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L'intitulé "Juste mon opinion" s'applique à la politique, la philosophie, la religion, l'esthétisme, l'humour ... Mais "ça m'intéresse" aurait tout à fait convenu comme titre pour ce blog étant donné les nombreux autres thèmes abordés et les articles encyclopédiques : sur l'histoire, les sciences, etc, sans oublier les sports. La plupart des articles sont issus de recherches sur le net et de lectures personnelles. Sources indiquées en fin d'article.
7 commentaires:
Ce numéro de l'émission "Le dessous des cartes", de Jean-Christophe Victor, intitulé "Bombarder l'Iran", diffusé sur Arte, nous apprend que :
- ni les États-Unis, ni l'Union Européenne, ni les monarchies sunnites, ni bien sûr Israël ne veulent d'un Iran (chiite) doté de l'arsenal nucléaire.
- l'option diplomatique est tentée depuis plusieurs années mais l'option militaire ne peut plus être évitée.
J.-C. Victor va donc nous décrire la simulation d'une attaque d'après des études effectuées en 2009 par deux chercheurs américains, Abdullah Toukan et Anthony H. Cordesman, du CSIS (Center for Strategic and International Studies) à Washington et par le chercheur français Samy Cohen du CERI* au CNRS.
* Le Centre de recherches internationales est une unité mixte de recherche commune à Sciences Po et au CNRS. Il a été créé en 1952 au sein de la Fondation nationale des sciences politiques.
Israël (Tel Aviv) est à 1600km de l'Iran (Téhéran).
Israël est doté de l'arme nucléaire depuis plusieurs années avec comme politique de ne pas confirmer ni nier cette capacité militaire. Israël complète cette volonté de dissuader de toute attaque par ce qu'on appelle la doctrine Begin; à savoir interdire à tout autre État de la région de devenir à son tour détenteur de l'arme nucléaire.
C'est pour cela que l'aviation israélienne a bombardé l'Irak en juin 1981 (pour détruire le réacteur nucléaire d'Osirak) et bombarder la Syrie en septembre 2007 (pour détruire le réacteur nucléaire de Deir ez Zor).
Pour les experts israéliens l'Iran serait capable de se doter de l'arme nucléaire dès 2012 et pour la CIA vers 2013-2014. Or, si l'Iran possède cette arme, plus personne n'osera attaquer ce pays. Ce qui est le but du régime iranien : sanctuariser son territoire.
Les experts estiment qu'il faut donc frapper avant.
Trois couloirs aériens sont envisagés pour le bombardement :
- l'idéal (central, plus court) passe par la Jordanie et l'Irak mais il pose des problèmes diplomatiques avec la Jordanie avec qui Israël a signé un traité de paix en 1994
- le couloir numéro deux au sud passe par la Jordanie, l'Arabie Saoudite et l'Irak et pose donc les mêmes problèmes diplomatiques
- le couloir numéro trois, au nord, longe la Syrie, la Turquie et passe par le nord de l'Irak avant de pénétrer en Iran. C'est le plus plausible mais c'est le plus long; donc le plus repérable.
Pour avancer sans être repérée, l'aviation devra se doter de haute technologie pour brouiller les communications et les radars des pays surveillés. L'armée de l'air a d'ailleurs déjà utilisé cette technologie lors de l'attaque du réacteur syrien en 2007. On note aussi qu'en 2008, elle a acquis deux avions Gulfstream G550 dotés de puissants dispositifs de brouillage .
Mais selon le rapport, il va quand même falloir une centaine d'avions F15, F16 et avions ravitailleurs parce qu'il faut une combinaison de chasseurs, d'avions-radar et de bombardiers.
Le système de défense iranien serait composé de toute une batterie de missiles sol-air (le Rapier, les missiles Hawk et Stinger américains, le Crotale français, et l'armée de l'air iranienne dispose aussi de 158 avions de combat moins performants mais pouvant intercepter l'aviation israélienne.
Reste à savoir si l'Iran possède le SA-12 Giant russe susceptible de provoquer de 20 à 30% de pertes, ce qu'Israël ne veut pas se permettre.
Pour éviter les pertes humaines et matérielles, l'autre option serait de frapper avec des missiles.
On a calculé que 42 missiles Jérocho-3 étaient nécessaires pour détruire les installations iraniennes.
La portée des missiles Jéricho-3 va de l'Irlande au Sri Lanka; soit largement suffisante pour bombarder l'Iran.
Mais il n’est pas sûr que les Jéricho aient une précision suffisante pour une telle frappe.
De plus, il existe des dizaines d'installation nucléaire en Iran et il est très difficile de les détruire toutes en une seule frappe. Donc il faut frapper une installation centrale comme le Centre de recherche d'Ispahan, l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz, l'usine de production d'eau lourde d'Arak et le réacteur nucléaire de Buchehr.
Mais si l'Iran possède des installations secrètes ailleurs en Iran, le programme ne risque-t-il pas de se poursuivre ?
Deuxièmement, il y a la dispersion des installations mais il y a aussi leur enfouissement. L'usine d'enrichissement de Natanz est construite à dix mètres de profondeur protégée par un mur de béton de 2,5 mètres d'épaisseur. Les centrifugeuses sont enterrées à 25 mètres sous terre et recouvertes d'une chape de béton armé de plusieurs mètres d'épaisseur.
Donc, il faut frapper avec précision mais également en profondeur. D'ailleurs, en 2008, Israël s'est fait livrer par Washington 600 bombes briseuses de bunker (les GBU-28 peuvent briser des murs de 8m d'épaisseur jusqu'à 30m de profondeur).
Quelles conséquences ?
Si Buchehr est touché, il y aura diffusion de nucléides (radioactifs) sur un très large périmètre (la moitié de l'Iran, le sud de l'Irak, l'est de l'Arabie Saoudite et tous les Émirats Arabes Unis). Cela entraîne la mort immédiate de milliers d'Iraniens vivant à proximité, des centaines de milliers seraient ensuite touché par des cancers, et, dans l'intervalle, compte tenu des vents dominants, les pays voisins seraient contaminés par les radionucléides.
Maintenant, les représailles.
L'Iran possède des missiles Shahab-3 (à têtes conventionnelles) dont la portée atteint Israël sur la carte.
A ce titre, les États-Unis ont offert à Israël un radar de surveillance installé dans le Néguev avec des techniciens à disposition.
Depuis le sud du Liban, le Hezbollah, allié de l'Iran, pourrait aussi envoyer des missiles vers Tel Aviv. Tirés en grand nombre, ils ne pourraient pas être tous arrêtés. Le stock de roquettes est estimé à 40.000.
A cela s'ajoute la possibilité de passage aux frontières de kamikazes pour des attaques-suicides sur le sol israélien.
Et puis Téhéran conserve aussi comme option le blocage du détroit d'Ormuz (à l'embouchure du golfe persique) par où transite 40% de la production mondiale d'hydrocarbures.
Et enfin, paradoxalement, un tel bombardement renforcerait la volonté de l'Iran d'obtenir la technologie nucléaire et le pousserait à se retirer du traité de non-prolifération.
C'est quand même incroyable qu'à aucun moment de cette présentation, le journaliste ne dénonce cette ingérence d'Israël dans les affaires internes des pays voisins. "Mais de quoi je me mêle !?" aurait été un minimum au lieu de simplement décrire froidement la stratégie de destruction des biens d'autrui à laquelle se livre l'aviation israélienne depuis des décennies; privant les populations étrangères d'un accès à l'énergie nucléaire (et non pas exclusivement les empêcher d'obtenir l'arme nucléaire).
Pire, à la fin de la présentation, le journaliste dit "On comprend les Israéliens compte tenu des souffrances infligées aux Juifs durant la Seconde Guerre mondiale."
Mais, que je sache, ce ne sont pas les Arabes qui ont infligé ces souffrances aux Juifs (européens c'est-à-dire ashkénazes et non séfarades) mais bel et bien des Européens (leurs propres compatriotes, bien souvent) : les Allemands nazis ainsi que les collaborateurs des différents pays occupés, dont la France.
De plus, les Arabes ont aussi connu des souffrances, non pas pendant quelques années de guerre mais durant des siècles d'occupation/de colonisation : de la part des Turcs ottomans d'abord, pour tout le Proche Orient, puis de la part des Français et surtout des Britanniques.
L'Iran a ainsi été exploité par les compagnies pétrolières britanniques et américaines qui n'ont pas hésité à mettre aux arrêts le premier ministre élu au début des années 1950, Mohammad Mossadegh, pour mettre à la place un dictateur militaire, le Shah Mohammad Reza Pahlavi.
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