L'analyse d'un professeur de philosophie
Nous pouvons définir la démocratie comme un régime politique fondé sur
la souveraineté populaire, ce qui signifie que c'est le peuple qui
détient, de façon directe ou indirecte, le pouvoir politique. Cette
organisation politique, en se fondant formellement sur le pouvoir du
plus grand nombre, a donc pour but de garantir le respect de l'intérêt
commun. Autrement dit, il semble que le principal avantage de ce régime
est d'éviter le risque de voir quelques-uns s'accaparer le pouvoir pour
l'exercer uniquement dans le but de satisfaire leurs intérêts
particuliers. La réponse à la question posée semble, dès lors, évidente
puisque si tous sont détenteurs du pouvoir, aucune loi ne pourra
privilégier l'intérêt particulier. Les lois seront donc automatiquement
justes puisque la justice sera collective et non individuelle,
c'est-à-dire qu'elle résultera de la négociation entre les différentes
conceptions individuelles du juste. Néanmoins, le problème de cette
négociation, comme au sujet de toute procédure de discussion, est de
voir se cristalliser les antagonismes et d'échouer ou de ne pas parvenir
à formuler une solution. Autrement dit, la démocratie pourrait ne pas
garantir des lois justes si tous ne peuvent se mettre d'accord ou si
quelques-uns parviennent à tromper les autres dans la délibération
législative. Plus largement, le problème tient également à la différence
entre l'individu tel qu'il participe par principe à la souveraineté (il
est en tant que citoyen un des contractants politiques) et l'individu
tel qu'il doit se soumettre à la loi (il doit se plier aux décisions
politiques et aux lois votées par ses représentants, quand bien même il
n'est pas personnellement en accord avec ces lois). Comment fait pour
réconcilier ce fossé qui se creuse en lui, entre le principe politique
de la souveraineté et l'existence personnelle ?
1 commentaire:
Problème à la fin de la démonstration : la souveraineté ne se représente pas. Elle s'exerce. Point de "représentant" (preneur de décision indépendant des électeurs) dans une démocratie.
Deuxième interrogation de l'auteur : "Comment fait pour réconcilier ce fossé qui se creuse en lui, entre le principe politique de la souveraineté et l'existence personnelle ?". C'est la libre adhésion à la communauté qui nécessite l'unanimité, comme l'indique Jean-Jacques Rousseau dans le livre III du Contrat Social. Le citoyen ayant accepté de se conformer aux lois qui seront prises au sein de la communauté, à la majorité, s'y pliera. Ou quittera la communauté.
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