Françoise Fressoz, éditorialiste au journal Le Monde, a répondu aux questions des
internautes après l'annonce de la composition du gouvernement de Jean-Marc
Ayrault.
Nono : Considérez-vous qu'il s'agit d'un gouvernement audacieux ?
Françoise Fressoz : La nouveauté ne saute pas aux yeux dans la mesure où c'est un gouvernement pléthorique. On compte 18 ministres et 16 ministres délégués, donc la gauche n'a pas vraiment fait dans l'économie de postes. Cependant, il y a de vraies nouveautés : le respect de la parité, puisque les femmes sont à égalité avec les hommes, ainsi que la représentation inédite de la diversité avec quatre membres issus de l'immigration et trois de l'outre-mer. On peut aussi saluer les efforts de renouvellement puisque sept membres ont moins de quarante ans.
Guest : Est-ce que l'on peut dire qu'il s'agit d'un gouvernement très "classique" dans le choix des grands "pôles" ?
Françoise Fressoz :La répartition, à première vue, reste assez classique. Cependant, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont voulu innover en créant un grand ministère du redressement productif qu'ils ont confié à Arnaud Montebourg. En 1981, la grande innovation du gouvernement Mauroy était la création d'un ministère du temps libre. Cette fois, c'est tout le contraire : il faut redresser la production.
Mag : Pourquoi ce nom donné au ministère de Montebourg, "redressement productif" ?
Françoise Fressoz : Le redressement industriel a été l'un des thèmes forts de la campagne de François Hollande. Arnaud Montebourg, pendant la campagne de la primaire, avait également beaucoup insisté dessus. La gauche veut "réarmer" l'industrie pour montrer qu'elle lutte contre les délocalisations.
Plus généralement, on peut constater que les socialistes qui avaient voté "non" au référendum européen de 2005 sont bien représentés au gouvernement et à des postes clefs : Laurent Fabius est promu ministre des affaires étrangères, Arnaud Montebourg va s'occuper du redressement productif, Bernard Cazeneuve va s'occuper des affaires européennes et Benoît Hamon va s'occuper de l'économie sociale et solidaire. Quant à Christiane Taubira, du Parti radical de gauche, elle s'occupera de la justice. François Hollande veut adresser un signal non seulement aux électeurs de la France du "non", mais aussi à ses partenaires européens : il faut mettre de la croissance dans le projet européen.
Jean-Marc : Quelles sont les surprises de ce gouvernement ?
Françoise Fressoz : La grande surprise, c'est l'absence de Martine Aubry. Elle a été un peu atténuée car la première secrétaire du PS avait annoncé cette nouvelle dès le matin. Martine Aubry souhaitait être première ministre ; elle savait que son sort était en balance avec celui de Jean-Marc Ayrault. Elle dit comprendre les raisons pour lesquelles François Hollande a choisi le maire de Nantes, mais elle ne se voyait pas numéro deux dans un gouvernement.
Elle l'avait déjà été sous Jospin et pensait mériter une promotion après la campagne qu'elle avait menée pour François Hollande, au lendemain de la primaire qu'il avait emportée. Cela ne s'est pas produit, elle en tire les conséquences, au risque de provoquer le premier tiraillement du quinquennat.
C'est toutefois un choc politique que François Hollande a cherché à compenser en faisant entrer dans son gouvernement trois fidèles de la première secrétaire : François Lamy, Marylise Lebranchu et Benoît Hamon.
Guest : Vu la situation que connaît la France, le fait que certains ministres manquent d'expérience n'est-il pas un handicap ?
Françoise Fressoz : C'est l'une des particularités de ce gouvernement : sur 34 membres, on en compte 31 qui n'ont jamais exercé de responsabilités ministérielles. Le premier ministre est également dans ce cas, et le président de la République aussi. C'est donc essentiellement un gouvernement de novices. Gageons que les quatre qui ont déjà été aux responsabilités (Laurent Fabius, Pierre Moscovici, Michel Sapin et Marylise Lebranchu) seront très sollicités par leurs collègues au cours des prochains jours.
Nono : Considérez-vous qu'il s'agit d'un gouvernement audacieux ?
Françoise Fressoz : La nouveauté ne saute pas aux yeux dans la mesure où c'est un gouvernement pléthorique. On compte 18 ministres et 16 ministres délégués, donc la gauche n'a pas vraiment fait dans l'économie de postes. Cependant, il y a de vraies nouveautés : le respect de la parité, puisque les femmes sont à égalité avec les hommes, ainsi que la représentation inédite de la diversité avec quatre membres issus de l'immigration et trois de l'outre-mer. On peut aussi saluer les efforts de renouvellement puisque sept membres ont moins de quarante ans.
Guest : Est-ce que l'on peut dire qu'il s'agit d'un gouvernement très "classique" dans le choix des grands "pôles" ?
Françoise Fressoz :La répartition, à première vue, reste assez classique. Cependant, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont voulu innover en créant un grand ministère du redressement productif qu'ils ont confié à Arnaud Montebourg. En 1981, la grande innovation du gouvernement Mauroy était la création d'un ministère du temps libre. Cette fois, c'est tout le contraire : il faut redresser la production.
Mag : Pourquoi ce nom donné au ministère de Montebourg, "redressement productif" ?
Françoise Fressoz : Le redressement industriel a été l'un des thèmes forts de la campagne de François Hollande. Arnaud Montebourg, pendant la campagne de la primaire, avait également beaucoup insisté dessus. La gauche veut "réarmer" l'industrie pour montrer qu'elle lutte contre les délocalisations.
Plus généralement, on peut constater que les socialistes qui avaient voté "non" au référendum européen de 2005 sont bien représentés au gouvernement et à des postes clefs : Laurent Fabius est promu ministre des affaires étrangères, Arnaud Montebourg va s'occuper du redressement productif, Bernard Cazeneuve va s'occuper des affaires européennes et Benoît Hamon va s'occuper de l'économie sociale et solidaire. Quant à Christiane Taubira, du Parti radical de gauche, elle s'occupera de la justice. François Hollande veut adresser un signal non seulement aux électeurs de la France du "non", mais aussi à ses partenaires européens : il faut mettre de la croissance dans le projet européen.
Jean-Marc : Quelles sont les surprises de ce gouvernement ?
Françoise Fressoz : La grande surprise, c'est l'absence de Martine Aubry. Elle a été un peu atténuée car la première secrétaire du PS avait annoncé cette nouvelle dès le matin. Martine Aubry souhaitait être première ministre ; elle savait que son sort était en balance avec celui de Jean-Marc Ayrault. Elle dit comprendre les raisons pour lesquelles François Hollande a choisi le maire de Nantes, mais elle ne se voyait pas numéro deux dans un gouvernement.
Elle l'avait déjà été sous Jospin et pensait mériter une promotion après la campagne qu'elle avait menée pour François Hollande, au lendemain de la primaire qu'il avait emportée. Cela ne s'est pas produit, elle en tire les conséquences, au risque de provoquer le premier tiraillement du quinquennat.
C'est toutefois un choc politique que François Hollande a cherché à compenser en faisant entrer dans son gouvernement trois fidèles de la première secrétaire : François Lamy, Marylise Lebranchu et Benoît Hamon.
Guest : Vu la situation que connaît la France, le fait que certains ministres manquent d'expérience n'est-il pas un handicap ?
Françoise Fressoz : C'est l'une des particularités de ce gouvernement : sur 34 membres, on en compte 31 qui n'ont jamais exercé de responsabilités ministérielles. Le premier ministre est également dans ce cas, et le président de la République aussi. C'est donc essentiellement un gouvernement de novices. Gageons que les quatre qui ont déjà été aux responsabilités (Laurent Fabius, Pierre Moscovici, Michel Sapin et Marylise Lebranchu) seront très sollicités par leurs collègues au cours des prochains jours.
Source : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/05/16/francois-hollande-veut-adresser-un-signal-aux-electeurs-de-la-france-du-non_1702566_1471069.html#xtor=RSS-3208
1 commentaire:
Je suis surpris de lire que Laurent Fabius, Arnaud Montebourg, Bernard Cazeneuve et Benoît Hamon avaient voté "non" au référendum européen de 2005. Benoît Hamon par exemple parlait sans cesse de "Nouvelle Europe" dans sa campagne présidentielle 2017 et Laurent Fabius est clairement un partisan du Nouvel Ordre Mondial. Néanmoins, il faut reconnaître que le référendum ne portait pas sur l'appartenance ou non à l'Union Européenne mais simplement sur une Constitution pour cette Union Européenne (grandement recopiée sur les articles déjà présents dans le Traité de Maastricht). Bizarre. A vérifier éventuellement.
Quant au reste, on sent bien les "guéguerres d'ego" qu'il doit y avoir en coulisses pour l'obtention de ces postes bien rémunérateurs. La décision de Martine Aubry (fille de Jacques Delors, ancien président technocrate de la Commission Européenne) en est symptomatique.
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