vendredi 3 avril 2015

Poisson d'avril (1) : François Hollande annonce sa démission et appelle les Français à réécrire la Constitution

Le Monde | 03.09.2014 à 11h37
Par Frédéric Platon
Contre toute attente, le chef de l'état a annoncé ce matin sa démission et sa volonté de mettre en place une assemblée constituante avant son départ.
C'est une véritable tempète politique qui a secoué l'Elysée ce matin. Durant une conférence de presse extraordinaire, le chef de l'état s'est adressé à une vingtaine de journalistes convoqués au préalable par l'Elysée. Dans un discours fleuve de plus de 2h, le président, visiblement ému par les circonstances, a longuemement justifié son départ.
François Hollande a donc annoncé son intention de renoncer au pouvoir et de composer une assemblée de citoyens tirés au sort, chargée de réécrire la Constitution Française. Le Président se donne six mois pour mener a bien cette ultime mission. Sa démission sera effective en avril 2015.
Sa légitimité, dejà attaquée par les résultats aux dernières élections européennes et par des sondages historiquement bas, n'aura pas résisté au désavoeu massif de sa propre classe politique après son revirement à droite et la démission du gouvernement. S'avouant incapable de constituer une majorité cohérente, François Hollande préfère se retirer du pouvoir, tout en initiant une refonte historique des institutions françaises.
Avec Charles de Gaulle, François Hollande devient ainsi le deuxième président de la 5e république à démissionner au cours de son mandat.
«Une impossibilité structurelle de s'opposer aux pouvoirs de l'argent et de la finance en France»
Au cours de son discours, le Président tente d'expliquer ses errements politiques récents par une «impossibilité structurelle de s'opposer aux pouvoirs de l'argent et de la finance en France»
«Le système politique actuel est miné par les luttes d'égo et les calculs des partis politiques. Le pouvoir est noyauté par les puissances de l'argent et leur collusion avec les médias qu'il détiennent. En l'état, nos institutions n'assurent pas la souvernaineté du peuple et ne me permettent pas non plus de mettre en place la politique pour laquelle j'ai été élu.»
Le Président détaille ensuite les motivations et modalités de la formation d'une assemblée constituante. L'intonation de son discours, engagé et exhalté, tranche avec le ton neutre et mesuré de ses interventions passées.
Aucun mouvemement politique ne peut s'imposer s'il s'oppose frontalement aux logiques néo libérales
«Les Français doivent comprendre que le suffrage universel n'est pas la démocratie. Les élections préselectionnent des hommes et des femmes politiques de carrière, motivés pour la plupart par des démarches arrivistes et égocentriques. Ils investissent davantage de temps et d'énergie dans leur réelection prochaine que dans la recherche du bien commun. Issus pour la plupart de classes aisées, sortant des mêmes écoles, ils ne sont pas représentatifs de la diversité de la population française, sont déconnecté des réalités économiques et ne partagent pas le sentiment d'urgence du plus grand nombre. En outre, de par le coût exhorbitant des campagnes et le nécessaire concours des grands médias, aucun mouvemement politique ne peut s'imposer s'il s'oppose frontalement aux logiques néo libérales, à la finance, à l'austérité, aux lobbys industriels.»
François Hollande évoque alors le tirage au sort comme alternative souhaitable au suffrage universel
«Le tirage au sort d'assemblées de citoyens», affirme t'il, «protège de la plupart de ces dérives et assure une représentativité idéale du peuple francais.»
Citant Rousseau et donnant la Suisse et l'Islande en exemple, François Hollande appèle les Français à reprendre eux même leur avenir en main .
«Les Français ne doivent plus attendre de changement de cap d'aucun parti élu. Ils ne doivent plus déléguer leur pouvoir à des représentants. Les citoyens doivent réinvestir eux même la politique. Pour ce faire, il faut un changement de nos institutions. Elles doivent garantir l'indépendance des médias, mettre en place une assemblée de citoyens, instaurer des référundums d'initiative populaire, comme en Suisse. Ces évolutions passent nécessairement par la réécriture de la Constitution Française. La Constitution est la base de notre Contrat Social, tel que décrit par Rousseau. Pour être légitime, son écriture ne saurait émaner du pouvoir politique en place : Les Français doivent écrire eux même leur contrat social. Le peuple Islandais nous a montré la faisabilité d'un tel projet en 2012, au lendemain d'une crise fincancière sans précédent.»
François Hollande clos enfin son discours sur une note d'ambition personnelle :
«Je ne veux pas laisser à l'Histoire l'image d'un président qui aurait trahi son peuple. J'ai découvert au cours de mon mandat les forces qui dirigent réellement au sommet de l'état. Ces forces n'ont rien de démocratiques. En l'état, je me sens aussi impuissant que le peuple Français à tenir front aux puissances libérales qui attaquent de toutes parts notre modèle social. Je souhaite léguer à la nation le cadeau inestimable de la souveraineté populaire et de l'autonomie politique. J'ai pleinement confiance en la capacité des Français à faire les bons choix pour leur propre avenir, mieux qu'aucun expert auto-proclamé ne saurait le faire. C'est avec émotion et bienveillance que je leur lègue mes pouvoirs, comme un père mettrait sa confiance entre les mains de ses enfants.»
Le Conseil Constitutionnel se réunira demain matin pour entériner la démission du Président et organiser le tirage au sort de l'assemblée constituante.

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