Vladimir Poutine s’est exprimé lundi 28 septembre dans le
cadre de la 70e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New
York. Un discours très commenté dans la presse internationale que Le Courrier de Russie a traduit dans son intégralité afin que chacun puisse se faire sa propre opinion.
« Monsieur
le Président, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames et Messieurs les
Chefs d’État et de gouvernement, Mesdames et Messieurs,
Le 70e
anniversaire de l’Organisation des Nations Unies est l’occasion de
réfléchir au passé et de parler de notre avenir commun. En 1945, les
pays vainqueurs du nazisme ont uni leurs forces pour poser les
fondements solides de l’ordre mondial d’après-guerre. J’aimerais
rappeler que les décisions majeures sur les principes de la coopération
entre les États, les décisions sur la création de l’ONU, ont été prises
dans notre pays, lors de la rencontre entre les dirigeants de la
coalition anti-hitlérienne qui s’est tenue à Yalta. Le système de Yalta a
été obtenu après de nombreuses épreuves et au prix de dizaines de
millions de vies et de deux guerres mondiales qui ont secoué la planète
au XXe siècle. Soyons objectifs, ce système a aidé l’Humanité
à traverser les événements tumultueux, parfois dramatiques, des 70
dernières années et a préservé le monde de bouleversements à grande
échelle. L’Organisation des Nations Unies est une structure sans égale
en termes de légitimité, de représentativité et d’universalité. Oui, ces
derniers temps, l’ONU fait l’objet de nombreuses critiques. Elle
manquerait soi-disant d’efficacité et les décisions les plus importantes
reposeraient sur des divergences irréconciliables, principalement entre
les membres du Conseil de Sécurité. Toutefois, j’aimerais souligner que
les différends ont toujours existé à l’ONU, et ce au cours des ses 70
années d’existence. Et, de tout temps, le droit de veto y a été
appliqué : y ont eu recours les États-Unis, le Royaume-Uni, la France,
la Chine, l’Union soviétique et ensuite la Russie. C’est tout à fait
naturel pour une organisation aussi hétéroclite et représentative. Les
fondateurs de l’ONU ne partaient pas du principe que l’unanimité y
régnerait. L’essence de l’organisation réside précisément dans la
recherche et l’élaboration de compromis, et sa force – dans la prise en
compte d’opinions et de points de vue divers.
Les questions
discutées à l’ONU donnent lieu à des accords sous la forme de
résolutions ou ne donnent lieu à aucun accord. Comme le disent les
diplomates : « elles passent ou elles ne passent pas ». Et toute action
entreprise par un État afin de contourner ce principe est illégitime et
contraire à la Charte des Nations Unies et au droit international.
Nous
savons tous qu’après la fin de la Guerre froide – tout le monde le sait
– un centre de domination unique est apparu dans le monde. Ceux qui se
trouvaient au sommet de cette pyramide ont cédé à la tentation de croire
que s’ils étaient aussi forts et exceptionnels, cela signifiait qu’ils
savaient tout mieux que tout le monde. Et, par conséquent, qu’ils
n’avaient pas besoin de l’ONU, qui, souvent, au lieu d’approuver
automatiquement une décision, de la rendre légitime, ne faisait que leur
« mettre des bâtons dans les roues ». Des discussions ont eu lieu sur
le fait que l’organisation telle qu’elle avait été créée était devenue
obsolète et avait accompli sa mission historique. Il est évident que le
monde change et que l’ONU doit s’adapter à cette transformation
naturelle. La Russie est prête, sur la base d’un consensus large, à
œuvrer au développement futur de l’ONU avec tous ses partenaires, mais
nous estimons que les tentatives visant à saper l’autorité et la
légitimité de l’ONU sont extrêmement dangereuses. Elles pourraient
conduire à l’effondrement de toute l’architecture des relations
internationales. Auquel cas ne subsisterait plus aucune règle, si ce
n’est la loi du plus fort.
Ce serait un monde dans lequel
l’égoïsme primerait sur le travail collectif, un monde dans lequel il y
aurait de plus en plus de diktats et de moins en moins d’égalité, de
démocratie réelle et de liberté, un monde dans lequel le nombre de
protectorats dirigés de l’extérieur se multiplierait au détriment
d’États véritablement indépendants. Au fond, qu’est-ce que la
souveraineté étatique déjà mentionnée ici par mes collègues ? Il s’agit
avant tout pour chaque être humain, pour chaque peuple, pour chaque
État, d’être libre, de pouvoir décider librement de son avenir.
Dans
le même ordre d’idées, chers collègues, il y a ce qu’on appelle la
légitimité des autorités étatiques. Nous ne pouvons pas jouer sur les
mots à des fins de manipulation. En droit international et dans les
affaires internationales, chaque terme doit être compréhensible,
transparent et univoque. Nous sommes tous différents et nous devons le
respecter. Personne ne doit s’accommoder d’un modèle de développement
unique reconnu une fois pour toutes par certains comme le seul
acceptable.
Nous ne devons pas oublier le passé. En ce qui nous
concerne par exemple, nous nous souvenons notamment de l’histoire de
l’Union soviétique. L’exportation d’expériences sociales, les tentatives
visant à provoquer des changements dans l’un ou l’autre pays en partant
de ses propres orientations idéologiques, ont souvent eu des
répercussions tragiques et ont été synonymes non de progrès, mais de
dégradation. Cependant, personne, semble-t-il, n’apprend des erreurs
d’autrui, qui ne cessent d’être répétées. Et l’exportation de ce qu’on
appelle désormais les révolutions « démocratiques » se poursuit.
Il
suffit d’examiner la situation au Proche-Orient et en Afrique du Nord,
dont a parlé le précédent intervenant [le roi Abdallah II de Jordanie, ndlr].
Cela fait évidemment longtemps que les problèmes socio-politiques
couvaient dans cette région et que les populations aspiraient à des
changements. Mais qu’ont-elles obtenu en réalité ? L’intervention
extérieure agressive à entraîné, au lieu de réformes, la destruction
pure et simple des institutions étatiques et du mode de vie lui-même. En
lieu et place du triomphe de la démocratie et du progrès règnent la
violence, la misère et les catastrophes sociales, tandis que les droits
de l’homme, y compris le droit à la vie, ne sont appliqués nulle part.
J’aimerais
demander aux responsables de cette situation : « Avez-vous au moins
conscience de ce que vous avez fait ? » Mais je crains que cette
question ne reste en suspens, parce que ces gens n’ont pas renoncé à
leur politique basée sur une confiance exagérée en soi et la conviction
de son exceptionnalité et de son impunité.
Il est déjà manifeste
que l’absence de pouvoir constatée dans une série de pays du
Proche-Orient et d’Afrique du Nord a conduit à la formation de zones
anarchiques, rapidement envahies par des extrémistes et des terroristes.
Des dizaines de milliers de combattants se battent déjà sous les
drapeaux de l’ainsi nommé « État islamique ».
On trouve parmi eux d’anciens soldats irakiens jetés à la rue suite à
l’invasion de l’Irak en 2003. Un autre pays fournisseur de recrues est
la Libye, dont la structure étatique a été détruite après la violation
grave de la résolution n°1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Aujourd’hui, des membres de ce qu’on appelle l’opposition syrienne modérée, soutenue par l’Occident, viennent également grossir les rangs des radicaux.
Une
fois armés et formés, ceux-ci passent du côté de l’État islamique. Ce
dernier n’a lui-même pas surgi de nulle part : il a également été dans
un premier temps choyé en tant qu’instrument de lutte contre des régimes
laïques indésirables. Après avoir créé une tête de pont en Syrie et en
Irak, l’État islamique poursuit activement son expansion dans d’autres
régions et cherche à dominer le monde islamique – mais pas seulement. Il
est clair que ses plans ne se limiteront pas à cette région. La
situation est on ne peut plus dangereuse.
Dans ce contexte, il est
hypocrite et irresponsable de faire de grandes déclarations sur la
menace du terrorisme international tout en fermant les yeux sur les flux
de financement et de soutien des terroristes, notamment le trafic de
drogues, de pétrole et d’armes, ou d’essayer de manipuler des groupes
extrémistes, de les utiliser pour atteindre ses propres objectifs
politiques dans l’espoir de s’en débarrasser ensuite ou, plus
simplement, de les éliminer.
J’aimerais dire à ceux qui agissent
et pensent réellement ainsi : « Messieurs, vous avez bien sûr affaire à
des individus extrêmement cruels, mais ceux-ci ne sont absolument pas
idiots ni primitifs, ils ne sont pas plus bêtes que vous et on ne sait
pas encore qui utilise qui. » Les dernières informations sur le
transfert d’armes aux terroristes par cette même opposition modérée ne
font que le confirmer.
Nous considérons que toute tentative visant
à jouer avec les terroristes, et qui plus est à les armer, est non
seulement irréfléchie mais également dangereuse. La menace terroriste
mondiale pourrait s’en voir extrêmement accrue et peser sur de nouvelles
régions de la planète. D’autant plus que des combattants de nombreux
pays, y compris européens, sont « rodés » dans les camps de l’État
islamique.
Malheureusement, chers collègues, je dois reconnaître
que la Russie n’est pas ici une exception. Il est inadmissible que ces
coupe-jarrets qui ont déjà senti l’odeur du sang retournent ensuite chez
eux et y poursuivent leur sale besogne. Nous ne le voulons pas.
Personne ne le veut, n’est-ce pas ? La Russie s’est toujours opposée
avec fermeté et constance au terrorisme sous toutes ses formes.
Aujourd’hui,
nous apportons une aide militaro-technique à l’Irak, la Syrie et
d’autres pays de la région qui luttent contre les groupes terroristes.
Nous estimons que refuser de coopérer avec les autorités syriennes, avec
l’armée gouvernementale, avec ceux qui affrontent courageusement le
terrorisme, est une grave erreur. Il faut enfin reconnaître qu’hormis
les troupes gouvernementales du président Bachar el-Assad
et les milices kurdes en Syrie, personne ne se bat réellement contre
l’État islamique et les autres organisations terroristes. Nous
connaissons tous les problèmes de la région, toutes ses contradictions,
mais nous devons tout de même nous fonder sur la réalité.
Chers
collègues, je ne peux que constater que, ces derniers temps, notre
approche honnête et franche est utilisée comme prétexte pour accuser la
Russie d’ambitions croissantes. Comme si ceux qui en parlent n’avaient
aucune ambition. Mais l’essentiel, chers collègues, ce ne sont pas les
ambitions de la Russie, mais le fait que la situation actuelle est
devenue intolérable.
En
réalité, ce que nous proposons, ce n’est pas de se laisser guider par
ses ambitions mais par des valeurs et des intérêts communs sur la base
du droit international, de joindre nos efforts pour résoudre les
nouveaux problèmes auxquels nous sommes confrontés et de créer une
véritable et large coalition antiterroriste internationale. À l’instar
de la coalition anti-hitlérienne, celle-ci pourrait unir dans ses rangs
les forces les plus diverses, prêtes à combattre de façon radicale ceux
qui, comme les nazis, sèment le mal et la haine.
Les principaux
membres de cette coalition doivent bien entendu être les pays musulmans.
Car non seulement l’État islamique les menace directement mais, par ses
crimes sanglants, il profane une des plus grandes religions du monde –
l’islam. Les idéologues de ces combattants bafouent l’islam et
dénaturent ses véritables valeurs humaines.
J’aimerais m’adresser
aux autorités spirituelles musulmanes : votre autorité et vos
enseignements sont plus que jamais cruciaux. Il faut mettre à l’abri
d’actes inconsidérés ceux que les combattants essayent d’enrôler, et
aider ceux qui ont été trompés et qui, pour diverses raisons, se sont
retrouvés dans les rangs des terroristes à trouver le chemin vers une
vie normale, à déposer les armes et à cesser cette guerre fratricide.
Dans
quelques jours, la Russie, en tant que présidente du Conseil de
Sécurité, convoquera une réunion ministérielle pour analyser en
profondeur la menace qui pèse au Proche-Orient. Nous proposons de
discuter en particulier de la possibilité d’adopter une résolution sur
la coordination de toutes les forces qui luttent contre l’État islamique
et d’autres groupes terroristes. Je le répète, cette coopération doit
reposer sur les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.
Nous
comptons sur le fait que la communauté internationale parvienne à
élaborer une stratégie globale de stabilisation politique et de
rétablissement socio-économique au Proche-Orient. Alors, chers amis, il
ne sera plus nécessaire de construire des camps pour les réfugiés. Les
personnes contraintes de quitter leur terre natale ont d’abord afflué
dans les pays alentour et ensuite en Europe. Ils se comptent par
centaines de milliers, voire par millions. Il s’agit au fond d’une
nouvelle grande migration amère et d’une dure leçon pour nous tous, y
compris pour l’Europe.
J’aimerais souligner que les réfugiés ont
évidemment besoin de compassion et de soutien. Cependant, on ne pourra
résoudre définitivement ce problème qu’en rétablissant la structure
étatique là où elle a été détruite, en renforçant les institutions
gouvernementales là où elles existent encore ou sont en train d’être
reconstruites, et en fournissant une aide multiforme – militaire,
économique et matérielle – aux pays en difficulté et, bien sûr, aux gens
qui, malgré toutes les épreuves, ne sont pas partis de chez eux.
Il
va sans dire que toute aide aux États souverains ne doit pas être
imposée mais proposée, et ce dans le strict respect de la Charte de
l’ONU. Tout ce qui est fait et sera fait dans ce domaine conformément
aux normes du droit international doit être soutenu par notre
organisation, et tout ce qui contreviendra à la Charte devra être
rejeté.
Le plus important est, selon moi, de contribuer au
rétablissement des structures étatiques en Libye, de soutenir le nouveau
gouvernement irakien, et d’apporter une aide multilatérale au
gouvernement syrien légitime.
Chers collègues, la mission
principale de la communauté internationale, guidée par l’ONU, reste de
garantir la paix et la stabilité à l’échelle régionale et globale. Nous
estimons qu’il nous faut former un espace de sécurité égale et
indivisible, pas uniquement réservé à un cercle d’élus mais pour tout le
monde. Oui, c’est un travail complexe, difficile et de longue haleine,
mais il n’y a pas d’alternative.
Cependant, la mentalité de
« bloc » héritée de la Guerre froide et l’aspiration à conquérir de
nouveaux espaces géopolitiques, que partagent certains de nos collègues,
continuent malheureusement de prédominer. D’une part, ils poursuivent
la politique d’élargissement de l’OTAN. À quoi bon vu que le pacte de
Varsovie a cessé d’exister et que l’Union soviétique s’est effondrée ?
Toujours est-il que l’OTAN non seulement subsiste mais s’élargit, à
l’instar de ses infrastructures militaires.
D’autre part, ils ont
placé les pays post-soviétiques devant un choix erroné : l’Ouest ou
l’Est ? Tôt ou tard cette logique de confrontation devait conduire à une
crise géopolitique grave. C’est ce qui s’est produit en Ukraine, où ils
ont utilisé le mécontentement d’une grande partie de la population
envers les autorités en place et ont provoqué de l’extérieur une
révolution armée, qui s’est transformée en guerre civile.
Nous sommes convaincus que seul le respect complet et scrupuleux des accords de
Minsk du 12 février 2015 permettront de mettre un terme à l’effusion de
sang et de sortir de l’impasse. On ne garantira pas l’intégrité de
l’Ukraine par les menaces et la force des armes. Mais cette intégrité
doit être garantie. Il faut réellement tenir compte des intérêts et des
droits des populations du Donbass, respecter leur choix, s’entendre avec
elles, comme le prévoient les accords de Minsk, sur les éléments clés
de la structure politique de l’État. C’est la condition du futur
développement de l’Ukraine en tant qu’État civilisé, en tant que maillon
essentiel dans la construction d’un espace commun de sécurité et de
coopération économique tant en Europe qu’en Eurasie.
Mesdames et
messieurs, ce n’est pas un hasard si je vous parle d’espace commun de
coopération économique. Encore récemment, il semblait qu’en matière
économique, régie par les lois objectives du marché, nous apprendrions à
nous passer des lignes de démarcation, que nous suivrions des règles
transparentes et fixées ensemble, notamment les principes de l’OMC que
sont le libre échange, la liberté d’investissement et la libre
concurrence. Toutefois, aujourd’hui, les sanctions unilatérales
contournant la Charte de l’ONU sont quasiment devenues la norme.
Celles-ci poursuivent non seulement des objectifs politiques mais
servent également à éliminer des concurrents sur le marché.
J’aimerais relever un
autre symptôme de l’égoïsme économique croissant. Une série de pays ont
choisi de former des unions économiques exclusives et fermées. En outre,
ces pays négocient en cachette et n’informent ni leurs citoyens, ni
leurs cercles d’affaires, ni l’opinion publique, ni le reste du monde,
de leurs pourparlers. Les autres États dont les intérêts peuvent être en
jeu ne sont eux non plus au courant de rien. Il est probable qu’on
souhaite tous nous mettre devant le fait accompli, une fois que les
règles du jeu auront été réécrites – de nouveau dans l’intérêt d’un
cercle étroit d’élus, et ce sans consulter l’OMC. Avec pour conséquences
le déséquilibre total du système commercial et le morcellement de
l’espace économique mondial.
Ces problèmes touchent aux intérêts
de tous les États et influent sur les perspectives de l’économie
mondiale dans son ensemble. C’est pourquoi nous proposons d’en discuter
dans le cadre de l’ONU, de l’OMC et du G20. Pour faire contrepoids à la
politique d’exclusivité, la Russie propose d’harmoniser les projets
économiques régionaux, de favoriser « l’intégration des intégrations »,
sur la base des principes universels et transparents du commerce
international. En qualité d’exemple, je peux vous citer le projet de
coopération entre l’Union économique eurasiatique et l’initiative
chinoise de créer une
Ceinture économique de la route de la Soie. Par ailleurs, nous
continuons à fonder de grands espoirs dans l’harmonisation des processus
d’intégration dans le cadre de l’Union économique eurasiatique et de
l’Union européenne.
Mesdames et messieurs, parmi les défis
auxquels est confrontée l’humanité entière, il y a également celui du
changement climatique. Nous prêterons une grande attention aux résultats
de la conférence des Nations Unies sur le climat, qui se tiendra au
mois de décembre à Paris. À l’horizon 2030, la Russie prévoit de
limiter ses émissions de gaz à effet de serre à 70-75 % du niveau de
1990.
Néanmoins, je propose d’envisager ce problème de façon plus
large. Certes, en instaurant des quotas sur les rejets nocifs et en
recourant à d’autres tactiques, nous pourrons peut-être atténuer pour un
temps le problème, mais il est évident que ce n’est pas ainsi que nous
le réglerons une fois pour toutes. Nous avons besoin d’approches
fondamentalement différentes. Nous devons introduire de nouvelles
technologies ne nuisant pas à l’environnement mais coexistant
harmonieusement avec lui et qui permettront de rétablir l’équilibre
biosphère-technosphère perturbé par l’homme. Ce défi est effectivement
planétaire mais je suis persuadé que l’Humanité a le potentiel
intellectuel nécessaire pour le relever.
Nous devons unir nos
efforts, et avant tout ceux des États qui disposent d’une base
scientifique puissante et de travaux de recherche en sciences
fondamentales. Nous proposons de convoquer sous l’égide de l’ONU un
forum spécial où seront examinés en profondeur les problèmes liés à
l’épuisement des ressources naturelles, à la destruction de l’habitat et
au changement climatique. La Russie est prête à faire partie des pays
organisateurs de ce forum.
Mesdames et messieurs, chers collègues,
le 10 janvier 1946 a marqué l’ouverture, à Londres, de la première
séance de l’Assemblée générale de l’ONU. Dans son discours, le diplomate
colombien Zuleta Angel, président de la commission préparatoire de la
session, a formulé, à mon sens de façon très complète, les principes sur
lesquels doivent se bâtir les actions de l’ONU. Il s’agit de la bonne
volonté, du mépris des intrigues et des ruses, et de l’esprit de
coopération.
Aujourd’hui, ces mots résonnent en nous tous comme
une recommandation. La Russie croit en l’énorme potentiel de l’ONU, qui
doit contribuer à empêcher une nouvelle confrontation mondiale pour lui
préférer une stratégie de coopération. Aux côtés des autres pays, nous
continuerons à œuvrer au renforcement du rôle central de coordination de
l’ONU.
Je suis convaincu qu’ensemble nous rendrons le monde
stable et sûr et que nous garantirons les conditions propices au
développement de tous les États et de tous les peuples.
Je vous remercie de votre attention. »
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1 commentaire:
Sans jamais les nommer directement, les Etats-Unis sont la cible de ce discours.
On peut également relever les allusions aux criminels de DAECH en Syrie et en Irak. Poutine a recommandé la mise en place d'une coalition qu'il a déclarée « semblable à celle contre Hitler » au cours de la Seconde guerre mondiale, ajoutant que les pays arabes « y joueraient un rôle clé ».
L'immobilisme flagrant de certains pays arabes, peut se « comprendre » puisque ce sont eux qui ont financé et armé ces bandits. Les pétromonarchies du Golfe -notamment le Qatar et l’Arabie saoudite- sont responsables. Mais pas qu'eux !
Il faut le rappeler :
- l'Arabie Saoudite est le principal partenaire des Etats-Unis d'Amérique (leur fournissant 25% de leur pétrole),
- et le Qatar est de plus en plus proche du pouvoir en France avec des privilèges insensés (aucune taxation sur les investissements ou bénéfices réalisés en France).
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