samedi 31 mars 2012

L'Islande fera le triple de la croissance de l’UE en 2012


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L'Islande a terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et selon les prévisions de la Commission européenne, elle va faire le triple du taux de croissance attendu pour l’UE en 2012 (1,5%). Pour 2013 la croissance devrait atteindre 2,7%, principalement à cause de la création d’emplois. L’Islande est le pays qui a nationalisé les banques privées et qui a emprisonné les banquiers responsables de la crise.
 

Auteur : Cesar Perez NAVARRO mardi 10 janvier 2012  
Traduction : Bernard Rioux


L’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers.

Pendant ce temps, dans un pays comme l’Espagne, le ministre de l’économie qui fut un grand responsable chez Lehman Brothers, a maquillé les soldes bancaires et a gonflé les résultats pour faire croire à une solvabilité du système financier résultant de la déréglementation des marchés mais ce dernier a fini par s’effondrer.

Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing furent les banques nationalisées en 2008 pour éviter leur faillite et qui furent placées sous contrôle démocratique, plutôt que de profiter d’injections inconditionnelles de capitaux publics, comme en Espagne ou dans les autres pays européens. En juin dernier, l’une d’elle Landsbankinn, a annoncé son intention de rembourser les intérêts aux détenteurs d’hypothèques pour compenser les citoyens de payer leurs pertes.

La révolte pacifique a débuté en 2008, sans que celle-ci soit décrite dans les pages des grands médias européens, qui ont mentionné dans des notes en bas de page que ce pays était un exemple dangereux à suivre. À la fin de 2008, l’ensemble des dette de l’Islande égalait à 9 fois son PIB. La monnaie s’est effondrée et la Bourse a suspendu ses activités après une baisse de 76%.

Le pays a fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 millions de dollars du FMI et 2 500 millions de dollars provenant des pays nordiques et de la Russie. Le FMI, comme d’habitude, a exigé, en échange des mesures "d’ajustement", soit des coupures dans les dépenses sociales qui ont provoqué la colère de la population, la chute du gouvernement et la convocation d’élections anticipées au début de 2009 dans lesquelles la gauche a remporté la majorité absolue et provoquant l’effondrement du Parti de l’Indépendance, un parti conservateur, qui était traditionnellement la force dominante dans le pays, qui n’a conservé que 23,7% des voix.

Le Mouvement Gauche-Vert a gagné 21,7%, Alliance sociale-démocrate 29,8%, le Parti progressiste 14,8% et Mouvement des citoyens 7,2%.

Johanna Siguroardottir a été choisi pour diriger le gouvernement réunissant des sociaux-démocrates, et les écologistes de gauche. En 2010, on a mis sur pied une assemblée constituante de 25 membres, des « citoyens ordinaires » pour réformer la Constitution. Cette même année, le gouvernement a soumis à un référendum sur le paiement ou non de la dette contractée par les banques privées en faillite au Royaume-Uni et dans les Pays-Bas, mais 90% des gens ont refusé de payer.

Ses citoyens ont voté non à cause de l’effondrement de la Banque Icesave et les gouvernements de ces pays couvrent les dépôts à capitaux publics. Le FMI a gelé les prêts en espérant que l’Islande finirait par payer ces dettes illégitimes.

En septembre 2010, l’ancien Premier ministre Geir Haarde a été mis en procès pour négligence dans la gestion de la crise. Interpol a également émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de la banque Kaupthing, Sigurdur Einarsson. En avril 2011, les citoyens ont de nouveau dit non à un nouveau référendum sur le paiement de la dette.

Après cela, au mois de décembre la banque Landsbanki a décidé de retourner une partie de la dette. Le montant total des sommes versées par Landsbanki, selon Icenews à 350 milliards de couronnes, soit environ 33% de la dette totale. Pourtant, les comptes Icesave ne représentent que seulement 4% des obligations des institutions financières du pays, soit environ 4000 millions d’euros. 96% restant ne pouvait pas être renvoyé aux créanciers, car il était complètement impossible de le faire parce les paiements d’intérêts chaque année auraient dépassé les revenus du pays.

Dans les mots de l’économiste Jon Danielsson : « Les (banques) ont accumulé une dette égale à plusieurs fois le PIB annuel. Il n’y a aucune possibilité que les citoyens puissent payer cette dette."

Il y a quelques jours, les responsables de la Fiscalité en Islande ont inculpé deux officiers supérieurs des banques qui ont commis des fraudes au moyen de prêts non autorisés pendant les opérations qui ont conduit son système financier à s’effondrer en 2008 : l’ancien PDG responsable de la faillite de Glitnir, Larus Welding et le responsables des finances de l’entreprise, Gudmundur Hjaltason. Ils auraient abusé de leur position pour fournir environ 102 millions d’euros sans la permission, sans garanties de la part des bénéficiaires et sans avoir consulté le département de gestion des risques.

Les agences de notation Moody, Standard & Poor et Fitch font pression pour punir l’endettement sans beaucoup de succès et toujours en essayant d’ignorer la reprise économique dans ce pays. Par ailleurs, en 2008, quelques mois avant l’effondrement de leurs banques, le pays jouissait encore de la cote triple A donnée par ces mêmes organismes.

Sources :
http://www.assemblee-constituante.fr/index.php/post/2012/01/16/Nouvelles-islandaises
http://www.pressegauche.org/spip.php?article9031

6 commentaires:

Je a dit…

Commentaire de xoxo · 18 janvier 2012 sur http://www.assemblee-constituante.fr/index.php/post/2012/01/16/Nouvelles-islandaises

Le PIB islandais est passé de 15 milliards $ en 2004 à 12.6 milliards $ en 2010; donc les 2% de croissance sont anecdotiques ... La Couronne islandaise a également perdu 10% en un an faisant donc plus qu'annuler le bienfait de cette croissance !. Il y a toujours des restrictions de change qui empêchent les Islandais d'acheter étranger vu que pour avoir un euro, il faut trouver quelqu'un qui veuille des couronnes (et il y a 3 milliards €, soit 25% du PIB, en attente de change ). L'Islande n'arrive a tenir le coup que grace à ses exportations d'aluminium qui lui apportent de quoi importer le strict nécessaire. Envoyez un reporter en Islande pour acheter une voiture/télévision/machine à laver, etc ... Vous verrez ce qu'est le "paradis islandais".

Je a dit…

N'oublions pas aussi que quand la France, comme d'autres pays européens, ont prêté de l'argent aux banques privées, ils ont prêté avec intérêt.
Les banques (et donc leurs clients qui y avaient déposé leurs économies) ont évité la faillite, puis elles ont remboursé leur dette à l'Etat sans oublier de verser les intérêts.
Bref : le contribuable a fait un bénéfice (2 ou 3 milliards € sauf erreur de ma part) ! De l'argent qui pourra servir aux actions sociales notamment.

Je a dit…

Cela dit, punir les responsables de "crimes financiers", je ne sais pas si c'est possible selon la loi française, mais je trouve ça tout à fait louable.
L'Islande est très éthique de ce point de vue.

Je a dit…

Avec le recul, je réagis au commentaire de Xoxo daté de 2012.

Première remarque : la baisse du PIB islandais est exprimée en dollar $. Le problème, c'est que si la devise islandaise a été dévaluée par rapport au dollar $, cela fausse la mesure.

D'ailleurs, juste après, Xoxo parle de 10% de dévaluation de la couronne islandaise ... mais sans préciser par rapport à quelle monnaie (ne s'agirait-il pas plutôt de l'euro ?) et en affirmant que cela annule le bienfait de cette croissance.

Mais une dévaluation n'est pas forcément quelque chose de négatif ! Au contraire : cela permet de mieux vendre à l'extérieur (tout bénéfice pour la balance du commerce) et d'être plus attractif pour le tourisme (la hausse du tourisme en est la preuve).

Je a dit…

Deuxième remarque : quelle a été la tendance du PIB dans les années qui ont suivi la publication de cet article ?

En 2007, l'Islande enregistrait un taux de croissance du PIB de 9,4% ; mais était-ce réellement le reflet de l'activité économique ou une illusion liée aux activités bancaires ?

Toujours est-il qu'en 2008, le taux de croissance baissait à 1,8% avant d'entrer dans une décroissance de -6,5% en 2009 et encore de -3,6% en 2010.

En 2011, le taux de croissance était remonté à 2% puis 1,3% en 2012, 4,3% en 2013, 2,2% en 2014, 4,3% en 2015, 7,5% en 2016 et 3,6% en 2017.

Tous ces chiffres doivent être considérés en comparaison avec ceux des pays d'Europe. Et là, tous les indicateurs sont favorables à l'Islande qui a fait les bons choix. Étonnant qu'on n'en parle pas davantage ...

Je a dit…

J'écrivais pour ma part, en 2012, que "(...] le contribuable [français] a fait un bénéfice (2 ou 3 milliards € sauf erreur de ma part) [en ayant prêté avec intérêt aux banques privées]".

Mais j'ignorais alors le principe des "quantitative easing". Ce sont les banques centrales qui rachètent aux banques privées tous leurs actifs pourris en créant de la monnaie. Le montant total de cette monnaie créée ex nihilo s'élève à 2500 milliards d'euros.

Pour les contribuables, cela signifie qu'il faudra créer l'équivalent en richesse réelle car la monnaie n'est que le miroir d'une richesse réelle. Les contribuables ont donc accumulé 2500 milliards d'euros de dette ... au bénéfice des banques privées qui, elles, continuent à spéculer sans aucune règlementation que celle qu'elles veulent bien s'imposer.