mercredi 4 novembre 2015

Najat Vallaud-Belkacem torpille le bac

La ministre de l'Éducation vient de donner le coup de grâce à cet examen, en toute discrétion, par le biais d'une mesure toute simple mais redoutable.



D'abord, on croit à une mauvaise blague. Mais non. C'est publié au Journal officiel du 27 octobre. À partir de la rentrée 2016, les candidats qui échouent au baccalauréat auront cinq ans pour le réussir. Ils pourront choisir de conserver les notes au-dessus de la moyenne qu'ils ont obtenues et ne repasser l'examen que dans les matières où ils ont échoué. Le bac, désormais, c'est exactement comme pour le permis de conduire ! Après l'obtention du code, chacun a droit à cinq présentations maximum dans un délai de cinq ans.

Suite de l'article àhttp://www.lepoint.fr/societe/najat-vallaud-belkacem-torpille-le-bac-29-10-2015-1977673_23.php


Et le petit débat entre amis qui a suivi :

SD : Il faudrait peut-être que les journalistes du Point et le grand public soient mis au courant. Cette possibilité existe déjà depuis des années. C'est comme ça que mon fils aîné a eu son bac. Il a repassé les épreuves qu'il avait ratées l'année précédente en candidat libre, après avoir étudié seul et avec l'aide de profs à domicile. Ce qui lui a évité la perte de temps d'un redoublement...
JS : Si j'ai bien compris, la nouveauté ne vient pas du fait de repasser les épreuves auxquelles on a échoué l'année qui suit l'échec (que ce soit en candidat libre ou en redoublant) mais d'avoir le droit de repasser seulement ces épreuves, de façon étalée, pendant 5 années.

Je crois que cette mesure et de nombreuses autres mesures qui ont précédé (que ce soit sous ce gouvernement ou ceux qui ont précédé) sont des leurres. Un ministre a dit : "Je veux 80% de réussite au bac" ... alors on demande aux correcteurs de hausser les notes pour atteindre cet objectif. On ajoute des points avec des matières optionnelles, et on se retrouve avec certains bacheliers qui ont plus de 20/20 de moyenne ! Aberrant et pourtant vrai (cette année encore sur l'académie de la Réunion).

Cela dévalue le bac. Ce diplôme n'a plus du tout la valeur qu'il avait jadis.
J'ai été personnellement correcteur du concours d'entrée à l'IUFM (institut de formation des maîtres d'école). J'ai été sidéré par le niveau (faible !) des candidats qui sont pourtant censés avoir un bac+3 voire plus. J'ai récemment consulté un mémoire de master truffé d'erreurs d'orthographe (une ou deux par ligne) et, pire, de phrases incohérentes.
La France chute dans les classements internationaux en matière d'éducation. Les "solutions" proposées par les gouvernants me semblent largement insuffisantes. Elles ne s'attaquent pas au fond du problème.

Le fonctionnement de l'Education Nationale est le suivant : plus on a d'expérience, plus on est prioritaire pour choisir son affectation. En clair, les meilleurs profs choisissent les affectations les plus faciles et les profs les moins expérimentés sont envoyés sur les quartiers les plus difficiles, ceux où les populations sont d'origine non-francophone notamment.

Si on veut vraiment aider ces populations, il faut mettre des moyens réellement adaptés (par exemple : doubler les effectifs dans ces quartiers comme en Finlande, ou doubler les primes pour inciter les meilleurs profs à s'y précipiter ...) et non pas baisser le niveau général de l'examen au niveau national !

Et puis, comme les jeunes Français passent deux fois plus de temps devant les écrans que sur les bancs de l'école, transformer radicalement la télévision publique pour en faire un média pédagogique, éducatif, complémentaire à ce qui se fait à l'école, et sans publicité (pour que le contenu ne soit pas influencé par tel ou tel lobby mercantile) !

SD : L'étalement sur 5 ans n'est pas une nouveauté non plus. Sinon je suis globalement d'accord avec toi...
JS : Si cet étalement n'est pas une nouveauté, il y a faute journalistique ! Décidément ... la médiocrité est partout. Bon, de toute façon, je n'avais pas l'intention d'accabler Najat Vallaut-Belkacem (qui n'est peut-être là que grâce à la parité et pour flatter un électorat spécifique à son parti politique) car le déclin de l'Education Nationale est causé autant (sinon plus) par l'extérieur de cette très grosse administration que par l'intérieur.

SD : En fait a priori la nouveauté c'est de pouvoir retourner dans son lycée l'année suivante et ne suivre que les cours dont tu dois repasser les épreuves. Auparavant c'était candidat libre uniquement...

JS :  Décidément, je m'emporte et mes informations étaient fractionnaires ! Merci SD pour cet éclaircissement. Je dois avouer que n'étant pas abonné au journal en question, je n'ai eu accès qu'au début de l'article. J'ai réagi vivement parce que, étant moi-même dans l'Education Nationale, j'en vois les dysfonctionnements et je me lamente (avec mes collègues) de constater la baisse du niveau scolaire et les mauvaises propositions successives imposées par la hiérarchie.

Faute de réussir à faire (re)monter le niveau des élèves, on leur facilite l'obtention des diplômes. Cela reste une piètre solution. C'est comme si, parce qu'aucun athlète français n'arrivait à courir le 100m sous les 10 secondes, on réduisait la distance à 90m ... Pour moi, toutes ces mesures, d'année en année, ressemblent à ça.

JS :  Un peu d'humour, pour conclure ; dédicace à FD


Aucun commentaire: