- Une école mixte : Ferrer considère que l’égalité entre les sexes passe avant tout par un accès égal à une éducation identique. La mixité au sein des classes et de l’établissement scolaire doit ainsi pouvoir permettre aux femmes d’accéder à la même éducation, au même apprentissage, aux mêmes enseignements que les hommes. En outre, il considère que hommes et femmes se complètent et que, de fait, la mixité est naturelle.
- Une école rationaliste : Ferrer accorde une place fondamentale à la science dans la construction de sa pédagogie : l’École moderne entend seulement diffuser et étudier des savoirs, des théories et des faits prouvés et admis dans le cadre d’une démarche scientifique ou reposant sur un raisonnement rationnel (qui fait appel à la raison et non aux croyances religieuses). À cet effet, il écrivait : « Nous voulons que les vérités de la science brillent de leur propre éclat et illuminent chaque intelligence, de sorte que, mises en pratique, elles puissent donner le bonheur à l’humanité, sans exclusion pour personne par privilèges odieux. »
- Une école sociale : si l’école est payante (puisqu’elle ne reçoit aucune subvention publique ou privée), les droits d’entrées sont proportionnels aux revenus de la famille, de sorte que chacun, quelle que soit la classe sociale de laquelle il est issu, puisse accéder au même enseignement. En outre, l’École moderne organise des cours du soir ouverts aux familles des élèves, notamment à celles issues des classes populaires et qui, dans leur jeunesse, n’avaient pas ou peu reçues d’éducation scolaire.
- Fondées dans le but de favoriser le développement de l’autonomie et de l’entraide des individus, les classes de l’École moderne répondent à une forme d’organisation bien précise. Les élèves y sont répartis en groupes (souvent affinitaires) et travaillent entre eux, selon une démarche d’entraide : les uns aidant les autres dans les difficultés qu’ils rencontrent. Ce sont également les enfants qui élaborent et bâtissent leurs projets de travail dans le cadre d’une discipline enseignée. Les professeurs, quant à eux, n’interviennent que très peu, et jamais sans avoir été au préalable sollicités par un ou plusieurs élèves. Les enfants peuvent ainsi se prendre en mains, se responsabiliser et développer leur autonomie, tout en portant une attention aux difficultés d’autrui. Cette pédagogie libertaire évacue toute idée de compétition, il n’y a ni examens ni classements dans l’École moderne, afin de privilégier la solidarité et l’entraide entre les élèves. Punitions et récompenses en sont également exclus. Pour Ferrer, l’école doit avant tout apprendre aux élèves à être des individus responsables, qui étudient et apprennent pour eux-mêmes et non pour une hypothétique récompense ou dans la peur de la sanction. L’éducation doit donc se faire en dehors du cadre de la coercition.
mardi 3 juillet 2018
La pédagogie rationaliste
La pédagogie élaborée par Francisco Ferrer repose sur cinq piliers : la mixité, l’égalité sociale, la transmission d’un enseignement rationnel, l’autonomie et l’entraide.
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2 commentaires:
La fin de l’École moderne
Échappant au contrôle de l’État et des institutions religieuses, et véhiculant un projet émancipateur de transformation sociale, l’École moderne s’attire vite les foudres du gouvernement et du clergé qui n’aspirent qu’à une chose, la fermer.
Le 31 mai 1906, le jour du mariage du roi Alphonse XIII, une bombe (fabriquée par Salvador Creus) explose au milieu du cortège, provoquant la mort de 28 personnes ; le coupable est Mateo Morral, traducteur et bibliothécaire de l'École Moderne. Son appartenance à l’École moderne suffit aux autorités pour ordonner sa fermeture. Par la même occasion, Francisco Ferrer est arrêté, puis finalement acquitté le 19 juillet 1907.
Fermée à Barcelone, l’École moderne a cependant essaimé en Espagne où, en 1909, on dénombre 32 écoles fonctionnant selon la pédagogie élaborée par Francisco Ferrer.
En 1908, il retourne en France où il fonde, à Paris, la Ligue internationale pour l’éducation rationnelle de l’enfance, dont la présidence est confiée à Anatole France. Il crée également la revue L'École rénovée dans laquelle il présente les théories et les activités de la Ligue.
On connaît sous le nom de Semaine tragique (Semana Trágica en castillan ; Setmana Tràgica en catalan) les évènements qui se sont déroulés à Barcelone et dans d'autres villes de la province entre le 26 juillet et le 2 août 1909.
Pour protester contre un décret du 11 juillet qui mobilise les réservistes, et contre l'envoi de troupes au Maroc pour participer à la guerre de Mélilla, l'organisation Solidaridad Obrera lance un appel à la grève générale.
Le mouvement se transforme en émeutes, la loi martiale est proclamée, des barricades se dressent dans les rues et des affrontements ont lieu avec l'armée : 104 civils, 4 soldats et 4 membres de la Croix Rouge trouvent la mort.
L'Église, principal soutien du pouvoir, est alors visée par les émeutiers : 18 églises, 49 couvents ou collèges religieux sont la proie des flammes.
La monarchie réprime le mouvement. Le pédagogue libertaire Francisco Ferrer est fusillé le 13 octobre, après avoir été désigné comme responsable de ces événements.
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