Démocrite assigne à l'augmentation du savoir une fonction thérapeutique. Son travail encyclopédique - on le surnommait "la Science" - ne visait pas l'accumulation des connaissances pour elles-mêmes mais dans le but de parvenir à produire des causalités rationalistes et immanentes afin que les inquiétudes et les craintes disparaissent. Ecarter les dieux et leurs colères, leurs damnations et autres punitions suppose un travail de laïcisation de la pensée : voir dans les enchaînements de causes et d'effets immanents la raison de ce qui advient, permet d'éviter nombre de déplaisirs. Ne plus avoir peur de la foudre, du tonnerre, des orages, des éclairs, des tremblements de terre, des raz de marée, des éruptions volcaniques et autres passages de comètes exige une réduction scientifique et positive de ces événements : le savoir y contribue, la science également.
Source : Les Sagesses antiques - Contre-histoire de la philosophie tome 1, de Michel Onfray
mardi 17 septembre 2013
Démocrite "la Science"
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L'immanence est un terme philosophique qui, en parlant d'une chose ou d'un être, désigne le caractère de ce qui a son principe en soi-même, par opposition à la transcendance qui indique une cause extérieure et supérieure.
Démocrite d'Abdère (en grec Δημόκριτος / Dêmókritos, « choisi par le peuple »), né vers 460 av. J.-C. à Abdère et mort en 370 av. J.-C., est un philosophe grec considéré comme matérialiste en raison de sa conception d'un Univers constitué d'atomes et de vide.
Il a été un disciple de Leucippe, le fondateur de l'atomisme ; Diogène Laërce attribua injustement l'ouvrage de Démocrite à propos de l'atomisme à Épicure. Ses contributions exactes sont difficiles à démêler de celles de son mentor Leucippe, car ils sont souvent mentionnés ensemble dans les textes des doxographes. Leurs spéculations sur les atomes se rapprochent de la compréhension du XIXe siècle de la structure atomique : c'est pourquoi Démocrite est considéré a posteriori comme le plus scientifique des philosophes grecs, voire comme le « père de la science moderne », bien que ses idées reposent sur des bases très différentes de celle-ci. La véritable convergence se situe dans le doute et le scepticisme de Démocrite, qu'il exprime par la phrase : « en réalité, nous ne savons rien, car la vérité est au fond du puits », proche de la démarche du chercheur moderne, toujours critique, se tenant prudemment à l'écart des certitudes établies.
« Aristoxène rapporte, dans les Commentaires historiques, que Platon avait eu l'intention de brûler tous les écrits de Démocrite qu'il avait pu rassembler, mais que les pythagoriciens Amyclas et Clinias l'en détournèrent en lui représentant qu'il n'y gagnerait rien, puisqu'ils étaient très répandus. Ce qui confirme ce récit, c'est que Platon, qui a parlé de presque tous les anciens philosophes, ne cite pas une fois Démocrite, pas même lorsqu'il serait en droit de le combattre, sans doute parce qu'il savait bien à quel redoutable adversaire il aurait affaire. (Diogène Laërce, IX, Démocrite, paragraphe 5). »
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