dimanche 6 mai 2012

Postanarchisme

Le préfixe post signale une rupture par rapport aux conceptions classiques de l'anarchisme. Les postanarchistes considèrent en effet que l'État et le capitalisme ne sont plus les mêmes ennemis qu'auparavant, et par conséquent, de nouvelles approches doivent être découvertes et employées pour les combattre. Pour ce faire, le postanarchisme tente d'intégrer des éléments de la pensée de Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Jacques Lacan, et Jean-François Lyotard.

En France, les travaux de Daniel Colson et de Michel Onfray se rapprochent explicitement de ce mouvement.

Le philosophe Michel Onfray se retrouve dans le concept de postanarchisme. Pour lui, la pensée libertaire doit être ancrée dans notre époque, riche des expériences macabres du vingtième siècle (totalitarismes nazis et soviétiques). L'anarchisme ne peut plus être simplement pensé comme au XIXe siècle et doit se replacer dans la réalité. Onfray est, en ce sens, le contraire des philosophes anarchistes qui voient dans toute construction de société une menace pour la liberté. Michel Onfray considère que le concept d'État a évolué et qu'il faut prendre cette évolution en considération : il est un outil, utilisable à des fins diverses, même libertaires.

Sur le plan économique, il insiste sur la distinction entre le libéralisme et le capitalisme. Il entend le premier comme le mode de distribution des richesses par la loi du marché et le second comme le mode de production des richesses. Il se considère de gauche et antilibéral, mais pas socialiste, sa gauche idéale étant proudhonienne, et envisage la possibilité de construction d'un capitalisme libertaire. Les écrits de Pierre-Joseph Proudhon sur la propriété pourraient servir de base à cette construction.

L'anarchisme de Michel Onfray se fonde, entre autres, sur les travaux de Friedrich Nietzsche ("Il m'est odieux de suivre autant que de guider." Nietzsche, Le Gai Savoir.) et sur le principe de la micro-résistance deleuzienne (Gilles Deleuze). Son héritage est aussi celui de La Mettrie, d'Aristippe de Cyrène, de Pierre Bourdieu, de Michel Foucault et d'autres.

La philosophie onfraytiste associe profondément l'hédonisme éthique à l'anarchisme politique. "L'hédonisme est à la morale ce que l'anarchisme est à la politique." Onfray, Politique du rebelle. Elle est aussi le fruit d'un athéisme radical et de la recherche d'une morale postchrétienne.

Michel Onfray est surtout postanarchiste dans son effort pour chercher les bases d'une révolte libertaire chez les penseurs pourtant "officiellement" extérieurs à cette philosophie.

Michel Onfray résume peut-être son postanarchisme ici : "Vouloir une politique libertaire, c'est inverser les perspectives : soumettre l'économique au politique, mais aussi mettre la politique au service de l'éthique, faire primer l'éthique de conviction sur l'éthique de responsabilité, puis réduire les structures au seul rôle de machines au service des individus, et non l'inverse. (...) Tout libertaire veut et célèbre la vie." Politique du rebelle. Traité de résistance et d'insoumission.

5 commentaires:

Je a dit…

Ouvrages à lire :

- Qu'est-ce que la propriété ?(1840) et Théorie de la propriété(1866, posthume) de Pierre-Joseph Proudhon
- Le Gai savoir(1882) de Friedrich Nietzsche
- Politique du rebelle. Traité de résistance et d'insoumission.(1997) de Michel Onfray

Je a dit…

Qu'est-ce que la propriété ? ou Recherche sur le principe du Droit et du Gouvernement, publié le 30 juin 1840, est le premier ouvrage majeur de l'anarchiste français Pierre-Joseph Proudhon. Il traite du concept de propriété et de sa relation avec l’État, les ouvriers et l’anarchisme.

Je a dit…

Théorie de la propriété (1866)

Après avoir lancé son célèbre cri « La Propriété, c'est le vol » en 1840, Proudhon n'a pas cessé, tout au long de sa vie mouvementée, de repenser ce problème de la propriété qu'il considérait comme la clef du monde futur. Dans ses dernières années, après la révolution de 1848, les épreuves de la prison et de l'exil, il formule, en un court volume inachevé, ses ultimes réflexions sous le titre « Théorie de la propriété ». On y retrouve ces interrogations permanentes: comment échapper à la fois au capitalisme sauvage, créateur d'inégalités et d'exploitation, et au communisme, créateur d'oppression et de misère ? Comment lutter contre l'emprise de l'Etat prédateur, toujours menaçant pour les libertés des citoyens ?

Je a dit…

Le Gai Savoir est un ouvrage de Friedrich Nietzsche, publié en 1882, sous le titre original Die fröhliche Wissenschaft, la gaya scienza. Le titre fait référence aux troubadours, l'expression Gai Saber de laquelle dérive la gaya scienza étant une façon de dénommer en occitan l'art de composer des poésies lyriques.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Gai_Savoir

Je a dit…

Politique du rebelle : traité de résistance et d'insoumission

Résumé

Qu'est-ce qu'une politique hédoniste ? Comment la relation maître-esclave peut-elle ménager une place au principe de plaisir ? L'auteur se dit viscéralement anarchiste, un anarchisme qu'il a rencontré d'abord à travers l'expérience de son propre corps lorsque, adolescent, il travaillait dans une laiterie normande. Ensuite, seulement, sont venus les livres de Steiner, Sorel, Proudhon.

Quatrième de couverture

Poursuivant l'exploration de sa philosophie hédoniste, Michel Onfray en aborde, avec ce nouveau livre, le versant politique. Voici donc, magnifiée, la figure du rebelle dont le génie colérique porte, à travers l'histoire, l'irrépressible désir de révolution. Une mystique de gauche ? A coup sûr. Avec ses arrière-mondes anarchistes. Avec sa volonté si actuelle de réenchanter un monde soumis à l'économisme. Avec son idéal de plaisir opposé à cet idéal ascétique que la droite n'en finit pas de célébrer. Reprenant l'histoire là où elle a manifesté pour la dernière fois ce génie singulier, Michel Onfray propose un achèvement de mai 68 qu'il reconsidère à la lumière d'une fin de siècle convaincue de la mort des idéologies collectives. Dans cet éloge du gaz lacrymogène, on découvrira des occasions de redonner à la force un statut en politique sous les formes de la désobéissance, de la résistance, de l'insoumission, de l'insurrection. Cette Politique du rebelle est, assurément, le livre le plus radical, le plus violent de l'auteur de la Sculpture de soi.