YVES JAEGLÉ | Publié le 18.09.2012, 07h08
« Si être islamophobe, c’est
d’avoir peur, alors je suis islamophobe, comme beaucoup de Français. » Véronique
Genest a rallumé une polémique pas neuve pour elle, hier soir, dans « Vous êtes
en direct », la quotidienne de Jean-Marc Morandini sur NRJ 12. L’actrice était
invitée pour évoquer la suite de « Julie Lescaut », dont elle reprend les
tournages sur TF1.
Mais l’animateur voulait aussi la faire reparler d’un
de ses tweets qui avait déjà créé des remous, le 31 août : « L’islam est
dangereux pour la démocratie et en fait la démonstration tous les jours.
»
Assaillie de commentaires
Hier soir, amenée à préciser sa
pensée, la rousse infatigable de TF1 a persisté et signé. Des propos
immédiatement commentés sur Twitter. « Manuel Valls devrait bientôt la muter de
la PJ à l’immigration », moquait Franz-Olivier Giesbert au sujet de celle qui
incarne Julie Lescaut depuis vingt ans. Assaillie de commentaires consternés,
Véronique Genest twittait plus vite que son ombre, d’abord pour déminer : « Pour
apaiser la chose si vous le désirez, je reformule. L’intégrisme bien sûr.
»
En fin de soirée, elle est revenue sur l’incident avec nous par
téléphone : « Moi, je me fiche de la couleur des gens. Je suis une fille du
monde. Je ne comprends pas l’agressivité que je déclenche. Bien sûr que je ne
parle que des extrémistes. Mais je vois les infos, les appels à rétablir la
charia, les foules en liesse dans la rue, parfois, quand il y a des attentats.
Alors oui, l’islam me fait peur. J’aimerais être rassurée. Quand je me dis
islamophobe, c’est comme j’aurais été christianophobe au temps de l’inquisition,
contre l’Eglise, si vous voulez. »
On lui précise que selon le Petit
Robert, « islamophobie » signifie « une forme particulière de racisme dirigée
contre l’islam et les musulmans ». Elle s’offusque : « Non, je n’ai pas dit : Je
vous déteste. Ça n’a rien à voir avec la haine. Mais les Français ont peur,
parce que ça fait peur, tout ce qu’on voit à la télévision, dans certains pays
». L’actrice assume : « Je ne vois pas pourquoi ce serait tabou. Je voulais
juste ouvrir un débat. » Elle avoue aussi sa « phobie » de l’islam, une religion
qu’elle ne « connaît pas ».
Phobie? Toujours selon le dictionnaire, il
s’agit d’une « crainte excessive, maladive et irraisonnée ».
Le Parisien
http://www.leparisien.fr/loisirs-et-spectacles/islam-veronique-genest-derape-et-s-explique-18-09-2012-2169789.php
mercredi 19 septembre 2012
"Islam : Véronique Genest dérape et s’explique" ou Comment le journaliste critique la forme (le vocabulaire) et non le fond
Libellés :
évolution de la société,
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5 commentaires:
Le journaliste se focalise sur les termes "islamophobe" et "phobie", inappropriés, au lieu de s'inquiéter de la peur légitime que suscitent les faits réels et graves dont parle l'actrice.
Ne devrait-il pas s'étonner au contraire qu'une actrice populaire s'exprime aussi spontanément pour dénoncer une vive inquiétude ressentie par de plus en plus de compatriotes ?
Si l'islam est mal compris, alors, le journaliste doit assurer un rôle d'information pédagogique.
Si les dérapages sont dus à une frange des musulmans non représentatifs de l'ensemble de ces coreligionnaires, alors une fois de plus, c'est au journaliste de le dire : telle ou telle minorité ne saurait être considérée comme représentative de près d'un milliard trois cents millions de croyants.
Mais franchement, se contenter de sortir deux définitions du dictionnaire pour "démontrer" que Véronique Genest dit n'importe quoi, c'est mesquin, condescendant, snob ... bref.
J'ai été surpris par le ton de l'article, effectivement, qui stigmatise ce qui est tout au plus une maladresse de langage. Mme Genest est comme beaucoup de Français, à qui l'islam n'est présenté qu'au travers de ses perversions qui font la une régulièrement - une façon de montrer les choses profondément anxiogène ! Et sur la définition des termes, le propos du Parisien est d'ailleurs assez approximatif, le suffixe "-phobe" désignant avant tout au sens propre une sorte de peur et non une détestation !
Quant au Parisien lui-même, je le lis gratuitement tous les jours — que ce soit avec l'abonnement contracté par mon employeur ou le site. Et c'est très inégal, comme souvent avec la presse quotidienne régionale...
D'une façon générale, tous les comportements semblent désormais être excusables (aux yeux d'une majorité de journalistes français) du moment qu'ils sont commis par une personne issue d'une minorité dite "visible".
En clair : si on critique quelqu'un et qu'il a la particularité d'être d'origine africaine, on est immédiatement taxé de racisme !
C'est aussi stupide que le racisme ... c'en est aussi une forme d'ailleurs ! Soit la personne a commis une faute, soit elle ne l'a pas commise ! Son origine ethnique ou ses croyances religieuses n'ont pas à être prises en compte dans l'évaluation du respect ou de l'irrespect de la loi.
Cf. la tendance à l'autoflagellation au nom de l'antiracisme !
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