Christophe Oberlin
Le Mur est mort, vive le Mur !
Le Mur est mort, vive le Mur !
Son nouveau spectacle Asu Zoa, est en
subtilité. Avec une culpabilité feinte, Dieudonné nous livre par petites
touches son message : même s’il nous affirme que son spectacle « entre strictement dans le cadre de la liberté d’expression », on comprend bien vite que la verve de « l’ex humoriste » selon la formule de France Inter, reste intacte.
Et c’est autour d’un sobre mur en ruine
que Dieudonné évolue pendant une heure trente. Les thèmes sont divers.
S’il y a bien les piques en direction de la classe politique, notamment
la bien-pensante gauche auto-proclamée, Dieudonné aborde des sujets
aussi variés que le millénarisme, ou l’adoption pour tous.
Le dialogue entre un fabricant de bébés
installé en Afrique et un couple d’acheteur laissera des traces au même
titre que les dessins de Claire Bretécher dans les années quatre-vingt.
Le petit chef d’entreprise qui règne sur quatre étages de production
d’enfants a une large gamme de produits, depuis le préadolescent des
deux sexes jusqu’au fœtus de trois mois, voire six semaines ! « Il y a donc une clientèle pour ça, questionne le couple acheteur ? » Il faut alors voir l’œil gourmand de Dieudonné : « Oui, les Japonais » ! Que les Japonais se rassurent : c’est du deuxième degré, puisqu’il semble que ce type d’humour ait été oublié.
Et puis il y a une découverte. On sait que Dieudonné a « un organe », une voix grave qu’il utilise à merveille quand il prend l’accent de son grand père camerounais pour lequel il garde une tendresse non feinte. Mais on ne connaissait pas le Dieudonné chanteur de jazz. Une magnifique voix grave, avec ce rien de raucité genre crooner italien. Une mélopée d’une lenteur extrême s’élève et nous envoûte, Dieudonné ferme les yeux, son corps se recroqueville, il est possédé par son chant même. Le thème est simple, comme les mots : la douceur d’un fruit glacé dans la chaleur tropicale : « frais, frais, frais ananas… ». Le public retient son souffle. Un moment de grâce.
Et puis il y a la critique acerbe de la
télé-réalité dans ce qu’elle a de plus violent : montrer à la télévision
un enfant atteint d’un cancer en phase terminale. Alors, bien entendu,
il y a un prétexte, une fausse bonne idée : une association demande à un
enfant qui se sait condamné « la personnalité qu’il
souhaiterait rencontrer, même s’il s’agit du pape, d’un champion sportif
ou du président des Etats unis. Nous ferons tout pour exaucer ce vœu
ultime ». L’alibi humaniste du voyeurisme le plus sordide. Mais
voilà contre toute attente que l’enfant demande à voir Dieudonné !
Stupeur :« on n’a pas ça au catalogue » ! Mais
l’enfant est venu, Romain est monté sur scène, il a dansé pour le public
devant Dieudonné. Ils se sont placés tous les deux des deux côtés du
mur, si proches et bientôt si loin l’un de l’autre : le mur est devenu
le miroir de Cocteau. On passe du rire aux larmes. Il l’a fait, du grand
Dieudonné. Chapeau l’artiste !
La liberté d’expression de Dieudonné,
c’est notre liberté de penser, d’aimer, de rassembler. Il y a des
collèges et lycées Georges Brassens ou Michel Colucci. Il y aura un
jour des lycées Dieudonné Mbala Mbala.
Christophe Oberlin est Chirurgien des
hôpitaux et professeur de médecine à la faculté Denis Diderot à Paris.
Il est l’auteur notamment de :
Survivre à Gaza, en collaboration avec Jacques-Marie Bourget, la biographie de Mohamed Rantissi, (Encre d’Orient 2009)
Gaza au Carrefour de l’Histoire, traduction française du livre de Gerald Butt sur l’histoire de Gaza (Encre d’Orient 2011)
Chroniques de Gaza (Demi-Lune 2011)
La Vallée des Fleurs – Marj El Zouhour (Erick Bonnier 2013)
Survivre à Gaza, en collaboration avec Jacques-Marie Bourget, la biographie de Mohamed Rantissi, (Encre d’Orient 2009)
Gaza au Carrefour de l’Histoire, traduction française du livre de Gerald Butt sur l’histoire de Gaza (Encre d’Orient 2011)
Chroniques de Gaza (Demi-Lune 2011)
La Vallée des Fleurs – Marj El Zouhour (Erick Bonnier 2013)
Source : http://www.silviacattori.net/article5404.html
Voir également la vidéo "La France qui dérape n'est pas celel qu'on nous montre", du même auteur Christophe Oberlin à l'adresse : http://www.youtube.com/watch?v=kazsfNjtHTA
Voir également la vidéo "La France qui dérape n'est pas celel qu'on nous montre", du même auteur Christophe Oberlin à l'adresse : http://www.youtube.com/watch?v=kazsfNjtHTA
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