vendredi 3 novembre 2017

30 citations d'Epicure

1- "Celui qui ne sait pas se contenter de peu ne sera jamais content de rien."

Une sagesse qui fait écho, dans notre monde moderne, à la "sobriété heureuse" de Pierre Rabhi.

2- "A propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage résultera-t-il si je ne le satisfais pas ?"

C'est une citation qui peut surprendre lorsqu'on se réfère à l'idée péjorative qui a été véhiculée par les chrétiens sur les épicuriens (des "pourceaux"). De plus, spontanément, on est tenté de répondre à cette question que l'on va ressentir de la frustration. Mais l'épicurien est un sage et c'est l'hédoniste à court terme qui est excessif. Cette phrase permet de réfléchir avant d'agir instinctivement afin de distinguer ce qui est nécessaire et ce qui ne l'est pas. C'est très éclairant dans notre société de consommation de masse.

3- "Chacun de nous quitte la vie avec le sentiment qu'il vient à peine de naître."

Alors, ne gaspillons pas notre vie en actions inutiles, en désirs vains.

4- "Habitue-toi à penser que la mort n'est rien par rapport à nous."

N'aie pas peur des dieux, ni même de la mort. Vis !

5- "Il faut parvenir à observer ce qui est agréable et ce qui ne l'est pas, sans aucun choix : simplement observer."

Pas simplement ce qui est agréable à court terme, car cela implique de conquérir sans cesse et avidité de quoi combler ce désir. Il est important de songer à ce qui peut être reproductible, et si possible facilement. Souvent, ce sont les choses simples qui sont les plus importantes.

6- "Il est impossible d'être en accord avec soi-même dans l'ignorance de soi."

Cette citation renvoie au "Connais-toi toi-même" du temple de Delphes et à la réflexion d'Albert Dupontel dans la vidéo suivante : http://justemonopinion-jeronimo.blogspot.com/2017/11/albert-dupontel-sur-la-television.html

7- "Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple."

8- "Il est plus doux de donner que de recevoir."

9- "Dissimule ta vie."

Je connaissais la devise "Vivre caché" d’Épicure.

10- "A vrai dire le bonheur dépend de causes corporelles…procurées par l'action de corps étrangers sur le nôtre."

C'est toute la conception matérialiste (au sens philosophique) d’Épicure, loin des superstitions de l'époque où de celles qui perdurent depuis deux millénaires de domination des religions monothéistes. Il est dans la lignée de Démocrite d'Abdère lui-même disciple de Leucippe.

11- "Il ne faut pas tant regarder ce que l'on mange que celui avec lequel on mange."

L'amitié et, par extension, la communauté d'amis, tiennent une place très importante dans la philosophie d'Epicure.

12- "La démocratie est avant tout inventive de questionnement. Elle pose en tout cas comme problème global celui du questionnement."

13- "L'amitié fait le tour du monde et nous convie tous à nous réveiller pour la vie heureuse."

14- "Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse."

Épicure est un hédoniste en cela que le plaisir est la seule chose qui compte pour être heureux. Néanmoins, il distingue les plaisirs simples à obtenir (ceux qui sont naturels et nécessaires) de ceux qui procurent davantage de déplaisirs que de plaisirs pour les assouvir. Cela renvoie à la citation n°2 : "A propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage résultera-t-il si je ne le satisfais pas ?"

15- "L'habitude de régimes de vie simples rend l'homme résolu."

16- "L'homme qui a l'âme en paix n'est importun ni à lui-même ni aux autres."

17- "L'homme qui ne se contente pas de peu ne sera jamais content de rien."

Voici un critique de l'hédonisme sans borne, et une cinglante opposition à notre société de surconsommation.

18- "L'interdiction de parvenir."

19- "Malheureux en commun, par égard l'un pour l'autre, dans l'abandon de nos bonheurs solitaires, nous étions devenus un vrai couple."

Un véritable épicurien ne vit pas en couple. Ce n'est pas naturel au-delà de deux ou trois années [dans la nature], parce que nécessaire seulement le temps que la progéniture devienne autonome.

20- "Mon cœur est saturé de plaisir quand j'ai du pain et de l'eau."

Un éloge de la sobriété heureuse aujourd'hui revendiquée par Pierre Rabhi.  

21- "Ne fais rien dans ta vie, qui te fasse redouter que ton voisin en prenne connaissance."

22- "Nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse."

Confer citation n°14.

23- "Nul n'est besoin de faire de la terre un paradis : elle en est un. À nous de nous adapter pour l'habiter."

Une phrase incroyablement moderne quand on entend Nicolas Hulot révéler (en citant l'Académie des Sciences des États-Unis d'Amérique) que 50% des espèces animales et végétales ont disparu de la Terre en quarante années à peine, au moins en partie à cause de l'humanité, et que cela s'apparente à la sixième grande extinction (la dernière étant celle qui a effacé les dinosaures, il y a 65 millions d'années).  

24- "On ne peut pas être sans crainte quand on inspire la crainte."

25- "Dépêchons-nous de succomber à la tentation avant qu'elle s'éloigne."

Je suis surpris qu’Épicure ait écrit ceci. Cela me fait plutôt penser à Oscar Wilde : "La meilleure façon de se débarrasser d'une tentation, c'est d'y céder."   

26- "Seul celui qui peut se passer de la richesse est digne d'en jouir."

26- "Si tu souris, c'est moitié pour ton visage, moitié pour celui d'autrui. La paix, c'est comme un sourire."

27- "Tout, d'un seul coup, le donner, le lui donner, le lui planter entre les mains dans un éclat de rire, dans une générosité triomphale."

28- "C'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort."

29- "L'âme vile est enflée d'orgueil dans la prospérité et abattue dans l'adversité."

30- "Toute amitié doit être recherchée pour elle-même, elle a cependant l'utilité pour origine."


Source : http://www.linternaute.com/citation/auteur/epicure/26095/

9 commentaires:

Je a dit…

Pierre Rabhi, de son nom d'origine Rabah Rabhi, né en 1938 à Kenadsa, en Algérie, est un essayiste, agriculteur bio, romancier, écologiste et poète français, fondateur du mouvement Colibris.

Il s'est engagé pour le développement de pratiques agricoles prenant en compte l'environnement et qui préservent les ressources naturelles, devenant une « figure représentative du mouvement politique et scientifique de l'agroécologie en France ».

Je a dit…

Albert Dupontel, nom de scène de Philippe Guillaume, né le 11 janvier 1964 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), est un acteur, réalisateur, scénariste et humoriste français.

Je a dit…

Leucippe (en grec ancien Λεύκιππος / Leúkippos) est un philosophe présocratique grec (v. -460 – -370), considéré comme l'inventeur de l'atomisme philosophique même si Anaxagore a élaboré une théorie similaire. Actif vers -440, maître de Démocrite (actif vers 433 av. J.-C.).

Je a dit…

Démocrite d’Abdère (en grec Δημόκριτος / Dêmókritos, « choisi par le peuple »), né vers 460 av. J.-C. à Abdère et mort en 370 av. J.-C., est un philosophe grec considéré comme un philosophe matérialiste en raison de sa conception d'un Univers constitué d'atomes et de vide.

Il a été un disciple de Leucippe, le fondateur de l'atomisme ; Diogène Laërce attribua injustement l'ouvrage de Démocrite à propos de l'atomisme à Épicure. Ses contributions exactes sont difficiles à démêler de celles de son mentor Leucippe, car ils sont souvent mentionnés ensemble dans les textes des doxographes. Leurs spéculations sur les atomes se rapprochent de la compréhension du XIXe siècle de la structure atomique qui a conduit certains à considérer Démocrite comme le plus scientifique des philosophes grecs, mais leurs idées reposaient sur des bases très différentes. Largement ignoré dans l'Athènes antique, Démocrite était pourtant bien connu de son compatriote Aristote. Platon, lui, aurait tellement détesté Démocrite qu'il a souhaité que tous ses livres fussent brûlés. Aujourd'hui, beaucoup considèrent Démocrite comme le « père de la science moderne ».

Le concept de Démocrite, écrit en grec antique « η ιδέα ά-τομος » se traduirait par « E idéa atomos », composé de « idée » et de « insécable » ou « inséqué ». Mais « ά-τομος », un adjectif accordé en genre et en nombre, peut être traduit par « non-coupé » ou « non-sécable », plutôt que par « atome » en tant que substantif du genre neutre au sens moderne. Le substantif « atome » est apparu plus tard avec le sens de « partie de matière indivisible », chez Aristote, dans le Nouveau Testament, etc. Ce sont les physiciens modernes qui ont conçu « un atome » petit, corpusculaire, et nommé ainsi parce qu'initialement supposé par erreur « insécable . En 2015, le mot « το άτομο » (to atomo), substantif neutre, signifie surtout, très communément, en Grèce : « individu, personne », ce qui est non seulement logique, mais d’une importance capitale pour notre sujet.

Il est souvent classé parmi les présocratiques du point de vue philosophique, bien qu'il soit un peu plus jeune que Socrate, et qu'il soit mort quelque trente années après lui.

Je a dit…

L’Académie nationale des sciences (en anglais National Academy of Sciences, NAS) est une institution des États-Unis dont les membres servent pro bono comme conseillers de la nation en science, en technologie et en médecine.

Les conséquences de la Guerre de Sécession ont rendu nécessaire la création d'une société savante nationale aux États-Unis : c'est le président Abraham Lincoln (1809-1865) qui signe, le 3 mars 1863, l'acte de naissance de la National Academy of Sciences et nomme les cinquante premiers membres. Le texte originel précise que « l'Académie doit, à la demande de n'importe quel département du gouvernement, examiner, étudier, expérimenter et publier sur n'importe quel sujet des sciences ou des arts, […], mais l'Académie ne recevra aucune compensation d'aucune sorte pour les services rendus au gouvernement des États-Unis. »

Je a dit…

Oscar Wilde, dont le nom complet est Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde, est un écrivain irlandais, né à Dublin le 16 octobre 1854 et mort à Paris le 30 novembre 1900.

Né dans la bourgeoisie irlandaise et protestante de Dublin, d’un père ophtalmologiste renommé et d’une mère poétesse, Oscar Wilde se distingue par un parcours scolaire brillant. Nourri de culture classique, couronné de prix au sein du Trinity College de Dublin, il intègre le Magdalene College de l'université d'Oxford, où il se construit un personnage d’esthète et de dandy, sous l’influence des préraphaélites et des théories de L'art pour l'art de Walter Pater, John Ruskin ou Whistler. À l’issue de ses études, Wilde s’installe à Londres, où il parvient à s'insérer dans la bonne société et les cercles cultivés, s’illustrant dans plusieurs genres littéraires.

S’il publie, conformément aux exigences de l’esthétisme le plus pur, un volume de poésie, il ne néglige pas des activités moins considérées des cercles littéraires, mais plus lucratives : ainsi, il se fait le porte-parole de la nouvelle « Renaissance anglaise dans les arts » dans une série de conférences aux États-Unis et au Canada, puis exerce une prolifique activité de journaliste. Au tournant des années 1890, il précise sa théorie esthétique dans une série de dialogues et d’essais, et explore dans son roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) les liens entretenus par la beauté, la décadence et la duplicité. Sa pièce Salomé (1891), rédigée en français à Paris l’année suivante, ne peut être jouée en Angleterre, faute d’avoir obtenu la licence d’autorisation, au motif qu’elle met en scène des personnages bibliques. Confronté une première fois aux rigueurs de la morale victorienne, Wilde enchaîne cependant avec quatre comédies de mœurs, qui font de lui l’un des dramaturges les plus en vue de Londres. Indissociables de son talent littéraire, sa personnalité hors du commun, le mordant de son esprit, le brillant de sa conversation et de ses costumes assuraient sa renommée.

Au faîte de sa gloire, alors que sa pièce maîtresse L'Importance d'être Constant (1895) triomphe à Londres, Oscar Wilde poursuit le père de son amant Alfred Douglas pour diffamation, après que celui-ci a entrepris de faire scandale de son homosexualité. Après une série de trois procès retentissants, Wilde est condamné pour « grave immoralité » à deux ans de travaux forcés. Ruiné par ses différents procès, condamné à la banqueroute, il écrit en prison De Profundis, une longue lettre adressée à son amant dont la noirceur forme un contraste saisissant avec sa première philosophie du plaisir. Dès sa libération en mai 1897, il quitte définitivement la Grande-Bretagne pour la France. C’est dans ce pays d’accueil qu’il met un point final à son œuvre avec La Ballade de la geôle de Reading (1898), un long poème commémorant l’expérience éprouvante de la vie en prison. Il meurt à Paris en 1900, dans le dénuement, à l'âge de quarante-six ans.

Je a dit…

Extrait de "Épicure, son époque, sa religion":

Plutarque s’accorde assez mal avec le caractère d’indifférence languissante et d’ataraxie presque bouddhique que l’on attribue généralement à la secte épicurienne. Une anecdote du même Plutarque nous montre Colotès, un jour qu’il entendait Épicure discourir sur la physique, se jetant brusquement aux genoux du maître ; ce fut aux yeux d’Épicure le signe infaillible des aptitudes tout à fait extraordinaires de Colotès : « Comme saisi à mes paroles d’un respect religieux, lui écrit-il, il vous prit subitement un désir surnaturel de vous prosterner devant moi, d’embrasser mes genoux, de vous coller à moi, de me donner tous les signes ordinaires d’adoration et de m’adresser des prières. Aussi, de mon côté, vous ai-je regardé comme un personnage sacré et digne de tous mes hommages. » Voilà qui est piquant : à l’adoration du disciple pour le maître répond l’adoration du maître pour le disciple. C’est l’école de l’adoration mutuelle.

Une autre raison qui peut expliquer aussi, partiellement du moins, la popularité et la gloire d’Épicure, c’est qu’il eut beaucoup d’ennemis. A l’exception de Spinoza, il n’y a peut-être pas de philosophe qui ait été plus injurié. Son absolu mépris pour tous ses prédécesseurs, pour les poètes, les rhéteurs, les savans, provoqua de fâcheuses représailles. On calomnia ses intentions, sa vie privée ; on l’accusa d’hypocrisie, on lui imputa les plus grossières débauches. Or l’acharnement des ennemis grandit souvent un personnage. De telles haines ne s’attaquent pas d’ordinaire aux hommes médiocres. L’excès des injures appelle l’excès des réhabilitations, d’autant qu’aux yeux de l’historien, venger, une mémoire flétrie prend aisément la couleur d’une œuvre de justice et de générosité. Aux deux siècles derniers et de nos jours surtout, Épicure a bénéficié de ces dispositions. Joint à cela qu’en le glorifiant, quelques-uns de ses modernes adeptes se trouvaient du même coup faire acte d’hostilité indirecte contre des croyances qu’il n’eût pas toujours été prudent de combattre en face.

Source : https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89picure,_son_%C3%A9poque,_sa_religion

Je a dit…

La citation "La démocratie est avant tout inventive de questionnement. Elle pose en tout cas comme problème global celui du questionnement." m'intrigue beaucoup.

Je ne retrouve nulle part une prise de position d’Épicure vis-à-vis d'une forme de gouvernance. Bien au contraire, il recommande de vivre caché, et de trouver le bonheur au sein d'une communauté d'amis.

Rien de similaire parmi les quarante maximes capitales. Pas plus que dans les quatre-vingt-un sentences vaticanes.

Par contre, je retiendrai les maximes capitales suivantes parce qu'elles parlent de la communauté, du commun, de la notion toute relative de justice (sorte de description du contrat social deux millénaires avant celui de Jean-Jacques Rousseau.

XXXVI . Considérant ce qui est commun, le juste est le même pour tous, car c’est quelque chose d’utile dans la communauté mutuelle des hommes ; mais considérant la particularité du pays et toutes les autres causes que l’on veut, il ne s’ensuit pas que la même chose soit juste pour tous.

XXXVII . Ce qui confirme son utilité dans les us de la communauté mutuelle des hommes, parmi les choses tenues pour légalement justes, vient occuper la place du juste, que ce soit la même chose pour tous ou non. Mais si on l’établit seulement, sans se conformer à ce qui est utile à la communauté mutuelle des hommes, cela n’a plus la nature du juste. Et même si c’est l’utile conforme au juste qui vient d’en change, du moment qu’il s’accorde un temps à la prénotion, il n’en était pas moins juste pendant ce temps-là, pour ceux qui ne se troublent pas eux-mêmes avec des formules vides, mais regardent le plus possible les réalités.

XXXVIII . Là où, sans que des circonstances extérieures nouvelles soient apparues, dans les actions mêmes, ce qui avait été institué comme juste ne s’adaptait pas à la prénotion, cela n’était pas juste ; en revanche, là où, à la suite de circonstances nouvelles, les mêmes choses établies comme justes n’avaient plus d’utilité, alors, dans ce cas, ces choses avaient été justes, lorsqu’elles étaient utiles à la communauté des concitoyens entre eux, et ultérieurement ne l’étaient plus, lorsqu’elles n’avaient pas d’utilité.

Je a dit…

Ne se pourrait-il pas qu'il y ait une erreur de traduction ? Une confusion entre "démocratie" (demokratos) et "Démocrite" (demokritos) ?

L'étymologie du nom de Démocrite d’Abdère est en effet : en grec Δημόκριτος / Dêmókritos, « choisi par le peuple ».

La citation "La démocratie est avant tout inventive de questionnement. Elle pose en tout cas comme problème global celui du questionnement." qui m'intrigue deviendrait ainsi :

"Démocrite est avant tout inventif de questionnement. Il pose en tout cas comme problème global celui du questionnement."

Cela s'appliquerait à merveille pour ce savant, curieux de la nature, disciple de Leucippe, et philosophe de référence d’Épicure, qui est considéré comme le plus scientifique des philosophes grecs.