jeudi 13 septembre 2012

Bordeaux: un prof agressé par un élève

Les faits d'après la presse (Le Figaro)

Un professeur a été agressé par un de ses élèves, hier après-midi au lycée Trégey à Bordeaux-Bastide, rapporte le quotidien Sud-Ouest.

Selon le proviseur du lycée professionnel, Dominique Margueritat, le différend s'est présenté pendant un cours au cours duquel le débat a porté sur le "modèle politique du pays d'origine de l'élève, le Maroc". "L'élève voulait approfondir cette question, le professeur, jeune et expérimenté, a refusé et il lui a demandé d'arrêter en lui disant que s'il continuait, il appellerait son père. Ce qui a mis l'élève en colère, ce n'est pas une question de laïcité ou d'islam", a assuré le proviseur. Selon une source proche de l'enquête en revanche, élève et enseignant auraient divergé sur "certaines personnalités du monde arabe".

Le ton est très vite monté et l'élève s'en est pris, dans un premier temps, au mobilier de la classe. Les autres élèves ont alors été évacués et le lycéen a été convoqué chez le conseiller principal d'éducation. Très énervé, il s'en est aussitôt pris au mobilier en apprenant que ses parents avaient été avertis de l'incident. En sortant du bureau, il a croisé le professeur, l'a roué de coups et lui a distribué des gifles avant de s'en prendre à une surveillante qui tentait de s'interposer, selon la police.

L'étudiant de ce lycée de 700 élèves doit faire l'objet d'une comparution dans les prochains mois devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour violences sur personne chargée d'une mission de service public et dégradations.

Source : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/09/13/97001-20120913FILWWW00484-bordeaux-un-prof-agresse-par-un-eleve.php

Mon opinion, "juste mon opinion" !

Ce fait divers est grave à plus d'un titre. 

1) D'abord, c'est un adolescent qui frappe un adulte. C'est donc un échec de l'éducation parentale car il n'y a plus de respect de l'aîné. Je n'ai pas assez d'éléments pour juger des conditions dans lesquelles cet adolescent a été élevé mais cela fait tout de même écho à une impression générale : celle d'une société où la structure familiale traditionnelle/nucléaire est de plus en plus mal en point. 

2) Ensuite, c'est un élève qui frappe un enseignant. C'est terrible car l'instruction est précieuse. Elle nous est enviée par tant de pays pauvres dans le monde. Elle permet d'accéder à des métiers moins pénibles physiquement. Elle permet aussi de ne pas se faire manipuler. Bref, frapper un enseignant c'est comme scier la branche sur laquelle on est assis. 

3) Enfin, dans ce cas précis, il s'agit de la négation d'une vérité laïque, de l'histoire débarrassée des croyances de telle ou telle religion. Frapper un professeur d'histoire, c'est refuser la vérité objective. C'est l'affrontement entre la connaissance et l'obscurantisme sectaire. J'ai l'impression d'assister aux premiers symptômes de la fin d'une grande civilisation (comme la civilisation gréco-romaine) et aux prémices de siècles de régression comme au Moyen-Âge. Si avec des faits tels que celui-ci on ne réagit pas vigoureusement, c'est qu'on a accepté la déchéance. Personnellement, je ne l'accepte pas.

8 commentaires:

Je a dit…

Comme l'écrit Michel Onfray en préambule de "Les Sagesses antiques - Contre-histoire de la philosophie tome 1" : L'histoire est faible avec les gagnants et sans pitié à l'égard des perdants.

Cela implique que la vérité historique est souvent discutable, tout comme les vérités scientifiques qui ne sont que des hypothèses considérées comme vraies jusqu'à ce qu'on ait démontré le contraire.

Mais au moins, il ne s'agit pas de croyances ex nihilo, seulement de faits interprétés; tout comme la science qui s'appuie sur des observations, propose des explications, et vérifie avec l'expérience.
Tout le contraire d'un dogme religieux !

Donc, en Histoire, le débat d'idées est non seulement possible mais même constructif; d'autant qu'il faut souvent des décennies de recul pour commencer à établir une vérité neutre.

Débat d'idées, oui, gifles et coups de tête au professeur d'histoire : non !

Je a dit…

Par contre, je trouve la réaction de la victime (le professeur d'histoire frappé par son élève) affligeante.

Il s'est exprimé devant des journalistes de la télévision en disant que son élève l'avait giflé plusieurs fois et avait même donné un coup de tête mais "sans intention de lui faire mal". La preuve, selon lui : "Regardez moi, je ne suis pas blessé."

Et de continuer sur "Les enseignants de sont pas assez formés sur la façon d'aborder ces thèmes sensibles, bla, bla, bla".

En clair : il se fustige, s'auto-flagelle, en "reconnaissant" qu'il s'y est mal pris !

On croit rêver : il donne quasiment raison à son élève borné, fanatique religieux et violent !!!

A se demander si le lycéen n'aurait pas dû frapper un peu plus fort sur la tête du professeur pour lui remettre les idées en place !

Anonyme a dit…

Entièrement d'accord avec toi ; cependant, j'ai une petite réticence sur la formulation "Frapper un professeur d'histoire, c'est refuser la vérité objective" : le nombre de fois où on m'a expliqué l'histoire vue par le filtre gauchisant des convictions personnelles des professeurs que j'ai eus, pour qui l'URSS était la grande chance des travailleurs, trahie par ceux qui l'ont mise en œuvre, les coups d'Etat en Amérique du Sud l'œuvre du diable absolu pendant que Cuba était presque un paradis sur terre !

Je a dit…

Tu as raison. Il faut un certain recul pour que la vérité objective sorte de l'Histoire. Disons ... 50 ans ?

Anonyme a dit…

Ouh là, à un zéro près, peut être ;-)

Je a dit…

Deux générations, cela me semble suffisant. Enfin, ... pas pour tout le monde.

Anonyme a dit…

Clairement pas !

Je a dit…

C'est vrai que deux générations (50 ans), ce n'est pas suffisant; c'est seulement un minimum.

L'idéal, c'est quand tous les protagonistes sont morts depuis longtemps et que même leurs héritiers sont passés, ne pouvant plus être inquiétés, dans leurs privilèges reçus, par une éventuelle réécriture de l'Histoire.

Car, ne l'oublions pas : l'Histoire est écrite par les vainqueurs.