pratiques d'autogestion. Elles se vivent comme une alternative libertaire à la société globale.

Activités

Ces colonies peuvent abriter des cafés alternatifs, des jardins communautaires, des magasins gratuits, des volxküchen, des bibliothèques, des expositions, des concerts, des cinémas libres, des réunions de militants ou d'autres activités culturelles ou sociales qui ont comme point commun d'être à but non lucratif, fonctionnant souvent sur donations et de se penser comme tiers-lieu. Certaines communautés se veulent de véritables laboratoires de l'utopie, d'autres sont des refuges en période de répression ou de crise sociale. Elles sont présentes dans différents pays du continent européen, parfois dans des squats, parfois dans des établissements loués légalement.
« Beaucoup de centres sociaux sont des bâtiments abandonnés — hangars, usines, complexes militaires, écoles — qui ont été occupés par des squatteurs et sont devenus des centres politiques et culturelles, en se libérant du marché et du contrôle de l'état »
La communauté a souvent pour but de fonctionner selon des principes de prise de décision par consensus, sans hiérarchie. Des réunions plénières s'y tiennent régulièrement pour organiser la vie dans la communauté. Elle incorpore parfois des idées à tendance anarchoféministe voire "queer", antispécistes et/ou antifascistes, et se considère souvent comme safe space contre les différentes discriminations. En Allemagne, les volxküchen sont majoritairement végétalienne et il n'est pas rare dans les milieux libertaires d'avoir des activités réservées aux femmes, aux femmes lesbiennes ou "queers" ("allosexuel" et "altersexuel" constituent des tentatives de traduction en français) et aux transsexuels.

Liste de communautés par pays dans l'histoire

Amérique latine

  • Colônia Cecília (Parana, Brésil) (1890-1894). Fondée par des anarchistes italiens (Rossi, issu de la coopérative Citadella en Ialie). Commence avec 40 membres sur 300 hectares. Mais fermée par le gouvernement brésilien.
  • New Australia puis Cosme au Paraguay (1894).
  • Cosmos (Brésil) (1900). Communauté anarchiste créée près des sites des anciens phalanstères d’Oliveira et du Sahy.
  • Métropole socialiste d’Occident (Mexique) (1881).
  • Mastatal, une colonie anarchiste individualiste au Costa Rica.

Amérique du Nord

  • New Harmony (Indiana) (1825-1829)
  • Utopia fondée dans l'Ohio en 1844. Fouriérisme
  • Fruitlands, à Harvard, Massachusetts, en 1844. Communauté coopérative végétarienne (Charles Lane et Amos Bronson Alcott)
  • Icarie (Louisiane, Texas) (1847). Fouriérisme
  • La communauté socialiste des Temps modernes (the Socialist Community of Modern Time), de 1851 à 1854, à Long Island, New York1. Anarchisme individualiste (Josiah Warren et Stephen Pearl Andrews)
  • La communauté Réunion à Dallas, au Texas, en mai 1854
  • Fountain Grove (vers Santa Rosa, Californie) (1875-1934). Libertaire, liberté sexuelle.
  • Ruskin Colony (Tennessee) (1894-1899) (Ruskin Colony).
  • The Roycroft Movement (East Aurora, État de New-York) (1895). Créé par Elbert Hubbard. Coopérative plus que colonies libertaires (Roycroft Movement).
  • Home Colony (Washington) (vers 1895). Une cinquantaine de familles. Style individualiste anarchiste. Mais rayonnement à travers se publications : The Discontent, The demonstrator (Home, Washington).
  • La Libre initiative (Paterson, New-Jersey), fin XIXe siècle.
  • Golden Life (Minnesota) (1902 à 1903). Une poignée de communistes anarchistes.
  • Home (vers Burley) (1899-1940). Près de 200 membres vers 1910.
  • Colonie Ferrer de Stelton (Stelton, New Jersey) (1915). Anarchistes intellectuels. L’école Ferrer, très renommée, dure jusqu’en 1953. Elle s’inspire du Centre Ferrer (milieux libertaires du yiddishland) fondé à New York en 1911 (Ferrer School).
  • Sunrise Co-operative farm community (Saginaw Valley, Michigan, 1933-1938). Lié au mouvement yiddish, et notamment à la Freie Arbeiter Stimme. Intègre des anarchistes juifs, italiens, espagnols et quelques autochtones.
  • School of Living (Comté de Rockland, New York) (1934-1935). Fondée par Ralph Borsodi et Mildred Loomis. Anarchisme et idées de révolution verte (1940), agriculture biologique. Environ 20 familles. Borsodi invente, avec des disciples de Gandhi, la notion de Community land trust.

Europe

Allemagne

  • 1909-1912. Le groupe communautaire Tat fut fondé le 19 mai 1909. Il réunit une dizaine de jeunes étudiants, comme Franz Jung, Georg Schrimpf, auxquels s'était joint un nombre à peu près égal de jeunes ouvriers dont le futur peintre Oskar Maria Graf à l'époque garçon boulanger.

Belgique


La colonie communiste libertaire, L'Expérience.

L’Émancipateur, 11 août 1906.
  • 1905-1908. La colonie communiste libertaire L’Expérience à Stockel, puis Boitsfort (Bruxelles) est fondée par Émile Chapelier (beau-frère de Joseph Jacquemotte) et sa compagne Marie David. Elle compte de cinq à quinze personnes. Se voulant une alternative à la propagande par le fait par la « propagande par l’exemple ». Victor Serge, Jean De Boë et le militant espérantiste Eugène Gaspard Marin, y ont notamment séjourné. La colonie est la section bruxelloise du Groupement Communiste Libertaire fondé le 25 juillet 1905 en vue de structurer le mouvement afin de mener une action commune et une propagande soutenue. Vitrine de l'anarchisme, la colonie est ouverte le dimanche aux visiteurs, des conférences et des pièces de théâtre y sont données. La communauté édite de nombreuses brochures dans sa collection Bibliothèque de la Colonie communiste libertaire l’Expérience dont Ayons peu d’enfants ! Pourquoi ? Comment ? (Émile Chapelier), rééditée à 60.000 exemplaires en 1909. Le 11 août 1906, elle publie le premier numéro de l'hebdomadaire L'Émancipateur. Ses thèmes de prédilection : l'égalité homme/femme, l’amour libre, la contraception, le néomalthusianisme, l'espéranto.
  • 1973. Libertaire et coopératif, le quartier de La Baraque à Louvain-la-Neuve (Belgique) s'inscrit dans une démarche de développement durable.
  • 1992. Création à Gand (Belgique) de la Communauté Économique Anarchiste (Anarchist Economic Community).

Danemark

France


Communisme expérimental : colonie L'Essai à Aiglemont (1903-1909).


En 1902, est constituée une Société pour la création et le développement d'un milieu libre en France animée notamment par Élisée Reclus, Jehan Rictus, Lucien Descaves, Maurice Donnay, Henri Zisly, Émile Armand, Paraf-Javal, Georges Butaud ou Georges Deherme.
Le but unique de l'association, selon la feuille-programme est de « Tenter une expérience de communisme libre ». Des conférences sont organisées, des encarts publiés dans la presse libertaire afin de promouvoir la création concrète d'un milieu libre. Grâce à cet activisme, ils sont environ 250 co-sociétaires à la fin de 1902, 400 en 1903.

Émilie Lamotte, La Limitation des naissances, 1908, Éditions de la colonie communiste de Saint-Germain-en-Laye.
  • 1906-1908 : Colonie libertaire de Saint-Germain-en-Laye, individualiste libertaire. Parmi les fondateurs, Émilie Lamotte, Ernest Girault et André Lorulot (végétarien naturiste) qui popularise l’expérience
  • 1908-1911 : Phalanstère du Clos-des-Brunes (Haute-Vienne).
  • Vers 1910-1912 : Milieu libre de Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Animé par les frères Rimbault. Compte parmi ses membres Octave Garnier (futur allié de Jules Bonnot).
  • 1910 : Cité communiste de Bezons (Seine-et-Oise) fondée par Ernest Giault dans un immeuble qu’il possède.
  • 1910-1911 : L’Entraide (Paris). Coopérative liée à la coopérative anarcho-syndicaliste cégétiste Le Cinéma du peuple.
  • 1911-1912 et 1914 (voire jusqu’aux années 1950 ?) : Milieu libre de Bascon (Aisne, près de Château-Thierry). C’est la 3e tentative du couple Georges Butaud et Sophia Zaïkowska. Devient Colonie « naturiste et végétalienne » (1914-1931). Puis Colonie végétarienne de vacances. En 1920 s’ajoute une « Société Coopérative pour la mise en état des terres incultes » (10 à 20 personnes). Nombreux visiteurs (dont la danseuse Isadora Duncan).
  • 1912 : Colonie anarchiste de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), dite Le Nid rouge, liée à la Bande à Bonnot.
  • 1912-1914 : Projet de colonie de communisme pratique Le Libertaire à Épinay-sur-Orge (Essonne). Il est évoqué encore en 1914.
  • 1913-1914 : Milieu libre de la Pie au quai de la Pie à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, actuel Val-de-Marne) sans doute aussi appelé Le Phalanstère de Saint-Maur. C’est la 5e tentative de Georges Butaud et Sophia Zaïkowska qui éditent La Vie anarchiste. « Pour le lancer, Butaud avait fondé la Société des Milieux libres de la banlieue de Paris. L’ensemble est assez vaste pour la périphérie parisienne : immeuble de 6 000 m2, chalets indépendants, terrain comprenant jardin, verger et bois… » (Michel Antony).
  • 1913 : projets de Milieu Libre à Boulogne-Billancourt, à Saint-Ouen, de Colonie d’éducation et d’action communistes (Le nid) à Paris dans le XX° arrondissement, en lien avec la Société des Milieux libres de la banlieue de Paris.
  • Vers 1913 ou 1920 : Milieu libre à Vèdre.
  • 1922 : Nouveau projet de Georges Butaud, sans doute une Communauté végétalienne ( ?), en Corse.
  • De 1922 à 1935 : L’Intégrale (Puch-d'Agenais, Lot-et-Garonne), animée par Victor Coissac. Qualifiée de « Colonie semi-libertaire » et de « communisme patriarcal ».
  • 1923-1949 : Coopérative Terre Libérée (Le Pin, près de Luynes, Indre-et-Loire), sur près de 10 hectares. Elle est animée par Louis Rimbault, ancien de Bascon et de la Bande à Bonnot. Esprit végétalien, non-violence, le retour à la terre. Le journal Le Néo-naturien le soutient mais pas Le Végétalien. « Cette vie respectueuse de la nature nous apparaît comme une anticipation forte d’une volonté écologiste conséquente. Ouverte sur l’extérieur, elle reçoit de très nombreux visiteurs : plus de 300 la première année, encore 200 en 1929. En 1926 la coopérative adhère à l’APA - Association Paysanne Anarchiste. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle abrite des réfugiés et est souvent en butte aux menaces des pétainistes et des FFI. Terre Libérée s’éteint la même année que la mort de son fondateur, en novembre 1949. » (Michel Antony).
  • Années 1920 : « Caverne de Zarathoustra » (Tourrettes-sur-Loup, près de Grasse). Société individualiste et élitiste.
  • 1923 : Foyer végétalien de Paris créé par Georges Butaud et Foyer végétalien de Nice (1924). Ce ne sont pas de réels milieux libres.
  • Années 1920 ou 1930 : La Grande Famille (Chaumont, Haute-Loire) se veut un « village communiste » moderne.
  • 1931-1953 : la Colonie de Bascon se transforme en Colonie végétarienne de vacances.
  • Années 1930 : Colonie de Liefra, liée à L’Intégrale. Elle prône le « collectivisme libertaire ».
  • Fin des années 1940 : La Communauté (Pouligny, Yonne) d’Émile Bachelet, ancien de la bande à Bonnot. Communauté semi-autarcique, auto-productive (miel, légumes, électricité). Expérience relatée par Michel Ragon.
  • 1939-1967 : Colonia de Aymare-Colonie d’Aymare (Gourdon (Lot). Créée par des libertaires espagnols exilés en France (prête-nom pour l’achat Jean Roumilhac). Grande ferme de 120 ha achetée en 1939 en partie grâce aux fonds du SIA (Solidarité Internationale Antifasciste) et de la CNT. Autogestion et autosuffisance (potager, élevage, cueillettes), une radio libertaire. Abandonnée par la CNT (La Confédération nationale du travail espagnole / Confederación Nacional del Trabajo) ) en 1967.
  • Durant la Seconde Guerre mondiale : petite communauté en Ardèche autour de la famille Guibard.
  • 1969. Création de la communauté libertaire du Gouah-Du, à la Chapelle-Neuve, près de Locminé, dans le Morbihan.
  • 1970 : Communauté libertaire de Villeneuve-du-Bosc, près de Foix (Ariège) fondée entre autres par Marc Saracino, animée et analysée par Pierre Méric.
  • Années 1970 : Centre culturel et de villégiature anarchiste en Normandie, qui édite le journal ICO - Informations et Correspondances Ouvrières (vers 1972-1974) puis La Lanterne Noire (1974 à 1978).
  • 1973. Coopératives Longo Maï, communauté rurale autogérée d’inspiration libertaire.
  • 1973. Communauté anarchiste du Moulin de Paris à Merlieux-et-Fouquerolles. Depuis le milieu des années 1990, la communauté organise un Salon du livre libertaire et un forum social.

Grande-Bretagne

L'influence de Tolstoï sera grande à la fin du XIXe siècle, notamment dans l’association Fellowship of the New Life réunissant artistes, anarchistes, et chrétiens non-violents (églises de la Fraternité, Brotherhood Trust).
Les deux principales expérimentations britanniques fin XIXe siècle (surtout influencées par Kropotkine et Robert Owen) sont :
  • Clousden Hill Free (Communist and Cooperative Colony) (vers Newcastle, Forest Hall, Nortumberland) (1895-1902). Communisme agraire autosuffisant, une trentaine de membres de diverses nationalités (anglais, danois, allemands, tchèques). Ce serait la véritable « première commune anarchiste britannique » (Mark Bevir).
  • Communauté (colony) de Norton Hall (Sheffield, Derbyshire) (1896-1900). Jardinage. Influence du poète écologiste Edward Carpenter.
Les communautés tolstoïennes britanniques sont nombreuses :
  • Croydon Brotherhood (Fraternité) : 1re expérience tolstoïenne lancée par le Fond de la Fraternité (Brotherhood Trust) (1894).
  • Purleigh colony (Essex) (1896). Maximum de 90 membres (agriculteurs et artisans). "Dès 1899, cette colonie permet à Kenworthy de publier son journal New Order qui devient le principal organe de l’utopisme tolstoïen dans les îles britanniques."
  • Essex : Arshingdon Colony (Essex) et Wickford colony (Essex).
  • Hampshire : Blackburn Brotherhood (vers Leeds) (atelier d’électricité), Christchurch colony, Brotherhood Workshop (1897, Leeds).
  • Whiteway colony (Costwold, Gloucestershire) (1898) : objectif de culture autarcique, mais qui vit également de l’apport des membres qui vont travailler dans les usines extérieures à la communauté. Existe encore en 1928.
  • Swadlicote (vers Burton-on-Trent). Mine de charbon autogérée, achetée grâce à Bruce Wallace et J. Theodore Harris.
  • Whiteway colony (1898. Existe toujours ?). Idéologie anarchiste, non-violente, végétarienne, unions libres.
  • Milieu libre de Starnthwaite, (1898).
  • Dans les années 1920-1930, le mouvement décline. Il ne restera que des micro-communautés puis, dans les années 1950, des « camps internationaux ».

Italie


L'entrée du Forte prenestino à Rome en Italie
  • 1887-1890. La colonie de Cittadella, coopérative agricole et colonie libertaire créée par Giovanni Rossi à Stagno Lombardo, en Italie. Elle fut établie sur les terres (100 hectares) d'un philanthrope, Giuseppe Mori. L'échec de la communauté sera due au refus du collectivisme par les paysans. Parti avant la fin de l'expérience, Rossi émigrera en Amérique du sud, où il établira la colonie de La Cecilia.
  • Comune agricola comunista libertaria “La Belle Verte” Casali di Poggio Nativo (Ri) Gruppo anarchico “Emma Goldman” Fai Rieti e Sabina

Pays-Bas

  • 1898-1903. Colonie Blaricum (Pays-Bas), tolstoïenne, détruite par ses voisins en 1903.
  • 1898. Communauté de Walden (Pas-Bas).

Suisse

  • Communauté de Monte Verità, Ascona (Tessin, Suisse).

Citations

  • « Nous vivons sans Dieu, sans patrie, sans maître, libres avec la sensation à chaque instant de vivre ce que nous souhaiterions avoir vécu. » - André Mounier, En communisme. La colonie libertaire d'Aiglemont, Aiglemont, impr. spéciale, 1906.

Bibliographie


Les 9 lois de Christiania.
  • Max Nettlau, Colonies libertaires in Bibliographie de l'Anarchie, préface d'Élisée Reclus, Temps nouveaux (Bruxelles) - Stock (Paris), 1897, lire en ligne.
  • Jean Maitron, Milieux libres in Le mouvement anarchiste en France, de 1914 à nos jours, tome 1, Paris, Gallimard, 1992, pp. 382-408.
  • Michel Ragon, Milieu libre in Dictionnaire de l'Anarchie, Albin Michel, 2008, lire en ligne.
  • Michel Antony, Communes Libertaire et Anarchiste en France, in Essais utopiques libertaires de « petite » dimension, Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, 2005, lire en ligne.
  • Michel Antony, Essais Utopiques Libertaires de Grande Dimension, 2005, lire en ligne.
  • Michel Antony, Essais Utopiques Libertaires de Petite Dimension, 2005, lire en ligne.
  • Ronald Creagh, Laboratoires de l’utopie. Les communautés libertaires aux États-Unis, Paris, Payot, 1983.
  • Céline, « Communes », « Communautés », « Milieux libres », L’En-dehors, lire en ligne.
  • Céline Beaudet, Les milieux libres, vivre en anarchiste à la Belle Époque en France, Paris, Les Éditions Libertaires, 2006.
  • Syndicat Intercorporatif de Châteauroux, Quelques expériences communalistes, Le Combat syndicaliste CNT-AIT n°215, mars/avril 2008, lire en ligne.
  • Vinz Otesanek, L’Expérience. Une communauté anarchiste à Boitsfort à la Belle-Époque, La Gazette de Bruxelles, 8 avril 2010, lire en ligne.
  • Collectif, Milieux libres [1890-1914], L’En-dehors, 2005, texte intégral.
  • Didier Bigorne, La colonie libertaire d'Aiglemont ; un milieu libre et de propagande, Villages ouvriers, Utopie ou réalités ?, Actes du colloque international au Familistère de Guise (16-17 octobre 1993), L’archéologie industrielle en France, n°24-25, 1994, lire en ligne.
  • Malcolm Menziès, Mastatal. Une colonie anarchiste individualiste au Costa Rica, trad. Véra Osterman. Éditions Plein Chant, 2009.
  • Jan Willem Duyvendak, Le Poids du Politique. Nouveaux mouvements sociaux en France, Paris, L’Harmattan, 1994.
  • Michèle Riot Sarcey, Le réel de l’utopie, Essai sur le politique au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1998.
  • Patrick Démerin, Communautés pour le socialisme. Pratique de la vie collective chez les étudiants de Berlin-ouest. Origines, développement, perspectives, Maspéro, Paris, 1975, 209p.
  • Jan Willem Duyvendak, Le Poids du Politique. Nouveaux mouvements sociaux en France, Paris, L’Harmattan, 1994, 329 p.
  • Bernard Lacroix, L’utopie communautaire, Paris, PUF, 1981, 222 p.
  • Jean Servier, Histoire de l’utopie, Gallimard, 1991.
  • Marcia Nozick, Entre nous. Rebâtir nos communautés., préf. Jean-Pierre Deslauriers, Écosociété.
  • Émile Chapelier, Une colonie communiste. Comment nous vivons et pourquoi nous luttons, préf. Emmanuel Tesch, Bibliothèque de la Colonie communiste libertaire L’Expérience, n°1, Imprimerie Fraigneux, Bruxelles, 1906.
  • Théophile Malicet, La colonie libertaire d'Aiglemont, La Revue de l'économie sociale, volume 3, janvier-mars 1985, pp. 45-50.
  • Pierre Méric, Raimundo Dinello, Théorie et pratique de la vie en communauté, Bélibaste, 1972.
  • Pierre Méric, La Commune Libre, Les Grands Chemins, janvier 2010, lire en ligne.
  • Philippe Pelletier, « Les territoires de l’imaginaire libertaire » [archive], sur Libération,‎ .
  • Collectif, Communautés, naturiens, végétariens, végétaliens et crudivégétaliens dans le mouvement anarchiste français, Brignoles, Invariance, 1994, sommaire .
  • Jean-Pierre Bonnel, Paul Gérard, Les communautés libertaires agricoles et artistiques en pays catalan, préface Ronald Creagh, Trabucaïre, 2016.

Travaux universitaires

  • Jacques Gillen, Les activités en Belgique d’un anthropologue anarchiste : Eugène Gaspard Marin (1883-1969), Mémoire présenté sous la direction de Madame Anne Morelli en vue de l’obtention du titre de licencié en histoire contemporaine, Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et lettres, Année académique 1996-1997, lire en ligne.
  • Christian Dupuy, Saint-Junien - Un bastion anarchiste en Haute-Vienne 1893-1923, Étude, Presses Universitaires Limoges, 227 pages, lire en ligne.
  • Georges Ueberschlag, Françoise Muller, Éducation populaire : objectif d'hier et d'aujourd'hui, Presses universitaires de Lille, 1987, 300 p., lire en ligne.
  • Justine Renaudon, La ferme du moulin de Larchat. Monographie d'un lieu de vie alternatif : une expérience libertaire de recherche d'autonomie, de solidarité et d'équité, Thèse sous la direction de Grégory Derville, Université du droit et de la santé, Université Lille II, 2010, notice.
  • Renaud Violet, Régénération humaine et éducation libertaire. L’influence du néo-malthusianisme français sur les expériences pédagogiques libertaires avant 1914., mémoire de Maîtrise en Histoire Contemporaine, Université Strasbourg II, octobre 2002.
  • Edward Sarboni, Des Communautés libertaires de 1968 à 1978 dans le Sud-Ouest, mémoire de maîtrise, dir. Antoine Prost, Danielle Tartakowsky, Paris, Université Paris 1, 1993. 2 vol. 258 pages.

Bande dessinée

  • Jean-Laurent Truc, L’Essai, Nicolas Debon a croisé la route de Fortuné Henry, Ligne claire, 7 mai 2015, lire en ligne.

Documentaire vidéo

  • Collectif AlterNaction, Autrement, Suisse, 75 min., mai 2002, voir en ligne.

Radio

Site internet

Articles connexes

19 commentaires:

Je a dit…

Ce qui frappe à la lecture de cet article de Wikipédia, c'est la brièveté des expériences et la taille très réduite des communautés (quelques dizaines ou centaines de membres).

Parmi les nombreuses expériences, la plupart n'ont que quelques années (voire à peine quelques mois).

Dans l'article Wikipédia que je viens de parcourir, je n'ai relevé qu'une douzaine d'expériences libertaires ayant duré au moins une décennie :
- La Ruche (Rambouillet) : 13 ans (1904-1917).
- L’Intégrale (Puch-d'Agenais, Lot-et-Garonne) : 13 ans (1922 à 1935)
- la Colonie de Bascon se transforme en Colonie végétarienne de vacances : 22 ans (1931-1953)
- Libertalia (Madagascar, dans l'ocan Indien) qui aurait existé environ 25 ans (fin XVIIème siècle),
- Coopérative Terre Libérée (Le Pin, près de Luynes, Indre-et-Loire) : 26 ans (1923-1949)
- Colonia de Aymare-Colonie d’Aymare : 28 ans (1939-1967)
- Colonie Ferrer et son école (Stelton, New Jersey) : 38 ans (1915-1953)
- Home (vers Burley, Etats-Unis) : 41 ans (1899-1940) avec 200 membres vers 1910;
- Fountain Grove (Californie) : 59 ans (1875-1934).

Les plus intéressantes à étudier sont bien entendu les expériences qui durent encore :
- le quartier de La Baraque à Louvain-la-Neuve (Belgique) depuis 1973
- La communauté de Christiania depuis 1971,
- et surtout : La Colonie à Condé-sur-Vesgre, dans les Yvelines, fondée en 1832 selon les idées de Charles Fourier et toujours active de nos jours.

Je a dit…

À l'origine, le hameau de La Baraque, idéalement situé à mi-chemin entre Bruxelles et Namur, faisait office de relais.

Lors de l'installation de l'Université catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve, en 1972, le quartier de La Baraque, seul hameau existant sur le site d'implantation de l'université, était destiné à la démolition. Quelques habitants, résistant à la pression de l'université, refusèrent l'expropriation. Ne voulant pas quitter leurs maisons ils s’opposèrent à la politique d'urbanisation de la ville qui prévoyait de tout démolir et de bâtir du neuf. Au premier rang de ces opposants on trouvait un ouvrier des papeteries de Mont-Saint-Guibert, syndicaliste, Jules Casse. Dans un premier temps ils obtinrent la révision du Plan particulier d'aménagement, le PPA10.

Autour d'eux s'est rapidement (1974-1975) constitué un groupe de personnes (au départ principalement des étudiants en architecture en provenance de Louvain) désireuses de construire un habitat alternatif et attirées par un mode de vie communautaire dans la mouvance post-soixante-huitarde libertaire. Trois terrains furent "squattés" par des étudiants (un ancien verger, et deux zones arborées, dénommées : « "Les bulles" » et « "Le jardin" ») dans l'espace du hameau, avec l'aval du propriétaire.

C'est ainsi que sont apparues les premières "habitations". Il s’agissait d'anciennes roulottes foraines, de bus (notamment de la STIB, de caravanes, de cabanes en matériaux de récupération (anciennes serres à raisin en provenance de Hoeilaart), parpaing de béton, bois, verre, Eternit, terre, paille ), de géode. Ces habitats insolites, après avoir été vaguement tolérés, furent finalement autorisés et le quartier de la Baraque bénéficia d'un statut spécial, obtenu de haute lutte par ses habitants en 1985 : le plan d'urbanisme d'Ottignies-Louvain-la-Neuve lui a octroyé le statut de "zone d'habitat expérimental", ce qui lui permit d'échapper à certaines règles d'urbanisme (ni plus ni moins que certains lotisseurs d'importance). Depuis l'arrivée de l'université la population du quartier a évolué. D'abord majoritairement étudiante, elle s'est peu à peu diversifiée.

En 1980 une des zones "expérimentales", zone dite "du Verger", fut récupérée par l'Université en vue d'y réaliser des habitations sociales. Les occupants déménagèrent. Une nouvelle zone, dénommée "le talus", fut ouverte, toujours avec l'aval du propriétaire. Dès cette époque un petit élevage artisanal de moutons revit le jour dans le hameau à l'initiative d'habitants du Talus. .

Fin des années quatre-vingt le quartier de la Baraque participa au concours qualité village organisé par la Fondation Roi Baudouin, il y obtint une "mention".

En 1990 commencèrent les travaux de réalisation des logements sociaux par la SNL autour du Verger. Dans les années 1990 et 2000 le vieux hameau s’adjoignit un nouvel ensemble d'habitations, dit "la boucle des métiers".

Deux activités collectives se perpétuent chaque année au fil des décennies, pour la plus grande joie de ses habitants, la fête annuelle (fin juin, début juillet) et la fabrication artisanale du cidre (en septembre).

Je a dit…

Le quartier de La Baraque compte, outre la maison de quartier (le bar du zoo) : un atelier protégé, un groupe d'artisans (sculpture, danse, théâtre...), deux crèches, une maison franciscaine, un atelier de restauration de meubles anciens, un magasin bio... de nombreux potagers et serres individuelles. Il compte de nombreux artistes : musiciens, sculpteurs, chanteurs(e), photographes, peintres, réalisateurs, etc... mais aussi des plombiers, éducateurs, enseignants, thérapeutes, ...

En dehors des serres individuelles, le quartier possède également un jardin potager collectif dans lequel sont cultivés des légumes, des fruits et des fleurs. Mis à part cet aspect agricole, les habitants du quartier pratiquent aussi un élevage de proximité: des moutons, des chèvres et des poules fournissent du lait, des œufs et de la viande.

Les habitations souvent auto-construites, fourmillent de réalisations originales faisant une bonne place aux techniques propres à ce que l'on appelle aujourd'hui le développement durable. Ils ont été en ce sens des précurseurs.

Les objectifs initiaux qui guidèrent le développement de ce quartier sont :

- L'auto-construction,
- La réappropriation du temps et de l'espace,
- La vie communautaire,
- Le faible coût de fonctionnement,
- La gestion collective.

Les habitants du quartier de La Baraque se dénomment eux-mêmes "baraquis", non sans une note de dérision et pour railler l'étroitesse d'esprit de ceux qui désignent généralement en Belgique par ce vocable une population de démunis aussi bien en termes de savoir que de richesse. En 2014, le « quartier de la Baraque », dit « vieux quartier », existe depuis 1974.

Je a dit…

Christiania (Fristaden Christiania) est un quartier de Copenhague au Danemark, autoproclamé « ville libre de Christiania », fonctionnant comme une communauté intentionnelle autogérée, fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådsmandsstræde par un groupe de squatters, de chômeurs et de hippies. Ce quartier est une rare expérience historique libertaire toujours en activité en Europe du Nord.

Christiania a créé son propre drapeau, comportant trois points jaunes sur fond orange, ou inversement, représentant les points des trois « i » de Christiania. Il aurait été créé par Viktor Essmann, également créateur du nom de la communauté, choisi en référence à « Christianshavn » (le port de Christian IV).

En 2003, la cité comptait près de 1 000 habitants sur 34 hectares, possédait sa propre monnaie et toutes sortes d'activités culturelles et sportives, ainsi qu'un vaste espace agricole.

Le quartier a été l'objet de multiples controverses. La vente du cannabis y est toujours pratiquée à l'air libre. Son statut légal est également la cause de conflits et de négociations. La vente et consommation de drogues dures quant à elles sont interdites et punies par le bannissement temporaire dans un premier temps puis définitif s'il y a récidive.

Je a dit…

Le projet a été lancé en 1971 par le journaliste provo Jacob Ludvigsen après la destruction par des résidents des clôtures entourant l'ancien quartier militaire de Bådsmandsstræde : dans un article de son journal underground Hovedbladet, il annonçait l'ouverture de la « ville libre ». La charte, rédigée conjointement par Ludvigsen et d'autres participants, déclarait :

« L'objectif de Christiania est de créer une société autogérée dans laquelle chaque individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière. Notre société doit être économiquement autonome et nous ne devons jamais dévier de notre conviction que la misère physique et psychologique peut être évitée. ».

Une histoire mouvementée

L'histoire de Christiania est agitée. Les résidents y étaient connus pour leur intérêt pour les pratiques orientales, le yoga, et toutes substances capables de produire des états modifiés de conscience. Au cours de la « JunkBlokaden » de 1979, des représentants de Christiania ont expulsé les vendeurs et usagers de drogues dures, l'héroïne principalement, qui menaçaient sa survie (dix morts par overdose étaient survenues l'année précédente). Un long conflit larvé a opposé les « pushers », vendeurs de haschich, et les « activistes », militants plus politiques, au sujet de la vente de haschich et d'alcool. Ce conflit a plusieurs fois mené Christiania au bord de la rupture.

La vente libre de cannabis représentait un marché de 26,8 millions d'euros par an selon la police. Le 4 janvier 2005, les stands de vente de cannabis sont finalement détruits par leur propriétaire pour persuader le gouvernement de laisser la ville libre continuer d'exister. Avant la destruction, le musée national du Danemark a pu prendre un des plus beaux stands qui est désormais en exposition dans ce musée. Aujourd'hui, les stands de Pusher Street ont été reconstruits et proposent toujours de larges variétés de marijuana et de résines de cannabis, ainsi que des préparations culinaires à base de cannabis (sucettes, brownies, biscuits) et des accessoires (pipes à marijuana, pipes à eau, feuilles à rouler, cartons pour les filtres, grinders...)

Des projets officiels de suppression ou de transformation de Christiania ont été nombreux, mais la plupart sans effet, au moins jusqu'au milieu des années 1990. L'avocat communiste et résistant Carl Madsen eut droit à la reconnaissance des résidents pour ses plaidoiries devant les tribunaux et le Parlement.

Après avoir été toléré comme « expérimentation sociale » et à la suite d'un mouvement général de normalisation et d'uniformisation du pays, le Premier ministre libéral-conservateur Anders Fogh Rasmussen décide de s'attaquer au « cas » Christiania, accusée de favoriser le trafic de drogues. 1er janvier 2006, la ville a perdu son statut spécial de communauté alternative. Le 19 mai 2007, 35 ans après la naissance de Christiania : une première maison est détruite. La démolition entraîna une vive protestation qui dégénéra en conflit avec la police conduisant à l'arrestation de 59 personnes, laquelle avait déjà eu fort à faire lors des émeutes, deux mois avant, à la suite de la démolition d'Ungdomshuset.

La commune libre de Christiania et le gouvernement danois ont conclu, le 21 juin 2011, un accord qui permet aux habitants du plus célèbre quartier alternatif d’Europe d’en racheter à l’État la plus grande partie.

Je a dit…

Vie politique

Christiania est en grande partie influencée par la pensée anarchiste même si aujourd'hui très peu de ses habitants s'en réclament. Il est ponctuellement arrivé que des Christianites soient élus au conseil municipal, voire au Parlement (Tine Schmedes, une député christianite y donna le sein à son bébé, créant un scandale). L'autorité y est exercée par le « Fællesmøde » (assemblée générale). Le pouvoir réel y est exercé, non sans difficulté, par les assemblées de quartiers, les « Områdemøder », l'assemblée des entreprises (lucratives ou non), « Virksomhedsmøde », et l'assemblée des finances, « Økonomimøde » qui gère les ressources de Christiania (versements de la commune au titre de l'aide sociale, « loyer de Christiania » versé par une large part des habitants, contributions volontaires des collectifs à but lucratif). Dans ces assemblées, les décisions ne sont jamais prises au vote, mais par consensus. Les Christianites considèrent qu'est Christianite celui ou celle qui dort à Christiania, mais ce point a fait l'objet de débats houleux. Il a existé entre neuf et dix quartiers à Christiania.

À Christiania les voitures, les armes, les gilets pare-balles et les drogues dures sont interdits. Après les deux premiers étés, où les Christianites se sentirent débordés par un raz-de-marée de campeurs, le camping n'y est plus possible. Les vendeurs de haschich de Pusher Street, la zone où ils vendent à l'air libre, interdisent qu'on les photographie.

Christiania est en conflit perpétuel avec les autorités pour son existence. Celle-ci est largement due au fait que détruire Christiania signifierait, pour les autorités, trouver un relogement pour un millier de personnes. En outre, plusieurs centaines de Christianites bénéficient d'aide sociale, fixée à un niveau particulièrement bas pour les résidents de Christiania ; si ceux-ci étaient relogés, le coût des prestations qui leur sont versées augmenterait considérablement.

Je a dit…

Économie

Les relations économiques ordinaires ont cours à l'intérieur de Christiania, qui n'a jamais réussi à devenir matériellement indépendante du monde extérieur. Plusieurs collectifs d'habitation pratiquent un partage modéré de certaines ressources matérielles, et de nombreux collectifs d'activité travaillent sans but lucratif, voire sans rémunération.

Plus d'une cinquantaine de collectifs divers exercent des activités industrielles, artisanales, commerciales, culturelles, sanitaires, théâtrales, etc. Christiania possède son jardin d'enfants, sa boulangerie, son sauna, son unité d'éboueurs/recycleurs, ses bulldozers, sa fabrique de vélos, son imprimerie, sa radio libre, un atelier de restauration de poêles anciens, un autre de restauration de voitures anciennes, son propre cinéma (« Byens Lys », « Les Lumières de la Ville ») et une foule de bars, restaurants et lieux de spectacles. Les égouts de Christiania ont été rénovés et agrandis par les Christianites eux-mêmes.

Démographie

Lors de sa création, Christiania bénéficie de la crise aiguë du logement régnant alors à Copenhague, ainsi en quelques années la population dépassa plusieurs centaines de personnes pour se stabiliser l'hiver aux alentours du millier.

Au moins une cinquantaine d'enfants sont nés à Christiania et y ont été élevés. Curieusement, au moins jusqu'en 2006, la proportion approximative d'un tiers de femmes pour deux tiers d'hommes n'a jamais changé. La plus forte proportion d'étrangers est bien sûr composée de Scandinaves ; il faut noter la présence de quelques dizaines d'Inuits, qui s'explique par le fait que le Groenland est un territoire danois. Quoique la population ait eu un caractère marqué d'instabilité, la moyenne d'âge est à présent élevée, apportant la preuve de la persistance d'un noyau dur de résidents de très longue durée.

Culture

La contribution de Christiania à la vie culturelle de Copenhague est hors de toute proportion avec le nombre des Christianites ; les Danois de plus de 40 ans se souviennent de l'armée des Pères Noël créée par le théâtre de rue « Solvognen » (Chariot du soleil) qui, le jour de Noël 1973, envahit le célèbre « Magasin du Nord » et se mit à distribuer gratuitement des livres aux clients présents. Les affiches de Christiania ont été préservées dans le livre Plakater compilé par Fabbrikken, l'un des collectifs d'habitation de Christiania. Un grand nombre d'entre elles sont dues à Silketrykkeriet, l'atelier d'imprimerie sur soie implanté dans le bâtiment de Fabbrikken. Un livre de photographies sur Christiania, intitulé Christiania, a été publié par Mark Edwards aux éditions « Information ». La télévision danoise possède des centaines d'heures de documentaires et d'émissions sur la communauté, et la presse danoise a publié des milliers d'articles sur ce lieu unique. Une collection complète de ces articles y est conservée. En revanche, la Bibliothèque royale de Copenhague conserve très peu de documents sur Christiania.

L'architecture de Christiania est célèbre, depuis la création de « Pyramiden », une pyramide faite de matériaux de construction, par Helge, à Bananhuset (la Maison-Banane), construite par des apprentis charpentiers allemands, en passant par des dômes géodésiques et toutes sortes de constructions aussi hétéroclites que poétiques, et des intérieurs d'une grande poésie, en particulier le bar « Månefiskeren » (Pêcheur de Lune). Une maison faite d'un bateau coupé en deux s'est retrouvée au musée d'art moderne Louisiana (Humlebæk, Danemark).

Je a dit…

Lois de Christiana : http://invisibleimages.co.uk/wp-content/uploads/2014/02/cristiania.jpg

Plan de Christiana : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/dd/Christiania_%28OpenStreetMap_within_Copenhagen%29.png

Je a dit…

La Colonie est un projet de colonie sociétaire, fondée à Condé-sur-Vesgre en 1832 sur les idées de Charles Fourier, et toujours active de nos jours.

En juin 1832, le journal fouriériste, La Phalange, propose le lancement d'une collecte de fonds pour acquérir une propriété de 1500 hectares. Deux habitants de Condé-sur-Vesgre, Joseph Devay et le Dr Baudet Dulary, médecin et député de Seine-et-Oise, mettent à la disposition du groupe fouriériste leurs propriétés. Le Phalanstère publie le 15 novembre 1832 la nouvelle de la fondation d'un phalanstère de 460 hectares : le nom retenu fut celui de Colonie sociétaire - certains actionnaires jugeant curieuse l'appellation de phalanstère. Charles Fourier semble dès le départ prendre quelques distances vis-à-vis du projet, et de Baudet Dulary notamment. Une première liquidation fut prononcée le 24 avril 1836.

Le projet est relancé lors du premier banquet anniversaire de la naissance de Fourier (mort en 1837), le 15 avril 1840. Il prend cette fois-ci une tournure plus industrielle qu'agricole, et est appelé "Société des Cartonniers", en vue de la réalisation de cartonnages industriels. L'activité industrielle fut toutefois abandonnée à la suite de la révolution de 1848.

En 1850 est établie l'association du Ménage Sociétaire, ménage d'habitation commune, qui n'est plus la simple juxtaposition de familles vivant dans un même lotissement. Une société civile immobilière est créée en novembre 1860. Depuis 1860, cette société immobilière, avec son règlement intérieur concernant le Ménage sociétaire, se poursuit dans les mêmes conditions, avec une quinzaine de familles sociétaires - dont la plupart sont les mêmes que les sociétaires de 1870.

La Colonie de Condé-sur-Vesgre reste un haut-lieu du fouriérisme. Elle accueille aussi divers colloques sur les utopies sociales du XIXe siècle (et notamment l'utopie fouriériste).

Pour en savoir plus (vu la brièveté de l'article Wikipédia, qui n'existe qu'en français), il faut consulter le site : http://la-colonie.org/public/

Je a dit…

La Colonie… un nom qui évoque bien des choses, mais qui, à Condé sur Vesgre, incarne le projet inédit de ceux qui, depuis 1830, ont cherché à établir les bases d’une société humaine où régnerait l’harmonie.

Métamorphosée au fil des décennies en un groupe d’amis simple et chaleureux, la Colonie propose aujourd’hui une formule originale dans un cadre privilégié pour ceux qui perpétuent l’aventure.

La nature à une heure de Paris

Située idéalement au sein du massif forestier de Rambouillet, la Colonie compte plusieurs bâtiments centenaires. Ils sont dispersés dans un domaine forestier de 35 hectares, avec bois et étangs. La nature y est riche en couleurs et la faune présente tout au long des saisons.

Un mode de vie original

L’organisation de la Colonie repose sur un modèle éprouvé, où les responsabilités sont partagées, de nombreuses activités faites en commun, et les générations mélangées. Un équilibre a ainsi su être trouvé entre vie commune et vie privée, liens familiaux et amicaux.

Une riche histoire

Inspirée à ses débuts des théories de Charles Fourier et rare représentante d’un projet de « phalanstère », la Colonie a connu diverses métamorphoses et a traversé les siècles. Elle offre aujourd’hui un cadre d’étude intéressante à tous les férus de l’histoire des premiers socialismes.

Je a dit…

La Colonie repose sur deux structures juridiques et fonctionne à l’année grâce à un couple de gardiens.

Le Ménage Sociétaire

Le Ménage Sociétaire, association « de fait » (car antérieure à 1901 !), regroupe les « colons » qui ont été choisis par cooptation à l’issue d’un stage de plusieurs mois. Il compte aujourd’hui 22 membres, de 35 à 90 ans.
Ces colons disposent d’un logement dans l’un des bâtiments et participent aux frais généraux sous la forme d’une quote-part et d’un remboursement des consommations (repas, boissons, chambres d’invité…) qu’ils prennent lorsqu’ils qu’ils sont présents.
Un Comité de 7 membres, élus chaque année parmi des colons, gère les affaires liées à la vie en commun.

La SCI

La SCI La Colonie regroupe les porteurs de parts de la société civile immobilière créée en 1860 – et renouvelée depuis. Les colons y sont majoritaires.
Un syndicat de 5 membres se réunit régulièrement pour gérer et coordonner les travaux à entreprendre sur les 30 hectares de forêt et sur l’ensemble des bâtiments.

Les gardiens

Un couple de gardiens réside à l’année dans un logement de la Grande Maison.
En concertation avec le Comité et le Syndicat, ils prennent notamment en charge :
– la surveillance de la propriété
– les courses et la préparation des repas
– l’entretien des bâtiments et des machines
– la tonte des pelouses et certains travaux forestiers.

Je a dit…

En dehors des moments de vie commune que sont les repas et les activités volontairement partagées, les colons jouissent de la Colonie comme d’une résidence secondaire.

Ils peuvent y lire, faire la sieste, bricoler, réviser leurs examens, flâner seul dans les bois, jardiner, peindre, fêter un anniversaire, etc. – bref faire ce qu’ils veulent.

Il est évidemment possible d’inviter et de loger des amis.

Je a dit…

En 1832, la commune de Condé-sur-Vesgre, située dans le département de Seine-et-Oise, devient le théâtre d’un intéressant essai d’association domestique agricole selon la théorie de Charles Fourier.

Pour que le grand rêve de toute la vie de ce penseur utopiste reposant sur le « bonheur social » ne s’éteignît pas dans la solitude, la pauvreté et l’obscurité, certains fouriéristes (Victor Considérant, Just Muiron, Paul et Clarisse Vigoureux) décidèrent de créer un phalanstère, base expérimentale de la doctrine fouriériste selon laquelle :

- le travail n’est pas maudit, mais béni et plein d’attrait, pourvu que l’homme s’y exerce en toute liberté, selon les penchants de son activité et avec la certitude d’en vivre, dans le cadre d’une organisation fondée sur l’attraction ;

- la primauté et l’utilité des passions, qui permettent de bâtir une société libre et harmonieuse, régie selon les principes du Nouvel Ordre Amoureux ;

- la justice sociale est dans l’association de tous les profits proportionnellement au capital, au travail, au talent, un minimum de subsistance étant garanti à tout être au nom de la solidarité et du respect de la vie humaine.

Je a dit…

La première colonie sociétaire

Ces disciples fouriéristes, pour mettre en exécution leurs conceptions, cherchèrent à acquérir une propriété d’une superficie de 1 200 à 1 500 hectares. Ils publièrent, le 1 juin 1832, le premier numéro d’un périodique, le Phalanstère-la Réforme Industrielle, journal de la fondation d’une phalange agricole manufacturière associée en travaux et en ménage. Le numéro suivant proposait le lancement d’une collecte de fonds pour l’établissement d’une phalange à l’essai.

Deux habitants de la commune de Condé-sur-Vesgre, informés de ce lancement, Joseph Devay, agronome, qui possédait une ferme aux revenus peu prospères par l’aridité du sol sableux et le Dr. Beaudet Dulary, médecin et député de Seine-et-Oise, mirent à la disposition du petit groupe phalanstérien leurs deux domaines : le premier, la Christinière, avec ses 109 hectares et le deuxième, la Chesnaye, d’une superficie de 351 hectares. Les deux propriétaires se contentaient pour toute rétribution d’actions dans une nouvelle société correspondant à la valeur authentifiée de leurs terres évaluées après expertise.

Leurs propositions furent acceptées, après visite des terres à Condé par Ch. Fourier, J. Muiron et V. Considérant. Le Phalanstère publia, le 15 novembre 1832, la nouvelle de la fondation d’un phalanstère d’une superficie de 460 hectares, situé à Condé-sur-Vesgre, dont Charles Fourier était le directeur, Just Muiron l’ordinateur, Paul Vigoureux le trésorier général, A. Baudet Dulary et Gréa, député du Doubs, les syndics provisoires. Ce site était retenu, par suite de sa proximité de Paris pour implanter une communauté modèle qui devait justifier le modèle de Ch. Fourier.

Ce phalanstère était la propriété d’une Société Anonyme au capital de 1 200 000 francs constitués par l’apport des terrains dont la valeur étant estimée à 280 000 francs, le reste du capital devant être apporté par des actionnaires à rechercher. Un appel à des maçons, des charpentiers, des forgerons, des ouvriers agricoles fut lancé et entendu, puisque 150 ouvriers avec leurs femmes et leurs enfants vinrent de Lorraine, de Provence, de Bretagne et de Franche-Comté, en apportant leurs économies, deux actions de la future société étant vendues à chaque participant.

Cette nouvelle société fut présentée au gouvernement de l’époque, par l’intermédiaire de Jacques Laffite, ancien Président du Conseil, avec le soutien d’Auguste Thiers.

Le nom définitif de la propriété retenu fut celui de Colonie Sociétaire, certains actionnaires ayant jugé bizarre le nom de Phalanstère. Les travaux de défrichement et de terrassement commencèrent, sous la direction de Mrs Baudet Dulary, Devay, Victor Considérant, Just Muiron et Paul Vigoureux et étaient organisés selon la théorie sociétaire en courtes séances, les repas étant pris en commun dans de vastes et rustiques abris autour de tables communes.

Lé défrichement, le marnage du terrain, l’installation de 60 colons par vagues successives dans des constructions légères et économiques en bois et en briques, la présence de 200 journaliers furent les principaux événements de cet hiver 1832 froid et rigoureux.

Je a dit…

Le 21 mars 1833, Madame Dulary posait la première pierre du domaine. Très rapidement, l’activité initiale se ralentit par suite du manque de ressources, les porteurs de capitaux sollicités restant sourds aux demandes des créateurs. A. Baudet Dulary est amené à pratiquer une sévère ponction sur sa fortune personnelle, pour payer les journaliers. Il avoue que la Colonie Sociétaire se trouve déjà en difficulté : « Je ne commence pas avec 66 colons, mais avec 150 ouvriers, dont 60 maintenant logés, et nourris dans les bâtiments de la future Colonie ».

Ch. Fourier, qui se sent, dès cette époque, à l’écart de l’expérience de Condé, écrivit une lettre où il désavoue la faiblesse et l’incapacité de Baudet Dulary : « Depuis 6 mois, je n’ose pas dire un mot dans le journal sur Condé, mais si je la mettais entre nos mains, vous verriez comment je parlerai et ferai venir des fonds. Mais Dulary, par faiblesse et incapacité, dérange toutes les mesures. On ne peut compter sur rien avec lui, il donne dans tous les pièges, il n’aime que ceux qui le trompent ».

L’assemblée générale du 22 septembre 1833, tenue au moulin de la Chesnaye, en présence de Ch. Fourier, J. Muiron , V. Considérant et A. Transon, marqua la fin de la collaboration de Ch. Fourier. Il y fut pourtant annoncé « qu’une centaine d’hommes sont venus travailler, que 200 hectares de bruyères ont été défrichés, que 13 000 arbres ont été plantés, qu’une briqueterie a été édifiée, que le moulin a été réparé, que le bâtiment principal, le Phalanstère, qui terminé devait ressembler au palais de Versailles avec ses différentes ailes, a commencé à s’élever sur le plateau du Rouvray, ainsi que des étables et des abris provisoires ».

Le gouvernement lui-même, malgré son intérêt initial, faisait attendre l’autorisation demandée de création de la nouvelle société, inquiet des tendances socialistes de l’entreprise.

En 1834, A. Baudet Dulary s’installa avec sa femme et ses sept enfants au Phalanstère, dont la construction se poursuivait péniblement. Le journal, La Phalange, publia son dernier numéro en mars de cette année. La deuxième assemblée générale se tint en présence de 6 actionnaires, le 12 juillet 1834, à la ferme du Phalanstère.

H. Madaule, A. Baudet Dulary et Thomas, exploitant la ferme du Phalanstère, évoquèrent la création, sans succès, d’une « ferme asile », qui accueillerait des enfants. En juillet 1835, J.A. Devay s’installe dans sa maison terminée.

Pour tenter de sauver l’entreprise, MM. A Baudet Dulary et J. Devay la réduisirent en une simple société en commandite avec maintien du principe d’association.

Tous ces efforts n’empêchèrent pas la liquidation de la société qui fut prononcée le 24 avril 1836, le premier lot des terres comprenant la Christinière fut rendu à M. Devay, le lot restant qui fut redonné au Dr. A. Baudet Dulary, comprenait le Phalanstère, avec sa ferme, le moulin de la Chesnaye et des dépendances. Celui-ci tint à rembourser intégralement, sur ses fonds propres, les actionnaires au prix des actions achetées, soit une somme de 585 000 francs.

Danielle et Philippe DUIZABO
Août 2004

Je a dit…

La seconde colonie, dite des cartonniers

Si la première Colonie fut dissoute en 1836, on songea, dès 1837, à faire revivre le Phalanstère, avec la prise en charge d’enfants délaissés, avec l’accord des services sociaux, sous le nom de l’Institut industriel, agricole et scientifique de Condé. Le plan général de cet Institut, visant à recevoir 400 enfants, fut établi par César Daly et Morize. Malgré le versement d’une somme de 10 000 francs par les fouriéristes parisiens, cette tentative se solda par un nouvel échec.

Le 15 avril 1840, au premier banquet anniversaire de la naissance de Ch. Fourier présidé par A. Baudet Dulary. V. Considérant y annonce la constitution d’une société pour la propagation et la réalisation de la théorie sociétaire au capital de 600 000 francs. A. Baudet Dulary et V. Considérant signent un accord pour l’achat de la propriété de la Chesnaie, dite le Phalanstère, au prix de 180 000 francs. X. Chambellant est chargé de la direction des opérations agricoles.

A bout de ressources, le Dr. Baudet Dulary fut amené à vendre, en 1842, le Phalanstère et une partie de la propriété (environ 170 hectares) aux frères Chambellant. En 1844, A. Baudet Dulary s’installa avec sa famille dans la propriété actuelle de la Chesnaye qu’il avait fait construire l’année précédente.

En 1846, comptant sur l’appui moral et financier du duc de Montpensier, A. Baudet Dulary détacha de sa propriété un terrain de 34 hectares sur lequel il fit construire le bâtiment principal de la Colonie actuelle.

Une société fut crée, en 1846, entre A. Baudet Dulary, Boissy et Lenoir (l’acte d’association ne porte que ces trois noms alors que d’autres personnalités telles que Bacon, Cellier, les frères Chambellant, Felix, Luque, Pellerin, de Pompéry, Pouget, Stourme y sont associées), pour réaliser sur une petite échelle un spécimen d’association industrielle et agricole, appelée « Société des Cartonniers », visant à réaliser des cartonnages industriels.

En 1848, le bâtiment principal est terminé, au moment où la révolution qui obligea la famille royale et son entourage, dont le duc de Montpensier, à quitter la France éclata. Par suite du contexte politique, amenant, dans une vaine tentative, la société à engager des chômeurs parisiens, peu enclins à une productivité industrielle efficace, l’activité industrielle fut abandonnée.

Je a dit…

La troisième colonie, dite du Ménage Sociétaire

En 1850, la société A. Baudet Dulary, Boissy et Lenoir loua à Pouliquen et à ses amis Foucault, Luque et Madaule la propriété pour prendre à bail la société ouvrière. Les signataires du bail s’engageaient à achever les constructions entreprises, en s’adjoignant quelques familles. Ils établissent le principe du Ménage Sociétaire, ménage commun, association ayant une unité morale et n’étant pas une simple juxtaposition de familles vivant dans un même lotissement.

En 1860, le bail accordé à la société A. Baudet-Dulary, Boissy et Lenoir ne fut pas renouvelé, par suite de la dissolution forcée de la société des Cartonniers. Pouliquen, Leclerc père / fils, et Madaule rachetèrent le bail de ce domaine de trente quatre hectares avec une maison d’habitation importante, des hangars et des écuries ayant besoin de réparations.

Une Société Civile Immobilière fut constituée dont les statuts furent délibérés et arrêtés en assemblée générale, le 11 novembre 1860. Les bases financières reposaient sur la combinaison de parts nouvelles et de constructions en vue d’obtenir des revenus par des locations occupés par les sociétaires (au prix de 7F/m2).

Cette formule allait s’avérer la bonne.

Je a dit…

Désormais organisée sous la forme d’une Société Civile Immobilière, la Colonie allait pouvoir développer une forme d’association harmonieuse.

Les activités immobilières et forestières durant les premières années furent nombreuses :

- plantation de pins par M. Thomas, connue sous le nom de « pins Thomas » ;
- plantation de rhododendrons (devenus omniprésents) et d’arbres exotiques par M. Prat ;
- construction du pavillon jaune dit « le chalet », en 1862 et achevé en 1863 ;
- construction du pavillon blanc avec sa tourelle, en 1864 et achevée en 1865 ;
- création d’un jardin anglais, devant la grande maison, de la pièce d’eau et des réservoirs, de chênes et d’un potager d’un demi hectare ;
- construction du pavillon rouge, en 1868 et achevée en 1869 ;
- construction d’un kiosque artistique par P. Millet en 1869 ;
- création de la parcelle “du Texas”, du jeu de boules et d’un canal en bas du potager, sur l’initiative de MM. Nus et Pouliquen.

Les tentatives de lier le Ménage Sociétaire de la Colonie à d’autres ménages établis dans des conditions identiques sur le Phalanstère et la propriété de la Chesnaye, permettant de retrouver l’étendue primitive de la propriété d’A. Baudet Dulary furent sans lendemain

Depuis 1860, le Ménage Sociétaire a accueilli près de 250 personnes. Il a existé, parmi les sociétaires, une grande variété de conditions et de professions : artistes, peintres, musiciens, écrivains de genre très divers, jusqu’à un auteur de livrets d’opéra, médecins, de nombreux universitaires venus de tous les coins et de tous les niveaux d’enseignement, et en particulier des scientifiques, des artisans, des commerçants, des fonctionnaires retraités d’administration variées, des veuves, des rentiers attirés par la chasse, etc.

Certains avaient eu des carrières des plus inattendues. C’est ainsi que l’un d’eux, Faustin Moigneu, mort en 1900, bienfaiteur de la Ligue de l’Enseignement, à laquelle il a légué tous ses biens, avait fait fortune à San Francisco comme pâtissier. La trace des artistes se révèle par de nombreux portraits, crayons, pastels ou peintures à l’huile, qui peuplent les murs du salon.

La galerie des sociétaires se complète par celle des invités, dont il y eut, depuis l’origine, une variété étonnante : les noms illustres n’y manquent pas.

Jusque vers les années 1960, et notablement durant les guerres, un certain nombre de sociétaires a résidé à la Colonie de façon permanente, ou à peu près permanente, pouvant subvenir à l’essentiel de ses besoins grâce au potager, au verger et au poulailler. Mais la plupart furent des Parisiens qui vinrent y passer les périodes de loisir ou de vacances pour s’y reposer ou s’y retrouver entre amis.

Ce sont leurs semblables que l’on trouve encore aujourd’hui à la Colonie.

Je a dit…

En conclusion, bien qu'existant depuis 1832 (un record de longévité de 184 ans), La Colonie ne compte actuellement que 22 membres de 35 à 90 ans. On est très loin du nombre idéal recommandé par leur maître-à-penser Charles Fourier : 1620 personnes des trois sexes (hommes, femmes et "neutres", terme désignant pour les pré-pubères).
Voir : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2013/11/charles-fourier-et-le-phalanstere.html

Finalement, c'est Christiania (au Danemark) qui s'approche le plus de ce nombre. Bénéficiant d'une crise aiguë du logement régnant à Copenhague, en quelques années la population a dépassé plusieurs centaines de personnes pour se stabiliser aux alentours du millier.

Je viens également de trouver des informations sur Longo Maï, une coopérative agricole et artisanale autogérée, internationale, d’inspiration alternative, libertaire, laïque, rurale et anticapitaliste. Elle regroupe 200 adultes et une cinquantaine d’enfants, répartis entre toutes les coopératives (une dizaine); ses membres étant d’une quinzaine de nationalités différentes.
L'étude de son fonctionnement s'avère intéressante.
Voir : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2016/12/cooperative-europeenne-longo-mai.html