lundi 10 septembre 2012

Nicolas Dupont-Aignan veut dialoguer avec le Front national

Lors du discours de clôture de son université de rentrée, samedi 8 septembre à Dourdan (Essonne), Nicolas Dupont-Aignan a tendu la main au Front National et a appelé au rassemblement de "tous les patriotes pour un programme de salut public". Un positionnement qui interroge certains militants mais en réjouit d'autres, venus de la droite.

Le président de Debout La République était attendu sur le sujet du Front National. Vendredi, il avait déjà laissé entendre qu'il était "ouvert au dialogue" avec le parti frontiste dans le cadre de l'émission Les 4 vérités, sur France 2. En clôture de son université de rentrée, l'ancien candidat à la présidentielle a pu préciser sa pensée. Devant 400 auditeurs, il a appelé les "patriotes de tous bords" à le rejoindre, afin de "ne plus plier devant la dictature du politiquement correct" et se battre contre "la gauche et la droite européistes" qui affaiblissent la France.

FAIRE "COMME FRANÇOIS MITTERRAND AVEC LES COMMUNISTES"

Il précise cependant que c'est le "contexte historique exceptionnel" qui le pousse au dialogue avec le FN et fustige "le bipartisme destructeur de notre pays". François Hollande, qu'il appelle "le président Oui-Oui" ("Oui à Angela Merkel", "Oui aux banques") en prend aussi pour son grade. Dans un échange avec des journalistes après son discours, M. Dupont-Aignan explique vouloir placer le Front National et sa dirigeante devant ses responsabilités historiques : "Si le Front National continue ainsi, il devient l'alibi du système. Ce parti a atteint un plafond de verre. Il ne suffit pas de faire 20 % pour rassembler".

L'ambition de NDA est de faire "comme François Mitterrand avec les communistes", une "sorte d'appel à l'union sacrée". Un discours qui demeure en partie incantatoire, tant le président de Debout la République reste flou sur les modalités concrètes du dialogue avec le FN. Marine Le Pen devrait, selon lui "couper le cordon avec l'obsession identitaire" et mettre fin aux "dérapages extrémistes d'une frange xénophobe" de son parti. Il refuse en outre d'expliquer quels sont les points programmatiques concernés quand il parle de "ligne jaune à ne pas franchir".

"LES CADRES AVAIENT DES APPRÉHENSIONS"

Malgré ses 1,79 % à la présidentielle et le fait que son parti ne compte que deux députés, l'élu de l'Essonne se veut optimiste : "Je suis le seul capable de rassembler les patriotes de gauche comme de droite, j'ai toujours eu un discours irréprochable". Ni le Front de gauche ni le Front national ne seraient en mesure de l'imiter, ils sont jugés trop sectaires. Cependant, l'évolution stratégique de Nicolas Dupont-Aignan est aussi une prise de risque politique. Dans le parti, certains confient que la première journée de l'université de rentrée a connu des débats animés.

"Les cadres du parti, pour beaucoup issus du MRC de Jean-Pierre Chevènement, avaient des appréhensions. Les militants, eux, viennent plutôt de la droite, ils étaient davantage acquis à la cause", confie le délégué général du parti, Laurent Fouco.

"C'EST UN CHOIX QUI PEUT EMBARRASSER CERTAINES PERSONNES"

Laure, une militante venue du Nord Est, est en accord avec la volonté de dialogue de son président : "C'est un choix qui peut embarrasser certaines personnes. Cependant, en tant qu'eurosceptiques, il faut qu'on travaille entre nous". Son collègue Olivier va plus loin. "Avant, notre positionnement était flou, nous n'étions ni à droite ni à gauche. Maintenant, cela va nous placer entre l'UMP et le FN. Je trouve que c'est une bonne chose que Nicolas Dupont-Aignan veuille dialoguer avec le FN". Optimistes, ils veulent croire à une augmentation prochaine des adhésions. "François Hollande a baissé son pantalon sur la règle d'or, ça va faire bouger plein de monde". Le parti revendique officiellement 12 500 adhérents.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/09/08/nicolas-dupont-aignan-veut-dialoguer-avec-le-front-national-une-bonne-chose_1757622_823448.html#xtor=RSS-3208=

8 commentaires:

Je a dit…

"Avant, notre positionnement était flou, nous n'étions ni à droite ni à gauche. Maintenant, cela va nous placer entre l'UMP et le FN." dit un militant dans cet article.

C'est étonnant car Nicolas Dupont-Aignan est issu de l'UMP mais avec un programme souverainiste qui le rapproche de la ligne politique internationale du FN.

Pour moi, Debout la République est depuis toujours entre l'UMP et le FN.

Je a dit…

Ce militant poursuit en affirmant : "Je trouve que c'est une bonne chose que Nicolas Dupont-Aignan veuille dialoguer avec le FN".

C'est aussi mon avis puisque leurs programmes (contrairement à l'image que les médias veulent bien en donner) sont très proches et cohérents, tant sur le plan économique que moral.

Nicolas Dupont-Aignan étant irréprochable comme il l'affirme lui-même ( "Je suis le seul capable de rassembler les patriotes de gauche comme de droite, j'ai toujours eu un discours irréprochable"), cela contribuera à montrer que le FN n'est plus celui de Jean-Marie Le Pen aux "dérapages extrémistes d'une [France] xénophobe" mais bien celui de Marine Le Pen "ouverte au dialogue" (comme l'indique le titre donné à son mouvement pour les législatives : Rassemblement Bleu Marine).

Je a dit…

Tout cela est donc bien logique. Attendons de voir la réponse de l'intéressée ...

Anonyme a dit…

Ah, comme toujours c'est légèrement plus compliqué que cela… dans le logiciel du FN figure notamment un ciment anti-gaulliste ancien remontant notamment à l'OAS, et à une vision du monde très différent de celle d'un parti comme DLR qui se prévaut du Général de Gaulle :

- dans la vision anti-gaulliste du FN, la France est un pays autarcique, qui se satisfait de sa condition et considère avec méfiance tout ce qui l'entoure

- dans la vision gaulliste de DLR, la France est un pays, certes autonome, qui recherche des accords avec chacun de ses partenaires qui protègent sa situation : lors de la Présidence du Général de Gaulle, la France a signé énormément de partenariats, à commencer notamment par l'organisation des relations franco-allemandes (le Traité de l'Elysée de 1963) à une époque où il était fort délicat de redonner une place majeure à l'ennemi de la veille.

Dans le monde d'aujourd'hui, une vision DLR est très favorable à une Europe des nations mais hostile à toute avancée fédéraliste alors qu'une vision FN est davantage isolationniste, prête à dénoncer tous les traités entre européens qui prévoient des pertes de souveraineté, qu'elles présentent ou non des formes de compensation.

Il est vrai que le discours volontairement plus policé et acceptable de la fille de son père a quelque peu brouillé les lignes !

Je a dit…

J'espère que la "vieille garde" (OAS et compagnie) disparaîtra définitivement avec Jean-Marie Le Pen ... qui est déjà fort âgé.

Anonyme a dit…

Oui et non, je crains beaucoup les scores électoraux d'un FN devenu respectable ! Mais une fois élu...

Je a dit…

L'équipe dirigeante de la nouvelle génération FN est encore "un peu" (euphémisme) maigre. Après tout, un seul énarque en fait partie : Florian Philippot (http://fr.wikipedia.org/wiki/Florian_Philippot) mais j'espère que d'autres rejoindront l'équipe et permettront ainsi de s'éloigner du passé nauséabond de ce parti qui, je le crois sincèrement, dit beaucoup de vérités à l'opposé du "politiquement correct".

Je a dit…

Lucide, Nicolas Dupont-Aignan affirmait en 2012 : « Si le Front National continue ainsi, il devient l'alibi du système. Ce parti a atteint un plafond de verre. Il ne suffit pas de faire 20 % pour rassembler ».

Leur association s'est concrétisée en 2017, à l'occasion de la présidentielle durant laquelle DLF n'a pas réussi à atteindre les 5% fatidiques pour obtenir le remboursement des frais de campagne (4,7% seulement), lorsque Nicolas Dupont-Aignan a annoncé se joindre au FN de Marine Le Pen pour le second tour.

Malheureusement, Marine Le Pen s'est comportée en "alibi du système", en "épouvantail" contraignant les électeurs à votre "contre elle" et donc "pour le moins pire" (soit-disant !), comprendre Emmanuel Macron. Elle a montré son vrai visage; celui qu'avait entrevu Nicolas Dupont-Aignan (et quelques autres).