dimanche 6 mai 2012

L'homme qui a vaincu les meilleurs soldats du monde

Épaminondas, en grec ancien Ἐπαμεινώνδας / Epameinốndas, né à Thèbes v.418 av. J.-C., mort à Mantinée le 4 juillet 362 av. J.-C., est un homme d'État et général thébain.



Avec l'occupation spartiate (382-378), Épaminondas perd beaucoup de ses amis (partis se réfugier à Athènes) et est l'un des rares démocrates à rester à Thèbes ; c'est là qu'il encourage les jeunes Thébains à lutter contre les soldats spartiates. Dès 379 et la libération de la Cadmée, il mène les hommes au combat pour bouter hors des murs l'étranger.

La liberté se paye cher, et les Thébains l'apprennent vite : ceux qui les avaient soutenus (Athènes) les laissent tomber du jour au lendemain, et c'est seuls qu'ils doivent affronter le tyran de la Grèce. Sparte envoie successivement (en 378, 377 et 376) ses deux rois (Cléombrote et Agésilas) combattre la cité rebelle. Mais la cité, pleine de vigueur, ne se laisse pas faire, et ce, malgré la trahison de nombreuses cités voisines (Thespies, Tanagra).

Au cours de ces campagnes (378-376), Épaminondas, devenu rapidement béotarque (général), mène les troupes aux côtés de son ami Pélopidas et de Gorgidas (le fondateur du Bataillon Sacré). D'abord vainqueur dans une guerre de guérilla, il gagne ensuite sur le champ de bataille même quand ses troupes sont en infériorité numérique (à Tégyres et Orchomène en 375). La légende d'Épaminondas est née. Pour punir les trahisons de Tanagra, Platées (qui a rejoint Athènes) et Thespies, on décide de raser ces villes (ce qui contribua à établir la légende noire de Thèbes).

En 371, Sparte piétine sur les fronts thébain et athénien et propose une « paix commune » (Koiné eiréne). Un grand moment d'histoire se déroule alors : Thèbes accepte de jurer la paix mais uniquement si elle le fait au nom de tous les Béotiens, ce qui revient pour Athènes et Sparte à reconnaître l'hégémonie de Thèbes sur la Béotie. Agésilas, roi de Sparte, refuse et exige que Thèbes reconnaisse l'indépendance de la Béotie. Épaminondas rétorque qu'il le fera si Sparte reconnaît celle de la Laconie. Furieux, les Spartiates se lancent dans une grande invasion de la Béotie, menée par le roi Cléombrote II. Épaminondas parvient à convaincre ses collègues de livrer bataille malgré leur infériorité numérique.

C'est la bataille de Leuctres, où Épaminondas déploie son talent militaire : il désorganise les lignes spartiates grâce à un premier assaut de cavalerie, puis déploie à nouveau sa phalange en concentrant toutes ses forces sur le côté gauche (et non le droit), côté où sont concentrés les troupes d'élite de Sparte. Ses troupes sept fois plus nombreuses (étalées sur une profondeur de 80 hommes (contre 12 du côté spartiate) enfoncent de manière décisive les lignes ennemies et font perdre à Sparte le tiers de ses citoyens soit 400 homoioi (citoyens), dont le roi Cléombrote en personne et bon nombre de soldats d'élite qui composaient la garde royale personnelle.


                   
Tactique classique en haut, tactique d'Epaminondas en bas

Cet écrasant succès permet à Épaminondas d'adopter une politique plus ambitieuse : mettre fin à l'hégémonie de Sparte et la remplacer par celle de Thèbes. L'assassinat de Jason de Phères en 370, l'inquiétant voisin de Thèbes, supprime un obstacle important. Thèbes s'allie aux cités de Grèce centrale, les Phocidiens, les Locriens, les Acarnaniens et les Eubéens. Elle lance une grande offensive contre le Péloponnèse à la fin de 370, malgré l'hiver et le fait que les béotarques soient en fin de mandat. Épaminondas pille la Laconie, mais face à la tactique de guérilla du roi Agésilas II, renonce à attaquer Sparte elle-même. Il se replie sur la Messénie et libère les Hilotes messéniens. Il fait bâtir une cité autour de l'Ithôme, forteresse historique des guerres de Messénie, la fortifie, et invite tous les Messéniens exilés en Grèce ou en Grande Grèce à rentrer. La nouvelle ville, Messène, considère le Thébain comme son œciste (fondateur).

1 commentaire:

Je a dit…

Epicure exprime assez crûment son peu d'engouement pour les opérations militaires : ainsi lorsqu'il suggérait que « le grand général thébain Epaminondas eût mieux servi le genre humain ... s'il avait eu le bon goût de rester chez lui. »