Je souhaiterais réfléchir collectivement à ce que pourrait être une société basée sur l'athéisme. Plusieurs philosophes ont proposé des pistes.
Je précise toute fois qu'il n'y a nul besoin d'être politique quand on est athée. Le philosophe dont je préfère les analyses (Épicure) se défendait même de proposer un modèle de société. Il recommandait de vivre caché, entouré d'amis. Mais d'autres matérialistes, et plus précisément des athées matérialistes (comme Jean Meslier par exemple) ont proposé des organisations sociales spécifiques (basées sur les communes en l'occurrence).
On pourrait faire une analogie entre religions et idéologies politiques mais il y a tout de même une différence : c'est qu'une société construite sur une idéologie politique (une simple hypothèse au départ, donc) peut être expérimentée. Une fois que l'on a plusieurs exemples de mise en place de la dite société (le résultat d'expériences, donc), on sort de la croyance, pour passer à l'analyse scientifique.
Il est toutefois un élément qui peut avoir une incidence
politique. Un athée nie l'existence d'entités supérieures
(surnaturelles) et, a priori, nie aussi la supériorité de telle race
sur une autre, ou de tel individu sur un autre. Pas de hiérarchie au
sens étymologique du terme ("hiéro-" sacré, "-archie" pouvoir). Je pense
donc qu'un athée, plus qu'un croyant, serait naturellement favorable à
la démocratie (égalité de tous les citoyens) ou à l'anarchie (absence
d'un pouvoir supérieur dominant tous les citoyens).
11 commentaires:
J'ai soumis cette question dans un groupe de discussion ayant pour thème l'athéisme.
Presque personne n'a évoqué la démocratie comme système correspondant le mieux aux athées. La laïcité a été citée; mais c'est surtout l'anarchie qui a été plébiscitée. Je vais me renseigner sur les différentes expériences historiques ou sur les variantes autour de ce terme.
Premier constat : l'encyclopédie en ligne Wikipédia distingue les termes "anarchie" et "anarchisme".
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anarchie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anarchisme
L’anarchie (du grec ἀναρχία / anarkhia, composé de an, préfixe privatif : absence de, et arkhê, hiérarchie, commandement) désigne l'état d'un milieu social sans gouvernement, la situation d’une société où il n’existe pas de chef, pas d’autorité unique, autrement dit où chaque sujet ne peut prétendre à un pouvoir sur l’autre. Il peut exister une organisation, un pouvoir politique ou même plusieurs, mais pas de domination unique ayant un caractère coercitif. L’anarchie peut, étymologiquement, également être expliquée comme le refus de tout principe premier, de toute cause première, et comme revendication de la multiplicité face à l’unicité.
Polysémique, le terme anarchie s'entend sous des acceptions, non seulement différentes, mais absolument contradictoires. Employé péjorativement, comme synonyme de désordre social dans le sens commun ou courant et qui se rapproche de l’anomie, il l'est aussi comme un but pratique désirable à atteindre comme c’est le cas pour les anarchistes.
En 1840, Pierre-Joseph Proudhon est le premier à se réclamer anarchiste, c'est-à-dire, partisan de l’anarchie, entendu en son sens positif : « La liberté est anarchie, parce qu'elle n'admet pas le gouvernement de la volonté, mais seulement l'autorité de la loi, c'est-à-dire de la nécessité ». En 1987, Jacques Ellul précise : « plus le pouvoir de l'État et de la bureaucratie augmente, plus l'affirmation de l'anarchie est nécessaire, seule et dernière défense de l'individu, c'est-à-dire de l'homme ».
Pour les anarchistes, l’anarchie est l’ordre social absolu grâce notamment au collectivisme anti-capitaliste qui contrairement à l’idée de possessions privées capitalisées, suggère l’idée de possessions individuelles ne garantissant quant à elles aucun droit de propriété concernant l’accumulation de biens non utilisés, et au travers d’une liberté politique organisée autour du mandatement impératif, de l’autogestion, du fédéralisme et de la démocratie directe.
En 1850, Anselme Bellegarrigue publie L'Anarchie, journal de l'ordre. Pour ses partisans, l’anarchie est donc organisée et structurée : c’est selon les mots d’Élisée Reclus « la plus haute expression de l’ordre ».
L'anarchisme est un courant de philosophie politique développé depuis le XIXe siècle sur un ensemble de théories et de pratiques anti-autoritaires d'égalité sociale.
Le terme libertaire, souvent utilisé comme synonyme d'anarchisme, est un néologisme créé en 1857 par Joseph Déjacque pour renforcer le caractère égalitaire.
Fondé sur la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et le refus de toute contrainte découlant des institutions basées sur ce principe, l'anarchisme a pour but de développer une société sans domination et sans exploitation, où les individus-producteurs coopèrent librement dans une dynamique d'autogestion et de fédéralisme.
Contre l'oppression, l'anarchisme propose une société basée sur la solidarité comme solution aux antagonismes, la complémentarité de la liberté de chacun et celle de la collectivité, l'égalité des conditions de vie et la propriété commune autogérée. Il s'agit donc d'un mode politique qui cherche non pas à résoudre les différences opposant les membres constituants de la société mais à associer des forces autonomes et contradictoires.
Le terme « anarchisme » et ses dérivés sont employés tantôt péjorativement, comme synonymes de désordre social dans le sens commun ou courant et qui se rapproche de l’anomie, tantôt comme un but pratique, car l'anarchisme défend l'idée que l'absence d'une structure de pouvoir n'est pas synonyme de désorganisation sociale.
Introduit en 1893 par Émile Durkheim, le terme anomie (du grec ἀνομία / anomía, du préfixe ἀ- a- « absence de » et νόμος / nómos « loi, ordre, structure ») est un concept fondamental en sociologie. Il caractérise l'état d'une société dont les normes réglant la conduite de l'humain et assurant l'ordre social apparaissent inefficientes.
Après avoir introduit le terme en 1893 dans De la division du travail social, Émile Durkheim, sociologue français du XIXe siècle, emploie en 1897 le mot d'anomie dans son livre sur les causes du suicide, Le Suicide, pour décrire une situation sociale, caractérisée par la perte ou l'effacement des valeurs (morales, religieuses, civiques...) et le sentiment associé d'aliénation et d'irrésolution. Le recul des valeurs conduit à la destruction et à la diminution de l'ordre social : les lois et les règles ne peuvent plus garantir la régulation sociale. Cet état amène l'individu à avoir peur et à être insatisfait, ce qui peut conduire au suicide. L'anomie provient du manque de régulation de la société sur l'individu. Il ne sait comment borner ses désirs, souffre du mal de « l'infini ». Durkheim considère également l'anomie domestique comme une cause potentielle de suicide, le taux élevé de divorces favorisant statistiquement le suicide, par exemple.
Le terme anomie est aussi utilisé pour désigner des sociétés ou des groupes à l'intérieur d'une société qui souffrent du chaos dû à l'absence de règles de bonne conduite communément admises, implicitement ou explicitement, ou, pire, dû au règne de règles promouvant l'isolement ou même la prédation plutôt que la coopération.
Robert K. Merton s'est intéressé à l'anomie à la fin des années 1930 et a décrit les règles qui, si elles sont non suivies, y mènent :
- les buts culturels comme souhaits et attentes des membres de la société
- des normes, qui prescrivent les moyens permettant aux gens d'atteindre leur but
- la répartition de ces moyens.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anomie
Les anarchistes rejettent en général la conception courante de l'anarchie (utilisée par les médias et les pouvoirs politiques). Pour eux, l'ordre naît de la liberté, tandis que les pouvoirs engendrent le désordre. Certains anarchistes useront du terme « acratie » (du grec « kratos », le pouvoir), donc littéralement « absence de pouvoir », plutôt que du terme « anarchie » qui leur semble devenu ambigu. De même, certains anarchistes auront plutôt tendance à utiliser le terme de « libertaires ».
Pour ses partisans, l'anarchie n'est justement pas le désordre social. C’est plutôt le contraire, soit l'ordre social absolu, grâce notamment au collectivisme anti-capitaliste. Ce collectivisme, contrairement à l'idée de possessions privées capitalisées, suggère celle de possessions individuelles ne garantissant aucun droit de propriété, notamment celle touchant l'accumulation de biens non utilisés. En outre, ce collectivisme s’exprime par une liberté politique organisée autour du mandatement impératif, de l'autogestion, du fédéralisme et de la démocratie directe. L'anarchie est donc organisée et structurée : c'est l'ordre moins le pouvoir.
L'anarchisme est un mouvement pluriel qui embrasse l'ensemble des secteurs de la vie et de la société. Concept philosophique, c’est également « une idée pratique et matérielle, un mode d’être de la vie et des relations entre les êtres qui naît tout autant de la pratique que de la philosophie ; ou pour être plus précis qui naît toujours de la pratique, la philosophie n’étant elle-même qu’une pratique, importante mais parmi d’autres ».
En 1928, Sébastien Faure, dans La Synthèse anarchiste, définit quatre grands courants qui cohabitent tout au long de l'histoire du mouvement :
- l'individualisme libertaire qui insiste sur l'autonomie individuelle contre toute autorité ;
- le socialisme libertaire qui propose une gestion collective égalitaire de la société ;
- le communisme libertaire, qui de l'aphorisme « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » créé par Louis Blanc, veut économiquement partir du besoin des individus, pour ensuite produire le nécessaire pour y répondre ;
- l'anarcho-syndicalisme, qui propose une méthode, le syndicalisme, comme moyen de lutte et d'organisation de la société.
Depuis, de nouvelles sensibilités se sont affirmées, telles l'anarcha-féminisme ou l'écologie sociale.
Pour Vivien Garcia dans L'Anarchisme aujourd'hui (2007), l'anarchisme « ne peut être conçu comme un monument théorique achevé. La réflexion anarchiste n'a rien du système. […] L'anarchisme se constitue comme une nébuleuse de pensées qui peuvent se renvoyer de façon contingente les unes aux autres plutôt que comme une doctrine close »
Selon l'historien américain Paul Avrich : « Les anarchistes ont exercé et continuent d'exercer une grande influence. Leur internationalisme rigoureux et leur antimilitarisme, leurs expériences d'autogestion ouvrière, leur lutte pour la libération de la femme et pour l'émancipation sexuelle, leurs écoles et universités libres, leur aspiration écologique à un équilibre entre la ville et la campagne, entre l'homme et la nature, tout cela est d'une actualité criante. »
Cela fait qu'il y a de nombreux courants (au moins quatre historiques, du XIXème siècle, et de nouveaux en ce début de XXIème siècle) ! C'est riche !
Je retiendrai quand même le tronc commun :
"[...] possessions individuelles ne garantissant aucun droit de propriété concernant l’accumulation de biens non utilisés, et au travers d’une liberté politique organisée autour du mandatement impératif, de l’autogestion, du fédéralisme et de la démocratie directe." (ce qui permet d'inclure la démocratie)
ou dit autrement :
"[...]l'anarchisme a pour but de développer une société sans domination et sans exploitation, où les individus-producteurs coopèrent librement dans une dynamique d'autogestion et de fédéralisme."
Démocratie directe (à l'Athénienne, chère à Etienne Chouard) et fédéralisme (défini par Jean Meslier) avec un thème central : la propriété des outils de production. Là, on est dans le cœur du débat !
Les outils de production ne doivent appartenir ni à des capitalistes privés (des possédants qui ne participent pas à l'effort de production de richesse), ni à l’État centralisé (avec sa "dictature du prolétariat", puisque l'anarchie refuse l’État coercitif).
Je suis profondément pro-démocratie même si j'aimerais que l'athéisme, ou plutôt le rationalisme et l'humanisme, y aient plus d'influence.
Je m'explique.
Personne ne peut nier l'influence néfaste que peuvent avoir les croyances et les religions. Je suis donc favorable à une démocratie qui aurait une position, vis-à-vis des croyances religieuses, similaire à celle qu'elle a déjà avec d'autres produits posant des problèmes de santé publique tels que le tabac ou l'alcool :
- nécessité d'obtention d'une autorisation (licence) attribuée par l’État avant de pouvoir ouvrir un point de vente;
- interdiction de vente aux mineurs;
- interdiction de faire de la publicité ou d'apparaître sur le service public;
- mise en place de campagnes de sensibilisation aux risques pour la santé;
- aides médicales et financières pour ceux et celles qui souhaitent arrêter.
Sans pour autant compromettre la liberté de chacun et chacune.
Même si je reconnais que de telles mesures pourraient être jugées, dans notre société actuelle, comme anti-démocratiques par des croyants mais aussi par des athées.
Après avoir étudié l'idéal philosophique d’Épicure (qui préconisait de vivre caché, entouré d'amis sincères), je me suis demandé : qu'ont proposé ses successeurs sur le plan de l'organisation sociale, de la politique ?
J'ai trouvé quatre options :
- une monarchie éclairée par la philosophie, d'après Philodème de Gadara (110 avant J.C. - 40 avant J.C.) ;
- ou une monarchie constitutionnelle permise grâce à l'éducation, selon Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach (en allemand : Paul Heinrich Dietrich von Holbach)(1723-1789)
- ou le fédéralisme, des républiques fédératives, selon Claude-Adrien Helvétius (1715-1771)
- ou enfin le communalisme international, selon Jean Meslier (1664-1729).
Autant les trois premières options ont été largement concrétisées (monarchie, monarchie constitutionnelle et république sous différentes formes), autant je n'ai pas connaissance de l'application du communalisme (sauf peut-être la Commune de Paris pendant deux mois en 1871).
http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2015/11/apres-epicure-ou-de-lethique.html
Voir "Communauté libertaire" à https://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_libertaire
Ce sera l'occasion d'un autre article avec ses commentaires.
http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2016/12/communaute-libertaire.html
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