Des démocrates athéniens à Montesquieu, d'Aristote à Rousseau, personne ne songeait à faire de l'élection l'instrument démocratique par excellence; démocratie n'équivalait pas à gouvernement représentatif, c'est le tirage au sort qui paraissait le mieux apte à respecter l'égalité stricte des candidats. Que s'est-il passé au tournant du XVIII e siècle, en Europe et aux États - Unis, pour que se renverse cette conception multiséculaire et pour qu'advienne l'idée qu'une démocratie est, par essence, un gouvernement représentatif ? Le changement tient-il à la réalité des choses ou au regard que nous portons sur elles ?
Ce livre présente une théorie du gouvernement représentatif, en s'attachant aussi bien à la tradition européenne qu'aux débats américains. Bernard Manin montre que le système représentatif n'a pas pour seule fonction de permettre au peuple de se gouverner lui-même. Le gouvernement représentatif mêle en fait des traits démocratiques et aristocratiques . L'élu n'est jamais le double ni le porte-parole de l'électeur, mais il gouverne en anticipant le jour où le public rendra son jugement.
Bernard Manin est directeur de recherche au CNRS, membre du CREA et professeur à New York University. Il a précédemment enseigné à l'université de Chicago. Il a publié en collaboration avec Alain Bergounioux La social - Démocratie ou le compromis, Paris, PUF 1979 et Le régime social - démocrate , Paris , PUF 1989.
Texte intégral : http://lavraiedemocratie.fr/IMG/pdf/bernard_manin_-_principes_du_gouvernement_representatif.pdf
L'élection aristocratique, le tirage au sort démocratique et le concours | Clément Viktorovitch
Source : https://www.youtube.com/watch?v=e1xZVCuhrbQ
"Aristote, Montesquieu et Rousseau considèrent que l'élection mène mécaniquement à l'établissement d'une aristocratie. Pour ces trois auteurs, le régime démocratique pivote sur un autre mécanisme de sélection des dirigeants : le tirage au sort."
Stanislas Clermont-Tonnerre : " C'est peut-être la plus ingénieuse invention politique que celle d'avoir déclaré souveraine une nation, en lui interdisant tout usage de sa souveraineté. Voilà l'effet de l'institution d'une constitution représentative."
"L'élection en soi n'assure absolument pas la compétence des individus sélectionnés. Il y a effectivement un mode de désignation qui assure la compétence des individus : c'est le concours, ou l’examen."
"Athènes c'est une véritable démocratie directe. - Les citoyens votent directement la loi - Tous les citoyens ont l'initiative des lois - Tous les magistrats (tirés au sort ou non) rendaient des comptes."
Présentation : "La démocratie. Régime de liberté où les citoyens peuvent décider, pour eux-mêmes et par eux-mêmes, de leur devenir commun. (...) et si notre belle démocratie n’était, en réalité, que l’avatar le plus sournois de la vieille aristocratie ? A travers une plongée dans l’histoire des idées politiques, venez découvrir le vrai visage de l’idéal démocratique."
Extrait de "POLITEIA#1 | Notre démocratie n'est-elle qu'une aristocratie élective ? | Clément Viktorovitch" docteur en science politique, chercheur au Laboratoire Communication et Politique (CNRS) et directeur de Politeia. https://youtu.be/zCUIS_-6F_s
Biblio :
"Les politiques" d'Aristote
"De l'esprit des lois" de Montesquieu
"Du contrat social" de Rousseau
"Principes du gouvernement représentatif" de Bernard Manin
Fiche de lecture - Principes du gouvernement représentatif - Bernard Manin
2 commentaires:
Fiche de lecture d'Alban Dousset
6' Quatre principes du gouvernement représentatif
- des élections à intervalles réguliers
- les gouvernants conservent dans leurs décisions une certaine indépendance vis-à-vis des volontés des électeurs
- les gouvernés peuvent exprimer leur opinion politique sans que celle-ci soit soumise au contrôle des gouvernants (liberté d'opinion, liberté d'expression)
- les décisions publiques sont soumises à l'épreuve de la discussion (essentiellement au niveau des élus)
1h16' La procédure élective ne garantit pas que l'excellence politique soit choisie parce que :
- Les électeurs peuvent avoir des critères de toute nature sans devoir se justifier
- Les qualités politiques reconnues sont relatives à la culture et au contexte
- Les capacités cognitives des électeurs sont par nature limitées
- Le coût de la diffusion de l'information présélectionne des candidats soumis aux plus riches
Il est donc fallacieux de considérer l'élection comme aristocratique ("les meilleurs"); on devrait plutôt la qualifier d'oligarchique.
1h40' Trois types de gouvernement représentatif
- parlementarisme (notables)
- démocratie de partis politiques (militants/hommes d'appareil, priorité du programme)
- démocratie du public (experts en communication, médias de masse)
J'ai entendu Etienne Chouard présenter ce livre avec grand enthousiasme ("Vous sortirez changé-e-s par cette lecture") lors d'une conférence animée en compagnie de Myret Zaki (une épatante journaliste financière suisse) : "L'Etat et les banques - Un hold-up historique" (fin 2011). N'ayant pas encore lu le livre, je suis ravi d'avoir pu en découvrir une description détaillée grâce à cette vidéo/fiche de lecture. Merci Alban Dousset ! Je constate qu'en plus, tu gardes un esprit critique alternant les résumés de certains passages et la critique argumentée d'autres passages. Je te félicite pour cet état d'esprit et la modération que tu mets dans la formulation de ces critiques. Pour ma part, je pense que non seulement le terme "démocratie" ne s'applique pas au mode de gouvernance actuel (on devrait se limiter à "république") mais qu'en plus l'adjectif "représentatif" est lui-même fallacieux. Sans mandat impératif, les élus ne représentent qu'eux-mêmes; pas le peuple.
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